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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SAVOIR QU'ON SAIT EST BIEN,
    MAIS SAVOIR QUOI EST MIEUX)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (88/7)
    pcc Benoît Barvin

       Tom Drake, qui enquête sur une tuerie de danseuses au "Blue Circle", soupçonne son collègue, Peter Duncan, d'être dans le coup. Il le suit lors d'une mystérieuse expédition nocturne mais ne peut empêcher son meurtre. Va-t-il enfin comprendre les agissements de son collègue du FBI?



       Peter Duncan fut enterré deux jours plus tard, alors qu’une mini tempête de neige s’abattait sur Chicago. A part Ness, le divisionnaire, le procureur, moi et deux autres collègues, personne ne s’était déplacé. La cérémonie fut de courte durée, bien qu’au moment où nous le mîmes en terre, comme par miracle, la tourmente cessa un moment. 

       Ness eut le temps de faire un bref discours avant qu’une nouvelle bourrasque d’énormes flocons ne vienne nous cingler le visage. Nous nous précipitâmes vers nos voitures respectives, îlots perdus au-milieu des bourrasques. Au début de la cérémonie, Ness m’avait dit de le suivre, ce que je fis, tant bien que mal. Nous nous retrouvâmes, une demi-heure plus tard. Pour nous réchauffer, il me tendit un verre, je bus longuement en songeant à Duncan et à son secret. 

       - Cette affaire est sordide, Tom, je vous l’avais dit. Toutefois nous aurions pu la résoudre en prenant un peu de temps, mais Duncan a préféré nous devancer. Vous saviez, vous, que votre collègue avait une sœur ? 

       - Première nouvelle… Elle n’était pas là au cimetière. A-t-elle été prévenue au moins ? 

       La bouche du patron se tordit bizarrement. Il s’octroya une cigarette avant de répondre. 

       - Elle n’est hélas plus de ce monde… 

       Peut-être fût-ce la manière dont Ness me répondit, mais cela résonna en moi comme un coup de gong. 

       - Vous… Vous ne voulez pas dire que… ? 

       - Que quoi, Drake ? 

       - Que la sœur de Duncan était… 

       - Etait ? 

       Je finis mon verre et lançai, le souffle court. 

       - Sa sœur était Doris, n’est-ce pas ? 

       - Effectivement. 

       - Alors je comprends tout. Duncan a cherché à la protéger… Il devait savoir que quelqu’un en avait après elle, ainsi que les autres girls. C’est la raison pour laquelle il est allé voir ce type… celui qui nous a échappé. 

       Je pensais tout haut. Cette habitude de célibataire m’était venue depuis que je travaillais avec Ness. Et cette pensée me faisait entrevoir, enfin, une lueur dans ce brouillard. Mais le patron mit un terme à mon délire. 

       - Vous n’y êtes pas, Tom. Doris était en fait la demi-sœur de Duncan. Manque de chance, celui-ci n’était pas au courant. Il est tombé amoureux d’elle et, au final, les choses se sont déroulées comme d’habitude entre un homme et une femme ! Jusqu’à ce qu’une bonne âme leur apprenne leur lien de famille. Avec les conséquences tragiques que vous connaissez. Incapable de surmonter cette idée, la fille s’est tirée une balle dans la tête. Duncan, plus pragmatique, a tenté de faire taire le maître chanteur, en lui remettant de l’argent… Mais vous êtes intervenu et les choses ont mal tourné. 

       Je regimbai, ne voulant pas endosser le rôle du type qui porte la poisse. 

       - Bon, patron, si je suis OK pour cette histoire de… heu, d’inceste, je ne vois pas ce que vient faire le massacre des autres filles. Quel est le lien entre Duncan, Doris et les danseuses du « Blue Circle » ? 

       Ness ouvrit le tiroir de son bureau, en sortit un calepin de cuir noir et le brandit. 

       - Tout est inscrit là, Tom. Tout. C’est le calepin de Doris. Nos hommes l’ont trouvé, dissimulé sous une latte du parquet de l’appartement de Duncan. 

       - Et que dit ce bloc-notes ? 

       Le patron glissa le carnet dans la poche intérieure de son costume et, se levant, il alla chercher son pardessus accroché à la patère en me disant. 

       - Il dit que vous allez m’accompagner chez quelqu’un de notre connaissance. Vous allez me servir de garde du corps. Si les choses tournent mal, n’hésitez pas à tirer. D’accord ? 

