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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES FRUITS DU BONHEUR
    ONT UNE DATE DE PÉREMPTION)


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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (78)
    pcc Benoît Barvin


    Murmure

       Cet appartement était très calme. Bien que situé en pleine ville, ce quatrième étage sans ascenseur me libérait de la pesanteur de la foule, des piétinements, des coups de klaxon et, je l'espérais, de toute pollution sonore. J'y étais installé pour créer mon "oeuvre", celle que je ne désespérais pas d'écrire afin de laisser une trace de mon passage sur la planète. J'avais déjà le plan du livre, ne restait plus qu'à le coucher sur ma tablette.

       N'eut été cet étrange murmure entendu, dès la première nuit, j'étais dans d'excellentes conditions pour travailler... "Étrange murmure" qui semblait sourdre de tous les coins de l'appartement. Aussi bien de la porte d'entrée, que de la grande baie donnant sur la rue, des toilettes même, via le conduit d'aération... En fait, il ne s'agissait que du bruit d'une conversation dont je ne percevais pas la teneur. Il n'y avait que cet affolement, dans une des voix, qui m'intriguait.

      Les premières nuits, je ne me levai pas. Je restai dans le noir, le corps et l'esprit engourdis, avec cet étrange murmure qui voletait mollement dans l'espace, autour de moi. Puis, évidemment, mon naturel inquiet prit rapidement le dessus et je me mis à tendre l'oreille, tentant de comprendre ce que disaient les deux voix.

       L'une d'elle, comme je l'ai signalé, semblait se confesser alors que l'autre me paraissait effrayée. Une dispute entre deux voisins? L'hypothèse n'était pas sotte. J'avais emménagé dans un petit immeuble qui réunissait le cosmopolitisme inhérent au Pays. Une femme divorcée venant du Maghreb habitait au premier étage, avec son bébé qui pleurait invariablement une partie de l'après-midi. Une famille venue des îles montait et descendait les escaliers en riant aux éclats. Mes voisins du dessous, eux, représentaient ce que dans la Grande Amérique on aurait nommé des "Petits Blancs".

       La fumée de leurs cigarettes, pompées à toute heure du jour et de la nuit, s'infiltrait par la chambranle de la porte d'entrée. Je les entendais qui parlaient forts, qui s'envoyaient parfois des mots méchants, via des sortes de hurlements soudains, comme ceux poussés par des animaux qui cherchent à effrayer le partenaire... avant d'en venir aux mains.

       Rapidement je fus persuadé qu'il s'agissait de ce couple qui, de plus, était porté sur la boisson - je les voyais souvent au troquet d'en face, attablés, un ballon de rouge à la main. C'était donc ces deux-là, qui ne me disaient jamais bonjour, qui semblaient même ricaner en me croisant dans l'escalier, qui, la nuit, se parlaient ainsi. L'un - ou l'une? - insultant l'autre et le conjoint élevant la voix... 

      Un certain malaise, maintenant, se faisait jour. Débordant d'une vive imagination je finis par émettre une hypothèse: je savais que le couple s'insultait et, si j'en croyais certains bruits, parfois les gifles volaient. Et si ce que j'entendais - et qui avait toujours la même teneur - n'était autre que la résultante d'un conflit qui venait de dégénérer? Si l'un des protagonistes, se lâchant sur son adversaire, l'avait soudainement blessé? Et si ce que je percevais n'était autre que la confession du futur meurtrier envers sa victime qui se mourait?

       Il me fallut une nouvelle semaine pour que cette hypothèse se nourrisse des cris brutaux que poussèrent de plus en plus souvent mes voisins; du coquard que j'aperçus sur le visage de la femme... J'étais persuadé que l'un d'eux allait commettre l'irréparable et que, par un phénomène qui ne se révèle qu'aux esprits "éclairés" - ceux des artistes -, je savais, par avance, ce qui allait se dérouler. Mais comment le prévenir? A qui en parler sans susciter l'incompréhension?

       Juste avant de me coucher, un soir de cette même semaine, on frappa à ma porte, avec insistance. Une voix grasse m'intimait l'ordre d'ouvrir. Je reconnus celle de l'homme. "Ça y est, pensai-je. Il l'a fait" en voyant son faciès moustachu déformé par le judas. Et il venait me demander des comptes... Je ne fis ni une ni deux, j'ouvris avec brutalité la porte d'entrée et poussai l'individu, avec force, dans la cage d'escalier.

       Surpris, l'homme poussa un cri et dévala les marches lourdement avant de heurter le mur d'en face et il resta immobile, sur le palier. J'entendis quelque part un hurlement, alors que je descendais lentement les marches... L'épouse était dehors, mal fringuée comme à l'habitude. Je perçus un "Mais? Mais qu'est-ce que vous avez fait? Vous l'avez tué!!".

       Et je m'entendis m'excuser, cherchant des circonstances atténuantes, les phrases se déroulant toutes seules dans mon cerveau qui les avait adoptées, maintenant, alors que la femme, hystérique, reprenait son hurlement et que je m'approchais d'elle, décidé à la faire taire une fois pour toute, afin que le calme revienne dans ce petit immeuble, situé dans une portion tranquille de la Ville...


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    Bebel Gilberto - Bim Bom






        Bebel Gilberto (née le 12 mai 1966 à New York) est une chanteuse populaire brésilienne souvent associée à la bossa nova. Elle est la fille du compositeur João Gilberto et de la chanteuse Miúcha, elle-même sœur de Chico Buarque. Plusieurs de ses chansons sont apparues dans la série Nip/Tuck.


    http://fr.wikipedia.org/wiki/Bebel_Gilberto

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    Gino Lorier - Samba Do Orfeu - Bossa Nova ( Brasil )



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    Bossa nova gospel - Brasil - Gilberto França 



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    Nadine Estrella

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