• %%%

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE N'EST PAS LE MAÎTRE

    S'IL PRÉTEND L'ETRE)

    %%%

    "Mais non, mon poussin, je ne vais pas te manger tout de suite.

    Je vais attendre un peu... Alors, rassuré?"

    http://reikogeisha.tumblr.com/

    %%%

    "Quitte à mal manger à l'hôpital,

    autant commencer tout de suite..."

    blog-maigrir.com

    A l’hôpital,

    le casse-tête de la bonne bouffe (épisode 1) :

    cuisinée sur place ou importée ?

    AMÉLIE MOUGEY

       Patients, que vous sert-on ? Si vous êtes Nord-Américain, vous n’échapperez pas au trio frites-pizza-donuts. Aux Etats-Unis, les chaînes de fast-food sont présentes dans un hôpital d’Etat sur cinq, selon le recensement du Physicians Committee for Responsible Medicine qui les a cartographiées. Contre le versement d’une part de leur chiffre d’affaires aux établissements de santé, McDonald’s et consorts s’offrent le droit de servir les patients jusque dans leurs lits, rapporte le magazine Mother Jones. La situation est semblable au Canada, où, dix ans après le lancement d’un programme gouvernemental visant à bouter la malbouffe hors des centres hospitaliers, la plupart restent des « irréductibles de la friteuse », constate le journal La Presse. En France, la nourriture hospitalière n’a jamais atteint de tels extrêmes. De là à dire qu’elle est toujours source de plaisir et de santé…

       Sur Hopital.fr, l’annuaire en ligne des hôpitaux, les « avis de patients » sont impitoyables. « Sans saveur », « infecte », « immangeable », « au dessous de tout » Du CHU de Caen à l’hôpital européen Georges-Pompidou, les commentaires concernant la nourriture hospitalière atterrissent invariablement dans la colonne « Ce qui pourrait être amélioré » des formulaires. Cette défiance vis-à-vis de l’incontournable daube de veau sous film plastique a des conséquences. Selon les Hospices civils de Lyon, entre 40% et 55% des patients français terminent leur séjour en état de dénutrition !

       « Longtemps, les fournisseurs ont dû se dire : “On peut refiler n’importe quoi aux hôpitaux pour peu qu’on leur vende pas cher” », avance Philippe Romano, représentant des usagers hospitaliers et membre du Collectif interassociatif sur la santé. Mais, si l’on en croit les acteurs du secteur, cette époque est révolue. « Aujourd’hui, lorsque l’on passe nos achats, nous essayons de tirer les produits vers le haut pour donner envie aux patients de les consommer », rassure Didier Girard, ingénieur en restauration hospitalière au CHU du Mans. Au sein d’UniHA, le groupement via lequel 57 établissements hospitaliers réalisent la majeure partie de leurs emplettes, Jean-Marc David, responsable des achats pour la filière alimentaire, confirme : « Notre objectif, c’est que les gens finissent leur assiette. La note que l’on attribue à un produit dépend donc à 40% du prix, à 60% de la qualité. ». Au point d’opter pour des repas faits maison à base de produits bios, locaux et de saison ? Avec un budget alimentaire tournant autour de cinq euros par jour et par patient, soit deux euros par repas, atteindre ces objectifs suppose quelques contorsions. (...)

       (...) « Autrefois, à l’hôpital, la tambouille se faisait au bout de chaque couloir, se souvient Philippe Romano. Puis les sociétés de restauration collective, comme Sodexo et Elior, ont envahi le marché. » Au milieu des années 2000, le mouvement s’est arrêté. « Depuis plusieurs années, le marché de la sous-traitance est stable, 90% des hôpitaux produisent eux-mêmes leurs repas », indique-t-on chez Sodexo. Dans les cuisines hospitalières autogérées, « les cuisiniers travaillent leurs produits, font des sauces », souligne Jean-Marc David. Pour faire des économies d’échelle, de nombreuses cuisines ont fusionné. Ainsi à Lyon, depuis 2010, les 15 000 repas de trois centres hospitaliers sont préparés sur un site unique où s’affairent cent cuistots ! Dans ces cuisines centrales, les barquettes sont préparées à J-1, dans le meilleur des cas, puis conservées par liaison froide, une technique qui ne laisse pas toujours le goût indemne. « On a arrêté le rosbif : réchauffé, ça devenait de la semelle », précise Monique Garnon, responsable des achats au CHU de Reims.

       Malgré cette rationalisation de la main-d’œuvre, les cuisines manquent encore de bras. Au Mans comme à Reims, les ingénieurs en restauration hospitalière ont tiré un trait sur la pâtisserie. « Ça aurait demandé cinq personnes supplémentaires et 200 000 euros d’investissements pour les bâtiments et les équipements », explique Didier Girard. Pour leurs tartes au citron meringuées, ces centres hospitaliers optent donc pour le surgelé et se tournent vers des fournisseurs commeDavigel. « Certains ont gardé la pâtisserie, mais font venir les entrées », indique Monique Garnon, à Reims. Dans son CHU, les cuisiniers travaillent à partir de légumes déjà épluchés et éboutés, la cuisine ne disposant pas d’éplucherie. « Je ne connais pas un hôpital où les repas sont à 100% cuisinés sur place », résume-t-elle.

       L’explication n’est pas purement financière. « On peine à recruter. Dans les écoles hôtelières, les métiers de la restauration collective, notamment hospitalière, sont peu valorisés », indique Didier Girard. Or, la tâche exige un savoir-faire. « On ne fait pas des repas à l’hôpital comme on fait de la restauration d’autoroute », précise Jean-Marc David. Sans sel, sans allergènes ou enrichi en nutriments… « Dans un hôpital, on a jusqu’à cinquante profils alimentaires distincts », poursuit le responsable d’UniHA. Face à cette complexité, Sodexo se targue de garantir « l’adéquation des menus avec les restrictions alimentaires dictées par les médecins ». Une compétence qui lui permet de conserver « un réel leadership dans les cliniques privées » où le géant de la restauration collective écoule toujours 90 000 repas quotidiens.

    http://www.terraeco.net/A-l-hopital-le-casse-tete-de-la,59659.html

    %%%


    votre commentaire
  • +++

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE FOU DU ROI

    N'EST-IL PAS LE ROI?)

    +++

    (Dans cette image, une maison en bois ne l'est pas.

    Sauras-tu la retrouver?)

    reginasworld:

    Voss, Norway  

    +++

    (Nous dit un certain penseur...

