• ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE SOIS PAS LE DISCIPLE

    DU DISCIPLE)

    ***

    "Oui, Monsieur Facedebouc... Une femme nue?

    Ici? Non, je ne vois pas. Vous devez vous tromper..."

    vivipiuomeno:

    Bruce Conner (American, 1933-2008)

    (Source: vivipiuomeno1, via mkultradisciplined)

    ***

     

    Tintin

    cerclegustavethibon.hautetfort.com

    Colombie.

    Un journaliste s’adresse

    des menaces de mort

       Dans une lettre publiée dans le quotidien El Tiempo, le journaliste Yesid Toro reconnaît avoir inventé de toutes pièces un texte de menaces à l’encontre de ses collègues et de lui-même. Rédigé en septembre 2014, ce texte émanait prétendument d’un groupe paramilitaire, Los Urabeños (également dénommé le clan Úsuga), qui désignait comme “cibles militaires” les reporters cités. Le texte avait mis en alerte les diverses rédactions concernées.

       Comme ses collègues “menacés”, Yesid Toro travaille dans la vallée du Cauca, dans le sud-ouest du pays, une région encore fortement bousculée par les affrontements entre l’armée colombienne, la guérilla et les trafiquants de drogue. Le journaliste était le rédacteur en chef du journal d’une chaîne locale, Telepacífico Noticias. Il a expliqué qu’il avait monté ce scénario de toutes pièces pour se faire rembourser par l’Unité nationale de protection (UNP) des frais qu’il avait engagés dans le cadre d’un précédent programme de protection, et pour obtenir une prolongation de la mesure.

       Les menaces avaient déclenché une enquête de police et des mesures renforcées de protection des journalistes, dont le coût estimé s’élève à 43 000 euros, selon l’UNP, qui a porté plainte contre le journaliste. La justice a ouvert une enquête. En outre, le directeur de l’UNP a parlé d’une “attitude irresponsable” qui “a mis en danger la vie et la tranquillité des autres journalistes”.

       Mais, outre le fait que Yesid Toro a commis un délit, cette affaire met cependant en lumière “l’inefficacité de l’administration [colombienne]”, estime de son côté El Espectador. La Colombie reste un pays très dangereux pour les journalistes : parmi les milliers de personnes bénéficiant d’une protection dans le pays, on compte près de 100 journalistes, souvent victimes de menaces et d’attaques. Plus de 40 journalistes seraient morts depuis 1992.

     http://www.courrierinternational.com/article/colombie-un-journaliste-sadresse-des-menaces-de-mort

    ***

    Benoît Barvin


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    (Pensées pour nous-mêmes:

    LES NUAGES SONT LES POINTS

    DE SUSPENSION DE L’ÂME)

    ¤¤¤

    (Ce fripon petit nuage était à la meilleure place qui soit)

    http://ghastlydelights.tumblr.com/page/2

    ¤¤¤

    (Catcheur mexicain ayant abusé

    d'eau en bouteille)

     

    Mil Màscaras

    catch-arena.com

    Au Mexique, la population manque

    d’eau potable mais Coca-Cola prospère

    Alain Sousa (Silence) 

       Comment dit-on « eau potable » en mexicain ? Réponse : Coca-cola... Cette blague est malheureusement loin d’être une boutade : dans tout le pays, il est plus facile — et souvent moins cher — d’acheter une bouteille de boisson gazeuse que de se procurer de l’eau. Pollution, réseau vétuste, surexploitation des nappes... Etat des lieux.

    - Mexico, reportage

       Le Mexique compte 119 millions d’habitants... dont 12 millions n’ont pas d’accès à l’eau potable. La ville de Mexico est l’exemple le plus frappant de cette situation dramatique : l’agglomération compte 19 millions de personnes, dont 35 % ne sont pas connectées au réseau d’eau, et 1,3 million de personnes n’ont aucun accès a une source d’eau potable...

       Pourtant, un réseau d’eau existe. Mais il est extrêmement vétuste et peu entretenu, avec des fuites importantes. Selon les estimations, le réseau accuse ainsi 40 % de pertes. Cela correspondrait à environ mille litres par seconde.(...)

       (...) Ajoutez a cela le réseau des eaux usées qui lui aussi fuit, contaminant le réseau d’eau potable et rendant impropre à la consommation le peu d’eau qui parvient jusqu’aux différents foyers. Et vous vous retrouvez avec des mesures d’urgence qui deviennent la norme, tel le district d’Iztapalapa, où mille camions-citernes distribuent chaque jour de l’eau pour deux millions d’habitants.

       Conséquence de ce manque d’eau potable, le pays détient le record mondial de consommation d’eau en bouteille, avec 234 litres par an et par habitant. Dans les bouteilles que vous trouvez en magasin, pas d’eau de source ou d’eau minérale. Il s’agit simplement d’eau filtrée et traitée... Bref de l’eau du robinet. Si Danone et Coca-cola sont leaders sur ce marché de l’or bleu, ce sont surtout les milliers d’entreprises de microfiltration qui fournissent cette eau en bouteille aux populations.(...)

       (...) Cette consommation d’eau a des conséquences catastrophiques sur l’environnement. Selon l’organisation Food and Water Watch, 21 millions de bouteilles plastiques sont ainsi jetées chaque année au Mexique. 20 % sont recyclées, le reste terminant dans des décharges, ou simplement dans la nature. (...)

       (...) Cela a aussi un coût. Dans certaines familles, l’eau représente jusqu’à 20 % des dépenses. Des solutions émergent aujourd’hui pour aider les plus pauvres, notamment les populations indigènes. Ces actions sont souvent menées par des associations ou des structures locales. L’une des solutions les plus simples et les plus avantageuses, c’est la récolte d’eau de pluie.

       C’est la mission que s’est fixée une petite organisation, Isla Urbana, créée en 2009 par de jeunes Mexicains. Leur constat était simple : certaines zones telles Tlalpa ou Xochimilco enregistrent mille millimètres de pluies chaque année... et pourtant près de 130 000 habitants n’ont pas accès à l’eau. Ils ont donc décidé d’équiper les populations de systèmes de collecte d’eau de pluie, en réduisant les coûts au maximum et avec l’aide de mécènes.(...) 

