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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LAISSE PASSER LA COLÈRE SANS
    L'INVITER CHEZ TOI)


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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/58)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste 

       Dans son carnet, Angélus explique les raisons de ses recherches qu'il savait, déjà, vouées à l'échec.

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



       Adèle apprit, en rentrant au couvent, que le feu avait repris soudainement, dans le séchoir. Il avait fallu s’écarter, des poutres tombaient. Le corps d’Angélus s’était embrasé comme une torche. Tout le monde avait pris peur et s’était éloigné en se signant, comme si la scène quelques instants auparavant miraculeuse, était redevenue diabolique.

       Le soir même, la jeune femme prenait la diligence et quittait définitivement Fontseranne. Elle emmenait dans son bagage ce vieux cahier parcheminé, les fioles et une once de cendre fine qu’elle était retourné prélever dans les décombres encore fumants, là où était tombé Angélus.

       Elle descendit vers la mer d’Espagne, prit le chemin de fer.

       Les paysages défilaient. De temps à autre, elle laissait s’envoler par la fenêtre de son compartiment une pincée de cendre. Les voyageurs qui faisaient route avec elle se demandaient à quel rituel se livrait cette jeune femme au sourire angélique, qui tantôt semait de la poudre aux quatre vents, tantôt en portait une pincée à ses lèvres, religieusement, eût-on dit.

       Une fois franchie la frontière, elle alla jusqu’à Barcelone et acheta un billet pour effectuer la traversée vers Mallorque. Prit-elle le bateau ; renonça-t-elle à ce voyage au dernier moment ? Nul ne le sait, car personne ne put ensuite retrouver sa trace. Ni vers Palma, ni ailleurs.

       Peut-être changea-t-elle d’identité, ou bien de pays. Sa famille, qui faisait partie des « de Lavégende » et qui avaient des appuis haut placés partout en Europe, ne put retrouver sa trace. Adèle s’était comme volatilisée.

       Pourtant, bien des pistes auraient pu les aider dans leurs investigations. Ne trouvait-on pas, en ce début de siècle, des parfumeurs qui surent mettre au point des crèmes remarquables ; des chimistes qui inventèrent des matières textiles de synthèse aussi douces et légères que la soie ? Il est curieux de voir qu’ils égalèrent en cela Angélus. On peut se demander si ce fût par l’effet du hasard, ou si quelqu’un ne leur avait pas transmis les recettes contenues dans le cahier de cet étrange magicien ? Toujours est-il qu’ils en firent commerce et que fortune s’ensuivit. Personne ne pensa que leur savoir venait de plus grand qu’eux et qu’il y avait là un mystère à éclaircir.

       De même, des êtres partirent aux quatre coins du monde pour panser les plaies semées par les guerres et aussi pour aider dans les léproseries. Là-bas, ils soignèrent et soulagèrent leurs frères. Certains y firent des prodiges. On racontait que, dans des contrées reculées de l’Inde, des hommes avaient su redonner apparence humaine aux plus touchés. Ils leur dédiaient leur vie, inventaient des recettes miraculeuses, fabriquaient des onguents qui soulageaient leur peau de bien des maux. Ils ne recherchaient pas la beauté mais parvenaient à donner du bien-être, là où il y avait malaise et souffrance.

       D’où tiraient-ils leur force tous ces êtres remarquables ? Se peut-il qu’ils aient été inspirés de près ou de loin par les découvertes d’Angélus de Fontseranne ? 

    ***

       Une chose est avérée. Angélus marqua pendant un temps, à l’insu de tous, les consciences.

       Fontseranne, après son passage, ne fut plus un bourg terne, enkysté et refermé sur lui-même et sur des principes sclérosants. Contre toute attente, certains jeunes gens dont les neveux et nièces d’Angélus, montrèrent des dispositions pour les études, pour la philosophie notamment et pour les sciences de la nature. Ils finirent par prendre goût pour tout ce qui recélait fragilité et finesse. Des échoppes s’ouvrirent où ils travaillaient avec talent le cuir, les tissus et les métaux précieux. Bien sûr, pour d’autres, cette métamorphose prit du temps, mais il est certain que le bourg connut, avant 1914 et la disparition de tous ses jeunes soldats, deux décennies florissantes.

    ***

       Elaine, pour sa part, se sentait fautive, et de la mort de la mère Supérieure et de celle d’Angélus. Il lui fallut bien des jours pour recouvrer le repos de son âme. Elle fut aidée en cela par le père Grangeais auquel elle se confessa. Le religieux, commotionné par la fin tragique de Camille, par les forces déchaînées de cette funeste Saint-Jean et par la transfiguration de l’apothicaire, avait connu après ces événements une espèce de conversion intérieure qui l’avait amené du jour au lendemain à ne plus se juger ni à juger les autres. La contrition n’était soudain plus de mise et le pardon du Seigneur devenait une évidence quotidienne. Aussi vit-il en Elaine, non pas une personne condamnable mais une future moniale pleine de bonté, de charité et débarrassée enfin de l’aiguillon de la vengeance. Celle-là même qui avait empoisonné l’existence du petit Jean, jusqu’à en faire ce tortionnaire de l’ombre que l’on sait.

       Elaine resta donc au couvent où elle apprit à épurer sa foi. Quelques années plus tard, on lui confia la tâche de diriger la communauté, ce dont elle s’acquitta avec ferveur, grâce et intelligence, pansant les plaies de l’âme des Fontserannais mieux que ne l’avaient fait autrefois les onguents maléfiques distillés par les mains vengeresses d’Angélus.



       Ce dernier resta peu dans les mémoires. Seule perdura de lui la vision que les villageois en avaient eu lors de l’incendie : celle d’un ange qui, soudain, leur serait venu du ciel pour leur faire toucher du doigt une réalité qui jusqu’alors leur avait échappée.

       Mais comme il est dit dans le langage populaire, les anges souvent ne font que passer, et le silence plein de sagesse et de compassion qui accompagne leur venue, touche uniquement les êtres dont les sens sont déjà en éveil et dont le cœur est prêt à accueillir l’impalpable.

    FIN

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    (Niqab transparent appelé encore "jihad nikah")


    (PS: traduit pauvrement en "déshabillé coquin" dans
    le sordide occident)

    TUNISIE
    La prostitution halal des tunisiennes en Syrie

       (...) François Hollande va se rendre les 4 et 5 juillet en Tunisie. Il devrait rencontrer les trois patrons provisoires de la Tunisie, le président de la république, le chef du gouvernement et le président de l'Assemblée constituante. 

       La visite de Hollande sera scrutée car le soutien apporté au président déchu Ben Ali par Nicolas Sarkozy qui, lors de sa visite officielle de 2008, avait salué « les progrès de la démocratie », n'a pas été entièrement oublié ni par les partis au pouvoir ni par ceux de l’opposition. Tout comme ils ne sont prêts pas encore d’oublier les propositions de service de Michelle Alliot-Marie, alors ministre de l’Intérieur, pour mater la révolte. 

       Actuellement, la presse tunisienne, ne cesse de traiter d’un sujet qui fait couler beaucoup d’encre, celui de l’engouement de certaines filles pour le Jihad du Nikah en Syrie. Un grand nombre de tunisiennes qui sont parties en Syrie dans le cadre du “djihad du nikah” ont exprimé leur volonté de quitter les champs de bataille et de regagner leur pays. Ces dernières ont peur d’être tuées par des djihadistes.

       Ces filles viennent pour la plupart des quartiers populaires de la périphérie des grandes villes tunisiennes où elles ont été recrutées pour aller satisfaire les pulsions sexuelles des jihadistes en Syrie. Plusieurs combattant(e)s tunisien(ne)s viennent de France, d’Allemagne et surtout de Belgique.

      Le «jihad nikah» est une forme de prostitution légalisée (ou «halalisée») par certains extrémistes religieux au nom de la nécessaire contribution à la guerre sainte.

       Il est proposé aux djihadistes tunisiennes de se soumettre au «mariage» en s’offrant aux pauvres soldats jihadistes sur le front, pour «les soulager et leur redonner des forces afin qu’ils puissent vaincre l’ennemi». Cette forme de jihad est appelé «jihad du nikah» (de mariage).JP


    @@@

    "Comment ça, ça manque de femme dans l'Empire aussi?
    Et moi, alors?
    - Vous, c'est pas pareil, Maître, vous avez une barbe"

    Star Wars : Irvin Kershner, réalisateur de L'Empire contre-attaque




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    "In God we trust... 
    et également aux chaînes d'infos pourries, évidemment"


    IN GOD WE TRUST | Art Studio Susa

    Comment les chaînes d’infos 
    terrorisent les États-Unis (Alternet)
    Murtaza HUSSAIN

       (...) Pourquoi des milliers de morts par balle chaque année peuvent être acceptés sans effort comme le « prix de la liberté », alors qu’un seul attentat appelle à la suspension des libertés civiles?

       À la suite de l’attentat du marathon de Boston, et pendant l’imposante chasse à l’homme par la police de l’auteur présumé, Dzhokhar Tsarnaev de 19 ans, le journaliste de la NBC David Gregory aurait dit aux téléspectateurs de la TV américaine : "Il s’agit d’un nouvel état de terreur auquel le pays doit s’habituer." Etant donnée la couverture hyperbolique, hors d’haleine, fournie par NBC, CNN, et beaucoup d’autres chaînes d’infos pendant la traque de Tsarnaev, il n’est nullement surprenant d’entendre Gregory faire un tel commentaire. Que ce soit dans un contexte de divertissement ou d’information (distinction qui a été rendue de plus en plus floue par les chaînes TV), la peur et l’hystérie rendent toujours convaincantes les contre-informations si on en voit.

       Cependant, il faut se poser la question devant l’affirmation de Gregory : pourquoi les Étatsuniens – dont le pays possède l’armée la plus puissante de l’histoire de l’humanité et qui dépense plus pour sa défense que l’ensemble des 13 pays suivants – devraient se résigner à vivre "dans un état de terreur" ? Les actions d’un ado révolté et de son frère aîné, assurément abominables, peuvent-elles suffire à terroriser au point de paralyser une super puissance militaire et contraindre les Étatsuniens à renoncer à leurs droits et libertés consacrés par leur Constitution ?

       Depuis le début, la couverture par les médias de l’establishment de l’attentat de Boston et de ses conséquences a été caractérisée par une combinaison d’hystérie et d’inepties. Depuis les rapports initiaux de la police qui cherchait "un homme à la peau sombre" jusqu’à la déclaration complètement erronée et encore inexpliquée du "Day One", qui affirmait qu’un suspect était effectivement détenu, le téléspectateur moyen de Fox, CBS ou MSNBC aura été de loin moins bien informé par la couverture des TV, que s’il s’était complètement abstenu d’infos TV durant la crise.

       Après plusieurs heures de reportages pour leurs millions de téléspectateurs crédules sur des "faits" qui ensuite sont devenus à peine plus que des rumeurs sans fondement, Chris Cuomo de CNN a admis : "OK. Maintenant, vous savez, nous ne savons pas ce qui est exact ou non à ce sujet." On pourrait espérer une telle honnêteté de la part d’une chaîne majeure d’information avant et non après un reportage sur une affaire aussi majeure. Malheureusement le contraire fut vrai.(...)

       (...) Bien que la propagation rapide de rumeurs, l’hyperbole et les insinuations servent très peu à informer et éclairer les millions de personnes qui comptent sur les télés pour s’informer, tout cela fonctionne très bien pour générer l’hystérie et une peur généralisée. C’est moins le résultat d’une grande conspiration que de la simple économie de marché. Tout au long de la crise, les indices d’écoute des grandes stations d’information ont bondi - explosant jusqu’à 194 % des moyennes normales pour CNN et moins, mais de manière importante, pour Fox News et MSBNC.

       Pour une industrie basée sur la publicité, où ces indices d’écoute sont les porteurs normaux de succès et de viabilité commerciale, l’attentat de Boston a fourni un coup de fouet majeur. Dans cet éclairage, on voit diminuer nettement la propension à éviter les commérages salaces et la spéculation – choses qui devraient déclencher inévitablement une grande peur parmi les téléspectateurs démunis de leurs propres moyens d’évaluation des événements  La peur et l’incertitude peuvent être mauvaises pour la population en général ainsi que pour le bon fonctionnement d’une démocratie saine. Mais elles sont indéniablement bonnes pour engendrer de plus grandes et plus lucratives audiences pour les chaines d’infos. Dans le paysage oligarchique des médias, où l’on constate à la fois des barrières élevées aux entrées et des pressions sur les acteurs en présence, les organes d’infos télé ont toutes les raisons de continuer à pousser jusqu’à l’hystérie si cela signifie une plus grande audience. Comme l’a montré leur couverture hyperbolique de la crise de Boston, ils ont peu d’hésitation à le faire quand l’occasion se produit.(...)

       Alors que le terrorisme violent est sans aucun doute réel, il est utile de rappeler quelques données statistiques de base sur le niveau de la menace qu’il représente pour le citoyen moyen. Dans leur rapport de 2010 pour Foreign Affairs, John Mueller et Mark G. Stewart ont fait une analyse comparative du terrorisme par rapport à d’autres causes potentielles de décès pour les Américains. Ce que les résultats montrent, c’est que l’Étatsunien moyen, sur base annuelle, est plus susceptible d’être tué par un de ses appareils électroménagers, par la noyade dans une baignoire, ou dans un accident de voiture impliquant un cerf, que d’être tué dans une attaque terroriste. Sans parler de la menace de la criminalité violente ordinaire, qui pose un danger plus grand que celui de la violence terroriste, criminalité ordinaire qui continue à exploser dans tout le pays.

       Néanmoins, en raison de la couverture médiatique en grande partie déséquilibrée et sensationnaliste, les Étatsuniens ont été plus disposés à se séparer de leurs droits et libertés en réponse aux menaces perçues venant du terrorisme, que des menaces des crimes ordinaires. Vu sous cet angle, il est plus facile comprendre comment de dizaines de milliers de décès par balle tous les ans peuvent être acceptés sans broncher comme le "prix de la liberté", alors qu’un seul attentat peut susciter des appels à la suspension des libertés civiles accordées aux citoyens par la Constitution américaine.(...)

