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    Pensées par nous-mêmes:

    (SUCER LE BONHEUR

    JUSQU’À PLUS SOIF)

    ***

    "Et moi, je sais lever super haut la jambe...

    - Et craquer ainsi ton pantalon..." 

    browsethestacks:

    Liza Minnelli And Christopher Walken

    Best Foot Forward (1963)

    ***

    https://leparikiwi.wordpress.com/category/humour/

    Nouvelle-Zélande.

    Tout ce qui défrise

    les nouveaux résidents

    Lee Suckling

       Quand des étrangers décident de s’installer dans le “pays au long nuage blanc” [traduction de Aotearoa, le nom maori de la Nouvelle-Zélande] et qu’ils voient au fil des mois ce qu’est la vraie vie chez les Kiwis, d’autres choses viennent susciter leur étonnement. Après avoir parlé à des dizaines de nouveaux résidents et fureté dans les blogs d’expats et les médias sociaux, voici les sujets qui reviennent le plus souvent. 

       1. Les transports publics ne valent rien

       Beaucoup d’étrangers ne comprennent pas comment Auckland, une grande ville internationale de plus de 1 million d’habitants, peut avoir un réseau de transports aussi compliqué. Au début, ils sont surpris de voir qu’il n’y a pas de train direct entre l’aéroport et la ville, ce qui est habituellement le cas dans les autres villes de la planète de taille comparable. Peu à peu, ils se rendent compte qu’on ne peut pas se passer de la voiture, à moins d’habiter à Auckland ou dans le quartier d’affaires de Wellington.

       Certes, les trains existent, mais qu’ils sont chers, peu fréquents et horriblement lents pour les distances relativement courtes qu’ils ont à parcourir.

       2. Les connexions Internet mobiles sont fiables et rapides

       Ce sont surtout les Australiens qui sont émerveillés par la fiabilité et la rapidité de la 3G et de la 4G. À la différence de chez eux, où les surcharges du réseau et les pertes de connexion sont fréquentes, ici le service est quasi irréprochable. On s’attend rarement à ce qu’un pays si petit soit doté d’une 4G permettant un streaming vidéo à 100 Mbps.”

       Mais les étrangers sont malheureusement aussi surpris et déçus par les plafonds de données plutôt bas qu’imposent les opérateurs de téléphonie mobile.

       3. Tout est très cher

       Le prix de l’essence est toujours un grand choc, surtout pour les Américains, qui déboursent 116 % de plus que chez eux pour faire le plein. Presque tout, du lait aux cosmétiques, coûte environ deux fois plus cher en Nouvelle-Zélande qu’aux États-Unis.”

       Cela se comprend pour les produits importés, mais étonne les étrangers lorsque cela concerne les services et les produits locaux, qui parcourent peu de distance entre leur lieu de production et les rayons des magasins. Et c’est vrai aussi pour les “richesses naturelles” de la Nouvelle-Zélande, comme les aliments frais, la viande et l’électricité.

        4. Les administrations sont efficaces

       Dans beaucoup de pays du monde, mais surtout en Europe (et plus particulièrement en Grande-Bretagne), les démarches administratives telles que l’ouverture d’un compte en banque ou le raccordement au réseau d’électricité ou du gaz peuvent prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

       Les gens n’en reviennent pas de voir qu’en Nouvelle-Zélande on peut faire ce genre de choses en un jour. La faible part de bureaucratie dans les activités quotidiennes est une agréable surprise pour les étrangers, comme le fait de pouvoir téléphoner à n’importe quel service clients et d’avoir une vraie personne au bout du fil après quelques minutes à peine.

       5. Pas de chauffage central, peu de maisons bien isolées

       Bien que l’été soit chaud et les températures douces pendant une grande partie de l’année, dans la majorité du territoire néo-zélandais le baromètre peut descendre à près de 0 °C, et même en dessous, pendant nos longues nuits d’hiver. Lorsque l’automne approche, les étrangers sont médusés de voir que la plupart des habitations n’ont pas le chauffage central et que beaucoup ne sont pas isolées.”

       Ce qui les stupéfait le plus est incontestablement la façon dont le Néo-Zélandais chauffe son logis : jamais tout en entier, couloirs et salle de bains compris, mais seulement la pièce où il se trouve.

       6. Il est difficile de se faire des amis parmi les Kiwis

       Bien que les Néo-Zélandais soient amicaux avec les étrangers, ces derniers trouvent ardu de transformer les relations en véritable amitié. Les Kiwis donnent l’impression d’aimer être entre eux, de ne pas chercher à se faire de nouveaux amis, et les expats finissent souvent par se retrouver avec des amis également expats.”

       Ce qui surprend le plus les étrangers, c’est la façon dont le Kiwi moyen voit les Asiatiques : à travers le prisme, au mieux, du stéréotype et du mépris – au pire, du racisme ouvert.

       7. Les Néo-Zélandais souffrent d’un complexe d’infériorité

       Au fil du temps, les étrangers vivant en Nouvelle-Zélande constatent que, bien qu’ils ne le disent pas clairement, les Kiwis souffrent d’un complexe d’infériorité en ce qui concerne leur place dans le monde.

       Certains étrangers disent avoir l’impression que notre isolement et notre insignifiance (sauf dans le domaine sportif) sur la scène internationale nous portent à envier les grands pays tels que les États-Unis. À cause de cela, nous en faisons des tonnes pour nous prouver à nous-mêmes que nous sommes “aussi bien” que les autres. Le résultat est que, bien souvent, nous sommes meilleurs, et nous ne sommes même pas capables de l’apprécier.

       Bien entendu, ce sentiment que la Nouvelle-Zélande est “en dessous de tout” est une chose que les étrangers installés ici ne comprennent pas. La plupart vous diront sans l’ombre d’une hésitation que ‘la Nouvelle-Zélande est le meilleur pays du monde’. Et que c’est bien pour ça qu’ils sont venus y vivre.”

