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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE À BOIRE

    N'EST PAS UN MAÎTRE)

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     "Vous en pensez quoi, de mon nouveau chapeau?"

    Wonder posture

    (via gameraboy)

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     hhumour.skynetblogs.be

    « Le simple fait d’éteindre son portable

    donne déjà un sentiment de liberté »

       Qui doute que nos cerveaux sont bousillés ? Si l’on est poli, on parle de « crise de l’attention ». Si l’on est en verve, de notre cerveau de « poisson rouge » et de ses trois secondes de concentration. Le malaise dégorge ici ou là : vacuité, burn-out, fatigue. Des types parlent de se tirer élever des lamas. Faire souffleur de verre. Ou, plus prosaïquement, reprendre une ferme biodynamique. « Toucher de la matière quoi. » Souvent, ça s’arrête au rêve du vague « retour à l’authentique ». Parfois, ça va plus loin. Il y a des rescapés.

       Matthew B. Crawford s’affiche comme tel. Après avoir commencé à bosser dans un think-tank américain, il est revenu à ses envies de jeunesse : mécanicien moto. Dans son premier livre, « Eloge du carburateur », il décrivait ce plaisir « intellectuel » qu’il y a dans l’exercice d’un métier « manuel » souvent plus enrichissant que de remplir des tableaux Excel.

       Mais le bougre ne s’arrête pas là. Il tire de son expérience une philosophie plus large. Son nouveau livre – « Contact : pourquoi nous avons perdu le monde, et comment le retrouver » (La Découverte) – sort le 25 février 2016. On lui a demandé de nous aider à sortir de là.

       / Rue89 : Vous dites ressentir un malaise profond envers notre époque. Comment décririez-vous ce sentiment  ?

       - Matthew B. Crawford : Une sorte de « fragmentation » de notre activité mentale. L’impression de ne plus être en mesure de contrôler notre attention, notre présence au monde. Et pour cause... Tout est fait pour attirer notre attention afin d’en tirer un bénéfice commercial.

       / Par exemple  ?

       - Je payais mes courses à une caisse automatique lorsque je me suis aperçu que des publicités s’affichaient sur chaque écran « d’attente » entre l’introduction de ma carte, la confirmation de mes achats, la saisie de mon code, etc. Peut-être même que la durée de ces intervalles était artificielle. C’est là que je me suis rendu compte que la nouvelle ligne de front du capitalisme était tenue par de supposés « innovateurs » prêts à monétiser chaque petit morceau de notre espace mental.

       Je pense que nous sommes en train de réaliser que notre attention est une ressource précieuse et limitée, mais nous ne réussissons pas encore à la défendre.

       / Sauf les riches qui se réfugient dans des salons privés où règne le silence visuel et auditif...

       - Eh oui, l’attention est devenue un produit de luxe. Nous devons maintenant payer pour la récupérer. Mais ce déluge de publicités n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il faut aussi prendre en compte toutes ces choses qui semblent assouvir nos appétits et que nous faisons entrer dans notre intimité sans se les approprier, sans y résister  : les jeux vidéo, la pornographie, etc. De plus en plus, ces expériences semblent s’intercaler entre nous et la réalité. Notre rapport au monde et aux personnes qui nous entourent s’en ressent.

       / Un très bon exemple que vous prenez pour décrire cet éloignement du monde est celui des voitures, bardées d’électronique...

       - Les constructeurs semblent vouloir nous isoler de la route. Si bien que lorsque vous êtes au volant, vous avez l’impression que le décor est un écran qui défile. Quand la conduite devient une expérience si lointaine, si abstraite, la route devient une simple information en compétition avec votre portable ou vos e-mails.

       C’est pour cela que je préfère des voitures dépouillées de tout ce supposé confort. Avec cette relation directe, intime avec la route. Sur une moto, vous avez ce sentiment. La bécane devient une extension de votre propre corps.

       / Du coup, vous détestez les voitures sans chauffeur ?

       - D’une certaine façon, c’est mieux. Je préfère des voitures sans chauffeur que des chauffeurs distraits qui viennent nous percuter, moi et ma moto. Mais, enfin, on perd la conduite et j’adore conduire  !

       / Pourquoi est-ce que ce rapport plus distant au monde est un problème  ?

       Avant même de dire si c’est oui ou non un problème, il faut constater que c’est un énorme changement. Ce que je voudrais mettre en avant, c’est l’idée que nous avons des corps... Je m’inspire en cela d’un auteur appelé Alfred Schütz qui a développé une idée très simple  : nous orientons le monde autour de notre corps. Il y a ce qui se trouve au-dessus de nous, en dessous, à notre gauche, ce qui est à ma portée, ce qui ne l’est pas.

       C’est comme si le monde se sculptait autour de nous. C’est crucial car la sélection, parmi de multiples choix, est au fondement de l’attention. Le fait d’être ainsi ancré dans le monde agit déjà comme un principe de sélection.

       Maintenant, imaginons que vous êtes devant un ordinateur. Vous pouvez aller faire un tour virtuel de la cité interdite à Pékin ou plonger dans des caves sous-marines. C’est aussi simple que de jeter un œil par la fenêtre. Le principe « corporel » est aboli. Je peux être partout à la fois. Le monde entier a fusionné dans une sorte de matrice sans distances et sans aspérités.

       La conséquence directe, c’est que le fait d’être vraiment présent avec les gens qui m’entourent physiquement n’est plus qu’une simple option au milieu de beaucoup d’autres. Et pas forcément la plus drôle...

       / Et vous ne voyez-pas cela comme le point de départ d’une nouvelle forme d’intelligence, une façon de raisonner, plus éclatée, certes, mais tout aussi fertile  ?

       - Il existe tout un courant de pensée, irrigué par la Silicon Valley, qui se félicite de l’entrée supposée dans le transhumanisme. Cette perspective ne m’enchante guère... J’aime les hommes tels qu’ils sont. J’aime le monde. Le fait qu’il soit façonné autour de nous par d’autres qui en tirent profit est déjà, à mon sens, une bonne raison de s’inquiéter.

       Une amie m’a raconté que son fils, qui adore le baseball, n’a pas supporté de voir son équipe perdre. Il a donc éteint la télé pour allumer un jeu vidéo de baseball. En refusant de prendre part à cette expérience de la défaite, en refusant de partager cette déception avec d’autres fans, il ne se laisse pas la possibilité d’apprendre à devenir un vrai amoureux de baseball. Il s’enferme dans un petit cocon fait pour le satisfaire.

       / Ah oui, c’est l’exemple de Mickey Mouse que vous donnez dans le livre...

       - Oui, dans le vieux dessin animé, vous aviez toujours des planches à repasser qui vous tombaient sur la tête, des boules de neige qui grossissaient en dévalant une pente et finissaient par vous dégommer... On exagérait le fait que le monde nous résiste, que la vie est faite de frustration. Alors que la nouvelle version de Mickey est bourrée de gadgets qui marchent toujours parfaitement. Il n’y a jamais de conflit entre les personnages et leur environnement.

       De mon point de vue, l’espèce d’idéologie qui en émerge nous rend plus fragiles et plus enclins à croire qu’il existe une solution magique aux problèmes qui nous entourent.

       / Dans le monde adulte, cette idéologie n’est-elle pas portée par la Silicon Valley  ?

       - La Silicon Valley met sur pied tous ces portails à travers lesquels nous sommes incités à passer. De plus en plus de gens en arrivent à croire que c’est une obligation : « Vous n’êtes pas sur Facebook  ? Vous n’aurez pas de vie sociale. »

       C’est tout de même très fort  : ce sont vos amis qui postent des contenus destinés à accrocher votre regard pour le bénéfice de publicitaires. C’est une compétition : vous devez vous mettre en scène, montrer que vous êtes sur une trajectoire ascendante. C’est épuisant.

       / Vous êtes sur Facebook  ?

       - Je ne suis sur aucun réseau social. Mais j’ai un smartphone que j’utilise pour mes appels et mes e-mails et je suis soumis à toutes les pressions que je décris. Reste que l’écriture de ce deuxième livre a été beaucoup plus difficile pour moi. Je recevais des e-mails, des invitations. J’avais le sentiment de me dissoudre dans ce monde de choix, de possibilités, plutôt que de me concentrer sur mon projet.

       / Vous avez des règles vis-à-vis de votre téléphone  ?

       - Je l’éteins parfois lorsque je rentre à la maison. L’effet est subtil, mais je me sens libéré. Vous pourriez me dire  : « Pourquoi l’éteindre ? Il suffit de ne pas le regarder. » Mais c’est là qu’est la nuance  : dans ce cas, vous devez constamment prendre la décision de ne pas le regarder. Le simple fait de l’éteindre, de mettre cette minuscule barrière, vous donne le sentiment d’en être libéré.

       / Surtout si vous avez un conjoint, des enfants...

       - C’est tout de même un souci de voir des parents absorbés par leur téléphone en présence de leurs enfants. Je ne sais plus qui a dit  : « Le plus beau cadeau que vous pouvez donner à quelqu’un, c’est de lui accorder votre plus complète attention. » Tout le monde se plaint des jeunes, obsédés par leurs écrans. Mais on oublie les parents. Pour eux, c’est d’autant plus difficile que les enfants peuvent être très barbants. Dur de ne pas regarder votre téléphone lorsque votre gamin met dix minutes à se brosser les dents...

    lasserpe.blogs.sudouest.fr

       / Cette hygiène de l’attention demande donc une ascèse assez poussée ?

       - L’autodiscipline a ses limites. Comme un muscle qui se fatiguerait vite. Je pense qu’il est possible d’organiser son environnement pour que le poids de la discipline se trouve dans votre environnement plutôt qu’en vous-même. Un peu comme ces gens qui planquent les cookies hors de leur champs de vision. Il y a des applications, par exemple, qui bloquent Internet pour quelques heures. Ça ne me paraît pas bête.