       (...) Il y a les millions d’Étasuniens qui sont régulièrement victimes des médias auxquels ils accordent leur confiance pour obtenir des informations, mais qui, au lieu de cela, voient leurs plus profondes peurs manipulées dans un but financier. À côté de ceux-là, la couverture de l’attentat de Boston a produit un autre type de victime, unique, des médias.

       Le 18 avril, le lycéen de 17 ans Salah Barhoum s’est réveillé pour trouver son portrait en première page du New York Post. La une suggérait qu’il était en fait l’auteur de l’attentat du Marathon de Boston. Le chaos en tous sens et l’hystérie provoquée par la désignation des médias d’un informe « suspect à la peau brune » avait conduit les forums Internet à faire circuler le visage (à peau brune) de Barthoum comme une menace potentielle – chose que le New York Post n’a pas hésité à reprendre comme un fait pour gagner un scoop historique. L’allégation s’est révélée totalement infondée, Barhoum était simplement un spectateur innocent que la police de Boston n’a jamais considéré comme un suspect dans le crime. Néanmoins, le mal était fait.

       Tout en reconnaissant son innocence, le New York Post a refusé de s’excuser pour l’atteinte à la réputation et pour le danger potentiel qu’ils ont causé à Barhoum en l’identifiant faussement comme l’auteur d’un crime qui a provoqué la colère et la peur de tout le pays. Dans son compte rendu des jours suivant son implication erronée par une chaîne d’info importante, Barhoum s’est décrit courant terrorisé de son domicile à son école après avoir vu un homme qu’il pensait le poursuivre. De ses propres mots, il disait de son avenir : « Je vais avoir la frousse d’aller à l’école. Sur les plans professionnels et familiaux, tout va être effrayant ». A bien des égards, c’est encore un individu dont la vie a été terrifiée par un organe majeur de presse, sauf qu’aujourd’hui c’est à cause des actes de ces médias que les craintes de l’étudiant sont tout à fait fondées.(...)

       Murtaza Hussain est un écrivain et analyste basé à Toronto, axé sur les questions liées à la politique du Moyen-Orient.
      Traduit de l’anglais par JP G. pour Investig’Action

    [1]NdT : « Tabacco Moment » fait référence aux risques encourus suite aux poursuites légales que l’industrie du tabac US a subies durant les années 1990.


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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE N'AGIT PAS
    IL EST L'ACTION)

    +++
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/57)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste 

       Soeur Adèle, qui éprouvait un passion trouble pour Angélus, vient de subtiliser son carnet de notes...
    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


       La mémoire tactile va bien plus loin que mes derniers instants. Je peux même dire que le sens du toucher perdure pour celui qui y prête attention. Cela peut sembler une aberration au commun des mortels. Mais que m’importe. Je ne veux convaincre personne, juste témoigner. Le fantastique de la chose, c’est que la sensation est alors pure, totalement débarrassée du jugement, de cet épouvantable antagonisme entre le bon et le mauvais, l’agréable et l’insupportable. 

       C’est finalement ce déclic-là que j’avais attendu toute ma vie : parvenir à me déconnecter de la prégnance du jugement. Enfant, j’avais pu atteindre cet état-là de parfaite osmose avec l’extérieur. Toutes les sensations étaient bonnes pour moi et sources d’étude, qu’elles soient âpres ou tendres. 

       Seule la haine et la stupidité de mes proches ont détourné le cours de ma vie. Sans leur regard d’envie, sans leur rejet, sans leur perfidie, je n’aurais jamais jugé la laideur ou la difformité. Pour moi, tout cela faisait partie du magma vital. 

       Et à nouveau, je ne fais plus de distinctions ; à nouveau, cette grâce m’est donnée. 

       Le feu a parcouru mon corps et j’ai pu jouir de sa caresse brûlante comme je savais jouir de celle du soleil au bord de la rivière des Joncquières. Mon corps asphyxié n’a pas souffert. Par contre, chaque cellule tout à fait consciente de ce qui lui arrivait s’est laissée envahir par la fournaise, donnant au feu sa matière et se gorgeant en échange de son énergie. Les lourds madriers de châtaignier ont mêlé leurs fibres aux miennes en un gigantesque brasier. 

       Il y a eu cette évaporation rapide des liquides intracellulaires, quelque chose de subtil, d’éthérique. Puis la carbonisation des tissus avec la densification de chaque particule et, par-dessus tout cela, la dessiccation qui pulvérise la matière en poudre soyeuse. 

       Je me volatilise dans ces milliers d’atomes, emportés vers le ciel par la chaleur des flammes, dispersés par le vent d’orage au gré des bourrasques, collés à la terre par les pluies à venir, recueillis par la main douce d’une passante exaltée. 

       J’emporte avec moi les secrets de l’impalpable.

    ***
    (A Suivre)

    +++

    "Tiens, sale franglaise!"


    Les Femens ne portent pas de tee-shirts 
    (dicton franglais)
     Théophraste R.


       Les Français, réputés allergiques aux langues étrangères, sont-ils subrepticement devenus anglophones ? Oui, prétendent les enseignes, les pubs, et jusqu’aux noms d’entreprises : épiceries Carrefour City, France Telecom (sans accents aigus), téléphonie Free, Photo-shop…

       Les pires sont les tee-shirts. Il suffit de changer la lettre « j » par « i » et le « J’aime » français devient « I love ». Pour quel bénéfice, ô pédants prétentieux, fats et ignares à la fois? Le nec plus ultra est de supprimer aussi l’article : « I love télévision ». Et non pas « la » télévision. Et notez bien la présence des accents qui, là, ne devraient pas y être, puisqu’on prétend parler anglais.

       C’est le déferlement d’un franglais pathétique. Ah ces complexés recalés au bac qui arborent des tee-shirts de l’université de Los Angeles (UCLA) ou de la poulaillerie New-yorkaise (NYPD), à commencer par l’ex-président de la France, qui parle anglais comme moi, quand je fais le pitre : hi vrite tout te blaque bohardd visse ha pisse of chalque ! (Dedaj et Gensane, anglicistes pointus corrigeront cette phrase).

       (Qui sur la photo ? J’hésite entre Marine et Marion. En tout cas, ce n’est pas Marianne).

       PS. « I love télévision » ! Je ne vous dis pas le niveau de bêtise inconsciente et satisfaite nécessaire pour se transformer fièrement en femme-sandwich qui proclame en subliminal :« I am une abrutie de première et je veux que vous le sachiez ».

       Je préfère les logos des Femens, tiens ! (...)



    +++
    (J'ouvris cette bouteille
    et toutes les nouvelles du Monde
    me sautèrent à la gorge)



    +++

    (Ce travailleur "détaché" était en retard
    à son stand de frites)


    “Le dumping social explose en Belgique”

       (...) La libre circulation des travailleurs dans l’UE a “des effets pervers” qui “gangrènent certains secteurs” de l’économie du pays, estime Le Soir.

       En 2011, on dénombrait en Belgique 337 189 travailleurs détachés, c’est -à-dire envoyés de leur pays d’origine par leur employeur pour travailler pendant une période déterminée, soit 120 000 de plus qu’en 2009. Le quotidien explique que dans l’attente d’une nouvelle directive européenne régulant le système du détachement, cette pratique “tourne au dumping social” :

       L’Etat belge est triplement lésé. Primo, les travailleurs détachés ne cotisent pas au profit de la sécurité sociale belge. Secundo, des travailleurs belges sont mis en chômage économique, le boulot étant effectué par du personnel “importé”. Tertio, les entreprises qui respectent la loi, subissent la concurrence de celles, moins scrupuleuses, qui usent et abusent du détachement [...] (...)





    +++
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU NE TRAVERSERAS JAMAIS
    LA MONTAGNE)
    ***

    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/56)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Angélus, mort, a retrouvé sa beauté angélique...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    l'archange Saint-Michel chasseur de dragons

    CHAPITRE 22

       Adèle était restée un moment pétrifiée face à son archange. Elle était la seule à ne pas s’agenouiller devant lui car, privé de vie, Angélus, telles les statues froides des églises, ne représentait plus rien pour la jeune femme. Lorsqu’elle avait vu la foule mettre le feu à l’édifice, elle ne s’était pas inquiétée pensant qu’Angélus s’enfuirait par le fond du séchoir. Mais, pour une raison inexplicable, le jeune homme était resté et, pour finir, ils l’avaient tué. 

       Qu’il soit transfiguré ne lui apportait ni crainte ni réconfort. Plutôt un vide dont elle mesurerait, très vite, la profondeur. La seule pensée qu’elle avait, à ce moment, c’était qu’elle ne reverrait plus Angélus se baigner dans la rivière des Joncquières. Tout cela était fini. Cet ange-là était mort.

       - Si au moins, cela servait à quelque chose, pensa Adèle. Mais personne sur terre ne peut racheter les péchés du monde. Tout, ici bas, semble soumis à l’éternel recommencement. Si seulement après être tombées, les âmes pouvaient se relever et marcher droit sur la terre... Mais je ne vois que des simagrées, des mensonges, des jalousies... Non, je ne veux pas être des leurs. Tu t’es sauvé Angélus. Moi aussi, je vais me sauver. Il n’y a que cela qui importe.

       Pendant que le groupe demeurait là, prostré, elle redescendit au bourg. Elle croisa en chemin le reste du cortège qui portait, inanimée, Sœur Camille au couvent. La pluie avait cessé et le soleil inondait Fontseranne. Les ruelles étaient désertes. Alors, par la porte brisée de la boutique, la moniale entra chez l’apothicaire, le cœur battant à tout rompre. 

       Elle fureta dans les tiroirs. Ne trouvant rien, elle osa monter au premier et crut, un instant, être entrée dans quelque château féerique. Bien qu’étant issue d’une famille aisée, elle n’avait jamais eu l’occasion de côtoyer un décor aussi raffiné. Non pas dans les couleurs et dans les formes, mais dans la texture de chaque élément qui le composait. De fins voilages vous caressaient le visage lors de votre passage. Les meubles disparaissaient sous des amoncellements de coupons de velours, tous aussi doux et cependant aussi différents les uns des autres que peuvent l’être, pour des connaisseurs, les meilleurs crus de nos vignobles. 

       Il y avait peu de chances qu’elle trouvât ce qu’elle cherchait et pourtant, à force de brasser des étoffes, de remuer des objets délicats, elle finit, ivre de sensations, par mettre la main sur le cahier d’Angélus, celui-là même où, enfant, il avait noté ses premières découvertes et, plus tard, ses formules les plus extravagantes.

       Elle avisa également quelques fioles minuscules et de petits échantillons colorés qu’elle glissa dans sa poche.

       Adèle aurait été bien incapable alors de dire pourquoi elle agissait de la sorte et ce qu’elle comptait faire de ce larcin. Le fait est qu’elle sortit de la boutique, grisée, joyeuse comme une enfant dont on aurait comblé le plus cher désir.

    ***
    (A Suivre)

    ***
    "Que celui qui nous accuse d'espionnage
    se dénonce!"

    nickfury
    mdcu-comics.fr

    Comment l'Amérique espionne ses alliés
    Laura Poitras, Marcel Rosenbach,
    Fidelius Schmid, Holger Stark et Jonathan Stock

       (...) Pour la National Security Agency (NSA), c'est un fiasco. Longtemps - contrairement à la CIA, l'agence du renseignement extérieur américain -, cette institution avait réussi à opérer sans éveiller l'attention du grand public. Edward Snowden aurait "irrévocablement causé de terribles dommages" aux Etats-Unis, se plaignait il y a près de deux semaines le directeur de la NSA, le général Keith Alexander, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision ABC.

       Les documents de la NSA révélés par Snowden concernent bien plus qu'un ou deux scandales. Ils sont comme une sorte d'instantané électronique du fonctionnement, pendant une dizaine d'années, des services secrets les plus puissants du monde. Der Spiegel a été en mesure de consulter et d'analyser plusieurs de ces documents.

       Ces dossiers montrent que l'Allemagne occupe une place de choix dans le réseau de surveillance planétaire de la NSA - et comment les Allemands eux-mêmes sont la cible des attaques de l'Amérique. Chaque mois, les services d'outre-Atlantique enregistrent près d'un demi-milliard de communications en Allemagne.(...)

       (...) Personne ou presque n'est à l'abri de cette rage de l'espionnage. Ne sont épargnés que quelques Etats triés sur le volet, que la NSA définit comme des amis proches, des partenaires de deuxième classe ("second party"),comme le dit un document interne : la Grande-Bretagne, l'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Pour la NSA, ces pays ne seraient "pas des cibles, et il n'est pas nécessaire que ces partenaires fassent quelque chose qui serait aussi illégal pour la NSA," peut-on lire dans un texte classé "très secret".

       Cette réserve ne s'applique pas aux autres, tous les autres, y compris ce groupe d'une trentaine de pays considérés comme des partenaires de troisième classe ("third party"). "Nous pouvons intercepter les transmissions de la plupart de nos partenaires étrangers de troisième classe, et d'ailleurs, nous le faisons," se vante la NSA dans une présentation interne.

       A en croire la liste, l'Allemagne fait justement partie de ces pays placés sous surveillance. Ainsi, ces documents confirment ce que le gouvernement de Berlin soupçonne depuis longtemps : les services secrets américains, avec l'assentiment de la Maison-Blanche, ont le gouvernement fédéral à l'œil, y compris la chancelière. Il n'est pas étonnant non plus que la représentation de l'Union Européenne à Washington ait été mise sur écoute dans les règles de l'art, comme le montre un document auquel Der Spiegel a eu accès. (...)

       (...) Ce qui importe, dans ces révélations, ce n'est pas que des Etats se surveillent les uns les autres, qu'ils épient leurs ministres et pratiquent l'espionnage industriel. La véritable révélation, c'est avant tout qu'il soit possible de surveiller ses propres ressortissants et ceux de pays étrangers au-delà de tout contrôle et de toute supervision efficace. Car le principe qui veut qu'un service du renseignement extérieur n'espionne pas ses concitoyens, ou alors seulement dans le cadre d'enquêtes individuelles, semble ne plus avoir cours dans ce monde de communication et de surveillance globales.

       Le GCHQ (Government Communications Headquarters, quartier général des communications du gouvernement), un service britannique, peut surveiller tout le monde, y compris les Britanniques, de même pour la NSA, y compris les Américains, mais le Bundesnachrichtendienst (BND), peut surveiller tout le monde, sauf les Allemands. Ainsi la Matrice étend-elle son réseau de surveillance universelle, où chacun, selon le rôle qui lui est dévolu, peut aider l'autre. (...)