     

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE T'ENFUIS PAS PAR LA FENÊTRE

    QUAND ON FRAPPE A TA PORTE)

    µµµ

    (Quand Miss Anietta rencontrait un prétendant,

    elle avait une drôle de façon de briser la glace)

    xarika: Shiina Ringo

    (via porkrocket)

    µµµ

    (Question maquillage, Lola Boumboum avait

    encore quelques progrès à faire)

    ebony-fetish:

    µµµ

    (Source: shamedintoleaving, via jp-finale)

    µµµ

    Jacques Damboise


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TA MODESTIE

    SERT LE MONDE)

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    (C) Uderzo et Goscinny

    https://fr.pinterest.com/pin/67835538112237208/

    ACTUEL MOYEN ÂGE (39) –
    Les Barbares en perdent leur latin
     

       Presque 13 millions d'élèves dépendant de l’Éducation nationale en 2016–2017 ont repris les cours il y a quelques semaines, avec, pour beaucoup, au programme quelques langues mortes, mais surtout des noms d’hommes morts, des poésies, de la philosophie, ou même de l’art et de la musique. L'année dernière, on a beaucoup débattu sur l'utilité (ou l'inutilité) d'enseigner les langues anciennes au collège. Car en temps de crise, on est en droit de se demander : pourquoi tout ce temps perdu alors qu’on pourrait apprendre un métier ? Pour faire chauffer les méninges ? Pour briller en bonne société ? Ne vaudrait-il pas mieux se préparer pour une vie professionnelle – si possible une vie de bureau ? (...)

       (...) À ces questions – valables – Cassiodore, homme politique puis auteur du Ve siècle après J.C., avait une réponse toute prête. Au tout début du VIe siècle, il écrit dans une lettre au roi ostrogoth Théodoric une série de conseils en matière d’éducation. Son avis ? Arrêtons un peu les matières orientées vers la seule science (« ad scientiam solam »). Et concentrons-nous sur les disciplines utiles : la mécanique, l’architecture, ou bien... l’arpentage ! Et comme l’arpentage permet à un roi de bien connaitre son territoire pour lever ses impôts, ses conseils ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd.

       Alors bien sûr, Cassiodore écrit cette lettre en latin, et même dans un latin assez bon. Car il a bénéficié, lui, d’un enseignement classique assez poussé. Même si l’Empire romain d'Occident n'existe déjà plus (il tombe officiellement en 476 après JC), la civilisation romaine persiste dans de nombreux centres urbains, et dans de nombreuses couches de la société. Les dynasties barbares qui ont progressivement succédé à l’Empire romain sur les pourtours de la Méditerranée ont assimilé une partie de la culture latine. D’ailleurs, par beaucoup d’aspects, le début du haut Moyen Âge se fond tellement bien avec les derniers temps de l’Empire romain, que les historiens utilisent maintenant un nouveau terme pour la désigner : ils parlent d’Antiquité tardive. (...)

       (...) De nombreuses structures politiques sont restées en place aux VIe siècle, et les décors urbains bougent peu : les forums, les cirques, les théâtres et les aqueducs sont privés d'entretien, parfois abandonnés, mais ne commenceront à être démantelés qu’au VIIIe siècle. Quant à l’éducation et à la culture, il est complexe de savoir quand elle commence, elle aussi, à être démantelée, transformée, ou réutilisée pierre par pierre dans de nouveaux ensembles culturels – notamment chrétiens.

       Pendant l’Empire romain, la très puissante bureaucratie impériale était une carrière réservée à des intellectuels sortant tout droit des écoles de grammaire puis de rhétorique. Ils étaient formés à des disciplines qui ne consistaient pas uniquement en une maîtrise de tâches administratives, mais qui étaient censées leur apporter une base de pensée. Les disciplines sélectionnées étaient le quadrivium (arithmétique, musique, géométrie et astronomie) et le trivium (grammaire, dialectique, rhétorique). C’était donc une élite potentiellement capable de juger les ordres reçus, parfois peut-être de les discuter.

       Ce que conseille Cassiodore accompagne une tendance des nouvelles dynasties à s’entourer au contraire d’hommes d’action, aptes à la guerre, formés sur le terrain. Théodoric, dont Cassiodore est proche, préfère des serviteurs aptes à drainer un champ plus qu’à disserter sur la cosmologie. A priori rien de révolutionnaire : ces disciplines pratiques sont elles aussi héritées de Rome. Mais leur hiérarchisation s’est inversée.

       Pour un roi, ce choix garantit des fonctionnaires formés à leur métier dès leur jeunesse, moins autonomes, et donc plus obéissants. L’historien Pierre Riché le résume : « le fonctionnaire ne voyait pas au-delà des murs de son bureau. » (...)

       (...) Les documents manquent pour évaluer réelle la portée des conseils de Cassiodore à Théodoric. Mais ce qui est intéressant, c’est que Cassiodore a donné ailleurs d’autres conseils éducatifs… d'une toute autre nature.

       Vers le milieu du VIe siècle, alors que le monachisme commence à se diffuser en occident, Cassiodore implante dans le sud de l’Italie le monastère de Vivarium (pas parce qu’il y met des bocaux à serpents, mais parce qu’il installe des viviers à poissons). Il y invente pour ses moines une formation intellectuelle très particulière : à mi-chemin entre la méditation chrétienne des textes et la maîtrise classique des techniques d’écriture. Bref, il contribue à revivifier pour les moines ces sciences peu utiles qu’il avait dénigrées au profit de techniques appliquées pour les fonctionnaires.

       Dans l’Antiquité tardive, les savoirs classiques de la grammaire ou de la rhétorique ne sont donc pas perdus, certains aristocrates les recherchent même – parfois en vain – pour leurs enfants. Ces savoirs migrent juste vers d’autres milieux : les clercs s'en emparent. En fait la question n’est pas tant de savoir quand les Barbares ont perdu leur latin – car ils ne l’ont jamais vraiment perdu – mais qui parmi les Barbares a continué à maîtriser le latin.

       C'est bien cela l'enjeu de l'éducation aujourd'hui : éviter à tout prix de préparer des individus mono-tâches, éviter de créer une société qui soit divisée en catégories étanches. Et quoiqu'on pense de l'enseignement du latin, l'enseignement des choses inutiles a ici un rôle : il permet de regarder hors des murs du bureau.

    Pour aller plus loin :

    - Peter Brown, Le monde de l’Antiquité tardive, de Marc Aurèle à Mahomet, Bruxelles, 2011.

    - Henri Irénée Marrou, L’éducation dans l’Antiquité, Paris, Editions du Seuil, 1948.

    - Pierre Riché, Education et culture dans l’Occident barbare VIe-VIIIe siècles, Paris, 1995. (1e éd 1962), cit. p. 67.