       Je hochai la tête, le cœur battant et les mains moites.

    (A Suivre)

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    (Mode progressiste provenant de pays aux idées démocratiques)


    Le hijab, les " frères musulmans" militent pour. 

    Le chador, il est indiqué qu 'il n' est pas obligatoire dans les pays islamiques. 

    Le niqab, utilisation répandue par l' influence du wahhabisme. 

    La burka, imposée par les talibans.


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    Le Qatar, champion du mensonge 
    et de la dissimulation
    Majed Nehmé

       (...) Sans sponsors et en toute indépendance, à contre-courant des livres de commande publiés récemment en France sur le Qatar, Nicolas Beau et Jacques-Marie Bourget* ont enquêté sur ce minuscule État tribal, obscurantiste et richissime qui, à coup de millions de dollars et de fausses promesses de démocratie, veut jouer dans la cour des grands en imposant partout dans le monde sa lecture intégriste du Coran. Un travail rigoureux et passionnant sur cette dictature molle, dont nous parle Jacques-Marie Bourget. (...)

       (...) / Qu’est-ce qui vous a amenés à consacrer un livre au Qatar ?

       - Le hasard puis la nécessité. J’ai plusieurs fois visité ce pays et en suis revenu frappé par la vacuité qui se dégage à Doha. L’on y a l’impression de séjourner dans un pays virtuel, une sorte de console vidéo planétaire. Il devenait intéressant de comprendre comment un État aussi minuscule et artificiel pouvait prendre, grâce aux dollars et à la religion, une telle place dans l’histoire que nous vivons. D’autre part, à l’autre bout de la chaîne, l’enquête dans les banlieues françaises faite par mon coauteur Nicolas Beau nous a immédiatement convaincus qu’il y avait une stratégie de la part du Qatar enfin de maîtriser l’islam aussi bien en France que dans tout le Moyen-Orient et en Afrique. D’imposer sa lecture du Coran qui est le wahhabisme, donc d’essence salafiste, une interprétation intégriste des écrits du Prophète. 

       Cette sous-traitance de l’enseignement religieux des musulmans de France à des imams adoubés par le Qatar nous a semblé incompatible avec l’idée et les principes de la République. Imaginez que le Vatican, devenant soudain producteur de gaz, profite de ses milliards pour figer le monde catholique dans les idées intégristes de Monseigneur Lefebvre, celles des groupuscules intégristes qui manifestent violemment en France contre le « mariage pour tous ». Notre société deviendrait invivable, l’obscurantisme et l’intégrisme sont les meilleurs ennemis de la liberté.

       Sur ce petit pays, nous sommes d’abord partis pour publier un dossier dans un magazine. Mais nous avons vite changé de format pour passer à celui du livre. Le paradoxe du Qatar, qui prêche la démocratie sans en appliquer une seule once pour son propre compte, nous a crevé les yeux. Notre livre sera certainement qualifié de pamphlet animé par la mauvaise foi, de Qatar bashing… C’est faux. Dans cette entreprise nous n’avons, nous, ni commande, ni amis ou sponsors à satisfaire. Pour mener à bien ce travail, il suffisait de savoir lire et observer. Pour voir le Qatar tel qu’il est : un micro-empire tenu par un potentat, une dictature avec le sourire aux lèvres.

       / Depuis quelques années, ce petit émirat gazier et pétrolier insignifiant géopolitiquement est devenu, du moins médiatiquement, un acteur politique voulant jouer dans la cour des grands et influer sur le cours de l’Histoire dans le monde musulman. Est-ce la folie des grandeurs ? Où le Qatar sert-il un projet qui le dépasse ?

       - Il existe une folie des grandeurs. Elle est encouragée par des conseillers et flagorneurs qui ont réussi à convaincre l’émir qu’il est à la fois un tsar et un commandeur des croyants. Mais c’est marginal. L’autre vérité est qu’il faut, par peur de son puissant voisin et ennemi saoudien, que la grenouille se gonfle. Faute d’occuper des centaines de milliers de kilomètres carrés dans le Golfe, le Qatar occupe ailleurs une surface politico-médiatique, un empire en papier. Doha estime que cette expansion est un moyen de protection et de survie.