       / La plupart des gens attribuent cette distraction continuelle à la présence envahissante des écrans et à l’accélération du monde, mais vous pensez que c’est plus profond que cela...

       - Le néolibéralisme crée une équivalence de principe entre la liberté et le choix. Pour maximiser notre liberté, nous devons maximiser nos choix. C’est le langage du marché.

       Mais ces conditions sont précisément celles qui maximisent la dissipation et la distraction. « Il n’y a pas de limites  ! Vous êtes aux commandes  ! » La raison pour laquelle cette vision de l’homme est si prégnante, c’est parce qu’elle découle, de façon pervertie, des Lumières.

       L’idée que l’esprit est radicalement différent du corps commence avec Descartes, Locke, etc. Cela se traduit aujourd’hui dans la théorie dominante des sciences cognitives. Selon celle-ci, le cerveau ne serait qu’une sorte d’ordinateur. Pour moi, cette vision est fausse. Et je ne suis pas le seul. Tout un courant dissident des sciences cognitives souligne le rôle du corps dans notre compréhension du monde. Ce qui permet d’étudier la façon dont les outils peuvent s’incorporer dans notre conscience. Un peu comme un aveugle finit par sentir le bout de sa canne.

       / Si le corps est si important, est-ce que cela signifie que ceux qui font un travail manuel ont plus de chance de s’en sortir que les cols blancs  ?

       - Le corps joue un rôle important, mais je donne aussi l’exemple de l’apprentissage d’une langue étrangère. L’important est de se saisir d’un objet qui vous résiste et qui a sa propre « vérité ».

       Je m’explique  : j’ai travaillé dans un think-tank avant de bosser dans un garage. Ce think-tank avait une orientation politique. Si bien qu’il me fallait parfois partir d’une conclusion désirée pour remonter à des prémisses qui nous convenaient.

       A l’inverse, lorsque vous réparez une moto, le critère de votre réussite est simple  : soit elle démarre, soit elle reste plantée. Si elle reste plantée, vous ne pouvez pas embrouiller votre interlocuteur et refaire l’histoire de votre échec pour en faire une réussite.

       De la même façon, les développeurs informatiques parlent du plaisir qu’ils ont à manipuler du code, qui a ce côté rigide, logique. Mais ils ont un autre problème  : ils travaillent souvent sur une petite section d’un logiciel beaucoup plus vaste. Ils n’ont pas la satisfaction de voir l’ensemble de l’œuvre.

       / Vous avez des conseils pour ceux qui bossent devant des ordinateurs et qui n’ont pas ce plaisir de « créer » ?

       - Il reste toujours les loisirs... Je suis sérieux. Jouer de la musique, construire des choses, en réparer d’autres. A chaque fois que je vois des gens qui font quelque chose d’impressionnant, un jazzman qui improvise par exemple, j’ai l’impression qu’ils s’immergent dans quelque chose de plus grand qu’eux. Ils se détachent d’eux-mêmes.

       / Et comment fait-on pour protéger notre attention de l’agression publicitaire  ?

       Ce midi, je me suis retrouvé dans un restaurant plutôt chic. Chose extrêmement rare, il n’y avait pas de musique de fond. C’est tellement bizarre que la musique d’ambiance soit devenue la norme. Ce n’est pas comme si c’était une demande des clients. La plupart du temps, ça les défrise. Peut-être qu’il y a une sorte de répugnance, d’horreur face au silence. Et une obligation étrange de « gérer l’ambiance ».

       Tout cela pour dire que j’ai rencontré quelqu’un à Toronto qui se promène avec deux types de cartes. Il doit en avoir un stock chez lui. Sur la première, qu’il laisse sur la table en partant, il y a écrit  : « Pourquoi ne pas éteindre cette musique  ? C’est très pénible, je ne reviendrai pas. » Sur l’autre, qu’il abandonne dans les endroits calmes  : « Merci d’avoir fait de cet endroit un havre de paix ». C’est génial.

    cathy73broderies.canalblog.com

       / Vous devez devenir fou lorsque vous vous baladez...

       - A Philadelphie, ils ont une magnifique gare ferroviaire, mais je l’ai vue recouverte de panneaux de la taille d’une piscine vantant les mérites d’une station balnéaire quelconque aux Bahamas. Cette démonstration de force marketing a un nom  : on appelle cela en anglais du « station domination campaign ». J’avais l’impression d’être dans un lieu qui n’en était plus vraiment un. Ce n’était plus qu’une surface m’incitant à aller ailleurs. Je me suis dit  : « Punaise, Philadelphie, vous n’avez donc aucune fierté  ? »

       A New York, c’est différent. Dans les années 70, la gare, Grand Central Terminal, était couverte de publicités. Et puis dans les années 90, tout a été remplacé par des magasins. Maintenant, lorsque je rentre dans Grand Central Terminal, j’ai l’impression d’être un citoyen romain entrant dans le Colisée. Il y a toujours des publicités, mais elles sont moins intrusives et concernent des magasins qui sont réellement là, juste en dessous. Ce pourrait être une règle  : n’avoir des pubs que pour les entreprises sur place. Ces magasins génèrent plus de revenus que les panneaux publicitaires des années 70. Ce n’est donc pas nécessairement un argument défavorable au commerce.

       / Ça semble un peu léger comme solution, non  ? Vous dites vous-même que des montants financiers énormes sont en jeu et vous ne proposez en face qu’un changement d’attitude...

       - Je ne crois pas en la révolution. Il est vrai que mes propositions sont très modestes. Réaliser que notre attention est une ressource à protéger serait un changement majeur et pourrait déjà modifier la texture de notre vie quotidienne. Je ne sais pas quelle forme cela pourrait prendre, mais dans le livre, je formule le souhait – et ce n’est pas une blague – d’être lu par des urbanistes, des promoteurs immobiliers, etc.

       / Mais les responsables sont souvent difficiles à identifier, non  ?

       - Il y a toujours quelqu’un qui appuie sur le bouton, qui prend la décision. On oublie cela quand la technologie est vue comme une force aux impératifs magiques sortie des nuages... Essayez de remplacer le mot « technologie » par « magie » dans vos phrases, vous verrez que ça incite à penser différemment.

       / Vous êtes très critique envers la gauche. Pourquoi  ?

       - Ce que je critique, c’est l’obsession de la « libération ». C’est en partie de là que vient notre fardeau de l’autorégulation. Du fait que nous avons été « libérés » de diverses sources d’obligations ou d’identités sociales. Tout ce qui n’est que « donné », tout cet humus dans lequel nous sommes nés, est considéré comme une source d’oppression dont il faut s’affranchir, s’arracher. Vous êtes supposé ne pas être modelé par la société, par vos parents. C’est un projet héroïque, crevant.

       / Est-ce à dire que vous vous définissez comme un conservateur  ?

       - D’une certaine manière... Je critique l’obsession « libérationniste » de la gauche, mais je critique – et c’est très logique car les deux fonctionnent de pair – le capitalisme économique. Il faut bien voir que le néolibéralisme répond à cette injonction à s’affranchir des limites.

       En France, mon livre peut être mal compris. En effet, lorsque je parle de « tradition », certains pourraient tout de suite entendre « Ancien Régime » et me voir comme un « néo-réactionnaire ».

       Mais j’espère qu’il est clair dans le livre que je m’intéresse à ce que ce nouveau regard sur l’homme peut avoir de progressiste. Ce regard qui le place dans le monde plutôt que de vouloir l’en isoler.

       / Dans le livre, vous prenez l’exemple des facteurs d’orgues...

       - Ces artisans perçoivent leur apprentissage comme quelque chose d’ancré dans un arc historique très ancien. Un peu comme s’ils se considéraient comme les apprentis de maîtres passés. Ils ont ainsi une espèce d’indépendance de jugement qui leur vient du sentiment de s’inscrire dans une tradition bien vivante.

        Ce ne sont pas des antiquaires qui essaieraient de préserver un héritage statique et figé. Ils sont engagés dans un dialogue avec la tradition, qui est aussi une forme de rébellion fertile contre elle : leur but est d’encore améliorer l’instrument.

       Est-ce le bonheur  ? Je n’en sais rien, mais c’est en tout cas plus profond que la simple succession de plaisirs qu’on peut avoir s’affalant devant la télé.

    Initialement publié le 14 février 2016.

    http://rue89.nouvelobs.com/2016/08/26/simple-fait-deteindre-portable-donne-deja-sentiment-liberte-263164

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (À CHAQUE SECONDE

    TU INSPIRES LE MONDE)

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    "T'es sûr que tes P'tits Mickey c'est pour les enfants?"

    http://kitschatron.tumblr.com/post/149516191970

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    (Cette rentrée scolaire promettait d'être un brin sadique)

    http://kitschatron.tumblr.com/post/149454008562

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    (Cette année-là, le filet araignée

    était particulièrement virulent)

    http://zestyblog.tumblr.com/post/149577175952

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    Jacques Damboise


    2 commentaires
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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AMOUR N'EST PAS

    FIXÉ POUR L’ÉTERNITÉ)

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    "Tu m'aimes énormément, hein?

    - Oui, Mon Amour...

    Tu encaisse le chèque du Loto quand, déjà?"

    apolloniasaintclair:

    Apollonia Saintclair 529 - 20141002 Le baiser du deux fois né (The Bakuss)

    “O BEIJO DE BACO”

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    l-union-fait-la-force.info

    Non Monsieur Plenel, le burkini

    n'est pas un vêtement comme un autre!

       A vous entendre pérorer sur la liberté vestimentaire des femmes musulmanes, confortablement installé dans une démocratie centenaire dont les institutions sont solidement ancrées et où les libertés individuelles sont sacralisées, je sens mes cheveux se dresser sur ma tête non voilée et la colère m'envahir.

