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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES RACINES DU MAL

    SONT DANS LE MÉPRIS)

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     les-crises.fr

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     "J'ai décidé de ne porter que des vêtements

    made in USA"

     wladbladi.net

    La politique américaine ? Non merci.

    Passez-moi plutôt les tomates.

     

       Enfant, je détestais les tomates. Je n'arrivais pas à comprendre comment on pouvait les aimer. Ma grand-mères cultivait le fruit écarlate dans son jardin, et tous les étés j'étais au désespoir quand les tomates crues faisait leur apparition jour après jour sur la table du dîner. La saveur douce mais acidulée me faisait froncer le nez, et la chair dégoulinante me faisait penser à l'intérieur d'un coeur humain  – ou du moins à ce que j'en imaginais.

       Adulte, je vis aujourd'hui au pays du gazpacho, de La Tomatina et du pa amb tomàquet, et me suis mise à adorer la saveur douce mais acidulée et même la chair dégoulinante. C'est fou comme les goûts peuvent changer.

       C'est l'inverse qui m'est arrivé avec la politique aux Etats-Unis. Enfant, je dévorais la politique. Je passais une grande partie de mes étés chez mes grands-parents dans le Midwest américain, où le règlement de la maison voulait que l'on joue dehors la plus grande partie de la journée. Si on voulait rester à l'intérieur, mieux valait que ce soit pour lire. Les abonnements de mes grands-parents à Newsweek et Time signifiaient qu'une pile de ces hebdomadaires était toujours présente dans le salon, de sorte que lorsque j'étais fatiguée de me rouler dans l'herbe ou de feuilleter mon dernier emprunt à la bibliothèque, je ramassais un numéro, m'enfonçais dans le “davenport” (le sofa), et me rassasiais des intrigues politiques des années 1990. Ma compréhension était bien entendu limitée par mon âge innocent—pourquoi toutes ces histoires autour de la robe bleue de Monica Lewinsky ?—mais je n'en étais pas moins captivée par les machinations des puissants du pays.

       Cette fascination m'a suivie dans l'âge adulte, et elle a grandi à mesure de ma compréhension. Lorsque l'Internet a inoculé dans l'industrie des média une dose massive de vitesse, j'ai fait bon accueil à la folie de l'information politique 24 heures sur 24, et mon travail de correspondante dans une rédaction de légende a rendu mon désir irrésistible virtuellement insatiable. J'ai réellement rêvé un temps de devenir une journaliste politique qui pourchasserait les législateurs le long des corridors du pouvoir pour gagner sa vie. C'est fou comme les goûts peuvent changer.

       Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, je me retrouve totalement dépourvue d'appétit pour la vie politique américaine. Ce qui autrefois m'apparaissait comme un théâtre digne ressemble de plus en plus à une dangereuse farce. J'hésite sur les causes de ma désillusion. La politique aux Etats-Unis est-elle devenue plus clivante ? Il se peut. Est-ce que je perds mon optimisme avec l'âge ? Peut-être. D'avoir immigré en Espagne a-t-il changé mon point de vue ? Probablement.

       Quelle que soit la raison, l'actuelle élection présidentielle aux Etats-Unis ne fait apparemment qu'aggraver mon allergie. Je sais que de nombreux Américains au pays et à l'étranger éprouvent aussi la même chose. Je n'engloutis plus les informations politiques comme avant. Je tourne le dos à toutes les petites phrases du jour en circulation. Je n'ai même pas pu me forcer à regarder le discours d'acceptation de Hillary Clinton à la convention nationale démocrate—un moment historique avec la première femme candidate à la présidence pour un grand parti, quels que soient les sentiments qu'on puisse avoir à son égard. De même, d'ailleurs, que je n'ai pu supporter de regarder celui de Trump, dont la candidature est un événement historique pour des raisons tout à fait différentes.

       Malgré la nausée, je suis convaincue que nous avons une responsabilité citoyenne de nous tenir informés, alors je me maintiens, à contrecoeur, au courant des questions politiques américaines. De toute façon il me serait difficile d'y échapper. Comme un tiers de la population mondiale, j'utilise les médias sociaux. Même si je sortais de Facebook, Twitter et Reddit, une portion de mon alimentation en nouvelles provient de sources de la presse américaine traditionnelle, avec tous ses défauts. Et même si je troquais les média des Etats-Unis contre leur équivalent d'ici, la fixation des unes de la presse espagnole sur la Grande Expérience Américaine rendrait celle-ci incontournable.

       Ah, et puis je suis la rédactrice actualités de Global Voices, et en tant que telle je dois logiquement prendre en permanence le pouls de la politique américaine, ne serait-ce que pour m'améliorer au travail.

       Alors je suppose qu'il me faut faire de mon mieux pour digérer les débats en essayant de maintenir un couvercle sur mon Weltschmerz —même si le théâtre politique qui se joue sur la scène américaine m'emplit de l'irrépressible envie de lancer des tomates sur les comédiens. J'aime enfin les tomates.

       C'est fou comme les goûts peuvent changer.

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE VERTIGE DE L'AMOUR

    SE SOIGNE PAR UN BAISER)

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    deepsoulfury:

    Gif-Quote

    (via pustekuchen111)

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    slate.fr

    Toute la faute à Daech ?

    Gérard COLLET

       Dix-huit mois se sont écoulés depuis que le coup de tonnerre de Charlie Hebdo a secoué la France. Depuis cette date, tout et le contraire a été dit quant aux causes, aux conséquences, aux parades possibles. Tout a été dit par les politiques, par les Grandes Plumes, par les intellectuels organiques et les experts en tout. Et dans les sphères influentes, chacun a tenté de s’approprier la terrible suite d’événements et d’en tirer le meilleur parti. Cette instrumentalisation a été faite parfois de manière si grossière que le plus simplet des électeurs ne s’y est pas trompé ; cela a été fait jusqu’à l’indécence, au point que politiques et éditorialistes aux ordres y ont laissé leurs dernières onces de crédibilité. Pendant tout ce temps, il a fallu chercher avec obstination pour trouver des points de vue s’écartant de la doxa.

       Pourtant cette débauche de commentaires et analyses laisse un goût bizarre. Une impression malsaine comme si au fond l’on était, malgré toutes ces contributions, passé à côté de l’essentiel, comme si toute cette matière grise n’avait pas réussi à vraiment appréhender le sujet et les enjeux, comme si l’on n’avait pas progressé vers une solution mais seulement accumulé les faux-fuyants. Ou plutôt, car on ne peut avoir de doute n’est-ce pas, sur l’intelligence des analystes en renom, plutôt comme si tout avait été faussé par des présupposés indépassables, comme si les pensées avaient été distordues par des objectifs de communication calculés, comme si enfin postures, préjugés et intérêts avaient dominé la réflexion. (...)

       (...) Si l’on s’en tient aux déclarations qui ont saturé l’espace médiatique, celles des responsables politiques, celles des grands journaux et des chaînes d’information, celles des éditorialistes en vue, on ne tarde pas à voir que derrière l’apparente diversité, les rodomontades téméraires et les idées apparemment novatrices, certains sujets sont restés quasi tabous. Il apparaît que tout en feignant de rechercher la genèse des actions « terroristes » [1], il fallait avant tout escamoter le rôle des guerres étrangères, ne pas parler des questions sociales au sens large (y compris la délicate affaire de l’univers carcéral), ne jamais mentionner le poids de la guerre en Palestine, oublier l’histoire coloniale et ses non dits ou ses mensonges.

       La volonté affirmée de tout ramener à Daech [2] servait alors toutes ces causes la fois : elle évitait de questionner l’état de la société française et donc la responsabilité des gouvernements successifs et de leurs lignes politiques invariablement néolibérales et impérialistes, et justifiait de facto les actes de guerre en Afrique et au moyen-orient, destinés à éradiquer ce foyer du terrorisme décrit métaphoriquement comme un abcès qu’il suffirait de vider pour faire disparaître le mal.

