• ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AMOUR N'EST PAS

    FIXÉ POUR L’ÉTERNITÉ)

    ***

    "Tu m'aimes énormément, hein?

    - Oui, Mon Amour...

    Tu encaisse le chèque du Loto quand, déjà?"

    apolloniasaintclair:

    Apollonia Saintclair 529 - 20141002 Le baiser du deux fois né (The Bakuss)

    “O BEIJO DE BACO”

    ***

    l-union-fait-la-force.info

    Non Monsieur Plenel, le burkini

    n'est pas un vêtement comme un autre!

       A vous entendre pérorer sur la liberté vestimentaire des femmes musulmanes, confortablement installé dans une démocratie centenaire dont les institutions sont solidement ancrées et où les libertés individuelles sont sacralisées, je sens mes cheveux se dresser sur ma tête non voilée et la colère m'envahir.

       Vous dites que le burkini est un vêtement comme un autre alors que le terme lui-même est un carcan pour les femmes puisqu'il veut dire un mélange entre la burqa (voile total) et le bikini, vêtement de plage. Il ressemble à s'y méprendre à une combinaison de plongée sous-marine avec en plus une capuche qui couvre la tête. Imaginez ce qu'éprouve une femme ainsi couverte, sous le soleil!

       Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre et je sais de quoi je parle puisque je suis une femme de culture musulmane et vivant dans un pays, le Maroc, où l'islam est religion d'Etat. Pays où les droits des femmes ont évolué vers plus de liberté grâce aux femmes qui se sont battues becs et ongles pour que leur voix soit entendue et leur place dans l'espace public reconnue et qui continuent leur lutte encouragées par une volonté politique même si le gouvernement actuel est à majorité islamiste.

       Cependant, leurs droits ne sont pas à l'abri d'une régression par ces temps où la pratique de l'islam est plus une ostentation qu'une dévotion.

       Quand, Monsieur Plenel, vous comparez le burkini à la soutane en parlant de la sacro-sainte liberté individuelle, vous oubliez une chose importante c'est que la soutane est un habit porté par des personnes qui font de la religion une profession et qui bien entendu ne doivent aucunement être discriminées même lors de la séparation de l'Église et de l'Etat.

       A l'opposé, le burkini n'est pas un vêtement professionnel mais une suite logique du voile et de la burqa. C'est un carcan sophistiqué dans lequel on enferme les femmes sur les plages qui sont censées être des lieux de villégiature et de détente. Par ce genre de vêtement, le corps des femmes est entravé afin, paraît-il, de ne pas mettre sans dessus dessous la libido masculine!

       Qu'une personne qui a votre audience dans les médias français et francophones, affirme que le burkini est un vêtement dans lequel une minorité se cherche et qui est une mode passagère me choque car vous oubliez que les musulmans ne sont pas une minorité, l'islam étant la deuxième religion de France et que par conséquent, le burkini pourrait y constituer un danger pour les femmes toutes confessions confondues.

       D'autre part, votre permissivité creuse la tombe des droits acquis par les femmes vivant dans les pays musulmans qui auront vite fait de légitimer cette entrave au corps féminin et toute autre en s'appuyant sur votre notoriété!

       Je ne sais pas si vous en avez connaissance mais, dans ces pays musulmans, nos mères portaient, dans les années soixante, le maillot sur les plages et leurs corps profitaient librement du soleil avant qu'il ne se résume à leur entrejambes. De nos jours, nombreuses sont les femmes qui évitent de porter le maillot à la plage de peur d'être agressées par les fous de la religion qui ne sont en fait que de simples obsédés du sexe.

       Non Monsieur Plenel, le burkini n'est pas un vêtement comme un autre. Il fait partie d'une stratégie qui, si elle est encouragée par des avis permissifs, finira par arriver à son but final: interdire l'espace public aux femmes!

    http://www.huffpostmaghreb.com/fatiha-daoudi/non-monsieur-plenel-le-burkini-nest-pas-un-vetement-comme-un-autre_b_11581122.html

    ***

    Benoît Barvin


    votre commentaire
  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE JUSTE ET L'INJUSTE

    DÎNENT A LA MÊME TABLE)

    ***

    "Qu'est-ce que tu veux, Amanda, dis-moi?

    Que je sois plus quoi exactement, hein?"

    http://norrinffm.tumblr.com/post/149445548775/

    brookelynne-brooke-lynne-george-pitts

    ***

    humeurs.be

    La provocation d’une guerre

    nucléaire par les médias

    John PILGER

       La disculpation d’un homme accusé du pire des crimes, le génocide, n’a pas fait les manchettes. Ni la BBC ni CNN n’en ont parlé. The Guardian s’est permis un bref commentaire. Un tel aveu officiel et rare fut, sans surprise, enterré ou occulté. Cela révélerait trop de choses sur les dirigeants du monde.

       Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) a discrètement blanchi le feu président serbe, Slobodan Milosevic, de crimes de guerre commis pendant la guerre de Bosnie de 1992 à 1995, y compris du massacre de Srebrenica.

       Loin d’avoir conspiré avec le leader des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, qui a été condamné, Milosevic avait en réalité « condamné le nettoyage ethnique », s’était opposé à Karadzic et a tenté d’arrêter la guerre qui a démembré la Yougoslavie. Enterré vers la fin d’un arrêt de 2,590 pages sur Karadzic, publié au mois de Février dernier, cette vérité démolit un peu plus la propagande qui justifia l’assaut illégal de l’OTAN sur la Serbie en 1999.

       Milosevic est mort d’une crise cardiaque en 2006, seul dans sa cellule à La Haye, au cours de ce qui équivaut à un procès bidon par un « tribunal international » inventé par les Etats-Unis. Une intervention chirurgicale, qui aurait pu lui sauver la vie, lui fut refusé et son état s’est empiré et il fut surveillé et maintenu au secret par les autorités US, comme WikiLeaks l’a révélé depuis.

       Milosevic a été victime de la propagande de guerre qui aujourd’hui coule à flots sur nos écrans et journaux et signale un grand danger pour nous tous. Il était l’archétype du démon, vilipendé par les médias occidentaux comme le « boucher des Balkans » qui était responsable de « génocide », en particulier dans la province yougoslave sécessionniste du Kosovo. Le Premier ministre Tony Blair l’a dit, a invoqué l’Holocauste et a demandé des mesures contre « ce nouveau Hitler ».

       David Scheffer, l’ambassadeur itinérant des crimes de guerre [sic], a déclaré que jusqu’à « 225.000 hommes albanais ethniques âgés de 14 à 59 ans » ont pu être assassinés par les forces de Milocevic.

       Ce fut la justification des bombardements de l’OTAN, dirigés par Bill Clinton et Blair, qui tuèrent des centaines de civils dans des hôpitaux, des écoles, des églises, des parcs et des studios de télévision et détruisirent l’infrastructure économique de la Serbie. Ce fut un geste manifestement idéologique ; à une fameuse « conférence de paix » à Rambouillet, en France, Milosevic a été confronté par Madeleine Albright, la secrétaire d’Etat US, qui allait entrer dans les annales de l’infamie avec sa remarque sur la mort d’un demi-million d’enfants irakiens qui « en valait la peine ».

       Albright a communiqué une « offre » à Milosevic qu’aucun leader national ne pouvait accepter. À moins de convenir d’une occupation militaire étrangère de son pays, avec des forces d’occupation « en dehors d’un processus juridique », et de l’imposition d’un « marché libre » néo-libéral, la Serbie serait bombardée. C’était contenu dans une « Annexe B », que les médias n’ont pas lue ou ont censurée. L’objectif était d’écraser le dernier Etat « socialiste » indépendant de l’Europe.

       Une fois que l’OTAN a commencé à bombarder, il y eut une ruée de réfugiés kosovars « fuyant un holocauste ». Quand tout fut terminé, les équipes internationales de police se sont rendues au Kosovo pour exhumer les victimes. Le FBI n’a pas réussi à trouver une seule fosse commune et ils rentrèrent chez eux. L’équipe médico-légale espagnole a fait de même, son chef dénonçant avec colère « une pirouette sémantique par les machines de propagande de guerre ». Le décompte final des morts au Kosovo est 2788. Cela inclut les combattants des deux côtés et les Serbes et les Roms assassinés par le pro-OTAN Front de libération du Kosovo. Il n’y a pas eu de génocide. L’attaque de l’OTAN fut à la fois une fraude et un crime de guerre.

       Tous sauf une fraction des tant vantés missiles à « précision guidée » des Etats-Unis ont touché non pas des cibles militaires mais des civils, y compris les studios de la Radio Télévision de Serbie à Belgrade. Seize personnes ont été tuées, dont des cameramen, des producteurs et une maquilleuse. Blair qualifia les morts, de manière profane, comme « le commandement et le contrôle » de la Serbie.

       En 2008, le procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, Carla Del Ponte, a révélé qu’elle avait subi des pressions pour ne pas enquêter sur les crimes de l’OTAN.

       Ceci devint le modèle pour les invasions futures par Washington de l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et, de manière furtive, la Syrie. Toutes ces invasions pouvaient êtres qualifiées de « crimes suprêmes » selon la norme établie à Nuremberg ; toutes dépendaient de la propagande des médias. Alors que le journalisme à sensation a joué son rôle habituel, c’était le journalisme sérieux, crédible, souvent progressiste qui a fut le plus efficace - la promotion évangélique de Blair et de ses guerres par le Guardian, les mensonges incessants sur les armes de destruction massive inexistantes de Saddam Hussein dans The Observer et leNew York Times, et les battements de tambours ininterrompus de la propagande du gouvernement par la BBC dans le silence de ses omissions.

       Au plus fort des bombardements, Kirsty Wark de la BBC a interviewé le général Wesley Clark, le commandant de l’OTAN. La ville serbe de Nis venait d’être pulvérisé par des bombes à sous-munitions états-uniennes, tuant femmes, personnes âgées et enfants dans un marché ouvert et un hôpital. Wark n’a pas posé une seule question sur ce sujet, ni sur tous les autres morts civils.