        Enfin il y a la religion. Un profond rêve messianique pousse Doha vers la conquête des âmes et des territoires. Ici, on peut reprendre la comparaison avec le minuscule Vatican, celui du xixe siècle qui envoyait ses missionnaires sur tous les continents. L’émir est convaincu qu’il peut nourrir et faire fructifier une renaissance de la oumma, la communauté des croyants. Cette stratégie a son revers, celui d’un possible crash, l’ambition emportant les rêves du Qatar bien trop loin de la réalité. N’oublions pas aussi que Doha occupe une place vide, celle libérée un temps par l’Arabie Saoudite impliquée dans les attentats du 11-Septembre et contrainte de se faire plus discrète en matière de djihad et de wahhabisme. Le scandaleux passe-droit dont a bénéficié le Qatar pour adhérer à la Francophonie participe à cet objectif de «wahhabisation» : en Afrique, sponsoriser les institutions qui enseignent la langue française permet de les transformer en écoles islamiques, Voltaire et Hugo étant remplacés par le Coran.

       / Cette mégalomanie peut-elle se retourner contre l’émir actuel ? Surtout si l’on regarde la brève histoire de cet émirat, créé en 1970 par les Britanniques, rythmée par des coups d’État et des révolutions de palais.

       - La mégalomanie et l’ambition de l’émir Al-Thani sont, c’est vrai, discrètement critiquées par de « vieux amis » du Qatar. Certains, avançant que le souverain est un roi malade, poussent la montée vers le trône de son fils désigné comme héritier, le prince Tamim. Une fois au pouvoir, le nouveau maître réduirait la voilure, notamment dans le soutien accordé par Doha aux djihadistes, comme c’est le cas en Libye, au Mali et en Syrie. Cette option est même bien vue par des diplomates américains inquiets de cette nouvelle radicalité islamiste dans le monde. Alors, faut-il le rappeler, le Qatar est d’abord un instrument de la politique de Washington avec lequel il est lié par un pacte d’acier.

       Cela dit, promouvoir Tamim n’est pas simple puisque l’émir, qui a débarqué son propre père par un coup d’État en 1995, n’a pas annoncé sa retraite. Par ailleurs le premier ministre Jassim, cousin de l’émir, le tout-puissant et richissime « HBJ », n’a pas l’intention de laisser un pouce de son pouvoir. Mieux : en cas de nécessité, les États-Unis sont prêts à sacrifier et l’émir et son fils pour mettre en place un « HBJ » dévoué corps et âme à Washington et à Israël. En dépit de l’opulence affichée, l’émirat n’est pas si stable qu’il y paraît. Sur le plan économique, le Qatar est endetté à des taux « européens » et l’exploitation de gaz de schiste est en rude concurrence, à commencer aux États-Unis.

       / La présence de la plus grande base américaine en dehors des États-Unis sur le sol qatari peut-elle être considérée comme un contrat d’assurance pour la survie du régime ou au contraire comme une épée de Damoclès fatale à plus ou moins brève échéance ?

       - La présence de l’immense base Al-Udaï est, dans l’immédiat, une assurance vie pour Doha. L’Amérique a ici un lieu idéal pour surveiller, protéger ou attaquer à son gré dans la région. Protéger l’Arabie Saoudite et Israël, attaquer l’Iran. La Mecque a connu ses révoltes, la dernière réprimée par le capitaine Barril et la logistique française. Mais Doha pourrait connaître à son tour une révolte conduite par des fous d’Allah mécontents de la présence du « grand Satan » en terre wahhabite.

       / Ce régime, moderne d’apparence, est en réalité fondamentalement tribal et obscurantiste. Pourquoi si peu d’informations sur sa vraie nature ?

       Au risque de radoter, il faut que le public sache enfin que le Qatar est le champion du monde du double standard : celui du mensonge et de la dissimulation comme philosophie politique. Par exemple, des avions partent de Doha pour bombarder les taliban en Afghanistan alors que ces mêmes guerriers religieux ont un bureau de coordination installé à Doha, à quelques kilomètres de la base d’où décollent les chasseurs partis pour les tuer. Il en va ainsi dans tous les domaines, et c’est le cas de la politique intérieure de ce petit pays.