    ***
    (Imperturbable, l'espionne yankee fumait une taf
    en attendant que son collègue fasse le sale boulot"


    The last days of american crime T1, comics chez Emmanuel Proust ...

    ***
    "Par le Saint Nom du Capitalisme:
    Ou je ne mets pas cette pièce dans la Culture...
    Ou je la mets dans ma tirelire...
    Choix cornélien..."


    CHARLES ROBIN 
    "Le libéralisme comme volonté 
    et comme représentation"
    Pierre Le Vigan

       (...) « L’une des confusions habituelles de l’extrême gauche contemporaine (…) réside dans cette idée que le libéralisme ne désignerait rien d’autre qu’un système d’organisation économique de la société (fondé sur la propriété privée des moyens de production et la liberté intégrale des échanges marchands), qui trouverait ses adeptes les plus enthousiasmes, en France, sur la rive droite de l’échiquier politique. » Or, ce qu’explique Charles Robin, dans la veine de Jean-Claude Michéa et de Dany-Robert Dufour, c’est qu’en fait, l’extension indéfinie de l’économie de marché, va obligatoirement avec une société de marché dont l’un des éléments essentiels est l’extension continue des « droits individuels », ces mêmes droits dont l’illimitation est soutenue résolument par l’extrême gauche.

       La neutralité axiologique du libéralisme aboutit à ce que le seul critère de légitimité des actions sociales soit l’intérêt et la maximisation des satisfactions matérielles. La doctrine du droit naturel – qui seraient des droits qui tiennent à la nature même de l’homme - , qui fonde celle des droits de l’homme, postule l’auto-institution nécessaire et suffisante de la société- la fameuse « société civile » chère aux libéraux – et donc l’inanité de la recherche d’une « société bonne ». 

       Le libéralisme prend les hommes comme ils sont, et il les prend même tels qu’ils sont, le pire. Dans la vision libérale, la société bonne, ou même seulement meilleure, ne peut avoir de place, non plus que l’idée de la nécessaire amélioration morale de l’homme, ou l’idée d’excellence morale, notamment par l’éducation, et par une élévation des idéaux mis en valeur ou portés en exemple. Les humanités sont ainsi naturellement appelées à disparaître dans une société libérale – et c’est bien ce que l’on observe. Le vrai législateur tout comme le vrai éducateur deviennent, en société libérale, le Marché et l’Argent. 

       Tout comme Jean-Claude Michéa, Charles Robin insiste sur l’unité du libéralisme : il est économique et culturel. Il ne serait pas efficacement économique s’il n’était culturel. Etymologiquement, le commerce (neg-otium) c’est le contraire du loisir. Entendons le loisir au sens où il est liberté, ouverture à la contemplation, rendez-vous avec soi-même.

       On le constate en pratique tous les jours : la société libérale distrait chacun mais empêche le vrai loisir, celui qui permet de prendre du recul en soi. Le libéralisme postule que la liberté consiste en fait dans la capacité de se déraciner continuellement. Charles Robin tout comme Jean-Claude Michéa fait remonter cette vision à Kant et à Rousseau. Elle est aujourd’hui parfaitement illustrée par Vincent Peillon pour qui « l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches [pré-républicaines]».

       Quoi de plus naturel, si l’homme est détaché de toutes attaches, en apesanteur, hors-sol, qu’il n’ait plus comme référence que le « souci de soi », vite devenu le « je ne me soucie que de moi ». L’inconvénient c’est notamment que le souci de soi d’hommes sans passé ne draine pas beaucoup de richesses humaines collectives. Il arase les diversités. En effet, seul celui qui a des traditions peut comprendre celles des autres. C’est pourquoi la diversité de l’homme en apesanteur est réduite à peu de choses. C’est une diversité-alibi d’un aplatissement généralisé. L’Européen est réduit à un Blanc, l’Africain ou l’Antillais est réduit à un Noir (et même un « black »). Le Français est réduit à un citoyen de « la patrie des droits de l’homme » (rappelons que c’est le pays qui a inventé le génocide avec la Vendée). 

       Cette réduction des authentiques différences se fait au nom de l’autonomie de l’individu mais au mépris du sens exact de ce principe qui ne signifie aucunement « faire sans les autres » ou « se passer des autres » mais choisir librement la règle que l’on se donne. C’est tout cela, et encore bien d’autres choses, que Charles Robin, de solide formation philosophique, nous donne à comprendre en un livre non seulement important mais essentiel.


    ***
    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (AVEC LE RESSENTIMENT,
    TU DÉPENSES TES FORCES INUTILEMENT)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/55)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


    Angélus, poursuivi par la foule en colère, tente de fuir mais sa fin est proche...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE

    Turner "Incendie"

       L’incendie se propagea comme un feu de paille à l’intérieur de la vaste salle. Le maire, le notaire et le docteur n’étaient pas là. Ils avaient renoncé à suivre la foule vengeresse. L’absence de la maréchaussée était également à noter. Seules quelques Soeurs et Elaine avaient suivi la troupe. Les autres étaient restées auprès de Camille de l’Incarnation qui venait de subir un nouveau malaise.

       Chacun regardait le spectacle des flammes qui couraient sur tout l’édifice avec une agilité dévoreuse et ce, malgré la pluie. La toiture s’effondra dans une grande gerbe d’étincelles et, un quart d’heure plus tard, il ne resta qu’un tas de cendres et de poutres calcinées. 

       Les habitants hésitèrent un peu à entrer dans les décombres fumants. Ils avancèrent cependant et découvrirent, tout au fond du séchoir brûlé, un espace qui semblait avoir été épargné. Adossé au montant de la porte, se trouvait Angélus. La fumée avait dû l’asphyxier. Son corps était intact et la pluie qui tombait toujours paraissait le laver délicatement. 

       Elaine fut une des premières à parvenir jusqu’à lui. Elle mit ses mains devant sa bouche pour étouffer le cri qui voulait s’en échapper : le visage d’Angélus avait le teint doré des icônes et ses traits mêmes semblaient avoir changé, le transfigurant en jeune adolescent. Elle tomba à genoux et se signa, emplie d’effroi devant ce spectacle prodigieux. 

       Alors la voix rauque de Thérèse, la sœur aînée d’Angélus, se fit entendre.

       - Mais on dirait Jean, mon frère défunt !

       - C’est ma foi vrai, reconnut le Père Grangeais. Par quel prodige cela est-il possible ?

       Et il s’agenouilla à son tour devant cette créature dont le souvenir retrouvé et l’absence à venir allaient faire naître en chacun de ses tortionnaires, jusqu’à la fin de leur jour, bien des remords et des mortifications.

       « In Nomine Patris et Filii, et Spiritus Sancti, Amen » psalmodia le prêtre, accompagné par les paroissiens qui se trouvaient là, écrasés par l’incompréhension et une peur incoercible.

    ***
    (A Suivre)

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    "Mais... Heu... Elles sont bizarres, tes fleurs...
    - J'aime les fleurs de pavot... Pas toi?"



    Le festin de l’araignée : 
    Africom tisse sa toile
    COMAGUER

       (...) Depuis sa création AFRICOM n’a réussi à convaincre aucun gouvernement africain de lui ouvrir son territoire pour y installer son quartier général. Ce symbole d’une nouvelle vassalisation du continent aurait été trop visible et certainement impopulaire. Le QG reste donc en Allemagne où depuis l’épisode de la Fraction Armée Rouge, et malgré la disparition du bloc soviétique aucune action de protestation politique contre la forte présence militaire étasunienne n’a eu lieu.

       Mais cette prudence diplomatique n’entrave en rien l’action permanente d’Africom sur le terrain et nombre de gouvernements africains font participer leur armée à des manœuvres avec les troupes US, font assurer la formation de leurs troupes par l’armée US (dans ce cas : Niger, Tchad Mauritanie Nigeria, Sénégal, Maroc, Algérie et Tunisie Ouganda, Burundi, Kenya, Lesotho et Botswana).

       Inutile de préciser qu’il n’est jamais question de favoriser le renforcement d’armées nationales stratégiquement autonomes qui seraient des instruments de souveraineté. Les régiments africains formés sont des troupes coloniales fournissant la chair à canon utile aux projets de l’empire et fournies en matériel et munitions made in USA.

       A cette pénétration de l’armée Us à l’intérieur même des armées africaines s’ajoute une installation permanente de troupes US dans des divers lieux. Là encore une relative discrétion est de mise et il n‘est officiellement jamais question de bases militaires étasuniennes massives comme il en existe par exemple en Italie en Allemagne et au Kosovo.

       Le journal étasunien en ligne TOMDISPATCH vient sous la plume de son directeur NICK TURSE de faire le point sur cette présence militaire US permanente dans divers pays africains.

       La plus grosse présence militaire est à Djibouti dans le camp Lemonnier jadis base de l’armée française et on peut dans ce cas parler d’une véritable base étrangère dont la création en 2002 est d’ailleurs antérieure à AFRICOM

       Avec des effectifs plus légers l’armée Us est par ailleurs installée :

       Au Kenya à Garissa, Manda Baya et Mombasa Louma point de départ de ses interventions dans la Somalie voisine où elle apporte un soutien logistique permanent aux forces de  l’Amisom de l’Union Africaine
       En République Centrafricaine à Bangui
       Au Niger à Niamey
       Au Mali à Bamako
       Au Sud Soudan pour bien montrer que la toute nouvelle l’indépendance de ce pays est un nouvel asservissement
       Au Sénégal où l’aéroport de Dakar est ouvert à l’aviation de reconnaissance de l’armée Us
       Au Burkina Faso à Ouagadougou où se trouve une base des forces spéciales d’où ont décollé 193 vols militaires au premier trimestre 2013
       En Ethiopie à l’aéroport d’Arba Minch
       En Ouganda à Entebbe Rien que pour les besoins de ravitaillement en carburant l’AFRICOM a accès à pas moins de 29 aéroports de pays africains

       Bien sûr le prétexte à cette intervention de plus en plus intense est la « guerre contre le terrorisme » sous ses divers avatars régionaux (AQMI, BOKO HARAM etç…) mais le nouveau commandant en chef d’AFRICOM le général David Rodrigues admet que l’arrivée massive d’héroïne afghane sur le continent africain via l’océan indien est un facteur d’aggravation de l’instabilité régionale. Il est vrai qu’avec la cocaïne colombienne qui arrive par l’ouest le territoire africain l’Afrique est désormais au cœur des trafics mondiaux.de drogue.

       Pour bien illustrer les influences militaires US il faut noter que la nouvelle mission de l’ONU au Mali qui se met en place à compter du mois de Juillet comportera douze mille hommes et que les deux plus gros contingents seront fournis par le Rwanda et le Nigeria deux armées sous étroite influence US.

       Quant à la piraterie dans le Golfe de Guinée qui connait une croissance très spectaculaire et va dépasser en intensité la piraterie au large de la Somalie elle ne tardera pas engendrer une riposte internationale probablement conduite par les marines de l’OTAN, Etats-Unis en tête. L’ONU a jeté les bases de cette action par la résolution 20-39. Pour commencer AFRICOM avance à pas mesurés en proposant aux Etats de la CEDEAO, comme elle l’a fait à l’occasion d’un séminaire tenu à Abidjan (qui pourrait accueillir l’Etat-major de cette future force) en Février 2013, une assistance pour la mise en place d’une police maritime commune. Cette prudence ne peut faire oublier que les maigres forces maritimes de ces états ne sauraient être opérationnelles sans la couverture électronique (GPS, radars ,…) et aérienne des Etats-Unis. (...)




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    "Chef, chef! Ils nous attaquent avec des ballons!
    - P'tain! Ils z'hésitent devant aucune turpitude, les sagouins!"



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    "Tenez! C'est autant que les pauvres n'auront pas!
    - Ahaha..."


    La Tomatina 2011 plus grande bataille de nourriture 

    Patates, carottes, et « grosses légumes ».
    Théophraste R. 
    (plagiaire d’un lecteur qui signe« Résistant »).

       (...) « L’historien Fernand Braudel distingue trois niveaux économiques dans une société humaine :

       1) l’autoconsommation : lorsque la plupart de ce que l’on produit va être consommé par soi-même, et les échanges commerciaux sont très marginaux.
       - exemple : je cultive des patates et je mange essentiellement des patates.

       2) l’économie de marché, qui consiste en un échange de productions équitable où tous les partenaires y gagnent.
       - exemple : je cultive des patates, tu cultives des carottes, j’échange une partie de ma production contre une partie de la tienne, et l’on y gagne tous les deux car nous avons une consommation plus variée. Cela peut se faire par troc direct, ou indirect avec l’usage d’une monnaie.

       3) le capitalisme, qui est une création artificielle de crises (de stocks, monétaires, diplomatiques, désinformations, guerres, famines, maladies, etc.) afin de concentrer la plus grande part des richesses entre les mains de ceux qui ont créé cette crise au détriment de tout le reste de la population.
       - exemple : comme je suis déjà plus riche (notez le préalable indispensable, pour ceux qui vous opposent l’argument hypocrite de l’égalité des chances) que les autres, je vais acheter le plus possible de patates et les stocker. Il va y avoir une pénurie artificielle de patates, les prix vont grimper, et je vendrai mes stocks au bon moment, rackettant ainsi le plus gros des richesses tandis que la population va crever de faim. Notez qu’au départ il y a toujours la même quantité de production, suffisante pour nourrir tout le monde ».
    %%%
    Benoît Barvin

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  • §§§
    Pensées pour nous-mêmes:

    (PLAINS CELUI QUI TE HAIT
    CAR IL SE FAIT DU MAL)

    §§§


    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/54)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Lors d'une fête religieuse, la Mère Supérieure, piquée par des abeilles, accuse Angélus d'être un empoisonneur...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



    "Fallen  Angel" Alexandre Cabanel

       Les festivités durent être écourtées Il fallut se mettre à plusieurs pour tenir la Mère Supérieure qui, à présent, tremblait de tous ses membres, et la ramener au bourg s’avéra une tâche ardue. Elle marchait pieds nus, ayant dû ôter ses sandales car ses pieds avaient doublé de volume. 

       - Conduisez-moi chez Angélus ! criait-elle.