       Vous dites que le burkini est un vêtement comme un autre alors que le terme lui-même est un carcan pour les femmes puisqu'il veut dire un mélange entre la burqa (voile total) et le bikini, vêtement de plage. Il ressemble à s'y méprendre à une combinaison de plongée sous-marine avec en plus une capuche qui couvre la tête. Imaginez ce qu'éprouve une femme ainsi couverte, sous le soleil!

       Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre et je sais de quoi je parle puisque je suis une femme de culture musulmane et vivant dans un pays, le Maroc, où l'islam est religion d'Etat. Pays où les droits des femmes ont évolué vers plus de liberté grâce aux femmes qui se sont battues becs et ongles pour que leur voix soit entendue et leur place dans l'espace public reconnue et qui continuent leur lutte encouragées par une volonté politique même si le gouvernement actuel est à majorité islamiste.

       Cependant, leurs droits ne sont pas à l'abri d'une régression par ces temps où la pratique de l'islam est plus une ostentation qu'une dévotion.

       Quand, Monsieur Plenel, vous comparez le burkini à la soutane en parlant de la sacro-sainte liberté individuelle, vous oubliez une chose importante c'est que la soutane est un habit porté par des personnes qui font de la religion une profession et qui bien entendu ne doivent aucunement être discriminées même lors de la séparation de l'Église et de l'Etat.

       A l'opposé, le burkini n'est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C'est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes sur les plages qui sont censées être des lieux de villégiature et de détente. Par ce genre de vêtement, le corps des femmes est entravé afin, paraît-il, de ne pas mettre sans dessus dessous la libido masculine!

       Qu'une personne qui a votre audience dans les médias français et francophones, affirme que le burkini est un vêtement dans lequel une minorité se cherche et qui est une mode passagère me choque car vous oubliez que les musulmans ne sont pas une minorité, l'islam étant la deuxième religion de France et que par conséquent, le burkini pourrait y constituer un danger pour les femmes toutes confessions confondues.

       D'autre part, votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes vivant dans les pays musulmans qui auront vite fait de légitimer cette entrave au corps féminin et toute autre en s'appuyant sur votre notoriété!

       Je ne sais pas si vous en avez connaissance mais, dans ces pays musulmans, nos mères portaient, dans les années soixante, le maillot sur les plages et leurs corps profitaient librement du soleil avant qu'il ne se résume à leur entrejambes. De nos jours, nombreuses sont les femmes qui évitent de porter le maillot à la plage de peur d'être agressées par les fous de la religion qui ne sont en fait que de simples obsédés du sexe.

       Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre. Il fait partie d'une stratégie qui, si elle est encouragée par des avis permissifs, finira par arriver à son but final: interdire l'espace public aux femmes!

    http://www.huffpostmaghreb.com/fatiha-daoudi/non-monsieur-plenel-le-burkini-nest-pas-un-vetement-comme-un-autre_b_11581122.html

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE JUSTE ET L'INJUSTE

    DÎNENT A LA MÊME TABLE)

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    "Qu'est-ce que tu veux, Amanda, dis-moi?

    Que je sois plus quoi exactement, hein?"

    http://norrinffm.tumblr.com/post/149445548775/

    brookelynne-brooke-lynne-george-pitts

    ***

    humeurs.be

    La provocation d’une guerre

    nucléaire par les médias

    John PILGER

       La disculpation d’un homme accusé du pire des crimes, le génocide, n’a pas fait les manchettes. Ni la BBC ni CNN n’en ont parlé. The Guardian s’est permis un bref commentaire. Un tel aveu officiel et rare fut, sans surprise, enterré ou occulté. Cela révélerait trop de choses sur les dirigeants du monde.

       Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a discrètement blanchi le feu président serbe, Slobodan Milosevic, de crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995, y compris du massacre de Srebrenica.

       Loin d’avoir conspiré avec le leader des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, qui a été condamné, Milosevic avait en réalité « condamné le nettoyage ethnique », s’était opposé à Karadzic et a tenté d’arrêter la guerre qui a démembré la Yougoslavie. Enterré vers la fin d’un arrêt de 2,590 pages sur Karadzic, publié au mois de Février dernier, cette vérité démolit un peu plus la propagande qui justifia l’assaut illégal de l’OTAN sur la Serbie en 1999.

       Milosevic est mort d’une crise cardiaque en 2006, seul dans sa cellule à La Haye, au cours de ce qui équivaut à un procès bidon par un « tribunal international » inventé par les Etats-Unis. Une intervention chirurgicale, qui aurait pu lui sauver la vie, lui fut refusé et son état s’est empiré et il fut surveillé et maintenu au secret par les autorités US, comme WikiLeaks l’a révélé depuis.

       Milosevic a été victime de la propagande de guerre qui aujourd’hui coule à flots sur nos écrans et journaux et signale un grand danger pour nous tous. Il était l’archétype du démon, vilipendé par les médias occidentaux comme le « boucher des Balkans » qui était responsable de « génocide », en particulier dans la province yougoslave sécessionniste du Kosovo. Le Premier ministre Tony Blair l’a dit, a invoqué l’Holocauste et a demandé des mesures contre « ce nouveau Hitler ».

       David Scheffer, l’ambassadeur itinérant des crimes de guerre [sic], a déclaré que jusqu’à « 225.000 hommes albanais ethniques âgés de 14 à 59 ans » ont pu être assassinés par les forces de Milocevic.

       Ce fut la justification des bombardements de l’OTAN, dirigés par Bill Clinton et Blair, qui tuèrent des centaines de civils dans des hôpitaux, des écoles, des églises, des parcs et des studios de télévision et détruisirent l’infrastructure économique de la Serbie. Ce fut un geste manifestement idéologique ; à une fameuse « conférence de paix » à Rambouillet, en France, Milosevic a été confronté par Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat US, qui allait entrer dans les annales de l’infamie avec sa remarque sur la mort d’un demi-million d’enfants irakiens qui « en valait la peine ».

       Albright a communiqué une « offre » à Milosevic qu’aucun leader national ne pouvait accepter. À moins de convenir d’une occupation militaire étrangère de son pays, avec des forces d’occupation « en dehors d’un processus juridique », et de l’imposition d’un « marché libre » néo-libéral, la Serbie serait bombardée. C’était contenu dans une « Annexe B », que les médias n’ont pas lue ou ont censurée. L’objectif était d’écraser le dernier Etat « socialiste » indépendant de l’Europe.

       Une fois que l’OTAN a commencé à bombarder, il y eut une ruée de réfugiés kosovars « fuyant un holocauste ». Quand tout fut terminé, les équipes internationales de police se sont rendues au Kosovo pour exhumer les victimes. Le FBI n’a pas réussi à trouver une seule fosse commune et ils rentrèrent chez eux. L’équipe médico-légale espagnole a fait de même, son chef dénonçant avec colère « une pirouette sémantique par les machines de propagande de guerre ». Le décompte final des morts au Kosovo est 2788. Cela inclut les combattants des deux côtés et les Serbes et les Roms assassinés par le pro-OTAN Front de libération du Kosovo. Il n’y a pas eu de génocide. L’attaque de l’OTAN fut à la fois une fraude et un crime de guerre.

       Tous sauf une fraction des tant vantés missiles à « précision guidée » des Etats-Unis ont touché non pas des cibles militaires mais des civils, y compris les studios de la Radio Télévision de Serbie à Belgrade. Seize personnes ont été tuées, dont des cameramen, des producteurs et une maquilleuse. Blair qualifia les morts, de manière profane, comme « le commandement et le contrôle » de la Serbie.

       En 2008, le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, a révélé qu’elle avait subi des pressions pour ne pas enquêter sur les crimes de l’OTAN.

       Ceci devint le modèle pour les invasions futures par Washington de l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et, de manière furtive, la Syrie. Toutes ces invasions pouvaient êtres qualifiées de « crimes suprêmes » selon la norme établie à Nuremberg ; toutes dépendaient de la propagande des médias. Alors que le journalisme à sensation a joué son rôle habituel, c’était le journalisme sérieux, crédible, souvent progressiste qui a fut le plus efficace - la promotion évangélique de Blair et de ses guerres par le Guardian, les mensonges incessants sur les armes de destruction massive inexistantes de Saddam Hussein dans The Observer et leNew York Times, et les battements de tambours ininterrompus de la propagande du gouvernement par la BBC dans le silence de ses omissions.

       Au plus fort des bombardements, Kirsty Wark de la BBC a interviewé le général Wesley Clark, le commandant de l’OTAN. La ville serbe de Nis venait d’être pulvérisé par des bombes à sous-munitions états-uniennes, tuant femmes, personnes âgées et enfants dans un marché ouvert et un hôpital. Wark n’a pas posé une seule question sur ce sujet, ni sur tous les autres morts civils.

       D’autres furent plus effrontés. En Février 2003, au lendemain de l’écrasement de l’Irak par Blair et Bush, le rédacteur en chef politique de la BBC, Andrew Marr, se trouvait à Downing Street [Bureaux du Premier Ministre Britannique – NdT] et prononça ce qui équivaut à un discours de victoire. Il déclara avec enthousiasme à ses téléspectateurs que Blair avait « dit qu’ils seraient en mesure de prendre Bagdad sans bain de sang, et qu’en fin de compte les Irakiens allient célébrer. Et sur ces deux points, il a eu totalement raison ». Aujourd’hui, avec un million de morts et une société en ruines, les interviews de Marr à la BBC sont recommandées par l’ambassade des Etats-Unis à Londres.

       Les collègues de Marr s’alignèrent pour qualifier les actions de Blair de « justifiées ». Le correspondant à Washington de la BBC, Matt Frei, déclara : « Il ne fait aucun doute que la volonté d’apporter le bien, les valeurs américaines au reste du monde, et en particulier au Moyen-Orient ... est désormais de plus en plus liée au pouvoir militaire. »

       Cette prosternation devant les États-Unis et leurs collaborateurs comme une force bienveillante qui « apportent le bien » est profondément ancrée dans le journalisme occidental moderne. Il veille à ce que la catastrophe actuelle en Syrie soit exclusivement de la faute de Bachar al-Assad, contre qui l’Occident et Israël conspirent depuis longtemps, non pas pour des considérations humanitaires, mais pour consolider le pouvoir agressif d’Israël dans la région. Les forces jihadistes déchaînées et armées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Turquie et leurs mandataires de la « coalition » sont là pour ça. Ce sont eux qui dispensent la propagande et les vidéos qui deviennent des informations aux États-Unis et en Europe, et qui fournissent un accès aux journalistes et garantissent une « couverture » partisane de la Syrie.

