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    Pensées pour nous-mêmes:

    (AVEC LE RESSENTIMENT,
    TU DÉPENSES TES FORCES INUTILEMENT)

    %%%


    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/55)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


    Angélus, poursuivi par la foule en colère, tente de fuir mais sa fin est proche...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE

    Turner "Incendie"

       L’incendie se propagea comme un feu de paille à l’intérieur de la vaste salle. Le maire, le notaire et le docteur n’étaient pas là. Ils avaient renoncé à suivre la foule vengeresse. L’absence de la maréchaussée était également à noter. Seules quelques Soeurs et Elaine avaient suivi la troupe. Les autres étaient restées auprès de Camille de l’Incarnation qui venait de subir un nouveau malaise.

       Chacun regardait le spectacle des flammes qui couraient sur tout l’édifice avec une agilité dévoreuse et ce, malgré la pluie. La toiture s’effondra dans une grande gerbe d’étincelles et, un quart d’heure plus tard, il ne resta qu’un tas de cendres et de poutres calcinées. 

       Les habitants hésitèrent un peu à entrer dans les décombres fumants. Ils avancèrent cependant et découvrirent, tout au fond du séchoir brûlé, un espace qui semblait avoir été épargné. Adossé au montant de la porte, se trouvait Angélus. La fumée avait dû l’asphyxier. Son corps était intact et la pluie qui tombait toujours paraissait le laver délicatement. 

       Elaine fut une des premières à parvenir jusqu’à lui. Elle mit ses mains devant sa bouche pour étouffer le cri qui voulait s’en échapper : le visage d’Angélus avait le teint doré des icônes et ses traits mêmes semblaient avoir changé, le transfigurant en jeune adolescent. Elle tomba à genoux et se signa, emplie d’effroi devant ce spectacle prodigieux. 

       Alors la voix rauque de Thérèse, la sœur aînée d’Angélus, se fit entendre.

       - Mais on dirait Jean, mon frère défunt !

       - C’est ma foi vrai, reconnut le Père Grangeais. Par quel prodige cela est-il possible ?

       Et il s’agenouilla à son tour devant cette créature dont le souvenir retrouvé et l’absence à venir allaient faire naître en chacun de ses tortionnaires, jusqu’à la fin de leur jour, bien des remords et des mortifications.

       « In Nomine Patris et Filii, et Spiritus Sancti, Amen » psalmodia le prêtre, accompagné par les paroissiens qui se trouvaient là, écrasés par l’incompréhension et une peur incoercible.

    ***
    (A Suivre)

    %%%

    "Mais... Heu... Elles sont bizarres, tes fleurs...
    - J'aime les fleurs de pavot... Pas toi?"



    Le festin de l’araignée : 
    Africom tisse sa toile
    COMAGUER

       (...) Depuis sa création AFRICOM n’a réussi à convaincre aucun gouvernement africain de lui ouvrir son territoire pour y installer son quartier général. Ce symbole d’une nouvelle vassalisation du continent aurait été trop visible et certainement impopulaire. Le QG reste donc en Allemagne où depuis l’épisode de la Fraction Armée Rouge, et malgré la disparition du bloc soviétique aucune action de protestation politique contre la forte présence militaire étasunienne n’a eu lieu.

       Mais cette prudence diplomatique n’entrave en rien l’action permanente d’Africom sur le terrain et nombre de gouvernements africains font participer leur armée à des manœuvres avec les troupes US, font assurer la formation de leurs troupes par l’armée US (dans ce cas : Niger, Tchad Mauritanie Nigeria, Sénégal, Maroc, Algérie et Tunisie Ouganda, Burundi, Kenya, Lesotho et Botswana).

       Inutile de préciser qu’il n’est jamais question de favoriser le renforcement d’armées nationales stratégiquement autonomes qui seraient des instruments de souveraineté. Les régiments africains formés sont des troupes coloniales fournissant la chair à canon utile aux projets de l’empire et fournies en matériel et munitions made in USA.

       A cette pénétration de l’armée Us à l’intérieur même des armées africaines s’ajoute une installation permanente de troupes US dans des divers lieux. Là encore une relative discrétion est de mise et il n‘est officiellement jamais question de bases militaires étasuniennes massives comme il en existe par exemple en Italie en Allemagne et au Kosovo.

       Le journal étasunien en ligne TOMDISPATCH vient sous la plume de son directeur NICK TURSE de faire le point sur cette présence militaire US permanente dans divers pays africains.

       La plus grosse présence militaire est à Djibouti dans le camp Lemonnier jadis base de l’armée française et on peut dans ce cas parler d’une véritable base étrangère dont la création en 2002 est d’ailleurs antérieure à AFRICOM

       Avec des effectifs plus légers l’armée Us est par ailleurs installée :

       Au Kenya à Garissa, Manda Baya et Mombasa Louma point de départ de ses interventions dans la Somalie voisine où elle apporte un soutien logistique permanent aux forces de  l’Amisom de l’Union Africaine
       En République Centrafricaine à Bangui
       Au Niger à Niamey
       Au Mali à Bamako
       Au Sud Soudan pour bien montrer que la toute nouvelle l’indépendance de ce pays est un nouvel asservissement
       Au Sénégal où l’aéroport de Dakar est ouvert à l’aviation de reconnaissance de l’armée Us
       Au Burkina Faso à Ouagadougou où se trouve une base des forces spéciales d’où ont décollé 193 vols militaires au premier trimestre 2013
       En Ethiopie à l’aéroport d’Arba Minch
       En Ouganda à Entebbe Rien que pour les besoins de ravitaillement en carburant l’AFRICOM a accès à pas moins de 29 aéroports de pays africains

       Bien sûr le prétexte à cette intervention de plus en plus intense est la « guerre contre le terrorisme » sous ses divers avatars régionaux (AQMI, BOKO HARAM etç…) mais le nouveau commandant en chef d’AFRICOM le général David Rodrigues admet que l’arrivée massive d’héroïne afghane sur le continent africain via l’océan indien est un facteur d’aggravation de l’instabilité régionale. Il est vrai qu’avec la cocaïne colombienne qui arrive par l’ouest le territoire africain l’Afrique est désormais au cœur des trafics mondiaux.de drogue.

       Pour bien illustrer les influences militaires US il faut noter que la nouvelle mission de l’ONU au Mali qui se met en place à compter du mois de Juillet comportera douze mille hommes et que les deux plus gros contingents seront fournis par le Rwanda et le Nigeria deux armées sous étroite influence US.

       Quant à la piraterie dans le Golfe de Guinée qui connait une croissance très spectaculaire et va dépasser en intensité la piraterie au large de la Somalie elle ne tardera pas engendrer une riposte internationale probablement conduite par les marines de l’OTAN, Etats-Unis en tête. L’ONU a jeté les bases de cette action par la résolution 20-39. Pour commencer AFRICOM avance à pas mesurés en proposant aux Etats de la CEDEAO, comme elle l’a fait à l’occasion d’un séminaire tenu à Abidjan (qui pourrait accueillir l’Etat-major de cette future force) en Février 2013, une assistance pour la mise en place d’une police maritime commune. Cette prudence ne peut faire oublier que les maigres forces maritimes de ces états ne sauraient être opérationnelles sans la couverture électronique (GPS, radars ,…) et aérienne des Etats-Unis. (...)




    %%%

    "Chef, chef! Ils nous attaquent avec des ballons!
    - P'tain! Ils z'hésitent devant aucune turpitude, les sagouins!"



    %%%

    "Tenez! C'est autant que les pauvres n'auront pas!
    - Ahaha..."


    La Tomatina 2011 plus grande bataille de nourriture 

    Patates, carottes, et « grosses légumes ».
    Théophraste R. 
    (plagiaire d’un lecteur qui signe« Résistant »).

       (...) « L’historien Fernand Braudel distingue trois niveaux économiques dans une société humaine :

       1) l’autoconsommation : lorsque la plupart de ce que l’on produit va être consommé par soi-même, et les échanges commerciaux sont très marginaux.
       - exemple : je cultive des patates et je mange essentiellement des patates.

       2) l’économie de marché, qui consiste en un échange de productions équitable où tous les partenaires y gagnent.
       - exemple : je cultive des patates, tu cultives des carottes, j’échange une partie de ma production contre une partie de la tienne, et l’on y gagne tous les deux car nous avons une consommation plus variée. Cela peut se faire par troc direct, ou indirect avec l’usage d’une monnaie.

       3) le capitalisme, qui est une création artificielle de crises (de stocks, monétaires, diplomatiques, désinformations, guerres, famines, maladies, etc.) afin de concentrer la plus grande part des richesses entre les mains de ceux qui ont créé cette crise au détriment de tout le reste de la population.
       - exemple : comme je suis déjà plus riche (notez le préalable indispensable, pour ceux qui vous opposent l’argument hypocrite de l’égalité des chances) que les autres, je vais acheter le plus possible de patates et les stocker. Il va y avoir une pénurie artificielle de patates, les prix vont grimper, et je vendrai mes stocks au bon moment, rackettant ainsi le plus gros des richesses tandis que la population va crever de faim. Notez qu’au départ il y a toujours la même quantité de production, suffisante pour nourrir tout le monde ».
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    Benoît Barvin

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES PENSÉES
    SONT LE BOUCLIER DE L’ÂME)

    °°°
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/53)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Le drame se précise, via les onguents d'Angélus, la chaleur qui fait tourner les coeurs et broie les corps...
    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Jeune-Femmes-Going-To-A-Procession-Jules-Breton

       Sur le chemin qui menait à la chapelle, tandis que les Soeurs chantaient, les conversations allaient bon train. Il n’y était question que de l’apothicaire et des cas d’eczéma qui fleurissaient depuis qu’ils n’étaient plus traités par lui. Sans compter les vieilles maladies de peaux qui se réveillaient avec les chaleurs. 

       Au bout du compte, ne ferait-on pas mieux de lui faire confiance ? N’était-ce pas plutôt une malédiction qui planait sur le village, une malédiction dont il n’était pas responsable ? Certains branlaient du chef, convaincus ; d’autres réprimaient une moue dubitative. Après tout, n’est-ce pas, il n’y avait pas de fumée sans feu... 

       Bref, les coeurs en étaient plus aux interrogations qu’à la fête. A ce climat de doute et de malaise général, une fois que l’on fût arrivé à la chapelle, le Père Grangeais ajouta un sermon dans lequel il était justement question de châtiment divin où Dieu lui-même faisait intervenir Satan, ce qui eut pour effet de les troubler davantage et de les laisser totalement indécis quant à l’attitude à adopter vis à vis de Gabrielli. 

       Au sortir de la chapelle, cependant, les participants retrouvèrent leur gaieté et chacun entreprit de ripailler avec force démonstration de joie. Au cours du pique-nique, qui se déroulait à cinq kilomètres de là, sur une aire à l’herbe rase d’où l’on dominait Fontseranne, les Soeurs ne furent pas les dernières à s’amuser, à rire et à boire plus que de raison. La lourdeur de l’air rendait chacun nerveux et les cris sonnaient faux. 

       Elaine, qui était assise entre les deux novices, ne mangeait que du bout des lèvres. L’orage qui approchait lui donnait mal au cœur. Les odeurs des victuailles mêlées à celles des corps transpirants étaient insupportables. Elle se recroquevillait sur elle-même, la tête prise dans un étau, assommée par l’attitude insouciante de Sœur Adèle et de Sœur Jeanne qui ne cessaient de glapir sottement. 

       Certaines des religieuses, dont les deux novices, se barbouillèrent la figure avec des cerises, mais elles durent cesser sous les remontrances de Sœur de la Miséricorde. Cela devenait indécent et de plus cela attirait les guêpes ! De fait, il en arrivait de plus en plus et la présence de ces insectes vrombissant ne tarda pas à mettre Elaine au bord de la crise de nerfs. La Mère Supérieure tenta alors de la rassurer. 

