• +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE YOGA DE LA COLERE
    N'EXISTE PAS)

    +++
    "Vous aussi, vous êtes surendetté?
    - Heu... Oui, entre autres..."


    (Source: gh-05-t, via la-pomme-de-mes-yeux)

    +++



    THOMAS PIKETTY :

    “Un moratoire général sur la dette de la Grèce”

    VoxEuropLe 1

       Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Le 1, l’économiste Thomas Piketty qualifie les politiques d’austérité européennes de “catastrophiques”. En effet, il explique qu’ Il y a cinq ans, le taux de chômage et le niveau de dette publique étaient les mêmes en zone euro et aux États-Unis. Depuis, le chômage a explosé dans la zone euro alors qu’il baissait aux États-Unis. On a voulu réduire les déficits trop rapidement, ce qui a conduit à la récession, et a augmenté à la fois le chômage et la dette publique. La priorité aujourd’hui est de rétablir la croissance.

       Selon l’auteur du Capital au XXIe siècle (éd. du Seuil) , “il n’existe pas de solution durable à la crise grecque sans revoir fondamentalement l’organisation de la zone euro”. Il prône “un choix politique et démocratique du niveau des déficits” et l’instauration d’un “impôt commun sur les sociétés”. Mais ces décisions ne pourraient être prises que par un Parlement de la zone euro dans lequel chaque pays serait représenté en proportion de sa population, ni plus ni moins. Si la France et l’Italie soutiennent la Grèce dans le sens d’une refondation démocratique de la zone euro, alors l’Allemagne devra accepter un compromis.

       Thomas Piketty précise que le déficit de la Grèce n’est dû qu’aux intérêts payés sur la dette. “Les Grecs pourraient donc décréter un moratoire général et financer leurs dépenses tout seuls” en suivant l’exemple de l’Allemagne qui n’a pas remboursé sa dette qui dépassait les 200% du PIB après la Seconde Guerre mondiale.

       En outre, l’économiste propose de “mettre en commun l’ensemble des dettes publiques de la zone euro supérieures à 60 % du PIB, afin de permettre à tous les pays concernés de profiter d’un taux d’intérêt bas”.


    +++
    "Ne craignez pas la perfection. 
    Vous n'y parviendrez jamais."

    Salvador Dali


    (Source: freshpain, via oxigenio-dapalavra)

    +++
    Luc Desle

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  • µµµ
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE CHIEN ABOIE
    LE MAÎTRE PASSE)

    µµµ

    (Margot, elle faisait rien qu'à se moucher
    dans sa robe et c'était vraiment très sale)



    µµµ

    (Curieusement, les membres du G20 ne voulaient
    pas se servir dans ce très beau cimetière d'avions)


    1 700


       C'est le nombre de jets privés qui se sont posés au forum économique de Davos… où a été abordée la question du changement climatique.

       A Davos, le monde des affaires a, cette année encore, parlé climat : de ce mercredi à samedi (janvier 2015), on y a évoqué la COP 21, Nicholas Stern, auteur d’un rapport sur l’impact économique du dérèglement climatique, est intervenu et, après avoir annoncé l’organisation d’un concert mondial pour le climat avec Pharell Williams, Al Gore a animé certains débats. Pour ce 45e forum économique mondial, la préoccupation a paru centrale : dans le nouveau rapport sur les risques globaux, publié chaque année à l’occasion du rendez-vous suisse, les évènements climatiques extrêmes figurent aux deuxième rang des menaces pour l’humanité.

       Les 2 800 chefs d’Etat et patrons d’industries réunis pour l’occasion se sentaient-ils concernés ? Pas assez pour se passer de leurs jets privés. Selon le site Flightradar24, qui suit le trafic aérien mondial en temps réel, 1 700 engins de ce type se sont posés à proximité de la station de ski alpine. Sans compter les hélicoptères.

       Autre habitude persistante : celle de se retrouver entre hommes. L’assemblée, qui se réunit chaque année depuis 1971 dans les montagnes suisses, compte aujourd’hui 17% de femmes, une proportion qui n’a quasiment pas progressé depuis trois ans. Les représentants français sont pile dans la moyenne, avec un taux de féminisation de 17,7%, un score à mi-chemin entre l’Autriche, qui affiche la plus grande proportion de femmes (37,5%) parmi les participants et les pays qui n’en comptent aucune : -Pakistan, Qatar et Koweit. (...)


    µµµ

    "Mais, Chérie, qu'est-ce que tu fais?
    - Je me prépare pour parler climat à Davos..."


    (Source: heart-shaped-apple)

    µµµ
    Benoît Barvin

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (A LA BOURSE DE LA VIE,
    TON TEMPS EST DES PLUS PRÉCIEUX)

    °°°
    (Si les yeux de ma Belle-Mère étaient de vrais pistolets,
    les miens ne lui cédaient en rien, question mitraille...)



    °°°
    (Jeune homme rêvant de devenir journaliste
    propagandiste)



    MÉDIASSwissleaks :

    scandale au "Daily Telegraph"


       (...) Le journaliste politique Peter Oborne, l’un des principaux chroniqueurs du grand quotidien britannique, a démisionné de son poste. Il dénonce l’absence de couverture de l’affaire HSBC (Swissleaks) par le Daily Telegraph. Pour Peter Oborne, le journal a failli à son devoir d’information pour protéger ses revenus, la banque britannique étant un important annonceur du quotidien. 

       Dans une lettre postée sur le site Open democracy et intitulée “Pourquoi j’ai démissionné du Daily Telegraph”, le journaliste écrit : “La couverture récente sur HSBC revient à une forme d'imposture vis-à-vis des lecteurs”.