    Nous en sommes heureux pour lui)

    unidivers.fr

    +++

    Le professeur Todd nous prend

    pour des charlots

       Emmanuel Todd renvoie les manifestations du 11 janvier à un défilé antimusulman. Sur quelles bases ? Par André Burguière, historien.

       Emmanuel Todd nous a déjà habitués dans le passé au pire et au meilleur. Le meilleur, ce furent des analyses brillantes, conduites souvent avec Hervé Le Bras, qui rattachaient les attitudes politiques divisant la France ou d’autres pays d’Europe à des structures anthropologiques «dures». Ces traditions familiales héritées dès l’enfance que les migrants ont souvent transportées avec eux, valorisent, selon les régions, l’égalité ou l’autorité, l’autonomie précoce de l’individu ou l’immersion dans le groupe familial.

       Le pire chez Todd, ce sont des survols historiques et planétaires dans lesquels il utilise les structures familiales comme ouvre-boîte universel pour expliquer les choix politiques. «Cher malade dites-moi dans quel type de famille vous avez été élevé et je vous dirais de quelle idéologie politique vous souffrez.»

       Tout ceci rehaussé de populisme souverainiste, de couplets antieuropéens qui l’ont fait se rapprocher parfois du Parti communiste, tendance Georges Marchais, et d’autres fois de Jacques Chirac candidat aux présidentielles: il lui avait soufflé le concept de «fracture sociale». Un concept claquant au vent comme un drapeau rouge mais qui ne fut suivi d’aucune mesure en faveur des victimes de ladite fracture.

       Si l’on en juge par l’entretien au sujet de son nouveau livre, «Qui est Charlie?», qu’il vient de confier à «l’Obs», c’est le pire cette fois  qu’Emmanuel Todd nous a donné. Qu’il tienne, pour marquer sa différence, à refuser de se joindre au mouvement d’unanimisme si non d’unité nationale qui s’est manifesté le 11 janvier, qui le lui reprochera? D’autres l’ont fait par méfiance instinctive pour les unions sacrées, qui ont souvent conduit au désastre, ou tout simplement par indépendance d’esprit. Leur choix est respectable et quand, enseignants, ils l’ont fait devant leurs élèves, je trouve lamentable que les autorités aient voulu les sanctionner.

       Mais Emmanuel Todd a-t-il le droit de se draper dans la robe professorale des sciences sociales pour proclamer des idées toutes faites et des contre-vérités? Comme il invoque les pères fondateurs, il convient de lui rappeler que n’est pas Emile Durkheim ni Max Weber qui veut. N’ayant pris connaissance de son dernier livre qu’à travers ce qu’il en dit dans «l’Obs», je n’ai pas pu consulter les statistiques qu’il a produites et sur lesquelles il prétend s’appuyer. Il a consulté avant tout  les cartes des taux de participation aux manifestations «Je suis Charlie», par région, parues dans «Libération», et comme il dit avoir écrit le livre en un mois, je crains que son approche statistique ait été plutôt rapide.

       On reconnaît le savoir-faire d’Emmanuel Todd pour accrocher les médias. A première vue, sa méthode ne se distingue guère du raisonnement des sciences sociales qui consiste à ne pas se contenter du discours ou de la réalité manifeste, mais de décoder, par des moyens appropriés, un sens latent.

       Considérée de plus près, la démarche s’apparente à ce que Claude Levi-Strauss reprochait à certains penseurs parisiens (parmi lesquels il comptait Michel Foucault), à savoir le raisonnement paradoxal: «Vous croyez que ce mur est blanc. Eh bien vous vous trompez: je vais vous montrer qu’il est noir.»

       C’est très exactement ce que veut nous dire Emmanuel Todd en nous expliquant que ce grand rassemblement qui voulait condamner la haine raciale et religieuse, était en réalité un grand geste de rejet et d’exclusion des musulmans de la communauté nationale.

    LIRE Todd: "Le 11 janvier a été une imposture" 

       Tous ceux qui étaient présents au défilé du 11 janvier ont pu constater sans le secours des statistiques que les classes moyennes parisiennes y étaient particulièrement nombreuses et les classes populaires peu présentes. Est-ce la première fois ? On aurait pu faire la même remarque le 13 mai 1968, qui fut le plus grand défilé politique de la France depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui déclencha une vague de grèves sans précédent. Seules les grandes manifestations revendicatives encadrées par les syndicats, comme celles de 1995 contre la réforme des retraites ou les défilés du 1er mai très réussis, mobilisent plus largement les classes populaires.

       Cette fois, leur défection  était d’autant plus nette que les classes populaires de la région parisienne sont aujourd’hui très souvent d’origine ou de confession musulmane. D’où la découverte du professeur Emmanuel Todd, que chacun de nous a pu faire lui-même, sans le secours de sa longue vue de sociologue et démographe: les Français musulmans n’étaient pas là. C’est vrai, ou du moins, ils étaient trop peu nombreux pour être visibles.

       Faut-il s’en étonner ? Les musulmans se sont trouvés pris dans la contradiction infernale qu’ils vivent depuis les premiers attentats terroristes. S’ils se manifestent par une attitude de condamnation, on leur reproche de vouloir faire oublier ce qui relie ce terrorisme à l’islam. S’ils ne réagissent pas, on y voit la preuve d’une approbation implicite  de ce terrorisme.

       Mais il faut prendre beaucoup de liberté avec la réalité pour y voir, comme le fait Todd, une preuve de plus du caractère antimusulman de la manifestation. Tout au long du défilé, je n’ai ni surpris, ni entendu  quelqu’un d’autre dire avoir observé la moindre réaction, le moindre slogan islamophobes.

       C’est peut-être pour cela que Todd est forcé dans son raisonnement, de passer à une vitesse supérieure et d’imaginer, sans avoir à le prouver, que la manifestation a été conçue comme une entreprise antimusulmane. C’est d’abord oublier qu’elle n’a été que le prolongement, l’amplification largement orchestrée  par le gouvernement (mais un gouvernement de droite s’en serait-il privé?) d’une émotion profonde, d’une lame de fond qui a emporté la population française dès le soir de l’attentat.

       A-t-on oublié que sans la moindre consigne ni organisation par un appareil politique quelconque, le soir même de l’attentat, des milliers de parisiens se sont retrouvés en silence, Place de la République ?