       D’autres furent plus effrontés. En Février 2003, au lendemain de l’écrasement de l’Irak par Blair et Bush, le rédacteur en chef politique de la BBC, Andrew Marr, se trouvait à Downing Street [Bureaux du Premier Ministre Britannique – NdT] et prononça ce qui équivaut à un discours de victoire. Il déclara avec enthousiasme à ses téléspectateurs que Blair avait « dit qu’ils seraient en mesure de prendre Bagdad sans bain de sang, et qu’en fin de compte les Irakiens allient célébrer. Et sur ces deux points, il a eu totalement raison ». Aujourd’hui, avec un million de morts et une société en ruines, les interviews de Marr à la BBC sont recommandées par l’ambassade des Etats-Unis à Londres.

       Les collègues de Marr s’alignèrent pour qualifier les actions de Blair de « justifiées ». Le correspondant à Washington de la BBC, Matt Frei, déclara : « Il ne fait aucun doute que la volonté d’apporter le bien, les valeurs américaines au reste du monde, et en particulier au Moyen-Orient ... est désormais de plus en plus liée au pouvoir militaire. »

       Cette prosternation devant les États-Unis et leurs collaborateurs comme une force bienveillante qui « apportent le bien » est profondément ancrée dans le journalisme occidental moderne. Il veille à ce que la catastrophe actuelle en Syrie soit exclusivement de la faute de Bachar al-Assad, contre qui l’Occident et Israël conspirent depuis longtemps, non pas pour des considérations humanitaires, mais pour consolider le pouvoir agressif d’Israël dans la région. Les forces jihadistes déchaînées et armées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, la Turquie et leurs mandataires de la « coalition » sont là pour ça. Ce sont eux qui dispensent la propagande et les vidéos qui deviennent des informations aux États-Unis et en Europe, et qui fournissent un accès aux journalistes et garantissent une « couverture » partisane de la Syrie.

       Aux informations, on parle de la ville d’Alep. La plupart des lecteurs et téléspectateurs ne seront pas au courant que la majorité de la population d’Alep vit dans la partie occidentale contrôlée par le gouvernement. Le fait qu’ils souffrent quotidiennement des bombardements d’artillerie d’al-Qaida parrainé par l’Occident n’est pas mentionné. Le 21 Juillet, les bombardiers français et américains ont attaqué un village du gouvernement dans la province d’Alep, tuant jusqu’à 125 civils. Cela a été rapporté en page 22 du Guardian ; il n’y a pas eu de photos.

       Après avoir créé et soutenu le djihadisme en Afghanistan dans les années 1980 dans le cadre de l’Opération Cyclone - une arme qui visait à détruire l’Union soviétique - les États-Unis sont en train de faire quelque chose de similaire en Syrie. Comme les moudjahidin afghans, les « rebelles » syriens sont les fantassins de l’Amérique et de la Grande-Bretagne. Beaucoup combattent pour al-Qaida et ses variantes ; certains, comme le Front Nosra, se sont rebaptisés pour se conformer aux sensibilités américaines post-11 Septembre. La CIA les dirige, avec difficulté, comme elle dirige des djihadistes partout dans le monde.

    sans-langue-de-bois.eklablog.fr

       L’objectif immédiat est de détruire le gouvernement de Damas qui, selon le sondage le plus crédible (YouGov Siraj), est soutenu par la majorité des Syriens, ou tout au moins qui se retournent vers lui pour sa protection, quelle que soit la barbarie qui peut régner en coulisses. L’objectif à long terme est de nier à la Russie un allié clé du Moyen-Orient dans le cadre d’une guerre d’usure de l’Otan contre la Fédération de Russie qui finirait éventuellement par détruire cette dernière.

       Le risque nucléaire est évident, bien qu’occulté par les médias du « monde libre ». Les éditorialistes duWashington Post, ayant promu le mensonge sur les Armes de destruction massive en Irak, demandent à Obama d’attaquer la Syrie. Hillary Clinton, qui se réjouissait publiquement de son rôle de son bourreau lors de la destruction de la Libye, a indiqué à plusieurs reprises que, en tant que présidente, elle « ira plus loin » qu’Obama.

       Gareth Porter, un journaliste basé à Washington, a récemment révélé les noms de ceux qui sont susceptibles de faire partie du cabinet Clinton, qui planifient une attaque sur la Syrie. Tous ont des passés de belligérants de la guerre froide ; l’ancien directeur de la CIA, Leon Panetta, a déclaré que « le prochain président devra envisager d’envoyer des forces spéciales supplémentaires sur le terrain ».

       Le plus remarquable dans la propagande de guerre qui bat actuellement son plein est son côté absurde et familier. J’ai visionné des films d’archives des années 1950 à Washington, à l’époque où des diplomates, des fonctionnaires et des journalistes étaient traqués et ruinés par la chasse aux sorcières déclenchée par le sénateur Joe McCarthy contre ceux qui contestaient les mensonges et la paranoïa au sujet de l’Union Soviétique et de la Chine. Comme une tumeur renaissante, le culte anti-Russe est de retour.

       En Grande-Bretagne, Luke Harding du Guardian entraîne ses lecteurs qui détestent la Russie dans un flot de parodies journalistiques qui attribuent à Vladimir Poutine tous les malheurs de la terre. Lorsque la fuite des Panama Papers fut publiée, la première page du quotidien mentionna M. Poutine, et il y avait une image de Poutine ; peu importe si le nom de Poutine n’était mentionné nulle part dans les documents.

       Comme Milosevic, Poutine est le Diable en chef. C’est Poutine qui a abattu un avion de ligne Malaisienne au-dessus de l’Ukraine. Le titre auquel on a eu droit est le suivant : « En ce qui me concerne, Poutine a tué mon fils. » Pas besoin de preuves. C’est Poutine qui est responsable du renversement du gouvernement élu à Kiev en 2014, organisé (et financé) par – documents à l’appui - Washington. La campagne de terreur qui a suivi, déclenchée par les milices fascistes contre la population russophone de l’Ukraine était le résultat de « l’agression » de Poutine. Prévenir que la Crimée ne devienne une base de missiles de l’OTAN et protéger la population majoritairement russe qui s’était prononcée par référendum pour son intégration à la Russie – à la suite de quoi la Crimée fut annexée - étaient autant d’exemples de « l’agression » de Poutine. La calomnie par les médias devient inévitablement une guerre par les médias. Si la guerre avec la Russie éclate, à dessein ou par accident, les journalistes en porteront une grande part de responsabilité.

       Aux Etats-Unis, la campagne anti-Russe s’assimile à la réalité virtuelle. Paul Krugman du New York Times, un économiste lauréat du prix Nobel, a appelé Donald Trump le « candidat Sibérien » parce que Trump est l’homme de Poutine, dit-il. Trump a osé suggérer, dans un moment rare de lucidité, qu’une guerre avec la Russie pourrait être une mauvaise idée. En fait, il est allé plus loin et a retiré les livraisons d’armes US à l’Ukraine de son programme. « Ne serait-ce pas merveilleux si nous nous entendions avec la Russie, » a-t-il dit.

       C’est pourquoi l’establishment libéral belliciste des Etats-Unis le déteste. Son racisme, sa démagogie et ses rodomontades n’ont rien à voir avec ça. En matière de racisme et d’extrémisme, Bill et Hillary Clinton n’ont rien à envier à Trump. (Cette semaine marque le 20e anniversaire de la « réforme de la protection sociale » de Clinton qui a été une guerre contre les Afro-Américains). Quant à Obama : tandis que les armes de la police US abattent ses frères afro-américains, le grand espoir de la Maison Blanche n’a rien fait pour les protéger, rien fait pour soulager leur misère, tout en menant quatre guerres rapaces et une campagne d’assassinat sans précédent.

       La CIA a demandé que Trump ne soit pas élu. Des généraux du Pentagone ont demandé qu’il ne soit pas élu. Le pro-guerre du New York Times – pendant les pauses de leur campagnes anti-Poutine - demandent qu’il ne soit pas élu. Il y a quelque chose qui se mijote. Ces tribuns de la « guerre perpétuelle » sont terrifiés que le business de plusieurs milliards de dollars de la guerre par laquelle les Etats-Unis maintiennent leur domination serait compromis si Trump trouvait un accord avec Poutine, puis avec Xi Jinping de la Chine. Leur panique devant la possibilité d’une grande puissance parlant de paix dans le monde - ce qui est peu probable - serait une farce macabre si l’avenir n’était pas aussi sombre.

       « Trump aurait aimé Staline ! » hurla le vice-président Joe Biden lors d’un rassemblement de soutien à Hillary Clinton. Avec Clinton hochant la tête, il a crié : « Nous ne nous inclinons jamais. Nous ne plions jamais. Nous ne nous agenouillons jamais. Nous ne cédons jamais. La victoire est à nous. Voilà qui nous sommes. Nous sommes l’Amérique ! »

       En Grande-Bretagne, Jeremy Corbyn a également provoqué l’hystérie des faiseurs de guerre du Parti travailliste et d’un média qui se consacre à lui rentrer dedans. Lord West, ancien amiral et ministre du Travail, l’a bien formulé. Corbyn prenait une position anti-guerre « scandaleuse » « parce que cela lui attire le vote des masses irréfléchies ».

       Lors d’un débat avec son challenger à la direction du parti, Owen Smith, le modérateur a demandé à Corbyn : « Comment réagiriez-vous en cas de violation par Vladimir Poutine d’un Etat-membre de l’Otan ? »

       Corbyn a répondu : « Vous voudriez d’abord éviter que cela n’arrive. Vous établiriez un bon dialogue avec la Russie ... Nous pourrions tenter une démilitarisation des frontières entre la Russie, l’Ukraine et les autres pays frontaliers de la Russie en l’Europe de l’Est. Ce que nous ne pouvons pas faire c’est de laisser une série d’accumulations de troupes calamiteuses de chaque côté, ce qui nous conduit inéluctablement vers un grand danger »

       Pressé de dire s’il autoriserait la guerre contre la Russie « s’il le fallait », Corbyn a répondu : « Je ne veux pas faire la guerre - ce que je veux c’est parvenir à un monde où on n’aurait pas à faire la guerre ».