       Peter Oborne affirme que depuis le début de l'année 2013, le journal décourageait tout papier critique sur HSBC. La banque avait alors suspendu l'achat d'encarts de pub après la publication par le Telegraph d’une enquête sur les comptes d'HSBC à Jersey. Sir David et Sir Frederik Barclay, les propriétaires du journal, vivent sur l'île voisine de Sark, précise le Guardian, qui rapporte les propos d'Oborne. 

       HSBC est “l’annonceur que vous ne pouvez pas vous permettre d’offenser, au propre comme au figuré”, aurait déclaré, selon Peter Oborne, l'un des anciens dirigeants du journal. 

       "Si les grands quotidiens permettent aux entreprises d’influencer leur contenu par peur de perdre leurs revenus issus de la publicité, la démocratie elle-même est en péril", poursuit le commentateur. Le journaliste demande à la direction, dirigée par Murdoch McLennan, et aux propriétaires, les frères Barclay, d'expliquer la ligne éditoriale du journal. Il réclame l’ouverture d’une enquête par un organisme indépendant.


    °°°
    Benoît Barvin

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    ( DES MOTS JUSTES
     SORTENT-ILS DE TA BOUCHE?)

    @@@

    "TATAAMM!
    - Heu... Pssitt! On est là... 
    Retourne-toi!"



    @@@

    "Mais P'tain! J'ai rien contre les transgenres!"



    Armée : 
    Chelsea Manning autorisée 
    à changer de sexe. Et en France ?


       (...) Selon une note récupérée le 5 février 2015 par le site USA Today, le Département américain de la Défense a accepté de fournir un traitement adapté à Chelsea Manning, ex-Bradley Manning.

       La note a été rédigée par la colonelle Erica Nelson, commandante du complexe militaire Fort Leavenworth, où Chelsea Manning purge sa peine. « Après avoir attentivement examiné qu’un traitement hormonal est médicalement approprié et nécessaire, et en avoir étudié les risques, je l’ai approuvé pour le détenu Manning. »

       Selon le site américain, l’armée était obligée d’accepter le traitement de Manning. En tant qu’administration, l’une de ses missions consiste à prodiguer des soins médicaux à ses membres. Mara Keisling, directrice du centre national pour l’égalité des transgenres : « Si Chealsea Manning a une attaque cardiaque, ils doivent la soigner (...) Ce n’est pas différent. » Le traitement hormonal de Chelsea Manning n’a pourtant pas été chose évidente. Depuis un an et demi, elle lutte pour faire reconnaître son trouble de l’identité sexuelle.

       En juillet 2013, le soldat Bradley Manning annonçait être transgenre. La veille, il écopait de 35 ans de prison pour avoir fourni des documents confidentiels à WikiLeaks.

       En avril 2014, Bradley changeait de nom au profit de Chelsea. Trois mois plus tard, en juillet, l’armée acceptait que Chelsea soit reconnue femme devant la loi. La première étape d’un plan qui en compte trois : acquérir l’identité féminine, avoir accès à un traitement hormonal, se faire opérer pour changer de sexe. Face à la lenteur des démarches, Chelsea Manning a porté plainte en septembre dernier contre le secrétaire de la Défense américaine Chuck Hagel pour non accès à des « traitements médicaux nécessaires ». La réponse, positive, a donc été formulée ce 5 février.

       Selon une dépêche de l’Associated Press, les transgenres ne sont pas acceptés dans les rangs de l’armée américaine. Mais Chelsea Manning ne peut pas être démise de ses fonctions de militaire avant qu’elle n’ait fini sa peine de prison. Il a fallu trouver une solution. (...)

       (...) Les rangs de l’armée française comptent aussi des personnes transgenres. Mais soldat et transgenre ne sont pas des mots plus facilement conciliables ici.

       Delphine Ravisé-Giard, soldat et présidente de l’association nationale transgenre (ANT) en sait quelque chose. Fille et petite-fille de militaires, l’ancienne adjudante-chef à la base de Nancy commence son traitement pour changer de sexe en 2009. Dans un premier temps, son officier supérieur accepte qu’elle porte des vêtements féminins et qu’on change l’inscription sur l’en-tête de ses fiches de paies. Elle n’est plus son identité masculine, elle est Delphine.

       Mais la légalité rattrape la Grande Muette. Pour obtenir un nouvel état-civil, Delphine doit montrer que son changement est irréversible devant le tribunal de grande instance. Et à la question sur sa stérilisation, l’adjudante décide de ne pas répondre, arguant que cette information relève de sa vie privée.

       S’ensuit une période où Delphine Ravisé-Giard doit remettre ses habits masculins et réemprunter son ancienne identité. Comble du ridicule, les officiers supérieurs lui conseilleront de revêtir une tenue en treillis – portée sur le terrain par les hommes et les femmes. Finalement, l’emballement médiatique et la peur des impacts sur sa carrière militaire la feront changer d’avis. Elle montrera des preuves de ce « changement irréversible ».

       Le cas de Delphine a largement été médiatisé. Ce n’est pas le cas d’autres transgenres qui travaillent au sein de la grande muette. Stéphanie Nicot est présidente de la Fédération LGBT française. Depuis plusieurs années, elle est en contact avec des officiers et des sous-officiers « pour qui ça se passe mal » : « Outre le statut légal, c’est le harcèlement psychologique dont souffrent les transgenres dans l’armée, qui est inquiétant. On nous fait porter un uniforme d’homme alors qu’on développe des seins, l’officier supérieur nous appelle par notre ancien prénom...

       Vous savez, la pire chose que l’on peut faire à une personne transgenre, c’est de ne pas lui reconnaître sa nouvelle identité. »


    @@@
    Luc Desle

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  • ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUI Y A-T-IL DERRIÈRE
    LE CIEL?)