       Que dès le lendemain et les jours suivants des rassemblements spontanés du même type pour dire «Je suis Charlie», ont eu lieu dans les principales villes d’Europe et même en Amérique latine ?

       Qu’une jeune journaliste syrienne s’est fait photographier dans les zones de combat tenues par la résistance, brandissant une pancarte «Je suis Charlie»? Les huit morts de «Charlie Hebdo» ne pèsent rien à côté des cent mille morts de la guerre civile en Syrie. Mais son geste attestait le message universel de la réaction aux attaques terroristes contre «Charlie Hebdo» et la volonté de s’y associer.

       Les terroristes ont tué les caricaturistes de «Charlie Hebdo» pour les punir et faire taire à travers eux la libre critique des fanatismes religieux. Ne pas réagir, c’était se taire à notre tour et accepter l’abjection de la démission, de la soumission. C’est ce qui explique, me semble-t-il, ce sursaut que tout individu épris de dignité pouvait aisément comprendre.

       Allons plus loin. Que nous restions les bras croisés ou que nous protestions après les crimes de Mohamed Merah, ou après les meurtres du supermarché cacher, cela ne changera pas grand chose au rapport de force. Les crimes terroristes continueront et il faudra continuer à les combattre. Mais si nous restons silencieux après la provocation des assassins de «Charlie Hebdo», les assassins de la liberté de penser et de s’exprimer auront gagné. C’est cet enjeu qui a soudain traversé la France, le monde entier et qui  a provoqué comme une immense onde de choc, un brutal mais bref sursaut de dignité.

       Il n’y donc aucune raison de sourire et encore moins de médire, comme le fait Todd, de cette soudaine envie de se sentir ensemble sans haine, sans exclusion, qui s’est emparée des Français et d’une certaine manière du monde entier, simplement pour éprouver notre commune humanité.

       Le défilé du 11 janvier, dans sa force et sa beauté éphémère, m’a fait penser à la fête de Fédération du 14 juillet 1790 pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille. Une unanimité touchante et un peu naïve, la fraternité d’un peuple tout heureux encore de vivre sa liberté nouvelle. La fête a été brève et les nuages de la discorde ont vite recouvert la Révolution. Mais le geste a existé… comme ce 11 janvier 2015 qui nous paraît déjà si lointain.

    http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20150506.OBS8531/le-professeur-todd-nous-prend-pour-des-charlots.html

    +++

    Luc Desle


    1 commentaire
  • °°°

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE PIRE DU PIRE

    N'EXISTE PAS)

    °°°

    "Mon Dieu mais... elle ne porte pas de soutien-gorge,

    cette gourgandine!

    - Beurk! Elle a des seins comme des patates molles,

    la vieille peau..."

    Queen Victoria and Princess Beatrice, 1879

    (via http://www.royalcollection.org.uk/collection/2903392/queen-victoria-and-princess-beatrice-1879-in-portraits-of-royal-children-vol-24)

    °°°

     "Puf, puf, puf... Moui... On peut dire que la

    condition humaine est un des prolégomènes 

    aux avanies de l'âge, quoique..."

     (Le Professeur Champizu fumait trop...)

    (Source: rrrick, via generic-art)

    °°°

    "Je ne sais pas ce qui m'arrive...

    J'ai la tête pleine de nuages"

    http://nuweba.tumblr.com/image/118315572312

    °°°

    (Par amour, la Femme-Papillon accepta de servir de

    table basse pour les repas pris avec son amoureux)

    (Source: mahdehsin, via hermosanikita)

    °°°

    Jacques Damboise et Nadine Estrella


    votre commentaire
  • 000

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE COEUR EST 

    UN ORGANE PASSIONNÉ)

    000

     (Et soudain les objets se mirent à réfléchir...)

     http://zeroing.tumblr.com/

    000

     afsi.eu

    La dérive morale

    de l’armée israélienne à Gaza

    Piotr Smolar (Jérusalem, correspondant)

       Eté 2014, bande de Gaza. Un vieux Palestinien gît à terre. Il marchait non loin d’un poste de reconnaissance de l’armée israélienne. Un soldat a décidé de le viser. Il est grièvement blessé à la jambe, ne bouge plus. Est-il vivant ? Les soldats se disputent. L’un d’eux décide de mettre fin à la discussion. Il abat le vieillard.

       Cette histoire, narrée par plusieurs de ses acteurs, s’inscrit dans la charge la plus dévastatrice contre l’armée israélienne depuis la guerre, lancée par ses propres soldats. L’organisation non gouvernementale Breaking the Silence (« rompre le silence »), qui regroupe des anciens combattants de Tsahal, publie, lundi 4 mai, un recueil d’entretiens accordés sous couvert d’anonymat par une soixantaine de participants à l’opération « Bordure protectrice ».

       Une opération conduite entre le 8 juillet et le 26 août 2014, qui a entraîné la mort de près de 2 100 Palestiniens et 66 soldats israéliens. Israël a détruit trente-deux tunnels permettant de pénétrer clandestinement sur son territoire, puis a conclu un cessez-le-feu avec le Hamas qui ne résout rien. L’offensive a provoqué des dégâts matériels et humains sans précédent. Elle jette, selon l’ONG, « de graves doutes sur l’éthique » de Tsahal. (...) 

       (...) Breaking the Silence n’utilise jamais l’expression « crimes de guerre ». Mais la matière que l’organisation a collectée, recoupée, puis soumise à la censure militaire comme l’exige toute publication liée à la sécurité nationale, est impressionnante. « Ce travail soulève le soupçon dérangeant de violations des lois humanitaires, explique l’avocat Michael Sfard, qui conseille l’ONG depuis dix ans. J’espère qu’il y aura un débat, mais j’ai peur qu’on parle plus du messager que du message. Les Israéliens sont de plus en plus autocentrés et nationalistes, intolérants contre les critiques. »

       Environ un quart des témoins sont des officiers. Tous les corps sont représentés. Certains étaient armes à la main, d’autres dans la chaîne de commandement. Cette diversité permet, selon l’ONG, de dessiner un tableau des « politiques systémiques » décidées par l’état-major, aussi bien lors des bombardements que des incursions au sol. Ce tableau contraste avec la doxa officielle sur la loyauté de l’armée, ses procédures strictes et les avertissements adressés aux civils, pour les inviter à fuir avant l’offensive.

       "Ce travail soulève le soupçon dérangeant de violations des lois humanitaires, explique l'avocat Michael Sfard, qui conseille l'ONG Breaking the Silence. J'espère qu'il y aura un débat, mais j'ai peur qu'on parle plus du messager que du message".

