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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'ALCOOL DE LA FÉLICITÉ
    N'EST PAS DANGEREUX)

    µµµ

    (Au tout début, ces ballons pudiques jouèrent le jeu... 
    mais ils ne résistèrent pas longtemps


    Marilyn Maxwell

    µµµ

    "Ah, il est l'heure de vérifier que mes investissements
    pour l'aide aux gueux a bien fonctionné"


    Picsou
    hitek.fr

    PAYS PAUVRES
    Comment l’aide au développement se privatise
    au profit des grandes multinationales

    THOMAS CLERGET

       (...) Un réseau d’ONG s’alarme de la montée en puissance des « institutions financières de développement » (IFD), mandatées pour soutenir les investissements du secteur privé dans les pays émergents. Ces banques dépendent de l’argent que leur versent États ou organisations internationales. Mais, peu contrôlées, elles auraient une fâcheuse tendance à favoriser les multinationales des pays riches, voire à financer des projets privilégiant la rentabilité économique plutôt que l’utilité sociale des investissements. Quitte à solliciter, si nécessaire, des fonds implantés dans les paradis fiscaux...

       L’aide publique au développement (APD), en direction des pays pauvres, connaît-elle une privatisation silencieuse, déconnectée des besoins des populations mais conduite au plus grand bénéfice des entreprises multinationales ? Tandis que les parlementaires français entendent réduire le budget national consacré à cette aide publique, un rapport publié vendredi 11 juillet par le Réseau européen sur la dette et le développement (Eurodad) s’inquiète de la montée en puissance et de l’opacité de fonctionnement des institutions financières de développement (IFD). Celles-ci sont en charge des aides orientées vers le secteur privé des pays émergents. Et pour elles, entreprises et marchés sont désormais considérés comme les principaux leviers de leur développement.(...)

       (...) Qui sont ces « IFD » ? Banque européenne d’investissement (BEI), Société financière internationale (SFI) rattachée à la Banque mondiale, ou encore, en France, la société Proparco [1], une filiale de l’Agence française de développement (AFD). Elles mobilisent des capitaux en augmentation constante depuis le début des années 2000. Selon Eurodad, ces montants devraient atteindre, à l’échelle mondiale, les 100 milliards de dollars en 2015, soit l’équivalent des deux tiers de l’aide publique au développement. Fournie directement par les États pour, par exemple, soutenir l’accès à l’éducation ou la lutte contre le paludisme, l’aide publique tend à diminuer dans la plupart des pays européens. Au contraire des financements destinés, via les « IFD », à investir sur des projets portés par les entreprises dans les pays pauvres, en leur apportant des prêts, des garanties, voire une participation directe à leur capital.

       Illustration de ce dispositif, la BEI et Proparco vont avancer respectivement 200 millions et 50 millions d’euros, sous forme de prêts, pour le financement du « plus grand parc éolien d’Afrique subsaharienne », qui doit s’implanter près du lac Turkana dans le Nord du Kenya [2]. Le projet prévoit l’installation de 350 turbines, qui seront exploitées par un consortium réunissant des entreprises privées et des agences d’investissement européennes, tandis que « les français Siemens et Bolloré assureront respectivement la partie électrique et le transport des éoliennes ». « Les investissements réalisés par le secteur privé européen offrent d’immenses perspectives au Kenya ainsi que pour le développement de l’ensemble de la région », a commenté Lodewijk Briet, ambassadeur de l’Union européenne. (...)

       (...) Cette stratégie du « développement par le marché » est-elle profitable aux pays concernés ? Dans son rapport, issu d’une enquête menée pendant deux ans, Eurodad dénonce, chiffres à l’appui, une distribution des aides orientée en priorité vers les société multinationales des États les plus riches. L’organisation met en doute leur pertinence pour la satisfaction effective des besoins sociaux des populations. Entre 2006 et 2010, seules 25 % des entreprises aidées par la BEI et la SFI appartenaient à des pays à bas revenu, tandis que 50 % des aides étaient distribuées à des sociétés des pays de l’OCDE, voire même domiciliées dans les paradis fiscaux ! 40 % de ces aides concernent des entreprises de très grande taille, cotées sur les plus grandes places boursières de la planète. Ces nouvelles formes de financements ont donc tendance à sous-traiter le « développement » des pays pauvres auprès des entreprises multinationales des pays riches.