       - Voyons, ce n’est rien mon enfant. Regardez, elles sont inoffensives. 

       Et, de ses doigts délicats, elle les chassa du groupe. 

       - Faites attention, ma Mère, vous en avez sur les pieds aussi ! s’exclama Sœur Adèle. 

       Alors, une dizaine de guêpes s’agglutinèrent un instant sur ses mains et sur ses orteils. On poussa des cris, pensant que la Supérieure allait se faire piquer. Pourtant, Camille de l’Incarnation ne se plaignit de rien. Ses extrémités lui étaient insensibles. Le Père Grangeais, rendu nerveux par cette agitation, lui assura qu’elle avait sur la main des traces de piqûres et qu’à son âge ce n’était pas très bon, qu’elle risquait une allergie. Il alla quérir le docteur Gleize qui mangeait avec les autorités. 

       - Qu’en pensez-vous docteur ? 

       Ce dernier n’eut pas le temps de lui répondre. La main de Sœur Camille commença à enfler, à se boursoufler de toute part, arrachant à la malheureuse des cris plaintifs. 

       - Mais que m’arrive-t-il ? Je veux voir Angélus ! balbutia-t-elle. 

       - Allons, ma chère, ressaisissez-vous, lui enjoignit le prêtre. Le docteur va vous soigner. 

       - Non, seul Angélus peut m’aider ! hurla la religieuse en tentant de se lever. 

       Autour d’elle s’était fait un attroupement. Qu’arrivait-il à la Mère Supérieure et pourquoi appelait-elle l’apothicaire par son prénom ? Se connaissaient-ils avec un si grand degré d’intimité ? 

       Elaine comprit immédiatement, en voyant la peau de Sœur Camille se couvrir de phlyctènes, qu’elle faisait une réaction à la crème d’Adrien. Tout son visage était maintenant enflé, les paupières et les lèvres bouffies, d’une rougeur extrême. La religieuse, toute tremblante, se mit à bafouiller. 

       - Ce sont ces crèmes qu’il me met... Seigneur Jésus, ayez pitié de moi ! 

       Un murmure de désapprobation commença à se propager parmi les badauds. 

       - Elle délire, dit le prêtre, elle est prise de fièvre, n’est-ce pas docteur ? 

       Ce dernier, réalisant qu’il avait à faire à une machination d’Angélus, ne voulut pas risquer sa réputation. 

       - Je pense, hélas, que ce cas ne relève pas de la médecine mais bien de la sorcellerie et je crains que Monsieur Gabrielli n’ait poussé un peu loin ses besoins d’expérimentation. Tous les Fontserannais peuvent en témoigner. Il est temps de réagir. Pour ma part, je ne peux rien faire pour la Révérende Mère. 

       Ce dernier mot fit tressaillir le prêtre. Sœur Camille n’avait en effet plus rien de la religieuse respectable qu’il avait toujours protégée. Ses condisciples l’entouraient, sœur de la Miséricorde la première, et elles tentaient de la calmer, mais en vain. La Mère supérieure s’agitait de plus en plus, exhibant ses mains boursouflées, ses pieds de plus en plus déformés. Sous le voile, son visage se marbrait, paraissait se métamorphoser en une espèce de gargouille telle qu’on les voit à la capitale, sur les tours de Notre Dame. 

       Mais il y avait pis que cet aspect extérieur. Sœur Camille de l’Incarnation osait dévoiler devant tout le monde ses rapports illicites avec Angélus. Des rapports, qu’en son for intérieur, le Père Grangeais jalousait depuis qu’il en avait eu connaissance. 

       En dépit des efforts des soeurs, la religieuse fut prise de soubresauts et on s’écarta, la laissant s’agiter au milieu d’un cercle de badauds brusquement terrifiés. Plus les minutes passaient, et plus elle devenait ce qu’elle aurait dû être sans le secours des potions miracles qu’elle s’administrait depuis des années. 

       A ce propos, le Père Grangeais réalisa soudain que sa beauté, si elle était plus rayonnante depuis l’arrivée de cet apothicaire, remontait tout de même à une quinzaine d’années, vingt peut-être, il ne savait plus, date à laquelle Camille ne pactisait pas encore avec ce diable. 

       Il avait mis alors son teint resplendissant sur le compte de son entrée en religion, ce qui l’avait attaché plus encore à Camille, car il voyait dans cette beauté un signe venu du ciel. Il ignorait que Jean lui avait laissé des recommandations avant son départ. 

       Camille lui cachait donc quelque chose. Son pacte avec le Diable datait de longtemps et il avait ainsi adoré, ces longues années durant, un suppôt de Satan ! Cette Camille ne valait pas la peine qu’il se perde aux yeux du Très Haut. N’était-elle pas fille Galin, sœur d’un mécréant marqué dès sa naissance et rejeté par tous ? Toutes ses terreurs nocturnes, ses effrois de l’âme le submergèrent et il n’y eut plus, dans son cœur soudain racorni, que de la haine et du désir de vengeance afin de sauver ce qui restait de sa sainteté si durement éprouvée. 
    ***
    (A Suivre)

    °°°
    "C'est super! Quand je tourne, ma robe elle fait pareil!"


    metin demiralay

    (Cette ex-blonde gardait quelques séquelles
    de son ancien état)

    °°°
    "Je dors debout..."


    Clear by Vladimir Fedotko

    °°°
    (La campagne "Moi j'aime faire de la bicyclette avec des bas"
    ne fit vendre aucun de ces moyens de locomotion...)


    by Ksenia Sazanovich

    °°°
    (Ces nouveaux métiers pour jeunes filles n'ayant pas froid aux yeux
    réclamaient une certaine souplesse)


    Busosnyatie. by Vladimir Fedotko


    °°°
    Jacques Damboise

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE TEMPS N'APPARTIENT A PERSONNE)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/52)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste



       Soeur Adèle et Elaine jouent, malgré elles, les voyeuses en apercevant Angélus Gabrielli qui se baigne nu dans la rivière...

    ANGÉLUS
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE




    Jeune homme nu assis au bord de la mer, 1836,...
    bonjourtableau.fr



       Elaine courut jusqu’au couvent. Elle alla dans sa cellule, sortit de son sac le pot d’onguent d’Adrien et, alors que la cloche du repas sonnait, elle se glissa dans la chambre de Sœur Camille, subtilisa l’onguent que cette dernière utilisait et posa à la place celui d’Adrien sur la commode. Elle savait que chaque après-midi, à l’heure de la sieste, la Mère Supérieure ne manquait pas de s’en oindre le corps.

       Le reste de la journée, elle le passa à tresser des couronnes avec Sœur Adèle et ses compagnes. Ces dernières se réjouissaient comme des enfants de la fête du lendemain. On irait jusqu’à la chapelle Saint Jean, avec tous les habitants du bourg, à pied, en une longue procession, puis on ferait un repas champêtre et le soir, on chanterait autour du feu de l’été. 

       Adèle ne disait rien, les yeux perdus dans le vague, se contentant de sourire. Elaine aussi se taisait, savourant à l’avance une vengeance dont elle ignorait encore le tour tragique qu’elle allait prendre.

    CHAPITRE 21

       Angélus, dissimulé derrière les vitres de sa boutique, regarda la procession traverser la place. En tête venait le père Grangeais, flanqué de deux enfants de choeur portant ciboire et oriflamme, puis suivaient le sacristain et toute la congrégation entourant la statue de Saint Jean. Derrière piétinait la populace avec en premier le Maire, suivi des notables au milieu desquels se trouvait le docteur Gleize qui cultivait ainsi son image de marque. 

       Que ferait ce dernier lorsque toutes les crèmes qu’il commercialisait à Paris « tourneraient », comme avaient fait celles de Monsieur Fumel ? Ce serait une bien désagréable surprise pour lui ! Mais Angélus pensait que ce serait un juste retour des choses et il se félicitait d’avoir glissé dans les formules données à Gleize des composants qui, associés, ne manqueraient pas de faire naître ce fameux virus destructeur. Il aurait alors tout intérêt à ne plus être dans les parages. De toute façon, au mois d’août, il aurait quitté le bourg...

       Il apercevait dans le cortège ses soeurs aînées, Thérèse, Mariette et Germaine, accompagnées de leur progéniture que les costumes endimanchés ne parvenaient pas à embellir. Quant à ses frères, Michel, Joseph et Pierre, on eût dit des monstres : son œuvre souterraine avait fait des dégâts. Tous ceux qu’il avait connus ou fréquentés de près ou de loin semblaient désormais faire partie de la Cour des Miracles.

    ***

       Il faisait encore plus chaud que la veille, une chaleur lourde annonciatrice d’orage. D’ailleurs, vers l’est, d’énormes nuages s’amoncelaient et, poussés par un vent fort, commençaient à envahir le ciel entier. Sous cette canicule, tous allaient légèrement vêtus. Les Sœurs étaient en sandales de cuir et portaient leurs robes blanches réservées aux jours de fête dont l’étoffe était plus légère que celle de leurs tenues ordinaires. Elles chantaient des cantiques. Au milieu d’elles, Camille avait l’air fatigué.

       Pauvre Camille ! Angélus se demanda s’il parviendrait jamais à l’extraire de sa condition. Tout en elle sentait la spontanéité réprimée, l’angoisse face à l’idée qu’elle se faisait de Dieu, les formules toutes faites, la contrition permanente. Cela nuisait même à l’éclat de son teint. Les meilleurs onguents pourraient-ils lutter contre cette grisaille et ces remords qui la rongeaient de l’intérieur ? Ne devrait-il pas abandonner cette idée de l’emmener avec lui ? Ces questions le taraudaient et il comprit que ses jours à Fontseranne étaient comptés. Une fois encore, il devrait partir à l’aventure

    ***
    (A Suivre)

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    "Je prédis que cet extrait d'article va être boycotté
    par 69% de lecteurs et lectrices..."

    Daniel Kahneman. 
    «Les gens sont infiniment compliqués»
    Propos recueillis par PHILIPPE NASSIF

       (...) / Venons-en donc à votre théorie principale sur laquelle s’étayent toutes vos observations : notre cerveau est régi par deux personnages conceptuels que sont le« Système 1 » et le « Système 2 ». Comment les présenteriez-vous ?

       Le Système 1 régit notre intuition : il est automatique, procède par associations, cherche les relations de cause à effet et ne s’appuie que sur le particulier. Il n’a aucun atome crochu avec les statistiques ou les grands ensembles. Ce qu’il veut, ce sont des histoires, il cherche la cohérence. Or la cohérence ne dépend pas de la quantité de connaissances et de preuves qu’on a sur un sujet : nous pouvons tirer des conclusions fortes à partir de très peu. C’est ce que j’appelle « Covera » : c’est « Ce qu’On Voit Et Rien d’Autre » qui gouverne la plupart de nos impressions. 

       Prenez par exemple « l’effet de halo » qui nous pousse à parer de toutes les qualités (intelligence, fiabilité, compétence) une personne qu’on a trouvée simplement sympathique lors d’une soirée. Dernier point : le sentiment d’aisance avec lequel le Système 1 trouve une réponse renforce sa confiance dans son jugement…

       / Et en face, le Système 2 est paresseux…

       Le Système 2 a la capacité de raisonner, de résister aux suggestions du Système 1, de ralentir les choses, de faire preuve d’analyse logique et de livrer nos illusions de validité à une autocritique. Mais il n’intervient que contraint et forcé. Lorsque notre Système 2 entre en action, nos pupilles se dilatent, notre rythme cardiaque s’accélère, notre cerveau dépense une dose de glucose. Cela demande effort et concentration de pouvoir soutenir deux scénarios contradictoires. C’est pourquoi, la plupart du temps, le Système 2 se contente de valider les scénarios d’explication qui viennent du Système 1 : il est plus facile de glisser vers la certitude que de rester campé sur le doute.

       / D’où, souvent, de fausses justifications à partir de faits lacunaires ?