       Poser une telle série de questions doit beaucoup à la montée des libéraux bellicistes en Grande-Bretagne. Depuis longtemps, le Parti travailliste et les médias leur ont offert des opportunités de carrière. Pendant un certain temps, le tsunami moral du grand crime commis contre l’Irak a provoqué un flottement, leurs contre-vérités flagrantes sont devenues un fardeau embarrassant mais passager. Indépendamment du rapport Chilcot et de la montagne de faits qui l’incriminent, Blair est toujours leur source d’inspiration, parce qu’il est un « gagnant ».

       Le journalisme et enseignements dissidents ont depuis été systématiquement bannis ou accaparés, et les idées démocratiques vidées pour être remplacées par la « politique identitaire » qui confond genre et féminisme, l’angoisse de la société et libération, et qui ignore volontairement la violence d’Etat et le mercantilisme des armes qui détruisent d’innombrables vies dans des pays lointains, comme le Yémen et la Syrie, et qui invitent la guerre nucléaire en Europe et à travers le monde.

       La mobilisation de personnes de tous âges autour de la montée spectaculaire de Jeremy Corbyn peut constituer une certaine résistance. Il a passé sa vie à dénoncer les horreurs de la guerre. Le problème pour Corbyn et ses partisans est le Parti Travailliste. Aux Etats-Unis, le problème pour les milliers d’adeptes de Bernie Sanders est le Parti Démocrate, sans parler de l’ultime trahison de leur grand espoir [son ralliement en rase-campagne à H. Clinton - NdT].

       Aux Etats-Unis, pays des grands mouvements pour les droits civiques et contre la guerre, ce sont les mouvements comme Black Lives Matter et CODEPINK qui constituent les graines d’une version moderne.

       Seul un mouvement qui grossirait à chaque coin de rue, qui déborderait des frontières et qui n’abandonnerait pas pourrait arrêter les fauteurs de guerre. L’année prochaine, cela fera un siècle que Wilfred Owen a écrit ce qui suit. Chaque journaliste devrait le lire et le retenir.

    Si vous entendiez, à chaque cahot, le sang
    Qui gargouille et s’écoule de ces poumons empoisonnés,
    Cancer obscène, tel le reflux amer de plaies
    Infectes et incurables sur des langues innocentes,
    Mon ami, vous mettriez moins de zèle à répéter
    À des enfants en mal de gloire désespérée,
    Le vieux mensonge : Dulce et decorum est
    Pro patria mori.

    (Traduction française par Georges Gernot)

    John Pilger

    Traduction "quand organiserons-nous un nouveau Nuremberg ?" par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

    Journaliste, cinéaste et auteur, John Pilger est l’un des deux journalistes à avoir remporté deux fois la plus haute distinction du journalisme britannique. Pour ses documentaires, il a remporté un Emmy, un British Academy Award, un BAFTA. Parmi de nombreux autres prix, il a remporté un Prix du meilleur documentaire du Royal Television Society. Son épopée de 1979 ,Cambodge année zéro, est classé par le British Film Institute comme l’un des dix documentaires les plus importants du 20e siècle.

     http://johnpilger.com/articles/provoking-nuclear-war-by-media

    ***

    Luc Desle


    votre commentaire
  • $$$

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SILENCE FAIT PLUS DE BRUIT

    QUE LE BRUIT LUI-MÊME)

    $$$

    "Mais c'est pas possible! J'AI HORREUR DES ROSES! 

    Je les déteste! Je ne peux pas les voir en peinture!

    Tiens! tiens, tiens! Voilà ce que j'en fais de

    tes put... de roses!"

    Walter Molino, 1958

    http://zeezrom.tumblr.com/post/144432873905/walter-molino-1958

    $$$

    chautard.info

    Peut-on fabriquer un téléphone équitable ?

       Avec 1,4 milliard d’appareils fabriqués en 2015 (1), le smartphone (« téléphone intelligent ») est un symbole-phare de l’économie mondialisée, résumée au dos de chaque iPhone par cette formule : « Conçu en Californie, assemblé en Chine. » Les deux marques principales, Apple (231 millions d’appareils en 2015) et son rival sud-coréen Samsung (324 millions) (2), se livrent à une concurrence acharnée.

       Cela se traduit par des conditions de travail déplorables dans les usines asiatiques d’assemblage, mises en lumière par plusieurs vagues de suicides chez Foxconn, l’un des principaux sous-traitants chinois. En août 2015, Samsung a été contraint de créer un fonds de 78 millions d’euros pour indemniser les employés de ses usines, chez lesquels on a décelé plus de deux cents cas de leucémie (3). Accusé à son tour de faire travailler des enfants (4), le troisième producteur, Huawei, a dû fermer une usine en 2014.

       En outre, plus d’une trentaine de minerais en provenance de plusieurs continents entrent dans le processus de fabrication des smartphones. Ils sont arrachés aux entrailles de la Terre au mépris de l’impact social ou environnemental de cette extraction, qui nourrit aussi des conflits armés, comme en République démocratique du Congo (RDC).

       Produire un téléphone portable tout en respectant les hommes et l’environnement relèverait-il donc de l’utopie, voire de la mission impossible ? L’entreprise sociale néerlandaise Fairphone a voulu relever le défi. Depuis le printemps 2013, elle a vendu soixante mille exemplaires de ce qu’elle présente comme un « téléphone éthique ». A l’été 2015, elle a lancé le Fairphone 2, dont elle espère écouler cent mille unités par an. Ses arguments : les minerais utilisés ne financent pas les milices de RDC ; l’assemblage se déroule dans des usines chinoises où des inspections permettent de s’assurer de conditions de travail décentes et dont les ouvriers bénéficient d’un fonds de prévoyance.

       La conception du téléphone permet également de prolonger son cycle de vie et de réduire son impact environnemental en rendant les pièces de rechange facilement accessibles et remplaçables par les utilisateurs. Employant autant que possible du plastique et du cuivre recyclés, Fairphone a mis en place une filière de récupération de ses appareils en Europe et un programme de recyclage des téléphones au Ghana.

       L’entreprise ne compte pas sur des investisseurs mais sur les consommateurs, sollicités en 2013 à travers une campagne de financement participatif sur Internet qui a permis de lever près de 7 millions d’euros en quelques semaines. Le second modèle a lui aussi vu le jour grâce à un système de précommande : les acquéreurs ont accepté de débourser 525 euros pour un appareil qui n’était pas encore fabriqué et qui leur a été livré au bout de plusieurs mois. (...)

       (...) Le lancement de ces deux téléphones, dont la valeur ajoutée n’était pas que technologique, a suscité un bel enthousiasme dans les médias, toujours prompts à saluer les initiatives « éthiques » et « équitables », en dépit des nombreuses limites de ce nouveau mode de production (5). « Le Fairphone est encore loin d’être équitable », reconnaît pourtant le fabricant lui-même. L’ambition, plus modeste, est de « construire un mouvement en faveur d’une électronique plus équitable », tout en étant conscient que le chemin sera escarpé et semé d’embûches. Comme le raconte M. Bas Van Abel — rencontré au siège de sa société, au troisième étage d’un ancien hangar industriel sur le port d’Amsterdam —, pour commencer à travailler en RDC, Fairphone a dû consacrer ses premières dépenses... à la corruption de fonctionnaires locaux : il s’agissait d’obtenir des agents chargés des mines le droit d’y tourner des images.

       Puis il a fallu faire face à une autre réalité, dont témoigne une vidéo filmée par l’équipe en 2011 dans la région du Katanga, dans le sud du Congo : le secteur minier est avant tout artisanal, et même familial ; de jeunes enfants y travaillent avec leurs parents. Par ailleurs, pour trouver de l’étain certifié « non entaché de conflits », Fairphone a rejoint un consortium d’industriels, d’organisations non gouvernementales (ONG) et d’acteurs locaux et internationaux. Ils recourent à un système de certification impliquant un emballage et un étiquetage spécifiques (6).

       Lancé après des recommandations du groupe d’experts des Nations unies, ce programme est devenu indispensable après l’adoption par le Congrès américain de la loi Dodd-Frank, en juillet 2010. Censée encadrer les pratiques de Wall Street, la disposition 1502 de ce texte oblige les compagnies cotées aux Etats-Unis à s’assurer qu’elles n’utilisent pas de minerais finançant des groupes armés de RDC. Problème : le processus de certification des mines est balbutiant. Et, cinq ans plus tard, seuls quelques dizaines de sites peuvent vendre de l’étain légalement. Par précaution et par facilité, nombre de géants de l’électronique cessent de se fournir sur place, créant un embargo de fait sur les « trois T » — étain (tin en anglais), tantale et tungstène — qui bouleverse totalement le secteur minier, dont dépendent huit à dix millions de personnes.

       Deux doctorants, Christoph Vogel, de l’université de Zurich, et Ben Radley, de l’International Institute of Social Studies de La Haye, se sont rendus en 2013 et 2014 dans les quatre zones les mieux gérées. Ils y ont trouvé « une situation économique désastreuse (7) » : baisse ou stagnation des prix et coûts supplémentaires pour les mineurs, tandis que le marché noir a explosé. Pis, l’immensité du territoire et la mobilité des groupes armés font qu’une mine certifiée peut passer sous leur contrôle ou sous celui de leurs affidés en civil. De nombreux mineurs ont dû reprendre leur activité de paysan, en moyenne six fois moins lucrative. D’autres se sont engagés dans les milices.

