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    Pensées pour nous-mêmes:

    (ETRE LE ROI DES SOTS

    NE TE FERA PAS PROGRESSER)

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    "Alors, mon petit lapin blanc, tu aimes ma nouvelle tenue?"

    "Il pensa qu'il pensait mais ne sut dire à quoi". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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    (Source: pinterest.com)

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    Le club des Cassandre

    Pierre VERHAS

       Ces trois dernières semaines ont été marquées par les massacres de l’Etat islamique à Paris et leurs conséquences sur les libertés fondamentales. Le juge d’instruction belge Michel Claise n’hésite pas à affirmer dans un entretien à la Libre Belgique du 5 décembre : « Le blanchiment d’argent et la corruption représentent 6 % du PIB mondial, soit des milliers de milliards d’euros. Sans criminalité financière, il n’y a pas de massacre au Bataclan. Tout est imbriqué. Ce qui s’est passé à Paris est un épiphénomène. Il va y avoir d’autres attentats ou des cyberattaques importantes, si l’on n’agit pas. On est dans une situation telle qu’on va prendre une vague en pleine poire. »

       Depuis longtemps, on dénonce le financement occulte de ce nouvel Etat qui par la stratégie de l’horreur déstabilise tout le Moyen-Orient et répand la terreur en Europe et même aux Etats-Unis.

       On désigne depuis longtemps l’Arabie Saoudite. La dépendance de l’Occident industrialisé aux hydrocarbures est telle que ce royaume féodal peut tout se permettre. Sa la loi est basée sur une conception rigoriste de la religion qui enferme son peuple dans un carcan tel que toute liberté est exclue, où la femme est réduite en esclavage.

       On désigne depuis longtemps le Qatar, cet émirat gazier détenteur d’une immense manne financière qui lui donne la maîtrise de pans entiers de l’économie européenne, pratiquant l’esclavage et soumettant aussi son peuple au carcan de la religion.

       On désigne depuis longtemps la Turquie dirigée par un parti religieux dont le chef est un apprenti dictateur aux ambitions démesurées qui instaure petit à petit la loi religieuse au détriment de la laïcité kémaliste.

       Et Israël qui dérive de plus en plus vers l’extrême-droite joue un jeu ambigu à sa frontière syrienne. Et il est de notoriété publique que des combattants de Daesh sont soignés dans des hôpitaux israéliens, comme dans des établissements de soins en Turquie.

       Tous ont donc une relation équivoque avec Daesh. L’aide financière provenant du royaume saoudien et/ou de grandes familles princières lui est essentielle et elle ne peut passer que par des circuits off shore. De même, la vente de pétrole par l’Etat islamique ne peut que prendre des circuits parallèles et son financement emprunte des filières illégales qui – par définition – échappent à tout contrôle international.

       En outre, chacun sait que les bombardements effectués par la « coalition » sont inefficaces, meurtriers et générateurs indirects de terrorisme, alors que les grandes puissances ont les moyens de tarir, voire de couper ces circuits parallèles de financement et de récupérer l’argent « sale » qui y circule.

       C’est donc la volonté qui n’existe pas. On peut même se poser la question : le souhaitent-ils vraiment ? C’est cela la culpabilité des puissances européennes et des EU.

       Michel Claise constate : « C’est le cataclysme, la prise de pouvoir par les mafias, par l’argent sale. En Italie, 50 % de l’économie est dirigée par la mafia. Et si vous voulez tuer cette mafia, il faut s’en prendre à leurs avocats. Il n’y a pas de grande criminalité sans conseillers, institutions bancaires… Comme le dérèglement climatique, le dérèglement financier est irréversible. C’est la faute de l’homme et on ne peut plus faire marche arrière, mais on peut encore limiter la casse. Ce qui m’inquiète, c’est l’avenir des démocraties. Cette aggravation de la fracture sociale va entraîner des radicalisations et pas spécialement islamistes. »

       Pour le démontrer, le juge financier de Bruxelles vient de publier un ouvrage intitulé : Essai sur la criminalité financière – Le club des Cassandre. (...)

       (...) L’ouvrage commence par le texte de « l’appel de Genève ». Il s’agit d’un texte signé le 1er octobre 1996 à Genève par sept magistrats européens dont le juge français Renaud Van Ruymbeke, le Belge Benoît Dejemeppe, l’Espagnol Balthazar Garzon Rea, l’Italien Edmondo Bruti Liberati, etc.

       Cet appel est une mise en garde de la société contre la criminalité financière « qui s’est emparée de l’économie et de la finance dans des proportions inquiétantes, de l’impact de ce phénomène dans la démocratie et de la réticence des dirigeants à vouloir la combattre. Et de plaider pour la création d’un espace judiciaire européen qui permettrait une lutte décente et cohérente contre ce cancer mondial. »

       L’auteur fait ensuite un relevé historique. La criminalité financière est née selon lui quand « les sociétés se sont organisées en un système reposant sur une structure politique, mêlant étroitement pouvoir et richesse. » Il prend pour exemple l’Athènes de Périclès, société organisée avec un système sophistiqué d’impôts où déjà régnaient la corruption et la fraude fiscale. Les marchands créèrent dans les îles ioniennes des paradis fiscaux pour échapper aux taxes portuaires des ports du Pirée. On croirait déjà vivre le système « off shore » des armateurs grecs contemporains en grande partie responsables de la crise grecque !

       Tout était objet de fraude, même les Jeux olympiques… Platini et Blatter n’ont rien inventé ! Ces systèmes se sont répandus par après dans la Rome de la république et de l’empire. Un magistrat, Cicéron, a lutté contre la fraude du gouverneur de Sicile Verrès et parvint à le faire condamner. Au Moyen-âge, les seigneurs et les paysans ne purent frauder la dîme (un dixième des récoltes dus à l’Eglise) sous peine des pires tourments. La fraude reprit lorsque se développèrent les villes.

       La corruption s’est généralisée durant la Renaissance et sous le règne de Louis XIV, il y eut le scandale Fouquet accusé de fraude et condamné à la confiscation de ses biens et à l’exil ou emprisonné sous un masque de fer… Au XVIIIe siècle, il y eut l’affaire de la Compagnie des Indes qui implique le célèbre poète Fabre d’Eglantine, ce qui le conduisit à la guillotine. Au XIXe siècle, il y eut l’affaire du canal de Panama où fut mêlé Ferdinand de Lesseps.

       Au XXe siècle, la crise de 1929 permit le renforcement considérable des mafias. Le célèbre Al Capone (il y a un musée à son nom à Chicago !) outre sa violence inouïe fut un grand criminel financier. En France, en 1933, il y eut l’affaire Stavisky qui se « suicida » le 8 janvier 1934 à Chamonix. Michel Claise ne peut s’empêcher de reproduire le titre du Canard enchaîné à l’époque : « Stavisky s’est suicidé d’une balle tirée à trois mètres : voilà ce que c’est d’avoir le bras long ! » (...).