       Revenons à notre étanchéité à l’égard de la logique statistique. Une enquête sur les 3 141 comtés américains nous apprend que le taux de cancer du rein le plus bas se rencontre dans des comtés ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains. Vous réfléchissez quelques secondes, écartez le facteur républicain, vous focalisez sur la dimension rurale de ces comtés et en concluez que, en effet, un mode de vie plus sain, sans pollution ni nourritures chimiques explique que les cancers soient moindres.

       Mais voilà, cette même enquête révèle que les comtés où il y a le plus de cancers du rein sont ruraux, peu peuplés et situés dans des États votant traditionnellement pour les républicains ! Logique, me répondrez-vous : la pauvreté et l’accès difficile aux centres de soin expliquent pleinement ce résultat ! À chaque fois, vous avez puisé dans votre mémoire associative pour offrir l’explication la plus cohérente. Mais la vérité est que les petits échantillons enregistrent – statistiquement – des résultats extrêmes, dans un sens comme dans l’autre : ils ne sont simplement pas représentatifs.

       / À l’image de cet exemple, la lecture de votre livre est déstabilisante, car elle nous démontre nos erreurs en direct.

       C’est vraiment la clé de notre succès : tous nos articles commençaient par une expérience auquel le lecteur pouvait lui-même se livrer et qui lui montrait directement les biais intuitifs dont il est victime. J’avais été très impressionné par la psychologie allemande du Gestalt. Les images qu’elle utilise permettaient au lecteur d’expérimenter des phénomènes d’illusion : dans un dessin, selon que vous observez la forme de deux profils qui se font face ou celle d’un vase, vous voyez deux choses différentes. C’est ce qui m’a inspiré notre manière de soumettre systématiquement le lecteur à une expérience ironique sur lui-même.

       / Mais nos intuitions, à défaut d’être justes, peuvent nous être utiles : sans les espoirs, certes excessifs, qui soutiennent nos entreprises, nous ne ferions rien.

       Oui, c’est le « biais optimiste »qui est le moteur même du capitalisme : nous exagérons toujours les chances de succès de ce que nous entreprenons. Mais cette tendance est heureusement contrebalancée par cet autre biais cognitif qu’est« l’aversion aux pertes ». Il y a alors un jeu de balance entre ces deux tendances, qui pare à un excès de témérité ou de conservatisme : nous sommes partagés entre des prévisions courageuses et des décisions timides.

       / Vos travaux sur l’intuition ont été l’enjeu d’une controverse qui, de façon exceptionnelle, s’est révélée fertile.

       Nos recherches sur l’intuition étaient en effet attaquées par l’école adverse menée par Gary Klein, pour qui un raisonnement intuitif tombe le plus souvent juste. Plutôt que de répondre par articles interposés, je lui ai proposé ce que j’appelle une « collaboration de confrontation » : il s’agit d’écrire avec son contradicteur un article à propos de nos divergences. Il a accepté et s’en est suivi un long échange de sept à huit ans au bout duquel nous avons pu signer un article intitulé : « Conditions d’une expertise intuitive : comment nous avons échoué à être en désaccord ». 

       En fait, nous ne parlions pas de la même chose. Il y a une différence entre l’anticipation à court terme et les prévisions à long terme : entre un pompier qui sent, sans se l’expliquer, qu’une maison va s’effondrer dans la minute et un spécialiste du Moyen-Orient qui livre ses prédictions sur l’évolution de la région. Car une compétence intuitive ne peut se développer que s’il y a un environnement suffisamment régulier pour être prévisible et la possibilité d’apprendre ces régularités grâce à une pratique durable – il faut à peu près dix mille heures de pratique pour devenir un expert. 

       C’est le cas pour le pompier ou l’infirmière qu’étudiait Klein et pas du tout avec les économistes et les politistes que j’étudiais. De même, un thérapeute, fort de pouvoir deviner comment son patient va réagir à ce qu’il lui dit, va s’imaginer qu’il peut aussi prédire où ce dernier en sera dans un an. Par excès de confiance, nous avons tendance à aller au-delà de notre champ de compétence. (...)

    Lire l'entretien sur:

    +++

    "Il s'agit d'un couple de Chat/Chatte.
    Et moi je suis leur Papa/Maman"


    http://deforest.tumblr.com/

    +++

    "Non! Madame n'est pas une transgenre,
    Monsieur le malotru! Pas plus que moi!"



    Daphné Guinness: celle qui a piqué BHL à Arielle Dombasle ...
    allainjules.com

    PAKISTAN AUTREMENT 
    Première candidate transgenre

       (...) Pour la première fois dans l'histoire du Pakistan, depuis sa création en 1947, les élections législatives vont marquer le passage entre deux gouvernements civils démocratiquement élus. Ce scrutin est également une première à un autre titre: une candidate transgenre a été autorisée à briguer un poste de députée par la Commission électorale. 

       Bindiya Rana explique clairement ses motivations : "Je ne me suis jamais vraiment intéressée à la politique du pays. Mais à présent, il me semble que le temps est venu pour les gens ordinaires que nous sommes de nous faire entendre et de nous présenter aux élections pour faire éclater la mafia des propiétaires terriens, des hommes d'affaires et des politiciens professionnels [qui dirigent le Pakistan]". (...) (et pendant ce temps-là, en France, pays de la Liberté...)



    +++
    Luc Desle

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU ES JUSTE UN FÉTUS DE PAILLE 
    DANS LE COURANT)

    °°°
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/51)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Elaine Cantagril se retrouve face à Angélus Gabrielli, responsable de la mort de son fiancé...
    ANGÉLUS
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



    Les-Comediens-italiens-Jean-Antoine-Watteau

       Le lendemain matin, il faisait encore un temps splendide. Sur la place du bourg, quelques baraques étaient en train de s’installer à la grande joie des enfants.

       Angélus sortit par la porte de derrière et coupa à travers champs jusqu’à la rivière. Il lui fallait prendre une décision quant à l’orientation à donner aux futurs événements. Somme toute, il avait atteint son but puisque les villageois en étaient maintenant réduits à l’état de dépendance. Par contre, lui, n’avait pas encore réussi à sauver sa main gauche, et il ne s’était toujours pas offert le plaisir suprême, eu égard à Camille, de leur révéler son identité. Alors que faire ? Partir sans mener sa vengeance à son terme, ou rester encore jusqu’au triomphe espéré ? C’était là un dilemme difficile à résoudre.

       Le soleil inondait les rochers plats. Angélus s’y allongea. La chaleur bienfaisante caressait son corps, comme nul être n’aurait pu le faire, il le savait. Dans ces longues et lointaines pérégrinations, jamais il n’avait rencontré de mains assez souples et chaleureuses capables de rivaliser avec les rayons du soleil. Certes, il en avait senti qui avaient du magnétisme, du savoir-faire dans l’art des massages, mais jamais cette vibration, cette énergie solaire que lui possédait au bout de ses doigts et dans le creux de sa main. 

       Il était tellement dans l’instant qu’il n’entendit pas arriver Sœur Adèle, ni plus tard Elaine. La première était venue sous le prétexte de ramasser des fleurs dont elle ferait des couronnes, pour la fête de la Saint Jean. Elle espérait bien revoir Monsieur Gabrielli qu’elle avait déjà aperçu, quelques jours avant, en train de se baigner là, près de la cascade. Le spectacle de cet homme resplendissant de beauté, se baignant nu comme aux temps bibliques, l’avait laissée dans une telle extase qu’elle n’eut de cesse de revoir encore celui qu’elle avait surnommé, dans son cœur, l’archange Gabriel. 

       Sa naïveté et sa candeur l’avaient jusque là protégée des vaines culpabilités. Pour elle, le mal ne pouvait pas habiter la perfection, et Angélus était parfait, hormis cette main que d’habitude il tenait gantée et qui, dénudée, semblait de loin malade.

       Sœur Adèle avait veillé à ne pas être suivie, mais Elaine avait remarqué chez sa compagne une telle effervescence qu’elle avait tenu à la suivre pour voir ce qui pouvait à ce point lui rendre le cœur léger. Elle la trouva donc debout derrière un saule, comme figée dans une admiration béate, littéralement transportée vers des espaces divins. Et, tout là-bas, sous les embruns de la cascade, un homme se laissait caresser par l’eau bouillonnante.

       Tout d’abord elle ne reconnut pas Angélus car l’eau estompait les traits de son visage, mais elle vit la main gauche de l’homme et comprit qu’il s’agissait de l’apothicaire. D’ailleurs, qui d’autre dans le bourg serait venu à cette heure se baigner seul ? Tous vaquaient à leurs affaires, ou étaient occupés aux premières moissons. 

       Puis Angélus sortit de l’eau. Elaine étouffa un cri. Adèle n’avait pas bougé. Elle continuait à regarder son archange dans sa splendide nudité. Et on pouvait lire dans son attitude toute la dévotion muette qu’elle lui vouait. Nulle trace de sentiments troubles. Une totale contemplation.

       Elaine, comme médusée par l’atmosphère recueillie de la scène, se risqua à contempler Angélus qui s’était de nouveau étendu sur les rochers. Son regard glissa sur ce corps d’ange qui gisait là dans toute son innocence. Puis l’évidence s’imposa à elle : ce corps n’avait pas de sexe. Du moins le lui sembla-t-il tant elle mit de la hâte à risquer sa vue sur cette masculinité, son éducation lui interdisant de se livrer à un tel voyeurisme. Succédant à la mollesse et à la confusion qui s’étaient emparées d’elle, la détermination prit le pas. Il fallait au plus vite se débarrasser de cet étrange meurtrier qui risquait, si on le laissait faire, de contaminer les plus pures.

       Adèle s’était, elle aussi, arrachée à sa contemplation. Elle ramassait à présent des brassées de fleurs, tout enivrée par le spectacle auquel elle avait assisté.

    ***
    (A Suivre)

    °°°
    "Aïe nide you for
    bouter l'Anglois out aware frontier"


    Les Femens ne portent pas 
    de tee-shirts (dicton franglais)
    Théophraste R. 

       (...) Les Français, réputés allergiques aux langues étrangères, sont-ils subrepticement devenus anglophones ? Oui, prétendent les enseignes, les pubs, et jusqu’aux noms d’entreprises : épiceries Carrefour City, France Telecom (sans accents aigus), téléphonie Free, Photo-shop…

       Les pires sont les tee-shirts. Il suffit de changer la lettre « j » par « i » et le « J’aime » français devient « I love ». Pour quel bénéfice, ô pédants prétentieux, fats et ignares à la fois?

       Le nec plus ultra est de supprimer aussi l’article : « I love télévision ». Et non pas « la » télévision. Et notez bien la présence des accents qui, là, ne devraient pas y être, puisqu’on prétend parler anglais.

       C’est le déferlement d’un franglais pathétique. Ah ces complexés recalés au bac qui arborent des tee-shirts de l’université de Los Angeles (UCLA) ou de la poulaillerie New-yorkaise (NYPD), à commencer par l’ex-président de la France, qui parle anglais comme moi, quand je fais le pitre : hi vrite tout te blaque bohardd visse ha pisse of chalque ! (Dedaj et Gensane, anglicistes pointus corrigeront cette phrase).

       (Qui sur la photo ? J’hésite entre Marine et Marion. En tout cas, ce n’est pas Marianne).

       PS. « I love télévision » ! Je ne vous dis pas le niveau de bêtise inconsciente et satisfaite nécessaire pour se transformer fièrement en femme-sandwich qui proclame en subliminal :« I am une abrutie de première et je veux que vous le sachiez ». (...)


    °°°

    (Cette blonde cherchait ses lunettes)



    °°°
    "Je dois garder ce chapeau encore un peu...
    Ensuite, m'a dit ma Belle-Mère, ce sera
    LA surprise... J'ai hâte!"