       - Cet Angélus est de toute évidence un Démon, s’exclama Elaine, au milieu de l’assistance qui se mit à l’écouter avec intérêt. Il ose s’introduire la nuit au monastère. Je l’y ai vu de mes propres yeux. De plus, il s’exhibe effrontément devant nos Soeurs, dénudé, à la rivière des Joncquières. Je peux hélas en témoigner, étant allée cueillir des fleurs à cet endroit, pas plus tard qu’hier. Certaines personnes ici présentes pourraient attester la véracité de mes dires...

       Et elle fixa avec insistance Sœur Adèle dont les yeux s’étaient remplis de larmes. Elle ajouta, de plus en plus enfiévrée.

       - Mais le plus grave, c’est que cet homme a causé la mort de mon fiancé en lui administrant les mêmes drogues qu’il vous vend, à vous tous ! J’en ai la preuve!

       L’orage à présent roulait au-dessus d’eux. La chaleur étouffante appesantissait les esprits, faisait courir des courants électriques sur tous les protagonistes. Parfois des éclairs venaient zébrer les nuages, déchirant leur ventre pansu. Plusieurs grondements de tonnerre se firent entendre, de plus en plus proches, comme autant de roulements de tambours. La luminosité avait décru, la foule ressemblait maintenant à une masse grouillante de silhouettes surexcitées. Les hommes, échauffés par l’alcool et par ce qu’ils avaient entendu, crièrent vengeance. Le Père Grangeais, hébété, ne fit rien pour les retenir, pas plus que le maire, le notaire et le docteur Gleize, tous trois prudemment à l’écart.

       Angélus, lui, s’était retiré à l’étage de sa boutique, dans son appartement dont aucun Fontserannais n’avait franchi le seuil. Il y avait là toute une débauche de soieries qui pendaient du plafond, des tentures de mousselines, des tissus venus de tous les coins du monde, tous choisis pour leur délicatesse et leur exceptionnelle douceur. 

       Angélus qui, en les caressant, avait fini par s’assoupir sur le petit sofa de velours, entendit, mêlée aux coups de tonnerre, une clameur lointaine qui prenait, de minute en minute, plus de force. Il sut aussitôt que ces exclamations, ces cris, lui étaient adressés. Alors, sans attendre, il sortit par la petite ouverture qui donnait sur l’arrière-boutique et, alors que la porte principale volait en éclat, il s’élança en direction du monastère pour y trouver refuge.

       Une pluie fine se mit à tomber. Atteignant le haut du chemin, aux abords du cimetière, il se retourna. Tout un groupe se lançait à sa poursuite. Il ne distinguait pas les visages, à travers le rideau de la pluie qui, à présent, enflait ; juste les silhouettes, dont une qui se traînait, comme portée par la foule. Il entendit une voix qui le supplia :

       - Angélus, sauve-moi, je t’en supplie !

       Alors, l’apothicaire, noyé sous un véritable déluge liquide, attendit. Il lui était désormais impossible de fuir alors que sa sœur l’appelait au secours. Il comprit que la fin du voyage approchait. 

       Quand le groupe fut parvenu à quelques mètres de lui, et alors que l’orage se calmait quelque peu, il faillit ne pas reconnaître Camille, tant cette dernière était défigurée. Ses pieds avaient gonflé, comme atteints d’éléphantiasis. Ils étaient en sang, excoriés, suintants, et ses mains étaient si enflées qu’on les aurait pris pour celles d’un poupon dodu. 

       Sa sœur se laissa tomber sur le sol argileux en sanglotant.

       - Oh, mon amour, je t’en conjure, viens à mon secours !

       Sans s’inquiéter de ce que venait de dire Camille et de ce qu’en pouvait conclure les villageois, Angélus s’approcha et s’agenouilla auprès d’elle. Le groupe, mû à la fois par la curiosité et pris de respect et de compassion pour cette pécheresse, victime de Satan, s’écarta de l’apothicaire pour le laisser œuvrer dernière fois.

       Trempé de la tête aux pieds, sa longue chevelure blonde gorgée d’eau lui donnant l’aspect d’un martyr comme on en voyait sur les images des missels, Angélus étendit ses mains au dessus du corps de Camille et demeura ainsi, silencieux.

       Sous la pluie qui se calmait peu à peu, il était comme auréolé de bonté. Ses cheveux pâles et ruisselants redonnaient aux traits de son visage une apparence angélique. Sa chemise blanche trempée collait à son buste. On eut dit ainsi une de ces statues grecques des musées à la beauté trop parfaite. 

       Sœur Adèle ne quittait pas Angélus des yeux, comme en extase. Et elle n’était pas la seule…

       Cet instant où le temps parut suspendre son vol s’interrompit soudain quand la Mère Supérieure poussa un soupir : lentement son corps reprenait forme humaine. Les traits de son visage se rétablissaient ; ses mains se désengorgeaient ; les plaies et escarres déformant ses pieds disparurent, comme effacés par enchantement. Stupéfaite, saisie par ce soudain miracle, la foule s’écarta un peu plus encore. Un murmure s’éleva, empli à la fois d’adoration et de terreur mystique. 

       L’apothicaire déposa un baiser sur le front redevenu lisse de la Mère Supérieure. A cet instant, un éclair zigzagua dans le ciel et la foudre frappa la grande croix du cimetière. Avec une sorte de gémissement, la sculpture, brisée en deux, s’effondra. Un cri unanime d’effroi accompagna ce prodige.

       - Sauve-toi, Angélus, murmura la religieuse, en tentant de se redresser. Ils en veulent à ta vie.

       En effet les hommes, retrouvant leur esprit, dans un élan furieux, tentèrent de s’emparer de l’apothicaire. Celui-ci se releva vivement, en repoussa deux d’entre eux et s’enfuit. Après une brève hésitation, les autres se mirent à le pourchasser, suivis par les femmes en furie. Des cris de « A bas le Démon ! » se mirent à fuser d’entre leurs lèvres tordues par la haine. Mais la foule était moins agile que le fuyard et elle se fit rapidement distancer.

       Angélus courait droit devant lui, la vue brouillée par la pluie qui recommençait à tomber dru. Il avisa le vaste séchoir et s’y réfugia. Il comportait une porte dans le fond pour les courants d’air nécessaires aux différents séchages des plantes. Par là le jeune homme pourrait s’enfuir et accéder à l’écurie où le docteur Gleize avait dû laisser son cheval ce matin. 

       Il ferma la porte de devant et, adossé au bois rugueux, demeura là quelques instants dans le calme et les senteurs des coquelicots séchés. Le cœur cognant à ses tempes, Angélus était encore sous le coup d’une forte émotion. Non pas d’avoir aidé Camille à trouver un répit à ce mal, aussi soudain que mystérieux, mais que sa sœur ait pu changer intérieurement à ce point relevait du miracle ; qu’elle ose révéler à tous l’attachement qu’elle lui portait tenait peut-être plus du délire qui l’avait prise que de la volonté de dire la vérité. Lui ne savait pas influencer les âmes. Il ne faisait que guérir l’enveloppe charnelle. Quelle force mystérieuse avait bien pu intervenir ? 

       Tout en réfléchissant, Angélus laissa courir ses deux mains sur les planches de la porte à laquelle il était adossé. L’espace d’un instant, il ne réalisa pas ce qui se passait là, sous sa paume. Mais soudain, la piqûre d’une écharde lui fit comprendre que sa main gauche était, après tant d’années, à nouveau réceptive aux sensations.

      Cependant les gens du bourg martelaient déjà le vantail. Il les entendit à peine. Il restait là, ravi, observant sa main, touchant les matières alentour et s’extasiant car à chaque objet correspondait une sensation oubliée. 

       Des roulements de tonnerre ponctuèrent les coups contre la porte et les cris de la foule. Angélus savait qu’il avait encore le temps de s’en aller. Il lui suffisait de courir vers l’issue du fond, de l’ouvrir et, avec son agilité, il n’aurait aucun mal à trouver le cheval, à l’enfourcher et à partir au galop loin, très loin. Mais le miracle qui venait de s’accomplir faisait disparaître en lui toute prudence.

       En extase il caressa son visage, et put noter que sa peau avait même perdu cette rigidité qui l’accompagnait depuis si longtemps, comme un stigmate de son échec patent. Un second prodige venait donc de s’accomplir, ou plutôt, il s’agissait d’un concours de circonstances exceptionnel, sûrement, dans lequel les énergies en présence, le tonnerre, la foudre, la pluie, avaient formé un mélange unique, une combinaison parfaite, une osmose inouïe...

       La foule, redoublant d’effort, faisait résonner le lourd battant de bois. Angélus sortit enfin de son rêve éveillé. Il avança vers la porte du fond. Alors le silence s’installa de nouveau, uniquement ponctué par les rafales de pluie fine qui tapotaient sur les tuiles, qui griffaient les murs chaulés et dont la musique avait quelque chose de rassurant.

       Le jeune homme resta immobile, au milieu du lieu, frissonnant à présent dans ses vêtements mouillés. Une odeur piquante vint chatouiller ses narines. Angélus la reconnut immédiatement : ces bougres étaient en train de mettre le feu au séchoir ! 

       Il entendit quelques insultes qu’on lui jetait et, toute la chair révulsée, Angélus se précipita vers l’autre ouverture. Il eut beau secouer le battant rugueux, il ne s’ouvrit pas. On l’avait fermé par un cadenas. 

       Alors il sut qu’il était perdu.

       Il joignit les deux mains, non pas pour prier, mais pour sentir entre ses deux paumes l’infime pellicule de sensation parfaite. Elle était là cette perception perdue lors de l’accident. Plus fine et perceptible qu’elle ne l’avait jamais été. A partir de ce toucher là, il pouvait de nouveau appréhender le monde, pénétrer la moindre des textures et faire corps avec elle, fût-elle subtile et impalpable pour le commun des mortels. 

       Qu’avait-il donc cherché pendant toutes ces années, si ce n’est cette faculté qui lui avait été dérobée ? Pourquoi vouloir créer d’autres matières, quand toutes celles existantes suffisaient à combler son toucher ? Le moindre galet de rivière, le moindre pétale de fleur pouvait être un trésor entre ses doigts. De cela il était désormais persuadé. Il n’avait rien à prouver à personne. A force d’essayer de recréer la perfection du monde, cette dernière venait enfin à lui, dans le creux de ses mains jointes, au cœur des minuscules particules de l’air ambiant.
    ***
    (A Suivre)

    §§§

    (Les blagues à Bouddha plaisaient
    beaucoup à Bébé)


    caroline-francois.centerblog.net

    La question islamiste 
    en terre bouddhiste
    Rémy Valat 

       (...) Le numéro de juillet de l’hebdomadaire américain Time aborde le problème de la radicalisation du clergé bouddhiste face à l’Islam en Asie (Thaïlande du Sud et Birmanie). L’article de Beech Hannah,When Buddhists go bad, fait actuellement scandale en Birmanie. Il a notamment heurté de nombreux membres de la communauté bouddhiste qui ne se sent pas solidaire du discours du moine islamophobe Ashin Wirathu. (...)

       (...) La guerre religieuse et d’indépendance, qui débuta en 2004, continue de faire rage dans le sud de la Thaïlande. La Thaïlande se compose d’une population majoritairement bouddhiste, mais le Bouddhisme n’est pas la religion officielle du pays. Les musulmans représentent 5 % de la population, dont la majorité (4/5e) sont des locuteurs malais (les musulmans thaïlandophones représentent environ 20%), implantés dans les cinq provinces frontalières à la Malaisie (Narathiwat, Pattani, Satun, Songkla et Yala). 

       Ces régions rurales et pauvres ont subi une politique d’assimilation forcée du gouvernement de Bangkok dans les années 1960. Deux mouvements indépendantistes, le Pattani United Liberation Organization (PULO) et le Barisan Revolusi Nasional (BRN) ont pris une première fois les armes entre 1976 et 1981, puis les mouvements se cantonnèrent dans l’activisme politique et l’extorsion de fonds. 

       En réponse aux mesures musclées du chef du gouvernement deThaskin Shinawatra, la minorité religieuse mit en avant ses droits et réclama notamment le port du Hijab pour les femmes musulmanes dans les lieux publics, l’ouverture de mosquées et l’expansion des études islamiques dans les écoles publiques. C’est sur ce terreau favorable que le conflit armé latent depuis 2001 débuta en 2004. Il oppose toujours les forces gouvernementales aux mouvements indépendantistes, essentiellement, aux groupes terroristes islamistes, le Pattani Islamic Mujahadeen Movement ou Gerakan Mujahideen Islam Pattani, qui a déclaré la djihad contre les populations bouddhistes et la monarchie-junte militaire thaïlandaise.(...)

       (...) Les sources de financement des groupes insurrectionnels ne sont pas claires : l’importation de techniques et de fonds serait la main du « terrorisme international » d’Al Qaida, selon les services de renseignement nord-américains, mais rien ne l’atteste irréfutablement. Le mouvement serait plutôt un cocktail religieux, identitaire et passéiste... Selon Pak Abu, un professeur d’école coranique et chef des affaires internes du Pulo, l’objectif du mouvement serait la « libération du Patani Darussalam - la terre islamique de Patani - de l'occupation des infidèles» et de revenir au temps idéalisé (mais révolu) du sultanat de Pattani.... 


    Localisation du conflit. Les cinq provinces malaises embrasées par la guerre religieuse et 
    d’indépendance ont été rattachées au Siam par le traité de Bangkok (10 mars 1909)
    signés par la Grande-Bretagne et le royaume du Siam

       (...) Un autre responsable du mouvement islamiste aurait déclaré à un journaliste du Figaro que les réseaux sont peu structurés, très violents et capables de planifier leurs actions: l’ensemble représenterait environ 3 000 individus majoritairement des jeunes de moins de 20 ans. Selon lui, le BRN-Coordination est une « coalition informelle d'individus», cimentée par un « haine commune à l’encontre des populations siamoises. «Nous avons fait, déclare-t-il, le serment de sacrifier notre vie pour libérer notre terre ancestrale de l'occupation des infidèles.» 

       Il précise que les jeunes combattants (les juwae) ont « été repérés à la crèche, recrutés dans les écoles coraniques et mènent une guérilla urbaine de plus en plus sophistiquée». Surtout, l’indicateur du Figaro reconnaît que «le degré de brutalité» de la nouvelle génération «est parfois une source d'embarras» et déplore la « criminalisation » des troupes: «30% des combattants vendent leurs services à la mafia et aux trafiquants de drogue». 