       Cette stratégie de communication n’a jamais été plus claire que le terrible soir du 14 juillet, lorsque le président lui-même décida d’attribuer d’emblée la responsabilité de l’attaque au « terrorisme islamiste » avant même que la moindre enquête ait eu le temps d’être menée, et alors que l’on ne connaissait à peu près rien à part la couleur du camion incriminé [3]. A ce jour, la preuve incontestable du lien avec Daech et même avec la religion n’est toujours pas faite. Cette déclaration, qui venant du magistrat suprême ne pouvait que peser sur l’ensemble des postures à venir, et pour désinvolte qu’elle put sembler, ne pouvait être le résultat d’une erreur ou de la précipitation. Le pouvoir en place avait d’emblée choisi le schéma qui lui semblait politiquement le plus profitable, n’entendait attendre aucune information complémentaire, et défendrait cette posture jusqu’au bout. On ne peut évidemment s’empêcher de penser à la réaction de José Maria Aznar, qui après l’horrible attentat de la gare d’Atocha, pensa habile d’incriminer l’ETA.

       Avec la caution de cette affirmation au plus haut niveau de l’état, les guerres au moyen orient étaient de facto justifiées, et le renforcement de la réponse sécuritaire coulait de source.

       Pourtant, incriminer Daech et invoquer de puissants « réseaux terroristes » n’a guère de sens alors que le degré d’organisation des attentats les plus récents (Nice, et Saint-Étienne-du-Rouvray, mais également ceux de Paris) est proche de zéro. Écraser des piétons avec un camion ne relève pas de la tactique la plus élaborée, et malheureusement, sauter d’une voiture de location pour tirer sur une terrasse de café n’est pas non plus un chef d’oeuvre d’organisation à l’heure où, nous répète-t-on, la Kalachnikov est devenue facile à acquérir. Surtout lorsque la question du repli n’est pas même envisagée et que les tireurs ont d’emblée choisi de mourir.

       Certes en cherchant bien, on trouvera que les psychopathes qui ont commis ces actes possédaient des smartphones, avaient des correspondants, avaient repéré les lieux, et peut-être même avaient parlé de leurs projets [4]. Mais il paraît tout à fait arbitraire et stérile d’échafauder une causalité prenant Daech pour principale origine.

       On peut d’ailleurs se demander pourquoi l’Allemagne, de ses sphères politiques à ses éditorialistes et dans des circonstances proches, ne s’est pas enferrée dans la même démonstration [5]. (...)

       Il semble bien en effet que Daech ne « recrute » pas au sens propre les malades mentaux et les repris de justice qui commettent ces attentats. Pour ces enrôlements, l’EI ne fait que diffuser son idéologie mortifère, et les djihadistes n’ont pas même besoin d’un état pour le faire, comme le montra Ben Laden. Les voies de l’Internet, innombrables, multiformes, incontrôlables et peu coûteuses sont largement suffisantes pour cette propagande ; le discours sera toujours audible, le ressentiment toujours aussi fort, les martyrs potentiels toujours là...

       La vraie question est donc de comprendre ce qui pousse des desperados à se raccrocher à cette idéologie et à accomplir ses rites, et non de prétendre faire disparaître la mouvance djihadiste de la planète. Mais cette question renvoie à l’état social de la France, ce qui ne convient à aucun de nos dirigeants, car il faudrait alors mettre en doute l’approche guerrière, reconnaître les injustices, comprendre les rancoeurs, dénoncer les récits historiques partiaux qui nourrissent cette haine. Et cela suppose préalablement de rejeter l’aberrante position de Manuel Valls pour qui « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Pourtant, comment lutter contre ce qu’on ne comprend pas ?

       On en vient donc, dans la frénésie de réflexions sécuritaires, à échafauder toutes sortes de théories sur les motivations des assassins, à répéter en boucle que c’est notre mode de vie qu’ils exècrent, qu’ils ne supportent pas de nous voir boire des bières en terrasse, que notre liberté les horrifie, que nos valeurs les hérissent, que la musique les rend fous furieux... Mais on évite soigneusement d’insister sur les faits tangibles, de mentionner leurs professions de foi, de rappeler leurs dernières déclarations, et lorsqu’on ne peut l’éviter, on l’oublie aussitôt et on ne semble en tenir aucun compte. Or dans presque tous les cas, c’est bel et bien de la guerre en Syrie en en Irak que les assassins ont parlé : c’est des bombardements occidentaux, des « dommages collatéraux » et de la volonté de la coalition de régenter le Moyen Orient qu’ils ont parlé ; c’est de l’interminable colonisation perpétrée par l’état Hébreu. (...)

       (...) Reste enfin, parmi les conclusions « contre-productives » qui se sont vulgarisées, la dangereuse confusion à tous les niveaux entre l’Islam et la succession d’assassinats, l’utilisation tous azimuts de termes inquiétants et flous, jamais définis et souvent utilisés fort schématiquement.

    sudinfo.be

       Dans cette dangereuse approximation, l’Etat Islamique est présenté comme la cause unique et directe des actes terroristes, tandis que le « salafisme » en serait évidemment la contrepartie et la base arrière sur notre territoire ; alors « l’intégrisme » ferait évidemment le lit du salafisme. « Radicalité », « Intégrisme » et « salafisme » deviennent ensuite quasi synonymes de terrorisme, et les plus volontaires taxent d’angélisme, de sophisme ou de complicité tous ceux qui prétendent ne pas confondre les catégories. De là, il devient aisé de suggérer que l’Islam dans son ensemble ferait preuve de beaucoup de mansuétude à l’égard de ses intégristes, de mettre en demeure tous les fidèles ou supposés fidèles de se démarquer à haute et intelligible voix, et la boucle est bouclée qui montre du doigt l’ensemble des musulmans ou supposés tels.

       Or cette conclusion est précisément celle qu’il faut éviter, celle qui peut miner la confiance et dynamiter la paix civile. Le plus stupéfiant étant que tous nos brillants dirigeants et leurs analystes complices expliquent urbi et orbi que là est le piège tendu par les terrorisme, alors que tous leurs discours et toutes leurs décisions conduisent directement dans ce mur. (...)

       (...) Tandis qu’il a souvent été difficile de démontrer la religiosité des assassins, et a fortiori leur intégrisme ou l’adhésion au salafisme de gens plutôt connus comme piliers de boîtes de nuit et adeptes de l’alcool [6], il est deux dénominateurs communs qui sont toujours apparus d’emblée et parfois ensemble : une grande perturbation psychologique et un passé de délinquance. Ces caractéristiques sont beaucoup plus criantes et omniprésentes que le radicalisme religieux que sa « rapidité » rend pour le moins douteux.

       Or là est exactement la ligne de démarcation, le point de basculement entre les croyances, fussent-elles radicales, et l’activisme violent, haineux, aveugle et assassin. Un individu « radicalisé », qu’il s’agisse d’un militant politique, écologiste, d’un croyant catholique, adventiste, juif ou évangéliste, ne s’empare pas aisément d’une mitraillette pour tirer sur des inconnus. Ce passage à l’acte nécessite de rompre avec des valeurs empathiques et culturelles, avec la société dans son ensemble, et de franchir des barrières légales. En revanche, le délinquant est habitué de longue date à utiliser des armes et beaucoup plus enclin à tuer ; quant à la légalité, il l’a depuis fort longtemps rangée au magasin des accessoires.

       Pour ce qui est des psychopathies [7], le cas du pilote de Germanwings a montré que certaines d’entre elles pouvaient conduire aux mêmes errements [8]. Et ce sont les circonstances politiques et sociales qui catalysent à certains moments historiques la collusion du radicalisme, de la délinquance et de la folie. C’est donc ces circonstances qu’il faut étudier en priorité. Or cet aspect des faits a été systématiquement minoré, présenté comme une donnée marginale du problème dans la volonté de tenir « l’Islamisme » pour la cause essentielle et quasi unique.