    - Bruno Dumézil (dir.), Les Barbares, Paris, PUF, 2016

    - Une réflexion célèbre sur les enjeux contradictoires de l’éducation 
     

    http://www.nonfiction.fr/article-8545-actuel_moyen_age__39__les_barbares_en_perdent_leur_latin.htm

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (DÉCOURAGER LE DÉCOURAGEMENT

    EST UNE NOBLE ENTREPRISE)

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     "Mais, Chérie, ça arrive à tout le monde

    d'avoir une petite panne...

    - Non!"

    jackdawandrook:

    My kinda vintage paperback pin-up.

    Robert McGinnis

    °°°

    (c) Franquin

    renault-zoe.forumpro.fr

    Derrière les voitures électriques…

    des enfants dans les mines de RDC

     Elles sont abondamment vantées comme la solution « propre » aux problèmes de pollution et de gaz à effet de serre, et elles ont été les stars du Mondial de l’automobile de Paris. Mais, si l’on tient compte de l’ensemble de leur chaîne de production, l’impact social et environnemental des voitures électriques est-il tellement meilleur que celui des véhicules conventionnels ? Exemple pointé par Amnesty international : plusieurs grands constructeurs, parmi lesquels Renault-Nissan, présentent un risque significatif d’utilisation, pour leurs batteries, de cobalt extrait en République démocratique du Congo par des enfants.

       Plus de la moitié du cobalt extrait dans le monde provient de la RDC, et une proportion non négligeable l’est de manière artisanale, dans des mines où peuvent travailler des enfants très jeunes. Amnesty international identifie plusieurs constructeurs de voitures électriques comme particulièrement « à risque » d’utiliser du cobalt miné dans des conditions inacceptables : Renault-Nissan (modèles Twizy et Zoe), Tesla, Chevrolet-GM, Fiat-Chrysler et BMW.

       Tous ont pour point commun de se fournir en cobalt auprès de deux firmes coréennes, LG Chem et Samsung SDI, qui elles-mêmes se fournissent auprès d’une entreprise chinoise, Huayou Cobalt, laquelle achèterait du cobalt issu de mines artisanales. Contactés par l’ONG de défense des droits de l’homme, ni Renault, ni Tesla, ni GM n’ont fourni de réponse. Fiat-Chrysler et BMW ont répondu en niant tout lien avec les mines artisanales de RDC, mais sans apporter de garantie probante qu’ils mettaient effectivement tous les moyens en œuvre pour vérifier l’origine de leur cobalt ; ils semblent se défausser de leur responsabilité sur les intermédiaires.

       Pourtant, il existe de plus en plus de standards internationaux qui encouragent les entreprises multinationales à assurer une transparence complète sur leur chaîne d’approvisionnement, particulièrement lorsqu’il y a des risques avérés de violations des droits humains fondamentaux, comme dans le cas de la filière cobalt.

       En France, la proposition de loi sur le devoir de vigilance des multinationales, qui doit enfin repasser devant le Sénat dans quelques jours (voir notre dernier article en date ici), vise de manière similaire à obliger les firmes à mettre des moyens effectifs en place pour s’assurer que leur chaîne de production n’entraîne pas d’atteinte grave aux droits de l’homme. Une démarche que l’on est en droit d’attendre de toutes les multinationales, particulièrement lorsqu’elles prétendent vendre des produits propres.

    http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/derriere-les-voitures-electriques-185550

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (MIEUX VAUT PIONCER QUE PONCER,

    COMME DIT MON AMI CORSE)

    Pcc Jacques Damboise

     

    ***

    (En raison de journée de la femme,

    pas de lapidation ce jour)

    forumfr.com

    ***

    leplacard-d-elle.mabulle.com

    ENTRETIEN – Ce qui nous unit,
    avec François Dubet
     

       Le fractionnement des identités, auquel semblent devoir assister impuissants les habitants de l'Europe entière, serait-il la réaction à un système de discrimination généralisé?

       C'est l'hypothèse que formule le sociologue François Dubet dans Ce qui nous unit(Seuil, 2016), pour souligner l'urgence de reconstruire la vie collective sur la base de valeurs véritablement rassembleuses, l'égalité et le commun, et sur un renforcement de la vie démocratique. A l’occasion de la sortie de ce nouvel ouvrage, il répond à quelques questions de Nonfiction.fr.

       / Nonfiction.fr : Vous expliquez la poussée identitaire que connaît la société française en reliant celle-ci au problème des discriminations. Mais n’a-t-elle pas également d’autres motifs ? Et pourquoi n’évoquez-vous pas la question des migrants ?

       - François Dubet : Je n’explique pas les poussées identitaires par la seule question des discriminations, mais je m’efforce de traiter cette question à partir des discriminations. Dans ce cadre, il va de soi, à mes yeux, que la question des migrants participe du problème des discriminations.

       / Vous indiquez que les cas où l’expérience des discriminés prend une forme radicale sont très minoritaires. Vous ne prenez pas position sur un phénomène de radicalisation qui se traduirait par leur augmentation. Qu’en pensez-vous ?

       - Je décris les formes « totales » de l’expérience des discriminations et il me semble que ceci n’est pas sans lien avec le radicalisme. Mais je ne suis pas sûr, et je le dis, que le radicalisme s’explique seulement par les discriminations et les problèmes sociaux. Les données sur la radicalisation terroriste montrent qu’il y a bien d’autres facteurs comme des crises familiales, le cas des convertis qui ne sont pas discriminés avant de se convertir, etc. Je suppose que les guerres du Moyen Orient ne sont pas sans importance. Encore une fois, je crois raisonnable de ne pas tout confondre.

       / Les sciences sociales s’emploient à déconstruire les identités. Pourtant, celles-ci résistent expliquez-vous. Mais les références que vous mobilisez sont alors plutôt du côté de la philosophie. Est-ce à dire que la sociologie ne disposerait pas aujourd’hui des moyens pour penser ce phénomène ?

       - Il me semble dire que le fait que les identités puissent être déconstruites pas les sciences sociales ne signifie pas que les identités ne sont pas consistantes, « solides ». Après tout, il est possible de déconstruire l’idée de sacré et celle de Dieu, mais les religions existent « vraiment » du point de vue social. Quant au problème posé par les discriminations, il est aussi un problème de philosophie politique et morale : qu’est-ce que l’égalité, la justice, la reconnaissance… ? Les acteurs sociaux se posent ces questions, comme les sociétés et les philosophes. Il ne me semble pas que la distance entre la philosophie politique et la sociologie soit aussi grande que nous pourrions le croire.