       Leurs méthodes sont en effet radicales : attentats à l’explosif contre des cibles civiles, embuscades sur les axes routiers, assassinats, incinérations vivantes, voire décapitations de civils, d’agents symboles de l’Etat (fonctionnaires thaïlandais et religieux bouddhistes). Plus de 5 000 morts et 8 000 blessés (globalement le bilan de la guerre civile algérienne en France entre 1955 et 1962) ont été recensés entre 2004 et 2012 et le bilan ne cesse de s’alourdir, les négociations étant toujours à l’heure actuelle dans l’impasse.(...)

       (...) Les agressions contre le personnel religieux bouddhiste ont obligé l’armée royale à transformer les monastères en bases militaires et à organiser les populations bouddhistes en groupes d’autodéfense (70 000 volontaires bouddhistes) : selon Duncan McCargo, enseignant à l’université de Leeds, des rumeurs courent sur la présence dans les communautés bouddhistes d’anciens militaires ordonnés moines et sur l’armement d’une fraction des religieux : une réminiscence des moines guerriers du Japon médiéval (les sôhei) ou de Shaolin ? Non, une simple ressemblance sur la forme sans plus, les moines guerriers nippons ayant surtout pour vocation de protéger leur temple et d'y maintenir l'ordre : ils étaient aussi une force politique et armée non négligeable. 

       Nous sommes ici dans un réel contexte de guerre de religions. Il ne fait aucun doute que le discours de quelques religieux bouddhistes tend à se radicaliser : « Il n’y a pas d’autres choix, nous ne pouvons plus séparer le bouddhisme des armes désormais », aurait déclaré le lieutenant Sawai Kongsit, de l’armée royale thaïlandaise (Time). Les moines estiment que les Musulmans utilisent les mosquées pour entreposer des armes, que chaque imam est armé : « L’islam est une religion de violence » déclare Phratong Jiratamo, un moine ayant servi dans le corps des troupes de marines thaïlandaises (Time).

       (...) Cette radicalisation est nette dans le discours islamophobe du moine bouddhiste Ashin Wirathu (Mandalay, Birmanie) : discours à l’origine de lynchages, de meurtres et de comportements racistes à l’encontre des musulmans birmans (les Rohingyas) qui représentent entre 4% et 9% de la population du pays. Ashin Wirathu appelle de ses voeux un schisme entre les populations bamars (majoritairement bouddhistes) et les Rohingyas musulmans.

       Un nouvel et tragique épisode du « choc des civilisations »...(...)


    §§§

    (Les coupes budgétaires commençaient
    à en effrayer plus d'un)


    §§§

    "Alors, cette surveillance des internautes?
    - Je ne surveille pas, je veille sur eux, nuance..."
    Le techno-totalitarisme, 
    c’est maintenant

       (...) Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme. Nul ne peut plus nier ce que les opposants à la tyrannie technologique dénoncent depuis des années : les objets intelligents qui envahissent nos vies (ordinateurs, Internet, téléphones mobiles et smartphones, GPS) donnent au pouvoir les moyens de la surveillance généralisée.

       En dévoilant des documents secrets, un ex-agent américain révèle que la NSA (Agence nationale de sécurité) espionne les internautes du monde entier, dans le cadre du programme clandestin « Prism » mis en place par George Bush et poursuivi par Barak Obama. Sont visés les utilisateurs d’Internet et des« réseaux sociaux » (Google, Facebook, Apple, Youtube, Yahoo, Skype, DropBox, Microsoft, AOL) soit, à l’ère numérique, à peu près tout le monde.

       Les esprits forts diront qu’ils le savaient déjà. Les esprits forts savent toujours tout. Edward Snowden, lui, prouve ce qu’il dit. Et les médias du monde entier ne peuvent faire autrement que de publier ses déclarations, alors que les dénonciations des esprits critiques restaient confinées et refoulées à quelques milieux restreints.

       Edward Snowden agit sans le soutien d’aucune organisation, d’aucun parti, d’aucun collectif. Heureusement – il n’aurait rien fait. Son geste relève de ce qu’Orwell nommait la « décence ordinaire ». « Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde au moyen de ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » (1)

       À 29 ans, il sacrifie sa carrière et sa vie personnelle, choisit la désertion, risque la prison pour trahison (comme le soldat Manning, auteur des fuites vers Wikileaks) voire un « accident ». Il affronte seul les services secrets de la première puissance mondiale.

       En France depuis le 10 juin 2013, aucune des organisations qui, avant ou depuis le meurtre de Clément Méric, clament l’urgence de la « lutte antifasciste », n’a pris la défense de Snowden. Aucune manifestation de soutien, aucun communiqué, aucun appel contre la surveillance totale, y compris celle de la DGSE française (services secrets extérieurs), comparée par un ex-agent à une « pêche au chalut ». (2) À ce jour, le seul appel pour l’asile politique de Snowden en France émane de Marine Le Pen. Un coup de pub dont le Front de Gauche n’a pas été capable.

       Edward Snowden : « Ma grande peur concernant la conséquence de ces révélations pour l’Amérique, c’est que rien ne changera. [Les gens] ne voudront pas prendre les risques indispensables pour se battre pour changer les choses... Et dans les mois à venir, les années à venir, cela ne va faire qu’empirer. [La NSA] dira que... à cause de la crise, des dangers auxquels nous devons faire face dans le monde, d’une nouvelle menace imprévisible, elle a besoin de plus de pouvoirs, et à ce moment-là personne ne pourra rien faire pour s’y opposer. Et ce sera une tyrannie clé-en-main. » (déjà en pratique...) (...)

    NOTES

    (1) Le Monde, 11/06/2013

    (2) Le Monde, 12/06/2013


    Lire la suite sur:
    §§§
    Luc Desle

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES PENSÉES
    SONT LE BOUCLIER DE L’ÂME)

    °°°
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/53)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Le drame se précise, via les onguents d'Angélus, la chaleur qui fait tourner les coeurs et broie les corps...
    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Jeune-Femmes-Going-To-A-Procession-Jules-Breton

       Sur le chemin qui menait à la chapelle, tandis que les Soeurs chantaient, les conversations allaient bon train. Il n’y était question que de l’apothicaire et des cas d’eczéma qui fleurissaient depuis qu’ils n’étaient plus traités par lui. Sans compter les vieilles maladies de peaux qui se réveillaient avec les chaleurs. 

       Au bout du compte, ne ferait-on pas mieux de lui faire confiance ? N’était-ce pas plutôt une malédiction qui planait sur le village, une malédiction dont il n’était pas responsable ? Certains branlaient du chef, convaincus ; d’autres réprimaient une moue dubitative. Après tout, n’est-ce pas, il n’y avait pas de fumée sans feu... 

       Bref, les coeurs en étaient plus aux interrogations qu’à la fête. A ce climat de doute et de malaise général, une fois que l’on fût arrivé à la chapelle, le Père Grangeais ajouta un sermon dans lequel il était justement question de châtiment divin où Dieu lui-même faisait intervenir Satan, ce qui eut pour effet de les troubler davantage et de les laisser totalement indécis quant à l’attitude à adopter vis à vis de Gabrielli. 

       Au sortir de la chapelle, cependant, les participants retrouvèrent leur gaieté et chacun entreprit de ripailler avec force démonstration de joie. Au cours du pique-nique, qui se déroulait à cinq kilomètres de là, sur une aire à l’herbe rase d’où l’on dominait Fontseranne, les Soeurs ne furent pas les dernières à s’amuser, à rire et à boire plus que de raison. La lourdeur de l’air rendait chacun nerveux et les cris sonnaient faux. 

       Elaine, qui était assise entre les deux novices, ne mangeait que du bout des lèvres. L’orage qui approchait lui donnait mal au cœur. Les odeurs des victuailles mêlées à celles des corps transpirants étaient insupportables. Elle se recroquevillait sur elle-même, la tête prise dans un étau, assommée par l’attitude insouciante de Sœur Adèle et de Sœur Jeanne qui ne cessaient de glapir sottement. 

       Certaines des religieuses, dont les deux novices, se barbouillèrent la figure avec des cerises, mais elles durent cesser sous les remontrances de Sœur de la Miséricorde. Cela devenait indécent et de plus cela attirait les guêpes ! De fait, il en arrivait de plus en plus et la présence de ces insectes vrombissant ne tarda pas à mettre Elaine au bord de la crise de nerfs. La Mère Supérieure tenta alors de la rassurer. 

       - Voyons, ce n’est rien mon enfant. Regardez, elles sont inoffensives. 

       Et, de ses doigts délicats, elle les chassa du groupe. 

       - Faites attention, ma Mère, vous en avez sur les pieds aussi ! s’exclama Sœur Adèle. 

       Alors, une dizaine de guêpes s’agglutinèrent un instant sur ses mains et sur ses orteils. On poussa des cris, pensant que la Supérieure allait se faire piquer. Pourtant, Camille de l’Incarnation ne se plaignit de rien. Ses extrémités lui étaient insensibles. Le Père Grangeais, rendu nerveux par cette agitation, lui assura qu’elle avait sur la main des traces de piqûres et qu’à son âge ce n’était pas très bon, qu’elle risquait une allergie. Il alla quérir le docteur Gleize qui mangeait avec les autorités. 

       - Qu’en pensez-vous docteur ? 

       Ce dernier n’eut pas le temps de lui répondre. La main de Sœur Camille commença à enfler, à se boursoufler de toute part, arrachant à la malheureuse des cris plaintifs. 

       - Mais que m’arrive-t-il ? Je veux voir Angélus ! balbutia-t-elle. 

       - Allons, ma chère, ressaisissez-vous, lui enjoignit le prêtre. Le docteur va vous soigner. 

       - Non, seul Angélus peut m’aider ! hurla la religieuse en tentant de se lever. 

       Autour d’elle s’était fait un attroupement. Qu’arrivait-il à la Mère Supérieure et pourquoi appelait-elle l’apothicaire par son prénom ? Se connaissaient-ils avec un si grand degré d’intimité ? 

       Elaine comprit immédiatement, en voyant la peau de Sœur Camille se couvrir de phlyctènes, qu’elle faisait une réaction à la crème d’Adrien. Tout son visage était maintenant enflé, les paupières et les lèvres bouffies, d’une rougeur extrême. La religieuse, toute tremblante, se mit à bafouiller. 

       - Ce sont ces crèmes qu’il me met... Seigneur Jésus, ayez pitié de moi ! 

       Un murmure de désapprobation commença à se propager parmi les badauds. 

       - Elle délire, dit le prêtre, elle est prise de fièvre, n’est-ce pas docteur ? 

       Ce dernier, réalisant qu’il avait à faire à une machination d’Angélus, ne voulut pas risquer sa réputation. 

       - Je pense, hélas, que ce cas ne relève pas de la médecine mais bien de la sorcellerie et je crains que Monsieur Gabrielli n’ait poussé un peu loin ses besoins d’expérimentation. Tous les Fontserannais peuvent en témoigner. Il est temps de réagir. Pour ma part, je ne peux rien faire pour la Révérende Mère. 

       Ce dernier mot fit tressaillir le prêtre. Sœur Camille n’avait en effet plus rien de la religieuse respectable qu’il avait toujours protégée. Ses condisciples l’entouraient, sœur de la Miséricorde la première, et elles tentaient de la calmer, mais en vain. La Mère supérieure s’agitait de plus en plus, exhibant ses mains boursouflées, ses pieds de plus en plus déformés. Sous le voile, son visage se marbrait, paraissait se métamorphoser en une espèce de gargouille telle qu’on les voit à la capitale, sur les tours de Notre Dame. 

       Mais il y avait pis que cet aspect extérieur. Sœur Camille de l’Incarnation osait dévoiler devant tout le monde ses rapports illicites avec Angélus. Des rapports, qu’en son for intérieur, le Père Grangeais jalousait depuis qu’il en avait eu connaissance. 

       En dépit des efforts des soeurs, la religieuse fut prise de soubresauts et on s’écarta, la laissant s’agiter au milieu d’un cercle de badauds brusquement terrifiés. Plus les minutes passaient, et plus elle devenait ce qu’elle aurait dû être sans le secours des potions miracles qu’elle s’administrait depuis des années. 

       A ce propos, le Père Grangeais réalisa soudain que sa beauté, si elle était plus rayonnante depuis l’arrivée de cet apothicaire, remontait tout de même à une quinzaine d’années, vingt peut-être, il ne savait plus, date à laquelle Camille ne pactisait pas encore avec ce diable. 

       Il avait mis alors son teint resplendissant sur le compte de son entrée en religion, ce qui l’avait attaché plus encore à Camille, car il voyait dans cette beauté un signe venu du ciel. Il ignorait que Jean lui avait laissé des recommandations avant son départ. 

       Camille lui cachait donc quelque chose. Son pacte avec le Diable datait de longtemps et il avait ainsi adoré, ces longues années durant, un suppôt de Satan ! Cette Camille ne valait pas la peine qu’il se perde aux yeux du Très Haut. N’était-elle pas fille Galin, sœur d’un mécréant marqué dès sa naissance et rejeté par tous ? Toutes ses terreurs nocturnes, ses effrois de l’âme le submergèrent et il n’y eut plus, dans son cœur soudain racorni, que de la haine et du désir de vengeance afin de sauver ce qui restait de sa sainteté si durement éprouvée. 
    ***
    (A Suivre)

    °°°
    "C'est super! Quand je tourne, ma robe elle fait pareil!"


    metin demiralay

    (Cette ex-blonde gardait quelques séquelles
    de son ancien état)

    °°°
    "Je dors debout..."


    Clear by Vladimir Fedotko

    °°°
    (La campagne "Moi j'aime faire de la bicyclette avec des bas"
    ne fit vendre aucun de ces moyens de locomotion...)


    by Ksenia Sazanovich

    °°°
    (Ces nouveaux métiers pour jeunes filles n'ayant pas froid aux yeux
    réclamaient une certaine souplesse)


    Busosnyatie. by Vladimir Fedotko


    °°°
    Jacques Damboise

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  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE TEMPS N'APPARTIENT A PERSONNE)

    +++
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/52)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste



       Soeur Adèle et Elaine jouent, malgré elles, les voyeuses en apercevant Angélus Gabrielli qui se baigne nu dans la rivière...