    ***
    (Les chapeaux de l'archiduc
     sont-ils checs, arsi-checs?)



    ***



    humourama.fr

    Philippe Légé :
    « L’égalité est souhaitable,
    y compris pour des raisons d’efficacité économique »

       Philippe Légé, maître de conférences en économie à l’Université de Picardie, membre de l’association des Economistes Atterrés est l’un des co-auteurs du nouveau manifeste que ce collectif d’économistes critiques vient de publier.

       En quinze chantiers et 200 pages, le Nouveau Manifeste des Économistes atterrés, livre pédagogique d’économie politique, dessine la possibilité d’une autre économie.

       / Regards. Pourquoi un nouveau manifeste quatre ans et demi après le précédent ?

       - Philippe Légé. Malheureusement, nous avons été contraints de publier un second Manifeste, car ce que nous avions prévu dans le premier s’est réalisé. En 2010, nous avions mis en garde contre les effets économiques et sociaux des politiques d’austérités. Le chômage et la précarité se sont aggravés. Nous avions aussi indiqué que les objectifs budgétaires n’allaient pas être atteints du fait des effets récessifs des plans de restrictions budgétaires. Aujourd’hui, force est de constater que loin de tirer les leçons de la crise, les décideurs politiques et économiques ont renforcé ce qui avait échoué. Même s’il contenait des propositions, le premier Manifeste était davantage orienté vers la critique d’idées reçues, tandis que celui-ci est structuré par des propositions, autour de ce que nous avons appelé quinze chantiers.

       / Pourquoi quinze chantiers ?

       - Le terme de chantier signifie que nous ne proposons ni programme clé en main, ni solutions miracles, mais que nous voulons indiquer quinze tâches auxquelles les citoyens, la société devraient, selon nous, s’atteler prioritairement. Si nos propositions précises devaient être reprises et appliquées, nous serions très heureux. Mais l’essentiel n’est pas là. L’essentiel est qu’il y ait une prise de conscience politique et l’ouverture d’un débat sur de nécessaires alternatives. Dans la période la plus récente, en particulier en France depuis la constitution du gouvernement Valls, une nouvelle radicalisation des recettes néolibérales est entreprise. Selon la doctrine désormais prédominante, si l’économie et la société française sont en échec, la cause en serait que l’on n’en fait pas assez et qu’il faut renforcer ce qui a échoué. D’un simple point de vue logique et fonctionnel, il y a là quelque chose de profondément absurde. (...)

       / Comment avez-vous travaillé ?

       - Le manifeste est l’œuvre du groupe d’une vingtaine d’économistes qui font vivre l’association des Economistes atterrés, association regroupant un nombre beaucoup plus important d’adhérents. Mais nous n’avons pas fait figurer la liste des auteurs dans le livre, car nous voulions bien marquer le caractère collectif de ce manifeste. Nous avons d’abord travaillé ensemble au choix des chantiers, sans nous priver de faire en cours de route certains réajustements. Chaque chapitre a fait l’objet d’un premier jet réalisé par l’un d’entre nous, sur lequel tous les autres ont pu réagir et faire des remarques. Une relecture d’ensemble a permis d’homogénéiser le style, de s’assurer de la cohérence entre les chapitres et de bien maintenir la dimension politique et pédagogique, indispensable pour un "manifeste".

       / Dans l’introduction du Manifeste, vous affirmez que la cohérence de vos propositions est fondée sur un certain nombre de convictions qui vous sont communes. Quelles sont-elles ?

       - Nous avons beaucoup travaillé le fait de ne pas seulement mettre en avant l’écologie en la plaçant en chantier numéro 1, mais en retrouvant aussi cette question dans chacun des chapitres et en tissant les articulations entre l’écologie et les autres thèmes. Une conviction structurante porte sur l’égalité que nous voulons mettre au cœur des politiques publiques. L’égalité nous apparaît souhaitable, y compris pour des raisons d’efficacité économique. Un des chantiers porte ainsi sur l’entreprise. La plupart de nos collègues économistes disent peu de choses sur la gestion actuelle des entreprises, alors que nous pensons qu’il est au contraire nécessaire de la repenser et de la transformer. 

       Une autre conviction concerne l’importance des choix démocratiques et l’idée que les économistes ne sont pas de purs techniciens. Les économistes ont une certaine expertise, mais ils expriment aussi des visions du monde qui peuvent être très différentes. C’est pourquoi le débat sur les questions économiques est indispensable, alors que dans la recherche, l’enseignement et les medias il tend à être de plus en plus restreint et appauvri. Les débats en notre sein sont parfois plus réels et plus féconds que ceux que nous pouvons avoir avec nos collègues orthodoxes.



       / À lire ce nouveau Manifeste, il semble que vous réévaluez encore l’importance de l’écologie. Est-ce exact ?

       - Les Atterrés constituent depuis le départ un groupe hétérogène qui s’est rassemblé autour de l’idée selon laquelle la crise était instrumentalisée pour renforcer les politiques qui y avaient conduit. Ce qui est proprement atterrant. Mais au-delà de ce constat critique commun et de l’opposition unanimement partagée aux politiques néolibérales, il y a entre nous un grand pluralisme. Nous sommes une association marquée à gauche couvrant toutefois un large spectre de positions. Ce pluralisme demeure effectif, mais nous convergeons pour donner une plus grande importance à la thématique écologique. Ainsi sur la croissance, les divergences initiales de position entre nous se sont atténuées.