       Les témoignages, eux, racontent une histoire de flou. Au nom de l’obsession du risque minimum pour les soldats, les règles d’engagement – la distinction entre ennemis combattants et civils, le principe de proportionnalité – ont été brouillées. « Les soldats ont reçu pour instructions de leurs commandants de tirer sur chaque personne identifiée dans une zone de combat, dès lors que l’hypothèse de travail était que toute personne sur le terrain était un ennemi », précise l’introduction. « On nous a dit, il n’est pas censé y avoir de civils, si vous repérez quelqu’un, tirez ! », se souvient un sergent d’infanterie, posté dans le nord.

       Les instructions sont claires : le doute est un risque. Une personne observe les soldats d’une fenêtre ou d’un toit ? Cible. Elle marche dans la rue à 200 mètres de l’armée ? Cible. Elle demeure dans un immeuble dont les habitants ont été avertis ? Cible. Et quand il n’y a pas de cible, on tire des obus ou au mortier, on « stérilise », selon l’expression récurrente. Ou bien on envoie le D-9, un bulldozer blindé, pour détruire les maisons et dégager la vue. (...) 

       (...) Un soldat se souvient de deux femmes, parlant au téléphone et marchant un matin à environ 800 m des forces israéliennes. Des guetteuses ? Un drone les survole. Pas de certitude. Elles sont abattues, classées comme « terroristes ». Un sergent raconte le « Bonjour Al-Bourej ! », adressé un matin par son unité de tanks à ce quartier situé dans la partie centrale du territoire. Les tanks sont alignés puis, sur instruction, tirent en même temps, au hasard, pour faire sentir la présence israélienne.

       Beaucoup de liberté d’appréciation était laissée aux hommes sur le terrain. Au fil des jours, « le bien et le mal se mélangent un peu (…) et ça devient un peu comme un jeu vidéo », témoigne un soldat. Mais cette latitude correspondait à un mode opérationnel. Au niveau de l’état-major, il existait selon l’ONG trois « niveaux d’activation », déterminant notamment les distances de sécurité acceptées par rapport aux civils palestiniens. Au niveau 3, des dommages collatéraux élevés sont prévus. « Plus l’opération avançait, et plus les limitations ont diminué », explique l’ONG. « Nos recherches montrent que pour l’artillerie, les distances à préserver par rapport aux civils étaient très inférieures à celles par rapport à nos soldats », souligne Yehuda Shaul, cofondateur de Breaking the Silence.

       Un lieutenant d’infanterie, dans le nord de la bande de Gaza, se souvient : « Même si on n’entre pas [au sol], c’est obus, obus, obus. Une structure suspecte, une zone ouverte, une possible entrée de tunnel : feu, feu, feu. » L’officier évoque le relâchement des restrictions au fil des jours. Lorsque le 3niveau opératoire est décidé, les forces aériennes ont le droit à un « niveau raisonnable de pertes civiles, dit-il. C’est quelque chose d’indéfinissable, qui dépend du commandant de brigade, en fonction de son humeur du moment ».

       Fin 2014, le vice-procureur militaire, Eli Bar-On, recevait Le Monde pour plaider le discernement des forces armées. « On a conduit plus de 5 000 frappes aériennes pendant la campagne. Le nombre de victimes est phénoménalement bas », assurait-il. A l’en croire, chaque frappe aérienne fait l’objet d’une réflexion et d’une enquête poussée. Selon lui, « la plupart des dégâts ont été causés par le Hamas ». Le magistrat mettait en cause le mouvement islamiste pour son utilisation des bâtiments civils. « On dispose d’une carte de coordination de tous les sites sensibles, mosquées, écoles, hôpitaux, réactualisée plusieurs fois par jour. Quand on la superpose avec la carte des tirs de roquettes, on s’aperçoit qu’une partie significative a été déclenchée de ces endroits. » (...)

       (...) L’armée peut-elle se policer ? Le parquet général militaire (MAG) a ouvert treize enquêtes pénales, dont deux pour pillages, déjà closes car les plaignants ne se sont pas présentés. Les autres cas concernent des épisodes tristement célèbres du conflit, comme la mort de quatre enfants sur la plage de Gaza, le 16 juillet 2014. Six autres dossiers ont été renvoyés au parquet en vue de l’ouverture d’une enquête criminelle, après un processus de vérification initial.

       Ces procédures internes n’inspirent guère confiance. En septembre, deux ONG israéliennes, B’Tselem et Yesh Din, ont annoncé qu’elles cessaient toute coopération avec le parquet. Les résultats des investigations antérieures les ont convaincues. Après la guerre de 2008-2009 dans la bande de Gaza (près de 1 400 Palestiniens tués), 52 enquêtes avaient été ouvertes. La sentence la plus sévère – quinze mois de prison dont la moitié avec sursis – concerna un soldat coupable du vol d’une carte de crédit. Après l’opération « Pilier de défense », en novembre 2012 (167 Palestiniens tués), une commission interne a été mise en place, mais aucune enquête ouverte. Le comportement de l’armée fut jugé « professionnel ».


     http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2015/05/04/les-derives-de-l-armee-israelienne-a-gaza_4626902_3218.html#gohSKKpMIjD77qt1.99

    000

    Luc Desle


    votre commentaire
  • +++

    Pensées pour nous-mêmes:

    (TON MAÎTRE MOT

    EST SAGESSE)

    +++

    (Le superbe discours du Résident

    fit son effet auprès des jeunes femmes)

    http://aventure-digitale.tumblr.com/

    +++

    "Mon ami le taureau...

    P'tain, laisse-toi faire!"

    solis.pagesperso-orange.fr

    Protéger les animaux que nous sommes

    WALTER BOUVAIS

       La meilleure des intentions peut dégénérer en conflit de voisinage. Depuis des années, des villes organisent le « retour » de la nature en leur sein, imaginant la coexistence entre nous, humains, affublés de nos smartphones et voitures individuelles, et le règne animal et végétal. Ecoquartiers, forêts urbaines, friches naturelles… la floraison de ces initiatives génère des confrontations homme/animal dont nous avons perdu les codes. A Bordeaux, c’est un ragondin, à Londres, une colonie de renards, ailleurs, le loup. Les petites bébêtes nous gênent, dès qu’elles sortent du cadre théorique de la défense de la biodiversité pour venir nous chatouiller les orteils au beau milieu du barbecue dominical.