       Aux informations, on parle de la ville d’Alep. La plupart des lecteurs et téléspectateurs ne seront pas au courant que la majorité de la population d’Alep vit dans la partie occidentale contrôlée par le gouvernement. Le fait qu’ils souffrent quotidiennement des bombardements d’artillerie d’al-Qaida parrainé par l’Occident n’est pas mentionné. Le 21 Juillet, les bombardiers français et américains ont attaqué un village du gouvernement dans la province d’Alep, tuant jusqu’à 125 civils. Cela a été rapporté en page 22 du Guardian ; il n’y a pas eu de photos.

       Après avoir créé et soutenu le djihadisme en Afghanistan dans les années 1980 dans le cadre de l’Opération Cyclone - une arme qui visait à détruire l’Union soviétique - les États-Unis sont en train de faire quelque chose de similaire en Syrie. Comme les moudjahidin afghans, les « rebelles » syriens sont les fantassins de l’Amérique et de la Grande-Bretagne. Beaucoup combattent pour al-Qaida et ses variantes ; certains, comme le Front Nosra, se sont rebaptisés pour se conformer aux sensibilités américaines post-11 Septembre. La CIA les dirige, avec difficulté, comme elle dirige des djihadistes partout dans le monde.

    sans-langue-de-bois.eklablog.fr

       L’objectif immédiat est de détruire le gouvernement de Damas qui, selon le sondage le plus crédible (YouGov Siraj), est soutenu par la majorité des Syriens, ou tout au moins qui se retournent vers lui pour sa protection, quelle que soit la barbarie qui peut régner en coulisses. L’objectif à long terme est de nier à la Russie un allié clé du Moyen-Orient dans le cadre d’une guerre d’usure de l’Otan contre la Fédération de Russie qui finirait éventuellement par détruire cette dernière.

       Le risque nucléaire est évident, bien qu’occulté par les médias du « monde libre ». Les éditorialistes duWashington Post, ayant promu le mensonge sur les Armes de destruction massive en Irak, demandent à Obama d’attaquer la Syrie. Hillary Clinton, qui se réjouissait publiquement de son rôle de son bourreau lors de la destruction de la Libye, a indiqué à plusieurs reprises que, en tant que présidente, elle « ira plus loin » qu’Obama.

       Gareth Porter, un journaliste basé à Washington, a récemment révélé les noms de ceux qui sont susceptibles de faire partie du cabinet Clinton, qui planifient une attaque sur la Syrie. Tous ont des passés de belligérants de la guerre froide ; l’ancien directeur de la CIA, Leon Panetta, a déclaré que « le prochain président devra envisager d’envoyer des forces spéciales supplémentaires sur le terrain ».

       Le plus remarquable dans la propagande de guerre qui bat actuellement son plein est son côté absurde et familier. J’ai visionné des films d’archives des années 1950 à Washington, à l’époque où des diplomates, des fonctionnaires et des journalistes étaient traqués et ruinés par la chasse aux sorcières déclenchée par le sénateur Joe McCarthy contre ceux qui contestaient les mensonges et la paranoïa au sujet de l’Union Soviétique et de la Chine. Comme une tumeur renaissante, le culte anti-Russe est de retour.

       En Grande-Bretagne, Luke Harding du Guardian entraîne ses lecteurs qui détestent la Russie dans un flot de parodies journalistiques qui attribuent à Vladimir Poutine tous les malheurs de la terre. Lorsque la fuite des Panama Papers fut publiée, la première page du quotidien mentionna M. Poutine, et il y avait une image de Poutine ; peu importe si le nom de Poutine n’était mentionné nulle part dans les documents.

       Comme Milosevic, Poutine est le Diable en chef. C’est Poutine qui a abattu un avion de ligne Malaisienne au-dessus de l’Ukraine. Le titre auquel on a eu droit est le suivant : « En ce qui me concerne, Poutine a tué mon fils. » Pas besoin de preuves. C’est Poutine qui est responsable du renversement du gouvernement élu à Kiev en 2014, organisé (et financé) par – documents à l’appui - Washington. La campagne de terreur qui a suivi, déclenchée par les milices fascistes contre la population russophone de l’Ukraine était le résultat de « l’agression » de Poutine. Prévenir que la Crimée ne devienne une base de missiles de l’OTAN et protéger la population majoritairement russe qui s’était prononcée par référendum pour son intégration à la Russie – à la suite de quoi la Crimée fut annexée - étaient autant d’exemples de « l’agression » de Poutine. La calomnie par les médias devient inévitablement une guerre par les médias. Si la guerre avec la Russie éclate, à dessein ou par accident, les journalistes en porteront une grande part de responsabilité.

       Aux Etats-Unis, la campagne anti-Russe s’assimile à la réalité virtuelle. Paul Krugman du New York Times, un économiste lauréat du prix Nobel, a appelé Donald Trump le « candidat Sibérien » parce que Trump est l’homme de Poutine, dit-il. Trump a osé suggérer, dans un moment rare de lucidité, qu’une guerre avec la Russie pourrait être une mauvaise idée. En fait, il est allé plus loin et a retiré les livraisons d’armes US à l’Ukraine de son programme. « Ne serait-ce pas merveilleux si nous nous entendions avec la Russie, » a-t-il dit.

       C’est pourquoi l’establishment libéral belliciste des Etats-Unis le déteste. Son racisme, sa démagogie et ses rodomontades n’ont rien à voir avec ça. En matière de racisme et d’extrémisme, Bill et Hillary Clinton n’ont rien à envier à Trump. (Cette semaine marque le 20e anniversaire de la « réforme de la protection sociale » de Clinton qui a été une guerre contre les Afro-Américains). Quant à Obama : tandis que les armes de la police US abattent ses frères afro-américains, le grand espoir de la Maison Blanche n’a rien fait pour les protéger, rien fait pour soulager leur misère, tout en menant quatre guerres rapaces et une campagne d’assassinat sans précédent.

       La CIA a demandé que Trump ne soit pas élu. Des généraux du Pentagone ont demandé qu’il ne soit pas élu. Le pro-guerre du New York Times – pendant les pauses de leur campagnes anti-Poutine - demandent qu’il ne soit pas élu. Il y a quelque chose qui se mijote. Ces tribuns de la « guerre perpétuelle » sont terrifiés que le business de plusieurs milliards de dollars de la guerre par laquelle les Etats-Unis maintiennent leur domination serait compromis si Trump trouvait un accord avec Poutine, puis avec Xi Jinping de la Chine. Leur panique devant la possibilité d’une grande puissance parlant de paix dans le monde - ce qui est peu probable - serait une farce macabre si l’avenir n’était pas aussi sombre.

       « Trump aurait aimé Staline ! » hurla le vice-président Joe Biden lors d’un rassemblement de soutien à Hillary Clinton. Avec Clinton hochant la tête, il a crié : « Nous ne nous inclinons jamais. Nous ne plions jamais. Nous ne nous agenouillons jamais. Nous ne cédons jamais. La victoire est à nous. Voilà qui nous sommes. Nous sommes l’Amérique ! »

       En Grande-Bretagne, Jeremy Corbyn a également provoqué l’hystérie des faiseurs de guerre du Parti travailliste et d’un média qui se consacre à lui rentrer dedans. Lord West, ancien amiral et ministre du Travail, l’a bien formulé. Corbyn prenait une position anti-guerre « scandaleuse » « parce que cela lui attire le vote des masses irréfléchies ».

       Lors d’un débat avec son challenger à la direction du parti, Owen Smith, le modérateur a demandé à Corbyn : « Comment réagiriez-vous en cas de violation par Vladimir Poutine d’un Etat-membre de l’Otan ? »

       Corbyn a répondu : « Vous voudriez d’abord éviter que cela n’arrive. Vous établiriez un bon dialogue avec la Russie ... Nous pourrions tenter une démilitarisation des frontières entre la Russie, l’Ukraine et les autres pays frontaliers de la Russie en l’Europe de l’Est. Ce que nous ne pouvons pas faire c’est de laisser une série d’accumulations de troupes calamiteuses de chaque côté, ce qui nous conduit inéluctablement vers un grand danger »

       Pressé de dire s’il autoriserait la guerre contre la Russie « s’il le fallait », Corbyn a répondu : « Je ne veux pas faire la guerre - ce que je veux c’est parvenir à un monde où on n’aurait pas à faire la guerre ».

       Poser une telle série de questions doit beaucoup à la montée des libéraux bellicistes en Grande-Bretagne. Depuis longtemps, le Parti travailliste et les médias leur ont offert des opportunités de carrière. Pendant un certain temps, le tsunami moral du grand crime commis contre l’Irak a provoqué un flottement, leurs contre-vérités flagrantes sont devenues un fardeau embarrassant mais passager. Indépendamment du rapport Chilcot et de la montagne de faits qui l’incriminent, Blair est toujours leur source d’inspiration, parce qu’il est un « gagnant ».

       Le journalisme et enseignements dissidents ont depuis été systématiquement bannis ou accaparés, et les idées démocratiques vidées pour être remplacées par la « politique identitaire » qui confond genre et féminisme, l’angoisse de la société et libération, et qui ignore volontairement la violence d’Etat et le mercantilisme des armes qui détruisent d’innombrables vies dans des pays lointains, comme le Yémen et la Syrie, et qui invitent la guerre nucléaire en Europe et à travers le monde.

