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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE VILAIN PETIT CANARD 

    EST A SA PLACE,
    COMME TOI TU ES
    A LA TIENNE)


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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS(50)
    pcc Benoît Barvin




    FILS TENUS 

       ...Sous le jet de lumière crue, le trapéziste surgit, tel un dieu vivant. Un homme blond, bronzé mais si petit, là-haut, tout là-haut, sur la poutrelle argentée. Il inspira un long moment. La foule était nerveuse. Puis, sans un mot, avec le geste magnifique du plongeur de haut vol, il s’élança dans le vide. 

       Les spectateurs retinrent leur souffle. Des femmes fermèrent les yeux. Des enfants se mirent à trembler. Chacun pouvait se rendre compte qu’il n’y avait aucun filin, pas de trapèze, rien de tangible auquel pouvait se raccrocher le malheureux. On apercevait seulement la silhouette se détachant sur l’obscurité glacée de la haute tenture, pareille à un ciel sans étoile. 

       Et cependant le gymnaste resta en l’air. Comme accroché à des fils invisibles, défiant les lois immuables de la pesanteur. Enfin, après quelques évolutions aériennes aussi superbes qu’incompréhensibles dans cet espace que l'homme semblait transcender de sa silhouette altière, il se reçut en douceur sur la deuxième poutrelle. Les bravos, les bis, les hourras crépitèrent en rafale. 

       Après un dernier salut sur la piste, le trapéziste "le Dragon Volant" s’évanouit, effacé par le lourd rideau de soie noire. "Extraordinaire, pensais—je... et cela sans filet!" Mon admiration devant ce prodigieux numéro fut telle que les autres parties du spectacle ne m’impressionnèrent guère. Plus, même... je ne les regardais point. A peine la fin de la séance se terminait-elle en fanfare, que je décidai de rencontrer ce "prince des trapézistes" ainsi que le proclamait les affiches qui m'avaient attiré vers ce petit cirque de Province... 

       Spectateur occasionnel, je ne me doutais pas du travail intense que réclame l’organisation d’un spectacle de cirque. Aussi fus-je presque effrayé par la quantité incroyable do roulottes, de cages et par ces êtres mi-hommes, mi-bêtes clowns, dompteurs... que sais-je encore, qui se pressaient dans des allées boueuses, toujours souriants bien que pressés.

       Comment ne pas sentir son courage" flancher" lorsqu’on demande sa route à  l’homme-girafe... ou à son parfait contraire, l’homme-nain, un pygmée Andamanais... Enfin, après nombres de détours ( bourbeux pour la plupart comme en témoignaient mes bottes maculées), je me trouvai devant la roulotte du trapéziste. Curieusement, depuis tout à l’heure, il était devenu - par la grâce d’un obscur peintre d’enseignes - "le Dieu des Voltigeurs". Cette roulotte avait un aspect piteux qui ne cadrait pas avec le renom de ce si grand homme. Elle semblait dater du début du vingtième siècle.  Je montai les quelques marches et frappai à la porte vermoulue. 

       En cet instant, je m'interrogeai sur cette insatiable curiosité qui était mon ordinaire.  Certes, son exhibition avait eu un quelque chose de "magique", mais il devait s'agir d'une illusion d’optique, d'un subterfuge quelconque... J’étais furieux de m’être laissé piéger par ma curiosité enfantine.  Les coups secs contre le battant ne donnaient rien. La roulotte devait être vide. Le vent se leva, accompagnant comme un voile très fin le sanglotant soleil du soir. Je ne réitérai pas mon geste, me retournai mais, soudain glissant sur la dernière marche boueuse, je me rattrapai à la poignée de la porte... qui s’ouvrit. Je fus aussitôt avalé par l'intérieur de la caravane, dont la porte se referma avec un claquement de squale. 

       Je me retrouvai allongé sur le dos, passablement secoué. Je me redressai au bout d'un moment et fis le tour de l'endroit. Il n'y avait aucun trapéziste, ni sous la table monacale et les deux chaises branlantes, ni dans le placard où je trouvai des costumes ridicules et passablement fanés. Je me massai l’épaule gauche, maudissant intérieurement ma curiosité. Un mal de tête lancinant, vrillé comme un ver dans ma cervelle, me rendit soudain furieux contre cet illusionniste... ce charlatan. J’inspectai une dernière fois le petit intérieur. C'est alors que j'avisai une porte, au fond, qui m’avait tout d’abord échappé. Je m’approchai lentement et tirai à moi le battant. 