       (...) Le système, avec séparation des premières pluies et filtration, permet de fournir 50 000 litres d’eau sur l’année, soit six mois de consommation pour une famille entière. L’installation de ces systèmes de captation est accompagnée de programmes d’éducation et de sensibilisation a l’environnement.

       Ces initiatives locales, certes importantes, restent une goutte d’eau face au problème auquel sont confrontés plusieurs millions d’habitants de Mexico. Sans mesures drastiques pour améliorer l’accès à l’eau au Mexique, la situation déjà dramatique pourrait se transformer en crise majeure. A moins que Tlaloc, le dieu Maya de l’eau, ne vienne en aide au peuple mexicain...

     

    "Y sont où, les sbires de Coca Cola?

    - Qu'on leur fasse la peau...

    - Ouaip!"

    humano.com

    COCA-COLA, MON AMOUR...

       Corollaire de ce manque d’eau, ou phénomène indépendant, la consommation de boissons gazeuses a explosé au Mexique. Ce pays est ainsi le premier consommateur au monde de cette boisson sucrée avec l’équivalent de 728 bouteilles de 25 cl par an et par habitant, contre 406 pour les Etats-Unis ou 149 pour la France (chiffres Coca-Cola 2012). Le Mexique consomme a lui seul 42 % de tout le Coca-Cola bu en Amérique Latine...

       Il faut dire que la compagnie pratique une politique commerciale très agressive. Outre les publicités omniprésentes, la compagnie propose des demi canettes ou des minis bouteilles à des prix ridicules, pour s’assurer que les populations les plus pauvres ou les enfants avec trois pesos en poche consomment la boisson gazeuse.

       Bien sûr cette consommation de Coca-Cola est l’un des facteurs de l’épidémie de surpoids et d’obésité qui frappe le Mexique : 70 % de la population sont en surpoids, dont 33 % d’obèses et 13 % de diabétiques.

       Outre ces conséquences sur la santé, cette consommation du soda a un impact dramatique sur les ressources en eau, car fabriquer un litre de Coca-cola nécessite au moins deux litres d’eau. La compagnie a choisi d’implanter ses usines d’embouteillage dans des endroits stratégiques.

       Elle a ainsi négocié 27 concessions sur tout le territoire pour pomper de l’eau et 8 concessions pour rejeter ses eaux usées. L’une de principales usines se situe ainsi au cœur d’une des régions emblématiques du Mexique : le Chiapas. La compagnie y pompe plus de 100 millions de litres d’eau chaque année. Plusieurs associations dénoncent la catastrophe environnementale et humaine que représente l’usine. La surexploitation de la nappe est non seulement un désastre écologique, mais prive également les populations locales de précieuses ressources en eau.

       Si le gouvernement mexicain ne souhaite pas contrarier la multinationale, il a tout de même, face à la pression de la société civile, adopté fin 2013 une taxe sur les boissons gazeuses : 10 % du prix (les associations de consommateurs demandaient 25 %). Avec une majoration d’un peso par litre seulement, le flot de Coca-cola n’est pas prêt de se tarir.

       Note : Il faut ajouter que le président du Mexique de décembre 2000 à novembre 2006, Vincente Fox, était avant d’être élu, président de Coca-Cola pour l’Amérique latine et salarié de la firme depuis 1964. Il était aussi député depuis 1988.

    Pour aller plus loin

    - Un excellent documentaire, H2Omx, a récemment mis en lumière les problèmes de gestion de l’eau à Mexico. Voir le site www.h2o.mx.
    - Pour en savoir plus sur le problème de Coca-cola au Chiapas, voir le site de l’associationCasacollective.
    - Pour en savoir plus sur Isla Urbana et la collecte d’eau de pluie au Mexique :www.islaurbana.org.

    http://www.reporterre.net/Au-Mexique-la-population-manque-d

     

    ¤¤¤

    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TOMBER N'EST RIEN,

    SE RELEVER EST TOUT)

    ***

    "Pom, pom, pom, pom...

    Me voilà, ma chérie, pour une nouvelle

    séance de gouzi gouzi...

    - Mmmm" 

    gameraboyJungle Girl (1941)

    (Source: gameraboy)

    ***

    ectac.over-blog.com

    PIB, un indicateur de richesse
    qui ne fait plus le poids ?

       Objectif : une croissance, désirée et désirable, pilotée et mesurée à l'aide de nouveaux indicateurs de richesse. D'où le besoin d'indicateurs complémentaires du PIB, pour la définition et l’évaluation des politiques publiques L’adoption en 1ère lecture par le Sénat et l'Assemblée nationale (respectivement, le 2 avril et le 29 janvier derniers) d'une  "petite loi"  pour un grand pas hors du PIB totémique prélude au Printemps de l’économie (13-17 avril 2015). Au moins, d’une table ronde organisée par France Stratégie intitulée « Les indicateurs complémentaires au PIB peuvent-ils changer l’action publique ? » . Pour l’heure, florilège des échanges au Sénat, concluant la proposition de loi adoptée en première lecture.

       Applaudissements du groupe EELV : « C’est l’aboutissement d’un travail de conviction, de nombreuses concertations avec des universitaires et des associations ; c’est aussi, il faut le dire, le fruit d’une certaine ténacité » estime Eva Sas, députée et auteure de la proposition de loi adoptée en 1ère lecture par les 2 assemblées. Pour son collègue sénateur André Gattolin, « l’adoption de cette proposition de loi d’origine écologiste par le Sénat à majorité de droite montre, s’il le fallait encore, l’intérêt de cette démarche pour tous les décideurs politiques : mieux prendre en compte le quotidien de nos concitoyens dans la définition des politiques publiques » .

       En vue, un prochain tableau de bord d’indicateurs complémentaires au PIB, pour – en principe – jauger les résultats de la politique gouvernementale et orienter les décisions budgétaires à venir de la France.