    "Il pensa qu'il pensait mais ne sut dire à quoi". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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       (...) Il y a donc dans l’histoire une constance de la criminalité financière. Cependant, d’après Claise qui se réfère à l’historien Hobsbawn, si le XXe siècle a commencé en août 1914 avec la Première guerre mondiale, il s’est achevé en novembre 1989 avec la chute du Mur de Berlin. La grande rupture eut lieu à ce moment lorsque les Allemands venus de l’Est et ceux de l’Ouest se rencontrèrent librement pour la première fois à Berlin.

       Il écrit : « Et pourtant cette date devenue symbole aux yeux des rêveurs se transforme en cauchemar, en nous faisant pénétrer brutalement dans le temps des nouveaux chaos, ceux des bouleversements économiques qui entraînent l’appauvrissement des classes moyennes, par la réduction du pouvoir d’achat la baisse des pensions… Le chemin qui mène au IIIe millénaire semble nous conduire droit vers un désastre. »

       Cela rejoint ce qu’écrivait Naomi Klein en 2008 dans La stratégie du choc, [Chapitre 11 « Le feu de joie d’une jeune démocratie – La Russie choisit l’option « Pinochet », pp. 266 et suivantes] quand elle raconte comment les Occidentaux réunis à l’occasion d’un sommet G7 en juillet 1991 à Lancaster en Grande Bretagne où Mikhaïl Gorbatchev fut invité en tant que chef de la nouvelle URSS. Il y subit un diktat : vous devez appliquer immédiatement une thérapie de choc consistant en la libéralisation totale de l’économie soviétique sous le contrôle du FMI. Et ce n’est pas négociable ! Il n’eut aucune porte de sortie. L’URSS fut dissoute, Gorbatchev renversé au profit d’Eltsine qui imposa les réformes par un coup d’Etat en envoyant les chars bombarder le Parlement de Moscou appelé « la Maison blanche »…

       L’analyse de Michel Claise est complémentaire : « La dislocation du bloc communiste va créer, dans un premier temps, une apparence de progrès démocratique par le retour des libertés, mais va aussi lâcher, avec la force destructrice de flots libérés par un barrage, le flux des criminalités venant de l’Est : prostitution, trafics en tous genres et surtout blanchiment de l’argent des oligarques. »

       Vient ensuite l’explosion des moyens de communication qui font « disparaître les frontières nationales de notre planisphère, le transformant en circonférence plane sur laquelle se balade désormais librement les professionnels de l’économie et de la finance, licites comme illicites, alors que les pays restent engoncés dans les murs de leurs frontières, peinant à réglementer la folie des marchés, et que les autorités fiscales et judiciaires se sentent bien incapable de lutter efficacement contre les criminalités financières internationales. »

       Ainsi, observe-t-on un parallèle entre la déréglementation voulue par les tenants du néolibéralisme et l’augmentation de la criminalité financière qui atteint des proportions inégalées dans l’histoire.

       Avec la crise des subprimes de 2007-2008, on s’aperçoit que ce sont les banques elles-mêmes qui organisent la fraude. « Le plus grand risque est celui qui pousse le néolibéralisme à favoriser le flirt entre l’économie licite et les entreprises pirates, pour tenter de combler les trous. »

       Ainsi, peut-on se poser la question : « les entreprises pirates » ne prennent-elles le dessus sur l’économie « licite », à l’instar des flibustiers qui furent les maîtres des mers aux temps glorieux de la navigation des XVIIe et XVIIIe siècles ?

       La solution ? Changer la société tout simplement ! Michel Claise cite là nouveau l’historien Eric Hobsbawn : « … la rançon de l’échec, c’est-à-dire le refus de changer la société, ce sont les ténèbres. » (...)

       (...) Mais qu’est-ce que la criminalité financière ? Les conceptions des uns et des autres sont foncièrement différentes. Aussi, Michel Claise propose de se baser sur le comportement des gens dans leurs relations économiques. En l’analysant, il met en évidence sept « marches » qui conduisent à la criminalité financière.

       À défaut d’une définition, cette image des sept marches permet de bien cerner la question.

       La première est banale et est gravée dans nos mœurs : c’est l’appel à un corps de métier pour une réparation. On le paye sans facture. Ainsi, on élude la TVA. Bah ! Ce n’est pas trop grave…

       La seconde, c’est plus sérieux, mais tout aussi courant. On transforme sa maison et on fait appel à un entrepreneur qu’on paye en partie « en noir ». Et des indépendants font passer la partie « officielle » en frais professionnels… Ainsi, ironise l’auteur, une piscine se transforme par miracle en cloisons de bureau ! En outre, on ne prête aucune attention sur le statut des ouvriers qui creusent ladite piscine.

       La troisième, c’est la corruption de fonctionnaires notamment pour des projets immobiliers. « Il se murmure qu’il n’existe pas de projets immobiliers d’envergure sans dessous de table à certains politiques pour l’obtention d’autorisations administratives. ». Ici, on est à la limite de la criminalité financière.

       La quatrième, c’est l’évasion de fonds pour éviter les taxes et précomptes. Dans ce cas, le quidam qui cherche à planquer son magot est obligé de faire appel à des intermédiaires. Ainsi, se tissent des réseaux qui peuvent devenir mafieux.

       La cinquième marche, c’est la fraude fiscale organisée comme ce qu’on appelle « le carrousel de la TVA ». Ici, il s’agit d’un comportement volontairement délictueux. C’est donc un élément de la criminalité financière.

       Quant à la sixième, c’est l’argent généré par le crime (stupéfiants, traite des êtres humains, trafics d’armes, etc.).

       Enfin, la septième, c’est le terrorisme qui nécessite de grands moyens financiers pour être « opérationnel ».

       En conclusion, Michel Claise « ose » une définition : « [la criminalité financière est] une somme de comportements de personnes physiques, morales et de droit public, parfaitement conscientes de la transgression de règles pénales nationales et internationales en vue de l’appropriation par celles- ci de produits illégaux et de leur recyclage, par le biais d’entreprises licites ou occultes et par l’utilisation de moyens financiers classiques, ou tous autres moyens en ce compris l’usage de la violence. »(...)

    (Suite à lire sur):

    http://www.legrandsoir.info/le-club-des-cassandre.html

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L’HUMILITÉ EST-ELLE

    LA MAÎTRESSE DE TA VIE?)

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     (La mangeuse de chaussures à talon en pleine action)

    labsinthe:

    “The Girly Show” Karmen Pedaru photographed by Mert & Marcus for W 2012

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     "C'est bizarre, pensa le chat, mais j'ai l'impression d'être suivi"

    Vanja Cuculić

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    "Ton salut au soleil est nul. Le soleil est derrière toi!

