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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE THÉSAURISE PAS LES ETOILES
    QUI FOURMILLENT DANS TA TÊTE)


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    Nouveau court récit au long cours (4)

    LE LIBÉRÉ 
    DU 
    CLUB MAD


       Daniel, qui travaille en sous-main pour une entreprise chargée d'observer l'évolution des différents clubs de vacances de la planète, note les changements ayant eu lieu à Ipsos, dans cet endroit qui est devenu "moderne" pour attirer une clientèle jeune... et affamée de boissons pour faire plus vite la fête..



       Bravo pour le raccourci. Il doit paraître sérieusement décalé et décati pour qu’elle lui suggère, à peine arrivé, d’aller se dorer la pilule sur un transat dans une résidence friquée !

       Il fait signe à Rachel qu’ils peuvent y aller. Il ne peut s’empêcher d’émettre des commentaires.

       - En voilà une qui ne manque pas de souffle ! C’est à se demander si on leur enseigne les rudiments du savoir-vivre. J’ai l’impression qu’ils recrutent des jeunes niveau BTS Force de Vente, plutôt que des diplômés en Tourisme et Loisirs. Et encore, la classification des études y fait-elle quelque chose ?… Au fait, c’est le genre de question que personne ne veut entendre ici, mais j’ai envie de savoir. Vous travaillez ou vous êtes étudiante ?

       - Entre les deux. Je viens de soutenir une thèse en psychologie, et ensuite… eh bien, je ne sais pas… ça risque de prendre du temps… J’ai besoin de souffler un moment.

       - Déprimée ?

       - Oui, c’est cela.

       - Et vous comptez sur cette semaine pour reprendre un peu d’enthousiasme ?

       Elle lui fait oui de la tête, légèrement essoufflée. La côte est rude qui monte vers l’Olympe. Lui, ça va, il a le cœur très solide.

       Ils passent devant les premières cases du secteur : elles sont nickel. Fini la paille et le chaume. Il doit y avoir un coin toilette à l’intérieur. Rachel appréciera. Les jeunes sont habitués à leur confort. A leur façon, ils cherchent le paradis, l’oubli des aberrations de nos systèmes sociaux. N’a-t-il pas fait de même autrefois quand il fuyait la capitale et les contraintes familiales ? Seulement, il leur faut de plus en plus de commodités, de moins en moins d’efforts au quotidien. Du coup, les structures les prennent en charge et les mettent dans des moules dont ils auront du mal à se sortir.

       - Je m’étonne que vous soyez venue seule, juste avec du blues dans votre sac.

       - Bien vu. Une amie parisienne arrivera ce soir. On s’est donné RDV ici.

       - Psychologiquement, c’est plus logique.

       Elle sourit, et il devine déjà dans cette âme toute la tristesse du monde.

       Sans le panneau directionnel près des sanitaires, il n’aurait pas trouvé la case, exilée dans un recoin de la presqu’île. Leurs cases sont pratiquement à côté, juste pour leur rappeler cette fameuse histoire de hasard qui fait bien les choses.

       Ici au moins, ils seront tranquilles. Loin des retours nocturnes. A l’écart. On entend juste la rumeur du restaurant qui s’active pour le déjeuner. On est donc en hauteur sur l’isthme. On ne voit pas la mer de là. On est à l’ombre d’oliviers centenaires, sur une terre de légendes...

       Daniel visite sa case. Rien à dire, c’est propre, fonctionnel, mais l’Energie s’en est allée, foi de Jupiter !

       C’est alors qu’une autre rumeur gronde, enfle et assourdit le silence, venant de plus bas, en ligne directe ascendante, telle un tonnerre de basses, ponctuée par les aboiements d’un animateur racoleur.

       - Mesdames, messieurs, toute l’équipe de Corfou, vous attend comme chaque jour, au bar, pour vos « Mad Mouvements » préférés, suivis d’un méga-apéritif, yéééh !

    ***

    (A Suivre)

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    "Heu... On pourrait d'abord discuter...
    - Ce n'est pas ce que je fais, 
    cabrón?"

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    (La marchandisation du corps féminin

    fonctionnait à plein régime)



    La première "salope" répond aux "343 salauds"

       (...) En écho aux "343 salopes" qui défendaient leur droit à l'avortement dans les années 70, "343 salauds" (en réalité, ils ne sont que 19) signent aujourd'hui dans "Causeur" un manifeste pour défendre leur droit d'aller "aux putes" (sic). Ils s'y inquiètent "que des députés édictent des normes sur [leurs] désirs et [leurs] plaisirs", dénonçant une "répression déguisée en combat féministe" (rien que ça...).