       Pourtant, outre que les deux paramètres mentionnés sont nécessaires à la compréhension du phénomène terroriste observé, ils interfèrent fortement avec certaines des solutions proposées : à titre d’exemple, les « centres de rétention » chers à certains devraient alors s’emplir non pas de musulmans radicalisés et pour cette raison fichés « S », mais de délinquants et de psychopathes, ou des trois catégories à la fois... La jeunesse pouvant évidemment être un facteur aggravant ainsi que le sexe... Il faudra donc de forts vastes centres. (...)

       (...) Au delà des faits de terrorisme, la question centrale est bien celle de la cohésion de la société française, et des tensions qu’elle accumule [9]. Comme cela a été maintes fois noté, si l’État Islamique constitue sans doute un attracteur lointain, c’est bien à chaque fois au sein de la société française que se sont cristallisées puis organisées les défiances, les incompréhensions, les haines, les volontés criminelles, puis les actions elles mêmes. Ce sont souvent de jeunes français qui les ont conçues et perpétrées.

       L’état Islamique, en grande difficulté militaire, n’a selon toute vraisemblance joué pratiquement aucun rôle ni au niveau de l’intendance, ni au niveau de la préparation. Quant à son « assistance tactique et technique », elle se résume à quelques encouragements ineptes et suicidaires prodigués à distance. Et c’est donc bien au sein de la société française qu’il convient de trouver les ressorts de cette vague d’attentats qu’une défaite de Daech n’a guère de chances d’éteindre.

       Reste alors ce que d’aucuns nomment le but stratégique de l’État Islamique dont les assassins locaux seraient les marionnettes. Ce but serait selon eux la désintégration de la société française, puisque une victoire militaire est hors de leur portée [10]. En conséquence tous nos choix devraient se porter sur les moyens de maintenir ou de renforcer la cohésion de cette société et de ses valeurs essentielles. La question est donc aujourd’hui de savoir si c’est par la coercition, la menace, la mise en demeure, la culpabilisation et la vindicte permanente que l’on peut parvenir à ce but trop longtemps ignoré.

       Mais choisir un autre angle d’attaque représenterait un défi et un changement de registre trop important. Il faudrait alors en effet accepter de voir que les injustices intolérables (celles de la répression sélective [11], des guerres en Irak, en Palestine...) qui révoltent bien au delà de la sphère musulmane sont des ferments de division qui s’ajoutent aux disparités lancinantes de nos villes. Il faudrait accepter de voir l’effet des discours méprisants ou carrément racistes visant musulmans ou descendants d’immigrés maghrébins dans un amalgame bien connu. Il faudrait accepter de reconnaître que trop peu a été fait pour faciliter une intégration équitable de ces immigrés, en particulier au niveau scolaire, alors qu’il était élémentaire de prévoir les multiples handicaps qui les frapperaient. Il faudrait reconnaître le poids du passé colonial dont la page a été insuffisamment et mal tournée [12].

       Il ne s’agit évidemment pas de remâcher des culpabilités stériles et hors de propos, mais de reconnaître les faits pour réduire la « fracture de mémoire » (ibid), et de tenter d’en amoindrir les conséquences.

    stripsjournal.canalblog.com

       Il s’agit tout simplement de manifester une empathie envers ces compatriotes dont l’histoire familiale et humaine n’est pas celle que notre récit national a construite. Nous devons certes sans faiblesse affirmer notre attachement indéfectible à la vision « républicaine » de la laïcité et des comportements culturels qui lui sont associés ; mais nous devons sans doute accepter qu’elle est un « construit » de longue haleine et de haute lutte, et qu’à ce titre elle devrait être patiemment et obstinément enseignée, expliquée, justifiée, démontrée, légitimée, plutôt qu’imposée comme un dogme culturel et légal.

       On ne peut évidemment ignorer que les terroristes incriminés dans les récentes attaques sont majoritairement d’ascendance nord-africaine ou musulmane ou les deux et il faut bien tenter de le comprendre. Mais si l’on refuse le ridicule obscurantiste de mettre ce fait sur le compte d’un gène ou d’une culture spécifique, on doit admettre qu’il exprime assez la perception des injustices qui frappent d’abord ces catégories, et le trouble de l’histoire qui les relie à la France républicaine. Rien ne sert de refuser les révoltes qui en découlent en déclarant « Ils n’ont qu’à »... et ce n’est pas en les stigmatisant, en les désignant, en les mettant en demeure, que l’on réduira les rancoeurs [13].

       Dans les mois qui viennent de passer, et de manière croissante tandis que se succédaient les massacres, nombre de commentateurs ont donc dit et répété qu’il importait d’éviter le clivage de la société, et averti que là était peut-être le piège tendu par le djihadisme. Mais tandis qu’ils le répétaient doctement, les mêmes prônaient précisément les solutions qui accentueraient ce clivage, augmentant le risque d’une division civile. Parmi les suggestions récurrentes figure la « fermeture des mosquées salafistes ». Belle formule simple et tentante, même si nombre de voix sont venues rappeler que « salafisme » n’est pas terrorisme.

       Il est certes bien évident qu’il faut avoir les moyens de contrôler les prêches et sermons tenus dans les lieux de prière, qu’il est indispensable de révoquer sans hésiter les prêcheurs appelant à la sédition ou à la violence, voire de les condamner ou de les expulser. En revanche le projet de fermer le lieu de prière ressemble fortement à une punition collective, rappelle la tentation de « faire disparaître le problème », et ne peut qu’être mal perçu par tous les fidèles concernés.

       Or le trouble où l’on jette les plus « intégrés » est déjà perceptible, et à côté des multiples discours de méfiance, trop peu est fait pour cimenter l’unité et réduire « l’exclusion réciproque » [14].

       J’ai été personnellement frappé de constater l’intérêt qu’ont porté des amis d’origine maghrébine parmi les plus « intégrés » et les plus laïcs, au discours qu’a consacré le Premier Ministre du Canada M. Trudeau à ses « compatriotes musulmans » à l’occasion de la fête de l’Aïd el Fitr. Certes le Canada n’est pas la France, mais il y avait dans ce discours une reconnaissance de certaines valeurs portées par l’Islam et de ses particularismes des mots qui ont touché ces français d’ascendance maghrébine. Il y avait dans cette mention chaleureuse d’un fête musulmane, une sorte de fraternité qui la rendait l’égale des fêtes célébrées par d’autres religions ayant droit de cité... La légitimation perçue par ces français d’ascendance musulmane qui ont rediffusé le discours sur leurs « réseaux sociaux » disait assez l’exclusion et la marginalisation dans laquelle ils se sentaient cantonnés dans leur propre pays. Quel homme politique français saurait ainsi parler de nos concitoyens d’origine arabe ou de familles musulmanes en de tels termes, les reconnaissant ainsi comme français eux aussi et comme participant à la richesse de la nation au delà de leurs pratiques religieuses ? (...)

       (...) Après plus d’un an de discours, de réactions émotionnelles, de lieux communs, de faux-fuyants et de déclarations opportunistes, on se retrouve donc dans une grande détresse et un très grand malaise, car on a le sentiment que les élites n’ont agi en cette affaire que par effet d’aubaine, (de la pseudo majorité Hollandienne à la surréaliste opposition Sarkozienne) comme si au fond elles pensaient que de tels événements étaient les facteurs conjoncturels essentiels de la dynamique électorale, comme si là était leur chance de remporter les scrutins qui s’annoncent [15]. Comme si elles avaient aussi saisi là l’occasion de renforcer leur arsenal anti social [16]. Tout à ces affaires, elles n’auront fait au fond, que « réagir » en cherchant des parades répressives, et n’auront rien entrepris qui soit susceptible de traiter les failles qui minent la société française post-coloniale.