       Notre rapport aux animaux sauvages en dit long sur notre méconnaissance du vivant, vivant sans lequel nous terminerions à l’horizontale et qui n’est autre que l’immense réserve d’énergies parvenue à coloniser la Terre au prix d’une certaine patience. L’espèce humaine ? Elle prospère au milieu, mais n’en demeure qu’un épiphénomène. Comme dans tout système, tout se tient. Ainsi, nous avons besoin des « autres » pour assurer notre survie. Les pêcheurs de morue de Norvège l’ont compris. Après des années difficiles, marquées par l’arrivée des quotas et la mise au rebut de chaluts, les stocks de poissons ont fini par se reconstituer au-delà de ce qui était espéré.

       Les ressources naturelles sont la branche sur laquelle notre humanité est assise. Nous pouvons continuer d’en nier la nature, de la scier, de mener des combats d’arrière-garde, à l’instar de Mitch McConnell, sénateur américain et fer de lance de l’opposition à toute lutte contre le changement climatique. Ou nous pouvons nous coltiner la question du vivant, écouter ce que les scientifiques ont à nous dire. Même la Maison-Blanche s’y met, à propos du changement climatique. « Aujourd’hui, il n’y a pas de plus grande menace pour notre planète (…), dit le président Obama. Dans des années, je veux être capable de regarder nos enfants et nos petits-enfants dans les yeux et leur dire que nous avons fait tout notre possible pour la protéger. » Nous pourrions préciser : pour « les » protéger. —

    http://www.terraeco.net/Proteger-les-animaux-que-nous,59566.html

    +++

    Benoît Barvin


    votre commentaire
  • ***

    Pensées pour moi-même:

    (LE SAGE PEUT-IL ÊTRE

    SAGE À DEMI?)

    ***

    (L'Homme Métallique cherchait à se greffer un coeur humain)

    modernizor Source: magictransistor

    ***

    librinfo74.fr

    Liberté d’expression.

    Les Norvégiens ont le droit de blasphémer

       Il est désormais légal en Norvège de faire outrage à une religion. Mardi 5 mai, les parlementaires ont approuvé à l'unanimité l’abolition de la loi qui interdit le blasphème, relate le journal norvégien chrétien Vårt Land. Le texte sera adopté définitivement mardi 12 mai.

       Cette question était en discussion depuis 2005, mais suite à l’attentat qui a visé Charlie Hebdo le 7 janvier dernier à Paris, les parlementaires ont jugé nécessaire de trancher. Dans leur proposition de loi du 10 février, les deux députés Anders B. Werp (du parti conservateur) et Jan Arild Ellingsen (extrême droite) ont noté qu’“il est temps que la société défende clairement la liberté d’expression, y compris dans les questions religieuses.”


       Si la question a fait consensus au Parlement, la presse, elle, est divisée. Ainsi, pour Finn Jarle Sæle, rédacteur en chef de l’hebdomadaire chrétien Norge idag (La Norvège aujourd’hui), le changement de la loi sur le blasphème est un “suicide culturel” “Aujourd’hui, notre système de valeur n’a plus de fondement. Même si la Constitution affirme que le christianisme et l’humanisme sont la base de l’Etat, il n’y a plus de contenu.”

       Pour le plus grand quotidien du pays, Aftenposten, le mot ‘blasphème’ devrait sortir du vocabulaire, car il sous-entend “qu’il est possible d’‘insulter’ une religion. Or, on peut insulter une personne, pas une religion.”

       La dernière fois qu’une personne a été accusé de blasphème en Norvège remonte à 1933. L’auteur Arnulf Øverland avait fait un discours intitulé “Le Christianisme, la dixième plaie”. Il a été acquitté la même année.

    http://www.courrierinternational.com/article/liberte-dexpression-les-norvegiens-ont-le-droit-de-blasphemer

    ***

    "Cette Veuve joyeuse était évidemment ma Belle-Mère qui allait maintenant s'occuper de moi". Jacques Damboise in "Pensées contraintes".

    plumedecajou.com

    Après Charlie.

    Vu des États-Unis :

    pourquoi nous avons besoin du blasphème

    Ross Douthat
    Publié le 7 janvier 2015 dans

    The New York Times (extraits) New York

       Il y a un mois, 17 personnes périssaient dans des attaques à Paris. Dont une grande partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Mais le droit de critiquer et même d’offenser est inhérent à la démocratie. Il doit être défendu, surtout lorsqu’il est menacé par la violence, écrivait alors The New York Times.

       A la suite du terrible massacre dans les locaux de Charlie Hebdo, permettez-moi d’exposer trois ébauches de principe quant à la place du blasphème dans une société libre.

       1. Le droit de blasphémer (et à toute autre forme d’offense) est essentiel dans une démocratie.

       2. Le blasphème n’est pas un devoir, la liberté d’une société n’est pas proportionnelle à la quantité de blasphème qu’elle produit, et dans bien des situations il est légitime de critiquer la volonté d’offenser, de la dénoncer comme inutilement provocatrice, cruelle ou tout simplement imbécile.

       3. En règle générale, plus le danger que court le blasphémateur est mortel, moins il est justifié et sage de critiquer son discours offensant. Le premier point sous-entend que les lois contre le blasphème sont intrinsèquement antidémocratiques. Le deuxième point signifie que faire preuve de retenue, en termes culturels, sur l’expression du blasphème est tout à fait compatible avec les règles d’une démocratie et qu’il n’y a rien d’antidémocratique au fait de remettre en question la sagesse, l’adéquation ou la décence de dessins, d’articles ou de quoi que ce soit visant, de façon intolérante ou grossière, ce qu’une partie de la population considère comme sacré.

       Il est certain que cette remise en question peut effectivement friser l’hostilité à la démocratie – ce qui est trop souvent le cas – selon le degré de pression qui s’exerce et le flou qui finit par entourer la définition de l’“offense”. Mais nos libertés fondamentales ne sont pas forcément menacées quand, par exemple, la Ligue catholique américaine condamne des œuvres d’art comme Immersion (Piss Christ, d’Andres Serrano, 1987). Pas plus qu’elles ne sont mises en danger par l’absence de caricatures grotesques de Moïse ou de la Vierge Marie dans les pages du Washington Post et du New York Times.