    ANGÉLUS
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE




    Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836,...
    bonjourtableau.fr



       Elaine courut jusqu’au couvent. Elle alla dans sa cellule, sortit de son sac le pot d’onguent d’Adrien et, alors que la cloche du repas sonnait, elle se glissa dans la chambre de Sœur Camille, subtilisa l’onguent que cette dernière utilisait et posa à la place celui d’Adrien sur la commode. Elle savait que chaque après-midi, à l’heure de la sieste, la Mère Supérieure ne manquait pas de s’en oindre le corps.

       Le reste de la journée, elle le passa à tresser des couronnes avec Sœur Adèle et ses compagnes. Ces dernières se réjouissaient comme des enfants de la fête du lendemain. On irait jusqu’à la chapelle Saint Jean, avec tous les habitants du bourg, à pied, en une longue procession, puis on ferait un repas champêtre et le soir, on chanterait autour du feu de l’été. 

       Adèle ne disait rien, les yeux perdus dans le vague, se contentant de sourire. Elaine aussi se taisait, savourant à l’avance une vengeance dont elle ignorait encore le tour tragique qu’elle allait prendre.

    CHAPITRE 21

       Angélus, dissimulé derrière les vitres de sa boutique, regarda la procession traverser la place. En tête venait le père Grangeais, flanqué de deux enfants de choeur portant ciboire et oriflamme, puis suivaient le sacristain et toute la congrégation entourant la statue de Saint Jean. Derrière piétinait la populace avec en premier le Maire, suivi des notables au milieu desquels se trouvait le docteur Gleize qui cultivait ainsi son image de marque. 

       Que ferait ce dernier lorsque toutes les crèmes qu’il commercialisait à Paris « tourneraient », comme avaient fait celles de Monsieur Fumel ? Ce serait une bien désagréable surprise pour lui ! Mais Angélus pensait que ce serait un juste retour des choses et il se félicitait d’avoir glissé dans les formules données à Gleize des composants qui, associés, ne manqueraient pas de faire naître ce fameux virus destructeur. Il aurait alors tout intérêt à ne plus être dans les parages. De toute façon, au mois d’août, il aurait quitté le bourg...

       Il apercevait dans le cortège ses soeurs aînées, Thérèse, Mariette et Germaine, accompagnées de leur progéniture que les costumes endimanchés ne parvenaient pas à embellir. Quant à ses frères, Michel, Joseph et Pierre, on eût dit des monstres : son œuvre souterraine avait fait des dégâts. Tous ceux qu’il avait connus ou fréquentés de près ou de loin semblaient désormais faire partie de la Cour des Miracles.

    ***

       Il faisait encore plus chaud que la veille, une chaleur lourde annonciatrice d’orage. D’ailleurs, vers l’est, d’énormes nuages s’amoncelaient et, poussés par un vent fort, commençaient à envahir le ciel entier. Sous cette canicule, tous allaient légèrement vêtus. Les Sœurs étaient en sandales de cuir et portaient leurs robes blanches réservées aux jours de fête dont l’étoffe était plus légère que celle de leurs tenues ordinaires. Elles chantaient des cantiques. Au milieu d’elles, Camille avait l’air fatigué.

       Pauvre Camille ! Angélus se demanda s’il parviendrait jamais à l’extraire de sa condition. Tout en elle sentait la spontanéité réprimée, l’angoisse face à l’idée qu’elle se faisait de Dieu, les formules toutes faites, la contrition permanente. Cela nuisait même à l’éclat de son teint. Les meilleurs onguents pourraient-ils lutter contre cette grisaille et ces remords qui la rongeaient de l’intérieur ? Ne devrait-il pas abandonner cette idée de l’emmener avec lui ? Ces questions le taraudaient et il comprit que ses jours à Fontseranne étaient comptés. Une fois encore, il devrait partir à l’aventure

    ***
    (A Suivre)

    +++

    "Je prédis que cet extrait d'article va être boycotté
    par 69% de lecteurs et lectrices..."

    Daniel Kahneman. 
    «Les gens sont infiniment compliqués»
    Propos recueillis par PHILIPPE NASSIF

       (...) / Venons-en donc à votre théorie principale sur laquelle s’étayent toutes vos observations : notre cerveau est régi par deux personnages conceptuels que sont le« Système 1 » et le « Système 2 ». Comment les présenteriez-vous ?

       Le Système 1 régit notre intuition : il est automatique, procède par associations, cherche les relations de cause à effet et ne s’appuie que sur le particulier. Il n’a aucun atome crochu avec les statistiques ou les grands ensembles. Ce qu’il veut, ce sont des histoires, il cherche la cohérence. Or la cohérence ne dépend pas de la quantité de connaissances et de preuves qu’on a sur un sujet : nous pouvons tirer des conclusions fortes à partir de très peu. C’est ce que j’appelle « Covera » : c’est « Ce qu’On Voit Et Rien d’Autre » qui gouverne la plupart de nos impressions. 

       Prenez par exemple « l’effet de halo » qui nous pousse à parer de toutes les qualités (intelligence, fiabilité, compétence) une personne qu’on a trouvée simplement sympathique lors d’une soirée. Dernier point : le sentiment d’aisance avec lequel le Système 1 trouve une réponse renforce sa confiance dans son jugement…

       / Et en face, le Système 2 est paresseux…

       Le Système 2 a la capacité de raisonner, de résister aux suggestions du Système 1, de ralentir les choses, de faire preuve d’analyse logique et de livrer nos illusions de validité à une autocritique. Mais il n’intervient que contraint et forcé. Lorsque notre Système 2 entre en action, nos pupilles se dilatent, notre rythme cardiaque s’accélère, notre cerveau dépense une dose de glucose. Cela demande effort et concentration de pouvoir soutenir deux scénarios contradictoires. C’est pourquoi, la plupart du temps, le Système 2 se contente de valider les scénarios d’explication qui viennent du Système 1 : il est plus facile de glisser vers la certitude que de rester campé sur le doute.

       / D’où, souvent, de fausses justifications à partir de faits lacunaires ?

       Revenons à notre étanchéité à l’égard de la logique statistique. Une enquête sur les 3 141 comtés américains nous apprend que le taux de cancer du rein le plus bas se rencontre dans des comtés ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains. Vous réfléchissez quelques secondes, écartez le facteur républicain, vous focalisez sur la dimension rurale de ces comtés et en concluez que, en effet, un mode de vie plus sain, sans pollution ni nourritures chimiques explique que les cancers soient moindres.

       Mais voilà, cette même enquête révèle que les comtés où il y a le plus de cancers du rein sont ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains ! Logique, me répondrez-vous : la pauvreté et l’accès difficile aux centres de soin expliquent pleinement ce résultat ! À chaque fois, vous avez puisé dans votre mémoire associative pour offrir l’explication la plus cohérente. Mais la vérité est que les petits échantillons enregistrent – statistiquement – des résultats extrêmes, dans un sens comme dans l’autre : ils ne sont simplement pas représentatifs.

       / À l’image de cet exemple, la lecture de votre livre est déstabilisante, car elle nous démontre nos erreurs en direct.

       C’est vraiment la clé de notre succès : tous nos articles commençaient par une expérience auquel le lecteur pouvait lui-même se livrer et qui lui montrait directement les biais intuitifs dont il est victime. J’avais été très impressionné par la psychologie allemande du Gestalt. Les images qu’elle utilise permettaient au lecteur d’expérimenter des phénomènes d’illusion : dans un dessin, selon que vous observez la forme de deux profils qui se font face ou celle d’un vase, vous voyez deux choses différentes. C’est ce qui m’a inspiré notre manière de soumettre systématiquement le lecteur à une expérience ironique sur lui-même.

       / Mais nos intuitions, à défaut d’être justes, peuvent nous être utiles : sans les espoirs, certes excessifs, qui soutiennent nos entreprises, nous ne ferions rien.

       Oui, c’est le « biais optimiste »qui est le moteur même du capitalisme : nous exagérons toujours les chances de succès de ce que nous entreprenons. Mais cette tendance est heureusement contrebalancée par cet autre biais cognitif qu’est« l’aversion aux pertes ». Il y a alors un jeu de balance entre ces deux tendances, qui pare à un excès de témérité ou de conservatisme : nous sommes partagés entre des prévisions courageuses et des décisions timides.

       / Vos travaux sur l’intuition ont été l’enjeu d’une controverse qui, de façon exceptionnelle, s’est révélée fertile.

       Nos recherches sur l’intuition étaient en effet attaquées par l’école adverse menée par Gary Klein, pour qui un raisonnement intuitif tombe le plus souvent juste. Plutôt que de répondre par articles interposés, je lui ai proposé ce que j’appelle une « collaboration de confrontation » : il s’agit d’écrire avec son contradicteur un article à propos de nos divergences. Il a accepté et s’en est suivi un long échange de sept à huit ans au bout duquel nous avons pu signer un article intitulé : « Conditions d’une expertise intuitive : comment nous avons échoué à être en désaccord ». 

       En fait, nous ne parlions pas de la même chose. Il y a une différence entre l’anticipation à court terme et les prévisions à long terme : entre un pompier qui sent, sans se l’expliquer, qu’une maison va s’effondrer dans la minute et un spécialiste du Moyen-Orient qui livre ses prédictions sur l’évolution de la région. Car une compétence intuitive ne peut se développer que s’il y a un environnement suffisamment régulier pour être prévisible et la possibilité d’apprendre ces régularités grâce à une pratique durable – il faut à peu près dix mille heures de pratique pour devenir un expert. 

       C’est le cas pour le pompier ou l’infirmière qu’étudiait Klein et pas du tout avec les économistes et les politistes que j’étudiais. De même, un thérapeute, fort de pouvoir deviner comment son patient va réagir à ce qu’il lui dit, va s’imaginer qu’il peut aussi prédire où ce dernier en sera dans un an. Par excès de confiance, nous avons tendance à aller au-delà de notre champ de compétence. (...)

    Lire l'entretien sur:

    +++

    "Il s'agit d'un couple de Chat/Chatte.
    Et moi je suis leur Papa/Maman"


    http://deforest.tumblr.com/

    +++

    "Non! Madame n'est pas une transgenre,
    Monsieur le malotru! Pas plus que moi!"



    Daphné Guinness: celle qui a piqué BHL à Arielle Dombasle ...
    allainjules.com

    PAKISTAN AUTREMENT 
    Première candidate transgenre

       (...) Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, depuis sa création en 1947, les élections législatives vont marquer le passage entre deux gouvernements civils démocratiquement élus. Ce scrutin est également une première à un autre titre: une candidate transgenre a été autorisée à briguer un poste de députée par la Commission électorale. 

       Bindiya Rana explique clairement ses motivations : "Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la politique du pays. Mais à présent, il me semble que le temps est venu pour les gens ordinaires que nous sommes de nous faire entendre et de nous présenter aux élections pour faire éclater la mafia des propiétaires terriens, des hommes d'affaires et des politiciens professionnels [qui dirigent le Pakistan]". (...) (et pendant ce temps-là, en France, pays de la Liberté...)



    +++
    Luc Desle

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU ES JUSTE UN FÉTUS DE PAILLE 
    DANS LE COURANT)

    °°°
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/51)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Elaine Cantagril se retrouve face à Angélus Gabrielli, responsable de la mort de son fiancé...
    ANGÉLUS
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



    Les-Comediens-italiens-Jean-Antoine-Watteau

       Le lendemain matin, il faisait encore un temps splendide. Sur la place du bourg, quelques baraques étaient en train de s’installer à la grande joie des enfants.

       Angélus sortit par la porte de derrière et coupa à travers champs jusqu’à la rivière. Il lui fallait prendre une décision quant à l’orientation à donner aux futurs événements. Somme toute, il avait atteint son but puisque les villageois en étaient maintenant réduits à l’état de dépendance. Par contre, lui, n’avait pas encore réussi à sauver sa main gauche, et il ne s’était toujours pas offert le plaisir suprême, eu égard à Camille, de leur révéler son identité. Alors que faire ? Partir sans mener sa vengeance à son terme, ou rester encore jusqu’au triomphe espéré ? C’était là un dilemme difficile à résoudre.

       Le soleil inondait les rochers plats. Angélus s’y allongea. La chaleur bienfaisante caressait son corps, comme nul être n’aurait pu le faire, il le savait. Dans ces longues et lointaines pérégrinations, jamais il n’avait rencontré de mains assez souples et chaleureuses capables de rivaliser avec les rayons du soleil. Certes, il en avait senti qui avaient du magnétisme, du savoir-faire dans l’art des massages, mais jamais cette vibration, cette énergie solaire que lui possédait au bout de ses doigts et dans le creux de sa main. 

       Il était tellement dans l’instant qu’il n’entendit pas arriver Sœur Adèle, ni plus tard Elaine. La première était venue sous le prétexte de ramasser des fleurs dont elle ferait des couronnes, pour la fête de la Saint Jean. Elle espérait bien revoir Monsieur Gabrielli qu’elle avait déjà aperçu, quelques jours avant, en train de se baigner là, près de la cascade. Le spectacle de cet homme resplendissant de beauté, se baignant nu comme aux temps bibliques, l’avait laissée dans une telle extase qu’elle n’eut de cesse de revoir encore celui qu’elle avait surnommé, dans son cœur, l’archange Gabriel. 

       Sa naïveté et sa candeur l’avaient jusque là protégée des vaines culpabilités. Pour elle, le mal ne pouvait pas habiter la perfection, et Angélus était parfait, hormis cette main que d’habitude il tenait gantée et qui, dénudée, semblait de loin malade.

       Sœur Adèle avait veillé à ne pas être suivie, mais Elaine avait remarqué chez sa compagne une telle effervescence qu’elle avait tenu à la suivre pour voir ce qui pouvait à ce point lui rendre le cœur léger. Elle la trouva donc debout derrière un saule, comme figée dans une admiration béate, littéralement transportée vers des espaces divins. Et, tout là-bas, sous les embruns de la cascade, un homme se laissait caresser par l’eau bouillonnante.

       Tout d’abord elle ne reconnut pas Angélus car l’eau estompait les traits de son visage, mais elle vit la main gauche de l’homme et comprit qu’il s’agissait de l’apothicaire. D’ailleurs, qui d’autre dans le bourg serait venu à cette heure se baigner seul ? Tous vaquaient à leurs affaires, ou étaient occupés aux premières moissons. 