       La première chose que j’aperçus - presque aussi imposante que le réduit lui-même, ce fut la cage. Une immense cage à fins treillis, à l’intérieur de laquelle des choses noires se déplaçaient. 

       J'ai mis du temps à comprendre. Un petit pas en direction de la cage et de son curieux contenu, puis un second et... Mes cheveux se dressèrent sur la tête. Se laissant tomber du plafond, une arachnide noire et velue, toute en pattes, me sauta dans le cou. Je poussai un hurlement, bondis en arrière et l'écrasai promptement. La sale bestiole! Pris d’une de ces rages qui me serrent le crâne à intervalles réguliers,, je m’arcboutai contre la cage et la renversai. La porte s’ouvrit, et au fur et à mesure de l'apparition des araignées, je poursuivis mon oeuvre de destruction. Plus tard, écoeuré autant par l’amas gélatineux que par les remugles pestilentiels, je m'enfuis , devenu violeur malgré moi d’un terrible secret. 

       Le soir me retrouva assis sur les gradins parmi l’éternelle foule bruyante et bigarrée. Que faisais-je à nouveau sous ce chapiteau? Pourquoi ne regardai-je pas les premiers numéros? Devais-je avouer que je n’étais là que pour "Lui", le trapéziste, MON trapéziste? Autour de moi les conversations s’échauffaient ; un frisson d’ impatience faisait trembler le public. Ils attendaient "Le Numéro exceptionnel et unique". Les imbéciles! Je ricanais de plus belle quand, dans un grand silence, apparut la vedette du spectacle. 

       Toujours aussi musclé et blond, et éclaboussé de lumière. Il regarda la foule, me vit soudain et me fixa longuement. Se décidant enfin, le trapéziste monta son escalier de cordes. Avec lenteur, comme à regret. Sur la poutrelle, il attendit. J’imaginais son angoisse. La musique entama son air favori... La foule scrutait l’ombre, là-haut, trouée de coins brûlants. L'homme allait s’élancer... Cependant, immobile, il attendait toujours. Un murmure timide naquit, se propagea  très vite parmi la foule, enfla... Bientôt des sarcasmes fusèrent... Le tumulte menaçait de se transformer en charivari. 

       Le trapéziste hésita encore un peu.  Il dut apercevoir le directeur qui lui faisait des signes furieux. Alors, après un long soupir, il s’élança dans ce plongeon impeccable qui l’avait fait surnommer "Le dragon Volant". Et après un mouvement ascensionnel gracieux... il  s’écrasa sur la piste, dans un grand bruit spongieux, écoeurant. 

       J’exultais. J’avais percé son secret. J'avais mis KO ce pauvre type et ses nouvelles Arianes.  Je regardais le cercle rond sur lequel il s'était écrasé et où son corps fracassé devait ressembler à un pantin désarticulé et... Mais la piste restait dans la pénombre. Aucun cri d’horreur du directeur et des spectateurs, puisque tout le monde avait le nez levé vers le ciel, suivant la lumière blanche qui accompagnait les évolutions aériennes incroyablement belles et incompréhensibles du trapéziste... Désespérément incompréhensibles. 

       Je hurlais ma rage à son encontre, le maudissant intérieurement, puis je courus me réfugier chez moi, le coeur battant comme un fou.

    ***

       Sur le carnet, une grosse tache d’encre marquait la fin du récit. Quelque chose se détacha du plafond et, lourdement, commença à descendre. Un quelque chose bourré de pattes, aussi noires que le reste du corps mat. Cela courut rapidement sur le tapis, vers le lit. Là, collé contre la couverture, un fil brillant accrocha un rayon de lune. L’araignée agile grimpa vers le haut du lit, en s’aidant de ses pinces. 

       Sur sa couche, l’homme dormait. Il ne s’apercevait pas du travail de ces étranges visiteuses. Il ne pouvait plus depuis un moment. Depuis qu'elles lui avaient injecté leur venin paralysant. Je m’approchai souplement du corps, qui ressemblait peu à peu à un énorme cocon. Les arachnées avaient fait vite, poussées par leur désir de vengeance, leur haine de l'homme qui avait massacré leurs compagnes que je gardais dans ma roulotte. Ce type allait mourir lentement, méthodiquement, étouffé. En comprenant qu'il mourait...