       Au lieu de ça, le gouvernement, non content de nous habituer à l’état d’urgence, cherche à nous entraîner dans une logique de guerre, puis de guerre civile qui ne peut que dégénérer [17]. Aujourd’hui réserve opérationnelle, puis garde nationale, à quand des milices dont on devine aisément qui y participera et en quoi cela apaisera la nation et les terroristes en devenir.. 

       Toutes ces postures et ces pseudo-décisions inutiles ou néfastes n’auront en rien résolu le problème du « terrorisme », ne l’auront pas même posé lucidement et clairement ; les ténors de la scène politique et médiatique n’auront que perdu davantage de crédit, renforcé la confusion des esprits, accentué les clivages, et libéré les mauvais instincts.

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    [1On sait pourtant bien la duplicité de ce terme dont l’usage est réservé aux pouvoirs en place. Durant les événements d’Algérie, tout combattant de l’indépendance était un terroriste.

    [2Voir l’édito de Politis : « Daech n’explique pas tout », 27 juillet 2016.

    [3« C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste ../.. nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak. » François Hollande, 15 juillet 2016, 4 h 34.

    [4Pour le conducteur de l’attentat de Nice, on est allé jusqu’à évoquer les « époux des sœurs de l’ex épouse »...

    [5Voir : Von Orlando bis München : Amok oder Terror ? [Un « attentat terroriste » sous entendu « islamiste » perpétré par un homme qui n’a jamais mis les pieds à la mosquée, comme à Nice, ou carrément commis par un islamophobe, comme à Munich, n’y a-t-il pas là de quoi s’interroger sur la valeur du modèle explicatif que l’on nous propose en boucle ? Tous terroristes ? ]

    [6Ce qui a conduit au concept innovant de « radicalisation rapide » pour ne pas abandonner la ligne officielle.

    [7Catégorie notoirement grossière j’en conviens.

    [8On commence à deviner que la causalité est à l’inverse de celle admise par les autorités. Il n’a pas tué parce qu’il s’est rallié au jihad, il s’est rallié au jihad parce qu’il voulait tuer, parce qu’il ne pouvait plus se supporter dans sa peau. L’homme s’est « radicalisé » pour donner un « sens » à une vengeance nourrie de longue date. (G. Eisenberg, Amok ou terrorisme ?).

    [9Problématique au demeurant mondiale, comme le souligne Paul Rogers dans Irregular wars : « Le monde économique produit plus d’inégalités et engendre de la marginalisation de masse, du ressentiment et de l’amertume. Ces souffrances combinées à l’apparition des limites environnementales mondiales persistantes, en particulier la perturbation climatique, sont le vrai cocktail explosif ».

    [10Voir Yuval Noah Harari : « Théâtre de la terreur ».

    [11Comme le note Eric Fassin au sujet de la mort d’Adama Traoré : « Sous prétexte de combattre le terrorisme, ce gouvernement prétend préserver les forces de l’ordre de toute critique. En réalité, cela revient à aggraver l’hostilité d’une partie de la population à leur égard. »

    [12Voir : Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, La Découverte, 2005 : « Un passé colonial qui ne passe pas ». http://www.scienceshumaines.com/un-passe-colonial-qui-ne-passe-pas_fr_5311.html

    [13Au sujet de la « sensibilisation du grand public » : « On touche là à quelque chose de beaucoup plus complexe qui a un rapport étroit avec la propagande et le conditionnement de la population. Et, pourquoi ne pas le dire, avec un racisme massif, qui fait de tout Arabe un suspect ». Denis Sieffert, Politis, 21/07/2016.

    [14Voir ouvrage mentionné en note 12.

    [15« La prochaine élection présidentielle se jouera sur la façon de protéger les Français, et sur la capacité à être un chef de guerre. Cette question sera essentielle, bien avant celle du chômage. » Éric Ciotti, Le Monde, 18/07/2016

    [16On se souvient de l’utilisation de l’état d’urgence, dès décembre 2015, pour interdire les manifestations autour de la COP 21, et plus tard pour juguler les mouvements contre la Loi Travail.

    [17« Les Echos, le JDD, France 2, France Inter (avec l’ex-porte parole de l’armée israélienne), entre autres, suggèrent que la France devrait s’inspirer d’Israël ». [Pour résister au terrorisme] Denis Sieffert, Politis, 21/07/2016.


    http://www.legrandsoir.info/toute-la-faute-a-daech.html

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUE FAIS-TU SI LE BONHEUR

    EST AU MILIEU DU GUET?)

    ¤¤¤

    "Combien de blancs de poulet, déjà?"

    (L'humour de Mamadou N'Dyaye, le boucher de Nairobi,

    ne faisait pas rire les touristes étrangers)

    sculppp:

    Alexandre Yevgenievich Jacovleff (1887 - 1938)

    The Kuli-Kuta Dance, Niamey’, 1926

    ¤¤¤

    "Tu viens?

    - Oh, tu sais, étriper, écharper,

    briser menu, ça a ses limites...

    Moi je voudrais un petit bisou..."

    via Comic Book Artwork.

    ¤¤¤

    "Si Madame La Mort veut bien se donner la peine...

    - Sa Majesté La Mort!

    - Oups"

    (La Mort commença son boulot plus rapidement ce soir-là)

    oldschoolphantoms:

    ¤¤¤

    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AMOUR A UN

    PARFUM SUBTIL)

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    "Ze... Ze n'y arriverai bas... Z'ai...

    - Trop bu de pistil de fleurs, je sais...

    Mais fais un effort, sinon, en Haut Lieu,

    on ne coupe pas à la punition..."

    The Death of Hyacinthos by Jean Broc, 1801

    http://loumargi.tumblr.com/post/148835548628/

    the-death-of-hyacinthos-by-jean-broc-1801

    ***

    juliemag.com

    Utiliser les épluchures,

    un geste écologique

    et source de bonnes surprises

    Léa Dang (Reporterre) 

    - Gujan Mestras (Gironde), reportage

       C’est dans une ancienne maison en bois, près de Bordeaux, que m’accueille Marie Cochard, journaliste spécialiste en environnement et auteure du livre Les Épluchures, tout ce que vous pouvez en faire. Une des premières choses que j’ai voulu voir en arrivant dans le jardin de Marie, c’était la taille de son compost. Celui-ci, à force de réutiliser les épluchures, devait être d’une taille bien réduite. Surprise : Marie n’en a pas. Sa production de déchets organiques est tellement infime qu’elle n’en voit pas l’utilité.

       Tout d’abord, une grande partie des fruits et des légumes sont consommables avec la peau, puisque c’est là que se concentrent la plupart des antioxydants et des minéraux. Ensuite, certaines épluchures peuvent être séchées ou congelées pour une utilisation postérieure, comme les feuilles d’artichaut, qu’on peut utiliser en tisane, ou les tiges de cerises, qu’on prépare en infusion, et le reste sert pour l’entretien de la maison et du potager. Chaque aliment a entre cinq et quinze utilisations possibles. Seules les rares exceptions, comme les extrémités des kiwis ou les tiges des pommes, sont enterrées dans le jardin.

       Dès le début de notre entretien, un brin de nostalgie dans le regard, Marie me plonge dans son enfance en Normandie, chez ses grands-parents, puis dans les Landes. Grandir dans une ferme, c’est être témoin d’une symbiose entre les hommes, les animaux et les plantes. C’est aussi suivre une philosophie où l’on raisonne selon la nature. Aujourd’hui où se développe le « Cradle to Cradle » (du « berceau au berceau » [1]), Marie a décidé de remettre au goût du jour les pratiques de ses grands-parents. « J’ai grandi en observant mon grand-père cueillir les feuilles de thym, les fruits d’été, et tout conserver dans des bocaux pour les déguster en hiver », raconte-t-elle. (...) 