       Ce qui s’explique aisément, si l’on considère la très faible représentation des pays en développement dans les comités de décision de ces institutions. Ces derniers ne pèsent que 1,4 % des voix au sein de la BEI, tandis que la SFI leur autorise 28 % des droits de votes. L’ambiguïté des missions confiées est également pointée du doigt :« Bien que la plupart de [ces institutions financières] aient reçu un mandat en faveur du développement, elles sont organisées comme des entreprises privées, avec des objectifs de rentabilité commerciale impliquant des compromis entre ces différentes considérations », relève Eurodad. (...)

       (...) L’impact réel des projets financés sur les conditions de vie des populations concernées pose question. Ces politiques d’inspiration très libérale conduisent en effet les IFD à orienter 50 % des subsides en direction du secteur financier des pays émergents, qui n’est pas spécialement connu pour ses velléités redistributives. Autre exemple d’investissements à la portée plus que discutable, la SFI aurait financé deux multinationales de l’hôtellerie de luxe, Mövenpick et Marriot, à hauteur de 79 millions de dollars, pour les aider à s’implanter au Ghana et en Jamaïque, tandis que la banque de développement de Grande-Bretagne soutenait la construction de lotissement fermés, des gated communities, dans plusieurs pays pauvres.

       Côté français, la nature et les investissements de Proparco attirent également l’attention. Comme l’indique le site internet de l’agence, des groupes comme BNP Paribas, Bouygues, ou encore Bolloré Africa Logistics, figurent à son capital, aux côtés de l’AFD qui en est l’actionnaire majoritaire. « Potentiellement, ces entreprises peuvent aussi solliciter des financements, relève Mathilde Dupré, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD). Cela peut soulever quelques interrogations. » Le groupe Veolia, lui-aussi actionnaire de Proparco, est précisément dans ce cas de figure. Fin 2007, Proparco est en effet entrée au capital de Veolia Water AMI, « filiale de Veolia Eau, opérateur des services de l’eau, de l’assainissement et de l’électricité sur l’Afrique, le Moyen-Orient et le sous-Continent Indien ». L’indépendance et l’intérêt des actions menées par cette agence, qui n’utilise pas d’argent public mais est adossée à l’AFD, demanderaient à être examinées dans les détails. (...)

       (...) Dans le cadre de discussions sur la loi d’orientation des politiques de développement adoptée le 7 juillet dernier, les parlementaires ont pourtant bloqué deux propositions d’amendement introduites à la demande des ONG, qui réclamaient une plus grande transparence des critères de sélection des projets financés, ainsi que sur la liste des bénéficiaires de ces aides. Pourtant, députés et sénateurs ont été informés des dérives de Proparco, via un article du Canard enchaîné du 11 juin 2014, révélant comment l’agence avait investi plus de 400 millions d’euros dans des sociétés situées à l’Île Maurice, aux Caïmans, au Luxembourg, ou encore à Chypre et à Jersey, tous des paradis fiscaux. Ces fonds d’investissement étaient ensuite chargés de réinvestir les montants alloués dans les pays en développement. Pour le plus grand bénéfice de leurs populations, comme on peut l’imaginer.

       « Proparco, malgré son mandat de développement, agit comme n’importe quel investisseur privé, guidé par la rentabilité des projets plus que par leur impact réel sur l’amélioration des conditions de vie des populations des pays du Sud », constatent, dans un communiqué, les membres de la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, composée d’ONG, d’associations et de syndicats français. Le réseau Eurodad s’inquiète de son côté de « l’expansion rapide » des IFD et « des nombreuses questions posées par leurs pratiques ». « Elles sont contrôlées par les pays riches, et leur stratégie comme leur gouvernance intègrent très peu le point de vue des pays en développement. Le temps est venu d’une évaluation indépendante de ces institutions et de leurs opérations ».

