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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE SE NOURRIT 
    DE BONNES ACTIONS)

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    (Document:
    Le pétomane s'entraînant pour le bénéfice de son art)



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    (Réponses des prostituées chinoises
    au gouvernement central à Pékin)


    (Source: nosuchthingasperfectt, via misshaileyxx)

    Avec son «balayage du vice», 
    Pékin fait du racolage

    PHILIPPE GRANGEREAU

       (...) Ville méridionale de 7 millions d’habitants, Dongguan est célèbre à travers toute la Chine pour deux choses : son rôle historique dans la première guerre de l’opium au XIXe siècle et le nombre aujourd’hui impressionnant de ses lupanars. Plus d’une centaine de milliers de prostituées y exercent leur commerce profane dans une sérénité d’ordinaire jamais troublée. Les bordels ont des menus imprimés proposant de savoureuses galipettes, du «rêve du dragon» en passant par les «dix-huit virages de la route de montagne» et le «jeu du pipeau».

       Sauf que cette semaine, soudainement, les autorités ont décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière. Près de 2 000 salons de massages, karaokés, saunas, hôtels, «centres de loisirs» et de «bien-être» ont été perquisitionnés. L’opération de«balayage du vice» a mobilisé 9 000 policiers. Un député de l’Assemblée nationale du peuple, patron d’un cinq étoiles louche appelé Crown Prince Hotel, a été interpellé lundi. Embarqués aussi, huit gradés de la police municipale soupçonnés de toucher des pourcentages. (...)

       (...) Le nombre de prostituées chinoises est estimé à 6 millions par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’industrie du sexe représenterait 6% du produit intérieur brut (PIB) national, selon l’économiste Yang Fan, de l’université Zhengfa de Pékin. Une authentique campagne nationale contre la prostitution pourrait sérieusement ralentir la croissance, voire précipiter une chute boursière. Cela a sans doute poussé les autorités à une certaine retenue : sur les 2 000 établissements perquisitionnés à Dongguan, seuls douze ont été effectivement bouclés, selon l’agence Chine nouvelle. Et malgré le déploiement d’un régiment de limiers, seulement 67 personnes ont été interpellées. «De qui se moque-t-on ?»s’interroge un internaute qui dit «fortement douter de l’intention des autorités de stopper la prostitution».

       L’opération de Dongguan était aussi - surtout ? - une action médiatique destinée à persuader la population que le pouvoir s’attaque au problème. Car quelques heures avant l’assaut policier contre les bordels, la chaîne nationale de télévision CCTV a diffusé un opportun «reportage» en caméra cachée, réalisé à Dongguan la semaine précédente. De toute évidence, l’émission était coordonnée avec l’intervention des forces de l’ordre. Une demi-heure choc, en prime-time, sur les coulisses du sexe tarifé en Chine : du jamais vu sur les ondes monotones de la télé officielle. 

       On suit à l’image un journaliste de CCTV dans une chambre équipée d’un miroir sans tain, derrière lequel dansent deux filles en maillot de bain. «Celle de gauche est le numéro 193, elle est de Chongqing ; l’autre, le numéro 136, est du nord-est. Si elles vous plaisent, on peut vous les réserver. Elles sont toutes les deux à 800 yuans[96 euros, ndlr]», lui dit le proxénète qui l’accompagne. «Voyez, un coup de sonnette et deux autres se pointent, jusqu’à ce que vous en trouviez une à votre goût… Dépêchez-vous, nos cinquante chambres sont pleines.»

       (...) Dans un autre établissement bondé, on est conduit dans une grande pièce où trône une scène bordée de pots de fleurs. Sur une musique techno, apparaissent une quinzaine de filles en jupe courte, chacune un gros numéro épinglé sur l’étoffe. Elles défilent l’une après l’autre, tenant toutes un sac à main identique. Derrière, on entend le patron dire tout haut : «Celle-là est à 700[84 euros], celle-là à 800.» La caméra se déplace dans une «suite présidentielle». Un lapitiao («maquereau») raconte que tout l’hôtel est un bordel et qu’un agrandissement est prévu.

       A l’hôtel Dongzhen, la mise en scène est identique : décor de tentures pourpres, brochette de vingt sanpei en tenue aguichante, leur tarif respectif sur une étiquette rouge collée à la cuisse. Le patron déplore qu’il y en ait moins que d’habitude.«Mais c’est le nouvel an chinois et plein de filles sont rentrées pour les fêtes.»«Celles à 600 [72 euros] ou 700 yuans ne sont pas trop sexy, mais à partir de 800, c’est chaud», conseille un client. «Dans ce sauna, on vous fait la totale», annonce une mère maquerelle, qui propose un karaoké où des xiaojie(«demoiselles») dansent nues. «Dites bonjour au client !» ordonne un type en costume à une brochette de courtisanes en froufrous qui déboulent dans une salle.«Yuannin wande qingcai» («nous vous souhaitons de bien vous amuser») chantent à l’unisson les demoiselles soumises, sans omettre de s’incliner.

       Depuis lundi, la «campagne antivice» s’est étendue à Canton. Il est question, selon la presse officielle, de «nettoyer»la province du Guangdong, voire le pays tout entier, dans les mois qui viennent. «Vaine entreprise, juge la sexologue Li Yinhe. Les bordels sont pleins parce que le sexe est un besoin comme les autres. Quand on grelotte de froid, on est bien content de trouver une chaumière accueillante.» Rappelant que les attitudes à l’égard du sexe ont considérablement évolué et qu’il existe même au Parlement un projet de loi pour légaliser la prostitution, Li préconise de décriminaliser cette activité. «Les prostituées, dit-elle, font désormais partie de la classe ouvrière.»


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    "Oh, Maître, que désirez-vous?"
    - Un beau jeune homme, stupides femelles!"



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    Luc Desle

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