    Les exclus du mariage pour tous
    Wojtel Zralek-Kossakowski 

       (...) Et dire que ça devait être si beau… De la liberté, de l'égalité, de la fraternité. La loi sur le mariage homosexuel était présentée sous le joli intitulé de "mariage pour tous".

       On a dit que l'Etat français faisait un pas de plus pour accorder à des exclus le droit de décider de leur destin. Désormais, de nombreux homosexuels pouvaient ne plus se considérer comme des citoyens de seconde zone. C'était l'accomplissement de Révolution française. Vive la France ! Allez les Bleus !

       Cependant, les médias français ont découvert l'existence d'une circulaire ministérielle relative à la loi sur le mariage homosexuel, selon laquelle un(e) citoyen(ne) français(e) peut se marier avec un(e) ressortissant(e) étranger(ère), sauf si celui-ci ou celle-là sont citoyens algériens, bosniens, monténégrins, cambodgiens, laotiens, serbes, kosovars, marocains, slovènes, tunisiens ou... polonais. Tout cela à cause d'accords bilatéraux datant pour certains des années 1950 et 1960.

       Algérie, Cambodge, Laos, Maroc, Tunisie... Difficile d'oublier l'épisode colonial. Justement, la moitié de ces pays ont eu un "partenariat" difficile et douloureux avec la France. Les médias français évoquent cette question et ce n'est guère étonnant : comment marier la réalité avec les beaux slogans sur le mariage pour tous ? Le gouvernement français n'a pas encore pris position et l'on assiste à une sorte de bras de fer entre le ministère de la Justice et le ministère des Affaires étrangères.

       La Pologne et la France ont signé un accord bilatéral en 1967 selon lequel, en matière de mariage, les citoyens polonais dépendent de la législation polonaise. Il est étonnant qu'aucun des fonctionnaires polonais (et pourtant, la chaîne de télévision TVN24 en a interrogé plusieurs) qui se sont prononcés au sujet du mariage entre Joanna Duda et Anu Czerwinski [les autorités polonaises ont refusé de fournir une attestation à Joanna sous prétexte que le mariage était contracté selon la Constitution polonaise entre un homme et une femme, le nom du futur époux figurant sur le document] n'ait été au courant de l'existence de cette circulaire.

       Cette triste affaire nous montre non seulement que l'exclusion est réelle, mais aussi qu'elle est politique. Plus encore, elle est supranationale. Pourquoi un(e) citoyen(ne) tchèque peut-il (-elle) se marier avec son (sa) partenaire français(se) pendant qu'un(e) Polonais(e) ne le peut pas ? Pourquoi une femme domiciliée en Algérie peut-elle se marier avec un homme vivant en France alors qu'une femme originaire d'Algérie ne peut pas se marier avec une femme installée en France ? Le mariage n'est-il pas pour tous ? (...)

    Note :*en français dans le texte


    °°°
    Benoît Barvin

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    Pensées avec nous-mêmes:

    (UN PEU DE SAGESSE
    EST DÉJÀ GRANDE SAGESSE)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/46)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Angélus est parti pour les Amériques, notamment au Brésil, où il compte bien recueillir les secrets des guérisseurs indiens...

    ANGÉLUS 
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE

    centremarie-leonieparadis.com

    CARNET DE MERE CAMILLE DE L’INCARNATION 

    (septembre 1887) 

       Mon Dieu ! Soyez remercié ! Je ne sais plus si je dois rire ou pleurer, car le miracle a eu lieu : mon Angélus est revenu ! 

       Ce matin je me suis rendu chez l’apothicaire, comme tous les lundis, pour livrer nos différentes préparations et prendre les nouvelles commandes. Monsieur Andrieu était en grande conversation avec le docteur Gleize. 

       - Je me demande, cher confrère, si mon successeur sera à la hauteur. Il est bien jeune, vingt-huit ans, vous imaginez. Enfin, si j’en crois son courrier, il a un solide bagage et de grandes compétences. Voyez plutôt. 

       - En effet, il a suivi des cours à Florence, à Paris, puis s’en est allé aux Amériques parfaire ses connaissances, lut le docteur Gleize, manifestement impressionné. Je vois qu’il a travaillé chez Stevenson à Philadelphie. Diable... A votre place, je léguerais ma boutique l’esprit tranquille ! 

       - Oui, vous avez raison, reconnut Monsieur Andrieu. D’autant plus que la question de l’argent ne semble pas le gêner. Mais veuillez nous excuser ma Sœur, nous bavardons et... 

       - Je comprends, ne vous excusez pas, leur répondis-je. Ainsi, vous avez trouvé quelqu’un pour prendre la relève ? C’est bien, car vous avez mérité de vous reposer un peu. Vous désirez toujours aller vous retirer chez les Frères d’Aubenac ? 

       - Oui, j’y serai en octobre. Monsieur Gabrielli doit arriver ce matin... Le temps de le mettre au courant... D’ici trois semaines, j’aurai pris mes quartiers d’hiver, si je puis dire. 

       Notre conversation venait à peine de se terminer qu’il est entré. J’ai reçu un choc en pleine poitrine en voyant ce visage. Je me suis appuyée contre la banque, le souffle court, persuadée d’être l’objet d’une hallucination tandis qu’il se présentait, en me regardant droit dans les yeux, sans ciller. 

       - Bonjour, je suis Angélus Gabrielli. 

       C’était donc bien lui. Comment aurai-je pu me tromper ? Sa voix avait pris des inflexions graves, métissée d’accent du sud ; il était devenu fort mais avait recouvré son teint d’autrefois, sa beauté d’ange tombé du ciel. 

       Pendant qu’il allait s’occuper de ses bagages, je réglai mes affaires avec Monsieur Andrieu et ressortis pour recouvrer mes esprits et, surtout, dans l’espoir de le voir seule à seul. Il était devant l’auberge et donnait des ordres au palefrenier. Celui-ci, aidé de son fils, finissait de descendre ses nombreuses malles de la voiture. 

       Alors Angélus s’est approché de moi et, tandis que la diligence passait à grand bruit devant nous, il m’a remis une lettre que j’ai glissée bien vite dans mon panier. Ensuite il a fait signe aux garçons d’écurie d’apporter ses bagages, et il est entré chez Monsieur Andrieu. 

       Ce mot, je viens de le lire et de le relire encore, tant je suis heureuse. Mon Dieu, j’avoue que je n’y croyais plus. 

       « Ma très chère Camille, était-il marqué, ces onze ans, qui ont dû te paraître bien longs, m’ont à peine suffi à venir à bout du programme que je m’étais fixé. Après bien des déboires et quelques victoires aussi, j’ai pu me confectionner de nouveau l’apparence humaine, ou plutôt angélique que tu aimais tant chez moi. 

       « J’ai cependant tenu, pour brouiller les pistes, à me vieillir de trois ans, à me durcir quelque peu les traits afin que personne, hormis toi, ne puisse me reconnaître. Il est vrai que le temps aidant, je pense que nul ici ne songe plus à moi car tout le monde me croit mort, mais je tenais à mettre toutes les chances de mon côté. Ma douce Camille, mon souhait le plus cher à l’heure actuelle est de me venger, et d’y réussir totalement. 

       « Pourquoi une telle haine, te demanderas-tu, alors que j’ai retrouvé ma beauté, et que je possède assez de talents pour être riche et reconnu par les grands de ce monde ? Tout simplement parce que, au cours de ces années, j’ai souffert mille tortures. 

       « Tout semblait pourtant être placé sous les meilleurs hospices : je comptais revenir au bout d’un an ou deux ici, mais le sort en a décidé autrement. Après un échec cuisant à Nice, je suis parti en Amérique où j’ai pu amasser une petite fortune en travaillant auprès des laboratoires de pointe et où, après de longues années, j’ai réussi à trouver l’antidote à tous mes maux. 

       « Cependant, chaque année, il me fallait recommencer tout à zéro dans un autre État, car le sort s’acharnait contre moi : mes créations devenaient des poisons, et j’avais beau me greffer de nouvelles peaux, aux alentours de mon anniversaire je revivais les souffrances que j’avais connues ici même, et en retrouvais tous les stigmates. Et tu sais que je n’ai pas la résignation de ton Maître Jésus. 

       « Sache également que je n’ai jamais pu retrouver l’usage normal de ma main et, sans celui-ci, je te l’ai déjà dit, je ne suis pas tout à fait moi-même. 

       « Bref, ce ne fut pas simple. Heureusement, tous ces cauchemars sont finis, enfin presque... car pour ces années d’exil où j’ai dû parcourir maintes contrées, et te laisser entre les mains d’un Dieu qui ne sait pas ce que veut dire avoir des mains et qui, j’en suis sûr, n’aurait même pas eu l’idée de te toucher - ne serait-ce que de sa grâce -, je reviens pour un temps à Fontseranne afin d’accomplir ce qu’il est juste que j’accomplisse. 

       « Je serai amené à me rendre au couvent dans l’exercice de mes fonctions et nous pourrons nous voir alors. Là, je te montrerai et te ferai essayer les onguents que j’ai conçus pour toi, ma très chère Sœur... » 

       A la lecture de ces quelques lignes, combattent en moi deux sentiments aussi forts l’un que l’autre. Le plaisir d’abord d’avoir retrouvé mon frère chéri et l’annonce de le voir souvent, enfin, me remplit d’une indicible joie. Cependant, les dernières lignes de sa missive, cette « vengeance » dont il parle, me fait craindre le pire. Combien de fois ai-je prié pour retrouver Angélus et que la vie redevienne aussi douce qu’auparavant ? Sa transformation, le fait qu’il ait retrouvé en grande partie toute sa grâce, devraient me réjouir. Et cependant, je sens derrière cette métamorphose, une machination infernale. Mon Dieu, faites que je me trompe, je vous en conjure... 

    ***
    (A Suivre)

    ***

    "Mais, Chérie... Ouch! Bien sûr qu'elles sont géniales, 
    tes... Ouch! Nouvelles chaussures... Gé-ni-a-les!"


    good morning…

    ***

    "La femme est une fleur... Mouais...
    Un super concept, Monsieur le Directeur,
    super, vraiment..."

    Andre de Dienes
    1944

    ***

    "Oui (murmuré)... Je hais ce chapeau...
    Ca me donne l'air godiche... De toute
    façon, j'ai toujours détesté ces trucs et...
    (Tout haut)... Oh, bien sûr, Maman,
    c'est très très joli... J'adôôre..."


    Candler Arts at Candler Arts

    (C'est comme ça que commença la détestation du monde
    qui décida de la carrière de tueuse en série de cette jeune fille)

    ***

    (Armada volante de souhaits 
    concernant le personnel politique)



    ***
    Jacques Damboise

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TOUT ABOUTIT TOUJOURS AU BONHEUR,
    MÊME SI TU NE LE SAIS PAS)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/44)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Le docteur Gleize, qui soigne la jeune Elaine au couvent avoue qu'il utilise les onguents de l'apothicaire...
    ANGÉLUS 
    ou
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    Norman Rockwell 


       Le soir même, la Supérieure vint la voir dans sa cellule et lui parla de la miséricorde de Dieu, de Sa Bonté et de Sa grande Douceur. Elaine remarqua une nouvelle fois la similitude qui existait entre le regard de Soeur Camille et celui d’Angélus Gabrielli. Cette constatation ne fit qu’entériner le projet qu’elle avait mûri depuis quelques jours et qui prenait forme enfin.

       - Je vous remercie, ma Mère. Mon délire a cessé et, bien que fatiguée, je suis redevenue moi-même et...

       - Et ?

       - J’ai pris une décision qui, pour moi, est très importante.

       En disant ses mots, Elaine parlait avec une petite voix contrite et baissait la tête. Elle se reprochait de jouer ce jeu, mais une volonté nouvelle et farouche l’habitait, irriguant son corps de forces nouvelles. Elle avait décidé de ne pas partir du couvent sans avoir dénoué les fils d’une intrigue dans laquelle, elle en était sûre à présent, la mort d’Adrien jouait un très grand rôle.