       A la clé de cette initiative, espère Eva Sas, une consultation citoyenne : « la plus large possible. Aux citoyens de s’approprier cette loi en déterminant collectivement quels sont les indicateurs de progrès de notre société ». Au fait,qu’est-ce qu’une société « qui va bien » : de l’espérance de vie en plus, des inégalités de revenus moindre… Font-ils selon vous partie des critères, citoyens ? Et quid de l’empreinte écologique, des investissements d’avenir, du niveau d’éducation à viser ou de l’accès à un logement décent ? La liste des desiderata n'est pas close... (...)

       (...) « Aux Français de répondre à ces questions ! Ensuite, au gouvernement de s’emparer du sujet et d’évaluer les progrès ou les reculs de la France sur tous ces indicateurs, dès le budget 2016 » rêve la députée écologiste attachée à cette loi . Cela ne semble pas du goût de tous les parlementaires ; ainsi, parmi les intervenants du débat du jour  : « La liste des indicateurs doit être confiée au Parlement et non à je ne sais quel organisme de démocratie participative ». Entre parenthèses, au fil de sa plume Corinne Lepage  rapporte justement que dans d’autres démocraties que la France, les processus de consultation des citoyens « ne sont ni méprisées ni vues comme concurrentes par les parlementaires »… Ce n'est pas cette réplique de sénateur qui nous convaincra qu'elle exagère !

       Une commission conjointe du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) et de France-Stratégie (ex-Commissariat au Plan) doit se prononcer sur les dits indicateurs à considérer .

       Quoique son groupe politique ait choisi de s’abstenir, lors du vote de cette Loi à article unique, Claude Kern a souligné que « Le PIB exerce en effet une forme d'hégémonie parmi nos indicateurs économiques », de l’ordre du « carré magique » malgré ses limites, bien connues. Notamment : « Il repose sur des éléments de production périlleux pour le bien-être de la population à long terme. »

       Par exemple, les pics de pollution urbaine, causes potentielles de dépenses de santé à long terme, correspondent à une consommation de carburant qui pèse positivement dans la balance, à court terme. Ou encore, des atteintes à l'environnement comptabilisées positivement au titre des travaux de réparation qu’elles génèrent ! 

       Cela fait maintenant plusieurs décennies que les « écolo » ont pris le pli d’ironiser sur la destruction de Notre Dame ou du Louvre susceptibles de doper l’indicateur de croissance, entre autres joyeusetés, savamment qualifiées parfois d’externalités négatives. Mais il en existe aussi de positives, tout aussi occultées :  « La vision purement comptable de la dépense publique ignore en outre les externalités positives – comme l'effet positif de l’éducation » indique le sénateur Claude Kern. Et, au diable l’avarice : le trafic de stupéfiants au même titre (positif) que toute activité commerciale entre dans le PIB... comme mentionné par Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre des finances et des comptes publics, chargé du budget, lors du débat préalable à l'adoption de cette loi, au Sénat, le 02 avril dernier. (...)

       (...) C’est un peu le compas et la boussole de nos politiques publiques, instruments de pilotage d’un fétichiste Jack Sparrow en goguette… Sur cette base sont calculés, entre autres, le déficit et la dette, note le sénateur Jean-Claude Requier pour lequel « la crise interroge toutefois l'indicateur, qui n'a pas permis d'alerter sur les dangers sociaux et écologiques... Le développement d'une société ne peut plus se résumer au seul développement économique ».

       Pour autant, pas question de céder aux sirènes « d’indicateurs inspirés par la philosophie bobo et les petits oiseaux. Se doter de nouveaux indicateurs économiques, comme l'ont fait les régions en 2012, est de bon aloi » (lire aussi l'analyse de Jean Pisany-Ferry ). Las, une vision purement quantitative de l'économie omet de mesurer les inégalités, comptabilise positivement les catastrophes naturelles, ne tient pas compte de la qualité de la richesse produite, de l'environnement, de l'économie informelle. Et passe à la trappe de l’histoire bénévolat, travail des mères au foyer et autres « quantités négligeables » constitutives de la vie familiale et sociale .(...) 

       (...) Les limites du PIB n’échappèrent pas même à Simon Kuznets, considéré comme l'un des pères de la comptabilité nationale. Plusieurs économistes ont élaboré d'autres indicateurs comme l'indice de développement humain au début des années 1990; la mesure du bien-être économique, conçue par William Mordhans et James Tobin, au cours des années 1970, l'indicateur de santé sociale ou encore l'empreinte écologique... L’OCDE, en juin 2007, a initié un forum mondial couronné par la « Déclaration d’Istanbul » stipulant d’élaborer une mesure du progrès social.

       Joseph Stiglitz et un aréopage de pairs renommés ont alimenté la réflexion sur le thème « Vivre mieux » ou encore le rapport Stiglitz-Sen-Fitoussi, dans le cadre de la commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social inauguré par le président Sarkozy, les travaux de l'Association des régions de France sur la déclinaison régional de l'indice de développement humain, l'indicateur de santé sociale et l'empreinte écologique. La Commission européenne n’est bien sûr pas en reste avec, en 2009, notamment une communication intitulée « Le PIB et au-delà – Mesurer le progrès dans un monde en mutation ». La France ne serait pas la 1ère en Europe à s'y coller !

       Rien qu’en France, le Conseil national de l'information statistiques (Cnis), le Cese (Conseil économique, social et environnemental) avec un avis rendu en 2009 ont été mis à contribution aussi. Dans un rapport de juin 2014, intitulé Quelle France dans dix ans ?, France Stratégie a promu sept indicateurs de la qualité de la croissance pouvant faire l'objet d'un suivi annuel, susceptibles "d'accompagner" le PIB.

       En l'occurrence, cette "petite loi" consiste en une demande de rapport Hexagonal, à paraître en octobre, afin que « le débat budgétaire et les études d’impacts puissent utilement s’en inspirer » conclut André Gattolin. Cet indicateur n’est pas un accessoire de théâtre anodin : « Il oriente les analyses et préfigure les décisions.» «L'écrasante omniprésence du PIB dans les têtes et les discours» nous enferre « dans un monde où la croissance semble, notamment dans nos sociétés, atteindre des limites structurelles 

     http://www.nonfiction.fr/article-7535-politique___pib_un_indicateur_de_richesse_qui_ne_fait_plus_le_poids_.htm

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SILENCE EST LA

     HARPE DE L’ÂME)

    °°°

    (La Femme de l'Homme invisible portait des habits adéquats)

    http://nuweba.tumblr.com/image/117479709077

    °°°

    (Deux mignonnes sirènes s'aimaient en cachette)

    "Hummm...