       / Vous mobilisez dans ce livre les résultats d’une étude sur les expériences de discriminations. Mais vous ne disposez pas d’une étude similaire sur la majorité. Cela vous a-t-il manqué? Ne pensez-vous pas que cela aurait son utilité ?

       - Pour les majorités, je n’ai pas fait d’enquête, mais j’utilise celles des autres chercheurs et surtout, je crois citer des sondages donnant l’état de l’opinion sur ces questions. On ne peut pas tout faire soi-même.

       / Le problème de la représentation des minorités est central expliquez-vous (tout en disant votre insatisfaction à saisir les tenants et les aboutissants de ce qui prend la forme d’une sorte de refus d’être représenté). Comment pourrait-on avancer sur ce point ?

       - Un des problèmes que pose ce livre est celui de la représentation politique et publique des discriminés. Or cette représentation est faible et discutable en raison de la diversité de l’expérience des discriminations d’une part, et, d’autre part, du phénomène des porte-paroles qui ont la capacité de parler au nom d’un collectif qui souvent n’en est pas un, et qui sont poussés vers des expressions souvent radicales afin d’être visibles et entendus. Dans mon enquête, les personnes discriminées disent le plus souvent qu’elles ne se reconnaissent pas dans celles et ceux qui parlent en leur nom. De leur point de vue, elles et ils sont caricaturés par leurs adversaires, mais aussi par leurs porte-paroles.

       Je ne vois d’autre réponse à ce problème qu’un renforcement de la vie démocratique. Vœux pieu, mais je n’en vois pas d’autre.

    http://www.nonfiction.fr/article-8550-entretien__ce_qui_nous_unit_avec_francois_dubet.htm

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS PARFAIT À

     TES PROPRES YEUX)

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    (Le testeur de pages en pleine action)

    http://artpornmagazine.tumblr.com/post/143475388199/

    virginiamori-virginia-mori-artporn-magazine

    ¤¤¤

    (Ces femmes voilées me firent froid dans le dos)

    (Source: slobbering, via levindis)

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    (Amanda tenta, en vain,

    d'attraper le champignon hallucinogène)

    (Source: pandehamburguesa, via likiteesplit)

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    Jacques Damboise


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU ES TON PROPRE ENNEMI)

    ***

    (En fait, le Lièvre et la Tortue

    s'entendaient comme larrons en foire)

    (Source: nunyodamnbidnes, via missmirim)

    ***

    Jill Masterson

    Goldfinger

    signaturehotelliverpool.co.uk

    En Grèce, la bataille continue

    contre la désastreuse mine d’or

    Entretien avec Niki Velissaropoulou 

    Propos recueillis par Aurélie Delmas

       L’opposition au projet de mine d’or à ciel ouvert de Skouries, dans le nord de la Grèce, ne faiblit pas. « Nous ne vendrons pas notre avenir », un documentaire en cours de réalisation, raconte la mobilisation des habitants de la région à travers le regard de deux adolescentes. Reporterre a rencontré sa réalisatrice, Niki Velissaropoulou.

       Niki Velissaropoulou, 36 ans, est réalisatrice de films de fiction et de documentaires. Après une formation pour devenir enseignante puis un engagement dans le milieu associatif et humanitaire, elle a étudié le cinéma en France. Depuis 2012, elle prépare le film-documentaire Nous ne vendrons pas notre avenir dans lequel elle suit deux adolescentes mobilisées contre la construction de la mine d’or à ciel ouvert de Skouries, en Chalcidique. 


       / Reporterre — Que raconte votre film, Nous ne vendrons pas notre avenir ?

       - Niki Velissaropoulou — Il parle de l’environnement, de l’adolescence, des prises de conscience, d’austérité et de politique. Car de la même façon que les autorités grecques ont vendu le port du Pirée, elles sont en train de vendre le sous-sol : depuis quelques années, une partie de la population se mobilise contre le projet de mine d’or à ciel ouvert de Skouries, dans le nord du pays.

       J’ai commencé mes recherches en 2012, après avoir tourné sur place un court-métrage de fiction. J’avais vu, partout, des panneaux et des slogans antimines. J’ai visité de nombreux villages pour comprendre ce que pensaient les gens. Puis, en tant qu’ancienne institutrice, je me suis demandé comment les jeunes vivaient cette situation d’opposition, assez violente. Quelle conscience politique ce combat va-t-il créer chez des adolescents qui ont du mal à croire en la démocratie, au pouvoir et aux médias ?

       Depuis l’été 2013, je filme donc Dimitra et Garifalia, que je vais continuer à suivre pendant un an, jusqu’à leurs 18 ans. Les deux jeunes filles, qui fréquentent la même école, sont opposées à la mine, mais pas de la même façon. L’une vient d’une famille d’ultragauche, l’autre d’une famille orthodoxe très traditionnelle. Ces deux adolescentes dressent un portrait de la Grèce d’aujourd’hui, à la fois en lutte et traditionnelle.

       J’avais aussi commencé à filmer un jeune garçon, mais la pression de ses voisins, qui étaient des mineurs, a été trop forte et nous avons arrêté.

       / Ce projet de mine à Skouries, de quoi s’agit-il ?

       - Depuis l’antiquité, il y a des mines en Grèce. Et notamment en Chalcidique, cette région du nord du pays, où je tourne le documentaire. D’ailleurs, « chalkos », c’est le cuivre. Cet endroit est paradisiaque, avec la mer bleu clair, une très belle nature, de l’agriculture, de la pêche, du tourisme et un taux de chômage assez faible.

       Deux mines souterraines de métaux y sont exploitées depuis des années. Mais, après une pollution importante en 2002, tous les équipements sont revenus à l’État, qui a finalement revendu des milliers d’hectares, pour seulement 11 millions d’euros, à une filiale de l’entreprise canadienne Eldorado Gold Corporation.

       Cette dernière a repris les mines souterraines et entrepris de créer une mine à ciel ouvert pour exploiter les gisements de Skouries, en promettant qu’elle n’utiliserait pas de cyanure pour extraire l’or. Elle prétend fournir 1.300 emplois directs. Au départ, c’était le début de la crise, je me suis dit :« Ah, il y a de l’or ici ? C’est peut-être pas mal ! » J’ai rencontré les premiers opposants, je n’ai pas compris tout de suite la portée des enjeux.