       - Cette décision, reprit-elle, m’a été dictée par ces quelques jours où l’Esprit a soufflé en moi... Je voudrais devenir religieuse, ma Mère, et servir Notre Seigneur !

       Mère Camille de l’Incarnation sursauta et ses yeux se rétrécirent. Elaine fut persuadée qu’elle ne croyait pas un mot de cette soudaine conversion, mais pas une fois le visage lisse de la Bénédictine ne trahit sa méfiance. Elle répondit simplement, d’une voix neutre.

       - C’est une décision grave et noble que vous prenez, Mon Enfant. Sachez que Soeur Adèle et Soeur Jeanne ont déjà trouvé beaucoup d’embûches sur la route qui les conduit au service de Notre Seigneur. Soeur Adèle atteint enfin le sommet à partir duquel l’Esprit Saint va souffler sur elle, du moins nous l’espérons toutes. 

       Elle s’arrêta de parler et joua avec les grains de son chapelet tout en jaugeant son interlocutrice. Enfin elle ajouta :

       - C’est le Chapitre qui va décider, pour la Sainte Marie, si Soeurs Adèle et Jeanne sont dignes de servir Notre Seigneur Jésus. C’est également au cours de cette assemblée que je soumettrai à mes chères filles le voeu que vous venez d’émettre. Si la décision vous est favorable, sachez que nous vous accueillerons comme postulante. Votre âme sera comme un livre ouvert et vous appartiendrez ensuite à la grande communauté des amantes de Dieu. Puisse ce voeu que vous ne tarderez pas à prononcer vous engager au plus profond de votre cœur !

       La Mère Supérieure venait d’appuyer sur la fin de sa phrase d’étrange manière. Elaine comprit alors avec certitude que la Supérieure n’était pas dupe de sa subite conversion.

    ***

       Deux semaines plus tard, la jeune femme se promenait dans le jardin. Il faisait exceptionnellement doux. Des senteurs parfumées embaumaient l’air et ce subit changement de température semblait en parfaite adéquation avec sa volonté nouvelle. Elle avait commencé à interroger les Soeurs au sujet de la Supérieure, arguant que, puisqu’elle allait bientôt devenir une des leurs, elle se devait de connaître tous les arcanes du monastère et le trajet spirituel de celles qui y résidaient. 

       Comme personne n’avait aucune raison de se méfier d’Elaine, on lui apprit que soeur Camille était une femme courageuse qui, toute jeune, avait pris en charge son frère Jean, après que sa propre mère soit morte en couches. Elle l’avait longtemps élevé puis était devenue novice. Jean, après quelques tribulations sur lesquelles les Soeurs n’avaient que peu de renseignements, était malheureusement décédé et Soeur Camille de l’Incarnation avait pris le voile comme un saint suaire.

       Soeur Lucie, qui se révéla finalement autant bavarde que Soeur Jeanne, ajouta ceci :

       - Notre Mère Supérieure est tout entière dévouée au service de Notre Seigneur. Mais sa conduite, autrefois sévère et sans tache, est aujourd’hui plus sujette à caution...

       - Tais-toi ! souffla Soeur Jeanne, effrayée. Tu ne sais pas ce que tu dis !

       La conversation avait lieu dans la bibliothèque, heureusement déserte en ce tout début d’après-midi. Cependant Soeur Lucie poursuivit, en baissant simplement la voix.

       - Je ne dis pas de sornettes, Soeur Jeanne. Certaines de nos compagnes affirment que notre Supérieure se conduit bizarrement. On murmure qu’elle rajeunirait indûment...

       - Que veux-tu insinuer? questionna Elaine, le coeur battant.

       - Ne l’écoute pas ! supplia la jeune novice. 

       Mais Soeur Lucie était lancée. Elle se pencha vers Elaine et révéla ainsi encore plus crûment que d’habitude la peau crevassée de son visage et ses lèvres gercées. Faute de soins, son nez pelait continuellement, ce qui gommait la douceur et la beauté de ses traits. En cet instant, les yeux brillant d’excitation, Soeur Lucie ressemblait à un laideron.

       - Notre Mère a dépassé les quarante printemps, susurra-t-elle, d’un ton railleur. Pourtant elle en paraît beaucoup moins... On dirait même qu’elle rajeunit de semaine en semaine... Elle qui était si laide à vingt ans ! Il y a dessous cette métamorphose quelque diablerie que je n’en serais pas étonnée.

        La conversation n’avait pu continuer, en raison de l’intervention de Soeur de la Miséricorde. Mais les propos de la jeune Soeur n’avaient fait que confirmer les soupçons d’Elaine. 

       Elle était à présent persuadée que la Mère Supérieure usait de drogues semblables à celles qu’avait achetées et utilisé son pauvre Adrien. Mais cette certitude, devant un tribunal, ne pèserait pas lourd. Il lui fallait des preuves tangibles afin de faire enfermer à jamais Angélus Gabrielli (ou celui qui se cachait derrière lui) dans l’enceinte d’une prison.

    ***
    (A Suivre)

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    (Proposition de députés:
    - Acceptons que nos élus règlent leurs différents virilement)


    Dix députés en colère : 
    « Abolissons nos privilèges ! »
    Emmanuelle Bonneau

       (...) Le Nouvel Obs – qui appartient au même groupe que Rue89 – publie ce jeudi dix propositions de députés PS, EELV et UMP contre... leurs avantages d’élus. Leurs « solutions concrètes », dont la liste est reproduite ci-dessous, « vont beaucoup plus loin que la “moralisation” proposée par le gouvernement », dit l’hebdomadaire, dont l’appel à suscité de vives réactions (aussi, plus étonnant, dans la forme) :

       Olivier Faure, député PS de Seine-et-Marne : « Publions les augmentations de patrimoine»,
       Laurent Wauquiez (?), député UMP de Haute-Loire : « Supprimons le régime de retraite»,
       Bruno Le Maire (?), députe UMP de l’Eure : « Démissionnons de la haute fonction publique »,
       Gérald Darmanin, député UMP du nord : « Encadrons l’achat des permanences »,
       François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique : « Contrôlons les lobbys »,
       Barbara Pompili, députée EELV de la Somme : « Réformons l’assurance-chômage »,
       Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne : « Fiscalisons les frais de mandat »,
       Razzy Hammadi, député PS de Seine-Saint-Denis : « Clarifions les groupes d’amitié »,
       Barbara Romagnan, députée PS du Doubs : « Adoptons le mandat parlementaire unique»,
       Karine Berger, députée PS des Hautes-Alpes : « Publions la réserve parlementaire ». (...)


    $$$

    "Je suis trop gentille... La prochaine fois,
    je ferai dormir le monstre sous le lit, non mais!"


    LATIBULE
    [noun]
    a hiding place.

    $$$

    (Dans ce centre de rétention,
    les prisonniers gardaient l'esprit - et l'oeil -
    bien ouverts sur la méchanceté du Monde)


    Dans le Guantánamo de Rome
    Raffaella Cosentino
    La Repubblica

       (...) Karim a 24 ans, un fort accent milanais, plusieurs an­nées derrière lui en Italie, une compagne italienne et bientôt un enfant. Mais il a aussi un passeport égyptien et risque d’être prochainement expédié à des milliers de kilomètres avec l’interdiction formelle de revenir. 

       Karim fait partie des soixante personnes actuellement internées à Ponte Galeria, près de Rome, le plus grand centre de rétention administrative d’Italie (centre d’identification et d’expulsion, CIE). Comme tous les autres détenus, il a participé à la grève de la faim [courant mai] pour protester contre les conditions de détention. Leurs revendications ? 

       “Des procédures plus rapides, une amélioration de l’hygiène, la traduction des notifications dans la langue d’origine, que les visites soient facilitées, que l’expatriation de ceux qui le demandent soit plus rapide, que les toxicomanes soient accueillis dans des structures adaptées, que ceux qui font l’objet de poursuites judiciaires puissent se présenter à leurs procès afin de ne pas être condamnés par contumace”, lit-on dans un document communiqué par Gabrielle Guido, coordinatrice de la campagneLasciateCIEntrare [campagne nationale contre la rétention administrative des migrants]. (...)

      (...)  “Ce que demandent les détenus, c’est avant tout que leur dignité soit respectée, qu’elle ne soit pas abandonnée à l’entrée du centre de rétention, explique Gabrielle Guido. La campagne LasciateCIEntrare dénonce l’iniquité des normes sur la détention administrative, censée être rediscutée au plus vite par le Parlement.”Le document contient aussi une accusation extrêmement grave. Les détenus demandent qu’aucune violence psychique ou physique ne soit utilisée contre eux, précisant que récemment “une piqûre a été administrée à un détenu contre sa volonté”. Son organisme a mal réagi et il a souffert de troubles graves. Le texte des grévistes de la faim se conclut sur ces mots : “Des centres comme ceux de Ponte Galeria cassent la dignité des personnes et devraient être fermés pour toujours. Nous motivons notre grève de la faim. Maintenant, à vous de nous expliquer pourquoi nous purgeons une peine sans avoir commis aucun délit.” 

       Dans ces centres de rétention s’entassent de plus en plus de personnes privées de leur permis de séjour. Ce sont des étrangers sur le papier, mais des Italiens de fait, qui refusent leur rapatriement. Comme Karim. “Je deviens fou. Je n’en peux plus. Ils disent que je suis entré en Italie en 2006, mais ce n’est pas vrai. Je vis en Italie depuis 1996, raconte-t-il. Il y a quelques jours, ils m’ont dit que j’allais être libéré, qu’ils acceptaient de me laisser rendre visite à ma mère et à ma compagne, enceinte de deux mois. Ils m’ont dit : ‘Vas-y, tu peux rentrer chez toi tranquillement.’ J’ai passé toutes les portes et les grilles du centre et quand je suis arrivé à la dernière porte, ils m’ont annoncé qu’en fait ils m’emmenaient à l’aéroport. Je me suis débattu en leur disant que j’avais ma vie ici, un enfant sur le point de naître, un petit frère né en Italie, un autre marié à une Italienne. Qu’en Egypte je n’avais personne… 

       Ils m’ont répondu que la prochaine fois ils viendraient me chercher avec une escorte, qu’ils me feraient sortir de force. Je parle mieux italien qu’arabe, je vis à l’occidentale. En Egypte, je me sentirais comme un poisson hors de son aquarium. Ils piétinent tous mes droits.” (...)
    Lire sur:

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    Luc Desle

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHACUNE DE TES PENSÉES
    EST UN ACTE)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/40)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste


       Chez Maître Pavèse, Angélus confectionne des baumes destinés à calmer sa chair martyrisée..

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE



    L-apothicaire-reproduction-en-couleur-d-une-gravure-sur-bois-
    de-la-serie-des-metiers-imagerie-Pellerin-milieu-20e-siecle


       Alors commença pour Angélus une période de fiévreuses recherches, agrémentée du fait que Giorgio n’était autre que le jeune homme rencontré à Rodez. Ce dernier ne le reconnut pas. Par contre Angélus avait gardé de lui une impression très vive et il sut, en le revoyant, pourquoi : Giorgio avait une carnation d’ange, une peau à faire pâlir d’envie toutes les jeunes filles de Florence. 

       Le jeune italien était par contre très maladroit. Il se coupait sans cesse en maniant les lamelles et les instruments en verre. Angélus remarqua bien vite qu’il cicatrisait avec une rapidité extraordinaire. Là où d’autres auraient eu une profonde cicatrice, il avait le derme intact, aussi lisse qu’avant. C’était là chose incroyable, tout autant diabolique que ce qui arrivait aux brûlures d’Angélus. 

       Cette semaine-là, Giorgio se fit une entaille au pouce gauche en coupant menu des feuilles d’eucalyptus. Angélus, qui se trouvait à ses côtés, se proposa pour le soigner. Ce qu’il fit avec adresse car il savait non seulement arrêter les hémorragies, mais encore la douleur qui en l’occurrence était très vive. 