       Un groupe de 70 universitaires, représentants d’ONG et autres experts congolais et internationaux ont dénoncé cette situation dans une lettre ouverte publiée en septembre 2014 : « Les minerais alimentent les conflits, mais n’en sont pas la cause (...). Les luttes de pouvoir au niveau régional et national, les questions d’accès aux terres, d’identité et de citoyenneté sont beaucoup plus des facteurs structurels conduisant aux conflits », écrivent-ils, avant de réclamer une meilleure écoute des acteurs locaux. Si « des progrès ont été faits vers des produits un peu plus éthiques, rien n’a été réalisé pour améliorer les conditions de vie des Congolais », déplorent ces experts, parmi lesquels les doctorants Vogel et Radley, qui redoutent que le « commerce équitable » ne serve de paravent à un néocolonialisme économique dans l’est du Congo.

       « Il y a du vrai là-dedans, reconnaît sans ambages M. Van Abel. Les initiatives pour la certification n’ont pas contribué au développement des communautés locales comme nous l’espérions. Mais elles ont permis le redémarrage des échanges et sont essentielles pour redonner confiance aux acheteurs vis-à-vis de la RDC. » L’entreprise fait état de ces difficultés sur son site, demandant un peu de patience aux critiques.« Il faudra ensuite s’attaquer au travail des enfants. L’ambition, c’est de faire toujours mieux. »

       Après l’étain et le tantale certifiés, la société a sélectionné des mines responsables pour le tungstène au Rwanda et souhaite recourir à de l’or issu du commerce équitable au Pérou et en Colombie. Mais la grande difficulté reste de pénétrer le marché de l’or en Chine, nous explique M. Van Abel, qui revient d’un voyage à la rencontre de son nouveau prestataire : Hi-P International. Pour garantir une fabrication de ses appareils dans des conditions satisfaisantes, l’entreprise missionne régulièrement des employés.

       Elle a également mandaté une organisation chinoise d’audit et de conseil qui réalise un bilan social chez le fabricant, publié ensuite en ligne. Dans l’usine Hi-P de Suzhou (province du Jiangsu) ont ainsi été signalés des problèmes de sécurité, de recours à un grand nombre d’intérimaires (61 % des effectifs) et surtout de durée hebdomadaire du travail : « En juillet 2014, certains ouvriers ont pu travailler jusqu’à soixante-dix-sept heures par semaine et jusqu’à vingt-huit jours d’affilée (8) », constate un rapport de la société d’audit. Selon Fairphone, Hi-P s’est engagé à limiter le recours aux intérimaires et à ne pas dépasser soixante heures de travail par semaine. Toutefois, précise M. Van Abel, « si l’on réduit trop le temps de travail, les ouvriers gagneront moins d’argent et risquent de partir. Les heures supplémentaires forment une part importante de leur salaire ; il faut trouver une forme de compensation monétaire ».

       Grâce aux conseils du syndicat allemand IG Metall et d’un organisme de recherche spécialisé dans les sociétés transnationales, SOMO (9), est née l’idée du fonds de prévoyance des travailleurs, censé améliorer le quotidien des ouvriers et leur fournir un nouvel organe de représentation au sein de leur entreprise. Abondé à hauteur de 5 dollars par appareil vendu, ce fonds a collecté 300 000 dollars (272 000 euros) avec la première version du smartphone, et cette somme a profité aux cinq cents à neuf cents ouvriers (selon le carnet de commandes) du sous-traitant d’alors, Guohong. Pour l’essentiel, elle a été versée sous forme de primes (en moyenne, 90 euros supplémentaires par mois).

    ma-chienne-de-vie.com

       Elle a aussi permis d’ajouter des fruits à la cantine ou d’organiser des soirées et des sorties. Mais, comme Fairphone change de fabricant pour le nouvel appareil, ce fonds se bornera désormais, chez Guohong, à servir de canal de communication, de lieu de dialogue entre les ouvriers et leur direction. Fairphone est actuellement en train de mettre en place ce fonds au sein de l’usine d’assemblage Hi-P de Shenzou (province du Hebei) au profit de l’ensemble des ouvriers, soit environ trois mille salariés.

       Pourquoi l’entreprise a-t-elle baptisé son téléphone « Fairphone » s’il ne répond pas aux critères du commerce équitable (fair trade) ? N’y a-t-il pas tromperie sur la marchandise ? M. Van Abel répond par une pirouette : « Ce nom ne dit pas ce que nous sommes, mais ce que nous voulons être. » Pour s’en expliquer, il revient aux origines du projet : une campagne sur les minerais provenant de zones de conflit lancée en 2010 avec l’ONG Action Aid, alors qu’il dirigeait la Waag Society, une fondation néerlandaise pour les arts, les sciences et les technologies. « Nous ne voulions pas une mobilisation habituelle des ONG. Comme je suis designer, j’ai pensé que fabriquer un téléphone pouvait être une bonne manière de dévoiler les enjeux qui se cachent dans sa chaîne d’approvisionnement. »

       Après deux ans passés à chercher une mine d’étain « non entachée de conflits » en RDC, puis une usine chinoise prête à accepter de relever (un peu) ses normes sociales, Fairphone change de statut et devient une entreprise sociale en 2013. La question du nom suscite alors des débats internes : « Nous voulions utiliser le mot “fair” pour que les gens se demandent ce que signifie vraiment cette notion. Cela peut aussi conduire ceux qui possèdent un iPhone ou un Samsung à s’interroger sur leur responsabilité sociale et environnementale. » D’où la transparence de la société, qui publie sur son site la liste de ses fournisseurs, la répartition de ses coûts de fabrication et les bilans sociaux de ses prestataires, sans chercher à dissimuler les aspects négatifs.

       Quand Fairphone a lancé sa campagne de financement participatif, la stratégie de communication visait à se mettre « en position de vulnérabilité ». « Chaque fois que l’on nous critiquait — et ça n’a pas manqué —, nous accueillions ces critiques bien volontiers », raconte le PDG, qui est allé jusqu’à appeler des journaux allemands et néerlandais pour leur raconter la corruption nécessaire pour tourner des images dans les mines. Pensé comme un « procédé narratif fournissant une métaphore efficace pour la complexité d’une chaîne d’approvisionnement », le Fairphone conduit à interroger les pratiques de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. Car si cet appareil est encore loin d’être équitable, que dire des autres ? Lorsqu’on procède à un test comparatif, il supplante largement le Galaxy S4 de Samsung, le premier certifié « écologiquement et socialement responsable » par l’organisme suédois TCO Development, qui fait à peine mieux qu’un téléphone non certifié.

       Les acteurs du commerce équitable voient ce nouveau produit d’un bon œil. Mme Emilie Durochat, coordinatrice de la Plate-forme pour le commerce équitable, salue un « outil de dénonciation des conditions de travail ». « Avec ce seul téléphone, on peut parler de beaucoup de sujets », constate Mme Dominique Royet, directrice de Max Havelaar France, qui y voit « une démarche de progrès continu. En cela, Fairphone rejoint l’approche du commerce équitable, né pour faire évoluer les règles du commerce mondial ».

       Avec un chiffre d’affaires passé de 0 à 16 millions d’euros en un an et demi — et intégralement réinvesti —, Fairphone s’est vu attribuer le titre de « start-up technologique la plus prospère » par la publication spécialisée en ligne The Next Web (10). Voilà qui adresse un message au secteur : il y a une attente des consommateurs pour des produits tendant vers plus d’éthique.

     

    (1) International Data Corporation (IDC), 27 janvier 2016, www.idc.com

    (2) Lire Martine Bulard, « Samsung ou l’empire de la peur », Le Monde diplomatique,juillet 2013.

    (3) Santé & travail, no 92, Paris, octobre 2015.

    (4) Notamment sur le site http://chinalaborwatch.org et dans « Les secrets inavouables de nos téléphones portables », « Cash investigation », France 2, 4 novembre 2014.

    (5) Lire Christian Jacquiau, « Max Havelaar ou les ambiguïtés du commerce équitable », Le Monde diplomatique, septembre 2007.

    (6) Sur l’initiative pour un étain non entaché de conflits (Conflict-Free Tin Initiative, CFTI), cf. http://solutions-network.org. Sur l’initiative conjointe pour l’approvisionnement de l’étain, du tantale et du tungstène (ITRI Tin Supply Chain Initiative), cf. www.itri.co.uk

    (7) Christoph Vogel et Ben Radley, « In Eastern Congo, economic colonialism in the guise of ethical consumption ? », The Washington Post, 10 septembre 2014.

    (8) « Social Assessment Program : Hi-P » (PDF), Fairphone, avril 2015.

    (9) Centre for Research on Multinational Corporations, www.somo.nl

    (10) « Fairphone named Europe’s fastest-growing startup of 2015 », TNW News, 24 avril 2015.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/RAOUL/54919

    $$$

    Luc Desle


    votre commentaire
  • %%%

    Pensées pour nous-mêmes:

    (METS TA PENSÉE

    EN APESANTEUR)

    %%%

    "CHERIE! N'APPUIE PAS...

    aussi fort sur le champignon... Sigh..."

    REBLOGGED FROM GIFBRKMR

    %%%

    "Chérie? Y'a un type qui me dit un truc avec les mains...

    - C'est porno?

    - Heu... Non, je ne crois pas, hélas..."

    Robert DeNiro

    (Source: anfa64)

    %%%

    (Quand il délivrait les paquets soigneusement concoctés par

    ses clients djihadistes, le postier de la Mort était content)

    http://zestyblog.tumblr.com/post/148957271832

    %%%

    Blanche Baptiste


    votre commentaire
  • ¤¤¤

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA POÉSIE EST

    L'AU-DELÀ DU MONDE)

    ¤¤¤

     

    actuabd.com

    ¤¤¤

    stripsjournal.canalblog.com

    Le sale air de la peur

    Yann FIEVET

       Un climat de peur semble envahir inexorablement le royaume de France. Le monarque et ses ministres se servent allègrement de ce climat en même temps qu’il le suscite sournoisement. D’où vient la peur montante, à quelles sources s’alimente-t-elle ? Un tri est indispensable entre causes objectives et causes subjectives du phénomène. S’agissant de ces dernières il est difficile de nier que la production d’un environnement social anxiogène ne peut qu’être que propice à l’exacerbation de la peur. Parmi les facteurs anxiogènes, la dérive sécuritaire que représente l’accentuation du rôle répressif du couple police/justice ces dernières années en France est pour le moins déterminante.