    - Smak, smak"

    (Source: mignonette, via unskilledlass)

    °°°

    (Ce nouveau procédé pour éviter la pollution au ras du sol

    demandait un certain sens de l'équilibre)

    http://slimgrape.tumblr.com/

    °°°

    (L'invasion belge commença très simplement...)

    (Source: B-I-S-S-E-X-U-A-L, via luario)

    °°°

    Jacques Damboise et Nadine Estrella


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  • +++

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA PATIENCE

    EST UNE AMIE FIDÈLE)

    +++

    "Alors, ma Jolie, ça boume?

    - Hihihi... Arrête, on pourrait nous voir!"

    darksilenceinsuburbia:

    Suzy Lelièvre

    +++

    midilibre.fr

    La moitié des entreprises américaines

    de fracking fermée ou revendue

    d’ici la fin de l’année

       Note établie à partir de la dépêche publiée par Bloomberg[1] le 22 avril 2015

       La moitié des 41 entreprises de fracturation hydraulique opérant aux États-Unis aura fermé ou été vendue en fin d’année en raison de la réduction des dépenses faites par les compagnies pétrolières. C’est ce que prévoit un dirigeant de la société Weatherford International Plc[2].

       Rob Fulks, un dirigeant de Weatherford, déclarait dans une interview en marge de la conférence du IHS CERAWeek à Houston (Texas) cette semaine que «seules pourraient rester environ une vingtaine de sociétés opératrices de fracturation hydraulique». La demande de services de fracturation hydraulique -technique permettant l’exploitation des hydrocarbures dits « de schiste » qui a généré le boom des pétrole et gaz de schiste au États-Unis est en perte de vitesse au fur et à mesure que les clients abandonnent des puits non achevés à cause de la chute des prix des hydrocarbures.

       Début 2014, on comptait 61 fournisseurs de services de fracturation aux États-Unis, le plus grand marché du monde dans ce domaine. Les fusions acquisitions chez les plus gros opérateurs ont commencé avec Halliburton Co. et l’annonce faite en novembre 2014 du rachat de Baker Hughes Inc. 34,6 milliards de dollars, ainsi que le rachat de l’activité pompage sous pression de Nabors Industries Ltd par C & J Energy Services Ltd.

       Toujours selon M. Fulks, Weatherford, cinquième opérateur du fracking aux États-Unis, a été contraint de réduire « considérablement » les coûts face à la baisse de la demande. De plus la compagnie a été en mesure de renégocier à la baisse les prix d’acquisition du sable utilisé comme agent de soutènement des fissures effectuées par la fracturation hydraulique et nécessaires à la libération des hydrocarbures prisonniers dans les roches compactes.

       Globalement, les compagnies pétrolières ont réduit de plus de 100 milliards de dollars les dépenses au niveau mondial après la chute des prix. PacWest,société de consultants spécialiste des marchés liés à l’exploitation pétrolière, anticipe une chute de 35% du prix de la fracturation hydraulique cette année. Pour Alex Robart, un cadre de PacWest, « alors que beaucoup de grandes sociétés souhaitent acquérir des entreprises de fracturation hydraulique, l’écart entre les prix d’acquisition et de cession est encore trop important pour l’instant ».

       De son côté M.Fulks a refusé de dire si Weatherford cherchait à acquérir d’autres entreprises de fracturation ou leurs équipements avant d’ajouter « partout où nous allons nous voyons de l’équipement parqué et à l’arrêt. Ce n’est jamais bon pour une machine de rester inutilisée, qu’il s’agisse d’une voiture, d’un avion ou de compresseurs pour la fracturation hydraulique ».

    _____________________________

       [1] Bloomberg LP est un groupe financier américain spécialisé dans les services aux professionnels des marchés financiers et dans l’information économique et financière aussi bien en tant qu’agence de presse que directement, via de nombreux médias (télévision, radio, presse, internet et livres) dont les plus connus sont probablement ses propres chaînes de télévision par câble/satellite. http://fr.wikipedia.org/wiki/Bloomberg_LP

       [2] Weatherford est une compagnie para-pétrolière américaine. Son siège opérationnel se situe à Houston au Texas, et son siège social et fiscal en Suisse depuis 2014 : http://www.weatherford.com

    http://stopgazdeschiste.org/2015/04/23/la-moitie-des-entreprises-americaines-de-fracking-fermees-ou-revendues-dici-la-fin-de-lannee/

    +++

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE NE DÉCOMPTE JAMAIS

     LES HEURES DE SA VIE)

    ***

     "Toi? Femme?

    - Mon Dieu... (soupirs)

    Ils sont encore plus atteints

    que ceux de la dernière fois"

     scans-daily.dreamwidth.org

    ***

    "Homme ou robot?

    - Pas robot... Mais, heu... Homme?

    Pas encore..."

     alcide.fr

    Evgeny Morozov :

    «Les technologies sont des concentrés d’idéologies»

    INTERVIEW

    Recueilli par Amaelle GUITON et Pierre ALONSO

       / Les objets connectés, dits intelligents, se multiplient dans notre quotidien. Est-ce un progrès, un risque, ou les deux ?

       - Deux problèmes se posent : l’un concerne ce que j’appelle «l’automatisation cognitive» - soit, grosso modo, à quel point nous sommes à l’aise avec l’idée de déléguer à des machines nos pensées, intuitions et émotions. L’autre touche au rôle croissant que jouent les données personnelles - sans lesquelles nombre d’appareils et de plateforme ne seraient pas «intelligents» - dans les champs politique et économique d’aujourd’hui. De façon générale, je dois avouer que je suis un grand fan de l’automatisation. Il n’y a aucune raison pour que les humains accomplissent des tâches quotidiennes ennuyeuses qui peuvent être faites par des machines. Mais chaque citoyen devrait avoir un socle de compétences, même si ces compétences sont devenues technologiquement obsolètes. Dans certains cas l’automatisation consiste à repousser les limites de la déqualification, sauf que ce sont des capacités cognitives, intellectuelles, et bientôt peut-être émotionnelles, que nous acceptons de perdre.