       La mobilisation de personnes de tous âges autour de la montée spectaculaire de Jeremy Corbyn peut constituer une certaine résistance. Il a passé sa vie à dénoncer les horreurs de la guerre. Le problème pour Corbyn et ses partisans est le Parti Travailliste. Aux Etats-Unis, le problème pour les milliers d’adeptes de Bernie Sanders est le Parti Démocrate, sans parler de l’ultime trahison de leur grand espoir [son ralliement en rase-campagne à H. Clinton - NdT].

       Aux Etats-Unis, pays des grands mouvements pour les droits civiques et contre la guerre, ce sont les mouvements comme Black Lives Matter et CODEPINK qui constituent les graines d’une version moderne.

       Seul un mouvement qui grossirait à chaque coin de rue, qui déborderait des frontières et qui n’abandonnerait pas pourrait arrêter les fauteurs de guerre. L’année prochaine, cela fera un siècle que Wilfred Owen a écrit ce qui suit. Chaque journaliste devrait le lire et le retenir.

    Si vous entendiez, à chaque cahot, le sang
    Qui gargouille et s’écoule de ces poumons empoisonnés,
    Cancer obscène, tel le reflux amer de plaies
    Infectes et incurables sur des langues innocentes,
    Mon ami, vous mettriez moins de zèle à répéter
    À des enfants en mal de gloire désespérée,
    Le vieux mensonge : Dulce et decorum est
    Pro patria mori.

    (Traduction française par Georges Gernot)

    John Pilger

    Traduction "quand organiserons-nous un nouveau Nuremberg ?" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

    Journaliste, cinéaste et auteur, John Pilger est l’un des deux journalistes à avoir remporté deux fois la plus haute distinction du journalisme britannique. Pour ses documentaires, il a remporté un Emmy, un British Academy Award, un BAFTA. Parmi de nombreux autres prix, il a remporté un Prix du meilleur documentaire du Royal Television Society. Son épopée de 1979 ,Cambodge année zéro, est classé par le British Film Institute comme l’un des dix documentaires les plus importants du 20e siècle.

     http://johnpilger.com/articles/provoking-nuclear-war-by-media

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SILENCE FAIT PLUS DE BRUIT

    QUE LE BRUIT LUI-MÊME)

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    "Mais c'est pas possible! J'AI HORREUR DES ROSES! 

    Je les déteste! Je ne peux pas les voir en peinture!

    Tiens! tiens, tiens! Voilà ce que j'en fais de

    tes put... de roses!"

    Walter Molino, 1958

    http://zeezrom.tumblr.com/post/144432873905/walter-molino-1958

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    chautard.info

    Peut-on fabriquer un téléphone équitable ?

       Avec 1,4 milliard d’appareils fabriqués en 2015 (1), le smartphone (« téléphone intelligent ») est un symbole-phare de l’économie mondialisée, résumée au dos de chaque iPhone par cette formule : « Conçu en Californie, assemblé en Chine. » Les deux marques principales, Apple (231 millions d’appareils en 2015) et son rival sud-coréen Samsung (324 millions) (2), se livrent à une concurrence acharnée.

       Cela se traduit par des conditions de travail déplorables dans les usines asiatiques d’assemblage, mises en lumière par plusieurs vagues de suicides chez Foxconn, l’un des principaux sous-traitants chinois. En août 2015, Samsung a été contraint de créer un fonds de 78 millions d’euros pour indemniser les employés de ses usines, chez lesquels on a décelé plus de deux cents cas de leucémie (3). Accusé à son tour de faire travailler des enfants (4), le troisième producteur, Huawei, a dû fermer une usine en 2014.

       En outre, plus d’une trentaine de minerais en provenance de plusieurs continents entrent dans le processus de fabrication des smartphones. Ils sont arrachés aux entrailles de la Terre au mépris de l’impact social ou environnemental de cette extraction, qui nourrit aussi des conflits armés, comme en République démocratique du Congo (RDC).

       Produire un téléphone portable tout en respectant les hommes et l’environnement relèverait-il donc de l’utopie, voire de la mission impossible ? L’entreprise sociale néerlandaise Fairphone a voulu relever le défi. Depuis le printemps 2013, elle a vendu soixante mille exemplaires de ce qu’elle présente comme un « téléphone éthique ». A l’été 2015, elle a lancé le Fairphone 2, dont elle espère écouler cent mille unités par an. Ses arguments : les minerais utilisés ne financent pas les milices de RDC ; l’assemblage se déroule dans des usines chinoises où des inspections permettent de s’assurer de conditions de travail décentes et dont les ouvriers bénéficient d’un fonds de prévoyance.

       La conception du téléphone permet également de prolonger son cycle de vie et de réduire son impact environnemental en rendant les pièces de rechange facilement accessibles et remplaçables par les utilisateurs. Employant autant que possible du plastique et du cuivre recyclés, Fairphone a mis en place une filière de récupération de ses appareils en Europe et un programme de recyclage des téléphones au Ghana.

       L’entreprise ne compte pas sur des investisseurs mais sur les consommateurs, sollicités en 2013 à travers une campagne de financement participatif sur Internet qui a permis de lever près de 7 millions d’euros en quelques semaines. Le second modèle a lui aussi vu le jour grâce à un système de précommande : les acquéreurs ont accepté de débourser 525 euros pour un appareil qui n’était pas encore fabriqué et qui leur a été livré au bout de plusieurs mois. (...)

       (...) Le lancement de ces deux téléphones, dont la valeur ajoutée n’était pas que technologique, a suscité un bel enthousiasme dans les médias, toujours prompts à saluer les initiatives « éthiques » et « équitables », en dépit des nombreuses limites de ce nouveau mode de production (5). « Le Fairphone est encore loin d’être équitable », reconnaît pourtant le fabricant lui-même. L’ambition, plus modeste, est de « construire un mouvement en faveur d’une électronique plus équitable », tout en étant conscient que le chemin sera escarpé et semé d’embûches. Comme le raconte M. Bas Van Abel — rencontré au siège de sa société, au troisième étage d’un ancien hangar industriel sur le port d’Amsterdam —, pour commencer à travailler en RDC, Fairphone a dû consacrer ses premières dépenses... à la corruption de fonctionnaires locaux : il s’agissait d’obtenir des agents chargés des mines le droit d’y tourner des images.

       Puis il a fallu faire face à une autre réalité, dont témoigne une vidéo filmée par l’équipe en 2011 dans la région du Katanga, dans le sud du Congo : le secteur minier est avant tout artisanal, et même familial ; de jeunes enfants y travaillent avec leurs parents. Par ailleurs, pour trouver de l’étain certifié « non entaché de conflits », Fairphone a rejoint un consortium d’industriels, d’organisations non gouvernementales (ONG) et d’acteurs locaux et internationaux. Ils recourent à un système de certification impliquant un emballage et un étiquetage spécifiques (6).

       Lancé après des recommandations du groupe d’experts des Nations unies, ce programme est devenu indispensable après l’adoption par le Congrès américain de la loi Dodd-Frank, en juillet 2010. Censée encadrer les pratiques de Wall Street, la disposition 1502 de ce texte oblige les compagnies cotées aux Etats-Unis à s’assurer qu’elles n’utilisent pas de minerais finançant des groupes armés de RDC. Problème : le processus de certification des mines est balbutiant. Et, cinq ans plus tard, seuls quelques dizaines de sites peuvent vendre de l’étain légalement. Par précaution et par facilité, nombre de géants de l’électronique cessent de se fournir sur place, créant un embargo de fait sur les « trois T » — étain (tin en anglais), tantale et tungstène — qui bouleverse totalement le secteur minier, dont dépendent huit à dix millions de personnes.

       Deux doctorants, Christoph Vogel, de l’université de Zurich, et Ben Radley, de l’International Institute of Social Studies de La Haye, se sont rendus en 2013 et 2014 dans les quatre zones les mieux gérées. Ils y ont trouvé « une situation économique désastreuse (7) » : baisse ou stagnation des prix et coûts supplémentaires pour les mineurs, tandis que le marché noir a explosé. Pis, l’immensité du territoire et la mobilité des groupes armés font qu’une mine certifiée peut passer sous leur contrôle ou sous celui de leurs affidés en civil. De nombreux mineurs ont dû reprendre leur activité de paysan, en moyenne six fois moins lucrative. D’autres se sont engagés dans les milices.

       Un groupe de 70 universitaires, représentants d’ONG et autres experts congolais et internationaux ont dénoncé cette situation dans une lettre ouverte publiée en septembre 2014 : « Les minerais alimentent les conflits, mais n’en sont pas la cause (...). Les luttes de pouvoir au niveau régional et national, les questions d’accès aux terres, d’identité et de citoyenneté sont beaucoup plus des facteurs structurels conduisant aux conflits », écrivent-ils, avant de réclamer une meilleure écoute des acteurs locaux. Si « des progrès ont été faits vers des produits un peu plus éthiques, rien n’a été réalisé pour améliorer les conditions de vie des Congolais », déplorent ces experts, parmi lesquels les doctorants Vogel et Radley, qui redoutent que le « commerce équitable » ne serve de paravent à un néocolonialisme économique dans l’est du Congo.

       « Il y a du vrai là-dedans, reconnaît sans ambages M. Van Abel. Les initiatives pour la certification n’ont pas contribué au développement des communautés locales comme nous l’espérions. Mais elles ont permis le redémarrage des échanges et sont essentielles pour redonner confiance aux acheteurs vis-à-vis de la RDC. » L’entreprise fait état de ces difficultés sur son site, demandant un peu de patience aux critiques.« Il faudra ensuite s’attaquer au travail des enfants. L’ambition, c’est de faire toujours mieux. »

       Après l’étain et le tantale certifiés, la société a sélectionné des mines responsables pour le tungstène au Rwanda et souhaite recourir à de l’or issu du commerce équitable au Pérou et en Colombie. Mais la grande difficulté reste de pénétrer le marché de l’or en Chine, nous explique M. Van Abel, qui revient d’un voyage à la rencontre de son nouveau prestataire : Hi-P International. Pour garantir une fabrication de ses appareils dans des conditions satisfaisantes, l’entreprise missionne régulièrement des employés.