       La liberté implique certes celle d’offenser, mais elle autorise également les gens, les institutions et les communautés à réclamer de la retenue et à en faire preuve. Mais, aujourd’hui, nous sommes dans une situation où s’applique mon troisième principe, car le genre de blasphème que commettait Charlie Hebdo risquait d’avoir des conséquences mortelles, et tout le monde le savait. Et ce blasphème-là est justement celui qui doit être défendu, parce qu’il sert évidemment le bien de tous dans une société démocratique.

       Si un groupe assez important d’individus est prêt à vous tuer pour quelque chose que vous avez dit, c’est que ce quelque chose doit fort probablement être dit. Sinon, cela revient à donner aux apôtres de la violence un droit de veto sur la civilisation démocratique, et dans ce scénario la civilisation en question n’est en réalité plus démocratique. Une fois encore, la liberté ne se mesure pas à la capacité de tout un chacun d’offenser tout le monde tout le temps, et il n’y a rien de répréhensible à préférer une société où le blasphème gratuit est limité. Mais quand au blasphème répond le meurtre, il nous faut plus d’insolence, et non moins, car on ne saurait laisser croire aux assassins que leur stratégie pourrait s’avérer payante.

       Sous cet angle, beaucoup de ceux qui, en Occident, ont critiqué les journalistes de Charlie ont pris très exactement le problème à rebours. Que ce soient la Maison-Blanche d’Obama et le magazine Time par le passé, ou le Financial Times et (que Dieu nous vienne en aide) la Ligue catholique américaine aujourd’hui, tous ont reproché à l’hebdomadaire d’avoir suscité la violence en se montrant inutilement offensant et“incendiaire”, alors qu’en réalité c’est précisément la violence qui justifie le contenu incendiaire. Dans un autre contexte, où les dessins et autres provocations ne feraient qu’entraîner des communiqués de presse ulcérés et des commentaires outrés sur les blogs, je pourrais comprendre le rédacteur en chef Europe du Financial Times, Tony Barber, quand il écrit que des publications comme Charlie “prétendent se battre pour la liberté en provoquant les musulmans, alors qu’en fait elles sont juste stupides”.

       Mais si, en publiant quelque chose, vous prenez le risque d’être massacré, et que vous le faites malgré tout, vous êtes en train de vous battre pour la liberté, et c’est justement dans ce contexte que vous avez besoin que vos concitoyens passent outre à leur malaise et se mobilisent pour vous défendre. Bien trop souvent, c’est au contraire que l’on assiste en Occident : les gens sont prompts à invoquer la liberté d’expression pour justifier à peu près toutes les agressions et les provocations, avant de se défiler à la moindre menace. Preuve qu’en fin de compte il faut bel et bien du courage pour repousser les limites. Faut-il donc, quel que soit le contexte, célébrer, honorer et louer toutes les offenses délibérées ? Je ne pense pas. Mais, face aux canons des fusils, il faut les saluer et les défendre, au nom de la liberté et de la démocratie.

    http://www.courrierinternational.com/article/2015/01/14/vu-des-etats-unis-pourquoi-nous-avons-besoin-du-blaspheme

    ***

    Luc Desle


    votre commentaire
  • °°°

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA PAROLE DU MAÎTRE

    EST FLUIDE COMME LE VENT)

    °°°

    (Alors ce papillon, surgi de nulle part, vint

    se poser sur ses lèvres qui s'apprêtaient à

    dire des bêtises...)

    "Heu... dème... bas..."

    Photo like butterflies par Marta Bevacqua

    http://renardiere.tumblr.com/post/117905719390/photo-like-butterflies-par-marta-bevacqua

    °°°

    "Z'ai cru voir un gros sasseur...

    - Gros, n'exagérons pas..."

    dark-sapo-sun-yoa:

    °°°

    "Fous tormir, maindenant..."

    (chuchoté):

    "- Question accent, c'est toujours une catastrophe...

    - Hélas oui..."

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/

    °°°

    "Heu... Tu ne crois pas que tu as oublié quelque chose?

    - Le cheval?"

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/image/117876608531

    °°°

    Blanche Baptiste


    votre commentaire
  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE METS JAMAIS

    TA BONTÉ EN BERNE)

    ***

    "Alors, Deckard, prêt pour le grand plongeon?

    - Heu... Je ne sais pas nager, tu ne l'ignores pas?

    - Effectivement..."

     http://thevaultofretroscifi.tumblr.com/post/117684582382/madebyabvh-blade-runner

    ***

    "Lâche-moi, sale roumi!

    - Je veux juste qu'on prenne une

    douche ensemble, tu veux bien?"

    Barbe Rouge (couverture Yves Thos)

    bedetheque.com

    Quand la Méditerranée était musulmane

    Pauline GUENA

    LA MER DES CALIFES :
    UNE HISTOIRE DE LA MÉDITERRANÉE
    MUSULMANE (VIIE-XIIE SIÈCLE)
    Éditeur : SEUIL

       Le titre du dernier ouvrage de Christophe Picard sonne presque comme un poème : la Mer des Califes. Après d’autres, il y démontre que les pouvoirs musulmans ne se sont pas détournés de la mer : la tradition braudelienne, qui faisait de l’Islam un acteur secondaire en Méditerranée, doit désormais intégrer les marchands, les combattants, mais aussi les fonctionnaires et les dirigeants musulmans qui ont mis à profit les côtes et le large.

       Christophe Picard lui-même a largement contribué à la réévaluation de la place de l’Islam en Méditerranée occidentale, notamment par des études sur les modes de mise en défense des côtes : les arsenaux, mais aussi les ribat, ces fortifications frontalières où des soufis et d’autres mujahidun prenaient part à la défense, menant là une vie religieuse et militaire. Mais si « la part des gens d’Islam »  en Méditerranée entre le VIIe  siècle et le XIe  siècle est déjà connue, l’auteur déplore qu’on l’oublie souvent en chemin. C’est le cas d’Horden et Purcell, dans leur grande œuvre The Corrupting Sea, une histoire de la Méditerranée parue en 2000 et pensée comme une réponse à Braudel. La Mer des Califes est entièrement dédiée à cette part de l’Islam, sans s’interdire en outre des regards vers les mondes latins et grecs.

       Le défi de cette Histoire de la Méditerranée musulmane, tient surtout dans l’ampleur des sources mobilisées. Ayant élargi son champ d’étude à l’intégralité du monde méditerranéen musulman depuis les années 1990, ainsi que proposé plusieurs travaux de nature plus culturelle , l’auteur fait ici dialoguer de nombreux textes produits par différents pouvoirs musulmans, pour tenter de trouver, à travers les spécificités régionales, une unité qui s’est d’abord inventée par la littérature géographique et par la diffusion de modèles littéraires abbassides. (...)