       / De nombreux acteurs de la santé ou de l’assurance sont de plus en plus intéressés par les objets connectés. Doit-on s’en inquiéter ?

       - Tous ces objets personnalisés à l’extrême vont certainement achever de détruire les quelques restes de solidarité et de respect mutuel laissés par des années de dogme néolibéral. En gros, l’Etat providence, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, présupposait un certain degré d’ignorance. La prolifération de capteurs nous permet de combler ce vide, nous donnant quantité d’informations sur les «profils risques» de la plupart des citoyens. Si je sais que ma santé est bien meilleure que celle de mon voisin, pourquoi subventionnerais-je son mode de vie pas très sain ? Ces questions sont au cœur de la transformation de l’Etat providence. Les appareils connectés, aussi excitants soient-ils, ouvrent une voie encore plus sinistre : une montre connectée ne va pas transformer une assurance en œuvre de charité. Tout le monde ne pourra pas obtenir des réductions - quelqu’un va donc devoir payer plus. Et je suis presque sûr que ces gens-là seront les pauvres, les gens malades, les plus vulnérables.

       / A quel point ces objets peuvent-ils modifier votre comportement ? Comment imaginez-vous notre futur en tant que «corps connectés» ?

       - Pour le dire très simplement, ces objets remplissent le vide laissé par la défaite des mouvements politiques radicaux ces dernières années. La pression sur les individus ne cesse d’augmenter, que ce soit en termes d’apparence et de santé - on doit tous avoir l’air de vivre en Californie ! - ou de temps et de salaire - faire toujours plus, avec toujours moins. Comment peut-on gérer cette pression ? On y répondait habituellement via un processus politique, en limitant le temps de travail ou en revendiquant des soins médicaux gratuits ou presque. Tout ça touche à sa fin, alors que la pression continue d’augmenter.

       La technologie joue désormais un rôle magique : elle nous aide à reprendre possession de nos existences colonisées par le néolibéralisme. On s’entoure donc de gadgets magiques, qui passeront commande au supermarché quand il n’y aura plus de lait dans le frigo, pour gagner quinze minutes de temps libre, qui - ô ironie ! - seront certainement consacrées à répondre à des mails pro.

       / Quelles sont les implications de cette «quantification de la vie» ?

       - On vit dans une période très confuse, caractérisée par ce que j’aime appeler «l’asymétrie épistémique» : les citoyens sont entièrement transparents, quantifiables, tandis que les institutions sont plus opaques que jamais. Quand on parle de «quantification de la vie», on doit donc avoir en tête qu’un seul élément du système politique - le citoyen - est «quantifié».

       Répétons-le : il s’agit d’un type de politique qui s’accommode plutôt bien du paradigme néolibéral et de ses débats infinis sur la responsabilisation de l’individu. C’est le genre de discours qui ignore les structures et les hiérarchies du pouvoir, pour la simple et bonne raison qu’il ne peut pas - ou ne veut pas - les voir. Cette alliance tactique entre les limitations épistémiques du big data et les transformations politiques du néolibéralisme représente l’une des plus grandes menaces à la démocratie aujourd’hui.

       / Comment les utilisateurs peuvent-ils tirer profit de ces technologies sans être eux-mêmes dépassés ? Comment peuvent-ils rester maîtres ?

       - Je soutiens depuis toujours que les technologies, dans un certain sens, sont des concentrés d’idéologies politiques. Prenez n’importe quel gadget de la Silicon Valley et vous verrez l’ensemble des présomptions qu’il contient sur le citoyen, le régime politique et plus largement sur la vie publique. Rien ne se produira tant que nous ne serons pas prêts à questionner le rôle de la Silicon Valley lorsqu’elle fournit des services qui relevaient traditionnellement de l’Etat. N’est-il pas évident que sans changement radical, Google fournira dans dix ans des services bancaires, des systèmes de santé et d’éducation ? Pour moi, c’est limpide.

       On ne peut pas se permettre de déléguer les questions relevant de la technologie au seul marché, de les gérer comme de simples consommateurs. Non, il faut traiter la technologie de la même façon que la monnaie : c’est l’une des puissances centrales qui organise la vie moderne. Un pays qui abandonne sa capacité souveraine à fabriquer et organiser les technologies court plus ou moins le même risque qu’un pays abandonnant sa capacité à frapper et organiser sa propre monnaie.

     

    ***

    "Mais, Chéri, tu ne vas pas sortir

    dans cette tenue, quand même?"

    "Ce député vieillissant marchait d'un pas de sénateur". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

    wally-wood-galaxy-1959

    ***

    Luc Desle


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  • £££

    (Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE EST-IL

    UN MAÎTRE POUR LE MAÎTRE?)

    £££

    "Une pomme empoisonnée?

    Garantie naturelle, hein..."

    (Source: pinterest.com, via dolcemania)

    £££

    (Nathalie ne buvait pas... Elle dégustait, nuance.)

    (Source: mattsgifs, via 15lutego)

    amy schumer

    £££

    "Et qu'est-ce que je dois dire?

    - Miaou...

    - Miaou?

    - Oui... Miaou..."

    20th-century-manJulie Newmar /

    publicity still for Batman (ABC 1966-68)

    (via glamoramamama75)

    julie newmar

    £££

    "Et alorrs? Tou la prends ta photo, oui?"

    samwandaalpinemastiff:

    Gina Lollobrigida

    (Source: 24femmespersecond.wordpress.com)

    £££

    Jacques Damboise et Nadine Estrella


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MONDE EST LA MAISON

    DU SAGE)

    ***

    (Le zentil hippototame, il aime

    envoyez des zoeufs...

    - Des voeux...

    - Des noeuds...

    - Laisse tomber!"

    Moomin

    (Source: weheartit.com)

    ***

    "Y'a quelqu'un qui en veut à la Culture, ici?

    - Ben, non, justement et...

    - Tais-toi, chien! 50 pompes, immédiatement!"