       Les raisons d’avoir peur sont multiples. Les individus ne sont pas affectés au même degré par l’anxiété que peut provoquer un événement donné. Avant de craindre pour sa vie ou celle de ses proches il existe de nombreuses raisons de craindre que demain soit pire qu’aujourd’hui. Ainsi, cela fait près de quatre décennies que l’insécurité sociale progresse dans notre pays, comme chez nos voisins européens du reste. L’emploi et les revenus sont de plus en plus souvent précaires, le taux de chômage réel de la population n’a jamais été aussi élevé, le nombre de nos concitoyens vivant sous le seuil de pauvreté augmente chaque année. Alors, comment rester serein lorsque l’on est déjà concerné par la précarité ou que l’on est menacé d’y tomber prochainement.

       La dégradation de la qualité des « services publics », la panne de l’ascenseur sociale que l’Ecole a pu constituer pour d’anciennes générations, l’insuffisante prise en charge des plus démunis par le système de protection sociale, tout cela n’arrange évidemment rien. Et l’anxiété est cousine de la résignation. Demain sera forcément plus sombre : par exemple, personne ne croit vraiment que la loi « travail » va améliorer le sort de la plupart des salariés. Les attentats perpétrés en France par les « fous d’Allah » ont donc bon dos en ce sens qu’ils interviennent au sein d’une société en proie au doute quant à la quiétude nécessaire à son épanouissement.

       Ils offrent cependant l’occasion de mettre en place le cadre de contention d’une société toujours susceptible de ne plus accepter la soumission au néolibéralisme économique que l’on attend d’elle.

       Les plus précaires des précaires sont les premiers visés par le durcissement de la gestion sécuritaire de la question sociale. Ainsi, l’on constate depuis quelques semaines un usage croissant et quotidien de la violence verbale et physique de la police à l’égard des migrants. Le 22 juillet, le démantèlement du dernier camp qui s’était formé aux abords du métro Jaurès ( !) dans le 19è arrondissement de Paris a donné lieu à des charges policières aveugles à coup de gaz lacrymogènes. Dans la nuit du dimanche 31 juillet, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à charger brutalement et à matraquer indistinctement ces déshérités, dont une vingtaine de femmes et d’enfants, pour les empêcher d’installer un nouveau campement.

       La brutalité policière semble devenue la réponse commune à diverses franges de la société. Elle existe depuis longtemps désormais dans les quartiers populaires où la police contrôle, harcèle, frappe et tue sans ne jamais être inquiétée. On ne compte plus les personnes arrêtées mortes par « asphyxie » – comme Ali Ziri, Lamine Dieng, Wissam El Yamni ou Adama Traoré le 19 juillet dernier à Beaumont-sur-Oise. Les manifestants des « mouvements sociaux » en font également largement les frais lorsqu’ils se heurtent à des policiers qui frappent, gazent, matraquent, blessent et mutilent.

       Les exemples font florès : opposants à la loi El Khomri, zadistes de Notre-Dame- des Landes, contre-manifestants lors de la COP 21 à Paris en novembre 2015 mort de Rémi Fraisse à Civens en octobre 2014, éborgnés au flash-ball ici ou là. Les conflits du travail sont eux aussi l’occasion désormais d’une répression inédite : condamnation à des peines de prison ferme pour neuf salariés de Goodyear l’an dernier, validation en août dernier par Myriam El Khomri, Ministre du Travail, de la procédure de licenciement frappant Vincent Martinez, délégué CGT d’Air France (affaire dite de « la chemise ») Alors même que l’Inspection du travail avait refusé ce licenciement.

       Ce « maintien de l’ordre » plus que musclé sonne comme autant d’avertissements lancés à l’adresse de tout citoyen à qui pourrait venir l’envie de s’opposer aux criantes injustices du temps, à l’arbitraire honteux frappant les plus faibles, aux délirants projets d’infrastructures destructeurs de l’environnement, aux reculs sociaux contenus par des lois adoptées sans vote parlementaire. Dans le même temps, le climat de tension devenu quasi permanent ne peut que favoriser le développement de l’anxiété déjà présente chez nombre de nos congénères. Enfin – et surtout - la peur n’épargne pas les « gouvernants ». Face aux attentats « islamiques » leur manque de sérénité est patent. Ils agissent dans la seule urgence, loin de la réflexion et de l’apaisement des esprits que réclame la survenue de l’inédite barbarie.

       Cet affolement révèle un fait : l’impuissance du Gouvernement à soulager quelque peu la crise économique et sociale n’a d’égal que la puissance sans cesse renforcée des arsenaux policier et judiciaire. Une compensation dramatique à laquelle la Droite et le Front National surenchérissent forcément. Incontestablement, le manque de sérénité des gouvernants et la surenchère de leurs opposants sont communicatifs et aggravent ainsi la dérive anxiogène de notre société. A la fin du mois de juillet dernier nos autorités – de plus en plus autoritaires à mesure qu’elles font de moins en moins autorité – ont décidé qu’à compter de la prochaine rentrée des exercices de simulation d’attaques « terroristes » auront lieu chaque trimestre dans tous les établissements scolaires.

       Quels seront les effets de ces simulacres sur la psychologie des enfants et des adolescents qu’il conviendrait plutôt de maintenir dans une certaine insouciance dont leur épanouissement a besoin? Là encore il faut montrer que l’on agit. Peu importe que l’action pour l’action reste impuissante si la communication de l’action redresse la popularité de ses auteurs.

       Nous marchons vers la catastrophe. En instrumentalisant le sentiment de peur - qu’ils contribuent à alimenter - au lieu de chercher à résoudre la crise économique et sociale, nos dirigeants – qui tous comptes faits ne dirigent plus grand-chose – ne font que nourrir l’animosité, pour ne pas dire la haine, envers des catégories sociales supposées ennemies de l’intérieur. La « Garde nationale » ou les milices d’autodéfense auront du pain sur la planche. Décidément, la peur a un sale air, un air de déjà vu, un air qu’il serait préférable de ne pas rejouer.

    Les Zindignés - No 37 – Septembre 2016


    http://www.legrandsoir.info/le-sale-air-de-la-peur.html

    ¤¤¤

    Luc Desle


    2 commentaires
  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE SURTOUT PAS OUBLIER

    D'OUVRIR LE GAZ

    POUR MIEUX PARTIR)

    Pcc Jacques Damboise in

    "Pensées fromagères"

    ***

    (Cet écrivain cultivait un certain goût du fantastique fantasque)

    (via a-rebel-without-applause)

     

    ***

    absurde.over-blog.net

    Consommer sa propre électricité

    va devenir plus facile

    Source : Marc Sautelet pour Reporterre

       Utiliser l’électricité que l’on produit soi-même avec des panneaux solaires : la pratique, baptisée autoconsommation, est encore marginale en France comparé à d’autres voisins européens.

       Aujourd’hui seuls 15.000 foyers français et quelques dizaines d’entreprises se sont pour le moment lancés dans l’aventure de l’autoconsommation. En cause : manque de règles claires, absence de soutien réel, intérêt économique limité avec les prix bas de l’électricité et les tarifs attractifs de rachat par EDF du courant produit par les énergies renouvelables, les particuliers et les entreprises n’étaient pas vraiment incités à se lancer. Une situation qui pourrait changer bientôt. En effet, l’Etat s’apprête à donner un double coup de pouce en ce sens.

       Première étape pour les particuliers : mercredi 27 juillet, Ségolène Royal, la ministre de l’énergie, a présenté en conseil des ministres un projet d’ordonnance relative à l’autoconsommation d’électricité. Le texte prévoit que les particuliers et les entreprises consommant leur propre courant pourront bénéficier d’un tarif spécifique, plus avantageux, pour leur utilisation du réseau de distribution de l’électricité. Ce tarif sera arrêté par la Commission de régulation.

       Deuxième coup de pouce : le ministère compte lancer « dans les prochains jours » un appel d’offres, le premier du genre, à destination des entreprises industrielles, tertiaires et agricoles tentées par l’autoconsommation – les ménages en sont exclus. Il vise en particulier les centres commerciaux qui posent des panneaux solaires sur leurs toits ou leurs ombrières de parking, et utilisent l’électricité pour l’éclairage et la climatisation.

       L’Etat entend retenir dans ce cadre 100 à 400 projets, pour un volume total de 40 mégawatts. Les projets retenus recevront des subventions.

    https://reporterre.net/Consommer-sa-propre-electricite-va-devenir-plus-facile

    ***

    Benoît Barvin


    votre commentaire
  • ^^^

    Pensées pour nous-mêmes:

    (AIMER L'HOMME

    ET MOURIR)

    ^^^ 

    Pokémon GO
    Shown at 500 percent.

    (via mazeon)

    ^^^

     resistancehumanistedegaulle.over-blog.com

    Femmes et islam :

    Houria Abdelouahed lève le voile

    sur les femmes de Mahomet

    Vincent Remy

       Psychanalyste franco-marocaine, Houria Abdelouahed est maître de conférence à l'université Paris-Diderot. Après un livre d'entretiens en 2015 avec le poète syrien Adonis (Violence et Islam), elle publie aujourd'hui Les Femmes du prophète, récit poétique et critique fondé sur une étude des textes théologiques. Elle définit le lien abusif entre croyances religieuses, organisation sociale et condition féminine.

       / Pourquoi vous êtes-vous intéressée aux femmes du prophète ?