       / Qu’est-ce qui pose problème aux opposants de la région ?

       - La technique dont parle la compagnie pour exploiter sans cyanure, le flash-smelting, a seulement été testée dans d’autres pays avec d’autres métaux. Et si cette technique ne fonctionne pas à Skouries, Eldorado Gold utilisera le cyanure. Les opposants redoutent à la fois la libération d’arsenic contenu dans les métaux et l’utilisation de produits chimiques toxiques qui pourraient polluer l’air et l’eau de nombreuses sources, qui s’écoulent dans la mer. Le tourisme, la pêche, l’agriculture sont menacés. Cela va tout détruire. C’est une région verte, qui a beaucoup de forêts, dont une grande partie a déjà été rasée pour construire la mine. Dans certains villages, l’eau du robinet n’est déjà plus potable.

       / Où en est la situation aujourd’hui ?

       - 450 personnes doivent faire face à la justice au printemps prochain, car de nombreuses arrestations, parfois très violentes, ont eu lieu lors des différentes manifestations souvent durement réprimées par l’ancien gouvernement de droite. Par ailleurs, des procès ont été intentés par des associations contre Eldorado Gold.

       Des assemblées ont régulièrement lieu dans les villages. Récemment, un concert de soutien a réuni 15.000 personnes et des manifestations sont organisées très souvent. Il y en aura une le 23 octobre.

       Certains signes montrent bien l’engagement des habitants. Lors des dernières élections municipales en 2014, c’est le candidat qui s’était déclaré contre les mines qui a été élu dans la communauté de communes. Puis, au niveau national, Syriza, opposé au projet, a accédé au pouvoir en 2015.

       / Ces changements politiques ont-ils modifié la donne ?

       - Officiellement, personne ne peut rien faire. Syriza subit la pression de l’Union européenne. La compagnie a donc continué ses travaux. Le gouvernement a toutefois retiré un permis d’exploiter, mais tout le reste a été autorisé : construction des routes, de l’usine, drainage des terrains, barrages, espace de dépôt des déchets… L’usine est presque prête, et Eldorado Gold, qui exploite déjà les mines souterraines, veut commencer à extraire de l’or dès 2017.

       Ce qui se passe à Skouries est crucial, car d’autres projets voient le jour dans le nord du pays.

       / Alors, les espoirs portés par Syriza ont disparu ?

       - Les gens qui luttent contre la mine sont déçus. Mais c’est pareil dans toute la Grèce. Avant d’être au pouvoir, Syriza soutenait toutes les luttes. Les gens qui luttaient avec ce parti sont désormais un peu dans un monde schizophrénique : doit-on soutenir Syriza parce qu’il continue à dire qu’il va nous aider ou continuer à lutter sans lui ?

       La mine a réuni contre elle une partie des habitants de cette région traditionnellement conservatrice, où l’électorat se répartissait entre la droite et le Pasok [le parti socialiste grec]. Mais des conflits naissent entre les habitants de Chalcidique. Certains veulent l’arrêt total de toutes les mines, d’autres cherchent seulement à préserver les emplois touristiques.

       / Dimitra et Garifalia ont-elles changé de point de vue au fil des années ?

       - Ce sont des adolescentes : elles ne perdent pas espoir même si elles redoutent de ne pas pouvoir revenir dans leur village de Ierissos si la mine s’installe. Ce sont de bonnes élèves, élues au conseil de leur école, qui vont passer le bac et partir faire leurs études.

       Au début, elles avaient peur, elles ne comprenaient pas ce qui se passait. Après trois ans, elles voient tout avec un œil plus critique, pas seulement la mine, mais aussi le référendum de 2015, l’arrivée au pouvoir de Syriza, du maire de gauche, les réfugiés, les mesures d’austérité… Dimitra a par exemple déchiré son livre d’éducation civique, car il expliquait que l’État, les lois et la police sont là pour protéger les citoyens et cela ne correspondait pas à ce qu’elle vivait.

       Elles ont pris conscience de la nécessité de lutter elles-mêmes et de ne pas donner cette responsabilité à quelqu’un d’autre. La mine a été pour elles un moyen de comprendre les autres luttes.

       / Quelle est votre position sur la mine ?

       - Personnellement, je suis contre la mine, mais je n’ai pas de rôle dans le film. J’ai choisi des personnages et je les suis depuis l’été 2013, quand elles avaient 14 ans, sans savoir si elles allaient continuer à se battre ou changer d’avis. Je ne les conduis nulle part, je n’interviens pas.

       J’ai contacté les bureaux d’Eldorado Gold à Athènes, car je voulais savoir ce qu’ils avaient à dire, mais ils se sont montrés très négatifs et ont refusé. J’utilise les informations publiées sur leur site, et on a le point de vue des gens qui travaillent dans l’entreprise à travers certains amis des filles, dont les parents sont employés par l’entreprise. Même si les adultes ne se parlent plus, les jeunes gardent le contact.

       / Quand le documentaire sera-t-il visible en intégralité ?

       - Je voudrais retourner filmer les filles au début de l’année 2017 et jusqu’à leur bac, dans l’espoir de le diffuser en décembre 2017. On a récemment obtenu une aide à l’écriture et lancé un financement participatif pour pouvoir boucler le projet. Jusqu’à présent, j’ai travaillé à mi-temps pour tout financer.

       Mon but n’est pas de montrer ce documentaire uniquement à des gens convaincus, mais de le proposer à des gens qui ne sont pas d’accord avec moi ou qui n’ont pas d’opinion. Comme moi au début. Si je peux apporter des informations et une réflexion sur ce qu’on peut faire, c’est bien.

    https://reporterre.net/En-Grece-la-bataille-continue-contre-la-desastreuse-mine-d-or

    ***

    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (MAÎTRE DU JOUR, BONJOUR

    MAÎTRE DU SOIR, BONSOIR)

    Pcc Jacques Damboise

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    "Turban?

    - Non, drap de lit...

    - Bien, très bien... Très pratique..."

    http://zestyblog.tumblr.com/post/150798199337

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    araucaria-de-chile.blogspot.com

    Henry Kissinger a-t-il une conscience ?

    (New Yorker)

    Jon Lee ANDERSON
     
    Traduit pour Le Grand Soir par
    Luis Alberto Reygada
    (Twitter : @la_reygada – la.reygada@gmail.com).