     BY BENJAMIN VNUK

    La vie culturelle de Montpellier

    sinistrée par une cure d’austérité

    ÉMILIEN URBACH
     
    L'HUMANITÉ 

       (...) Pier Paolo Pasolini dénonçait, déjà, dans les années soixante, « cette uniformisation que le fascisme même n’a pas réussi à mettre en place » et que « le pouvoir d’aujourd’hui, celui de la société de consommation, réussi à obtenir ». Les politiques d’austérité actuelles, plus que jamais soumises aux lois du marché, ne le contredisent pas. Aujourd’hui, elles entraînent en cascade baisses drastiques de subventions, annulations de festivals et fermetures de structures culturelles. Depuis le début de l’année, circule sur les réseaux sociaux une carte de France interactive qui recense les événements et lieux de culture mis à mal. Dans sa version du 11 avril, elle comptabilisait près de 180 points concernés.

       L’hécatombe n’épargne pas le département de l’Hérault. À la fin du mois de février, La Chapelle-Gely, un lieu de fabrique artistique, situé dans une église désaffectée au cœur d’un quartier populaire de Montpellier, faisait le choix d’un « arrêt ferme et définitif de toutes » ses activités, « suite à l’annonce et la notification d’une réduction drastique de la subvention de fonctionnement ». Ouvert il y a presque 20 ans, ce lieu constituait, dans le département, un des plus importants lieux de rencontre entre artistes et populations. Quelques jours après, le festival montpelliérain Hybrides, reconnu pour la singularité de sa programmation ouverte, notamment, sur les écritures théâtrales documentaires, devait annuler sa septième édition.

       Dans une commune voisine, le Théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone devait, dans la même période, vivre ce qui s’apparente à une véritable procédure d’expulsion. Quinze jours plus tôt, le festival de poésie, Les voix de la Méditerranée, à Lodève, annonçait qu’il opérait son auto-mutation en un nouveau festival des arts vivants, baptisé « Résurgence », parce que la communauté de communes du Lodévois-Larzac, principal financeur de la manifestation, est « confrontée à une situation budgétaire extrêmement délicate en raison de la baisse des dotations de l’État ». La liste est encore longue des lieux, festivals et structures qui tirent la sonnette d’alarme dans la région. (...)

       (...) À Montpellier, en plus des restrictions imposées par l’austérité, le nouvel édile, Philippe Saurel, pourrait bien être en train de faire payer, aux acteurs culturels, leur soutien à son frère ennemi du Parti socialiste, Jean-Pierre Moure, lors des dernières municipales. « En septembre, on nous a dit que nous n’étions pas blacklistés, 
commente Julien Bouffier, directeur d’Hybrides. Mais au service culturel on nous raconte que c’est le cabinet du maire qui gère notre dossier. Eux, nous répondent que c’est Saurel lui-même qui s’en occupe. » Ce dernier refusant de les recevoir, les organisateurs, sans nouvelle de l’accord de financement, ont été contraints d’annuler.

       « Il assied sa revanche sur une absence de pensée des politiques culturelles », ajoute le jeune directeur. Aucun projet nouveau, en effet, ne viendra remplacer ceux de La Chapelle ou du festival Hybrides. Ce qui s’apparente à une méticuleuse déconstruction de la diversité des propositions culturelles n’est cependant pas le résultat de l’accumulation de simples choix locaux. « Nous ne pouvons pas admettre que le démantèlement qui est en cours soit seulement le fait du hasard, s’inquiétait, dans un récent communiqué, le Syndeac, principale organisation patronale dans le milieu du spectacle.

       Ce qui se passe à Montpellier est l’illustration d’une sinistre conjonction : une réforme des territoires engagée sur fonds de disette financière permet des atteintes à la culture les plus décomplexées. »

       Même le prestigieux Printemps des comédiens, financé par le conseil général, se voit obligé de réduire la voilure. « On diminue la durée du festival pour en conserver la qualité, explique Jean Varela, directeur de la manifestation. On ne peut plus rien anticiper. On navigue à vue. Dans les années à venir, on ne sait même pas quel sera l’aménagement des compétences entre les collectivités territoriales. » Une absence de lisibilité des politiques culturelles, à tous les étages, qui ne sont pas sans impacts sociaux. « La réduction de la durée du festival entraîne inéluctablement moins de jours de travail et donc moins d’embauches d’acteurs, moins d’artistes, moins de techniciens », continue Jean Varela.

       Tout un secteur d’activité est en voie d’asphyxie, et c’est bien la diversité culturelle qu’on sacrifie sur l’autel des économies budgétaires. À Lodève, Franck Loyat, en charge du futur festival Résurgence, assure que ce nouveau rendez-vous n’aura rien à envier, qualitativement, aux Voix de la Méditerranée, qu’il dirigeait depuis 2011. Mais il ne cache pas son désarroi : « Il y a bien sûr un risque, quand les finances se raréfient, que ce soient les formes les plus rares, les propositions les plus pointues, qui en pâtissent. Plus l’argent se fait rare, plus on cherche la rentabilité. »

       Et Julien Bouffier d’ajouter : « Face aux arguments financiers, personne ne parle de l’importance de la culture. C’est comme à Radio France. S’ils supprimaient France Culture, ce serait comme faire tomber une digue contre la pensée unique. Tout ça se passe dans le contexte d’une extraordinaire montée du Front national... Et personne ne fait le lien. C’est terrible. » Ce que Pasolini aurait nommé un « culturicide »

    http://www.humanite.fr/la-vie-culturelle-de-montpellier-sinistree-par-une-cure-dausterite-571158

    ***

    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE VIDE INTÉRIEUR

    REMPLIT TON ÂME)

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    "Qu'est-ce que tu dis? Mais articule, B... D...!"

    ***

    (Derrière le miroir un univers pixelisé

    attendait Alice)

    http://vhood.net/chump/2011/11/

    De la déconstruction de la culture
    à la dévastation de l’homme
     
    Kalli GIANNELOS
     
    L'HOMME DÉVASTÉ
     Éditeur : GRASSET
     288 pages 
     
       Résumé : Dernier ouvrage du philosophe Jean-François Mattéi (1941-2014), cet essai porte sur la destruction qui touche l’homme du XXI e siècle, le processus qui l’a initiée et la nourrit et l’avenir qu’elle préfigure.