       (...) On le comprend assez vite au fur et à mesure de la visite, sa madeleine de Proust à elle, c’est le« fait maison » et la récupération. Balançoire fait main, table et chaises de jardin achetées à Emmaüs... Et puis, au fond du jardin, un potager un peu particulier. En s’approchant, on remarque, au pied des plantations de tomates, d’aubergines, et de rhubarbes, de petites coquilles d’œufs et d’huitres broyées, et aux extrémités, du marc à café. Le potager n’a que quelques mois, et c’est avec fierté que Marie m’explique ses astuces. Les coquilles d’huîtres nourrissent le sol en calcaire et en oligoéléments, les coquilles d’œufs éloignent les gastéropodes et le marc de café nourrit le sol et agit comme répulsif. Un système durable et indépendant qui s’inspire de la permaculture, et n’utilise aucun produit de synthèse.

       Émerveillée par ses rencontres à travers son métier de journaliste, comme celle avec la styliste Aurélia Wolf, qui réalise ses teintures avec de la peau d’avocat, ou encore Natasha, qui cuisine les fanes de radis, Marie s’est penchée plus sérieusement sur les épluchures. Elle s’est alors lancée dans une enquête anthropologique, entrecoupée de rencontres organisées par ses parents avec des anciens voisins des Landes. Armée d’un carnet et d’un stylo, Marie, qui s’était renseignée au préalable, a découvert un tas d’astuces du quotidien oubliées au fil des générations. Elle apprend, lors de ces repas, que la peau des bananes peut être utilisée pour l’entretien du cuir ; que les zestes de citron font fuir les fourmis ; que le jus d’oignon est un excellent antipelliculaire et accélérateur de pousse…

       C’est aussi grâce à ses amis, de cultures différentes, que Marie enrichit son carnet. Si certaines épluchures ont une mauvaise réputation en Europe, elles peuvent être très appréciées dans d’autres pays. En Nouvelle-Zélande, par exemple, on mange la peau des kiwis et on fabrique de la bière avec de l’écorce d’ananas ; en Chine, on grignote les pépins de melon et en Iran, on mange de la peau de pastèque confite.

       En testant des recettes avec des ingrédients qui n’ont plus l’habitude d’être cuisinés, Marie s’est aussi rendue compte du poids de l’éducation dans le rapport qu’entretient l’individu avec sa nourriture. « Mes enfants prennent ça comme un jeu, et s’amusent à dépasser les frontières des normes établies » ; en effet, qui d’autre dans leur école peut se vanter de manger la peau des kiwis ? De grignoter les pépins de fruits ? Ou de préparer des chips d’épluchures de légume ? (...) 

       (...) La question mérite qu’on s’y attarde : à partir de quand considérons-nous un aliment comme un déchet ? Selon les derniers chiffres de l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), un Français produit en moyenne 354 kg d’ordures ménagères chaque année, dont 70 de déchets organiques, qui pour la plupart, sont comestibles ou peuvent être réutilisés. Ses résidus peuvent aller dans un compost, certes, mais réutiliser les épluchures permet de réduire l’ensemble des achats de la maison, et donc de faire des économies.

       En plus d’espacer les achats, car « utiliser ses épluchures, c’est s’assurer trois repas au lieu d’un », selon Marie, les épluchures réactivent nos papilles. Au déjeuner, elle m’a servi une omelette de tiges de betteraves accompagnée de leurs feuilles. À ma grande surprise, leur goût n’a rien de commun avec la chair du légume ni avec la salade que j’ai l’habitude de consommer. Les épluchures peuvent être amères, comme le tronc du brocoli, difficile à cuisiner, ou plutôt acides, comme les fanes de carottes. C’est ici qu’intervient la créativité : « Ce qu’il y a de positif avec les épluchures, c’est qu’on peut tester des recettes sans culpabilité, puisqu’elles sont d’habitude destinées à la poubelle. »

        La loi de transition énergétique pour la croissance verte prévoit pour 2020 de réduire de 10 % la production de déchets ménagers par habitant. D’ici là, pourquoi ne pas porter un autre regard sur les épluchure

     

    PETITE RECETTE POUR FAIRE UN PESTO DE FANES DE CAROTTES

    • Laver les fanes ;
    • Mixer les fanes avec deux poignées de pistaches, une poignée de graines de courge, une gousse d’ail, 2,5 cl d’huile d’olive, une pincée de sel et un tour de moulin de poivre ;
    • Ajouter de l’eau de source petit à petit jusqu’à la consistance souhaitée.

     


       [1Le «  Cradle to Cradle  » est un concept qui décrit un système de production suivant la logique d’un cycle : tout doit revenir à l’origine. Un aliment par exemple, doit pouvoir nourrir un être vivant, qui va à son tour produire des déchets organiques, qui vont nourrir les sols qui produiront d’autres aliments et ainsi de suite.

     https://reporterre.net/Utiliser-les-epluchures-un-geste-ecologique-et-source-de-bonnes-surprises

     

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (BOIS MODÉRÉMENT LA PENSÉE

    DE L’ALCOOLIQUE MONDAIN)

    Pcc Jacques Damboise in

    "Pensées contrefaites"

    ***

    (La voiture qui boit n'était pas un mythe) 

     REBLOGGED FROM ANDI-B

    ***

    (L'armée des Crapauds de la Mort était en marche)

     (Source: reanimateobjects)

    ***

    "Alors, mon nouvel alcool, qu'en dis-tu?

    - ARGHH°%¨¨?!

    - Tu aimes, alors?"

    Fredric March

    (Source: scrapsofthepast)

    ***

    Jacques Damboise


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHAQUE SAGESSE

    A SA VERTU)

    ¤¤¤

    "Vous me trouvez jolie?

    - Pas vraiment, mais mon épouse m'espionne,

    alors je lui fais croire que je vous drague"

    startwithsunset:

    Joe Bowler

    ¤¤¤

    cortomaltese.com

    L'espion de la mer Rouge

    JEAN-PIERRE BAT 

       Entre 1880 et 1890, la Corne de l’Afrique bruisse des rumeurs de trafic d’armes d’Arthur Rimbaud qui sillonne la région entre Aden, Harar et la province du Choa en Éthiopie. Son souvenir est mis en scène dans Les Éthiopiques d’Hugo Pratt : Corto Maltese, dans ses pérégrinations africaines, ressemble à un écho lointain du poète-aventurier.

       Henri de Monfreid arrive à son tour à 32 ans dans la zone, en 1911. Fin 1913, installé à Djibouti, il achète un boutre baptisé Fath-el-Rahman et se lance dans la navigation sur la mer Rouge, qu’il finit par connaître par cœur : ses connaissances seront sollicitées par les autorités coloniales françaises pendant la Grande Guerre, faisant de l’écrivain un agent occasionnel de renseignement. Officiellement, en 1913, il est venu à Djibouti pour devenir chasseur de perles après été dans le négoce des cafés et de peaux en Éthiopie ; mais en réalité il double cette nouvelle activité de trafics d’armes, à l’image de son illustre prédécesseur Rimbaud.

       Monfreid met en scène ses aventures de trafiquant, qu’il développe à partir de 1913, à travers différents livres. Les Secrets de la mer Rouge, publiés en 1931, inaugurent cette série de récits autobiographiques. L’agitation littéraire qu’il crée dans les années 1930 ne souffre pas la comparaison de l’agitation politique qu’il a suscité à la veille de la déclaration de la Première guerre mondiale.