    Notes

    [1] Société de promotion et de participation pour la coopération économique, créée en 1977 pour « favoriser les investissements privés dans les pays en développement ».
    [2] Voir sur le site internet de la BEI, ainsi que sur celui de PROPARCO.


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    (Au scanner cérébral, on confondait
    facilement un terroriste)



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    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE TENTE RIEN QUE REPROUVE
    TON COEUR ET QU'APPROUVE
    TON PORTEFEUILLE)

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    (Grâce au micro-crédit,
    ce pauvre pouvait se nourrir décemment)


    Microcrédit, la grande mutation
    (court extrait)
    Mathilde Goanec

       (...) Lancé il y a 30 ans au Bangladesh, le microcrédit est devenu l’outil de développement à la mode, réussissant le tour de force d’être plébiscité à la fois par les décideurs politiques, le monde de la finance et les ONG. Mais ses objectifs initiaux sont loin d’être atteints. (...)

    Les chiffres du microcrédit

       Près de 200 millions de personnes bénéficient de microcrédits (surtout des femmes), distribués par plus de 3 000 IMF dans le monde.

       La croissance du secteur est importante, autour de 30 % par an, et l’on considère que le portefeuille mondial actif est déjà de 70 milliards de dollars (25 à 30 milliards pour l’épargne).

       Le taux d’intérêt moyen est de 35 %, ce qui est souvent plus que dans le secteur bancaire traditionnel mais que les IMF justifient par des frais de fonctionnement élevés au vu de la vulnérabilité de la clientèle.

       10 % du financement des IMF provient de l’aide internationale, le reste est assuré par le marché local et des investissements privés.

       Les pauvres sont pauvres, mais nombreux : c’est toute l’équation économique qui sous-tend les institutions de microcrédit, devenues de vrais organismes commerciaux. Et le potentiel est gigantesque puisque l’on estime à 10 % seulement le marché couvert. Des entreprises rentables à tel point que certaines IMF sont rentrées en bourse, comme SKS en Inde, Compartamos au Mexique ou Equity Bank au Kenya, sans que cela ait une incidence directe sur leurs taux d’intérêts (très élevés chez Compartamos, plutôt dans la moyenne pour SKS).
       Toutes les sociétés de microcrédit introduites en bourse rappellent d’ailleurs qu’une partie des recettes a été reversée aux populations par le biais de fondations ou de programmes internes de développement. « C’est complètement contraire à l’esprit », affirme pourtant Mickaël Knaute, qui insiste sur la dimension nécessairement responsable du secteur : « Chez nous, le principe est simple : nous sommes une ONG, qui fait de la microfinance, via sa branche Oxus. L’inverse peut vite s’avérer dangereux. » 
       Le débat se pose avec d’autant plus d’acuité que la plupart des IMF se sont constituées grâce aux bailleurs de fonds internationaux, dans le cadre de politiques internationales de développement. Pas pour gonfler les poches des actionnaires.

    Article à lire en entier sur:

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    "P'tain! A cause de ces maudits Français qui s'défilent,
    j'vais rester dans cette position ridicule
    quelques années de plus!"


    “Astérix dit adieu à Pompéi”
    (On dit ce qu'on pense du titre?
    Chiche!)
    Corriere della Sera

       (...) Ce devait être le sauvetage des ruines de Pompéi par les gentils Français, c’est devenu l’impardonnable trahison des… méchants Français. Le 12 mars dernier, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, la présidente de l’Epadesa, établissement public chargé de l’aménagement du quartier d’affaires parisien de la Défense, a annoncé que les 5 à 10 millions d’euros promis pour aider à la restauration de Pompéi, l’un des sites archéologiques les plus visités d’Italie, resteraient en France. Depuis, la presse italienne n’en finit plus de pointer la mauvaise volonté française. “Astérix dit adieu à Pompéi […]. Après les promesses, les Français se défilent”, écrit La Repubblica. “Les Français ne nous respectent pas”, note Il Corriere della Sera.

       Petit retour en arrière : l’effondrement de la maison des Gladiateurs, l’un des chefs-d’œuvre de Pompéi, en novembre 2010, émeut tous les amoureux de ce site classé patrimoine mondial de l’Unesco. Pompéi ne cesse de se dégrader : il faut sauver Pompéi. Un an plus tard, le 29 novembre 2011, un accord de coopération est signé entre l’Unesco et l’Etat italien pour mettre en place un plan de sauvegarde décennal. Outre les financements européens, le plan prévoit la contribution de sponsors privés, nationaux ou internationaux. L’Epadesa s’engage alors à réunir 5 à 10 millions d’euros par an pour le programme. “Il nous apparaît tout à fait judicieux que la Défense, ville du XXIe siècle, tende la main à la cité antique de Pompéi, qui souffre”,avait commenté à l’époque Philippe Chaix, le directeur général de l’Epadesa. Jusque début mars, plusieurs réunions se tiennent entre les représentants de l’Epadesa et Lorenzo Ornaghi, le ministre italien des Biens culturels, pour formaliser l’aide tant attendue… jusqu’à “la terrible volte-face”. 

       “La présidente de l’Epadesa a découvert (un peu tard) que [son institution] n’avait pas le droit, en tant qu’établissement public d’Etat, de participer à de telles opérations”, explique Il Corriere della Sera. Les Français, en somme, se sont avancés sans savoir s’ils pourraient tenir leurs promesses, souligne le quotidien. Mais l’Italie aussi a manqué de sérieux: alors qu’il savait, “Lorenzo Ornaghi n’a rien dit pendant trois mois. 
       Mais la morale est ailleurs,conclut le quotidien. Penser que quelqu’un d’autre puisse tenir plus que nous à notre histoire et à notre héritage culturel est une terrible illusion. La cavalerie n’arrivera jamais à Pompéi, car la seule cavalerie possible est la nôtre. Et il serait temps de sonner la charge.” (...)


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    "En avant pour... Heu... L'Europe? Les Etats-Nations?
    Bruxelles? Les fonds souverains?
    En avant, quoi! Droit devant!"


    Monti et Rajoy signent 
    l’adieu à la souveraineté
    Enric Juliana

    Traduction : Mélanie Liffschitz 
    LA VANGUARDIA BARCELONE

       (...) Les décisions prises à Bruxelles le 29 juin ont donné un peu de sens à la grande confusion qui régnait depuis les dramatiques élections grecques, déjà oubliées par la mémoire de reptile des médias. L’Italie et l’Espagne ont tenu bon face à l’Allemagne pour forcer l’adoption de trois mesures qui, en principe, devraient les protéger du pire. L’Espagne et l’Italie ont conclu une alliance de dernière minute – inédite dans l’histoire de l’Union européenne – pour éviter une humiliation qui aurait eu de graves conséquences en politique intérieure. Et découvert qu’ensemble, ils pèsent en Europe. (...)

       (...) Westphalie, 1648. Cette succession de traités qui a donné son nom à la Paix de Westphalie a lentement mais sûrement liquidé le vieil espace impérial européen lié à Rome : la mosaïque du Saint-Empire romain germanique, le Pape et l’Empire espagnol endetté et si puissant outre-mer.

       Les Traités de Westphalie érigèrent le principe de souveraineté nationale, incarné par la France de Mazarin et donnèrent naissance à cette Europe des Etats-nations que la Révolution française poussera encore plus loin. Peut-être sommes-nous en train de revenir à cette période de l’histoire sans le savoir. Les ailes du moulin de la souveraineté nationale ont commencé à tourner dans l’autre sens. 
       Pour soutenir l’euro, il faut déléguer des compétences nationales au centre impérial. Westphalie II. Les Espagnols et les Italiens n’ont pas d’autre solution que de l’accepter. La grande interrogation reste la France, quintessence de l’Etat-nation. Le fantôme de Mazarin ne devrait pas tarder à venir hanter l’Elysée. (Le processus qui aboutit aux traités de Westphalie dura plus de 30 ans). (...)

    Lire l'article sur:


    +++

    "Tu m'aimeras toujours?
    - Ta fortune se monte à combien, déjà?"

    "The Strange Woman" (1946)

    +++

    Benoît Barvin (avec Jacques Damboise)

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