       (...) Autant par sa parution posthume que par la portée du projet qui en scelle l’unité, L’homme dévasté de Jean-François Mattéi s’apparente à une œuvre testamentaire. De Platon aux penseurs contemporains, Mattéi déploie une réflexion qui traverse les époques, les échelles (du monde à l’homme) et les disciplines, en quête des origines et des avatars de la figure de la dévastation de l’homme. La préface très nourrie qui introduit l’essai, réalisée par Raphaël Enthoven, situe le contexte, les enjeux, autant que la lignée dans laquelle la pensée de Mattéi s’inscrit (Platon, Heidegger, Camus...).

       Dans cet essai, Mattéi dénonce les effets dévastateurs de l’entreprise de déconstruction, tout en montrant que la déconstruction se déconstruit elle-même. À travers une analyse foisonnant d’exemples divers et une démarche limpide, Mattéi expose le processus de « destruction » de l’homme : son obsolescence, sa réification, sa désorientation, sa disparition. On y trouve, en creux, un humanisme redéfini à mi-chemin entre l’antihumanisme et un humanisme naïf. Les pérégrinations philosophiques de cet essai s’établissent par le biais de références multiples, puisant autant dans les ressources philosophiques que dans celles propres à la littérature, aux arts ou aux sciences. Aussi, la typologie des références de l’ouvrage, établie par Raphaël Enthoven, indique que cet essai séduira autant les « plus savants », que les « indignés », les « cinéphiles », les « snobs », les « amateurs de jargon » ou les « gamers » .(...) 

       L’homme dévasté, qui est le dernier homme, est bien celui qui a effacé l’horizon avant de disparaître dans un ultime clignement d’œil. 

       Le constat de la dévastation de l’homme moderne porte en creux le dépérissement de ce qui fut : une construction de la culture européenne, humaniste, remontant à la Grèce antique. Mattéi retrace les rouages et la cible de la déconstruction, cet antihumanisme théorique qui a désolidarisé le XXe siècle des fondements de la culture occidentale, annihilant non seulement une certaine pensée « architectonique » mais aussi du même coup les conditions d’accès à un monde doué de sens, lui-même garant de l’humanité . Cible des déconstructeurs, l’idée architectonique qui a longtemps porté la culture européenne connaît effectivement un déclin : un déclin de l’architectonique de la cité induisant celui de l’architectonique de la pensée . Contre la déconstruction et la « barbarie » qu’il y décèle, Mattéi dénonce la stérilité de celle-ci autant que son « mouvement ravageur » qui dénote une tentative « de suppression de la condition humaine dans son imbrication avec le monde » .


       Empruntant à Nietzsche la figure de l’« ensablement » et au sociologue Zygmunt Bauman celle de la « liquéfaction », Mattéi situe la dévastation comme «  l’action d’un homme qui se déserte de lui-même et du monde. » . Le corollaire de cette renonciation à l’humain est pour Mattéi que « l’homme a perdu le sens de l’orientation » , sous le coup d’une dissolution des fondements théologiques et moraux mais aussi logiques et ontologiques : « tout ce qui relevait, dans les discours de la tradition, d’un principe, d’une fondation ou d’un centre, c’est-à-dire d’une source de sens, a été répudié comme une illusion » . Aussi, selon Mattéi, « on ne peut que constater, avec la destruction de l’homme, la dévastation radicale de l’âme et du monde » .

       Au sein du constat de la dévastation de l’homme, on retrouve, par ailleurs, une filiation camusienne notable, soulignée par Raphaël Enthoven dans la préface. En écho à L’homme révolté de Camus, qui est « un homme qui dit non à ce qui transgresse les frontières de l’humain et qui dit oui à la part précieuse de lui-même » , Mattéi trace les contours de cette figure de l’homme « dévasté », qui est « le négatif » de l’homme révolté  et « une rupture dans la chaîne de l’humanité » . (...)

       (...) La rupture avec la construction de l’homme est poursuivie par une entreprise de déconstruction généralisée, s’étendant du langage au corps en passant par le monde et l’art. La fascination pour le vide au sein de la pensée française du second XXe siècle inaugure une ère marquée par la volonté de rompre avec les récits fondateurs. Mattéi identifie, à cet égard, une « tragédie de la déconstruction [qui] se joue en quatre actes sur la scène du langage »  : partant de la neutralisation de l’écriture et de l’existence qui instaurent une voie impersonnelle, cette tragédie se dénoue en une reconnaissance commune pour tous les déconstructeurs qui révèlent ainsi leur objectif partagé, celui d’« en finir avec l’astre qui commandait la raison édificatrice pour laisser le champ libre à l’épuisement du désastre » . Se référant à Deleuze, Guattari et Derrida, Mattéi trace les sillons de ce mouvement déconstructeur en en soulignant les étapes, les enjeux et les effets en présence. Pour Mattéi, le corollaire de cette déconstruction est le suivant : 

       Il n’y a plus dans le livre, dans l’homme ou dans les choses ni profondeur ni hauteur, seulement des lignes indécises de segmentation, des tiges superficielles ou des plateaux connectés, puis déconnectés, sans qu’aucun horizon vienne éclairer un monde dévasté. 

       Prolongeant la déconstruction du langage, la déconstruction du monde brouille les frontières du réel en substituant le modèle par le simulacre. Mattéi décrypte cette nouvelle échelle de la déconstruction en faisant dialoguer, entre autres, Platon, Günther Anders, Jean Baudrillard et Guy Debord, au croisement d’œuvres cinématographiques. Ces dernières sont invoquées d’une part, comme illustration du règne des simulacres et, d’autre part, comme partie prenante à leur création. La première dimension consiste en une mise en abyme de ce monde déconstruit : Mattéi dresse ainsi une brillante analyse de la trilogie Matrix  qui « décline de façon originale le thème de la dévastation de l’homme par la technique, ou du moins celui de sa soumission aux simulacres. » . Par ailleurs, Mattéi décrit l’emprise du virtuel sur le réel, résultant de la prévalence des nouvelles technologies, faisant que l’« existence de l’homme se réduit à un fourmillement de pixels » .