       En effet, ses activités illégales irritent très clairement le gouverneur colonial qui dirige la côte française des Somalis (Djibouti). C’est un territoire enclavé, coincé entre l’ombre de l’Union Jack qui flotte au Kenya, en Somalie britannique et au Soudan depuis la victoire sur le Mahdi, les ambitions des Italiens installés en Erythrée et en Somalie mais barrées en Éthiopie (1896) à la bataille d’Adoua par le Négus Ménélik II, et le Yémen sous domination de l’Empire ottoman qui est membre de la Triple Entente auprès des Empires allemandes et austro-hongrois. La base de Cheikh-Saïd sur la rive orientale de la mer Rouge, que découvre Monfreid à la faveur d’une arrestation par les Ottomans, constitue l’observatoire militaire d’Istanbul en direction de la Corne de l’Afrique.

       Rivalités coloniales et engrenages des alliances constituent un cocktail bien trop important pour les épaules des gouverneurs coloniaux qui se succèdent à Djibouti. Mais derrière toute cette agitation finalement très européo-centrée, c’est une toute autre géopolitique que Monfreid donne à lire – à qui veut bien décaler son regard – derrière son épopée romantique qui bercera l’imaginaire d’Hugo Pratt (au point de dessiner la couverture des éditions de poche des récits autobiographiques africains de Monfreid pour les éditions Grasset).

       Ses aventures de contrebandier s’avèrent des initiatives toutes personnelles : elles viennent perturber un marché de trafics d’armes très organisé (décrit comme « le Syndicat », sous la plume de l’écrivain). Or pour bien comprendre cette contrebande, il ne faut pas l’envisager comme des activités délinquantes (par rapport à quelle loi ?), mais comme un marché d’armes officieux et connu de toutes les puissances de la région qui constitue l’épine dorsale d’un « Grand Jeu » plus subtil, entre Corne de l’Afrique et Golfe arabique...

       Un « Grand Jeu » dans lequel l’Empire d’Éthiopie, habitué à naviguer et résister aux puissances coloniales environnantes, dispose d’atouts maîtres. L’un d’eux, à Djibouti, se nomme Ato Joseph (Monsieur Joseph). C’est vers lui que Monfreid est orienté – à dessein – en 1913 lorsqu’il veut se lancer dans le trafic d’armes et qu’il souhaite pénétrer le marché d’Abyssinie, libre de tout contrôle anglais.

       Les premières lignes que consacrent Monfreid à cet étranger personnage, dès le début des Secrets de la mer Rouge, ne sont pas flatteuses : « C’était un vieux nègre lippu, affligé d’infirmités tertiaires, dont il offrait sans cesse les souffrances au Seigneur, car il était catholique, mais, comme pouvait l’être un homme de cette sorte, c’est-à-dire comme l’était Tartuffe. » L’homme que rencontre l’écrivain est en réalité bien plus puissant qu’il n’y paraît, et se trouve au sommet de sa carrière.

       Ancien esclave élevé par les missions, il est passé au service de Rimbaud puis à celui du Russe Léontief qui assure sa première fortune. De retour d’Afrique, il imagine un stratagème exotique : il présente Ato Joseph, son domestique, à la cour impériale du Tsar comme l’ambassadeur du Négus d’Éthiopie. L’Abyssin est reçu à Saint-Pétersbourg avec les honneurs dus à son rang – présumé. Sa jeunesse et sa beauté charment les femmes russes tandis que Léontief reçoit de riches cadeaux pour avoir invité cet hôte de marque.

       De retour en Éthiopie, Ato Joseph est arrêté et mis en prison : le Négus Mélénlik II a eu vent de la supercherie qui n’est pas du tout, faut-il le préciser, de son goût. Mais le souverain éthiopien a su retenir sa colère pour exploiter les atouts d’Ato Joseph : cet intrigant rompu aux mœurs européennes pourra pénétrer mieux qu’un autre les sociétés coloniales qui l’entourent. Ato Joseph s’est fait connaître de ses interlocuteurs européens sous une identité usurpée d’ambassadeur ; qu’à cela ne tienne, Ménélik le nomme transitaire impérial, c’est-à-dire une sorte de consul, au port de Djibouti qui s’avère le poumon maritime de l’Empire d’Éthiopie.

       Sous cette couverture diplomatique, Ato Joseph devient l’espion n° 1 du Négus en Côte française des Somalis. Tous ses interlocuteurs, à commencer par le gouverneur colonial français, acceptent ou feignent d’accepter cette légende : Ato Joseph est traité avec le respect dû à un ambassadeur d’un État libre – le seul État non colonial de la Corne de l’Afrique. Il mène une double mission à Djibouti : la première, classique, consiste à voir et écouter, bref collecter du renseignement ; la seconde, plus complexe, consiste à prendre en main les trafics d’armes clandestins – et les orienter au besoin dans le sens de la géopolitique éthiopienne.

       Grâce à son statut de diplomate, il peut plus facilement que n’importe qui se livrer à des trafics d’armes car on ne peut l’empêcher d’en faire commerce. L’astuce est simple et rapidement découverte par Monfreid qui la décrit ainsi : « Dans cette situation privilégiée, les talents d’Ato Joseph prirent leur essor ; il se procura un certain nombre de cachets et devint le roi de la contrebande des armes. Moyennant une redevance sur chaque cargaison, il apposait son sceau sur les papiers. L’opération revêtait ainsi un caractère de régularité et chacun sait combien les Anglais sont respectueux de la «forme». »

       Rivalités coloniales obligent, si Monfreid a pu être une source dans la mer Rouge pour le gouvernement colonial de Djibouti, celui-ci s'accommode encore mieux des activités d’Ato Joseph face aux appétits coloniaux anglais, véritables gendarmes des mers. La majeure partie du trafic passant entre les mains d’Ato Joseph, il suffit d’expédier les marchandises à destination deTadjoura... qui est hors du territoire français : de là, les armes peuvent bien aller où elles veulent sans compromettre Djibouti.

       Henry de Monfreid aura maille à partir avec le réseau d’Ato Joseph qui cherche à le compromettre en 1914, lorsque l’écrivain s’invite de manière trop impromptue et brutale dans les activités du Syndicat. Il consacre un chapitre à ses démêlés, reconnaissant la puissance de l’organisation du maître-espion (dont il ne se défait un moment qu’à coup de fusil)... qui n’avait plus besoin de se lever de son fauteuil à Djibouti pour contrôler la zone et les trafics de la mer Rouge à la veille de la Première guerre mondiale.

       Last but not least, dans le portrait qu’Henry de Monfreid dresse de ce monde interlope de trafiquants d’armes, de jeux d’influence à trois bandes, de décadence coloniale et de corruption, une place discrète mais particulière est consacrée aux intermédiaires clés : les douaniers, qui ont la clé des ports et des matériels qui y débarquent. Ils trempent dans ces réseaux de trafiquants d’armes, moyennant une commission qui transforme facilement leur vie de petit commis. Cette vérité, vieille d’un siècle, reste d’actualité au regard de crises contemporaines sur le continent.

    http://libeafrica4.blogs.liberation.fr/2016/08/10/lespion-de-la-mer-rouge/

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'ESPRIT DU SAGE A LA

    CLARTÉ DE L'EAU PURE)

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    "Bizarre, cet ordi.

    Il semble n'avoir qu'une simple fonction:

    refléter celui qui s'y mire dedans..."

    robert-burns-a-r-s-a-scottish-1869-1941-young-woman-at-her-toilet

    http://loumargi.tumblr.com/post/148700019023/

    robert-burns-a-r-s-a-scottish-1869-1941-young-woman

    ***

    fr.pinterest.com

    Un minuscule insecte tue des millions

    d'arbres en Amérique du Nord

       Skip Kincaid a une lourde tâche: abattre presque tous les frênes de sa ville, victimes d'un tout petit insecte asiatique qui a déjà détruit des millions d'arbres sur le continent nord-américain. Pas plus grand qu'une pièce d'un centime, ce coléoptère envahissant cible les frênes, une variété d'arbres très répandue dans les villes du Midwest, où ils parviennent à survivre aux hivers rigoureux.