       Au début, ce qui m'intéressait, c'était la mystique, et notamment la pensée d'Ibn Arabi, philosophe, juriste, poète, né au XIIe siècle en Andalousie et mort en 1240 à Damas. Un homme qui a rendu hommage à ses deux professeurs, des femmes ! Et qui a dit : « Tout lieu qui n'accepte pas le féminin est stérile. » Ibn Arabi a notamment parlé de la subtilité de Balkis, reine de Saba, face au roi Salomon. A un moment donné, j'ai commencé à regarder comment le texte coranique parlait des femmes. J'ai désiré en savoir davantage et me suis mise à lire Tabari, historien et exégète du Coran. J'ai trouvé sa pensée très problématique du point du vue du féminin. Par ailleurs, à cette époque, mon travail clinique a changé, je travaillais avec des femmes arabes, et j'avais l'impression d'une plainte interminable. Ces patientes m'interrogeaient sur le refoulé de mon histoire individuelle et l'histoire collective. Je réalisais qu'Aischa, la femme-enfant du Prophète, pouvait être n'importe quelle petite fille donnée trop tôt en mariage.

      / Vous voulez dire qu'il y a une continuité sociale dans la culture musulmane, fondée sur la théologie ?

       - Absolument. Aujourd'hui, lorsqu'une femme réclame l'héritage de son père, le juge ne se fonde pas sur le texte du mystique Ibn Arabi — « La féminité c'est ce qui circule dans le monde » —, mais sur le texte théologique : le garçon a deux fois la part de la fille. Beaucoup de femmes dans les pays musulmans travaillent désormais, nourrissent leur famille, des grandes sœurs élèvent leurs petits frères, et bien qu'ayant ce rôle symbolique et matériel de mère de famille, au moment de l'héritage, elles n'auront que la moitié de la part du frère qu'elles ont élevé, en fonction de lois d'il y a quinze siècles. Dans ces textes, on lit que lorsque Oum Salama, une épouse du prophète, voulut faire la guerre pour avoir les mêmes droits que l'homme, ce cher ange Gabriel vint lui dire, que non, Dieu en avait décidé autrement. Gabriel était toujours là pour dire aux femmes de se soumettre. Quand Mahomet voulait la femme de son fils adoptif, Gabriel rendait la chose licite. Quand il voulait une petite fille, Gabriel rendait la chose licite. Et ainsi de suite. Gabriel était pour l'asservissement des femmes. La soumission de la femme était exigée par le ciel. 

       /Pourquoi n'y a t-il pas eu de relecture des textes ?

      - La culture arabo-musulmane n'est pas réductible à la théologie. Nous avons eu Averroes, Avicène, Ibn Arabi, Hallaj, Sohrawardi, Râzî. Nous avons un texte mystique, philosophique, poétique, mais c'est le texte théologique qui a triomphé et qui fait loi. Avec l’histoire de Zaïnab, beauté foudroyante que le prophète a voulue, bien qu'épouse de son fils adoptif, deux versets ont été révélés. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s’exposer dans l’espace public comme les autres femmes. Le second évoque le hijâb (le voile) pour les femmes du prophète. Aujourd'hui, le verset cité régulièrement demande aux croyantes de voiler leur jayb, leur fente. Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l’espace entre les seins. Tabari et autres commentateurs du texte ont fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu’il faut voiler le corps entier. 

       / Donc, ça vient très tôt ?

       - Oui, très tôt, et ce qui m'a vraiment interrogée, et mis très mal pendant longtemps, c'est cette incompréhension : comment des interprètes, commentateurs, historiens du texte, aujourd'hui encore, n'avaient-ils fait que répéter, presque à la lettre, les commentaires d'antan ? Pour faire mon livre, j'avais énormément d'ouvrages étalés devant moi, j'allais d'une version à l'autre, et je vous assure qu'il n'y avait aucune différence entre le texte du IIe siècle de l'Hégire ( VIIIe-IXe siècle) et celui d'aujourd'hui. Je ne comprenais pas comment ces hagiographes avaient réussi à imposer le silence de la pensée. .”

       / Et vous comprenez aujourd'hui ?

       - J'aimerais comprendre. Du moment qu'il s'agit des femmes du prophète, le prophète étant lui-même le sacré et l'au-delà du sacré, elles sont devenues objet sacré. Aucun questionnement n'a été possible. Et ne reste possible. Sauf par des gens subversifs, transgressifs. Alors on peut penser que face à l'étrangeté du sexe féminin, l'homme s'est senti angoissé et réprimant la femme, il s'est accordé trop de privilèges.  Et comme c'est sacré, il n'y a aucune remise en question possible, mais une volonté farouche de domination qui appelle les forces du ciel contre la femme.

       / L'islam est-il vraiment différent des autres monothéismes en ce qui concerne les femmes ?

       - Toutes les religions monothéistes ont essayé de dompter le sexe féminin. Si l'on prend le christianisme, cela ne s'est pas passé du vivant de Jésus qui lavait les pieds de Marie-Madeleine la pécheresse, et qui était l'exemple de la tolérance même, mais voyez ce que les Pères de l'Eglise ont ensuite fait de la femme ! On retombe toujours sur les mêmes clichés, les mêmes règles. Le monothéisme a été une catastrophe pour la femme. Il faudrait étudier les civilisations antérieures, sumérienne, babylonienne, égyptienne, sur cette question, ce qui a été très peu fait. 

       / Comment l'islam considère-t-il ce qui l'a précédé ?

       - C'est la « jahiliya », le temps de l'ignorance. Et c'est catastrophique. L'islam s'est vu, s'est dit, s'est exprimé comme le début de la civilisation. On efface la Mésopotamie, Babylone, les Mèdes, les Grecs, les Byzantins, les Egyptiens, c'est la négation même de l'altérité. On sait pourtant que dans le Coran, énormément de termes ne sont pas arabes, et même cela, on ne peut pas le dire. Il y a eu négation non seulement des civilisations d'avant l'islam mais aussi des civilisations existantes en même temps que l'islam, car en Arabie, les juifs et les chrétiens étaient en nombre. Il y a donc un vrai problème avec l'altérité.

       / La condition des femmes a tout de même beaucoup fluctué selon les époques et les pays ? 

       - Nous avons vraiment avancé avec la Nahda, la renaissance, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Quand vous regardez les films égyptiens, vous découvrez une vraie émancipation. L'Egypte était un phare, mais il y avait aussi l'Irak, la Syrie et le Liban. J'ai connu un Maroc beaucoup plus éclairé que celui d'aujourd'hui, je pouvais aller au cinéma avec des amis garçons. Cela est devenu difficile pour les filles aujourd'hui. L'Arabie Saoudite finance tous les mouvements d'islamisation. Je me souviens que, à Tanger, j'allais à des cours financés par les wahhabites, les filles étaient invitées à porter le voile, les imams dans les mosquées ne parlaient que des péchés des filles pas voilées. L'Arabie Saoudite a mis le paquet, une foule a suivi. 

       / Pourquoi ? 

       - Je crois que le fond religieux, malgré le début de renaissance, était resté intact. Quand la religion n'est pas une question individuelle, mais folie de masse, elle représente un véritable danger, qui interroge toutes les disciplines, de l'anthropologie à la psychanalyse. Comment se fait-il qu'un discours insensé triomphe ? Et comment peut-on en venir à parler de féminisme islamique ? Féministe et musulmane, je veux bien : qu'une femme n'ait pas envie d'ébranler toutes les assises identitaires, je peux comprendre. Mais féministe et islamique, je n'y crois pas. Certains versets se prêtent à interprétations, pas d'autres. Lorsqu'un verset dit : « Battez-les si elles continuent à être insoumises », qu'on le veuille ou non, le verbe battre, ne se prête pas à de multiples interprétations. Et lorsque Tabari interprète le verset « Battez-les », il écrit que l'homme peut posséder la femme sans lui adresser la parole. Donc, il peut la violer.

       / Encore faut-il le connaître. Quand on grandit dans un pays arabe, connaît-on ces textes et l'histoire de toutes les femmes du prophète ?

       - Non, on connaît seulement Khadija, parce qu'elle est la première, l'épouse-mère, femme aimante et aimée, Hafsa parce qu'elle est la gardienne du Coran, et Aisha parce qu'elle est appelée la mémoire des musulmans. Mais les musulmans ne connaissent pas tous ces hadith (1) qui concernent la sexualité, comme ils méconnaissent les paroles d'Aisha sur les choses du sexe. Il faut être théologien pour les connaître, ou très curieux. Le problème dans les pays musulmans, c'est que vous avez de grands intellectuels qui, après avoir lu Kant, Hegel, Freud, Lacan ou Lévi-Strauss, ne vont pas se pencher sur ces textes qui ne témoignent d'aucun travail de pensée, du coup ils ne connaissent pas l'islam.

       Ou bien vous avez des imams qui lisent ces textes, mais ignorent Kant, Hegel, etc, et restent comme s'ils vivaient dans les anciennes époques. Il faut ajouter que la plupart des musulmans cultivés ne connaissent pas ces textes, ne savent pas que le prophète pouvait ordonner la décapitation d'un homme et prendre sa fille en épouse le jour même. Ils peuvent me dire que ce que je raconte dans ce livre n'a pas existé. C'est pour cela que je cite mes sources. Il suffit de lire ces textes.

       / Que se passerait-il si ces histoires étaient davantage connues ?

       - Ce serait un choc, certainement. Dans la transmission de l'histoire de Safiya — elle est devenue femme du prophète le jour même où son père, chef d'une tribu juive, et son mari, ont été décapités —, ce qui est bouleversant, c'est que le texte dit : « Elle ne parlait pas », sans jamais interroger ce mutisme, sa dimension mélancolique. Même si on n'est pas psychanalyste, si l'on s'en tient aux informations factuelles des historiens, on constate que Safiya n'a pas transmis de hadiths. Cela veut dire que même convertie, même mariée au prophète et donc mère des croyantes, sa parole n'était pas fiable, parce que juive. Les paroles d'Aisha, de Hasna, sont transmises, pas celles de Safiya. C'est une conception fermée et narcissique. Il n'y a pas d'ouverture possible. 