       Nous considérons tous qu’une transition écologique est indispensable et qu’elle va nécessiter des investissements importants, ce qui veut dire plus de croissance à court terme. Mais pas sur le moyen terme. Des secteurs d’activité doivent décroître. De même, nous partageons l’idée que le PIB (Produit intérieur brut) est un indicateur de croissance à la fois utile et insuffisant. Nous consacrons du reste un des chantiers de notre manifeste aux indicateurs trimestriels qui devraient, selon nous, le compléter. L’écologie est à la fois une contrainte et une opportunité. Une contrainte et même une urgence, en raison de la réduction de la biodiversité et des enjeux climatiques ou sanitaires. Une opportunité car la transition sociale et écologique peut permettre de sortir de l’impasse économique et sociale actuelle. Elle peut être le moyen de reconquérir la maîtrise des modes de production et contribuer à résoudre le problème du chômage. (...) 

       / Quelles articulations faites-vous entre le chantier de l’écologie et d’autres comme celui de la fiscalité ou celui du financement ?

       - Nous insistons sur le fait que la fiscalité écologique est absolument nécessaire, alors qu’elle est très faible en France, mais qu’elle ne doit pas être punitive. Lorsqu’il n’existe pas d’alternative en termes d’infrastructures et de consommation, en particulier pour les consommateurs à faible pouvoir d’achat, une fiscalité verte est contre-productive. Cela nous a conduits à proposer de coupler la fiscalité verte avec une politique redistributive et des investissements publics permettant de réelles alternatives. Des dépenses publiques importantes, prioritairement dans la rénovation thermique des bâtiments et les transports collectifs, devront être engagées, ce qui nécessite le développement de crédits des banques publiques d’investissement avec la garantie de la banque centrale.

       / N’est-ce pas la politique du gouvernement ?

       - Le gouvernement tient, il est vrai, un discours écologique, malgré la sortie d’Europe-Écologie. La tenue de la prochaine conférence sur le climat, à Paris en décembre 2015, va sans doute le conduire à renforcer cette tonalité. Mais sa politique concrète va en sens inverse, qu’il s’agisse de l’augmentation du taux intermédiaire de TVA qui a renchérit le prix du train, ou de la loi Macron qui inscrit dans ses propositions la libéralisation du transport par autocar qui aura un effet négatif sur l’environnement. Et quel aveu d’impuissance que de voir, en 2015, un ministre de l’Économie se résigner à ce que la France ne soit pas capable d’offrir un service public ferroviaire attractif parce que pas trop cher. N’oublions pas, non plus, l’abandon de l’écotaxe, dont le principe était pourtant excellent. On pouvait discuter des modalités, modifier certaines choses, mais son abandon en rase campagne à l’automne 2014 et le démontage des portiques – qui constituaient des investissements importants et utiles – sont désastreux.



       / Parmi les convictions qui fondent la cohérence de vos propositions, vous insistez sur le besoin de l’intervention publique, mais aussi sur l’importance de ce qu’on appelle "les communs", à côté des biens privés et des biens publics. De quelle façon cela se manifeste-t-il dans vos propositions ?

       - La thématique des communs et celle de l’économie sociale et solidaire apparaissent effectivement dans différents chantiers du Manifeste, notamment dans ceux concernant l’entreprise et l’emploi. Mais il s’agit d’une thématique qui pourra sans doute être encore développée. Nous plaçons l’objectif d’un plein emploi de qualité au cœur des politiques économiques, contrairement à certains qui, y compris à gauche, semblent y avoir renoncé. Nous ne reprenons pas à notre compte la proposition d’un revenu minimum d’existence. 

       Par contre, nous mettons en avant de multiples moyens pour obtenir un plein emploi, tels que la poursuite de la réduction du temps de travail ou l’idée que les pouvoirs publics puissent être employeurs en dernier ressort. Cela concerne en partie l’État, des ministères comme ceux de l’Éducation et de la Santé. Mais une bonne partie des emplois devant être créés résulteront d’un processus à un niveau beaucoup plus local. Les collectivités locales, l’économie sociale et solidaire auront un rôle important à y jouer. L’argent public peut être dépensé de façon plus efficace qu’en multipliant de coûteuses exonérations de cotisations sociales.(...)

       / Dans le chantier concernant l’euro, vous faites part des divergences qui existent entre vous sur ce sujet et plus globalement sur l’Europe. Ce n’est tout de même pas une question d’importance mineure…

       - Les divergences qui existent entre nous sur la question de l’euro ne sont pas nouvelles, comme l’attestait notre ouvrage Changer l’Europe publié fin 2013. Mais il ne faut pas, je crois, en sur-interpréter les conséquences. Dans le nouveau Manifeste, nous exposons deux scénarios : celui de la transformation de l’euro et celui de la sortie. On peut alors se poser deux types de questions. Celle du pronostic (Quel est le scénario le plus probable ?), et la question normative (Quel est le scénario le plus souhaitable ?). Ces questions se trouvent posées de façon pressante dans le contexte de la victoire de Syriza. Dans le communiqué que nous avons publié sur ce sujet, dans lequel nous affirmons notre solidarité avec le peuple grec, il n’y a pas de trace d’une proposition de sortie de l’euro. Du reste, ceux qui, parmi nous, considèrent qu’une sortie de l’euro pourrait être une bonne chose reconnaissent que cette question se pose essentiellement pour les pays du Sud comme la Grèce ou l’Espagne, et que les forces de gauche de ces pays ne le veulent pas.

       Que nous soyons en faveur d’une transformation ou d’une sortie de l’euro, nous considérons tous qu’il existe un problème majeur lié à la construction même de la zone euro, problème qui ne sera pas résolu par la seule remise en cause de la politique d’austérité budgétaire et salariale (au demeurant indispensable). Ces problèmes ne peuvent non plus être résolus par les innovations institutionnelles introduites depuis cinq ans dans la zone euro, par la politique monétaire de Mario Draghi ou par la création de l’Union bancaire. La zone euro telle qu’elle est constituée a produit et continue de produire des divergences productives et commerciales entre les États. 