       En mettant de l’ordre sur la paillasse et en prenant le scalpel pour le nettoyer, Angélus avisa un morceau de chair collé sur la lame. Il sut aussitôt ce qu’il devait faire. Il isola ce spécimen dans un tube à essai, et lui concocta une mixture de trempage capable de conserver en vie les cellules qui le composaient. A l’heure du repas, il resta seul dans le laboratoire et se livra à un ballet dont lui seul connaissait la chorégraphie. Il parvint à décoller chaque fine couche de cellules, à les différencier et à leur fournir le moyen de se reproduire au plus vite et aux mieux. Il calcula de façon exponentielle qu’en exactement vingt-huit jours, il aurait assez de matière pour greffer sur sa peau abîmée une pellicule de tissus naturels. 

       Angélus passa, malgré cette sensation d’étouffement que ressentaient tous ses membres, une nuit de paix morale totale. Le lendemain, voyant que ses cultures se développaient comme prévu, il demanda à Maître Pavèse d’interrompre son congé pour le remettre à plus tard, quand il aurait pu récolter le fruit de son expérience, qui serait à n’en pas douter une réussite. 

       Exalté par sa prochaine victoire, il inventa coup sur coup trois baumes aux huiles essentielles dont il testa les effets sur l’avant-bras de ses collègues. L’un d’entre eux se retrouva, à cet endroit-là, bronzé comme au plus fort de l’été ; le second avec la peau comme décolorée et Giorgio, le troisième, à jamais imberbe. 

       Maître Pavèse, alerté, pensa immédiatement que ces produits allaient révolutionner la cosmétologie, mais qu’ils risquaient d’attirer plus de plaintes que de compliments, si leurs effets demeuraient permanents. Car il savait combien les clients sont versatiles et les modes changeantes. Angélus promit qu’il allait étudier plus avant la question. 

       Cependant, Giorgio le supplia de lui préparer un pot de cette crème dépilatoire, car il rêvait depuis longtemps de se débarrasser du fin duvet qui recouvrait ses bras et ses jambes. Angélus, qui savait tout ce qu’il lui devrait bientôt, ne se fit pas prier, et le corps de Giorgio n’en fut que plus lisse et délicat, chose à laquelle le commis semblait tenir plus que tout. 

       A la vue du résultat, Angélus, dont la soif du beau et du diaphane n’était pas prête d’être assouvie, trouva sa création digne du plus grand intérêt et les craintes de Maître Pavèse peu justifiées quant à l’accueil qu’en ferait la clientèle florentine. Mais, comme il était son hôte et qu’il l’estimait, il n’insista pas, ayant pour l’instant en tête des pensées plus narcissiques. 

       L’attente fut longue, mais quelle joie après les premiers essais, de constater que les greffons parvenaient à redonner à son épiderme toute sa fraîcheur ! Il demeurait malgré tout sur sa main gauche, désespérément insensible, des plaques plus brillantes que les autres, et sur le visage, une certaine fixité des traits. La partie était cependant presque gagnée. 

       Au bout de quelques mois, il s’en revint à Nice. L’été resplendissait sur la ville. Monsieur Fumel fut enchanté de le revoir et très étonné de la métamorphose : Angélus rayonnait maintenant d’une beauté farouche, les pommettes hautes, les yeux profondément intenses, l’allure distinguée et désinvolte à la fois. Bref, à peine fut-il de retour, que le magasin ne désemplit pas. Toutes les clientes voulaient avoir un conseil de ce jeune homme si brillant qui les subjuguait d’un regard. 

       Le mois d’août fut hélas un calvaire. A plus d’un titre. 

       Tout d’abord, il fut repris par des démangeaisons pour lesquelles ni le soleil ni les bains de mer ne furent efficaces. Au contraire, tous ces traitements aggravèrent le processus et des lambeaux de peaux commencèrent à se flétrir, entraînant une desquamation générale des tissus greffés. 

       Angélus garda la chambre une semaine, n’osant se montrer. Madame Fumel, qui depuis son retour l’entourait de mille prévenances, s’inquiéta devant son refus de voir quiconque. Angélus espérait bien une rémission. Il se recouvrait de lotions, d’emplâtres de toutes sortes mais, cette fois, rien n’y faisait. 

       Sur ce, de fidèles clientes vinrent se plaindre à la boutique : les produits dont elles se servaient régulièrement ne semblaient plus se comporter de la même façon sur leur épiderme où des rougeurs apparaissaient à la moindre application. 

       On crut qu’il s’agissait d’un lot défectueux, mais des courriers de Paris et des quatre coins de France firent écho à ces plaintes : des centaines d’habituées remarquaient avec plus ou moins de véhémence que ce qu’on leur avait vendu leur créait des brûlures, des picotements, voire un début de vieillissement cellulaire. 

       Monsieur Fumel pensa alors que les fortes chaleurs qui sévissaient sur le pays avaient dû faire tourner les produits, et il voulut s’en confier à Angélus. Ce dernier émit quelques réticences à rencontrer son hôte, mais il s’exécuta, non sans avoir fardé son visage et dissimulé toutes les parties visibles de sa peau. 

       - Je vous prie de m’excuser d’interrompre votre repos, d’autant plus que vous me semblez bien mal en point, mais de graves préoccupations m’amènent, commença Monsieur Fumel. 

       Et il lui conta toute l’affaire. Angélus comprit aussitôt qu’il se jouait là quelque chose qui les dépassait tous, quelque chose qui avait à voir avec ce qui lui était arrivé l’année précédente à Fontseranne. Il demanda à analyser des échantillons des crèmes vendues dernièrement, et il y découvrit des molécules parasites fort étranges qu’il isola immédiatement, mais dont il ne put dire comment elles étaient parvenues à se développer, ni d’où elles provenaient. 

       Pour l’instant, il se savait impuissant à lutter contre un tel phénomène. Trop de choses le préoccupaient. Il voyait ses efforts annihilés d’un coup. Un mauvais sort s’acharnait contre lui. Il ne pouvait demeurer à Nice plus longtemps. 



       Le lendemain il embarqua pour l’Amérique, où il pensait trouver des antidotes à ces virus. Monsieur Fumel ne devait plus jamais le revoir, ni commercialiser ses produits car, même en suivant scrupuleusement les formules qu’il lui avait laissées, elles donnaient toutes, désormais, des résultats impropres à l’utilisation. 

    ***
    (A Suivre)

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    (Faucheurs fauchant volontiers
    la tête chenue du Capitalisme mondialisé)

    heinrich-Kley-other-cats-


    AlterSummit : l’autre Europe
     Benoît Borrits

       (...) Station de métro Eirini : ancien stade des Jeux Olympiques d’Athènes de 2004. Le lieu paraît abandonné, l’herbe pousse désormais entre les dalles, souvent cassées. Une grande nef de métal blanc longue de plusieurs centaines de mètres nous conduit au vélodrome, là où se tiennent les différentes réunions de l’AlterSummit.

       L’AlterSummit européen est une initiative d’un nouveau format destiné à présenter une alternative globale aux politiques d’austérité menées en Europe et qui, toutes, mènent à la récession. Alors que les Forums sociaux ne prennent pas de décisions collectives, l’AlterSummit rassemble autour d’un manifeste co-élaboré par diverses organisations syndicales et mouvement sociaux. Et c’est ici que se situe le changement.

       Alors que les syndicats ont plus ou moins déserté le mouvement altermondialiste, de nombreux poids lourds ont signé ce manifeste. La totalité des syndicats britanniques (Trade Union Congress), le syndicat espagnol CCOO, la puissante fédération allemande de la métallurgie IG Metall, la CGIL italienne, la CGTP portugaise et les deux centrales grecques des travailleurs du public (Adedy) et du privé (GSEE). Côté français, la CGT, la FSU ainsi que l’Union syndicale Solidaires côtoyaient les classiques du mouvement altermondialiste tels qu’Attac, l’AITEC ou encore la Marche mondiale des femmes. 

       Cette présence de nombreux syndicats européens dans ce sommet ne serait-elle pas une conséquence de la décision de la Confédération Européenne des Syndicats de rejeter, le 25 janvier 2012 et pour la première fois de son histoire, un traité européen, celui « sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans l’union économique et monétaire » ?

       Le manifeste ? Centré sur la nécessité de mettre fin à l’austérité avant que celle-ci ne détruise la démocratie. Organisé en quatre volets, « En finir avec l’esclavage de la dette », « Pour une Europe écologique et sociale : stop à l’austérité ! », « Des droits pour toutes et tous : non à la précarité et à la pauvreté ! »,« Pour la démocratie économique : les banques au service de l’intérêt général », il aboutit à un catalogue de 17 propositions. Mettre fin aux mémorandums et aux plans d’austérité est la base de départ qui se conjugue avec une fiscalité plus redistributive et la possibilité pour la Banque centrale de prêter aux Etats. 

       La nécessité d’engager une transition écologique et sociale est affirmée conjointement avec l’instauration de salaires minimums dans tous les pays, la reprise des négociations collectives, le droit au logement, l’égalité homme-femme et la protection des migrants. Le contrôle social du secteur bancaire constitue en quelque sorte la clé qui permettra que tout ceci se réalise. Ce manifeste est à la fois un compromis entre les différents signataires, ce qui explique le flou dans certaines propositions, et une avancée réelle en terme d’articulation entre les syndicats et les mouvements sociaux.

       La séance plénière de ce sommet s’est tenue dans la soirée du 7 juin. Outre les diverses prises de parole des syndicats et des comités d’organisation nationaux de l’AlterSummit, celle-ci a permis de faire connaître aux participants internationaux les combats menés en Chalcidique contre les ventes à prix bradé des terres aurifaires et la reprise en autogestion de l’entreprise Vio.Me. de Thessalonique. 

       Une minute de silence a été observée à la mémoire de Clément Méric. Invité par l’AlterSummit à titre personnel – les partis politiques n’ayant pas droit de cité – Alexis Tsipras, président du Synaspismos a clôturé cette séance en expliquant l’importance de forger un mouvement social européen dans l’hypothèse d’une arrivée d’un gouvernement de rupture dans un pays de la taille de la Grèce.

       Au-delà des plénières, trois séries de cinq assemblées thématiques simultanées se sont tenues. A noter une forte présence des dispensaires sociaux de santé auto-organisés et des différentes initiatives grecques pour faire face à l’austérité rassemblées dans un village alternatif. Une manifestation en direction de la Place Syntagma a clôturé cet événement.

       Nous sommes ici très loin du bouillonnement des Forums sociaux où chaque mouvement a la possibilité d’organiser seul ou avec des partenaires son atelier. Est-ce ce qui explique une fréquentation de quelques milliers de personnes, bien moindre que celle des anciens Forums sociaux européens ? L’AlterSummit a eu, quoiqu’il en soit, le mérite de coaliser toute une série de mouvements syndicaux et sociaux pour construire de la politique, démarche novatrice qu’il convient de saluer. (...)



    %%%

    (Pauvresse cherchant désespérément le soleil 
    dans son gourbi de 5m2 payé une fortune)


    (blackteeeから)


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    "Depuis que les pauvres ont été chassés de la plage,
    on se sent mieux entre-nous...
    - Ça, vous pouvez le dire, ma grosse dame.
    - Grosse?"


    Illustration by Heinrich Kley, from the series The Family at the Sea Shore


    Services publics : 
    « Fermez tout, ils sont nuls ! »

    Le Yéti

       (...) La fermeture brutale d’ERT, le service public grec de radio et de télévision, a entraîné de drôles de réactions sur les forums. En gros, bon débarras, ils étaient nuls, les Grecs vont enfin pouvoir se nettoyer la tête et réfléchir dans leurs coins. Luigi, un commentateur fidèle de mon blog, abonde dans ce sens. A sa façon...