       Puis Angélus sortit de l’eau. Elaine étouffa un cri. Adèle n’avait pas bougé. Elle continuait à regarder son archange dans sa splendide nudité. Et on pouvait lire dans son attitude toute la dévotion muette qu’elle lui vouait. Nulle trace de sentiments troubles. Une totale contemplation.

       Elaine, comme médusée par l’atmosphère recueillie de la scène, se risqua à contempler Angélus qui s’était de nouveau étendu sur les rochers. Son regard glissa sur ce corps d’ange qui gisait là dans toute son innocence. Puis l’évidence s’imposa à elle : ce corps n’avait pas de sexe. Du moins le lui sembla-t-il tant elle mit de la hâte à risquer sa vue sur cette masculinité, son éducation lui interdisant de se livrer à un tel voyeurisme. Succédant à la mollesse et à la confusion qui s’étaient emparées d’elle, la détermination prit le pas. Il fallait au plus vite se débarrasser de cet étrange meurtrier qui risquait, si on le laissait faire, de contaminer les plus pures.

       Adèle s’était, elle aussi, arrachée à sa contemplation. Elle ramassait à présent des brassées de fleurs, tout enivrée par le spectacle auquel elle avait assisté.

    ***
    (A Suivre)

    °°°
    "Aïe nide you for
    bouter l'Anglois out aware frontier"


    Les Femens ne portent pas 
    de tee-shirts (dicton franglais)
    Théophraste R. 

       (...) Les Français, réputés allergiques aux langues étrangères, sont-ils subrepticement devenus anglophones ? Oui, prétendent les enseignes, les pubs, et jusqu’aux noms d’entreprises : épiceries Carrefour City, France Telecom (sans accents aigus), téléphonie Free, Photo-shop…

       Les pires sont les tee-shirts. Il suffit de changer la lettre « j » par « i » et le « J’aime » français devient « I love ». Pour quel bénéfice, ô pédants prétentieux, fats et ignares à la fois?

       Le nec plus ultra est de supprimer aussi l’article : « I love télévision ». Et non pas « la » télévision. Et notez bien la présence des accents qui, là, ne devraient pas y être, puisqu’on prétend parler anglais.

       C’est le déferlement d’un franglais pathétique. Ah ces complexés recalés au bac qui arborent des tee-shirts de l’université de Los Angeles (UCLA) ou de la poulaillerie New-yorkaise (NYPD), à commencer par l’ex-président de la France, qui parle anglais comme moi, quand je fais le pitre : hi vrite tout te blaque bohardd visse ha pisse of chalque ! (Dedaj et Gensane, anglicistes pointus corrigeront cette phrase).

       (Qui sur la photo ? J’hésite entre Marine et Marion. En tout cas, ce n’est pas Marianne).

       PS. « I love télévision » ! Je ne vous dis pas le niveau de bêtise inconsciente et satisfaite nécessaire pour se transformer fièrement en femme-sandwich qui proclame en subliminal :« I am une abrutie de première et je veux que vous le sachiez ». (...)


    °°°

    (Cette blonde cherchait ses lunettes)



    °°°
    "Je dois garder ce chapeau encore un peu...
    Ensuite, m'a dit ma Belle-Mère, ce sera
    LA surprise... J'ai hâte!"


    Les exclus du mariage pour tous
    Wojtel Zralek-Kossakowski 

       (...) Et dire que ça devait être si beau… De la liberté, de l'égalité, de la fraternité. La loi sur le mariage homosexuel était présentée sous le joli intitulé de "mariage pour tous".

       On a dit que l'Etat français faisait un pas de plus pour accorder à des exclus le droit de décider de leur destin. Désormais, de nombreux homosexuels pouvaient ne plus se considérer comme des citoyens de seconde zone. C'était l'accomplissement de Révolution française. Vive la France ! Allez les Bleus !

       Cependant, les médias français ont découvert l'existence d'une circulaire ministérielle relative à la loi sur le mariage homosexuel, selon laquelle un(e) citoyen(ne) français(e) peut se marier avec un(e) ressortissant(e) étranger(ère), sauf si celui-ci ou celle-là sont citoyens algériens, bosniens, monténégrins, cambodgiens, laotiens, serbes, kosovars, marocains, slovènes, tunisiens ou... polonais. Tout cela à cause d'accords bilatéraux datant pour certains des années 1950 et 1960.

       Algérie, Cambodge, Laos, Maroc, Tunisie... Difficile d'oublier l'épisode colonial. Justement, la moitié de ces pays ont eu un "partenariat" difficile et douloureux avec la France. Les médias français évoquent cette question et ce n'est guère étonnant : comment marier la réalité avec les beaux slogans sur le mariage pour tous ? Le gouvernement français n'a pas encore pris position et l'on assiste à une sorte de bras de fer entre le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères.

       La Pologne et la France ont signé un accord bilatéral en 1967 selon lequel, en matière de mariage, les citoyens polonais dépendent de la législation polonaise. Il est étonnant qu'aucun des fonctionnaires polonais (et pourtant, la chaîne de télévision TVN24 en a interrogé plusieurs) qui se sont prononcés au sujet du mariage entre Joanna Duda et Anu Czerwinski [les autorités polonaises ont refusé de fournir une attestation à Joanna sous prétexte que le mariage était contracté selon la Constitution polonaise entre un homme et une femme, le nom du futur époux figurant sur le document] n'ait été au courant de l'existence de cette circulaire.

       Cette triste affaire nous montre non seulement que l'exclusion est réelle, mais aussi qu'elle est politique. Plus encore, elle est supranationale. Pourquoi un(e) citoyen(ne) tchèque peut-il (-elle) se marier avec son (sa) partenaire français(se) pendant qu'un(e) Polonais(e) ne le peut pas ? Pourquoi une femme domiciliée en Algérie peut-elle se marier avec un homme vivant en France alors qu'une femme originaire d'Algérie ne peut pas se marier avec une femme installée en France ? Le mariage n'est-il pas pour tous ? (...)

    Note :*en français dans le texte


    °°°
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA MONTAGNE NE SE TRAVERSE PAS)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/50)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Angélus Gabrielli, l'apothicaire, est en butte à des plaintes concernant ses onguents qui se révèlent, au final, pernicieux...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE 


    CHAPITRE 20

       C’était un mois de juin magnifique. Angélus avait vu ces derniers temps sa clientèle particulière l’abandonner. Seuls les patients envoyés par le docteur Gleize se risquaient à franchir le seuil de la boutique, et encore se montraient-ils réticents à lui faire réaliser des préparations, préférant acheter des remèdes manufacturés, comme il en existait désormais sur le marché.

       Certains clients commandaient même leurs remèdes à Espigouze ou à Aubenac. A ce rythme-là, il était évident que la pharmacie allait faire faillite, et c’était ce que souhaitaient de tout cœur les Fontserannais.

       Angélus, cependant, goûtait une joie secrète, car tous voyaient leur santé péricliter. Ils recouvraient leur apparence hideuse, chaque jour un peu plus. Et cette fois, aucun onguent miraculeux ne pouvait les soulager. Ils en étaient tenus, pour pouvoir se venger de lui, à vivre dans des affres tellement insupportables que la tension avait monté d’un cran. Angélus, aux regards meurtriers que tous lui adressaient, avait compris qu’il valait mieux se trouver le moins souvent possible sur leur chemin. 

       Il continuait à se rendre au couvent le vendredi car c’était la saison où l’on herborisait le plus, et il donnait des conseils pour le séchage des plantes. Mais au lieu de n’y rester que quelques heures en début d’après-midi, il avait décidé de partir de bon matin, laissant pendant ce temps sa boutique close. Ce qui fut très mal pris par les Fontserannais, bien qu’ils aient reçu comme consigne de se passer de ses soins. 

       Eux le voulaient fidèle au poste, au service de leur bon vouloir. Jamais le Sieur Andrieu n’aurait laissé son officine fermée toute une journée ! D’ailleurs, il avait toujours un apprenti ou un commis pour l’aider, chose à laquelle Angélus s’était catégoriquement refusé, préférant travailler seul.

       - Vous êtes bien matinal, remarqua Sœur de la Miséricorde, lorsqu’il se présenta au parloir. Sœur Adèle, puisque vous partez donner classe, allez ouvrir l’herboristerie en passant.

       La Sœur s’exécuta. Angélus demanda à voir la Supérieure, mais ne pouvant la rencontrer en aparté sans éveiller de soupçons, il se contenta de donner une recommandation concernant la cueillette.

       - Pouvez-vous dire aux Soeurs qui iront herboriser ce jour de ne ramasser que des mauves et des boutons de coquelicots.

       Puis il rejoignit la petite salle où les moniales mettaient les plantes en sachet, entières ou réduites en poudre. Sœur Adèle était encore dans la pièce.

       - Je vous ai ouvert la fenêtre. L’air extérieur est si léger ce matin qu’il serait dommage de ne pas profiter de sa caresse.

       Angélus planta son regard dans celui de la jeune fille. Elle ne cilla pas. Ce n’était pas la première fois qu’il remarquait cette jeune religieuse. Il émanait d’elle une intelligence, une fraîcheur et une franchise si peu communes en de tels lieux qu’il trouvait regrettable qu’elle se soit consacrée à Dieu. 

       - Je vous remercie, lui dit-il. Il est en effet dommage de se priver des trésors que la Nature nous offre.

       - Je suis tout à fait d’accord avec vous... Oh, j’entends la cloche de huit heures! Je vais être en retard. A bientôt.

       Angélus ne resta seul que quelques secondes. Elaine vint frapper à la porte.

       - Bonjour, vous m’aviez dit que je pourrais venir vous consulter, vous vous rappelez ?

       - Cela ne date pas d’hier, Elaine, mais en effet, je m’en souviens. Je suppose que vous allez mieux, sinon vous m’auriez contacté avant, car j’ai souvenir que nous nous sommes croisés maintes fois. Je fais erreur, peut-être ?

       - Pas du tout, répondit Elaine gênée par le regard inquisiteur du jeune homme. Mais j’ai des questions à vous poser. Sœur Adèle, la jeune novice qui sort à l’instant d’ici, m’a dit un jour que vous étiez un génie. J’aimerais bien savoir ce qu’elle entend par là. Avouez que dans la bouche d’une future religieuse, ces paroles sont bien étranges.

       - Le terme de génie est peut-être un peu fort, pourtant Adèle me semble être la plus sensée des personnes vivant dans ce couvent. Et pour le peu que je sache d’elle, mon impression est qu’elle n’est pas à sa place parmi ces religieuses.

       - Le couvent est pour beaucoup un refuge, une bulle à l’écart du monde, une protection. Vous-même n’y trouvez-vous pas le calme nécessaire à vos recherches ? 

       Angélus ne releva pas le sous-entendu, se contentant d’un geste vague et d’un demi-sourire. Elaine entra alors dans le vif du sujet.

       - Vous semblez avoir un idéal qui vous porte et j’avoue que, depuis la mort de mon fiancé, je ne sais comment reprendre goût à la vie. J’ignore si la religion pourra m’aider à sortir de ce vide intérieur.

       - Ce qui est vécu avec passion peut combler l’âme de quiconque, répondit Angélus d’une voix douce. La tiédeur affadira votre existence si vous la laissez prendre le pas sur votre volonté, votre engouement ou votre désespoir. Quel que soit le sentiment dont vous serez submergée, allez jusqu’au bout de ce qui est juste et bon pour vous… et pour vous seule. J’ai toujours agi ainsi, et je me sens parfaitement en paix avec moi-même.

       Elaine sentit ses joues s’empourprer sous la colère et ne put s’empêcher de provoquer Angélus.

       - Ainsi, vous iriez, si j’ai bien compris, jusqu’à faire fi de la vie des autres pour atteindre votre but ?

       - Si ce but-là sert à nourrir une Oeuvre qui dépasse de loin les éléments en présence… J’irai jusqu’à sacrifier toute personne qui se mettrait en travers de mon chemin, oui, très certainement.

       Une lueur passionnée brillait dans les yeux d’Angélus. Elaine se dit qu’elle avait à faire à un fou plutôt qu’à un génie, et la peur la reprit.

       - Et quelle est donc cette œuvre qui mérite tant de sacrifices ? demanda-t-elle, d’une voix tremblante.

       - Pouvoir atteindre et toucher la transparence. Pouvoir créer plus doux, plus diaphane que la bise du matin, plus chaud et léger que le rayon de soleil printanier, voilà mon but, Elaine.

       - N’est-ce pas cela qui a contribué à la mort de mon Adrien ?

       Angélus marqua un temps d’arrêt.

       - Peut-être recherchait-il une beauté trop terre à terre, qu’en pensez-vous ?

       - Vous ne répondez pas à ma question, Monsieur Gabrielli.

       - La réponse est en vous, Mademoiselle. En tout cas, tous les hommes sur cette terre ont été, un jour ou l’autre, responsables de près ou de loin de la chute de quelqu’un. Votre Adrien comme les autres. Vous ignorez sans doute que, dans ce bourg même, il y a de cela bien longtemps, avec des jeunes de son âge, il a contribué à la mort d’un des leurs... Nous sommes tous ange et démon suivant les moments, les intérêts ou l’envie.

       Les larmes aux yeux, Elaine s’écria :

       - Mais qui êtes-vous donc pour vous permettre de juger ainsi des êtres qui vous sont totalement étrangers ? A moins que l’on ne vous ait chargé de venger quelqu’un ? Peut-être...

       Sœur de la Miséricorde interrompit cet échange de plus en plus passionné en entrant sans frapper dans la pièce.

       - Hé bien Elaine ? Je vous cherche partout. Vos compagnes vous attendent pour aller herboriser.

       Angélus se détourna et fit semblant de s’occuper. La jeune femme s’efforça de cacher ses larmes et, serrant les poings, elle passa rapidement devant la religieuse. 
    ***
    (A Suivre)

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    "Mon Dieu! Toutes mes données personnelles
    ont disparu de mon passeport!"



    http://bulgarie1.zigo.over-blog.com/categorie-12446026.html

    Les Bosniens pleurent un bébé mort 
    à cause d'un vide juridique

       (...) Environ 2 000 personnes se sont rassemblées dimanche 16 juin à Sarajevo, la capitale bosniaque, pour rendre hommage à un bébé mort en raison d'un vide juridique qui a empêché des milliers d'enfants nés depuis février d'être soignés et de pouvoir quitter le pays. Les participants au rassemblement ont allumé dans le silence des centaines de bougies sur le parvis du Parlement. Des enfants ont posé à même le sol leurs jouets à la mémoire de Berina Hamidovic, un bébé d'un mois mort jeudi dans un hôpital à Belgrade, en Serbie voisine.