       Bien qu'elles m'accompagnent depuis mon enfance, et que ce ne soit pas la première fois qu'elles se vengent ainsi d'un humain un peu trop curieux, je ne pus empêcher un frisson de me parcourir, et je tournai bien vite les talons... 

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    "Mon voisin Tororo"
    ecrans.fr

       Oui, je l'avoue, je suis une inconditionnelle des dessins animés japonais. Ceux des années 70/90, notamment, ceux qui sont des réinterprétations des grands classiques de la littérature, notamment française. 
       Je remercie mes collègues de Tu Quoque de pouvoir me faire plaisir - un onanisme culturel en quelque sorte - en diffusant les génériques de trois adaptations des "Trois mousquetaires" qui ont bercé mon enfance. 
       Les chansonnettes des génériques sont ma madeleine de Proust, moi qui me voyait - toujours - sous les traits, à peine virils, de D'artagnan et pas de ceux de quelques mijaurées féminines - mais parfois assez féministes, reconnaissons-le.

       Merci à ces japonais qui, à l'époque, étaient nos chinois d'aujourd'hui...

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    "Les Trois Mousquetaires" 
     Jean-Jacques Debout

    Un pour tous et tous pour un
    Lorsque l'on est mousquetaire
    Un pour tous et tous pour un
    On est comme des frères
    Un pour tous et tous pour un
    Il faudra s'y faire
    Les autres ne sont pas loin
    Quand on en voit un

    Refrain :
    Un pour tous et tous pour un
    Lorsque l'on est mousquetaire
    Un pour tous et tous pour un
    On est comme des frères
    Un pour tous et tous pour un
    Ils sont sur la Terre
    Comme les doigts de la main
    Et ça leur va bien

    Comme des petits diables
    Ils font des tours pendables
    Mais nous savons
    Qu'ils sont de joyeux compagnons

    Et pour croiser le fer
    Avec ces mousquetaires
    Il faudrait être fou
    Oui être fou


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    "Sous Le Signe Des Mousquetaires "
    Michel Barouille 

    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    On est tous des frères 

    La main dans la main nous allons au combat
    Pour notre pays et pour notre Roi
    Athos, Porthos, D'Artagnan et Aramis
    Sont deux paires de bons amis 

    La devise qui nous soutient c'est un pour tous et tous pour un
    On peut compter sur nos épées s'il faut défendre notre amitié 

    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    Pour avoir la paix, on fait la guerre
    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    On est tous des frères 

    Nous passons des jours et des nuits à cheval
    Poursuivant les gardes du Cardinal
    Nous nous battons bien mais après la bataille
    Nous embrochons des volailles 

    Et l'on trinque à la santé de nos belles qu'on a quittées
    Mais avant tout à nos épées car elles défendent notre amitié 

    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    Pour avoir la paix, on fait la guerre
    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    On est tous des frères

    Quand on a vingt ans et quand on a la chance
    D'être né un jour au royaume de France
    La tête au soleil et les pieds sur la Terre
    On devient un Mousquetaire 

    Pour la gloire et pour l'honneur
    La victoire nous tient à cœur
    On se battra jusqu'au dernier
    Pour la défendre notre amitié 

    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    Pour avoir la paix, on fait la guerre
    Avec nous, venez croiser le fer
    Les méchants vont mordre la poussière
    Sous le signe des Mousquetaires
    On est tous des frères

     Sous Le Signe Des Mousquetaires Paroles sur http://www.parolesmania.com/ 


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    "Albert le 5ème Mousquetaire"

    Avec un tromblon chargé de spaghettis
    à la sauce bolognaise
    C'est lui le meilleur
    Mais le plus petit
    De tous les mousquetaires

    Il se nomme Albert, Albert
    Albert le cinquième mousquetaire

    Pour sauver le roi d'un complot terrifiant
    Il combat Milady
    Au trot de sa mule, filant comme le vent
    Il parcourt le pays

    Il se nomme Albert, Albert
    Albert le cinquième mousquetaire

    Malin, rieur, c'est un vrai farceur
    Albert le 5e mousquetaire
    S'il n'a pas été reconnu par l'histoire 
    C'est qu'à l'heure des honneurs
    Il préfère aller respirer l'air du soir
    Et le parfum des fleurs

    Hourra pour Albert,
    Albert le 5e mousquetaire

    Rusé, blagueur, il sera vainqueur
    Albert le 5e mousquetaire



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    Nadine Estrella

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