       Appelé "agrile du frêne", cet insecte ravageur originaire d'Asie de l'Est est arrivé jusqu'à Saint-Louis, au centre des Etats-Unis. Dans cette ville, 17% d'arbres sont des frênes, ce qui représente environ 14.000 arbres, que Skip Kincaid, responsable du service des forêts de Saint-Louis, va devoir couper au cours des deux années à venir pour stopper la progression de l'insecte.

       Près d'un arbre sur cinq va ainsi disparaître. Et la destruction des frênes va modifier l'aspect de la ville pendant toute une génération. "Je fais de mon mieux pour avertir les gens de l'ampleur de la dévastation", confie-t-il.

       Les scientifiques ont découvert un traitement aux pesticides à appliquer tous les deux ans. Mais le traitement est trop onéreux pour Saint-Louis, regrette M. Kincaid. Le responsable a fait une estimation de la valeur de chacun des arbres, calculant les bénéfices qu'ils apportent en réduisant notamment le ruissellement des eaux ou en permettant d'abaisser les coûts d'énergie grâce à l'ombre qu'ils fournissent.

       "Si un frêne ne produit pas 42 à 75 dollars de bénéfice par an, c'est compliqué de justifier de telles dépenses", explique-t-il. Or seuls 1.000 frênes se situent dans cette fourchette. Les autres, économiquement moins intéressants, seront abattus et remplacés par d'autres variétés d'arbres, souvent plus petits que les grands frênes plantés sur les trottoirs de Saint-Louis.

       "Nous n'avons vraiment pas d'autre choix", plaide M. Kincaid. Arrivé de Chine en 2002 via le transport de marchandises, l'agrile du frêne a ravagé 26 Etats des Etats-Unis. Les services forestiers américains ont qualifié le coléoptère "d'insecte de forêt le plus ravageur des temps modernes en Amérique du Nord".

       "Lorsque le frêne est infecté, il y a pratiquement 100% de chance pour qu'il meure", a expliqué Noel Schneeberger, un responsable des services forestiers américains. Les autorités ont essayé de mettre les arbres en quarantaine pour empêcher la contamination. En vain.

       Trente millions d'arbres ont déjà succombé à l'insecte, selon les scientifiques - qui, lors de l'arrivée de l'insecte sur le territoire nord-américain, n'ont pas pu l'identifier - et des centaines de millions d'autres risquent de mourir.

       De fait, les experts sont d'abord restés perplexes en découvrant que l'agrile du frêne est relativement bénin en Asie de l'Est. Dans son environnement d'origine, l'agrile du frêne semble ne s'attaquer qu'aux arbres malades ou mourants. En Asie, les frênes en bonne santé, eux, auraient une résistance chimique naturelle que la majorité des frênes nord-américains n'ont pas.

       A l'inverse, en Amérique du Nord, les dégâts sont dramatiques: l'insecte s'infiltre dans le frêne puis creuse des tunnels, perturbant le transport de l'eau et des éléments nutritifs. L'arbre meurt alors de faim, généralement en moins de cinq ans. (...)

       (...) Malgré un cycle de destruction inévitable, les scientifiques ont fait beaucoup de progrès depuis l'arrivée de l'agrile du frêne il y a 14 ans. Dans les villes, les spécialistes estiment que les arbres lourdement touchés doivent être abattus, tandis que les frênes en bonne santé peuvent être traités avec des pesticides. Mais dans les forêts, où il y a bien trop de frênes à traiter, les scientifiques tentent de trouver le meilleur moyen pour les faire coexister avec l'insecte.

       En Chine, des spécialistes ont trouvé de petits parasites capables de réduire la présence des agriles du frêne de 50 à 90%. Les scientifiques ont commencé à lâcher ces prédateurs naturels en Amérique du Nord et étudient depuis leur capacité à éradiquer l'insecte.

       Il faudra toutefois "plusieurs décennies, voire un siècle" avant que ces parasites n'en viennent à bout, avertit Richard Hauer, professeur d'arboriculture urbaine à l'université du Wisconsin, laissant peu d'espoir de sauver les millions d'arbres actuellement en danger.

       Une autre piste vise à inciter les frênes à produire eux-mêmes les composantes nécessaires pour tuer l'insecte, comme semblent le faire les frênes asiatiques. Mais reste à avoir si les scientifiques pourront ou non reproduire l'expérience à grande échelle sur une vaste population de frênes.

       M. Kincaid veut au moins tirer une leçon: trop d'arbres d'une même espèce dans une ville n'est pas une bonne chose. Pour remplacer les frênes abattus, il compte panacher.

       "Nous vivons dans un monde où chaque année, nous faisons face à une nouvelle espèce nuisible", dit-il. "C'est pour cela qu'il est crucial de varier les espèces. Si quelque chose arrive... nous n'aurons pas à anéantir 17% des arbres de nos rues".

    http://www.courrierinternational.com/depeche/un-minuscule-insecte-tue-des-millions-darbres-en-amerique-du-nord.afp.com.20160809.doc.e6728.xml

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (METS TON FARDEAU EN

    ÉQUILIBRE SUR TES ÉPAULES)

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    "Qu'est-ce que tu lis?

    - L'Origine du Monde.

    - C'est bien?

    - Slurp, ouais..."

    erosart:

    Feodor Rojankovski (1891-1970)

    From Francoise or the Pleasures of Marriage, Aisles roses, S.D. (1937).

    $$$

    huffingtonpost.fr

    « Une écriture imitant Duras »,

    « des personnages copiés de Françoise Sagan »,

    un libraire chambre le livre de Madame Bolloré

       Un bon libraire, c’est un libraire qui essaie de s’intéresser à tous les livres qu’il vend. Difficile au vu de la pléthore de livres en tout genre qui sortent chaque semaine. Pourtant certains s’attachent à leur rôle de conseiller. Et, au gré des pages qu’ils dévorent, certains libraires n’ont pas peur de baliser le sentier des lecteurs par des petits post-it’s judicieusement placés sur la couverture, colorés, joyeux.


       Gérard fait partie de ces libraires passionnés. À la tête d’une librairie réputée de Bayonne, la Librairie de la Rue en Pente, ce dévoreur de livres est généralement de bons conseils pour mettre l’eau à la bouche et donner l’envie de lire tel ou tel livre… ou alors de passer son chemin.

       C’est ce qu’il s’est passé le jour où il a fini le livre d’Anaïs Jeanneret. De sa plume bien trempée, Gérard a décidé de se lâcher dans une critique bien sentie. « Anaïs Jeanneret n’a pas de chance. Elle a pourtant tenté de mettre tous les atouts de son côté : écriture imitant Marguerite Duras, personnages copiés sur ceux de Françoise Sagan […] avec de-ci de-là une touche de social pour faire peuple peut-être ». Délicieusement coupable et assassine, la critique ne s’arrête pas là, épinglant des personnages si stéréotypés qu’on n’y croit pas un seul instant. (...)

       (...) Bien sûr, on entend déjà les avocats du diable dire : « Mais s’il n’a pas aimé ce livre, qu’il passe son tour, ce libraire. Et, par-dessus tout, qu’il laisse cette Anaïs tranquille. » Sauf que Gérard, adepte comme il se doit et comme sa fonction l’exige de lire ce qu’il se dit sur l’actualité littéraire, a sans doute été pris d’une poussée d’urticaire en voyant les critiques mirifiques dédiées à cet ouvrage qu’il a pourtant si peu apprécié. Et, au vu de certaines critiques circulant sur le net, il est loin d’être le seul.