    - Celle-là, tu me l'as déjà faite..."

    (via iambound2win)

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     "Jack!Pas la peine d'en rajouter... J'ai compris.

    On fait ça chez moi ou chez toi?"

     http://clevermo.tumblr.com/post/132779418975

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    Jacques Damboise et Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE LAIT DE TA MÈRE

    EST CELUI DE LA TERRE)

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    (Manifestement les rockeurs étaient

    sacrément surveillés par les Autorités) 

     https://ello.co/ugdtg

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     bbs-consultant.net

    Que faire avec les 30 000 livres

    d’Alberto Manguel?

    Caroline Montpetit 

     
       L’écrivain Alberto Manguel s’apprête à quitter la France pour s’installer dans un appartement de New York. À l’heure du virage numérique, qu’adviendra-t-il de son imposante bibliothèque ?

        Alberto Manguel chérit les livres. Ils ont nourri toute son oeuvre, depuis le temps lointain où il faisait la lecture à Jorge Luis Borges, devenu aveugle, à Buenos Aires. Manguel a laissé les traces de cette relation unique avec la lecture dans les 30 000 livres de sa bibliothèque personnelle, installée depuis une quinzaine d’années dans un ancien presbytère d’un village du Poitou, en France.  « La bibliothèque d’Alberto Manguel, c’est plus qu’une bibliothèque, dit Jillian Tomm, spécialiste des sciences de l’information de l’Université McGill. C’est un peu comme une maison. C’est comme si sa bibliothèque contenait toute sa personne. »

     Depuis quelques mois, Jillian Tomm, qui a fait ses recherches sur la collection Kiblansky de l’Université McGill, vit une expérience fabuleuse. Dans le petit village de Mondion, dans le sud de la France, elle fait l’inventaire de l’une des bibliothèques les plus fascinantes qui soient : la bibliothèque privée d’Alberto Manguel. Jillian Tomm s’est en effet donné comme mission de cataloguer les quelque 30 000 livres de la bibliothèque de l’écrivain.
     
       « Sans catalogue, une bibliothèque n’existe pas », disait Manguel, au moment de lancer l’exposition Une bibliothèque, la nuit, qu’il cosigne avec Robert Lepage à la Grande Bibliothèque, à Montréal, jusqu’à la fin du mois d’août. Mais le catalogue de sa bibliothèque, Alberto Manguel l’a dans sa tête. « Il cite un passage d’un livre et peut vous dire exactement à quel endroit ce livre est sur l’étagère. Mais personne d’autre que lui ne pourrait dire où est ce livre », dit Jillian Tomm.
     
       « Je n’ai pas de mémoire pour les têtes, ni pour les noms, ni pour les dates, mais dans ma bibliothèque, je me retrouve », confirme l’écrivain. « Je pense que l’expérience du monde nous vient d’abord par les livres, ajoute cet érudit. Les livres nous donnent les mots pour nommer notre expérience matérielle et spirituelle. »

      Mais voilà. Après avoir trouvé un asile parfait pour sa bibliothèque il y a 15 ans, Alberto Manguel doit déménager… dans un appartement de New York. Il doit donc trouver un nouveau gîte pour son bien le plus précieux, sa collection de livres. Pourtant, même dans son presbytère de France, la bibliothèque d’Alberto Manguel a déjà un certain caractère public. N’est-ce pas elle qui a permis à Manguel d’écrire Journal d’un lecteur, Une histoire de la lecture, et aussi La bibliothèque, La nuit ? Très marqué par l’écrivain Jorge Luis Borges, qu’il a connu adolescent et à qui il a fait la lecture, Manguel a ainsi créé un labyrinthe bibliothèque, tel qu’on aurait pu en trouver dans l’oeuvre de l’écrivain aveugle argentin.

        « Il y a des annotations dans ses livres qui renvoient à d’autres livres », explique Jillian Tomm, qui tente de préserver ce précieux héritage. Au-delà des notes et des dédicaces de personnages célèbres qui se trouvent dans la bibliothèque de Manguel, l’écrivain a aussi laissé des traces des lieux de ses lectures : un billet d’avion dans un livre qu’il a lu lors d’un certain trajet par exemple, tout ce qui permet de réancrer les livres dans les lieux où ils ont été lus. Bref, la bibliothèque de Manguel est en quelque sorte une espèce en voie de disparition.

       « Nous manquons de lieux pour réfléchir », disait récemment l’écrivain, lors du lancement de son dernier livre, De la curiosité, paru aux éditions Actes-Sud, qui se penche particulièrement sur l’oeuvre de Dante. L’écrivain admettait aussi récemment ne jamais lire sur une tablette ou tout autre support numérique. « Le problème, c’est qu’aucune technologie n’est immortelle, dit l’auteur en entrevue. Toute technologie change et toute technologie se voit menacée ou remplacée ou améliorée par une autre. La sagesse serait de garder ou d’essayer de garder toutes les technologies ensemble. »

        L’industrie, cependant, tente de nous faire accepter qu’il n’y a qu’un seul choix technologique possible, ajoute-t-il. « Alors que la technologie numérique permet d’accéder rapidement à des informations précises, elle ne peut nous prêter service pour une lecture lente. Si je lis un livre de Marie-Claire Blais, pour parler d’un auteur québécois, je veux pouvoir m’arrêter pendant ma lecture », dit-il. Toutefois, l’écrivain ne s’inquiète pas tant que cela de la menace d’amnésie qui plane, à l’heure du numérique tous azimuts. Cette menace d’amnésie a pesé sur le monde à différentes époques, dit-il.

       Il dit cependant souffrir énormément de la perspective de devoir vivre loin de ses livres et de sa bibliothèque. « C’est un mythe », dit-il, de croire que tous les livres se trouvent dans toutes les grandes bibliothèques. « Je peux chercher un exemplaire de Mme Bovary, avec une certaine préface et, surtout, avec mes notes manuscrites dans les marges », dit-il.

        « Alberto Manguel souhaiterait que cette bibliothèque le suive à New York », poursuit Tomm, qui s’applique pour l’instant à détailler le catalogue de la bibliothèque de façon à ce que l’écrivain puisse au moins consulter ce catalogue à distance. « Au mois de mars, nous allons tout emballer, dit Manguel. La bibliothèque va être mise dans un dépôt aux États-Unis, en attendant sa résurrection. » Alberto Manguel, qui est un Canadien d’origine argentine, ne sait pas lui-même ce que l’avenir lui réserve. Et il n’a pas exclu la possibilité d’élire un jour domicile à Montréal. En espérant que ses livres le suivront.
     
     

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (AS-TU ASSEZ DE SOUFFLE

    POUR SUIVRE LE MAÎTRE?)