       Elle a également mandaté une organisation chinoise d’audit et de conseil qui réalise un bilan social chez le fabricant, publié ensuite en ligne. Dans l’usine Hi-P de Suzhou (province du Jiangsu) ont ainsi été signalés des problèmes de sécurité, de recours à un grand nombre d’intérimaires (61 % des effectifs) et surtout de durée hebdomadaire du travail : « En juillet 2014, certains ouvriers ont pu travailler jusqu’à soixante-dix-sept heures par semaine et jusqu’à vingt-huit jours d’affilée (8) », constate un rapport de la société d’audit. Selon Fairphone, Hi-P s’est engagé à limiter le recours aux intérimaires et à ne pas dépasser soixante heures de travail par semaine. Toutefois, précise M. Van Abel, « si l’on réduit trop le temps de travail, les ouvriers gagneront moins d’argent et risquent de partir. Les heures supplémentaires forment une part importante de leur salaire ; il faut trouver une forme de compensation monétaire ».

       Grâce aux conseils du syndicat allemand IG Metall et d’un organisme de recherche spécialisé dans les sociétés transnationales, SOMO (9), est née l’idée du fonds de prévoyance des travailleurs, censé améliorer le quotidien des ouvriers et leur fournir un nouvel organe de représentation au sein de leur entreprise. Abondé à hauteur de 5 dollars par appareil vendu, ce fonds a collecté 300 000 dollars (272 000 euros) avec la première version du smartphone, et cette somme a profité aux cinq cents à neuf cents ouvriers (selon le carnet de commandes) du sous-traitant d’alors, Guohong. Pour l’essentiel, elle a été versée sous forme de primes (en moyenne, 90 euros supplémentaires par mois).

    ma-chienne-de-vie.com

       Elle a aussi permis d’ajouter des fruits à la cantine ou d’organiser des soirées et des sorties. Mais, comme Fairphone change de fabricant pour le nouvel appareil, ce fonds se bornera désormais, chez Guohong, à servir de canal de communication, de lieu de dialogue entre les ouvriers et leur direction. Fairphone est actuellement en train de mettre en place ce fonds au sein de l’usine d’assemblage Hi-P de Shenzou (province du Hebei) au profit de l’ensemble des ouvriers, soit environ trois mille salariés.

       Pourquoi l’entreprise a-t-elle baptisé son téléphone « Fairphone » s’il ne répond pas aux critères du commerce équitable (fair trade) ? N’y a-t-il pas tromperie sur la marchandise ? M. Van Abel répond par une pirouette : « Ce nom ne dit pas ce que nous sommes, mais ce que nous voulons être. » Pour s’en expliquer, il revient aux origines du projet : une campagne sur les minerais provenant de zones de conflit lancée en 2010 avec l’ONG Action Aid, alors qu’il dirigeait la Waag Society, une fondation néerlandaise pour les arts, les sciences et les technologies. « Nous ne voulions pas une mobilisation habituelle des ONG. Comme je suis designer, j’ai pensé que fabriquer un téléphone pouvait être une bonne manière de dévoiler les enjeux qui se cachent dans sa chaîne d’approvisionnement. »

       Après deux ans passés à chercher une mine d’étain « non entachée de conflits » en RDC, puis une usine chinoise prête à accepter de relever (un peu) ses normes sociales, Fairphone change de statut et devient une entreprise sociale en 2013. La question du nom suscite alors des débats internes : « Nous voulions utiliser le mot “fair” pour que les gens se demandent ce que signifie vraiment cette notion. Cela peut aussi conduire ceux qui possèdent un iPhone ou un Samsung à s’interroger sur leur responsabilité sociale et environnementale. » D’où la transparence de la société, qui publie sur son site la liste de ses fournisseurs, la répartition de ses coûts de fabrication et les bilans sociaux de ses prestataires, sans chercher à dissimuler les aspects négatifs.

       Quand Fairphone a lancé sa campagne de financement participatif, la stratégie de communication visait à se mettre « en position de vulnérabilité ». « Chaque fois que l’on nous critiquait — et ça n’a pas manqué —, nous accueillions ces critiques bien volontiers », raconte le PDG, qui est allé jusqu’à appeler des journaux allemands et néerlandais pour leur raconter la corruption nécessaire pour tourner des images dans les mines. Pensé comme un « procédé narratif fournissant une métaphore efficace pour la complexité d’une chaîne d’approvisionnement », le Fairphone conduit à interroger les pratiques de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Car si cet appareil est encore loin d’être équitable, que dire des autres ? Lorsqu’on procède à un test comparatif, il supplante largement le Galaxy S4 de Samsung, le premier certifié « écologiquement et socialement responsable » par l’organisme suédois TCO Development, qui fait à peine mieux qu’un téléphone non certifié.

       Les acteurs du commerce équitable voient ce nouveau produit d’un bon œil. Mme Emilie Durochat, coordinatrice de la Plate-forme pour le commerce équitable, salue un « outil de dénonciation des conditions de travail ». « Avec ce seul téléphone, on peut parler de beaucoup de sujets », constate Mme Dominique Royet, directrice de Max Havelaar France, qui y voit « une démarche de progrès continu. En cela, Fairphone rejoint l’approche du commerce équitable, né pour faire évoluer les règles du commerce mondial ».

       Avec un chiffre d’affaires passé de 0 à 16 millions d’euros en un an et demi — et intégralement réinvesti —, Fairphone s’est vu attribuer le titre de « start-up technologique la plus prospère » par la publication spécialisée en ligne The Next Web (10). Voilà qui adresse un message au secteur : il y a une attente des consommateurs pour des produits tendant vers plus d’éthique.

     

    (1) International Data Corporation (IDC), 27 janvier 2016, www.idc.com

    (2) Lire Martine Bulard, « Samsung ou l’empire de la peur », Le Monde diplomatique,juillet 2013.

    (3) Santé & travail, no 92, Paris, octobre 2015.

    (4) Notamment sur le site http://chinalaborwatch.org et dans « Les secrets inavouables de nos téléphones portables », « Cash investigation », France 2, 4 novembre 2014.

    (5) Lire Christian Jacquiau, « Max Havelaar ou les ambiguïtés du commerce équitable », Le Monde diplomatique, septembre 2007.

    (6) Sur l’initiative pour un étain non entaché de conflits (Conflict-Free Tin Initiative, CFTI), cf. http://solutions-network.org. Sur l’initiative conjointe pour l’approvisionnement de l’étain, du tantale et du tungstène (ITRI Tin Supply Chain Initiative), cf. www.itri.co.uk

    (7) Christoph Vogel et Ben Radley, « In Eastern Congo, economic colonialism in the guise of ethical consumption ? », The Washington Post, 10 septembre 2014.

    (8) « Social Assessment Program : Hi-P » (PDF), Fairphone, avril 2015.

    (9) Centre for Research on Multinational Corporations, www.somo.nl

    (10) « Fairphone named Europe’s fastest-growing startup of 2015 », TNW News, 24 avril 2015.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/RAOUL/54919

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (METS TA PENSÉE

    EN APESANTEUR)

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    "CHERIE! N'APPUIE PAS...

    aussi fort sur le champignon... Sigh..."

    REBLOGGED FROM GIFBRKMR

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    "Chérie? Y'a un type qui me dit un truc avec les mains...

    - C'est porno?

    - Heu... Non, je ne crois pas, hélas..."

    Robert DeNiro

    (Source: anfa64)

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    (Quand il délivrait les paquets soigneusement concoctés par

    ses clients djihadistes, le postier de la Mort était content)

    http://zestyblog.tumblr.com/post/148957271832

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    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA POÉSIE EST

    L'AU-DELÀ DU MONDE)

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    actuabd.com

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    stripsjournal.canalblog.com

    Le sale air de la peur

    Yann FIEVET

       Un climat de peur semble envahir inexorablement le royaume de France. Le monarque et ses ministres se servent allègrement de ce climat en même temps qu’il le suscite sournoisement. D’où vient la peur montante, à quelles sources s’alimente-t-elle ? Un tri est indispensable entre causes objectives et causes subjectives du phénomène. S’agissant de ces dernières il est difficile de nier que la production d’un environnement social anxiogène ne peut qu’être que propice à l’exacerbation de la peur. Parmi les facteurs anxiogènes, la dérive sécuritaire que représente l’accentuation du rôle répressif du couple police/justice ces dernières années en France est pour le moins déterminante.

       Les raisons d’avoir peur sont multiples. Les individus ne sont pas affectés au même degré par l’anxiété que peut provoquer un événement donné. Avant de craindre pour sa vie ou celle de ses proches il existe de nombreuses raisons de craindre que demain soit pire qu’aujourd’hui. Ainsi, cela fait près de quatre décennies que l’insécurité sociale progresse dans notre pays, comme chez nos voisins européens du reste. L’emploi et les revenus sont de plus en plus souvent précaires, le taux de chômage réel de la population n’a jamais été aussi élevé, le nombre de nos concitoyens vivant sous le seuil de pauvreté augmente chaque année. Alors, comment rester serein lorsque l’on est déjà concerné par la précarité ou que l’on est menacé d’y tomber prochainement.

       La dégradation de la qualité des « services publics », la panne de l’ascenseur sociale que l’Ecole a pu constituer pour d’anciennes générations, l’insuffisante prise en charge des plus démunis par le système de protection sociale, tout cela n’arrange évidemment rien. Et l’anxiété est cousine de la résignation. Demain sera forcément plus sombre : par exemple, personne ne croit vraiment que la loi « travail » va améliorer le sort de la plupart des salariés. Les attentats perpétrés en France par les « fous d’Allah » ont donc bon dos en ce sens qu’ils interviennent au sein d’une société en proie au doute quant à la quiétude nécessaire à son épanouissement.