       Et Gérard a vite compris pourquoi en apprenant qu’Anaïs Jeanneret, au-delà de l’écrivaine, était loin d’être une inconnue puisque femme d’un puissant homme médiatique. On vous le donne en mille : Vincent Bolloré. Oui oui, vous savez ce bulldozer qui a défiguré Canal + ces derniers mois pour en faire un joli chien-chien à son mai-maître. Et en 2007, Télérama révélait déjà que Vincent Bolloré aimait bien partager son pouvoir avec sa famille, comme Anaïs (de formation artistique avant de mener sa « brillante » carrière d’écrivaine) qui était régulièrement consultée pour choisir« les sujets des pages Economie et les titres de une de Direct soir » bien souvent en accord avec la pensée de son mari.

       Bref, la manipulation médiatique, ça les connaît et il n’en a pas fallu plus pour mettre la puce à l’oreille de notre brave libraire qui évoque un système de « renvoi de l’ascenseur », de sponsoring, notes de complaisance à l’appui (un peu à la façon d’Allociné). Gérard qui conclut d’ailleurs sa critique ainsi, en prenant le contre-pied du début de sa prose : « Mais Anaïs Jeanneret a de la chance, elle est l’épouse de Vincent Bolloré, le fossoyeur de l’esprit Canal […], copain (et voisin) d’Arnaud Lagardère, propriétaire de Paris Match, Elle, Europe 1 et les critiques dans ces médias ont beaucoup aimé le roman.  Allez savoir pourquoi… » Trois points de suspension qui ne semblent pourtant ne laisser aucun doute dans la tête du libraire qui, avec un autre post-it, conclut : « Vous avez économisé 16 € ».

       Et les internautes semblent partager cet avis, l’« humble » avis photographié par un Twittos a été repartagé des centaines de fois. Après tout, tous les goûts sont dans la nature, mais quand le bon goût est médiatiquement forcé, sans doute faut-il réagir.

    https://branchesculture.com/category/livres/

    $$$

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHARME LE JOUR,

    SÉDUIT LA NUIT)

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    "LUMIÈRE, NOM DE D...!"

    http://zeezrom.tumblr.com/post/148519965190/

    meulunar-estou-fechando-de-vez-os-trabalhos-do

    %%%

    humanite.fr

    Que fera Hillary Clinton

    d’Ana Belen Montés ?

    Jacques LANCTOT

       Je prends un petit repos de la politique québécoise aujourd’hui pour vous parler d’un événement qui est passé pratiquement inaperçu parce qu’il s’est produit dix jours après les attaques contre les tours jumelles, le 11 septembre 2001.

       Il s’agit de l’arrestation d’Ana Belen Montés, 44 ans, d’origine portoricaine, qui travaillait comme analyste de première main au sein de l’Agence de renseignement pour la Défense du Pentagone (DIA), et de sa condamnation à 25 ans de prison, en mars 2002 pour espionnage. Elle avait d’abord été accusée de haute trahison et risquait, si elle était reconnue coupable, d’être condamnée à la peine de mort. L’accusation : avoir fourni au gouvernement cubain des renseignements sensibles sur les plans d’agression militaire ou autre des États-Unis contre l’île cubaine. Elle n’a jamais été rémunérée pour ce travail, il est bon de le préciser. Ses motivations étaient autres.

       Ana Belen Montés est entrée au service du Pentagone en 1985, après avoir obtenu un baccalauréat en relations internationales à l’Université de Virginie et une maîtrise en Études internationales de l’Université Johns Hopkins. Rapidement elle a gravi les échelons au point de devenir une spécialiste des questions cubaines au sein de son organisme et à faire partie du « Groupe de travail inter-agences sur Cuba ». Étant donné sa maîtrise de l’espagnol, on l’a envoyée deux fois en mission à Cuba, dont une fois pour « couvrir » la visite du pape Jean-Paul II. Elle était loin, pourtant, d’être une inconditionnelle de la politique extérieure des États-Unis et elle ne se gênait pas pour critiquer l’attitude de son pays à l’égard de l’Amérique latine.

       Ses prises de position lui ont justement valu d’être remarquée par le gouvernement cubain qui connaissait le rôle important qu’elle jouait au sein de l’appareil de renseignement américain. C’est la raison pour laquelle elle a été approchée par les services secrets cubains opérant sur le territoire des États-Unis. La mission était exclusivement défensive. Les Cubains voulaient pouvoir déjouer les plans d’attaque des militaires américains contre leur pays. Elle a accepté de collaborer avec eux pour des raisons humanitaires. Elle invoquera ces raisons lors de son procès.

       Sa façon de procéder était assez subtile. Plutôt que de photocopier ou numériser des documents, ce qui peut laisser des traces, elle mémorisait dans sa tête lesdits documents sensibles, et une fois chez elle, elle les retranscrivait de mémoire sur son ordinateur puis les transférait en langage codé sur un disque dur, qu’elle remettait ensuite à son contrôleur cubain, à la suite d’un rendez-vous fixé à travers un émetteur à ondes courtes.

       Elle était sur le point d’avoir accès à des renseignements ultras secrets sur l’invasion de l’Afghanistan, après les attaques du 11 septembre 2001, lorsqu’elle fut découverte et arrêtée, à la suite d’une enquête sophistiquée du FBI, digne d’un roman de John Le Carré, qui soupçonnait qu’un agent double, à l’intérieur de la DIA, fournissait des renseignements aux Cubains.

       En réalité, Ana Belen Montés n’a fait qu’éviter que les États-Unis se lancent dans une nouvelle invasion du territoire cubain. Elle a sauvé des milliers de vies humaines, en convainquant les présidents George W. Bush et Bill Clinton que Cuba ne représentait pas une menace pour la sécurité des États-Unis. C’est d’ailleurs le constat auquel en est arrivé le président Obama, treize ans plus tard. (...)

       (...) Ana Belen Montés a dit au juge qu’elle avait obéi à sa conscience plutôt qu’à la loi. « Je crois que la politique de notre gouvernement vis-à-vis Cuba est cruelle et injuste, profondément agressive, et je me suis sentie moralement dans l’obligation d’aider l’île à se défendre contre nos efforts de lui imposer nos valeurs et notre système politique. Nous avons fait preuve d’intolérance et de mépris à l’égard de Cuba depuis plus de 40 ans. Nous n’avons jamais respecté le droit pour Cuba de choisir sa propre voie vers ses propres idéaux d’égalité et de justice. [...] Mon plus grand désir est de voir des relations amicales s’établir entre les États-Unis et Cuba. J’espère que mon cas contribuera d’une certaine manière à encourager notre gouvernement à abandonner sa politique hostile envers Cuba et à collaborer avec La Havane dans un esprit de tolérance, de respect mutuel, de compréhension... »

       N’est-ce pas ce que promettait le président Obama lors de sa récente visite à Cuba ?

       Ana Belen Montés est internée dans une base de la Marine américaine, et confinée dans une aile psychiatrique alors qu’elle est saine d’esprit. Elle est considérée comme extrêmement dangereuse, même après quatorze ans de réclusion. Elle n’a pas le droit de recevoir de visiteurs, sauf sa fratrie, aucun droit de téléphoner, aucun journal, aucun livre, aucun colis, aucun moyen de communication et aucun contact avec d’autres détenues de la même prison. L’isolement le plus complet. Il lui reste encore onze ans à subir ce régime inhumain. Elle mérite notre compassion et notre solidarité.

       Que fera Madame Clinton d’Ana Belen Montés, si elle est élue à la présidence des États-Unis ?

    »http://fr.canoe.ca/infos/chroniques/jacqueslanctot/archives/2016/08/20...

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA PENSÉE

    PANSE PEU)

    Pcc Jacques Damboise

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    "Si tu t'en vas pas de là, ça va ch..."

    (Source: mistymorrning, via ladythegreat)

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    "Mais Bord..., on est quel jour aujourd'hui?"

    unevxntful:

    (Source: passium, via nadchris34)

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    "Commandant, cessez vos selfies de Mer..., Nom de Dieu!"

    www.gentlemans-essentials.com

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    Jacques Damboise


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