Dans une lettre publiée dans le quotidien El Tiempo, le journaliste Yesid Toro reconnaît avoir inventé de toutes pièces un texte de menaces à l’encontre de ses collègues et de lui-même. Rédigé en septembre 2014, ce texte émanait prétendument d’un groupe paramilitaire, Los Urabeños (également dénommé le clan Úsuga), qui désignait comme “cibles militaires” les reporters cités. Le texte avait mis en alerte les diverses rédactions concernées.

   Comme ses collègues “menacés”, Yesid Toro travaille dans la vallée du Cauca, dans le sud-ouest du pays, une région encore fortement bousculée par les affrontements entre l’armée colombienne, la guérilla et les trafiquants de drogue. Le journaliste était le rédacteur en chef du journal d’une chaîne locale, Telepacífico Noticias. Il a expliqué qu’il avait monté ce scénario de toutes pièces pour se faire rembourser par l’Unité nationale de protection (UNP) des frais qu’il avait engagés dans le cadre d’un précédent programme de protection, et pour obtenir une prolongation de la mesure.

   Les menaces avaient déclenché une enquête de police et des mesures renforcées de protection des journalistes, dont le coût estimé s’élève à 43 000 euros, selon l’UNP, qui a porté plainte contre le journaliste. La justice a ouvert une enquête. En outre, le directeur de l’UNP a parlé d’une “attitude irresponsable” qui “a mis en danger la vie et la tranquillité des autres journalistes”.

   Mais, outre le fait que Yesid Toro a commis un délit, cette affaire met cependant en lumière “l’inefficacité de l’administration [colombienne]”, estime de son côté El Espectador. La Colombie reste un pays très dangereux pour les journalistes : parmi les milliers de personnes bénéficiant d’une protection dans le pays, on compte près de 100 journalistes, souvent victimes de menaces et d’attaques. Plus de 40 journalistes seraient morts depuis 1992.

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