       Ils offrent cependant l’occasion de mettre en place le cadre de contention d’une société toujours susceptible de ne plus accepter la soumission au néolibéralisme économique que l’on attend d’elle.

       Les plus précaires des précaires sont les premiers visés par le durcissement de la gestion sécuritaire de la question sociale. Ainsi, l’on constate depuis quelques semaines un usage croissant et quotidien de la violence verbale et physique de la police à l’égard des migrants. Le 22 juillet, le démantèlement du dernier camp qui s’était formé aux abords du métro Jaurès ( !) dans le 19è arrondissement de Paris a donné lieu à des charges policières aveugles à coup de gaz lacrymogènes. Dans la nuit du dimanche 31 juillet, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à charger brutalement et à matraquer indistinctement ces déshérités, dont une vingtaine de femmes et d’enfants, pour les empêcher d’installer un nouveau campement.

       La brutalité policière semble devenue la réponse commune à diverses franges de la société. Elle existe depuis longtemps désormais dans les quartiers populaires où la police contrôle, harcèle, frappe et tue sans ne jamais être inquiétée. On ne compte plus les personnes arrêtées mortes par « asphyxie » – comme Ali Ziri, Lamine Dieng, Wissam El Yamni ou Adama Traoré le 19 juillet dernier à Beaumont-sur-Oise. Les manifestants des « mouvements sociaux » en font également largement les frais lorsqu’ils se heurtent à des policiers qui frappent, gazent, matraquent, blessent et mutilent.

       Les exemples font florès : opposants à la loi El Khomri, zadistes de Notre-Dame- des Landes, contre-manifestants lors de la COP 21 à Paris en novembre 2015 mort de Rémi Fraisse à Civens en octobre 2014, éborgnés au flash-ball ici ou là. Les conflits du travail sont eux aussi l’occasion désormais d’une répression inédite : condamnation à des peines de prison ferme pour neuf salariés de Goodyear l’an dernier, validation en août dernier par Myriam El Khomri, Ministre du Travail, de la procédure de licenciement frappant Vincent Martinez, délégué CGT d’Air France (affaire dite de « la chemise ») Alors même que l’Inspection du travail avait refusé ce licenciement.

       Ce « maintien de l’ordre » plus que musclé sonne comme autant d’avertissements lancés à l’adresse de tout citoyen à qui pourrait venir l’envie de s’opposer aux criantes injustices du temps, à l’arbitraire honteux frappant les plus faibles, aux délirants projets d’infrastructures destructeurs de l’environnement, aux reculs sociaux contenus par des lois adoptées sans vote parlementaire. Dans le même temps, le climat de tension devenu quasi permanent ne peut que favoriser le développement de l’anxiété déjà présente chez nombre de nos congénères. Enfin – et surtout - la peur n’épargne pas les « gouvernants ». Face aux attentats « islamiques » leur manque de sérénité est patent. Ils agissent dans la seule urgence, loin de la réflexion et de l’apaisement des esprits que réclame la survenue de l’inédite barbarie.

       Cet affolement révèle un fait : l’impuissance du Gouvernement à soulager quelque peu la crise économique et sociale n’a d’égal que la puissance sans cesse renforcée des arsenaux policier et judiciaire. Une compensation dramatique à laquelle la Droite et le Front National surenchérissent forcément. Incontestablement, le manque de sérénité des gouvernants et la surenchère de leurs opposants sont communicatifs et aggravent ainsi la dérive anxiogène de notre société. A la fin du mois de juillet dernier nos autorités – de plus en plus autoritaires à mesure qu’elles font de moins en moins autorité – ont décidé qu’à compter de la prochaine rentrée des exercices de simulation d’attaques « terroristes » auront lieu chaque trimestre dans tous les établissements scolaires.

       Quels seront les effets de ces simulacres sur la psychologie des enfants et des adolescents qu’il conviendrait plutôt de maintenir dans une certaine insouciance dont leur épanouissement a besoin? Là encore il faut montrer que l’on agit. Peu importe que l’action pour l’action reste impuissante si la communication de l’action redresse la popularité de ses auteurs.

       Nous marchons vers la catastrophe. En instrumentalisant le sentiment de peur - qu’ils contribuent à alimenter - au lieu de chercher à résoudre la crise économique et sociale, nos dirigeants – qui tous comptes faits ne dirigent plus grand-chose – ne font que nourrir l’animosité, pour ne pas dire la haine, envers des catégories sociales supposées ennemies de l’intérieur. La « Garde nationale » ou les milices d’autodéfense auront du pain sur la planche. Décidément, la peur a un sale air, un air de déjà vu, un air qu’il serait préférable de ne pas rejouer.

    Les Zindignés - No 37 – Septembre 2016


    http://www.legrandsoir.info/le-sale-air-de-la-peur.html

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    Luc Desle


    2 commentaires
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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE SURTOUT PAS OUBLIER

    D'OUVRIR LE GAZ

    POUR MIEUX PARTIR)

    Pcc Jacques Damboise in

    "Pensées fromagères"

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    (Cet écrivain cultivait un certain goût du fantastique fantasque)

    (via a-rebel-without-applause)

     

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    absurde.over-blog.net

    Consommer sa propre électricité

    va devenir plus facile

    Source : Marc Sautelet pour Reporterre

       Utiliser l’électricité que l’on produit soi-même avec des panneaux solaires : la pratique, baptisée autoconsommation, est encore marginale en France comparé à d’autres voisins européens.

       Aujourd’hui seuls 15.000 foyers français et quelques dizaines d’entreprises se sont pour le moment lancés dans l’aventure de l’autoconsommation. En cause : manque de règles claires, absence de soutien réel, intérêt économique limité avec les prix bas de l’électricité et les tarifs attractifs de rachat par EDF du courant produit par les énergies renouvelables, les particuliers et les entreprises n’étaient pas vraiment incités à se lancer. Une situation qui pourrait changer bientôt. En effet, l’Etat s’apprête à donner un double coup de pouce en ce sens.

       Première étape pour les particuliers : mercredi 27 juillet, Ségolène Royal, la ministre de l’énergie, a présenté en conseil des ministres un projet d’ordonnance relative à l’autoconsommation d’électricité. Le texte prévoit que les particuliers et les entreprises consommant leur propre courant pourront bénéficier d’un tarif spécifique, plus avantageux, pour leur utilisation du réseau de distribution de l’électricité. Ce tarif sera arrêté par la Commission de régulation.

       Deuxième coup de pouce : le ministère compte lancer « dans les prochains jours » un appel d’offres, le premier du genre, à destination des entreprises industrielles, tertiaires et agricoles tentées par l’autoconsommation – les ménages en sont exclus. Il vise en particulier les centres commerciaux qui posent des panneaux solaires sur leurs toits ou leurs ombrières de parking, et utilisent l’électricité pour l’éclairage et la climatisation.

       L’Etat entend retenir dans ce cadre 100 à 400 projets, pour un volume total de 40 mégawatts. Les projets retenus recevront des subventions.

    https://reporterre.net/Consommer-sa-propre-electricite-va-devenir-plus-facile

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (AIMER L'HOMME

    ET MOURIR)

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    Pokémon GO
    Shown at 500 percent.

    (via mazeon)

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     resistancehumanistedegaulle.over-blog.com

    Femmes et islam :

    Houria Abdelouahed lève le voile

    sur les femmes de Mahomet

    Vincent Remy

       Psychanalyste franco-marocaine, Houria Abdelouahed est maître de conférence à l'université Paris-Diderot. Après un livre d'entretiens en 2015 avec le poète syrien Adonis (Violence et Islam), elle publie aujourd'hui Les Femmes du prophète, récit poétique et critique fondé sur une étude des textes théologiques. Elle définit le lien abusif entre croyances religieuses, organisation sociale et condition féminine.

       / Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux femmes du prophète ?

       Au début, ce qui m'intéressait, c'était la mystique, et notamment la pensée d'Ibn Arabi, philosophe, juriste, poète, né au XIIe siècle en Andalousie et mort en 1240 à Damas. Un homme qui a rendu hommage à ses deux professeurs, des femmes ! Et qui a dit : « Tout lieu qui n'accepte pas le féminin est stérile. » Ibn Arabi a notamment parlé de la subtilité de Balkis, reine de Saba, face au roi Salomon. A un moment donné, j'ai commencé à regarder comment le texte coranique parlait des femmes. J'ai désiré en savoir davantage et me suis mise à lire Tabari, historien et exégète du Coran. J'ai trouvé sa pensée très problématique du point du vue du féminin. Par ailleurs, à cette époque, mon travail clinique a changé, je travaillais avec des femmes arabes, et j'avais l'impression d'une plainte interminable. Ces patientes m'interrogeaient sur le refoulé de mon histoire individuelle et l'histoire collective. Je réalisais qu'Aischa, la femme-enfant du Prophète, pouvait être n'importe quelle petite fille donnée trop tôt en mariage.

      / Vous voulez dire qu'il y a une continuité sociale dans la culture musulmane, fondée sur la théologie ?

       - Absolument. Aujourd'hui, lorsqu'une femme réclame l'héritage de son père, le juge ne se fonde pas sur le texte du mystique Ibn Arabi — « La féminité c'est ce qui circule dans le monde » —, mais sur le texte théologique : le garçon a deux fois la part de la fille. Beaucoup de femmes dans les pays musulmans travaillent désormais, nourrissent leur famille, des grandes sœurs élèvent leurs petits frères, et bien qu'ayant ce rôle symbolique et matériel de mère de famille, au moment de l'héritage, elles n'auront que la moitié de la part du frère qu'elles ont élevé, en fonction de lois d'il y a quinze siècles. Dans ces textes, on lit que lorsque Oum Salama, une épouse du prophète, voulut faire la guerre pour avoir les mêmes droits que l'homme, ce cher ange Gabriel vint lui dire, que non, Dieu en avait décidé autrement. Gabriel était toujours là pour dire aux femmes de se soumettre. Quand Mahomet voulait la femme de son fils adoptif, Gabriel rendait la chose licite. Quand il voulait une petite fille, Gabriel rendait la chose licite. Et ainsi de suite. Gabriel était pour l'asservissement des femmes. La soumission de la femme était exigée par le ciel. 