       Des films mettant en scène une réalité virtuelle ou un monde de simulacres jusqu’aux jeux vidéo créant des univers virtuels, l’analyse de Mattéi met en évidence la question ontologique qui les relie. Le règne de la simulation et la préférence de l’image à la chose conduisent à une désertion du monde : « sous des regards dévastés, le monde est devenu un codage numérique » . 

    http://sash-kash.deviantart.com/art/Deconstruction-of-Innocence-253865744


       L’état des lieux de la déconstruction se poursuit avec l’art où le processus établit une « dévastation revendiquée des formes artistiques » . Mattéi en montre les effets dans cinq domaines artistiques : le langage poétique, les arts plastiques, la musique, le cinéma et l’architecture. Aussi, la modernité artistique se traduit-elle éminemment par des modifications fondamentales : « en littérature, la neutralité de l’écriture, en peinture, la vacuité de la toile, en musique, le silence de l’instrument, auront été les limites ultimes d’un art devenu étranger à lui-même » . La subordination du geste créateur au discours, la substitution de la représentation par la simulation, ou la substitution des structures en temps continu par les processus, figurent ainsi parmi les effets de cette transfiguration de l’art au contact de la déconstruction. La singularité de ce positionnement de l’art contemporain va de pair avec son aporie qui, pour Mattéi, « tient à sa dérive vers la conceptualisation et à sa confusion avec le processus » .(...) 

       (...) Après avoir effacé le visage de l’homme dans la peinture et la sculpture, démantelé la parole dans la poésie, l’intrigue dans le roman et le cinéma, la déconstruction contraint l’homme à s’absenter d’un corps dont il tient pourtant son existence. 

       Cible ultime de la déconstruction généralisée, le corps humain parachève ce mouvement de déconstruction, incarnant la figure extrême de la dévastation. Mattéi identifie ce nouveau rapport à la corporéité dans un double mouvement, de régression et de confusion de l’homme avec d’autres formes de vie et, d’autre part, une transgression vers une fusion de l’homme avec les machines : une « défiguration » ou « dénaturation » de l’homme qui conduit à sa destruction ou dévastation . La neutralisation du corps est aussi un des effets de cette déconstruction du corps, que l’on retrouve dans les gender studies : « le corps de l’homme [est] dissous par le discours qui le remplace. » .

       De la transgression du sexe vers le genre, Mattéi passe à la transgression de l’humain vers le surhumain : ce posthumanisme - qui a tendance à se sublimer en « transhumanisme » - procède à la construction d’un être artificiel, simulant l’homme naturel. Notre monde contemporain est pour Mattéi celui du « dernier homme » que Nietzsche avait annoncé, et le paradoxe de cette évolution en cours est qu’il s’agit bien d’un « projet humain d’en finir paradoxalement avec l’être humain » . La déconstruction théorique de l’humanité se dédouble ainsi en une déconstruction physique de l’homme.

       Face au constat de la déliquescence de l’homme, le tableau dressé par Mattéi atteint son terme sur une note alarmante : « la déconstruction a fêté un bal des adieux […] L’adieu à ce qui faisait la substance de l’humanité […] l’adieu à la condition humaine » . Pourtant, dans ce sombre tableau, l’idée « a le premier et le dernier mot » et sa primauté vient sauver l’homme de son enlisement dans les simulacres . De plus, Mattéi identifie au sein d’une triple équation la liberté, l’humanité et l’acte comme « faculté de commencer », dans la lignée de Camus et Arendt . En cela, la trame de l’humanité peut être pérenne, et la dévastation dont il a esquissé la généalogie, les avatars, les contours et les enjeux, est appelée à être « passagère, vouée à disparaître » . Le cri d’espoir qui clôt cet essai est ainsi une foi en la liberté humaine, et consiste à affirmer que quoi qu’on fasse, « on ne pourra jamais effiler l’humain » .

       Que l’on adhère pleinement, peu ou pas à la pensée de Jean-François Mattéi, cet essai séduit dans tous les cas par la vivacité de la pensée philosophique qui s’y déploie, et par ses miroitements diaprés qui invitent l’extra-philosophique dans une réflexion dénuée de toute prétention. Cela tempère d’ailleurs les critiques éventuelles qui pourraient être adressées à certains de ses postulats, à l’instar des objections que lui adresse Raphaël Enthoven dans sa préface, visant à nuancer certaines thèses de l’ouvrage. Le regard humain sur le monde que porte Mattéi, aussi bien que cet espoir qui l’anime et qui renaît de ses cendres in extremis, ne peut qu’émouvoir. Car y a-t-il un cri d’espoir en l’humain plus éloquent que celui d’un homme dont seule son écriture demeure ?

     http://www.nonfiction.fr/article-7537-de_la_deconstruction_de_la_culture_a_la_devastation_de_lhomme.htm

    ***

    Luc Desle


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  • ¤¤¤

    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUI APPORTE UN BATEAU

    EST TOUJOURS LE BIENVENU

    CHEZ LES MARINS)

    Proverbe adapté du chinois

    par Jacques Damboise

    ¤¤¤

    "Pa, on est ridicule comme ça!

    - Chuuut! Je tente une expérience"

    (Source: magictransistor, via nuweba)

    (Hélas, l'expérience ne réussit pas

    et on interna vite fait le savant infanticide)

    ¤¤¤

    "Man', regarde. Le Monsieur écrivain il boit.

    - Comme tous ceux de son ethnie, ma chérie.

    - Il attend qui?

    - Un type nommé Gadoue, je crois."

    Samuel Beckett

    artemisdreaming:

    ¤¤¤

    "Non, Cherrie, pas le contrre-ut!

    PAS LE CONTRE-UT!"

    karasouza-photo:

    ¤¤¤

    (Olga attendait sans impatience

    que l'officier vienne la chercher pour

    la conduire devant le peloton d'exécution)

     

    "J'ai tout mon temps"

    habitantes-oazj:

    Author - Paolo Verzone - Breda, Netherlands,

    Cadet in the Koninklijke militarie academie

    ¤¤¤

    Jacques Damboise


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