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    (Moi, j'aime pas Alice...

    Elle est méchante!)

    (Jacques Damboise in "Pensées de mes enfants")

    artisafeeling:

    Peter Slavik

    http://petarsaur.deviantart.com/

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    "Le chat chasse la chatoune chaude". Jacques Damboise in "Pensées scrogneugneu".

     k00ls.overblog.com

    Les communs :

    penser autrement

    le rapport à la propriété

    Interview réalisé par Pascal Greboval

       Du 5 au 18 octobre 2015 a eu lieu Le Temps des communs, un festival d’initiatives auto-organisées et décentralisées, initié par l’association Vecam. Valérie Peugeot nous éclaire sur ce mouvement qui entend faire connaître et grandir les communs.

       / Pouvez-vous définir ce qu’est un commun ?

       - Un commun est une ressource régie par un régime de partage, qui échappe à la propriété publique et privée telle qu’on la connaît depuis des siècles. Le commun est géré par une communauté qui instaure des règles permettant de protéger la ressource, de la faire fructifier, de la partager, etc. On peut prendre comme exemple le four à pain : une communauté – des habitants du quartier – va décider qui a accès au four, à quelle heure, pour combien de temps et qui doit le réparer le cas échéant. Vous me direz qu’il ne s’agit pas d’un exemple très contemporain, mais il paraît qu’il existe encore des fours à pain qui sont régis par ce système-là ! Il y a bien entendu des exemples plus près de nous. Dans le monde numérique, les plus connus sont les logiciels libres, l’encyclopédie Wikipédia et l’outil de cartographie partagée OpenStreetMap.

       Dans le monde matériel, un commun peut être une communauté de paysans qui s’organise pour échanger des semences et résister au système actuel de privatisation des semences. Il peut s’agir également d’individus qui se regroupent pour construire un habitat partagé et imaginer des règles de gouvernance loin des logiques spéculatives, à l’instar de ce que porte Community Land Trust ; ou encore d’habitants qui se regroupent pour financer, faire construire une éolienne et décider de la manière dont la ressource énergétique va être distribuée.

       Historiquement, les communs étaient plutôt des communs de proximité, ancrés dans des territoires ; ce sont eux qu’a étudiés Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie 2009. Aujourd’hui, la question des communs échappe à son ancrage territorial, pour deux raisons : d’une part parce que, avec le numérique, des communautés peuvent travailler de façon totalement distribuée et déterritorialisée. D’autre part parce qu’on se met de plus en plus à penser des communs universels, qui concernent l’humanité entière, comme le climat, l’eau, Internet, des ressources dont on voit bien que les modes de gouvernance actuels ne permettent pas de les protéger.

       / En quoi les communs peuvent-ils participer à la transition ?

       - Au-delà des réponses très concrètes et pratiques que les communs apportent, ils permettent aussi de voir le monde autrement. Ils ouvrent une « brèche politique » là où, depuis la révolution industrielle, le monde est pensé de façon totalement binaire avec, le marché d’un côté, et la puissance publique de l’autre. Nous sommes en permanence en train d’osciller entre ces deux modèles selon qu’on est de gauche ou de droite. Les communs nous disent qu’on peut faire autrement, et ce, à la fois dans le domaine économique et dans le domaine politique. Et c’est là où il y a une brèche.

       On crée un nouvel imaginaire : il ne s’agit pas d’une utopie totalisante, mais de la conviction que le monde peut être plus divers qu’il ne l’est aujourd’hui et qu’on peut sortir de cette dualité, élargir le champ des réponses possibles aux difficultés auxquelles le monde est confronté.

       Les communs, c’est d’abord une manière de penser autrement le rapport à la propriété. C’est l’idée qu’on peut avoir des systèmes beaucoup plus complexes par rapport à la gestion économique des biens ; qu’il n’y a pas forcément un propriétaire identifié, privé ou public, mais une multiplicité d’acteurs avec une multiplicité de droits d’usages. Évidemment, le régime de partage et les droits d’usages associés ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agit d’un immeuble, d’une ressource culturelle ou d’un logiciel.

       Cela nous amène à un deuxième espace de réinvention qui est plus collectif : les communs nous invitent à reconnaître, détecter et accompagner les innovations sociales ascendantes portées par les communautés petites ou grandes, pour qu’elles produisent un véritable changement de société et ne soient pas que des micro-initiatives isolées. Cela implique aussi une créativité démocratique : il faut inventer des règles de gouvernance qui doivent coller à la réalité de chaque communauté, penser les articulations, les jeux à somme positive entre les communs, le marché et le secteur public ; enfin, il faut inscrire dans le droit les moyens de protéger les communs.

       L’économie sociale et solidaire (ESS) est proche dans ses aspirations et ses valeurs du mouvement des communs, notamment sur la question de la redistribution. Mais cette branche de l’économie a du mal à appréhender le capitalisme informationnel, là où on a de nouvelles réponses à inventer. Aujourd’hui, deux modèles économiques dominent dans le monde numérique : le premier est basé sur la propriété intellectuelle – par exemple, le logiciel propriétaire –, le second est basé sur l’économie de l’attention – par exemple, une part essentielle des plates-formes du Web qui vivent de la publicité, ou encore le marché de la data.

       Ces deux modèles montrent leurs limites : le premier peut être un frein à la circulation des connaissances, le second fragilise nos vies privées quand il cherche à collecter en masse des données personnelles. De la même manière que le logiciel libre permet de réconcilier circulation de l’information, efficacité et rentabilité économique, nous devons imaginer les services numériques de demain pour lesquels nous pourrons créer de la richesse sans attenter à nos libertés.

       / Pourquoi avoir créé un festival des communs ?

       - Tout d’abord, parce que ces communs sont encore méconnus et qu’on a besoin de faire remonter dans l’espace public ces ouvertures, ces imaginaires politiques et économiques pour que les gens aient envie de leur faire écho, de s’en emparer. Parfois, certaines personnes pratiquent les communs sans s’en rendre compte : par exemple, les parents qui mettent en place un pédibus pour amener leurs enfants à l’école. C’est une forme de commun qui utilise une ressource rare : le temps des parents ! Un peu partout, des communautés se mettent en route pour répondre à des petites ou des grandes problématiques de société : il faut le faire savoir. Ainsi, ce festival veut donner envie à d’autres de construire des communs.

       C’est aussi l’occasion de créer des dynamiques locales, de mettre les acteurs en réseau. Plusieurs villes – Toulouse, Lyon, Bruxelles… – ont aujourd’hui lancé des dynamiques qui vont se poursuivre au-delà du festival.

