FRÉDÉRIC MARTEL
(...) Cette semaine le chef de l’État a attaqué nommément Valérie Trierweiler, la compagne de François Hollande pour une simple émission qu’elle anime sur Direct 8 ou le directeur d’une radio publique pour son soutien au candidat socialiste. Pourtant, depuis cinq ans, Nicolas Sarkozy a minutieusement organisé une mainmise autrement plus puissante sur les médias. Comme l’illustre la bataille interne qui se déroule actuellement au Journal du dimanche. En 2008, le JDD avait titré un de ses articles : « Sarkozy maître du monde ». Aujourd’hui, le président a remisé ses ambitions : «Sarkozy maître du JDD?"
« Nicolas Sarkozy considère que le JDD c’est un peu son journal. Il a une relation unique, très spécifique, avec ce canard. A Neuilly hier, comme à l’Élysée aujourd’hui, il le lit de la première à la dernière ligne chaque dimanche matin depuis plus de trente ans (vach't'de!)». Ce propos de Franck Louvrier, le chef communicant (rien que ça?) du président de la République a le mérite de la clarté. Il résume ce que beaucoup savent, mais ne disent pas, à l’intérieur de cette grosse rédaction à l’encadrement pléthorique d’un quotidien qui ne paraît qu’une fois par semaine (heu...).
Nicolas Sarkozy a mis la main sur le titre depuis plusieurs années et continue de le diriger, indirectement, à tous les étages. Car il a un accès direct aux quatre principaux niveaux de direction : Arnaud Lagardère d’abord, son « frère » et le PD-G du groupe qui édite le JDD ; Denis Olivennes ensuite, qui coordonne la branche médias du groupe et veille tout particulièrement sur le JDD ; Jérôme Bellay, le directeur du journal ; enfin l’un des quatre rédacteurs en chef, le vrai chef du service politique, Bruno Jeudy. Par ce quadruple pilotage, Nicolas Sarkozy est le véritable patron du JDD (on voit ce que ça donne...).
D’une interview controversée de Kadhafi aux sondages qui disent généralement ce que le Château aime entendre – non pas tant Opinion Way, comme le Figaro, mais l’IFOP, l’institut historique du JDD actuellement sur une pente glissante –, il n’est pas besoin d’être journaliste pour décrypter l’ultra-sarkozysme des articles publiés.
Frédéric Mitterrand sort un livre ? Denis Olivennes envoie un SMS à la rédaction pour recommander une interview. Et avant même que les sondages remontent pour Sarkozy, le JDD prévoit le coup et l’annonce. Le journal est meilleur que les sondeurs, il prévoit désormais les sondages. (...)
Le reste sur:
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"Comment ça, ch'suis qu'un reporter néo-colonialiste?
Vous savez combien elle pèse, cette vioque, hein?"
(Les arguments de ce journaliste français,
aux mauvaises influences,
étaient un rien fallacieux)
+++Robert Fisk, et le « colonialisme »
des journalistes occidentaux
au Proche-Orient
Signalé par
Pierre Haski
(...) Robert Fisk, l'un des journalistes britanniques présents au Proche-Orient depuis quelques décennies, revient, dans un long article publié dans son journal, The Independent, sur la mort de journalistes occidentaux en Syrie. Il loue leur courage, mais souligne toute l'ambiguité qu'il y a à « starifier » les reporters morts sur le terrain alors que personne ne connait le nom des victimes syriennes du même confit.
De même souligne-t-il l'indécence à voir des envoyés spéciaux de chaînes de télévision arborer des gilets pare-balle pour interviewer des civils sans protection. Il qualifie cette attitude de « colonialiste » (réaliste serait plus juste?).(...)