       / Comment en sortir ?

       - Il faut contribuer à faire connaître cette partie sombre de l'Histoire qui n'est pas très connue et qui nécessite une pensée. Il manque cruellement un travail d'historien, car nos références restent Tabari et Ibn Kathir, des auteurs des premiers siècles de l'hégire qui confondent Histoire et légende. Les Chroniques de Tabari nous apprennent que la religion musulmane s'est imposée par la force et la violence, mais nous n'en faisons rien. Car il n'y a pas de pensée sans liberté d'expression. Pour détisser le linceul, donner des subjectivités, il faut le droit à la parole singulière, il faut la démocratie et la laïcité. L'Occident a énormément gagné avec la laïcité ; tant que nous ne serons pas laïcs, nous continuerons à souffrir. Cela ne signifie pas l'abolition de la religion. Mais que chacun puisse être avec sa croyance sans l'imposer à l'autre.

    (1) Recueil des actes et paroles de Mahomet et de ses compagnons, dont l'ensemble constitue la sunna.

    A lire

    Les Femmes du prophète, de Houria Abdelouahed. Ed du Seuil. 288 pages 19 €.

     http://www.telerama.fr/idees/femmes-et-islam-houria-abdelouahed-leve-le-voile-sur-les-femmes-de-mahomet,142096.php

    ^^^

    Luc Desle


    votre commentaire
  • ¤¤¤

    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS TOUJOURS FIDÈLE

    À TA BONNE ÉTOILE)

    ¤¤¤

    "Heu, Chérie, tu veux me faire

    passer quoi, comme message?

    - Devine"

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/post/148974990000

    ¤¤¤

    (La femme qui perdait sa culotte

    ne perdait pas son chapeau, hélas)

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/image/148924439135

    ¤¤¤

    "Heu... ma question vous dérange? Vous en voulez une autre?

    Pourquoi vous sortez votre arme, Monsieur Kinski?"

    https://johnnythehorsepart2.tumblr.com/post/148745124295/for-a-few-dollars-more

     ¤¤¤

    Jacques Damboise

     


    votre commentaire
  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES RACINES DU MAL

    SONT DANS LE MÉPRIS)

    ***

     les-crises.fr

    ***

     "J'ai décidé de ne porter que des vêtements

    made in USA"

     wladbladi.net

    La politique américaine ? Non merci.

    Passez-moi plutôt les tomates.

     

       Enfant, je détestais les tomates. Je n'arrivais pas à comprendre comment on pouvait les aimer. Ma grand-mères cultivait le fruit écarlate dans son jardin, et tous les étés j'étais au désespoir quand les tomates crues faisait leur apparition jour après jour sur la table du dîner. La saveur douce mais acidulée me faisait froncer le nez, et la chair dégoulinante me faisait penser à l'intérieur d'un coeur humain  – ou du moins à ce que j'en imaginais.

       Adulte, je vis aujourd'hui au pays du gazpacho, de La Tomatina et du pa amb tomàquet, et me suis mise à adorer la saveur douce mais acidulée et même la chair dégoulinante. C'est fou comme les goûts peuvent changer.

       C'est l'inverse qui m'est arrivé avec la politique aux Etats-Unis. Enfant, je dévorais la politique. Je passais une grande partie de mes étés chez mes grands-parents dans le Midwest américain, où le règlement de la maison voulait que l'on joue dehors la plus grande partie de la journée. Si on voulait rester à l'intérieur, mieux valait que ce soit pour lire. Les abonnements de mes grands-parents à Newsweek et Time signifiaient qu'une pile de ces hebdomadaires était toujours présente dans le salon, de sorte que lorsque j'étais fatiguée de me rouler dans l'herbe ou de feuilleter mon dernier emprunt à la bibliothèque, je ramassais un numéro, m'enfonçais dans le “davenport” (le sofa), et me rassasiais des intrigues politiques des années 1990. Ma compréhension était bien entendu limitée par mon âge innocent—pourquoi toutes ces histoires autour de la robe bleue de Monica Lewinsky ?—mais je n'en étais pas moins captivée par les machinations des puissants du pays.

       Cette fascination m'a suivie dans l'âge adulte, et elle a grandi à mesure de ma compréhension. Lorsque l'Internet a inoculé dans l'industrie des média une dose massive de vitesse, j'ai fait bon accueil à la folie de l'information politique 24 heures sur 24, et mon travail de correspondante dans une rédaction de légende a rendu mon désir irrésistible virtuellement insatiable. J'ai réellement rêvé un temps de devenir une journaliste politique qui pourchasserait les législateurs le long des corridors du pouvoir pour gagner sa vie. C'est fou comme les goûts peuvent changer.

       Aujourd'hui, pour la première fois de ma vie, je me retrouve totalement dépourvue d'appétit pour la vie politique américaine. Ce qui autrefois m'apparaissait comme un théâtre digne ressemble de plus en plus à une dangereuse farce. J'hésite sur les causes de ma désillusion. La politique aux Etats-Unis est-elle devenue plus clivante ? Il se peut. Est-ce que je perds mon optimisme avec l'âge ? Peut-être. D'avoir immigré en Espagne a-t-il changé mon point de vue ? Probablement.

       Quelle que soit la raison, l'actuelle élection présidentielle aux Etats-Unis ne fait apparemment qu'aggraver mon allergie. Je sais que de nombreux Américains au pays et à l'étranger éprouvent aussi la même chose. Je n'engloutis plus les informations politiques comme avant. Je tourne le dos à toutes les petites phrases du jour en circulation. Je n'ai même pas pu me forcer à regarder le discours d'acceptation de Hillary Clinton à la convention nationale démocrate—un moment historique avec la première femme candidate à la présidence pour un grand parti, quels que soient les sentiments qu'on puisse avoir à son égard. De même, d'ailleurs, que je n'ai pu supporter de regarder celui de Trump, dont la candidature est un événement historique pour des raisons tout à fait différentes.

       Malgré la nausée, je suis convaincue que nous avons une responsabilité citoyenne de nous tenir informés, alors je me maintiens, à contrecoeur, au courant des questions politiques américaines. De toute façon il me serait difficile d'y échapper. Comme un tiers de la population mondiale, j'utilise les médias sociaux. Même si je sortais de Facebook, Twitter et Reddit, une portion de mon alimentation en nouvelles provient de sources de la presse américaine traditionnelle, avec tous ses défauts. Et même si je troquais les média des Etats-Unis contre leur équivalent d'ici, la fixation des unes de la presse espagnole sur la Grande Expérience Américaine rendrait celle-ci incontournable.

       Ah, et puis je suis la rédactrice actualités de Global Voices, et en tant que telle je dois logiquement prendre en permanence le pouls de la politique américaine, ne serait-ce que pour m'améliorer au travail.

       Alors je suppose qu'il me faut faire de mon mieux pour digérer les débats en essayant de maintenir un couvercle sur mon Weltschmerz —même si le théâtre politique qui se joue sur la scène américaine m'emplit de l'irrépressible envie de lancer des tomates sur les comédiens. J'aime enfin les tomates.

       C'est fou comme les goûts peuvent changer.

    ***

    Benoît Barvin


    votre commentaire
  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE VERTIGE DE L'AMOUR

    SE SOIGNE PAR UN BAISER)

    ***

    deepsoulfury:

    Gif-Quote

    (via pustekuchen111)

    ***

    slate.fr

    Toute la faute à Daech ?

    Gérard COLLET

       Dix-huit mois se sont écoulés depuis que le coup de tonnerre de Charlie Hebdo a secoué la France. Depuis cette date, tout et le contraire a été dit quant aux causes, aux conséquences, aux parades possibles. Tout a été dit par les politiques, par les Grandes Plumes, par les intellectuels organiques et les experts en tout. Et dans les sphères influentes, chacun a tenté de s’approprier la terrible suite d’événements et d’en tirer le meilleur parti. Cette instrumentalisation a été faite parfois de manière si grossière que le plus simplet des électeurs ne s’y est pas trompé ; cela a été fait jusqu’à l’indécence, au point que politiques et éditorialistes aux ordres y ont laissé leurs dernières onces de crédibilité. Pendant tout ce temps, il a fallu chercher avec obstination pour trouver des points de vue s’écartant de la doxa.

       Pourtant cette débauche de commentaires et analyses laisse un goût bizarre. Une impression malsaine comme si au fond l’on était, malgré toutes ces contributions, passé à côté de l’essentiel, comme si toute cette matière grise n’avait pas réussi à vraiment appréhender le sujet et les enjeux, comme si l’on n’avait pas progressé vers une solution mais seulement accumulé les faux-fuyants. Ou plutôt, car on ne peut avoir de doute n’est-ce pas, sur l’intelligence des analystes en renom, plutôt comme si tout avait été faussé par des présupposés indépassables, comme si les pensées avaient été distordues par des objectifs de communication calculés, comme si enfin postures, préjugés et intérêts avaient dominé la réflexion. (...)

       (...) Si l’on s’en tient aux déclarations qui ont saturé l’espace médiatique, celles des responsables politiques, celles des grands journaux et des chaînes d’information, celles des éditorialistes en vue, on ne tarde pas à voir que derrière l’apparente diversité, les rodomontades téméraires et les idées apparemment novatrices, certains sujets sont restés quasi tabous. Il apparaît que tout en feignant de rechercher la genèse des actions « terroristes » [1], il fallait avant tout escamoter le rôle des guerres étrangères, ne pas parler des questions sociales au sens large (y compris la délicate affaire de l’univers carcéral), ne jamais mentionner le poids de la guerre en Palestine, oublier l’histoire coloniale et ses non dits ou ses mensonges.

       La volonté affirmée de tout ramener à Daech [2] servait alors toutes ces causes la fois : elle évitait de questionner l’état de la société française et donc la responsabilité des gouvernements successifs et de leurs lignes politiques invariablement néolibérales et impérialistes, et justifiait de facto les actes de guerre en Afrique et au moyen-orient, destinés à éradiquer ce foyer du terrorisme décrit métaphoriquement comme un abcès qu’il suffirait de vider pour faire disparaître le mal.