       / Les communs font passer de la propriété privée au partage des biens. C’est un gros changement dans l’imaginaire des gens…

       - Les communs n’ont pas vocation à se substituer au marché ou à la propriété publique. On a besoin des trois éléments selon le type de ressource à gérer. Ce ne sont pas un « anti-marché », mais un « anti-dérives d’une certaine forme de capitalisme » ! Si le marché était ce qu’il devrait être, c’est-à-dire un espace de transactions et un lieu de sociabilité, ça serait formidable. Mais, aujourd’hui, il ne répond plus aux grands enjeux de société. L’idée est plutôt de ramener le marché là où il est le plus efficace, de ramener la puissance publique là où elle est indispensable et de laisser un espace ouvert pour les communs.

       Ce qui n’empêche pas des formes d’hybridation. Reprenons l’exemple déjà vécu de l’éolienne : une communauté d’habitants s’impatiente face à l’inaction publique en matière de transition climatique et s’organise pour installer une éolienne. Certaines mairies soutiennent ces initiatives en mettant à disposition le foncier sur lequel l’éolienne va être bâtie. Puis, pour que le surcroît de production – s’il y en a – puisse être réinjecté dans le circuit national, la communauté va interagir avec un opérateur d’énergie. Nous sommes alors vraiment dans une logique partenariale. D’ailleurs, cela existe déjà : prenons l’affouage, ce commun naturel historique. Dès le Moyen Âge, les paysans avaient le droit de gérer des forêts.

       Aujourd’hui, il existe toujours des forêts communales dont les habitants gèrent de façon autonome l’entretien et l’usage du bois. La municipalité n’intervient qu’en dernier recours si les habitants n’arrivent pas à s’entendre. C’est une imbrication intelligente de propriété publique, de marché – puisque les habitants peuvent revendre le bois exploité en excédant – et de communs.

    http://www.kaizen-magazine.com/les-communs-penser-autrement-le-rapport-a-la-propriete/

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (EMPLOIE-TOI UNIQUEMENT

    À RESTER UN ÊTRE HUMAIN)

    µµµ

    "Mon truc en plumes
    Plumes de zoiseaux
    De z'animaux"

    (via blogdydypompom)

    µµµ

    (De l'utilité des tigres de zoo dans la Grande Russie)

    humourger.com

    Russie.

    Le conte du tigre et du bouc

    Laurence Habay

       Voilà plusieurs jours que l’histoire de l’amitié entre le tigre Amour et le bouc Timour – le prédateur et sa proie – génère un flot de commentaires et de réactions sur les réseaux sociaux et dans les médias russes.

       Dans le parc animalier de la région du Primorié (Extrême-Orient russe), un tigre a refusé de manger un bouc qui lui était donné en pâture et s’est littéralement entiché de l’animal. Un sentiment réciproque, qui a conduit les employés du parc à laisser dormir le bouc près du carnassier, finalement, comme le rapporte le site d’information russe Vzgliad. Désormais, les deux amis sortent chaque matin se promener ensemble dans la réserve. (...)

       (...) Une idylle touchante, “qui nous en dit plus long sur nous-mêmes que sur les miracles de l’insondable monde sauvage”, commente, désabusé, le quotidien en ligneGazeta.ru. En effet, “l’histoire de cette amitié entre un prédateur et sa proie fait figure de rareté dans le paysage médiatique affolé du moment. Il s’avère que le positif peut aussi générer de la demande, du moins quand il s’agit du monde animal”.

       C’est plus difficile quand il s’agit du monde des humains, surtout en Russie, constate, amer, le journal. Et de filer la métaphore du tigre et de sa proie, pour opposer la violence du pouvoir russe à la faiblesse des citoyens, que cela concerne la taxe imposée aux routiers, la guerre contre la Syrie, contre l’Ukraine, ou l’interdiction de partir en vacances en Turquie.

       “Notre pays, balayé par le vent de la propagande guerrière où dominent l’agressivité et la haine, est ébranlé par cette manifestation de sentiments simples, naturels, ‘humains’.” (...)

       (...) “Si cette histoire nous plaît tant, c’est parce que les gens ordinaires ne peuvent vivre en permanence dans le mensonge, la haine et l’humiliation – or, la victime se sent toujours humiliée. Nous aspirons tous à la chaleur humaine. A l’amitié. Nous voudrions tous que le plus fort ne dévore pas toujours le plus faible, et au contraire l’aime, le défende, partage avec lui sa nourriture et son toit.”

       “Mais, de toute façon, nous n’arrivons pas à croire à la fin heureuse de ce beau conte de fées sur l’amitié d’un tigre et d’un bouc. La plupart des gens qui ont laissé des commentaires sur le site de la réserve sont convaincus que le tigre Amour, tôt ou tard, mangera le bouc Timour, parce que ‘ainsi va le monde’, conclut Gazeta.ru.   

     http://www.courrierinternational.com/article/russie-le-conte-du-tigre-et-du-bouc

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L’OBÉISSANCE AVEUGLE

    TE MÈNERA OÙ?)

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    (Deux gentilles chèvres s'aimaient d'amour tendre...)

    Beth Cavener Stichter ©

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    (Imperturbable, la Mort s'entraînait tous les jours,

    qu'il vente ou qu'il grêle)

    Patrick Gries ©

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    (Parfois les idées noire d'Hubert Lambert débordaient...)

    Laurent Humbert ©

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    "- Ça, un chapeau?

    - Il ne te plaît pas?

    - Mon Dieu... (soupirs)"

    Karen Kananian ©

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    Nadine Estrella


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (IL EST TOUJOURS

    L'HEURE DU SAGE)

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     (Décidément, mon voisin avait terriblement

    la tête dans les nuages...)

     (Source: axphear, via amphitrite101)

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    short-edition.com

    Après les critiques, le bitcoin séduit Wall Street

     Yves Eudes

       Satoshi Nakamoto, l’inventeur du bitcoin, la monnaie numérique circulant sur Internet, vient d’être présélectionné pour le prix Nobel d’économie 2016. Cette candidature est soutenue par l’économiste américain Bhagwan Chowdhry, professeur à l’université de Californie à Los Angeles et membre du groupe de présélection des candidats à la récompense. Sur son blog, M. Chowdhry explique ce choix : « Le bitcoin, qui existe uniquement en tant qu’objet mathématique, a de nombreux avantages sur les monnaies physiques et papier. Il est sûr, car il repose sur un code cryptographique quasiment inviolable. Il court-circuite les gouvernements, les banques centrales, les intermédiaires financiers tels que Visa, MasterCard, Paypal et les banques commerciales éliminant ainsi les délais et les coûts des transactions. »

       M. Chowdhry rappelle aussi que le « protocole du bitcoin » (le programme informatique qui permet à cette monnaie d’exister, appelé aussi blockchain, ou chaîne de blocs de données) peut servir à sécuriser, stocker et transférer toutes sortes de transactions : « les implications sont immenses. Cela va sans doute créer une infrastructure publique, ouverte et décentralisée […] Les grands bénéficiaires seront les consommateurs » – y compris les populations pauvres et marginalisées, qui pourront enfin être incluses dans les circuits financiers.

        Seul problème : Satoshi Nakamoto est un pseudonyme, et personne ne connaît la véritable identité du père du bitcoin. Dans ces conditions, M. Chowdhry admet que les organisateurs du Nobel hésitent à valider cette candidature, mais il propose une solution : si le prix est décerné à Satoshi Nakamoto, le professeur le recevra en son nom, une pratique courante quand un lauréat ne peut pas se déplacer. La récompense financière, 8 millions de couronnes suédoises (863 000 euros), pourra être changée en bitcoins et versée sur l’un des portefeuilles en ligne de Satoshi Nakamoto. Et qui sait ? On peut même imaginer que, flatté par l’honneur qui lui serait fait, il déciderait de venir chercher son prix Nobel, révélant enfin son visage. (...)

       (...) Cela dit, même si Satoshi Nakamoto ne devient pas Prix Nobel, son génie est désormais reconnu de tous – y compris des banquiers internationaux et des traders de Wall Street. Lorsque le bitcoin fit son apparition sur Internet en 2009, il fut d’abord adopté par des geeks rebelles, des cyberanarchistes et des altermondialistes. Pour eux, le bitcoin était un instrument anti-système qui allait concurrencer la finance capitaliste, et créer une structure parallèle plus équitable. Dans le même temps, le bitcoin devint un outil de blanchiment et d’évasion fiscale pour des aventuriers de la finance – oligarques, escrocs, hackers, trafiquants de drogue, marchands d’armes… Résultat de ce développement chaotique : le bitcoin, qui valait 13 dollars en janvier 2013, atteignit 1 124 dollars en novembre de la même année, avant de retomber en dessous de 300 dollars (281 euros).

       En cette fin 2015, le bitcoin repart à la hausse, mais sagement : son cours dépasse les 300 dollars, et plusieurs millions de transactions sont enregistrées chaque mois. Après six ans et demi d’existence, le bitcoin semble sur le point de passer à l’âge adulte. Les professionnels de la finance ont cessé de le dédaigner ou de s’en méfier, et se sont mis à l’étudier, puis à l’adopter. Au lieu d’abattre le vieux système, le bitcoin va peut-être le rajeunir et le renforcer. (...) 

       (...) Plus précisément, les financiers s’intéressent au système informatique qui sous-tend le bitcoin : la « blockchain », le grand livre comptable crypté et unifié, qui valide et mémorise chaque transaction, à l’échelle mondiale. La blockchain est gérée et stockée collectivement, en temps réel, par l’ensemble de ses utilisateurs, ce qui élimine les risques de fraudes et d’erreurs. Contrairement à une base de données ordinaire, elle ne peut pas être modifiée a posteriori. En outre, au-delà de son usage strictement monétaire, une blockchain peut servir à créer, authentifier, stocker et publier n’importe quel type de transaction – par exemple des achats d’actions, ou des contrats d’assurance « malins » capables d’ouvrir automatiquement un dossier en cas de sinistre…

       Sur la place de New York, les initiatives se multiplient. Depuis l’été 2015, les opérateurs du Nasdaq testent l’utilisation d’une blockchain sur leur « Private Market », une plateforme de vente préférentielle d’actions de sociétés qui ne sont pas encore cotées en bourse. Si l’essai est concluant, la blockchain pourrait être introduite dans des places boursières plus importantes. (...) 

       (...) Parallèlement, la société de technologie financière new-yorkaise R3 a monté un consortium baptisé R3 CEV, réunissant des banques d’affaires intéressées par la blockchain. L’un de ses objectifs est de concevoir une nouvelle plateforme de compensation interbancaire qui serait plus rapide, plus fiable et plus transparente que le système actuel, le vieux réseau Swift, lourd, lent, cher et mal sécurisé. Aujourd’hui, un virement entre l’Amérique du Nord et la Chine peut prendre trois jours. Avec une blockchain, il prendrait une fraction de seconde.

       En novembre 2015, le R3 CEV rassemblait déjà 25 grandes banques américaines, asiatiques, australiennes et européennes, dont la française Société Générale. Jamie Dimon, le patron de la banque JP Morgan, a expliqué lors d’une conférence qu’à son avis, le bitcoin lui-même n’a pas d’avenir, car les gouvernements ne vont pas longtemps tolérer une devise échappant à leur contrôle. En revanche, il est persuadé que la technologie de la blockchain est très prometteuse : « Nous avons beaucoup à apprendre dans le domaine des systèmes en temps réel, du chiffrement, de la réduction des coûts et des soucis pour nos clients. ». L’une des dirigeantes de JM Morgan, Blythe Masters, a quitté la banque pour devenir directrice générale de Digital Assets Holdings, une société informatique proposant aux institutions financières une plateforme fondée sur un « hyper-registre crypté et distribué » – en d’autres termes, une blockchain privée. (...)

       (...) D’autres banques comme Citi, HSBC, Barclays ou la Société Générale proposent des stages à des développeurs spécialisés dans la blockchain, afin de créer des cellules de recherche. D’autres se rapprochent de « start-up bitcoin » : dans sa pépinière d’entreprises londonienne, Barclays accueille des créateurs d’entreprise proposant des usages innovants de la blockchain dans le secteur des cartes de crédit et de l’assurance. En septembre, elle a passé un accord avec un petit site de change de bitcoins, tourné vers les ONG.

       En France, les experts en blockchain de la Maison du Bitcoin, installée à Paris, sont invités par des banques mutuelles et des compagnies d’assurances qui souhaitent former leur personnel. De son côté, BNP Paribas tente de familiariser ses employés avec le bitcoin et la blockchain, en publiant des articles didactiques dans son magazine interne Quintessence : « étant donné le potentiel des crypto-monnaies à révolutionner les pratiques bancaires dans la prochaine décennie, les banques doivent investir du temps et de l’énergie afin de comprendre comment elles peuvent les utiliser au mieux, avant que d’autres acteurs interviennent et imposent ces décisions pour elles ». (...)

       (...) Les analystes de BNP Paribas imaginent que l’adoption généralisée de la blockchain provoquerait des bouleversements comparables à l’impact de l’Internet sur de nombreux secteurs économiques depuis une quinzaine d’années, et notamment l’élimination des intermédiaires. En d’autres termes, le jour où les investisseurs disposeront sur Internet d’une blockchain ouverte, fiable et quasiment gratuite pour acheter et vendre des actions, les courtiers deviendront superflus.

       On n’en est pas là, mais dans différents pays, les pouvoirs publics commencent à réglementer le bitcoin – ce qui revient à le légitimer. Le gouvernement britannique a investi dix millions de livres sterling dans un projet de recherche pour étudier « les opportunités et les défis de la technologie de registre distribué », ainsi que « le potentiel économique des devises virtuelles et de l’argent numérique ».

       En octobre, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé que les ventes de bitcoins ne seraient pas soumises à la TVA. En Europe, le bitcoin est donc bien une monnaie, et non pas une marchandise. Avec ou sans prix Nobel, Satoshi Nakamoto vient de remporter une nouvelle victoire.

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/11/24/apres-les-critiques-le-bitcoin-seduit-wall-street_4816598_4408996.html

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU NE PEUX ACHETER LA

    SAGESSE À L’HYPERMARCHÉ

    DE LA VIE)

    ***

    (Apprenez à vos enfants à combattre les communistes

    les femmes, les anti-capitalistes, les djihadistes)

    http://boomerstarkiller67.tumblr.com/post/133728892368/tommy-burst-detective-set-mattel-1961

    ***

    bichau.canalblog.com

    Voyage.

    La face sombre du boom

    touristique en Islande

       2015 aura été une année particulière pour l’Islande. D’ici fin décembre, “la petite île de l’Atlantique Nord, où ne résident que 330 000 personnes, aura accueilli plus de 1 million de touristes”, explique Quartz. Ces personnes qui affluent du monde entier pour visiter les glaciers islandais, se promener à cheval le long des fjords ou observer les aurores boréales durant l’hiver mettent en danger la nature et les ressources de l’île, ajoute le site d’information américain. (...)

       (...) Le tourisme est aujourd’hui la première activité économique de l’Islande, rapportant chaque année près de 7 000 euros en moyenne par habitant, d’après les données l’Agence nationale du tourisme. Mi-octobre, l’organisme a pourtant mis en garde contre le manque d’infrastructures pour accueillir les visiteurs, notamment des toilettes, des parkings et des panneaux de signalisation sur les sites les plus visités du pays comme les chutes de Gullfoss ou le Geysir, célèbre site géothermal.

       Autre fléau pour l’environnement de l’île : les véhicules tout-terrain à bord desquels se déplacent les touristes, qui sortent parfois des pistes pour s’aventurer dans des endroits protégés.  

       “Afin de gérer la nouvelle popularité de l’Islande, certains suggèrent que le nombre de touristes soit limité aux destinations les plus populaires”, poursuit le site. Certains professionnels du tourisme de l’île préconisent notamment de se concentrer sur ceux qui sont prêts à payer un “prix réaliste” pour visiter les sites protégés.

       En somme, moins de touristes, mais des touristes qui dépensent davantage. De nouvelles liaisons aériennes depuis l’étranger vers les zones les moins visitées de l’île, notamment dans l’Est, pourraient, aussi, permettre de mieux répartir les visiteurs. Reste à trouver les financements pour que l’île s’adapte et puisse continuer à accueillir ses nouveaux admirateurs. 

    http://www.courrierinternational.com/article/voyage-la-face-sombre-du-boom-touristique-en-islande

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CONTENTE-TOI DE

    CE QUE TU ES)

    %%%

    "Regarder ce doigt? Et pourquoi pas

    la Lune tant que vous y êtes..."

    life-from-a-window:

    The Night Heaven Fell (1958) - IMDb

    %%%

    blogosapiens.typepad.com

    Légitimer la violence ?

    Anonyme

       Rien, absolument rien, ne peut justifier la violence. En tout cas, c'est le mot d'ordre général. Et ceux qui l'affirment le plus fort, comme par exemple le gouvernement français, sont souvent les mêmes qui la pratiquent au quotidien et sans commune mesure. Car, d'après leur morale très variable, la violence se justifie en permanence.

       Premièrement, la violence peut être défensive. Avec un budget militaire de 31,4 milliards d’euros, la France compte parmi les cinq plus grandes puissances militaires au monde. L’argument principal d’une telle force armée est bien entendu la défense contre l’agression potentielle. Ici, la justification de violence est la préparation contre des actes violents commis par d’autres États ou des civils (étrangers ou non).

       Aussi, la violence se justifierait pour faire cesser la violence. Lorsqu’un dictateur persécute sa population, que des passeurs aident des migrants à se rendre en Europe ou que des groupes para-militaires terrorisent des populations, l’envoi des forces armées devient nécessaire. Toutes ces nouvelles "guerres humanitaires" sont légitimées pour contrer la violence. Cette même violence est utilisée lorsque des manifestations deviennent trop virulentes , celles-ci sont réprimées grâce à des armes, dites "non létales". Ici encore, la violence contre la violence.

       La violence peut être aussi légitimée par un État comme prévention de risque. La guerre d’Irak, par exemple, à été déclenchée par les Etats-Unis pour prévenir les dégâts qu’auraient pu causer des armes de destruction massive. L’emprisonnement, autre forme de violence, est quant à lui requis pour prévenir des actes violents à venir.

       L’État recours aussi à la violence dissuasive. Avec 290 armes nucléaires actives, une fois encore la France fait partie des grand champions de la violence potentielle. Une arme nucléaire étant capable de tuer des civils par milliers, la détention et l’entretien de telles armes est d’une violence symbolique inouïe. Mais une fois de plus, cette violence est légitimée par la dissuasion défensive qu’elle apporte.

       Toutes les violences collatérales sont elles aussi légitimées très facilement. 500.000 enfants Irakiens morts suite à la première guerre en Irak ? Oui, mais "cela en valait la peine" nous dit Madeleine Albright. Les morts de civils tués sous les bombes sont elles aussi légitimées, car dans les guerres libératrices menées par l’occident, on ne fait toujours pas d’omelettes sans casser des oeufs.

       La violence peut aussi se justifier pour des raisons économiques. Des migrants meurent en mer faute de moyens pour les aider ? Des Hommes meurent faute de soins en Grèce et ailleurs suite à la réduction des budgets ? Le tabac tue des milliers de personnes chaque année ? C’est regrettable, mais cette violence est justifiée par les enjeux économiques.

       La révolte populaire est elle aussi légitimée, mais avec une géométrie variable. Les révolutions de couleurs, se passant hors des frontières de l’État sont traitées avec bienveillance voire soutenues militairement, du moins lorsque l’État y trouve son intérêt. Mais malheur à ceux qui se révoltent contre un dictateur allié de la France. Aussi, les résistants et révolutionnaires d’hier sont considérés comme des héros, mais des individus utilisant les mêmes méthodes aujourd’hui seraient persécutés et emprisonnés. La lutte légitime du peuple serait une relique du passé, qu’on expose dans les musées mais qu’on voudrait interdire aujourd’hui, comme une vieille tradition vouée à disparaître.

       L’État ira même jusqu’à légitimer le terrorisme lorsqu’il est dans son intérêt. N’est-ce pas Laurent Fabius qui louait le « bon travail sur le terrain » de la filiale d’Al Qaïda en Syrie ? N’est-ce pas l’état Français qui saborda le Rainbow Warrior en tuant un militant écologiste ? Et comment évoquer les bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagazaki autrement qu’en parlant d’un acte "utilisant la terreur à des fins politiques" ?

       En dernier lieu, tout bien considéré, la violence est légitimée sans aucune raison par les états occidentaux et la France en particulier. Car ces pays sont les premiers constructeurs et vendeurs d’armes, avec un regard nul sur l’utilisation qui est en faite ou pourrait en être faite.

       On le voit donc, la violence est légitimée de mille et une façons par ceux qui l’exercent au quotidien. La perte d’une vie humaine, l’agression, la mutilation sont justifiées par les États​ dans bien des cas par tel ou tel argument. Tantôt les Droits de l’Homme, tantôt la sécurité, tantôt l’économie ou par tout autre moyen susceptible de permettre à l’État d’user de la violence.

        Mais exercer la violence et la subir sont deux choses bien différentes. Et, dans ce dernier cas, le pouvoir étatique est très prompt à délégitimer toute violence en la considérant comme intolérable ou injustifiable. Car il semble bien qu’en aucun cas, aujourd’hui, la contestation populaire, ne devrait être violente. Rien ne semble pouvoir le justifier.

       Contester l’État et les multinationales doit se faire de façon pacifique, et encore, uniquement dans le cadre autorisé par le pouvoir. Car le peuple, lui, n’a pas le droit d’user de ces excuses à la violence. Pas de violence défensive, pas de violence préventive, pas de violence contre la violence, pas de violence économique et surtout pas de violence collatérale. Ce privilège est réservé au seul État en position de domination. En fait, la seule violence inadmissible et intolérable pour les dominants est la violence du peuple contre l’État ou contre l’ordre établi, exercée par les dominés dans leur propre pays. Car cette contestation pourrait remettre le pouvoir du dominant en question ; les révolutions sont rarement pacifiques.

       La lutte contre les guerres injustes, la menace nucléaire, le gaz de schiste, ou les licenciements, la défense contre l’agression publicitaire, l’aide aux plus démunis, la protection de l’environnement et celle de l’avenir de l’espèce humaine ; toutes ces contestations devraient être purement pacifiques. Mais dans ces domaines, quelles avancées les pacifistes ont-ils obtenus durant les 30 dernières années ? Le nombre de civils tués par les "coalitions" ne fait qu’augmenter, le nucléaire n’a jamais été aussi présent, tout comme la publicité. Le chômage en France atteint des sommets, les risques climatiques sont au plus haut et les inégalités ne cessent de se creuser.

       En fonction du côté d’où elle vient, le terme même de "violence" sera totalement différent. Des manifestants brisant des vitres ou brûlant des voitures seront désignés comme de dangereux criminels, mais dans le même temps, un État qui se permet de laisser mourir des centaines de personnes en mer ne sera jamais qualifié comme tel. Lorsque les bombardements "humanitaires" tuent et mutilent des civils à l’autre bout du monde, on parle de simples "bavures", le pouvoir concédant au mieux de légers "regrets".

     

    que-lire.over-blog.com

     

       Des syndicalistes se battant pour leurs emplois se verront traités comme des extrémistes alors que des entreprises bénéficiaires licencient à tour de bras pour aller exploiter la misère à l’autre bout du monde. Le trouble à l’ordre public ou le délit d’outrage et rébellion sont durement condamnés, mais les vendeurs d’armes sont érigés au rang de héros nationaux (Serge Dassault, par exemple, est depuis 2004 Grand officier de l’ordre national de la Légion d’honneur). Une fois de plus, les mots et leurs significations sont détournés afin de faire passer les plus violents de tous pour les défenseurs de la Justice et de la Liberté.

       Malheureusement, la violence du peuple s’exprime lorsqu’il n’a plus d’alternatives. Car quelles alternatives lorsque le suffrage universel ne remplit plus ses fonctions ? Quand un président élu ne respecte aucune de ses promesses de campagne ? Quelles alternatives quand des projets se font au mépris de la démocratie, du droit, des populations et dans des conditions de corruption extrêmes comme à Sivens ou Turin ? Quelles alternatives pour le peuple lorsque la police impunie frappe, mutile et tue sans qu’aucune décision ne soit prise pour endiguer le phénomène ?

       Quelles alternatives lorsque la survie des générations futures est sacrifiée pour que certains puissent gagner toujours plus ? Quelles alternatives pour les citoyens contre la violence des grandes entreprises, locales ou multinationales ? Seule la loi et la protestation pacifique sont les seules options disponibles pour le peuple. Mais la protestation pacifique est ignorée ou réprimée et l’injustice omniprésente. Jamais la violence de l’État n’est mise en cause, celle-ci est légitimée, de fait, par l’usage même de la force, car l’Histoire est écrite par les vainqueurs. La loi du plus fort porte très bien son nom et est la règle partout.

       Alors, tous pacifistes ? Les militants d’aujourd’hui se drapent dans un pacifisme automatique et irréfléchi, imposé par un système ultra-violent, comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives. Malgré qu’au quotidien, et dans tous les domaines, les États justifient leur violence. La violence du dominant sur les dominés. Voila où se situe la morale étatique, la loi du plus fort, du plus riche ou du plus nombreux.

       Ce texte n’est pas un appel à la violence. C’est un appel à moins de violence, plus de justice, de raison et de paix. S’il faut condamner les violences, alors il faut toutes les condamner, y compris les violences étatiques et celles du capital. Mais si, au contraire, la violence est justifiable, si on estime qu’elle peut être utile, voire nécessaire, que certaines causes méritent de se battre violemment, alors le pacifisme absolu des citoyens ne peut se justifier.

    http://www.legrandsoir.info/legitimer-la-violence.html

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (FIE-TOI A LA SAGESSE

    DE LA NATURE)

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    "Je le savais! En tout homme un cochon sommeille!"

    (via horrorjapan)

    ¤¤¤

    "Marie! Tu pourrais mettre un soutien-gorge, tout de même...

    - Pour écouter un disque? N'importe quoi..."

    (Source: vaspandorae, via hundariduke)

    ¤¤¤

    "Lydia! Qu'est-ce que tu fais?

    - Je lis.

    - Tu es sûre?

    - Si je te le dis..."

    (Source: et-ta-bouche-en-peau-de-lys, via a-london-gent)

    ¤¤¤

    (La gymnastique de Monsieur Durand, comptable de son état,

    avait quelque chose de répétitif)

    (Source: gypsyastronaut, via amphitrite101)

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    Jacques Damboise et Nadine Estrella


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