       Si Syriza arrive à mettre fin à l’austérité budgétaire et salariale, le redémarrage de la demande en Grèce va générer un nouveau déficit extérieur. L’austérité a seulement masqué le problème en faisant chuter les importations. L’économie et l’industrie grecque sont aujourd’hui réduites à peu de choses. Nous reconnaissons tous l’existence de ce problème, et ceux qui parmi nous ne sont pas favorables au scénario de la sortie de l’euro savent qu’une transformation profonde de la zone euro et de ses institutions est indispensable pour le traiter. (...)


    ***
    Luc Desle

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  • ¤¤¤
    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE POURRIS PAS 
    LE FRUIT DE TES ENTRAILLES)

    ¤¤¤

    (Elle s'assura que le voleur de tétons  n'était pas passé,
     quand elle avait le dos tourné...)



    ¤¤¤

    (Danse portugaise en l'honneur 
    de sa Majesté l'Or noir)



    PORTUGAL

    Des plateformes offshore
    au large de l'Algarve ?


       Après plusieurs années de prospection de gaz naturel à l'extrémité méridionale du Portugal, les compagnies Partex et Repsol envisagent les premiers forages avant fin 2015. Le gisement pourrait être d'une taille conséquente, le potentiel du bassin avoisinant les 8 500 km2.

       "La prospection de gaz naturel sur la côte de l'Algarve pourrait constituer une bonne surprise pour le Portugal", déclare cette semaine l'hebdomadaire portugais Expresso. Après plusieurs années de prospection à l'aide de technologies diverses, les entreprises Partex et Repsol vont forer au large des côtes lusitaniennes. "Chaque année, le Portugal importe pour 1,5 milliard de gaz naturel, et une découverte de cette dimension diminuerait considérablement les importations, permettant même de revendre le surplus à d'autres pays", indique l'hebdomadaire.

       Les deux principales aires de prospection et d'exploration s'étaleraient au-delà des eaux portugaises, jusqu'en territoire espagnol. Chaque forage, réalisé à une profondeur de plus de 1 000 mètres, devrait coûter 80 millions de dollars [70 millions d'euros]. António Costa Silva, le responsable de la compagnie portugaise Partex, estime que le potentiel des réserves du bassin de la côte de l'Algarve oscillerait entre 290 et 390 milliards de pieds cubes (bcf), ce qui serait trois à quatre fois supérieur aux capacités du bassin Poseidon, situé au large de Cadix (Espagne).

       Selon Expresso, le projet ne devrait pas avoir d'impact visible sur la vue à partir des côtes portugaises, car "il sera pratiquement impossible de voir de la plage ce qui se passe à 40 ou 50 kilomètres". "Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi des groupes de défense de l'environnement ont exprimé des craintes, alors que le projet a été débattu publiquement", s'étonne António Costa Silva. L'Algarve est réputé pour ses belles plages et l'industrie touristique qui en découle.


    ¤¤¤
    Benoît Barvin

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  • @@@
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TON ÂME N'EST PAS AUSSI
    NOIRE QUE LA NUIT)

    @@@

    "Bon... 
    Je t'échange l'image du Christ en croix contre
    celle de Marie-Madeleine qui...
    - Pas question! Celle-là, je me la garde!"



    @@@

    "Pourquoi accumuler tant de richesse, Oncle Picsou?
    - Pour que les Pauvres ne puissent pas manger
    à leur faim, gros nigaud"



    INDE

    Le Parti de l'homme ordinaire
    bientôt au pouvoir ?

    INGRID THERWATH
    COURRIER INTERNATIONAL

       (...) Le 7 février, les habitants de Delhi se sont rendus aux urnes pour élire leur nouvelle Assemblée législative. Le scrutin est crucial, car Delhi, la capitale indienne, donne le pouls de la politique nationale. Le vote a d'ailleurs pris des airs de référendum autour de la politique menée au niveau national par les nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) depuis mai 2014. Or tous les sondages de sortie des urnes prédisent une large victoire de l'Aam Aadmi Party (Parti de l'homme ordinaire, AAP), qui avait brièvement occupé le pouvoir à Delhi il y a un an. Cette information doit encore être confirmée avec la publication officielle des résultats, le 10 février.

       Cette petite formation, née en 2012, a réussi à évincer les grands partis classiques. Dans le Hindu, l'universitaire Shiv Viswanathan écrit : "Le Parti du Congrès, le BJP et le Parti communiste sont des structures conventionnelles qui n'ont pas de nouvelles idées, de nouveau style ni de nouvelles expérimentations sociales à proposer. Quand l'AAP a vu le jour, il a créé une offre politique différente sur la forme et sur le fond (...). Le défi auquel il va devoir faire face est de réaliser sa politique de l'espoir." (...)

       (...) Le quotidien LiveMint note quant à lui qu'une victoire de l'AAP va inquiéter les marchés financiers "car la rhétorique d'Arvind Kejriwal [le chef de l'AAP] n'est pas juste pro-pauvres, elle est ausssi distinctement anti-grandes entreprises." 

       D'ailleurs, si une victoire portée par les pauvres se confirme, "cela voudra dire qu'ils ne gobent plus les promesses de développement du BJP. Cela veut dire que leur idée du développement est différente de celle des prétendues classes moyennes. Bien sûr, le développement implique de nouveaux emplois, mais les emplois ne suffisent pas. Le développement signifie aussi la capacité à payer l'électricité et l'eau, un logement correct, les frais médicaux et l'éducation des enfants. Les besoins et les priorités des pauvres ne sont pas les mêmes que ceux des classes moyennes. Si l'AAP gagne, les questions importantes seront : les divisions de classe augmentent-elles ? Peuvent-elles donner lieu à des conflits de classe ? Cela pourra-t-il s'étendre au reste du pays?"