       Regardons ce qui se passe dans ce coin de désert. Les libertés y sont absentes, on y pratique les châtiments corporels, la lettre de cachet, c’est-à-dire l’incarcération sans motif, est une pratique courante. Le vote n’existe que pour nommer une partie des conseillers municipaux, à ceci près que les associations et partis politiques sont interdits, tout comme la presse indépendante… Une Constitution qui a été élaborée par l’émir et son clan n’est même pas appliquée dans tous ses articles. 

       Le million et demi de travailleurs étrangers engagés au Qatar s’échinent sous le régime de ce que des associations des droits de l’homme qualifient « d’esclavage ». Ces malheureux, privés de leurs passeports et payés une misère, survivent dans les camps détestables sans avoir le droit de quitter le pays. Nombre d’entre eux, accrochés au béton des tours qu’ils construisent, meurent d’accidents cardiaques ou de chutes (plusieurs centaines de victimes par an).

       La « justice », à Doha, est directement rendue au palais de l’émir, par l’intermédiaire de juges qui le plus souvent sont des magistrats mercenaires venus du Soudan. Ce sont eux qui ont condamné le poète Al-Ajami à la prison à perpétuité parce qu’il a publié sur Internet une plaisanterie sur Al-Thani ! Observons une indignation à deux vitesses : parce que cet homme de plume n’est pas Soljenitsyne, personne n’a songé à défiler dans Paris pour défendre ce martyr de la liberté. Une anecdote : cette année, parce que son enseignement n’était pas «islamique», un lycée français de Doha a tout simplement été retiré de la liste des institutions gérées par Paris. (...)

    Suite à lire sur:

    Le Vilain Petit Qatar – Cet ami qui nous veut du mal, Jacques-Marie Bourget et Nicolas Beau, Éd. Fayard, 300 p., 19 euros
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    "L'Europe qui rame... Nous, on ne connaît que ça"


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    "Che de regrette, du zais...
    - Moi non plus.
    Mais, dis, tu viendras quand même
    à mes conférences, hein? J'te fais un prix!"


    Où est passé le rêve européen ?
    Ivan Krastev

       (...) L’Union européenne (UE) n’est plus, du moins telle que nous la connaissions. Et la question n’est pas de savoir ce que deviendra la nouvelle union, mais pourquoi cette Europe qui nous a tant fait rêver n’existe plus.

       La réponse est simple : aujourd’hui, tous les piliers qui ont servi à bâtir et à justifier l’existence de l’Union européenne se sont effondrés.(...)

       (...) Premièrement, le souvenir de la Seconde Guerre mondiale. Il y a un an ont été rendues publiques les conclusions d’une enquête effectuée auprès des 14-16 ans dans les lycées allemands. Un tiers de ces jeunes ne savait pas qui était Hitler et 40 % d’entre eux étaient persuadés que les droits de l’homme étaient respectés de la même façon sous tous les gouvernements allemands depuis 1933. Cela ne veut absolument pas dire qu’il existe une nostalgie pour le fascisme en Allemagne. Non, cela veut tout simplement dire que nous sommes face à une génération qui n’a rien à fiche de cette Histoire. C’est une illusion de continuer à penser aujourd’hui que la légitimité de l’UE prend ses racines dans la guerre.

       Le deuxième élément qui a permis l’avènement géopolitique de l’Union est la guerre froide. Mais elle non plus n’existe plus. Aujourd’hui, l’UE n’a pas – et ne peut pas avoir – un ennemi tel que l’URSS après 1949 qui aurait pu justifier son existence. Bref, l’évocation de la guerre froide ne peut en aucun cas aider à résoudre les problèmes de légitimité de l’UE.

       Le troisième pilier est la prospérité. L’UE reste un espace riche, très riche – même si cela ne vaut pas pour des pays comme la Bulgarie. En revanche, 60 % des Européens pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. De ce point de vue, le problème n’est pas comment on vit aujourd’hui, mais quelle vie on aura dans le futur. Donc la perspective positive, la foi dans un avenir meilleur, puissante source de légitimité, a également disparu.(...)

       (...) Une autre source de légitimité était la convergence – ce processus qui fait que les pays pauvres qui adhèrent à l’UE ont la certitude qu’ils rejoindront progressivement le club des riches. Cela était encore fondé il y a quelques années, mais, aujourd’hui, si les prévisions économiques pour les dix prochaines années se confirment, un pays comme la Grèce en comparaison de l’Allemagne sera toujours aussi pauvre que le jour de son adhésion à l’Union. (...)

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    Benoît Barvin

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