       /Pourquoi n'y a t-il pas eu de relecture des textes ?

      - La culture arabo-musulmane n'est pas réductible à la théologie. Nous avons eu Averroes, Avicène, Ibn Arabi, Hallaj, Sohrawardi, Râzî. Nous avons un texte mystique, philosophique, poétique, mais c'est le texte théologique qui a triomphé et qui fait loi. Avec l’histoire de Zaïnab, beauté foudroyante que le prophète a voulue, bien qu'épouse de son fils adoptif, deux versets ont été révélés. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s’exposer dans l’espace public comme les autres femmes. Le second évoque le hijâb (le voile) pour les femmes du prophète. Aujourd'hui, le verset cité régulièrement demande aux croyantes de voiler leur jayb, leur fente. Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l’espace entre les seins. Tabari et autres commentateurs du texte ont fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu’il faut voiler le corps entier. 

       / Donc, ça vient très tôt ?

       - Oui, très tôt, et ce qui m'a vraiment interrogée, et mis très mal pendant longtemps, c'est cette incompréhension : comment des interprètes, commentateurs, historiens du texte, aujourd'hui encore, n'avaient-ils fait que répéter, presque à la lettre, les commentaires d'antan ? Pour faire mon livre, j'avais énormément d'ouvrages étalés devant moi, j'allais d'une version à l'autre, et je vous assure qu'il n'y avait aucune différence entre le texte du IIe siècle de l'Hégire ( VIIIe-IXe siècle) et celui d'aujourd'hui. Je ne comprenais pas comment ces hagiographes avaient réussi à imposer le silence de la pensée. .”

       / Et vous comprenez aujourd'hui ?

       - J'aimerais comprendre. Du moment qu'il s'agit des femmes du prophète, le prophète étant lui-même le sacré et l'au-delà du sacré, elles sont devenues objet sacré. Aucun questionnement n'a été possible. Et ne reste possible. Sauf par des gens subversifs, transgressifs. Alors on peut penser que face à l'étrangeté du sexe féminin, l'homme s'est senti angoissé et réprimant la femme, il s'est accordé trop de privilèges.  Et comme c'est sacré, il n'y a aucune remise en question possible, mais une volonté farouche de domination qui appelle les forces du ciel contre la femme.

       / L'islam est-il vraiment différent des autres monothéismes en ce qui concerne les femmes ?

       - Toutes les religions monothéistes ont essayé de dompter le sexe féminin. Si l'on prend le christianisme, cela ne s'est pas passé du vivant de Jésus qui lavait les pieds de Marie-Madeleine la pécheresse, et qui était l'exemple de la tolérance même, mais voyez ce que les Pères de l'Eglise ont ensuite fait de la femme ! On retombe toujours sur les mêmes clichés, les mêmes règles. Le monothéisme a été une catastrophe pour la femme. Il faudrait étudier les civilisations antérieures, sumérienne, babylonienne, égyptienne, sur cette question, ce qui a été très peu fait. 

       / Comment l'islam considère-t-il ce qui l'a précédé ?

       - C'est la « jahiliya », le temps de l'ignorance. Et c'est catastrophique. L'islam s'est vu, s'est dit, s'est exprimé comme le début de la civilisation. On efface la Mésopotamie, Babylone, les Mèdes, les Grecs, les Byzantins, les Egyptiens, c'est la négation même de l'altérité. On sait pourtant que dans le Coran, énormément de termes ne sont pas arabes, et même cela, on ne peut pas le dire. Il y a eu négation non seulement des civilisations d'avant l'islam mais aussi des civilisations existantes en même temps que l'islam, car en Arabie, les juifs et les chrétiens étaient en nombre. Il y a donc un vrai problème avec l'altérité.

       / La condition des femmes a tout de même beaucoup fluctué selon les époques et les pays ? 

       - Nous avons vraiment avancé avec la Nahda, la renaissance, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Quand vous regardez les films égyptiens, vous découvrez une vraie émancipation. L'Egypte était un phare, mais il y avait aussi l'Irak, la Syrie et le Liban. J'ai connu un Maroc beaucoup plus éclairé que celui d'aujourd'hui, je pouvais aller au cinéma avec des amis garçons. Cela est devenu difficile pour les filles aujourd'hui. L'Arabie Saoudite finance tous les mouvements d'islamisation. Je me souviens que, à Tanger, j'allais à des cours financés par les wahhabites, les filles étaient invitées à porter le voile, les imams dans les mosquées ne parlaient que des péchés des filles pas voilées. L'Arabie Saoudite a mis le paquet, une foule a suivi. 

       / Pourquoi ? 

       - Je crois que le fond religieux, malgré le début de renaissance, était resté intact. Quand la religion n'est pas une question individuelle, mais folie de masse, elle représente un véritable danger, qui interroge toutes les disciplines, de l'anthropologie à la psychanalyse. Comment se fait-il qu'un discours insensé triomphe ? Et comment peut-on en venir à parler de féminisme islamique ? Féministe et musulmane, je veux bien : qu'une femme n'ait pas envie d'ébranler toutes les assises identitaires, je peux comprendre. Mais féministe et islamique, je n'y crois pas. Certains versets se prêtent à interprétations, pas d'autres. Lorsqu'un verset dit : « Battez-les si elles continuent à être insoumises », qu'on le veuille ou non, le verbe battre, ne se prête pas à de multiples interprétations. Et lorsque Tabari interprète le verset « Battez-les », il écrit que l'homme peut posséder la femme sans lui adresser la parole. Donc, il peut la violer.

       / Encore faut-il le connaître. Quand on grandit dans un pays arabe, connaît-on ces textes et l'histoire de toutes les femmes du prophète ?

       - Non, on connaît seulement Khadija, parce qu'elle est la première, l'épouse-mère, femme aimante et aimée, Hafsa parce qu'elle est la gardienne du Coran, et Aisha parce qu'elle est appelée la mémoire des musulmans. Mais les musulmans ne connaissent pas tous ces hadith (1) qui concernent la sexualité, comme ils méconnaissent les paroles d'Aisha sur les choses du sexe. Il faut être théologien pour les connaître, ou très curieux. Le problème dans les pays musulmans, c'est que vous avez de grands intellectuels qui, après avoir lu Kant, Hegel, Freud, Lacan ou Lévi-Strauss, ne vont pas se pencher sur ces textes qui ne témoignent d'aucun travail de pensée, du coup ils ne connaissent pas l'islam.

       Ou bien vous avez des imams qui lisent ces textes, mais ignorent Kant, Hegel, etc, et restent comme s'ils vivaient dans les anciennes époques. Il faut ajouter que la plupart des musulmans cultivés ne connaissent pas ces textes, ne savent pas que le prophète pouvait ordonner la décapitation d'un homme et prendre sa fille en épouse le jour même. Ils peuvent me dire que ce que je raconte dans ce livre n'a pas existé. C'est pour cela que je cite mes sources. Il suffit de lire ces textes.

       / Que se passerait-il si ces histoires étaient davantage connues ?

       - Ce serait un choc, certainement. Dans la transmission de l'histoire de Safiya — elle est devenue femme du prophète le jour même où son père, chef d'une tribu juive, et son mari, ont été décapités —, ce qui est bouleversant, c'est que le texte dit : « Elle ne parlait pas », sans jamais interroger ce mutisme, sa dimension mélancolique. Même si on n'est pas psychanalyste, si l'on s'en tient aux informations factuelles des historiens, on constate que Safiya n'a pas transmis de hadiths. Cela veut dire que même convertie, même mariée au prophète et donc mère des croyantes, sa parole n'était pas fiable, parce que juive. Les paroles d'Aisha, de Hasna, sont transmises, pas celles de Safiya. C'est une conception fermée et narcissique. Il n'y a pas d'ouverture possible. 

       / Comment en sortir ?

       - Il faut contribuer à faire connaître cette partie sombre de l'Histoire qui n'est pas très connue et qui nécessite une pensée. Il manque cruellement un travail d'historien, car nos références restent Tabari et Ibn Kathir, des auteurs des premiers siècles de l'hégire qui confondent Histoire et légende. Les Chroniques de Tabari nous apprennent que la religion musulmane s'est imposée par la force et la violence, mais nous n'en faisons rien. Car il n'y a pas de pensée sans liberté d'expression. Pour détisser le linceul, donner des subjectivités, il faut le droit à la parole singulière, il faut la démocratie et la laïcité. L'Occident a énormément gagné avec la laïcité ; tant que nous ne serons pas laïcs, nous continuerons à souffrir. Cela ne signifie pas l'abolition de la religion. Mais que chacun puisse être avec sa croyance sans l'imposer à l'autre.

    (1) Recueil des actes et paroles de Mahomet et de ses compagnons, dont l'ensemble constitue la sunna.

    A lire

    Les Femmes du prophète, de Houria Abdelouahed. Ed du Seuil. 288 pages 19 €.

     http://www.telerama.fr/idees/femmes-et-islam-houria-abdelouahed-leve-le-voile-sur-les-femmes-de-mahomet,142096.php

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS TOUJOURS FIDÈLE

    À TA BONNE ÉTOILE)

    ¤¤¤

    "Heu, Chérie, tu veux me faire

    passer quoi, comme message?

    - Devine"

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/post/148974990000

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    (La femme qui perdait sa culotte

    ne perdait pas son chapeau, hélas)

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/image/148924439135

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    "Heu... ma question vous dérange? Vous en voulez une autre?

    Pourquoi vous sortez votre arme, Monsieur Kinski?"

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/post/148745124295/for-a-few-dollars-more

     ¤¤¤

    Jacques Damboise

     


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