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    Pensées pour nous-mêmes:

    (FAIS DE TA MORT
    UN HYMNE A LA VIE)

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    (Très aimablement ce panda me désignait
    l'endroit exact où je devais tirer)



    Balazs Solti

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    (Ce village fantôme, près d'une banale centrale,

    ne trouvait toujours pas preneur)



    Village fantôme de pirou - Cotentin
    vos-photos.eu

    En Espagne, des villages entiers 
    pour le prix de places de parking


       Posé sur un plateau à la maigre végétation, le hameau ne porte pas de nom. Une enfilade de maisons en ruine, une carcasse d’église, les moignons d’un édifice public, des morceaux de pierre disséminés, le tout envahi par des herbes folles. Pas une âme ne rôde. Nous sommes à 72 kilomètres de Madrid, non loin du fameux monastère d’El Escorial, au nord de la capitale. Dans le village voisin de Peguerinos, la municipalité explique que ce lieu-dit est à vendre : «23 parcelles réparties sur 4 144 m2. Prix : 900 000 euros négociables.» Des acquéreurs potentiels se sont manifestés, assure-t-on, mais pour l’instant, l’affaire n’a pu être conclue. «Cela reste cher, estime un patron de bar, surtout pour un endroit aussi désolé. Mais je suis sûr que ce serait un très bon placement. Les gens en ont assez des villes. Les campagnes, c’est l’avenir.»

       (...) Des annonces de ce type sont à la mode en Espagne, où une grosse centaine de villages abandonnés se proposent au plus offrant. Le portail qui domine le secteur, Aldeasabandonadas.com, parle d’un boom. «Depuis le début de l’année, nous recevons une très forte demande, nous sommes saturés par les mails», assure le directeur, Rafael Canales. Depuis 2011, les achats-ventes de villages à l’abandon ont augmenté de 23%, notamment en Galice, aux Asturies, en Castille-et-León, en Aragon ou en Navarre. Les gens intéressés sont des Espagnols, mais surtout des étrangers, en majorité allemands, suisses, chinois, américains, mexicains ou russes. On y trouve des retraités, des urbains en mal de campagne qui s’adonnent au télétravail, des couples voulant ouvrir une maison rurale, ou, principalement, des investisseurs. 

       Il faut dire que les médias de ces pays font grand bruit sur ce qui est présenté comme une juteuse affaire. «Un village espagnol pour le prix d’un appartement», vante par exemple la BBC. Ce n’est pas faux : si des localités pleines de charme sont proposées pour 2 à 3 millions d’euros, la plupart sont bien meilleur marché - la moins onéreuse, dans la province galicienne de Lugo, ne coûte pas plus de 60 000 euros, soit le prix d’une place de garage à Madrid. Ailleurs, d’autres se braderaient pour 20 000 à 30 000 euros.

       Mais si l’intérêt porté est croissant, l’opacité du secteur ne permet pas de savoir si beaucoup de tractations vont à leur terme. Les résistances semblent importantes : difficulté d’accès au crédit bancaire, absence de titres de propriété en bonne et due forme, lenteurs administratives, impossibilité d’acheter des villages en entier… A l’inverse, la presse locale s’est fait l’écho de l’histoire d’un couple d’Anglais qui, pour 125 000 euros, a pu s’adjuger un village de la vallée d’Eo, à Pontenova, en Galice - soit quatre maisons sur un hectare.

       (...) Il s’agirait d’une «mine d’or», assure Manuel Amat, patron de l’agence Rusticas Particulares. A l’en croire, sous l’effet de la crise et du besoin d’argent frais, beaucoup de propriétaires veulent vendre au plus vite et sont disposés à négocier.«Le futur de ce négoce est très prometteur, affirme Mark Atkinson, qui a mis en vente une demi-douzaine de villages. Quand les investisseurs se décideront à franchir le pas, ils verront qu’il est juteux de posséder des bleds charmants, au milieu de beaux paysages. Je crains même une dynamique spéculative.»

       (...) Quelque 3 000 bourgades inhabitées sont réparties sur le territoire, et autant dans les prochaines années. Un des records en Europe. Sur le continent, l’Espagne serait à part. «Notre modèle de développement depuis les années 60 s’est concentré sur quatre à cinq villes et leurs agglomérations, analyse l’écrivain Julio Llamazares. Cela a condamné le milieu rural à l’abandon. Ailleurs, en Europe, on a promu un équilibre géographique entre zones riches et pauvres. Ici, la modernité et le progrès ont été associés au mépris pour la ruralité. On en paie le prix.»

       Avec la crise, le vent a tourné. Des laissés pour compte jetés au chômage ou des urbains fatigués de la ville rêvent d’un retour à la campagne. «Les initiatives se multiplient, le village peut être aussi bien un mode de vie différent qu’un bon investissement», assure Juan Carlos Aguilar, d’Abraza la Tierra, organisme qui aide de jeunes entrepreneurs à s’installer hors des villes. «La situation va être bouleversée, poursuit Julio Llamazares. Des villages vont se transformer en centres de vacances, d’autres en territoires de chasse ou en lieux de spéculation. Il est triste de voir que la plupart de ces initiatives viennent de l’étranger.»


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    (Cette mésange avait pris la tête de Mathilda
    pour perchoir et plus, si affinités)


    Rudy Faber

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    Luc Desle

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