       « B’soir à tutti,

       Bon, finalement la propagande fonctionne très bien, non ? Les Grecs avec leur moussaka et leurs feuilles de vigne n’ont que ce qu’ils méritent. Et na ! P’feu, que leur gouvernement ferme toutes les télés et radios publiques, c’est normal.

       D’ailleurs chez nous, les socialistes de droite devraient s’en inspirer. Je partage l’avis quasi-général. La télé et la radio, ce n’est plus ce que c’était, alors à quoi bon en avoir encore, c’est sûr. » (...)

       « A ce sujet, il faudrait même pousser l’avantage, supprimer tout ce qui est public, hein, parce que ça ne marche pas terrible : les hôpitaux, EDF, GDF, les écoles, les théâtres... Tiens le Parlement aussi et puis les mairies, les Conseils régionaux, la Poste... Tout, quoi, en un seul paquet.

       On ferait des économies et avec ça on rembourserait la dette en une seule fois. Le FMI, la BCE, la Commission européenne, les agences de notation et les banques nous adresseraient des louanges. On serait les meilleurs du monde, que dis-je, les champions du monde. “We are the champions, we are the champions !”

       Oh excusez-moi, on frappe à ma porte. Non, on défonce ma porte ! Oh merde, on me frappe, on m’empoigne et on m’emmène manu militari. Hé, les gars, j’suis avec vous, déconnez pas ! J’ai tout fait comme vous avez demandé. Je suis d’accord avec vous à 180%, faites pas les cons, bon dieu ! C’est pas bien de relire Brecht. Il était pas un peu grec, ce type-là ? » (...)


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    Benoît Barvin

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  • µµµ
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA FLEUR SE FANE PLUS VITE
    QUE TES ILLUSIONS)

    µµµ
    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/34)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Angélus Galin apprend peu à peu à utiliser son don si particulier qui consiste à inventer des parfums particuliers et des tissus très doux...

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE

    Courbet "Homme blessé"



       Un soir, il se livra à un étrange cérémonial : il s’enduisit une petite portion de l’avant-bras gauche d’une potion corrosive à laquelle il avait mêlé une dose infinitésimale de morphine. Puis il pratiqua au dessus de cette zone divers signes avec sa main valide. Pendant la nuit, le produit rongea l’épiderme cicatriciel, sans incommoder le dormeur. 

       Au matin, Angélus, satisfait de ce premier résultat, posa alors délicatement sur le derme à vif une fine pellicule de cellules végétales, tirées d’une macération à froid de soieries et de pétales de fleurs, selon la formule mise au point à Rodez. En fin d’après midi, ce greffon d’un nouveau genre avait un bel aspect.

       Angélus attendit une semaine avant de procéder à un autre essai, afin d’être bien sûr que la couleur de la première greffe ne virât pas et que l’élasticité de la peau nouvellement née ne s’altérât point. Voyant que la portion d’épiderme traitée s’harmonisait parfaitement avec le reste de sa peau n’ayant pas été brûlée, il continua son travail de fourmi jusqu’à redonner à son bras son aspect normal.

       Bien sûr, il ne parla pas de ce genre d’expérience autour de lui. Cela aurait certainement révolutionné le monde scientifique et lui aurait valu les honneurs de l’Académie, mais Angélus n’avait que faire de tout cela. Ce qui lui importait avant tout, c’était de retrouver l’usage complet de sa main et un aspect général plus en accord avec ce qu’il était jadis. 

       De même, il minimisa auprès de monsieur Fumel l’importance des molécules de synthèse qu’il avait fabriquées, ne voulant pas, pour le moment, attirer sur lui une attention trop grande. Il insista plutôt sur l’importance de la qualité de l’eau entrant dans la composition des produits et lui conseilla vivement de n’employer que l’eau de source déjà mentionnée, dont la livraison coûtait fort cher, ou bien de l’eau distillée ou, tout simplement, à défaut d’un approvisionnement régulier ou d’une distillation en quantité suffisante, de l’eau de pluie récoltée dans l’arrière-pays et scrupuleusement filtrée. 

       Monsieur Fumel eut soudain l’impression d’avoir découvert la cause première du succès de « Peau d’âme ». Tout devait venir de l’eau ! Il comprenait pourquoi les crèmes et autres produits Fumel n’avaient pas eu jusqu’à présent tout le succès qu’il en attendait, car lui avait toujours utilisé l’eau de la source de Cimiez, certainement trop calcaire pour obtenir des émulsions de qualité. Comment n’y avait-il pas songé ?

    ***
    (A Suivre)

    µµµ

    "Quelqu'un voudrait utiliser mon huile
    pour des cosmétiques, paraît-il...
    - Ahhhhhh...."


    staragora.com

    De l’huile de foie de requins menacés 
    dans les cosmétiques 
    à l’insu des consommateurs

       (...) Peu de consommateurs accepteraient de mettre sur leur visage de l’huile de foie de requin provenant d’espèces d’eau profonde en danger.

       Pourtant, ils le font sans le savoir, parce qu’il n’existe à ce jour aucun moyen de savoir si les cosmétiques utilisent des produits provenant des requins ou bien leurs équivalents préparés à base de plantes. Oceana demande aux fabricants de produits cosmétiques d’arrêter d’utiliser l’huile de foie de requin dans leurs préparations et pour ceux qui ne le font pas, de l’indiquer lisiblement sur les étiquettes de leurs produits.

       Le squalène et le squalane, qui sont utilisés comme émollients dans certaines crèmes et lotions cosmétiques, peuvent être fabriqués à partir d’huile de foie de requin ou en utilisant des produits d’origine végétale telles que les olives, les germes de blé, le son de riz ou les graines d’amarantes.

       Les règles européennes sur l’étiquetage n’imposent aucune obligation aux fabricants d’indiquer quels ingrédients ont été utilisés pour leur production. Les consommateurs européens contribuent ainsi sans le savoir ni le vouloir à la demande mondiale d’huile de foie de requin, un marché qui est estimé nécessiter entre trois et six millions de requins annuellement. Les requins principalement utilisés sont les requins d’eau profonde, lesquels ont une longue durée de vie et une croissance lente, et sont par conséquent particulièrement vulnérables à la surexploitation.

       « Les consommateurs méritent d’avoir toute l’information nécessaire pour pouvoir faire des choix informés sur ce qu’ils mettent sur et dans leurs corps », s’est exprimée Dr. Allison Perry, scientifique à Oceana en Europe. « Peu de gens savent que l’industrie cosmétique est une source importante de la pression de pêche qui existe sur les stocks de requins d’eau profonde. Qui préférerait utiliser des cosmétiques faits avec des requins vulnérables alors que des alternatives à base de plantes existent ? »

       L’organisation de conservation marine s’est associée avec le grand magasin britannique Selfridges pour son Projet Ocean 2013, afin de garantir que les produits de beauté qu’ils proposent à la vente ne contiennent pas d’huile de foie de requin ou d’autre produit dérivé des requins.(...)
    Lire sur:

    µµµ

    (Ce voyeur ne se cachait même pas)


    pin-up model  Geri Noonan 1940
    µµµ

    "Alors, Monzieur Ménard, on fait le grand écart,
    comme les danseuses?
    - Ahahaha...

    oss 117 rio
    Cher Robert Ménard, j’ai honte pour vous
    Benjamin Joyeux

       (...) Vous ne vous souvenez certainement pas de moi, stagiaire au bureau Europe de Reporters sans frontières lorsque vous étiez à la tête de cette organisation, entre janvier et juillet 2005. Moi, par contre, je me souviens parfaitement de vous.

       Je me souviens de cette période où, depuis votre bureau, situé juste à côté du mien, vous hurliez alors pour que chacun de « vos » salariés défilent dans votre bureau afin de savoir quel tâche il devrait remplir dans les heures qui suivaient. Dès que vous pénétriez dans les locaux de RSF, situés à l’époque rue Geoffroy Marie, dans le IXe arrondissement de Paris, une sorte de terreur diffuse s’emparait de la majorité des salariés. Certains vous respectaient, mais la plupart vous craignaient.

       Vous régniez à l’époque d’une main de fer sur RSF, tout de même une très belle ONG, que vous aviez fondée, qui défendait, et défend toujours aujourd’hui, une valeur fondamentale de notre démocratie : la liberté de la presse. (...) 

       (...) C’était l’année où Georges Malbrunot et Christian Chesnot venaient juste d’être libérés, peu avant que Florence Aubenas ne se fasse kidnapper en Irak. Nous avions d’ailleurs à cette occasion organisé une grande soirée de soutien à Florence à L’Olympia avec toute une brochette de personnalités. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, était passé. Vous vous étiez montré particulièrement obséquieux avec lui.

       En 2005, RSF, c’était une équipe d’une vingtaine de personnes, composée pour moitié de stagiaires payés 390 euros par mois. Nous ne comptions pas nos heures pour sauver, aider ou simplement écouter des centaines de journalistes persécutés à travers la planète.

       Chaque personne à RSF, du petit stagiaire anonyme au rédacteur en chef, se sentait investi d’une mission et semblait fier de défendre la liberté de la presse et les droits des journalistes à travers le monde. J’y ai pour ma part appris à rédiger en quelques minutes un communiqué de presse, découvert des pays et des réalités qui m’échappaient jusqu’alors (la situation politique au Turkménistan ou au Tadjikistan par exemple), rencontré des gens formidables et enrichi considérablement ma vision du monde, même sur une courte période de six mois.(...)

        Monsieur Ménard, malgré votre personnalité, que je trouvais alors déjà assez difficile à supporter, et des anecdotes pour le moins burlesques qui me reviennent en mémoire, comme le fait de devoir faire corriger par fax par votre mère, ancienne institutrice octogénaire, située dans le Sud de la France, tous les communiqués de presse qui avaient par ailleurs été déjà validés en interne par des professionnels, je garde de cette période un relativement bon souvenir.

       Ce fut véritablement un stage en « humanités ». J’y ai renforcé mes croyances en la démocratie, la défense des droits de l’homme et la nécessité d’agir du local au global. Depuis, j’ai choisi de m’engager et de travailler pour défendre l’écologie politique au niveau européen et international. Sur cet aspect, je ne peux que vous remercier de m’avoir permis d’être stagiaire dans votre organisation.

       J’ai un peu suivi votre parcours dans les médias, suite à votre départ de « votre » ONG. Je me souviens de certaines de vos déclarations pro-peine de mort et de votre « grande tolérance » à l’égard du Front national, publiant notamment un pamphlet intitulé « Vive Le Pen ! » sentant déjà le souffre.(...)

       (...) Aujourd’hui, j’apprends que vous pourriez être le candidat du Front national pour les municipales de Béziers l’an prochain. C’est proprement hallucinant.

       Celui qui a fondé Reporters sans frontières, compagnon de la gauche et des défenseurs des libertés et de la démocratie tout au long des années 70, 80, 90 et 2000, se retrouve candidat de l’extrême droite française pour les prochaines municipales ? Il y a comme un malaise et une immense contradiction, non ?

       Monsieur Ménard, vous êtes totalement libre de vos idées et de vos choix. Simplement, aujourd’hui, j’ai honte pour vous, et je regrette d’avoir donné même six petits mois de ma vie à une organisation dont le créateur et responsable défend aujourd’hui, non de façon privée mais dans la sphère publique, les valeurs nauséabondes du Front national. (...)




    µµµ
    Benoît Barvin

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    Pensées pour nous-mêmes:


    (LA SAGESSE NE S'APPREND PAS,

    ELLE SE VIT)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/32)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       La jeune Elaine a été confrontée au père Grangeais et à la Mère Supérieure mais, à sa grande surprise, personne ne lui a parlé de ce qu'elle avait vu, la veille, dans les jardins du couvent.

    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE


    CHAPITRE 13 

       Angélus prit la diligence jusqu’à Millau où il descendit à l’auberge de la Poste. Là, il réserva une chambre pour une nuit et, pour cela, déclina son ancienne identité. 