       Le mois de mai dernier, alors que le président Obama se rendait en Argentine pour se réunir avec le nouveau président, Mauricio Macri, ses apparitions publiques ont été tourmentées par des manifestants qui ont bruyamment demandé des explications, ainsi que des excuses, au sujet des pratiques étasuniennes, passées et actuelles. Il existe peu de pays en Occident où l’antiaméricanisme s’exprime aussi vigoureusement qu’en Argentine, où une culture très politisée de la plainte a évolué vers une situation dans laquelle de nombreux problèmes du pays sont reprochés aux Etats-Unis.

       Il existe à gauche, tout particulièrement, une rancune persistante à cause du soutien octroyé par le gouvernement des Etats-Unis à l’aile droite militaire Argentine, qui a pris le pouvoir en mars 1976 et a instauré une "Guerre sale" contre la gauche, causant la mort de milliers de vies durant les sept années qui suivirent.

       La visite d’Obama a coïncidé avec le quarantième anniversaire du coup d’État. Il a précisément rendu hommage aux victimes de la Guerre sale en visitant un sanctuaire construit en leur honneur dans la périphérie de Buenos Aires. Lors d’un discours prononcé à cet endroit, Obama a reconnu ce qu’il a appelé le "péché par omission américain", mais sans aller jusqu’à présenter de véritables excuses. "Les démocraties doivent avoir le courage de reconnaître lorsqu’elles ne sont pas à la hauteur des principes qu’elles proclament, (...) et nous avons été trop lents à parler franchement de la question des droits de l’homme, et ce fut le cas ici."

       Durant la période préparatoire du voyage d’Obama, Susan Rice, la conseillère pour la sécurité nationale du président, avait annoncé l’intention du gouvernement de déclassifier des milliers de documents de l’armée étasunienne et des services secrets appartenant à cette période tumultueuse de l’histoire Argentine. Un geste de bonne volonté dans le but de souligner les efforts en cours mis en place par Obama pour changer la dynamique des relations entre les Etats-Unis et l’Amérique latine – "pour enterrer les derniers vestiges de la Guerre Froide", comme il l’avait signalé à La Havane lors de ce même voyage.

       La semaine dernière, une première tranche de ces documents déclassifiés a été publiée. Les documents révèlent que des fonctionnaires de la Maison Blanche et du Département d’Etat étaient très au fait du caractère sanguinaire de l’armée argentine, et que certains de ces fonctionnaires étaient horrifiés par ce qu’ils savaient. D’autres, tout particulièrement Henry Kissinger, ne l’étaient pas du tout.

       Dans un câble de 1978, l’ambassadeur étasunien, Raul Castro, écrit à propos d’une visite de Kissinger à Buenos Aires, où il était reçu en tant qu’invité du dictateur, Jorge Rafael Videla, alors que le pays recevait la Coupe du Monde : "Mon unique préoccupation est que le concert intarissable d’éloges de Kissinger au sujet des mesures prises par l’Argentine pour éradiquer le terrorisme ne soit trop monté à la tête de ses hôtes", écrivit Castro. L’ambassadeur poursuivit anxieusement : "Nous courons le risque que l’Argentine utilise les éloges de Kissinger comme justification pour durcir sa position vis-à-vis des droits de l’homme."

       Les dernières révélations dévoilent le portrait d’un Kissinger qui a agi comme l’incitateur impitoyable, pour ne pas dire co-conspirateur actif, des régimes militaires latino-américains impliqués dans des crimes de guerre. Des documents déclassifiés antérieurement, sous l’administration Clinton, avaient déjà prouvé que Kissinger, non seulement était au courant des agissements des militaires, mais aussi qu’il les avait activement encouragés.

       Deux jours après le coup d’Etat en Argentine, Kissinger est briefé par son Secrétaire d’Etat assistant pour les affaires Inter-Américaines, William Rogers, qui le prévient : "Je pense qu’il faut s’attendre à pas mal de répression, probablement à une bonne dose de sang, d’ici peu en Argentine. Je pense qu’ils vont devoir s’en prendre très durement non seulement aux terroristes mais aussi aux dissidents des syndicats et des partis opposants." Ce à quoi Kissinger répond, "Quelles que soient les risques qu’ils encourent, ils auront besoin d’un peu d’encouragement... et je veux vraiment les encourager. Je ne veux pas leur donner l’impression qu’ils ont les Etats-Unis sur le dos."

       Sous la direction de Kissinger, il est certain que [les militaires] n’étaient pas tourmentés. Juste après le coup d’Etat, Kissinger a envoyé son soutien aux généraux et a renforcé ce message en approuvant un ensemble de mesures d’assistance sécuritaire américaine. Durant une réunion avec le Ministre argentin des Affaires étrangères, deux mois plus tard, Kissinger lui conseilla en clignant de l’œil, d’après le mémo de la conversation archivé, "Nous sommes conscients de la période difficile que vous traversez. Ce sont des temps étranges, où les activités politiques, criminelles et terroristes tendent à se rejoindre sans séparation claire. Nous comprenons que vous deviez rétablir votre autorité. .. S’il y a des choses à faire, vous devriez les faire rapidement."

       Les forces militaires argentines ont fait un coup d’Etat afin d’étendre et d’institutionnaliser une guerre qui était déjà en cours contre les guérillas de gauche et leurs sympathisants. Ils appelèrent cette campagne le Processus de Réorganisation Nationale, ou plus simplement "le processus". Durant la Sale guerre, nous le savons bien aujourd’hui, jusqu’à 30 000 personnes ont été enlevées, torturées et exécutées par les forces de sécurité. Des centaines de suspects ont été enterrés anonymement dans des fosses communes, des milliers d’autres furent déshabillés, drogués, embarqués dans des avions militaire et lancés en plein vol à la mer, vivants. Le terme "los desaparecidos " – "les disparus" – est depuis devenu un apport de l’Argentine au vocabulaire de l’humanité.

     

    "Se rendre maître du pétrole,

    c'est se rendre maître des nations;

    se rendre maître de la nourriture,

    c'est contrôler les peuples"

    rustyjames.canalblog.com

     

       Pendant la période du coup d’Etat, Gerald Ford était le président intérimaire des Etats-Unis et Henry Kissinger avait la double fonction de Secrétaire d’Etat et conseiller pour la Sécurité nationale, postes qu’il avait déjà occupé pendant l’administration de Nixon. Immédiatement après les événements en Argentine, suite aux recommandations de Kissinger, le Congrès des États-Unis a approuvé la demande d’assistance en matière de sécurité de la junte pour un montant de 50 millions de dollars, auxquels se sont ajoutés 30 millions de dollars avant la fin de cette même année.

      Des programmes d’entraînement militaires et des ventes d’avion pour une valeur de plusieurs centaines de millions de dollars ont aussi été autorisés. En 1978, après un an de présidence de Jimmy Carter, les inquiétudes en matière de violations des droits de l’homme ont mis fin à l’aide étasunienne. Plus tard, la nouvelle administration a cherché à écarter la junte militaire de toute assistance financière internationale. Néanmoins, ces restrictions ont été annulées avec l’arrivée de Reagan à la Maison-Blanche, début 1981.

       Dans les faits, Kissinger n’a jamais été inquiété pour ses actions au Chili, où des milliers de personnes ont été assassinées par les hommes de main de Pinochet, ou pour le Vietnam ou le Cambodge, où il a ordonné des bombardements aériens à grande échelle qui ont couté la vie d’innombrables civils. L’un de ces principaux critiques, feu Christopher Hitchens, a publié en 2001 un pavé accusateur –"Le Procès de Henri Kissinger– dans lequel il réclamait que Kissinger soit poursuivi "pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, et pour infractions contre le droit coutumier ou international, incluant la conspiration pour commettre des meurtres, des enlèvements, et la torture".

       En pleine Guerre Sale, bien entendu, les généraux argentins nièrent tout simplement tout événement malencontreux. Interrogés au sujet des "disparus", le leader du coup d’Etat, le Général Videla, expliqua avec une froide ambiguïté, "Les disparus sont simplement cela : des disparus. Ils ne sont ni vivants ni morts. Ils sont disparus". D’autres officiers suggéraient que les disparus étaient probablement en train de se cacher, préparant des actions terroristes contre la patrie.

       En réalité, la grande majorité d’entre eux était brutalisée par des agents gouvernementaux dans des prisons secrètes, pour être ensuite – ans la plupart des cas – exécutés. Comme en Allemagne durant l’holocauste, une grande partie de la population argentine comprenait ce qu’il se passait, mais gardait le silence dans un esprit de complicité, ou de peur. Signe d’une époque durant laquelle il était plus simple de se voiler la face, les Argentins qui assistaient à l’enlèvement de leurs voisins par des policiers en civil pour ne jamais revenir adoptèrent une expression qui devint populaire dans le pays : "Algo habrán hecho" – "Ils ont sûrement fait quelque chose".

       De nombreuses preuves sont là pour confirmer l’insensibilité totale de Kissinger, pour certaines aussi inexplicables que choquantes. Il y a aussi une attitude machiste dans certaines de ses remarques. Cela pourrait se comprendre, peut-être, s’il n’avait jamais vraiment exercé de pouvoir, comme c’est le cas jusqu’à maintenant du candidat à la présidence Donald Trump et ses offenses gratuites. Et puis l’on se rend compte que Kissinger, la plus ancienne et emblématique figure de paria de l’histoire moderne des États-Unis, n’est qu’un individu parmi toute une série de personnages à la fois craints et méprisés à cause de l’immoralité des services qu’ils ont rendu mais toujours protégés par l’establishment politique en reconnaissance de ces mêmes services. Les noms de William Tecumseh Sherman, Curtis LeMay, Robert McNamara, et, plus récemment, Donald Rumsfeld, nous viennent à l’esprit.

      Dans le remarquable documentaire d’Errol Morris The Fog War (2003), nous voyions que Mc Namara, qui était un octogénaire à l’époque, était un homme tourmenté qui affrontait ses vieux démons, sans y parvenir, à cause du fardeau moral dû à ses actions en tant que Secrétaire de la Défense américain pendant la Guerre du Vietnam. Il a récemment publié un mémoire dans lequel il tente de faire face à son héritage. A cette période, un journaliste nommé Stephen Talbot l’a interviewé, et a ensuite obtenu une interview avec Kissinger. Il écrivit plus tard sur sa première rencontre avec Kissinger :

       « Je lui ai dit que je venais d’interviewer Robert McNamara à Washington. Ça a retenu son attention, tout d’un coup il est devenu sérieux et puis il a fait quelque chose d’extraordinaire. Il a commencé à pleurer. Mais non, pas avec de vraies larmes... Tout juste devant moi, Henri Kissinger était en train de faire du théâtre. "Boohoo, boohoo," fit-il, en imitant un bébé qui pleure en frottant ses yeux. "Il s’autoflagelle encore n’est-ce pas ? Il se sent encore coupable." Il dit cela d’une voix chanteuse et d’un ton moqueur, en se tapotant le cœur. »

       McNamara est mort en 2009, à l’âge que Kissinger a aujourd’hui – 93 ans – mais les problèmes de conscience qu’il a publiquement exprimés vers la fin de sa vie ont aidé à adoucir sa sombre réputation. Maintenant qu’il approche la fin de sa vie, Kissinger doit se demander quel sera son propre héritage. Il peut être sûr que, au moins, son inébranlable soutien au projet de la superpuissance américaine, peu importe ce qu’il aura coûté en vies, représentera une grande part de cet héritage. Néanmoins, contrairement à McNamara qui aura tenté d’exprimer une certaine repentance tant méprisée par Kissinger, celui-ci n’a fait que démontrer qu’il ne possédait pas de conscience. Et c’est pour cela qu’il paraît fort probable que l’histoire ne l’acquittera pas si facilement.

    »» http://www.newyorker.com/news/news-desk/does-henry-kissinger-have-a-conscience
     

    http://www.legrandsoir.info/henry-kissinger-a-t-il-une-conscience-new-yorker.html
     

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE DOUTE SOUVENT

    MAIS NE RENONCE JAMAIS)

    µµµ

    "Il a eu le culot de me dire

    que mon Fez était fripé...

    -Tes fesses, tu veux dire?

    - Mais non, Chérie, mon fez...

    mon chapeau, quoi!"

    Dovima and Sunny Harnett in a photo by Richard Avedon for Vogue, 1957

    http://wehadfacesthen.tumblr.com/post/151726669080/

    dovima-and-sunny-harnett-in-a-photo-by-richard

    µµµ

    "Mon Dieu... Tu as vu

    ce que fait Wanda sous

    la table du Baron?

    - Je vois surtout son joli popotin"

    qui bouge en cadence...

    - Coquin!"

    Buddy Ebsen and his sister Vilma were

    a Ziegfield act before signing with MGM in 1935

    http://wehadfacesthen.tumblr.com/post/151625823695/

    buddy-ebsen-and-his-sister-vilma-were-a-ziegfield

    µµµ

    "Il ne s'agit pas du carpette mais d'une cornette, malotru!"

    Deborah Kerr in Black Narcissus  (Michael Powell & Emeric Pressburger, 1947)

    gifset by  mybeloveddeborah

    µµµ

    Jacques Damboise


    2 commentaires
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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE NE PENSE PAS

    A DEMAIN)

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    "Alors, Grand Guerrier, on la sort ou on la remet au fourreau?"

     

    %%%

    bric-a-brac.org

    États-Unis. Révélations

    sur les séquelles psychiques

    de la torture américaine

    Bérangère Cagnat et Pierre-Jean de Chambon

        C’est une enquête qui fait froid dans le dos. Elle revient sur les années de torture et les séances d’interrogatoires musclés infligées par la CIA et l’armée américaine aux détenus de la guerre contre le terrorisme.  

       Après les attentats du 11 septembre 2001, sous la présidence de George W. Bush, les juristes du gouvernement et les agents du renseignement savaient que les traitements qu’ils allaient infliger aux personnes suspectées de terrorisme seraient douloureux et choquants. Mais aucune des méthodes employées, conclurent-ils, ne causerait de troubles psychologiques à long terme”, souligne le New York Times. Quinze ans plus tard, “il est clair qu’ils avaient tort”.  

       Pour cette enquête, le quotidien a interrogé plus de cent personnes : détenus, médecins et psychologues militaires, responsables de détention. Ses journalistes ont également compulsé les dossiers médicaux des détenus et les comptes rendus d’interrogatoires et de procès – lorsqu’ils existent.  (...)

        (...) Ce sont les témoignages d’anciens détenus ou de membres de leurs familles qui sont les plus éloquents. Ils détaillent non seulement les sévices qu’ils ont subis – simulation de noyade, douche glacée, privation sensorielle, passage à tabac, chantage et humiliation –, mais ils expliquent également les maux dont ils souffrent aujourd’hui : dépression, cauchemars, crises d’angoisse, syndrome de stress post-traumatique et parfois même des séquelles physiques – comme des lésions au cerveau – liées à la brutalité des traitements qu’ils ont subis.  

        "Aujourd’hui installé en Slovaquie, Hussein Al-Marfadi décrit des maux de tête permanents et un sommeil perturbé, empoisonné par le souvenir de chiens à l’intérieur de sa sombre cellule. Au Kazakhstan, Lotfi Ben Ali est hanté par des cauchemars où il suffoque au fond d’un puits. En Libye, la moindre musique s’échappant de la radio d’une voiture met Majid Mokhtar Sasy Al-Maghrebi dans tous ses états. Cela lui remémore les séances de torture musicale qu’il a subies dans les geôles de la CIA.”

       Tous ces ex-détenus ont aujourd’hui du mal à rebondir, vivent dans la peur, ne font plus confiance à personne. Certains sont devenus agressifs, d’autres renfermés sur eux-mêmes. Ils partagent tous la même douleur et leurs proches ne les reconnaissent plus. “Aujourd’hui, Monsieur Ben Soud, 47 ans, est un homme libre, mais il a en permanence peur du lendemain. ‘Papa, pourquoi te mets-tu soudainement en colère ?’ lui demandent ses enfants.” Ses réactions sont méconnaissables, l’angoisse a envahi son quotidien. (...)

        (...) “Nombre de ces hommes ont été libérés sans jamais avoir été accusés, et sans même savoir pourquoi ils ont été emprisonnés par la CIA ou à Guantánamo”, souligne le journal.

       Khaled El-Masri, un citoyen allemand, est l’un d’entre eux. Les autorités macédoniennes l’ont arrêté alors qu’il était en vacances en 2003. Il dit avoir été battu, déshabillé de force, violenté et envoyé par avion dans une prison secrète de la CIA en Afghanistan. Il a été détenu pendant des mois dans une cellule en béton sans lit. Des mois durant lesquels les passages à tabac et les interrogatoires se sont succédé. Aujourd’hui, il souffre au quotidien de troubles psychologiques importants. “J’ai des absences, je souffre d’amnésie ainsi que de dépression”,témoigne-t-il.  

       Interviewé par le journal new-yorkais, le contre-amiral Peter J. Clarke, actuel commandant du centre de détention de Guantánamo, nie tout trouble psychologique parmi les 61 prisonniers encore détenus sur la base américaine.“J’observe des détenus qui sont très bien adaptés et je ne vois rien qui puisse évoquer des séquelles de ce qui a pu leur arriver par le passé”, explique-t-il.

       Et puis il y a le cas de Salih Hadeeyah Al-Daeiki un ancien détenu libyen qui a survécu aux interrogatoires de la CIA dans la prison secrète dite de la “mine de sel” en Afghanistan. Il vit aujourd’hui en Libye, “souffre de trous de mémoire, confond le nom de ses enfants, éprouve parfois le besoin de s’isoler de sa famille pour se retrouver seul”. Il dit avoir subi des humiliations avoir été “enfermé nu, enchaîné au mur, assommé par de la musique assourdissante”.  

       L’année dernière, une vidéo a fait surface dans laquelle on peut voir Saadi Kadhafi, le fils de l’ancien dictateur libyen, avec un bandeau sur les yeux, attaché sur un fauteuil et contraint d’écouter ce qui semble être les cris de ses codétenus d’Al-Hadba, la prison où sont enfermés les membres de l’ancien régime libyen. Toujours sur la vidéo, on peut voir un homme frapper la plante des pieds du détenu, puis Salih Hadeeyah Al-Daeiki apparaît à l’écran. “Ce sévice était inutile”, reconnaît-il, mais il n’a rien fait pour l’arrêter. “L’objectif était de soutirer des informations au fils du dictateur, d’éviter un bain de sang”… Salih Hadeeyah Al-Daeiki est passé de l’autre côté. Désormais, “c’était lui qui menait les interrogatoires”, conclut le New York Times.

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    Luc Desle


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