       (...) Alors que la présence musulmane s’est imposée facilement dans l’Océan Indien, elle s’est heurtée à de vraies résistances en Méditerranée. Cette difficulté en fait la mer du jihad, celle de la confrontation avec les infidèles, où se développe un discours politique sur la guerre sainte.

       La chronologie classique de l’expansion maritime de l’Islam part timidement de la première expédition vers Chypre en 644 pour se perdre en divers raids souvent attribués à l’initiative spontanée de corsaires. Seul le Xe  siècle est largement reconnu comme un moment de suprématie maritime musulmane, défendue par les trois califats : celui des Abbassides de Bagdad au pouvoir depuis 751, des Omeyyades de Cordoue (929-1031) et des Fatimides du Caire (909-1171). Cette suprématie serait minée dès le XIe  siècle par l’éveil capitaliste des villes italiennes, tandis qu’en Occident la puissance maritime musulmane se prolongerait jusqu’aux XIIe  ou  XIIIe  siècles. Sans réellement contester les bornes finales de cette chronologie traditionnelle, Christophe Picard s’attarde plutôt sur les quatre premiers siècles de l’Islam et dépeint un monde complexe où la présence musulmane jouait un rôle premier. Si bien que si les Latins imposent leur avantage au tournant du XIe et XIIe  siècle, ce n’est que « dans le temps long du Moyen Age » que « se fit la différence » .

       Pour comprendre comment une telle chronologie a pu s’imposer, l’auteur en propose une autre : celle de l’écriture de l’histoire au service des califes. Les premiers écrits de Musulmans sur la Méditerranée sont l’œuvre de combattants, et remontent à la deuxième génération des croyants, mais ils ne nous sont parvenus que par des chaînes de transmission comparables à celles des hadîths. Les sources byzantines puis latines viennent compléter des informations autrement dépendantes des chroniques musulmanes postérieures. En quoi ce filtre des sources transforme-t-il notre perception de la Méditerranée ? Parce que les descriptions arabes de la Méditerranée qui apparaissent au IXe  siècle, ainsi que les informations qui y filtrent sur les deux siècles précédents, participent d’un programme de légitimation du califat des Abbassides . Mais l’auteur montre que les Rashidun puis les Omeyyades ne se sont pas détournés de la mer : avant l’avènement des Abbassides ils ont mené une série d’entreprises vers l’Orient méditerranéen, dans le contexte desquelles s’inscrit par exemple la victoire des Mâts de 655 contre la flotte de l’empereur byzantin .

       Sous les Abbassides, la mer n’est ni le centre de l’intérêt militaire, ni le cœur des sources, et pourtant le rivage syrien a connu un investissement des califes et de leur famille à travers la mise en place d’un glacis défensif concentrant les forces qui étaient auparavant réparties entre littoraux syriens et égyptiens. Parce que l’expansion s’arrête et que la guerre sainte devient défensive, le discours sur lejihad change de nature : il ne s’exerce plus seulement par les armes mais aussi par les plumes de fonctionnaires dévoués. Cette époque correspond au morcellement du pouvoir et à l’apparition de califats concurrents : les Omeyyades et les Fatimides. D’où une compétition qui est aussi littéraire pour s’approprier le jihad des premiers siècles. (...) 

       (...) Le propos de Christophe Picard est donc complexe, car il tient dans chaque chapitre trois fils : les faits historiques qu’il rappelle sommairement pour ne pas perdre en route le lecteur moins au courant de l’histoire musulmane, les sources qu’il manie en virtuose en proposant de très nombreuses citations extrêmement bienvenues dans un ouvrage qui fait la part belle à l’histoire littéraire, et les conditions de leurs créations qui viennent expliquer comment s’est élaboré sur plusieurs siècles et plusieurs milliers de kilomètres un discours unifiant concernant la Méditerranée des Musulmans où dominait l’idée du jihad.

       L’ouvrage n’a pas pour but de relativiser l’importance du jihad dans la relation de l’Islam médiéval à la Méditerranée. Au contraire, l’auteur revient par exemple sur les thèses formulées en 1994 par Khalid Yahya Blankiship  pour affirmer que l’avènement des Abbassides n’a entraîné qu’une évolution vers un jihad plus défensif, mais qui serait resté au cœur du discours du califat . Les descriptions géographiques qui se développent alors dans un contexte palatial irriguent le monde musulman, façonnant une histoire officielle, fruit d’une sélection des documents antérieurs, qui participe à plusieurs constructions.

       Par exemple, le fameux stéréotype du « pirate sarrasin », qui aurait écumé la mer en dehors de tout contrôle officiel du VIIe  au IXe. Christophe Picard, s’appuyant sur ses propres travaux mais aussi sur ceux d’autres historiens tels que Pierre Guichard, montre pourquoi ces raids n’étaient pas privés. Ils s’inséraient sans doute dans des plans d’ensemble commandités par des pouvoirs légitimes. Il dénonce aussi à plusieurs reprises l’idée que le jihad exclurait toute relation commerciale ou diplomatique. Pour nourrir son analyse de la complexité des relations construites d’une rive à l’autre, il sollicite l’important travail de Shlomo Goitein sur les documents de la Genizah, par lesquels on connait depuis les années 1960 l’ampleur des réseaux commerciaux entretenus depuis le IXe siècle par les populations juives du Caire .

       Enfin, l’ouvrage montre efficacement comment le phénomène de peuplement des côtes commence bien avant le XIIIe siècle : créés en Orient par des lettrés syriens, les ribat se diffusent tout autour de la Méditerranée musulmane et participent à fixer sur les rivages des populations importantes. Mais si les textes « tentent de nous convaincre de l’uniformité des défenses musulmanes tout le long des rivages de la Méditerranée » , l’archéologie vient contredire cette impression d’unité et révéler les spécificités des architectures militaires locales.

       Cette géographie qui nous est parvenue par des copies ou des imitateurs, Christophe Picard prend le temps de la contextualiser dans un mouvement plus large d’accumulation et d’institutionnalisation du savoir — entre autres du savoir grec distingué de la culture byzantine — arrivé à maturité sous l’égide des Abbassides. Autant qu’une rivalité avec les Byzantins ou avec les Musulmans concurrents, il y avait donc aussi une rivalité avec les théologiens qu’étaient les oulémas. En faisant d’un savoir encyclopédique une des caractéristiques de la haute administration, les Abbassides se donnaient les moyens de confisquer à leur profit le jihad en tant que source de légitimité.

