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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA TERRE EST UN GRAIN DE BLÉ
    DANS L'IMMENSE UNIVERS)

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    "Enfin on nous rend hommage...
    Appelez-moi m'am'zelle Tarzan"


    Singeries
    Guillaume Liégard

       (...) En énonçant que l’homme descend du singe, Charles Darwin provoqua un beau scandale. On sait depuis que la réalité est bien pire : l’homme ne descend pas du singe, il est un singe comme les autres !

       
    Les deux clades ci-dessus indiquent la même chose sur le fond, mais n’induisent pas nécessairement la même symbolique.

       - Le premier très traditionnel place l’homme en bout de chaîne et sous-tend le message suivant : l’homme est plus proche du chimpanzé que du gorille. A part quelques créationnistes acharnés, c’est une conclusion tout à fait admise.
       - Le second, tout aussi vrai, ne dit pas autre chose. Mais si on se place du point de vue du chimpanzé, on peut le traduire de la manière suivante : le chimpanzé est plus proche de l’homme que du gorille. Si cette affirmation ne fait pas de doute du point de vue de la biologie moléculaire, testez-là autour de vous et vous verrez qu’elle ne relèvera pas de la même évidence que la première conclusion.

       Excepté la haute opinion que nous avons de nous-mêmes, il n’y a pas lieu d’un point de vue phylogénétique de constituer deux groupes séparés entre l’homme d’un côté et les grands singes de l’autre. Il existe d’ailleurs un débat pour savoir s’il faut inclure, ou non, les chimpanzés dans le genre homo. De plus, il est désormais bien établi que ce qui a été longtemps considéré comme le propre de l’homme, par exemple l’utilisation d’outils, la transmission culturelle ou la sexualité existe aussi chez d’autres grands mammifères en particulier chez les grands singes. Mais alors que nous reste-t-il ? (...)

       (...) Que nous dit Lucien Sève (auteur d'un article, dans l'Humanité, consacré au film de Disney "Chimpanzés) :« Ce qui fait frontière entre les grands singes et nous, ce n’est pas une série de propres individuels mais un gigantesque propre social : le cumul historique continu de productions collectives ».

       Il est absolument incontestable que « ce cumul historique »marque une vraie spécificité entre nos sociétés d’aujourd’hui et les populations de grands singes, mais du coup se posent immédiatement deux questions. Comment caractériser homo sapiens jusqu’à la révolution néolithique, c’est à dire au mieux jusqu’à 10/12 000 ans avant le temps présent ? Et comment définir les populations, certes numériquement très faibles, de chasseurs/cueilleurs qui subsistent dans les grandes forêts primaires d’Amazonie, de Papouaisie, voire d’Afrique équatoriale ? 

       Incontestablement ces populations d’hier et d’aujourd’hui font bien partie de la même espèce que nous et d’ailleurs personne ne le conteste, mais il n’y a pas de doute que ces populations n’ont pas organisé la production sociale des moyens de subsistance. Le travail ne saurait donc être un discriminant suffisant. Il est donc inutile et peut-être dangereux d’identifier comme le fait Sève le propre de l’humanité avec l’existence d’atelier. Une phrase comme celle-ci, « ce qui a produit le passage d’Homo sapiens au genre humain civilisé, ce n’est pas la nature mais l’histoire sociale » peut aussi avoir une interprétation détestable. (...)


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    "Si je m'habille tous les jours comme ça?
    Evidemment, cette question!"

    photo by Peter Basch 1963

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    "Croix de bois, croix de fer,
    si je mens, je le dis à l'UMP
    qui ne rectifiera pas"

    Vite fait, bien faux
    Pierre Rimbert

       (...) Quoi de plus savoureux qu’une fausse information rebondissant de support en support au gré des reprises non vérifiées ? Le 7 janvier 2011, le journaliste Jean Quatremer met en ligne sur son blog Coulisses de Bruxelles un texte sobrement intitulé « Jean-Luc Mélenchon aime la dictature cubaine et le dit (bis) ». Sur la base d’une information communiquée par un internaute, il écrit à propos du coprésident du Parti de gauche : « Comme me l’a signalé Toral, voici ce qu’il[M. Mélenchon] déclarait au Monde diplomatique daté du 5 juillet 2010 : “(…) Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle.”» Las, la référence est (doublement) erronée : non seulement le propos de M. Mélenchon n’a pas été publié par Le Monde diplomatique, mais ce journal, arrimé depuis 1954 à une périodicité mensuelle, n’est daté d’aucun jour particulier comme un simple coup d’œil à la « une » suffit à s’en convaincre. Il n’y a donc pas plus de Monde diplomatique « daté du 5 juillet 2010 » que de beurre en broche.

       Cette vétille aurait pu s’abîmer sans bruit dans la fosse commune des bévues de presse si la négligence de Quatremer n’avait cette fois fonctionné comme un test collectif de paresse intellectuelle. En effet, la référence falsifiée réapparaît le 17 avril 2012 — cinq jours avant le premier tour du scrutin présidentiel — dans un article de l’essayiste anticastriste Jacobo Machover publié par le site d’information Atlantico. On y lit : « “Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle”, déclarait Jean-Luc Mélenchon dans Le Monde diplomatique de juillet 2010. » La précision « daté du 5 » a disparu mais la fausse référence demeure, Machover, parfois décrit comme « universitaire », n’ayant pas jugé utile de la vérifier.

       L’idée n’a pas davantage effleuré M. Jean-François Copé. Dans sonManifeste pour une droite décomplexée (Fayard, 2012), le secrétaire général de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) se lance dans une diatribe contre M. Mélenchon et le Front de gauche. « Quel leader politique peut affirmer sans rire qu’il “félicite Cuba, sa résistance et les contributions qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire universelle ? (1)” Jean-Luc Mélenchon ! », écrit-il page 188. Une note précise : « 1. Le Monde diplomatique, 5 juillet 2010. » Copié-collé : signe d’usure, style d’avenir. (...)

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    Benoît Barvin

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