       (...) Cet enfant n'a pas pu être soigné en Bosnie et les médecins locaux ont recommandé son transfert vers une clinique à Belgrade. Mais le bébé ne pouvait pas obtenir un passeport car il ne disposait pas de numéro personnel d'identification, et le transport ne pouvait pas se faire sans entraves, a expliqué à la presse le père de Berina, Emir Hamidovic. "L'Etat a refusé de nous délivrer un passeport pour Berina. On s'est débrouillés pour franchir la frontière avec l'aide de la police frontalière. Mais ensuite l'hôpital de Belgrade nous a demandé de leur verser un millier d'euros, que nous n'avions pas et que l'assurance-maladie bosnienne a refusé de payer. Mais il était déjà trop tard pour tout", raconte M. Hamidovic, larmes aux yeux.(...) 

       (...) Plusieurs manifestations ont eu lieu devant le Parlement à Sarajevo depuis début juin pour exiger l'adoption d'une loi sur le numéro personnel d'identification pour les enfants nés depuis l'annulation, en février, de la précédente réglementation. "C'est la première victime d'une situation politique dont on ne voit pas l'issue. Que faire quand on a une telle élite politique ? Nous pouvons seulement prier pour la santé des enfants qui naissent ici", a déclaré Nela Djenisijevic, une actrice, elle-même mère d'un enfant né récemment et qui n'a pas pu obtenir de numéro d'identification personnel.

       Faute de ce sésame bureaucratique, il n'est en effet pas possible pour ces enfants de bénéficier de l'assurance-maladie et d'avoir un passeport. Les élus musulmans, serbes et croates qui représentent au Parlement les trois principales communautés de ce pays ethniquement divisé, campent sur leurs positions et n'arrivent pas à parvenir à une solution de compromis. (...) 




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    (Le fils de ce capitaine d'industrie
    avait la tête de l'emploi)


    (Source: winnersusedrugs)

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    "Je n'exporterai pas mon savoir-faire 
    dans d'autres maisons! Pas question!"


    Le Masque d'or [The Mask of Fu Manchu] de Charles Brabin (1932 )



    La fragmentation du monde 
    et les futurs malheurs de la Chine
    Eric Le Boucher

       (...) Les tensions montent: panneaux solaires, pneus, aciers spéciaux, télécoms... Washington et Bruxelles ont décidé de ne plus fermer les yeux sur les pratiques «déloyales» de la Chine. Et Pékin, en rétorquant par des menaces brutales sur le vin et les berlines allemandes, aggrave son cas. L'empire du Milieu qui a vécu deux mille ans tourné sur lui-même et manque de ce fait de savoir-faire diplomatique, se trompe pour les îles Senkaku comme pour ses exportations: ni les différends territoriaux ni le commerce ne se règlent jamais à coup d'escalades.

       Pour Pékin, l'erreur est plus fondamentale. La Chine risque beaucoup plus gros que de perdre quelques marchés de matériels. Elle a été la grande bénéficiaire de la mondialisation. Après le Japon, la Corée du Sud, elle a pu appuyer son développement sur l'exportation et obtenir une ahurissante hausse de son niveau de vie en trente ans. Elle peut maintenant, elle doit, basculer son mode de croissance vers la consommation interne. Mais pour le faire sans explosion, il lui faut du temps, elle a donc encore besoin d'exporter beaucoup et longtemps.

       Or, entre-temps, la mondialisation a changé et la mégafragmentation qui vient ne va pas lui être favorable. De quoi s'agit-il? De deux modifications radicales. D'abord, l'éparpillement des chaînes de production (supply-chain). Au lieu de fabriquer tout un produit dans une usine, on répartit les éléments dans des lieux spécialisés différents, à l'étranger souvent, et le montage final dans un autre. Ce phénomène est devenu considérable: les produits intermédiaires représentent 60% du commerce mondial. Le «contenu en importations des exportations» est passé de 20% il y a vingt ans à 40% aujourd'hui et, calcule Pascal Lamy, directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, à 60% dans vingt ans[1].

       La conséquence est de renforcer la dépendance réciproque des économies. La mondialisation ne se replie pas, bien au contraire, le commerce international est devenu crucial, la crise n'a pu provoquer ni une chute de ses volumes ni un véritable regain du protectionnisme. Hausser une barrière douanière et pénaliser des importations qui rentrent dans ses propres exportations, c'est se tirer une balle dans le pied. «Le protectionnisme est devenu du destructionnisme», résume parfaitement l'économiste Richard Baldwin. Dans ce contexte du commerce des chaînes (supply-chain trade), les entreprises ne feront plus «tout» en Chine. Ses salaires élevés sont un appel à des sous-traitances en Asie du Sud-Est. Il faut donc que Pékin trouve une harmonie régionale. Elle ne pourra pas la construire dans la confrontation.(...)

    [1] L'OMC entre deux mondes. «La Revue des deux mondes», avril 2013. Retourner à l'article

    Lire la suite sur:


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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE BEAU N'EST PAS SOLUBLE
    DANS LE RÉEL)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/49)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

          Angélus a commencé à expérimenter ses onguents sur sa soeur Camille...

    ANGÉLUS 
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Philippe PINEL (La Salpêtrière)

       Une semaine après ces appels à la raison adressés à l’apothicaire, un conseil fut réuni au sujet des étranges maladies qui semblaient n’atteindre que les gens du village. A ce conseil assistèrent le Père Grangeais ; Monsieur Plantade, le maire ; Maître Beaujean, le notaire, ainsi que des notables du bourg. Il en ressortit qu’effectivement la population semblait être la victime de quelque fléau, mais qu’il fallait se garder d’entrer dans des explications irrationnelles. 

       D’après les quelques plaintes déposées, tous les plaignants avaient eu à faire avec Messieurs Gabrielli et Gleize, ce qui était naturel vu leur métier respectif et le fait qu’ils étaient les seuls à exercer ces fonctions dans le bourg. 

       - On ne peut quand même pas accuser Gleize, diplômé de l’école de Montpellier ! s’insurgea le Maire. J’ai moi-même souffert à deux reprises de problèmes cutanés, et ils ont été grandement soulagés par les prescriptions du docteur. Quant à notre apothicaire, c’est librement que je l’ai consulté. Une de ses pommades m’a apporté un grand bien-être et je suis prêt à en témoigner devant n’importe quel tribunal ! 

       - Cependant, on m’a consulté pour faire suivre ces plaintes, fit Maître Beaujean. Pour l’instant, j’ai temporisé et j’ai préféré en parler aujourd’hui, au conseil... 

       - Quels sont les auteurs de ces plaintes ? demanda le Père Grangeais. 

       En entendant les noms de quelques victimes d’Angélus Gabrielli, le prêtre s’efforça de ne pas trahir son trouble. Il savait, pour les avoir entendus en confession, que ces gens avaient bel et bien été traités par l’apothicaire, et lui seul, et que c’est après avoir pris ses drogues que l’état des patients avaient empiré. Oh, certes, il ne s’agissait que d’une multiplication d’érythèmes, par exemple, ou de bubons malgracieux. Mais dans l’état d’effervescence où se trouvait Fontseranne, ces désagréments suffisaient. 

       Le prêtre s’efforça de minimiser les torts de Gabrielli. Il mentit, sachant combien la Supérieure avait en haute estime le jeune homme. C’était pour lui souffrance que de se faire l’apôtre de Satan lui-même, à moins que ce ne fût d’une de ses créatures. 

       Au fur et à mesure que le Père Grangeais essayait de blanchir l’apothicaire et le médecin, son coeur battait plus fort et une mauvaise sueur inondait son corps. 

       - Pourquoi me fais-je l’avocat du Diable ? pensait-il. Je cours à ma perte en agissant de la sorte. Mais si je parle, si je dis tout ce que je sais, qu’adviendra-t-il de ma chère Camille ? 

       Comme aucune preuve ne pouvait étayer les plaintes, le conseil décida de laisser les choses en l’état. Le Maire estimait qu’il valait mieux régler son linge sale dans la commune dont il avait la charge. On conseilla donc aux plaignants de ne plus recourir aux soins d’Angélus Gabrielli, et à ce dernier, de profiter de la fête votive de Fontseranne pour fermer boutique quelques jours 

       Au lieu de calmer les esprits, ces mesures les échauffèrent un peu plus encore et le bourg se mit à bruire d’un désir de vengeance à l’égard de l’apothicaire. 

    ***
    (A Suivre)

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    "Au moins, cette pomme empoisonnée 
    n'est pas contaminée par les OGM"


    Etats-Unis : 
    la contamination du blé par des OGM
    coûte très cher à l'économie américaine
    Propos recueillis par Magali Reinert


    L'analyse de Bill Freese, de l'ONG Center for food safety.

       (...) / Novethic : Quelles sont les conséquences économiques de la contamination d’un champ de blé par un OGM jamais autorisé à la consommation humaine ?

       - Bill Freese : La contamination par un blé expérimental de Monsanto a eu lieu dans l’Oregon, un État qui exporte 90 % de son blé. Rappelons, qu’aujourd’hui, il n’existe aucun blé OGM commercialisé dans le monde. Les conséquences de cette découverte fin mai ont été immédiates : le Japon et la Corée du Sud ont suspendu leurs importations, des gouvernements asiatiques et européens ont réclamé des tests pour surveiller la présence d’OGM, les cours du blé ont baissé. Depuis, plusieurs plaintes ont été déposées par des agriculteurs contre Monsanto, accusé d’être responsable de la contamination. Il faut bien comprendre que le montant des préjudices peut être très élevé. Une étude publiée en 2005 estimait qu’une contamination du blé par des OGM pourrait coûter une centaine de millions de dollars à l’agriculture américaine.

       / Y a-t-il eu des précédents ?

       - Plusieurs. En 2006, le riz expérimental Liberty Link de Bayer avait été retrouvé dans des produits alimentaires exportés en Europe et en Asie. En quelques jours, la baisse du prix du riz américain avait fait perdre des dizaines de millions de dollars aux producteurs du sud des États-Unis. 11 000 agriculteurs avaient alors porté plainte contre Bayer, qui les avait dédommagés cinq ans plus tard à hauteur de 750 millions de dollars. Et les contaminations vont continuer.

       / Pour quelles raisons ?

       - Parce que le système réglementaire américain est incapable de prévenir la contamination de la chaîne alimentaire par des OGM. Une compagnie biotech peut obtenir une autorisation en 30 jours de la part du ministère de l’agriculture (USDA) pour un essai en plein champ. Aucune exigence n’est imposée aux industriels, qui proposent leur propre procédure. Par exemple, l’USDA ne fixe pas de distances minimales à respecter entre un champ expérimental et les champs cultivés... Dans ce cas précis, Monsanto a conduit des essais en plein champ dans 16 États sur un millier d’hectares, entre 1998 et 2004. Les disséminations du blé expérimental résistant au Roundup sont inévitables dans ces conditions. Si on détecte une contamination seulement aujourd’hui, soit dix ans après la fin des essais, c’est faute de contrôle.Cette contamination intervient alors qu’une partie des Américains réclame une meilleure information sur les produits GM. 

       / Est-ce qu’une réglementation sur l’étiquetage a une chance de voir le jour ?

       - Le blé est un sujet très sensible, car c’est la base de notre alimentation. Ce qui n’est pas le cas des cultures OGM aux États-Unis comme le maïs et le soja, destinées majoritairement aux animaux. Cette contamination du blé renforce donc la mobilisation pour un étiquetage des produits OGM, qui a pris beaucoup d’ampleur cette année. Depuis l’échec de la Californie à légiférer sur un étiquetage obligatoire (voir l'article La Californie rejette l'étiquetage OGM ), 26 États ont engagé des actions similaires. Le Connecticut a voté une loi début juin, et le Maine et le Vermont semblent lui emboîter le pas. Certes, l’application de cette loi reste conditionnée à son adoption par un minimum de cinq autres États, mais elle ouvre la voie à une législation au niveau fédéral. Ce que pousse notre organisation soutenue par une pétition signée par 1,2 million de personnes. Face à ce phénomène, certaines grandes compagnies agro-alimentaires commencent même à se dire prêtes à accepter un étiquetage a minima au niveau fédéral. (...)


    +++

    (Jeune femme s'esclaffant à l'ex-cel-len-te
    blague d'un vieux milliardaire)



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    (Vieux emportant avec eux le matériel adéquat
    pour naviguer sur le Web)


    Les vieux déferlent sur YouTube
    GUERRIC PONCET

       (...) Qu'on se le dise, les séniors sont désormais 3,7 millions à regarder des vidéos sur Internet, soit 500 000 de plus qu'en novembre dernier. N'en déplaise aux clichés sur les geeks jeunes et branchés, c'est bien aux plus de 65 ans que les plateformes de vidéos comme YouTube ou Dailymotion doivent l'essentiel de leur progression du premier semestre 2013 ! Et non seulement les "vieux" sont plus nombreux, mais ils regardent toujours plus de vidéos : 36 % en avril 2013, contre 31 % en novembre 2012. De quoi faire évoluer les stratégies publicitaires des acteurs sur ce secteur très concurrentiel, qui rassemblait en avril 34,4 millions d'internautes sur un total de 53 millions de connectés en France.


       Autre surprise de cette étude Médiamétrie, trois nouveaux adeptes sur quatre (soit 705 000 nouveaux vidéonautes) sont des femmes. Les 15-24 ans, fer de lance historique du secteur, gardent toutefois la tête haute avec une progression tout juste inférieure à celle des séniors (+ 474 000 vidéonautes), et un temps moyen passé devant les vidéos toujours invaincu : onze heures deux minutes par mois. Soit vingt minutes par jour : deux fois plus que la moyenne. Les jeunes sont aussi largement vainqueurs en nombre de vidéos vues chaque mois, avec un score presque fou de 195, contre 89 en moyenne chez l'ensemble des vidéonautes. Ça en fait, des chatons en vidéo...(...)
    Lire sur:

    +++
    Benoît Barvin

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