       La fameuse « révolution du Xe  siècle » marquée par une exceptionnelle maîtrise de la mer, n’est donc qu’un « saut historiographique »  : un moment où la rivalité entre califats aurait entraîné une multiplication des chroniques, des géographies et des textes juridiques. Une véritable « guerre médiatique fit sortir du silence le monde maritime des régions musulmanes », dont restèrent tributaires les écrits musulmans concernant la Méditerranée jusqu’aux Ottomans. Sous l’histoire culturelle se cache donc une histoire très politique. Le plan du livre, relativement complexe parce que très argumenté, le démontrait ; le flot de l’écriture et la richesse des citations qui se répondent d’un chapitre à l’autre le donnent à sentir. Il y a deux manières de lire ce livre : comme une démonstration serrée, ou comme des variations autour d’un thème, mais les deux mènent à la même image : une mer de papier derrière laquelle il faut deviner ceux qui occupèrent réellement la Méditerranée.

     http://www.nonfiction.fr/article-7563-quand_la_mediterranee_etait_musulmane.htm

    ***

    Luc Desle


    votre commentaire
  • ¤¤¤

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MENTEUR EST-IL

    DUPE DE LUI-MÊME?)

    ¤¤¤

    "Mais puisque je vous dis que je ne vous

    laisserai jamais tomber! Allez, laissez-moi respirer"

    http://zeroing.tumblr.com/

    ¤¤¤

    "Alors, tu tires ou tu pointes?

    - J'en sais rien, Moi...

    C'est écrit en chinois!"

    "La fille du garagiste prétendit qu'il fallait lui resserrer certains boulons". Jacques Damboise in "Pensées incertaines".

    strategika51.wordpress.com

    Moyen-Orient.

    D’où viennent les armes de l’Etat islamique ?

       La récente découverte d’un fusil d’assaut de fabrication chinoise dans l’arsenal de l'organisation Etat islamique relance le débat sur le commerce des armes au Moyen-Orient. Les grands pays exportateurs d’armes, à commencer par les Etats-Unis, ne peuvent plus fermer les yeux sur cette question.

       Fin février, un chercheur de la société britannique Conflict Armament Research, spécialisée dans l’inventaire des armes de guerre, a fait une découverte étonnante. En mission à Kobané – ville du nord de la Syrie, théâtre des combats des forces kurdes contre l’organisation Etat islamique [(EI) ou son acronyme arabe Daech] pendant plusieurs mois –, il a mené une enquête à partir d’un fusil d'assaut ayant appartenu à un combattant de Daech. L’arme dont le numéro de série avait été effacé ressemblait en tout point à un M-16, le fameux fusil d’assaut de l’armée américaine en circulation dans la région. Mais diverses recherches lui ont permis d’affirmer avec certitude qu’il s’agissait en réalité d’un fusil d'assaut CQ de fabrication chinoise, rapporte The New York Times Magazine.

       Depuis un an, Conflict Armament Research dresse méthodiquement l’inventaire des armes, véhicules et équipements utilisés par les combattants de l’EI. S’il s’agit pour la plupart d’armes américaines, un rapport publié le 6 octobre 2014 a montré que les équipements de Daech proviennent en réalité de 21 pays différents, parmi lesquels la Russie et la Chine. (...) 


       (...) Si l’on en croit le long article de Foreign Policy sur le sujet publié en octobre 2014, ce n’est donc pas la première fois qu’on découvre une arme chinoise dans l’arsenal de Daech. Mais un fusil d’assaut CQ de fabrication chinoise, c’est une première ! Or, en 2013, un groupe de recherche indépendant suisse a prouvé que les rebelles du Soudan du Sud avaient en leur possession d’importantes quantités de ce type de fusil d’assaut chinois. Il apparaît donc clairement “que l’EI a obtenu des armes qui transitaient de l’Afrique de l’Est vers la Syrie”, poursuit le New York Times.

     L’information montre que Daech ne cesse de multiplier et de diversifier ses sources d’approvisionnement d’armes et d’équipements militaires. “On retrouve dans l’inventaire de l’EI tous les grands pays exportateurs d’armes : des cartouches de Russie et des Etats-Unis, des fusils de Belgique ou de pays de l'ex-bloc soviétique, des missiles antichar fabriqués par MBDA, le leader européen dans le domaine”, précise le New York Times.

       Plus l’arsenal s’agrandit, plus la position de certains Etats qui combattent l'organisation terroriste devient inconfortable.Si les armes passent aussi facilement d’un conflit ou d’une force combattante à l’autre, alors ces mêmes conflits ne peuvent être considérés comme ‘clairement distincts’, pour reprendre les mots de James Bevan,  directeur de Conflict Armament Research.

       Ce fait ne peut plus être ignoré par les Etats qui exportent ou vendent des armes, quel que soit le pays destinataire. “Les armes que possède l’EI ont dans la plupart des cas été exportées en premier lieu par des pays qui avaient l’intention de rendre la région concernée plus sûre. Aujourd’hui elles sont au contraire utilisées par des combattants (…) qui défendent une organisation djihadiste en train de devenir la plus importante et la plus violente de notre époque”, conclut le quotidien.

    http://www.courrierinternational.com/article/moyen-orient-dou-viennent-les-armes-de-letat-islamique

    ¤¤¤

    Benoît Barvin


    votre commentaire
  • @@@

    Pensées pour nous-mêmes:

    (ÉMERVEILLE-TOI À CHAQUE

    JOUR NOUVEAU)

    @@@

    "Heu... Y'a quelqu'un?"

    (En vieillissant, la timidité de Monsieur Timide

    ne s'arrangeait pas)

    (Source: catastrofe, via fabforgottennobility)

    @@@

    (Quand il était seul, dans son appartement,

    ce Super Héros faisait le cacou)

    (Source: westcoastavengers, via mayamistake)

    @@@

    (Au petit matin mon rêve de gloire s'enfuit au galop)

    (Source: johnstortz, via see-you-cowboy)

    @@@

    (L'auto-flagellation était le péché mignon de ce petit animal)

    (Source: radthai, via thefilthyblog)

    @@@

    Jacques Damboise et Nadine Estrella


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique