• "Le Petit Chaperon Rouge trouva que le Loup n'avait pas une aussi grande... bouche que ça". Jacques Damboise in "Pensées à pleurer".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (IL EST TOUJOURS

    L'HEURE DU SAGE)

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     (Décidément, mon voisin avait terriblement

    la tête dans les nuages...)

     (Source: axphear, via amphitrite101)

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    short-edition.com

    Après les critiques, le bitcoin séduit Wall Street

     Yves Eudes

       Satoshi Nakamoto, l’inventeur du bitcoin, la monnaie numérique circulant sur Internet, vient d’être présélectionné pour le prix Nobel d’économie 2016. Cette candidature est soutenue par l’économiste américain Bhagwan Chowdhry, professeur à l’université de Californie à Los Angeles et membre du groupe de présélection des candidats à la récompense. Sur son blog, M. Chowdhry explique ce choix : « Le bitcoin, qui existe uniquement en tant qu’objet mathématique, a de nombreux avantages sur les monnaies physiques et papier. Il est sûr, car il repose sur un code cryptographique quasiment inviolable. Il court-circuite les gouvernements, les banques centrales, les intermédiaires financiers tels que Visa, MasterCard, Paypal et les banques commerciales éliminant ainsi les délais et les coûts des transactions. »

       M. Chowdhry rappelle aussi que le « protocole du bitcoin » (le programme informatique qui permet à cette monnaie d’exister, appelé aussi blockchain, ou chaîne de blocs de données) peut servir à sécuriser, stocker et transférer toutes sortes de transactions : « les implications sont immenses. Cela va sans doute créer une infrastructure publique, ouverte et décentralisée […] Les grands bénéficiaires seront les consommateurs » – y compris les populations pauvres et marginalisées, qui pourront enfin être incluses dans les circuits financiers.

        Seul problème : Satoshi Nakamoto est un pseudonyme, et personne ne connaît la véritable identité du père du bitcoin. Dans ces conditions, M. Chowdhry admet que les organisateurs du Nobel hésitent à valider cette candidature, mais il propose une solution : si le prix est décerné à Satoshi Nakamoto, le professeur le recevra en son nom, une pratique courante quand un lauréat ne peut pas se déplacer. La récompense financière, 8 millions de couronnes suédoises (863 000 euros), pourra être changée en bitcoins et versée sur l’un des portefeuilles en ligne de Satoshi Nakamoto. Et qui sait ? On peut même imaginer que, flatté par l’honneur qui lui serait fait, il déciderait de venir chercher son prix Nobel, révélant enfin son visage. (...)

       (...) Cela dit, même si Satoshi Nakamoto ne devient pas Prix Nobel, son génie est désormais reconnu de tous – y compris des banquiers internationaux et des traders de Wall Street. Lorsque le bitcoin fit son apparition sur Internet en 2009, il fut d’abord adopté par des geeks rebelles, des cyberanarchistes et des altermondialistes. Pour eux, le bitcoin était un instrument anti-système qui allait concurrencer la finance capitaliste, et créer une structure parallèle plus équitable. Dans le même temps, le bitcoin devint un outil de blanchiment et d’évasion fiscale pour des aventuriers de la finance – oligarques, escrocs, hackers, trafiquants de drogue, marchands d’armes… Résultat de ce développement chaotique : le bitcoin, qui valait 13 dollars en janvier 2013, atteignit 1 124 dollars en novembre de la même année, avant de retomber en dessous de 300 dollars (281 euros).

       En cette fin 2015, le bitcoin repart à la hausse, mais sagement : son cours dépasse les 300 dollars, et plusieurs millions de transactions sont enregistrées chaque mois. Après six ans et demi d’existence, le bitcoin semble sur le point de passer à l’âge adulte. Les professionnels de la finance ont cessé de le dédaigner ou de s’en méfier, et se sont mis à l’étudier, puis à l’adopter. Au lieu d’abattre le vieux système, le bitcoin va peut-être le rajeunir et le renforcer. (...) 

       (...) Plus précisément, les financiers s’intéressent au système informatique qui sous-tend le bitcoin : la « blockchain », le grand livre comptable crypté et unifié, qui valide et mémorise chaque transaction, à l’échelle mondiale. La blockchain est gérée et stockée collectivement, en temps réel, par l’ensemble de ses utilisateurs, ce qui élimine les risques de fraudes et d’erreurs. Contrairement à une base de données ordinaire, elle ne peut pas être modifiée a posteriori. En outre, au-delà de son usage strictement monétaire, une blockchain peut servir à créer, authentifier, stocker et publier n’importe quel type de transaction – par exemple des achats d’actions, ou des contrats d’assurance « malins » capables d’ouvrir automatiquement un dossier en cas de sinistre…

       Sur la place de New York, les initiatives se multiplient. Depuis l’été 2015, les opérateurs du Nasdaq testent l’utilisation d’une blockchain sur leur « Private Market », une plateforme de vente préférentielle d’actions de sociétés qui ne sont pas encore cotées en bourse. Si l’essai est concluant, la blockchain pourrait être introduite dans des places boursières plus importantes. (...) 

       (...) Parallèlement, la société de technologie financière new-yorkaise R3 a monté un consortium baptisé R3 CEV, réunissant des banques d’affaires intéressées par la blockchain. L’un de ses objectifs est de concevoir une nouvelle plateforme de compensation interbancaire qui serait plus rapide, plus fiable et plus transparente que le système actuel, le vieux réseau Swift, lourd, lent, cher et mal sécurisé. Aujourd’hui, un virement entre l’Amérique du Nord et la Chine peut prendre trois jours. Avec une blockchain, il prendrait une fraction de seconde.

       En novembre 2015, le R3 CEV rassemblait déjà 25 grandes banques américaines, asiatiques, australiennes et européennes, dont la française Société Générale. Jamie Dimon, le patron de la banque JP Morgan, a expliqué lors d’une conférence qu’à son avis, le bitcoin lui-même n’a pas d’avenir, car les gouvernements ne vont pas longtemps tolérer une devise échappant à leur contrôle. En revanche, il est persuadé que la technologie de la blockchain est très prometteuse : « Nous avons beaucoup à apprendre dans le domaine des systèmes en temps réel, du chiffrement, de la réduction des coûts et des soucis pour nos clients. ». L’une des dirigeantes de JM Morgan, Blythe Masters, a quitté la banque pour devenir directrice générale de Digital Assets Holdings, une société informatique proposant aux institutions financières une plateforme fondée sur un « hyper-registre crypté et distribué » – en d’autres termes, une blockchain privée. (...)

       (...) D’autres banques comme Citi, HSBC, Barclays ou la Société Générale proposent des stages à des développeurs spécialisés dans la blockchain, afin de créer des cellules de recherche. D’autres se rapprochent de « start-up bitcoin » : dans sa pépinière d’entreprises londonienne, Barclays accueille des créateurs d’entreprise proposant des usages innovants de la blockchain dans le secteur des cartes de crédit et de l’assurance. En septembre, elle a passé un accord avec un petit site de change de bitcoins, tourné vers les ONG.

       En France, les experts en blockchain de la Maison du Bitcoin, installée à Paris, sont invités par des banques mutuelles et des compagnies d’assurances qui souhaitent former leur personnel. De son côté, BNP Paribas tente de familiariser ses employés avec le bitcoin et la blockchain, en publiant des articles didactiques dans son magazine interne Quintessence : « étant donné le potentiel des crypto-monnaies à révolutionner les pratiques bancaires dans la prochaine décennie, les banques doivent investir du temps et de l’énergie afin de comprendre comment elles peuvent les utiliser au mieux, avant que d’autres acteurs interviennent et imposent ces décisions pour elles ». (...)

       (...) Les analystes de BNP Paribas imaginent que l’adoption généralisée de la blockchain provoquerait des bouleversements comparables à l’impact de l’Internet sur de nombreux secteurs économiques depuis une quinzaine d’années, et notamment l’élimination des intermédiaires. En d’autres termes, le jour où les investisseurs disposeront sur Internet d’une blockchain ouverte, fiable et quasiment gratuite pour acheter et vendre des actions, les courtiers deviendront superflus.

       On n’en est pas là, mais dans différents pays, les pouvoirs publics commencent à réglementer le bitcoin – ce qui revient à le légitimer. Le gouvernement britannique a investi dix millions de livres sterling dans un projet de recherche pour étudier « les opportunités et les défis de la technologie de registre distribué », ainsi que « le potentiel économique des devises virtuelles et de l’argent numérique ».

       En octobre, la Cour de justice de l’Union européenne a décidé que les ventes de bitcoins ne seraient pas soumises à la TVA. En Europe, le bitcoin est donc bien une monnaie, et non pas une marchandise. Avec ou sans prix Nobel, Satoshi Nakamoto vient de remporter une nouvelle victoire.

    http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/11/24/apres-les-critiques-le-bitcoin-seduit-wall-street_4816598_4408996.html

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    Luc Desle

    « "L'amour de sa vie fut responsable de sa mort anticipée". Jacques Damboise in "Pensées pensées"."Cette boussole refusait de m'indiquer la direction de la vie". Jacques Damboise in "Pensées en questions". »

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