       Nicole Muchnik est à l'origine de la publication du "Manifeste des 343", dans "Le Nouvel Observateur", le 5 avril 1971, avec Jean Moreau. Elle fait partie des "salopes" pour "Charlie Hebdo" qui rebaptise une semaine plus tard le Manifeste. "J'ai trouvé ça amusant", se souvient-elle aujourd'hui. Car Nicole Muchnik n'a jamais eu froid aux yeux. Cette journaliste originaire de Tunis a aujourd'hui 77 ans, et elle a été de tous les combats, de la Guerre d'Algérie aux grandes luttes de la gauche, en passant par le féminisme. On serait bien en peine de la faire passer pour une puritaine, car prôner la liberté à avorter, à disposer de son corps en tant que femme avait à l'époque une odeur de souffre. 

       Aujourd'hui, Elisabeth Lévy, directrice de publication de "Causeur" souhaite avec les "343 salauds", "emmerder les féministes d'aujourd'hui". Et celles d'hier, qu'en pensent-elles ? Interview.

       / Les "salauds" revendiquent le "droit de jouir"(sic) et le "droit à la différence", se comparant au manifeste initial. Quelle est la différence entre revendiquer la liberté d'avorter et la liberté d'aller "aux putes", comme ils disent ?

       - Ça me blesse énormément et je vais vous dire pourquoi : il n'y a pas longtemps, j'ai lu que l'ex-présidente de la Communauté de Madrid avait écrit "Après tout, si quelqu'un veut vendre son sexe, pourquoi pas ? Pourquoi le corps, le sexe ou n'importe quoi d'autre de ce genre serait en dehors du marché?"

       C'est ce qui me choque aujourd'hui, de la part des 343 salauds qui portent très bien leur nom et qui défendent cette "liberté". C'est scandaleux : vendre son corps c'est en faire une marchandise. Pourquoi ne pas vendre des enfants, des organes, des esclaves?

       L'avortement, c'était bien autre chose : c'était un droit à la liberté de disposer de notre corps.

       / Qu'avez-vous ressenti en apprenant cette publication ?

       - Je trouve comique que ces hommes, qui passent pour être intelligents, protestent parce qu'on touche à leur portefeuille, parce qu'on leur inflige une amende. C'est fantastique... et profondément hypocrite. A côté, ils ne parlent pas ou à peine, pour s'excuser, du fait que ces femmes soient en réalité des esclaves du sexe.

       Je n'ai franchement rien contre le fait qu'une petite bourgeoise ait envie de se faire un "type" en fréquentant un hôtel de passe ou ce qu'elle veut, c'est sa liberté. La prostitution, c'est bien autre chose, c'est de la vente de femme, et rien d'autre. C'est bête d'avoir à répéter encore que le corps et la tête forment un ensemble: quand on vend son corps, surtout sous la contrainte, on vend aussi sa tête. Et quand Elisabeth Levy [directrice de la rédaction du magazine "Causeur", NDLR] parle des féministes comme de la "brigade des plumeaux", c'est grave. Quelle est cette confusion ? Qu'est-ce qu'elle a dans la tête cette bonne femme ? 

       / Ce manifeste des salauds est-il le symptôme d'un véritable recul en terme d'égalité femmes-hommes ? Qu'est-ce que ça représente ? 

       - Ces hommes ne représentent qu'eux-mêmes : une poignée d'imbéciles qui se font de la pub. Je crois que la société française n'en est pas à ce point là, même si la prostitution est un réel problème. Je ne crois pas que ce soit représentatif de la société, et surtout, des hommes. 

      / A titre personnel, que pensez-vous de la pénalisation du client, qui est proposé aujourd'hui par le gouvernement?

       - Il faut en passer par là il me semble, malheureusement. Comme pour les quotas : on ne devrait pas avoir à les infliger dans une société civilisée, mais on voit qu'il faut en passer par là. (...)

    Propos recueillis par Alice Maruani - Le Nouvel Observateur

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    (Casque protégeant un des 343 s...
    du syndrome terrifiant de l'intelligence)



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    Benoît Barvin

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