    @@@
    Luc Desle

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  • ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA FIN DU VOYAGE N'EST QU'UN 
    ÉTERNEL RECOMMENCEMENT)

    ***
    "Là... Lààà.... C'est un bon chien chien
    à son maimaitre, hein?
    - Wouf!"



    ***


    vernisdeconduire.com

    AdBlock, comment le chevalier blanc
    est devenu rançonneur

    Andréa Fradin | Journaliste
       (...) Ce 1er février, le Financial Times est venu confirmer la rumeur qui n’en était plus vraiment une : oui, de grandes firmes américaines paient pour ne pas voir leur publicité filtrée par Adblock (ou plus précisément, Adblock Plus).

       Les boss d’Eyeo, du nom de la boîte allemande qui édite Adblock, ne s’en cachent d’ailleurs plus depuis un moment. Fin 2013, Till Faida confiait même dans une tribune sur Rue89: «Nous facturons à quelques grandes entités, dont les publicités sont conformes à nos normes, le fait de les placer dans notre liste blanche – nous devons nous-mêmes générer des revenus pour maintenir un produit si sophistiqué. » (...)

      (...)  La nouveauté ici, c’est qu’on en sait un peu plus sur les détails de cette transaction. Concrètement, des acteurs comme Google, Amazon, Microsoft et d’autres mettent la main à la poche pour que leurs pubs ne soient pas stoppées par les filets d’Adblock, qui revendiquaient 200 millions de téléchargements en avril 2013.

       Le tout, et c’est là que ça devient intéressant, pour un montant assez alléchant. Le Financial Times écrit en effet : « Une entreprise du numérique, qui a demandé à ne pas être nommée, a affirmé qu’Eyeo avait demandé une rémunération équivalente à 30% des revenus publicitaires additionnels qu’elle réaliserait en étant débloquée. »

       Quand on sait que le marché de la publicité en ligne est estimée à 120 milliards de dollars, pour reprendre les chiffres avancés par le FT, on se dit que 30%, c’est pas mal du tout. Surtout pour une entreprise qui comptait 33 employés en décembre dernier.

       A la même date, Frédéric Filloux, toujours bien informé, avançait de son côté : « Selon certains sites allemands, Eyeo aurait arraché 30 millions de dollars aux gros acteurs de l’Internet. »

       Des millions de dollars dans la poche d’un service que le fondateur présentait en ces termes en 2013 : « En fin de compte, nous sommes engagés dans un combat pour sauver l’âme d’Internet face à une industrie qui génère des milliards de dollars. »

       Il y a comme un bug. Pas sûr que dans l’opération, l’image d’Adblock en sorte indemne.(...)

       Un peu à l’instar d’un Google, quoiqu’à une échelle moindre, Adblock et son éditeur Eyeo tentent aujourd’hui de jouer sur deux tableaux : se présenter d’un côté comme porte-étendards des internautes, voire carrément d’un Internet idéalisé, pour se rendre, de l’autre, indispensable sur un marché très lucratif.

       Encore une fois, il suffit de lire la tribune de l’un des fondateurs du service pour s’en convaincre : Adblock y est présenté comme quelque chose de pratique, presque d’intérêt public, qui redonne du pouvoir aux individus sur Internet en bannissant les vilaines publicités qui entravent la navigation.

       Qui peut s’opposer à ça ? Personne – publicitaires mis à part. Même les plus critiques avouent utiliser le service tant la réclame est devenue invasive en ligne. Vidéos qui se lancent toutes seules sans pouvoir être stoppées, fenêtres qui s’ouvrent de partout, habillages de site qui piquent les yeux... Comme le dit Frédéric Filloux, qui accuse pourtant le modèle économique d’Eyeo de flirter avec le « racket » : « J’utilise AdBlock Plus quotidiennement. Je n’en suis pas particulièrement fier, et ne le fais pas par militantisme anti-publicité, j’utilise le blocage de publicités pour des raisons pratiques et non idéologiques. »

       Parallèlement à sa fonction de paravent publicitaire, Eyeo a peaufiné son image de chevalier de la vie privée et de la transparence, en proposant en juin dernier une fonction empêchant Facebook et d’autre de piocher dans l’historique de navigation d’un internaute dans le but de peaufiner les pubs qui lui sont destinés.

       (...) Un peu plus tôt, c’est la fonctionnalité pratique mais très invasive qui permet de voir quand un interlocuteur lit un message sur Facebook qui était visé par le système Adblock. Une fois encore, irréprochable.

       Là où le vernis se craquelle, c’est quand on voit les clients qu’Eyeo accepte, contre monnaie sonnante et trébuchante, de sortir de son dispositif de blocage. L’exemple le plus frappant est celui de Taboola, cité, aux côtés des géants du Net habituels, dans l’article du Financial Times. Le nom ne vous dit peut-être rien mais vous avez probablement déjà croisé sans le savoir ce service.

       Comme le racontait Slate il y a quelques mois, Taboola est l’une des sociétés responsables des contenus bizarres, aux titres racoleurs, qui s’affichent parfois au bas des articles publiés sur les sites d’information. Ces contenus n’ont rien à voir avec la rédaction de ces sites. Il s’agit de publicités. Le problème c’est que l’affichage de ces publicités est souvent trompeur : elles s’intègrent parfaitement aux sites d’informations et les lecteurs les confondent souvent avec des articles de la rédaction. (...)

       (...) Sur les forums dédiés aux services, les utilisateurs d’Adblock n’ont d’ailleurs pas manqué de relever ce grand écart : « Taboola est par défaut sur la LISTE BLANCHE d’Adbock désormais ? C’est littéralement insensé. Je comprends mieux maintenant pourquoi j’arrête pas de revoir ces bêtises. Je vais désactiver toutes les publicités sur la liste blanche désormais et conseiller mes amis d’en faire de même. C’est une espèce de mauvaise blague d’Adblock. »

       « J’espère que vous êtes grassement payé pour ça, parce que ça va vous coûter énormément de crédibilité, et j’ai mis [la fonction] “Permettre certaines publicités non intrusives sur NON.”(...)

       (...) Finalement plus si déterminé à combattre la publicité, et à sauver l’âme d’Internet, Adblock et Eyeo risquent non seulement de perdre leur crédibilité auprès des internautes mais aussi de remonter encore davantage les éditeurs de presse contre eux.

       Engagés depuis des mois contre les bloqueurs de pub, certains sites, notamment d’informations, vivant presque exclusivement des revenus de la pub, vont voir d’un très mauvais œil la place d’intermédiaire rémunéré que s’est creusée Eyeo sur le marché de la publicité. Pour rappel, c’est ce qu’une partie d’entre eux a longtemps reproché à Google, avant d’obtenir, en France, l’instauration d’un fonds d’aide à l’innovation financé par le géant.

       En décembre, Les Echos annonçaient“Une plainte devrait être déposée dans les prochains jours par les éditeurs et annonceurs français contre ces logiciels qui permettent de cacher la publicité sur Internet, ou contre Adblock Plus, le leader du marché.”

       Si les sites allemands ont déjà franchi le pas, rien n’a été encore fait de ce côté-ci du Rhin. Contacté, le Geste, qui représente des éditeurs, nous confirme qu’aucune action judiciaire n’a été entamée.

       En revanche, l’institution réfléchit à des solutions : pas plus tard que le 16 janvier, elle passait en revue différentes formules permettant aux sites de contourner Adblock. Parmi les solutions : l’ubuesque blocage du bloqueur de pubs (à quand un bloqueur de bloqueur de bloqueur de pubs ?) ou la création d’un abonnement mensuel pour les lecteurs souhaitant se passer de pubs.


    ***
    Luc Desle

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  • ¤¤¤
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA MORT EST UNE
    MAUVAISE CONVIVE)

    ¤¤¤

    "Faites attention, Colonel!
    - Bah... Ça n'est pas plus difficile que
     de délacer le soutien-gorge d'une femme...
    - Ahahaha!"


    (La suite se perdit dans une terrible explosion)

    Russian sailors defuse a sea mine

    ¤¤¤

    "Donc, vous souffrez d'un choc traumatique parce que
    vous avez perdu votre doudou... Mmmhhh..."


    Tommy Lee Jones by Alex John Beck.

    ¤¤¤

    "Alors Dieu est là...
    - Là?
    - Oui.
    - Wouahhh..."


    likeafieldmouse: Tim Eitel - Monks (2010)

    ¤¤¤
    Blanche Baptiste

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE CROIS QUE CE QUE
    TU DOIS)

    +++

    "Par Horus, que l'Intelligence soit!"


    (Le médium croyait un peu trop à ses propres simagrées)


    +++



    « On peut réduire fortement
    la quantité de pesticides.
    J’ai réussi ! »

    EMILIE MASSEMIN (REPORTERRE)

       (...) Le réseau Déphy, un des piliers du plan Écophyto de 2008, rassemble plus de 1.900 exploitations agricoles volontaires pour réduire leur utilisation de produits phytosanitaires. Antoine Lambert, agriculteur dans l’Eure, raconte à Reporterre les satisfactions et les difficultés liées à cette démarche.

        Fours-en-Vexin (Eure), reportage

       De chaque côté de la route, les vastes parcelles, mi-vertes, mi-brunes, s’étendent à perte de vue sous le ciel gris et pluvieux de janvier. « A gauche, vous avez dix hectares de blé, plantés à la fin du mois d’octobre dernier, désigne Antoine Lambert. A gauche, il y a cinq hectares de colza, semés un peu plus tôt, les 20 et 25 août. » L’agriculteur, âgé de 45 ans, a rejoint son père en 1994 sur cette exploitation de 140 hectares, située sur la commune de Fours-en-Vexin dans l’Eure. Il y travaille seul depuis 2001, et continue à y cultiver du blé, de l’orge de printemps, du colza, des pois et des betteraves sucrières en grandes cultures, pour l’export. Le paysage n’a plus de secrets pour lui : « C’est le Vexin bossu ! Mes terres sont très hétérogènes, argileuses à certains endroits, traversées de sources sur les coteaux et assez sableuses ailleurs. »

       Dans ce contexte peu favorable, il semblait difficile de diminuer l’utilisation de produits phytosanitaires. Pourtant, Antoine Lambert est parvenu à la réduire de moitié en mettant en œuvre des principes de l’agriculture intégré,e comme la rotation des cultures et le mélange des variétés.

       Un petit tour au hangar où s’entassent 300 tonnes de grains de blé, et Antoine Lambert nous entraîne au chaud chez lui pour nous raconter son histoire. Très vite, il a compris que sur des terres aussi difficiles, une politique du « produire plus » n’est pas tenable. « Le seul moyen d’optimiser mes marges était de réduire mes coûts, en diminuant mon utilisation de produits phytosanitaires. Je me suis engagé dans cette démarche pour des raisons purement économiques ! Il faut dire qu’à l’époque, on ne voyait pas l’environnement comme aujourd’hui. » (...) 

       Le véritable déclic a lieu en 2005, quand l’agriculteur se retrouve confronté à des problèmes de résistances en tous genres. « Je n’arrivais plus à me débarrasser du vulpin, une mauvaise herbe qui envahissait mes parcelles de blé. Je dépensais jusqu’à 100 € de désherbant par hectare, sans arriver à en venir à bout, se souvient-il. Je ne pouvais plus continuer comme ça. » Il rejoint un groupe de travail sur les méthodes alternatives aux pesticides, animé par l’ingénieur agronome Bertrand Omon de la chambre d’agriculture de l’Eure. La vingtaine d’agriculteurs qui y participent échangent sur leurs difficultés, écoutent les conseils en agronomie de chercheurs et d’ingénieurs agronomes.

       Le groupe étudie des principes d’agronomie comme alternatives aux produits phytosanitaires. Ce qui a conduit par exemple Antoine Lambert a repousser la date de semis du blé pour limiter le désherbage. « Les graines de ’mauvaise herbe’, qu’on appelle une adventice, sont présentes dans la terre. Quand on travaille le sol, on les met en condition de germer, indique-t-il. Or, chaque plante a sa période optimale de levée ; pour le vulpin, c’est à la fin de l’été. L’idée, c’est donc de travailler le sol et de semer le blé le plus tard possible, à l’automne, pour être en décalage avec la période optimale de levée du vulpin. »Il observe que cela permet aussi de limiter le recours aux insecticides, puisque les attaques de pucerons sont plus fortes quand on sème dans la chaleur de l’été.

       Autre astuce, cultiver moins serré pour limiter les apports d’engrais azotés, ou choisir des variétés résistantes à tel ou tel problème comme la maladie ou la« verse » (quand la tige se couche). Au fur et à mesure de ses expériences, le groupe de travail va jusqu’à imaginer de véritables systèmes de culture basées sur la rotation des cultures sur plusieurs années : d’abord du blé, puis des pois... Avec pour objectif, de limiter au maximum la levée des mauvaises herbes tout en diminuant les doses de pesticides. (...)

       (...) Mais ces techniques n’ont rien de recettes miracles, prévient l’agriculteur. Quand on sème le blé trop tard, les jours sont plus courts, pluvieux. « On a moins de jours pour travailler, on prend le risque de semer dans de mauvaises conditions. Et que la plante pousse mal... » Idem pour le choix des variétés : certains blés résistent aux maladies mais sont sensibles à la verse, et inversement. « La meilleure solution est de mélanger les variétés, estime Antoine Lambert. Cela permet de compenser les défauts. Mais certains clients ne veulent acheter que des récoltes pures, d’une seule variété, pour faire leurs propres mélanges. » 

       Quant aux systèmes de cultures, leur efficacité est intimement liée à la nature du sol : ils ne sont pas transposables d’une exploitation à l’autre et sur sa seule exploitation, Antoine Lambert a dû adopter quatre systèmes de culture différents ! Il faut une solide connaissance de ses terres et le plus grand doigté à l’agriculteur pour actionner à bon escient les différents leviers dont il dispose, dès lors qu’il cherche à sortir du « tout chimique ».(...)

       (...) « Forts de cette expérience, nous avons décidé d’intégrer le réseau Déphy du plan Écophyto, en 2011 », se souvient l’agriculteur. Pour la première fois, les membres du groupe de travail s’engagent pour cinq ans et doivent se fixer des objectifs chiffrés, individuels et collectifs. Ils décident de diminuer de moitié les quantités de pesticides qu’ils appliquent. D’autres obligations leur incombent : communiquer sur leur démarche en organisant des réunions d’information et des portes ouverts, et transmettre leurs résultats technico-économiques. En contrepartie, Bertrand Ormon est embauché à mi-temps, comme animateur du réseau Déphy de l’Eure.

       Quatre ans après, Antoine Lambert est un peu sceptique. « Chez nous, ça a fonctionné parce que nous étions un groupe déjà constitué et habitué à travailler ensemble. Nous avons tous atteint nos objectifs, analyse-t-il. Mais quand nous avons visité d’autres exploitations membres du réseau Déphy, nous nous sommes rendus compte que certaines avaient des objectifs de réduction des phytosanitaires très limités. » Pour l’agriculteur, le plan Écophyto promeut « de bonnes idées », mais pèche dans sa mise en œuvre. « Déphy n’a pas eu suffisamment de moyens. Quant aux conseillers recrutés à mi-temps pour accompagner les agriculteurs du réseau, combien sont réellement compétents en matière d’agriculture intégrée ? Il faut aussi prendre en considération la résistance au changement et trouver des moyens de motiver les agriculteurs. »

       Pourtant, la réduction des pesticides est un enjeu de taille, estime Antoine Lambert, en particulier en matière de santé publique. « En discutant avec les autres, j’ai réalisé qu’on nous parlait davantage de protection de l’environnement que de notre santé, observe-t-il. Alors que des agriculteurs qui n’arrivent pas à l’âge de la retraite, ce n’est pas rare dans nos campagnes. » C’est pourquoi il adhère en 2011 à l’association nationale Phyto-victimes, dont il devient administrateur.

       Le chemin vers une réduction maximale des produits phytosanitaires est encore semé d’embûches. « Depuis deux ans, je suis en difficulté, avoue l’agriculteur. Une partie de ma ferme est envahie de coquelicots, qui résistent à tout. Et je suis confronté à de nouveaux problèmes de résistance au vulpin, quel que soit le système de culture que j’adopte. C’est une course sans fin ! » Mais il est plus déterminé que jamais à continuer à chercher une alternative au« tout chimique », sans pour autant se convertir au bio. « Dans notre idée, nous voulons développer une agriculture durable et accessible au plus grand nombre. »


    +++

    "Yep yep, yop, prout!"


    (Avec son tube, le pétomane se classa au top 50)


    +++
    Benoît Barvin

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