       Lors du repas commun, il fit une si triste figure que tous, de l’aubergiste au palefrenier, remarquèrent ce pauvre bougre si profondément marqué par le sort. On lui offrit à boire et il raconta à qui voulait l’entendre que sa vie de misère ne valait plus la peine d’être vécue, qu’il préférerait être mort plutôt que de porter de telles disgrâces. Il fit rire certains, autrement plus affligés que lui par Dame Nature ; il fut pris en pitié par d’autres que le récit de ses déboires parvint à émouvoir. Toujours est-il que, lorsqu’il monta se coucher, toute la salle savait qu’un certain Jean Galin était à deux doigts du suicide. 

       Aussi, le lendemain matin, la femme de l’aubergiste frappa-t-elle en vain à la porte de sa chambre. Elle finit par ouvrir. Il n’y avait personne. Son sac de voyage était toujours là. Il n’avait emporté que ses faux papiers et son carnet d’expériences. De menus objets personnels et quelques pièces traînaient sur la table de nuit. Sur l’oreiller était posée une enveloppe adressée à Soeur Camille de l’Incarnation du couvent de Fontseranne. 

       Les gendarmes furent immédiatement appelés, la lettre ouverte. Celle-ci disait si clairement les intentions suicidaires du jeune homme que personne ne jugea nécessaire de pousser l’enquête plus loin. On dressa procès-verbal auquel on joignit la lettre du garçon. Le tout fut adressé aux autorités de Fontseranne. 

       Camille, en apprenant l’horrible nouvelle, eut un choc si profond qu’elle ne réalisa qu’après coup qu’il s’agissait là du stratagème annoncé par son frère dans sa précédente lettre. 

       Alors commença pour elle une vie de mensonge. Elle n’eut cependant aucun mal à sembler désespérée, car ce qu’elle vivait la plongeait dans un trouble tel qu’elle en avait les yeux bouffis par les larmes et le visage creusé par des nuits de veille et de contrition. 

       Le Père Grangeais se rapprocha beaucoup de la jeune femme pour lui apporter la consolation qu’il croyait nécessaire, et cette dévotion compatissante qu’il lui montrait soudain, la mettait doublement mal à l’aise, comme si elle était à chaque seconde en état de pêché mortel en acceptant une aide qu’elle n’avait point méritée, et aussi en laissant dans la peine ce bon prêtre qui paraissait très touché par la mort de Jean.

    ***
    (A Suivre)

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    (La joueuse de flûte de la forêt d'Andémionne
    attirant des flamands-pas-tout-à-fait-roses
    vers la tribu des mangeurs de flamands
    -pas-tout-à-fait-roses)

    Spirit of the Plains - Sydney Long

    $$$

    (Les places, dans cette Démocratie, étaient chères

    et durement défendues)

    Amore e le Parche - Ettore Tito

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    (La Belle Dame put enfin laisser tomber son manteau
    devant ses invités. Horreur: dessous, elle n'en avait pas!)



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    Blanche Baptiste

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  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (Ton âme n'est pas un bunker)

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    LONG RÉCIT AU LONG COURS (1/26)
    pcc Benoît Barvin et Blanche Baptiste

       Elaine Cantagril s'interroge de plus en plus sur cette étrange couvent, peut-être habité par le Diable... 
    ANGÉLUS 
    ou 
    LES SECRETS DE L’IMPALPABLE
    Antonello da Messina

    CHAPITRE 10

       Sœur Jeanne la tira de son cauchemar en la secouant énergiquement. La vue de son visage pâle et duveteux effaça rapidement les derniers lambeaux de la scène cauchemardesque.

       - Tu as crié, expliqua la novice. Je ne dormais pas, récitant des Ave Maria pour rendre grâce à Notre Seigneur qui m’a aidée dans mon épreuve. Je suis accourue aussitôt. Soeur de la Miséricorde rôde souvent dans les parages... Je ne voulais pas qu’elle te fasse de mal.

       Elaine se blottit dans les bras de la jeune moniale. Des larmes jaillirent de ses yeux et, durant un moment, elle se libéra ainsi de ses épreuves nocturnes. Sœur Jeanne la tenait bien serrée contre elle, sans mot dire. Elle exhalait une odeur d’enfant. Comme elle semblait avoir repris ses esprits, Elaine put se laisser aller sans inquiétude dans ses bras.

       - Je vais mieux, fit-elle enfin en se dégageant. Je t’assure... C’était un cauchemar.

       Soeur Jeanne s’assit à côté d’elle. Baigné par les rayons de la lune qui s’insinuaient toujours par les barreaux du soupirail, son visage dégageait une grande pureté et elle souriait, comme illuminée par quelque pensée angélique.

       - Notre Seigneur Jésus nous envoie toutes sortes d’épreuves, fit doucement la novice. Il cherche souvent à nous éprouver. Nul recoin de notre cervelle n’est à l’abri de son regard... Il connaît nos pensées les plus secrètes, ainsi que tous nos vices. Il lit en nous comme dans un livre ouvert, Elaine. Il a deviné ta douleur et il veut que tu te débarrasses de ton sentiment de culpabilité...

       Soeur Jeanne lui caressa avec tendresse le plat de la main. Elaine retrouvait peu à peu son calme. La transformation de la Supérieure en un monstre diabolique n’était que la matérialisation de l’angoisse qui la taraudait, depuis la mort d’Adrien. 

       Avait-elle également rêvé que Soeur Camille de l’Incarnation se dévêtait sous la lueur complice de la lune et s’enduisait d’un onguent ? A cette question, hélas, elle dut répondre par la négative. 

       Cependant, rendue prudente par l’intervention du prêtre, Elaine décida de ne pas se confier à la novice. La jeune fille avait certes recouvré sa sérénité et était redevenue la Soeur Jeanne qu’elle connaissait depuis son entrée au couvent. Mais une nouvelle crise pouvait advenir, surtout si Elaine lui racontait ce qui venait de se passer.

       Non. Bien qu’il lui en coûtât, il lui fallait d’abord s’entretenir avec le père Grangeais. Elle avait l’intuition qu’avec lui, elle pourrait épancher son coeur et qu’il lui donnerait de précieux conseils. En outre, le prêtre avait l’air d’en savoir beaucoup plus qu’il ne le disait. 

       Les propos sibyllins qu’il lui avait tenus résonnaient encore à ses oreilles. Il semblait très proche de la Supérieure. Peut-être Elaine pourrait-elle l’interroger à ce sujet ? De toute façon, tous les deux étaient à présent liés par un lourd secret qui en faisait de véritables complices.

    ***
    (A Suivre)

    °°°
    "J'aime pas qu'les multinationales de
    l'alimentaire nous prennent pour
    des billes!"

    Valérie-Létourneau-Prézeau-Méchante-petite-fille

    UNE FILLETTE AU PDG DE MCDO: 
    «ARRÊTEZ DE TROMPER LES ENFANTS!»
    Lucie de la Héronnière

       (...) Une petite fille de 9 ans a adressé un message clair au PDG du géant du fast-food, rapporte NPRLors de l’assemblée annuelle des actionnaires de McDo, à Chicago, la jeune Hannah Robertson a pris la parole au moment des questions, pour s’adresser au grand chef Don Thompson«Ce serait bien d’arrêter de tromper les enfants en essayant de les faire manger chez vous tout le temps...» (...)

       (...) Hannah est venue avec sa mère, qui tient un blog pour parents souhaitant aider leurs enfants à faire de meilleurs choix alimentaires. Elle était présente grâce à son engagement dans l’ONG Corporate Accountability International, qui travaille sur les droits de l’homme, la santé publique et l’environnement.

       Par diverses actions, cette asso entend mettre un terme au «marketing prédateur envers les enfants» exercé par la grande chaîne de fast-food, explique NPR. Il y a deux ans, les membres ont ainsi essayé, en vain, de virer Ronald, la mascotte.

       Pour répondre à la fillette, le PDG Don Thompson a défendu les pratiques de son entreprise: «Nous avons vendu beaucoup de fruits et de légumes, et nous essayons de développer encore cela.» Pour lui, Ronald n’est «pas un mauvais gars», il est là pour amuser les enfants.

       Pas convaincant? On peut désormais soutenir l’intervention de Hannah en écrivant un petit mot à Don Thompson. Pendant cette même assemblée, un représentant de l’ONG Corporate Accountability International a fait une proposition visant à faire évaluer par McDo ses initiatives nutritionnelles et leur impact sur l’obésité infantile. Ce fut un échec: seulement 6,3% des actionnaires ont voté pour. (...)


    °°°
    "Le vol des assiettes"
    (sur l'air du "vol du bourdon")


    °°°
    (Justice juste - mais expéditive - contre 
    une multinationale de l'agroalimentaire...)

    Monsanto critiqué dans la rue 
    mais soutenu par la justice américaine
    Béatrice Héraud 
    © 2013 Novethic - Tous droits réservés

       (...) Samedi 25 mai, des « marches contre Monsanto » ont eu lieu dans plus de 250 villes du monde réunissant quelques milliers de personnes. En France, un sit-in sur la place du Trocadéro à Paris a réuni quelques centaines de manifestants et à Strasbourg, entre 350 et 450 manifestants ont défilé de la place du Parlement européen au centre-ville. A l’initiative de la démarche : le mouvement Occupy-Monsanto (qui avait notamment organisé la campagne pour l’étiquetage des OGM en Californie ) qui voulait ainsi attirer l’attention sur les dangers que posent les aliments génétiquement modifiés et les entreprises qui les produisent. En France, la marche était soutenue entre autres par le Mouvement Colibris, Combat Monsanto, Générations Futures, Kokopelli, la Fondation pour l’Ecologie politique, etc.

       Ces marches sont à resituer dans un contexte de multiplication des protestations contre la multinationale sur laquelle les anti-OGM focalisent leurs combats partout dans le monde et depuis de nombreuses années (Voir Le monde contre Monsanto et Au Mexique, l’industrie biotech se heurte à la mobilisation contre le maïs OGM ). (...)

       (...) Aux Etats-Unis cependant, la firme reste soutenue par les plus hautes autorités. Au printemps 2013, l’adoption d’un amendement dans la loi budgétaire garantissant la culture des OGM contre toute décision de justice, présenté comme un «Monsanto Protection Act » (valable 1 an) a fait scandale, au-delà même du cercle des opposants traditionnels aux OGM.

       Le 13 mai 2013, la Cour suprême américaine a donné raison au géant américain de l'agrochimie dans un litige qui l'opposait à un petit fermier de l'Indiana, accusé d'avoir enfreint ses brevets dans l'utilisation de graines de soja transgéniques. Après trois mois d’audience, les juges ont délibéré unanimement en faveur de Monsanto qui réclamait 85 000 dollars à un producteur de soja de 75 ans, déjà « dans une situation désespéré », selon les propos de l’avocat du fermier rapporté par l’AFP. L'agriculteur avait signé un contrat d'utilisation qui lui interdisait de conserver et de réutiliser ces semences après la récolte, afin de garantir l'achat de nouvelles semences chaque année.

       La protection intellectuelle « ne permet pas à un agriculteur de reproduire des graines brevetées en les plantant et en les récoltant, sans détenir une permission du propriétaire du brevet. (…) Si l'acheteur de ce produit peut fabriquer et vendre un nombre illimité de copies, alors le brevet ne protégerait plus l'invention efficacement que pour une seule vente », a-t-elle estimé. 

        « Si le simple fait de copier était autorisé, alors un brevet perdrait toute sa valeur dès la première vente », a continué la haute Cour, précise l’AFP. Or dans ce cas, « le monopole du brevet ne serait valable non pas 20 ans (comme la loi le prévoit) mais pour une seule transaction. Et cela résulterait en une baisse d'incitation à l'innovation (qui est, comme chacun sait, gouvernée par le fric...)».


    °°°
    Benoît Barvin

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