       Cette stratégie de communication n’a jamais été plus claire que le terrible soir du 14 juillet, lorsque le président lui-même décida d’attribuer d’emblée la responsabilité de l’attaque au « terrorisme islamiste » avant même que la moindre enquête ait eu le temps d’être menée, et alors que l’on ne connaissait à peu près rien à part la couleur du camion incriminé [3]. A ce jour, la preuve incontestable du lien avec Daech et même avec la religion n’est toujours pas faite. Cette déclaration, qui venant du magistrat suprême ne pouvait que peser sur l’ensemble des postures à venir, et pour désinvolte qu’elle put sembler, ne pouvait être le résultat d’une erreur ou de la précipitation. Le pouvoir en place avait d’emblée choisi le schéma qui lui semblait politiquement le plus profitable, n’entendait attendre aucune information complémentaire, et défendrait cette posture jusqu’au bout. On ne peut évidemment s’empêcher de penser à la réaction de José Maria Aznar, qui après l’horrible attentat de la gare d’Atocha, pensa habile d’incriminer l’ETA.

       Avec la caution de cette affirmation au plus haut niveau de l’état, les guerres au moyen orient étaient de facto justifiées, et le renforcement de la réponse sécuritaire coulait de source.

       Pourtant, incriminer Daech et invoquer de puissants « réseaux terroristes » n’a guère de sens alors que le degré d’organisation des attentats les plus récents (Nice, et Saint-Étienne-du-Rouvray, mais également ceux de Paris) est proche de zéro. Écraser des piétons avec un camion ne relève pas de la tactique la plus élaborée, et malheureusement, sauter d’une voiture de location pour tirer sur une terrasse de café n’est pas non plus un chef d’oeuvre d’organisation à l’heure où, nous répète-t-on, la Kalachnikov est devenue facile à acquérir. Surtout lorsque la question du repli n’est pas même envisagée et que les tireurs ont d’emblée choisi de mourir.

       Certes en cherchant bien, on trouvera que les psychopathes qui ont commis ces actes possédaient des smartphones, avaient des correspondants, avaient repéré les lieux, et peut-être même avaient parlé de leurs projets [4]. Mais il paraît tout à fait arbitraire et stérile d’échafauder une causalité prenant Daech pour principale origine.

       On peut d’ailleurs se demander pourquoi l’Allemagne, de ses sphères politiques à ses éditorialistes et dans des circonstances proches, ne s’est pas enferrée dans la même démonstration [5]. (...)

       Il semble bien en effet que Daech ne « recrute » pas au sens propre les malades mentaux et les repris de justice qui commettent ces attentats. Pour ces enrôlements, l’EI ne fait que diffuser son idéologie mortifère, et les djihadistes n’ont pas même besoin d’un état pour le faire, comme le montra Ben Laden. Les voies de l’Internet, innombrables, multiformes, incontrôlables et peu coûteuses sont largement suffisantes pour cette propagande ; le discours sera toujours audible, le ressentiment toujours aussi fort, les martyrs potentiels toujours là...

       La vraie question est donc de comprendre ce qui pousse des desperados à se raccrocher à cette idéologie et à accomplir ses rites, et non de prétendre faire disparaître la mouvance djihadiste de la planète. Mais cette question renvoie à l’état social de la France, ce qui ne convient à aucun de nos dirigeants, car il faudrait alors mettre en doute l’approche guerrière, reconnaître les injustices, comprendre les rancoeurs, dénoncer les récits historiques partiaux qui nourrissent cette haine. Et cela suppose préalablement de rejeter l’aberrante position de Manuel Valls pour qui « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Pourtant, comment lutter contre ce qu’on ne comprend pas ?

       On en vient donc, dans la frénésie de réflexions sécuritaires, à échafauder toutes sortes de théories sur les motivations des assassins, à répéter en boucle que c’est notre mode de vie qu’ils exècrent, qu’ils ne supportent pas de nous voir boire des bières en terrasse, que notre liberté les horrifie, que nos valeurs les hérissent, que la musique les rend fous furieux... Mais on évite soigneusement d’insister sur les faits tangibles, de mentionner leurs professions de foi, de rappeler leurs dernières déclarations, et lorsqu’on ne peut l’éviter, on l’oublie aussitôt et on ne semble en tenir aucun compte. Or dans presque tous les cas, c’est bel et bien de la guerre en Syrie en en Irak que les assassins ont parlé : c’est des bombardements occidentaux, des « dommages collatéraux » et de la volonté de la coalition de régenter le Moyen Orient qu’ils ont parlé ; c’est de l’interminable colonisation perpétrée par l’état Hébreu. (...)

       (...) Reste enfin, parmi les conclusions « contre-productives » qui se sont vulgarisées, la dangereuse confusion à tous les niveaux entre l’Islam et la succession d’assassinats, l’utilisation tous azimuts de termes inquiétants et flous, jamais définis et souvent utilisés fort schématiquement.

    sudinfo.be

       Dans cette dangereuse approximation, l’Etat Islamique est présenté comme la cause unique et directe des actes terroristes, tandis que le « salafisme » en serait évidemment la contrepartie et la base arrière sur notre territoire ; alors « l’intégrisme » ferait évidemment le lit du salafisme. « Radicalité », « Intégrisme » et « salafisme » deviennent ensuite quasi synonymes de terrorisme, et les plus volontaires taxent d’angélisme, de sophisme ou de complicité tous ceux qui prétendent ne pas confondre les catégories. De là, il devient aisé de suggérer que l’Islam dans son ensemble ferait preuve de beaucoup de mansuétude à l’égard de ses intégristes, de mettre en demeure tous les fidèles ou supposés fidèles de se démarquer à haute et intelligible voix, et la boucle est bouclée qui montre du doigt l’ensemble des musulmans ou supposés tels.

       Or cette conclusion est précisément celle qu’il faut éviter, celle qui peut miner la confiance et dynamiter la paix civile. Le plus stupéfiant étant que tous nos brillants dirigeants et leurs analystes complices expliquent urbi et orbi que là est le piège tendu par les terrorisme, alors que tous leurs discours et toutes leurs décisions conduisent directement dans ce mur. (...)

       (...) Tandis qu’il a souvent été difficile de démontrer la religiosité des assassins, et a fortiori leur intégrisme ou l’adhésion au salafisme de gens plutôt connus comme piliers de boîtes de nuit et adeptes de l’alcool [6], il est deux dénominateurs communs qui sont toujours apparus d’emblée et parfois ensemble : une grande perturbation psychologique et un passé de délinquance. Ces caractéristiques sont beaucoup plus criantes et omniprésentes que le radicalisme religieux que sa « rapidité » rend pour le moins douteux.

       Or là est exactement la ligne de démarcation, le point de basculement entre les croyances, fussent-elles radicales, et l’activisme violent, haineux, aveugle et assassin. Un individu « radicalisé », qu’il s’agisse d’un militant politique, écologiste, d’un croyant catholique, adventiste, juif ou évangéliste, ne s’empare pas aisément d’une mitraillette pour tirer sur des inconnus. Ce passage à l’acte nécessite de rompre avec des valeurs empathiques et culturelles, avec la société dans son ensemble, et de franchir des barrières légales. En revanche, le délinquant est habitué de longue date à utiliser des armes et beaucoup plus enclin à tuer ; quant à la légalité, il l’a depuis fort longtemps rangée au magasin des accessoires.

       Pour ce qui est des psychopathies [7], le cas du pilote de Germanwings a montré que certaines d’entre elles pouvaient conduire aux mêmes errements [8]. Et ce sont les circonstances politiques et sociales qui catalysent à certains moments historiques la collusion du radicalisme, de la délinquance et de la folie. C’est donc ces circonstances qu’il faut étudier en priorité. Or cet aspect des faits a été systématiquement minoré, présenté comme une donnée marginale du problème dans la volonté de tenir « l’Islamisme » pour la cause essentielle et quasi unique.

       Pourtant, outre que les deux paramètres mentionnés sont nécessaires à la compréhension du phénomène terroriste observé, ils interfèrent fortement avec certaines des solutions proposées : à titre d’exemple, les « centres de rétention » chers à certains devraient alors s’emplir non pas de musulmans radicalisés et pour cette raison fichés « S », mais de délinquants et de psychopathes, ou des trois catégories à la fois... La jeunesse pouvant évidemment être un facteur aggravant ainsi que le sexe... Il faudra donc de forts vastes centres. (...)

       (...) Au delà des faits de terrorisme, la question centrale est bien celle de la cohésion de la société française, et des tensions qu’elle accumule [9]. Comme cela a été maintes fois noté, si l’État Islamique constitue sans doute un attracteur lointain, c’est bien à chaque fois au sein de la société française que se sont cristallisées puis organisées les défiances, les incompréhensions, les haines, les volontés criminelles, puis les actions elles mêmes. Ce sont souvent de jeunes français qui les ont conçues et perpétrées.

       L’état Islamique, en grande difficulté militaire, n’a selon toute vraisemblance joué pratiquement aucun rôle ni au niveau de l’intendance, ni au niveau de la préparation. Quant à son « assistance tactique et technique », elle se résume à quelques encouragements ineptes et suicidaires prodigués à distance. Et c’est donc bien au sein de la société française qu’il convient de trouver les ressorts de cette vague d’attentats qu’une défaite de Daech n’a guère de chances d’éteindre.

       Reste alors ce que d’aucuns nomment le but stratégique de l’État Islamique dont les assassins locaux seraient les marionnettes. Ce but serait selon eux la désintégration de la société française, puisque une victoire militaire est hors de leur portée [10]. En conséquence tous nos choix devraient se porter sur les moyens de maintenir ou de renforcer la cohésion de cette société et de ses valeurs essentielles. La question est donc aujourd’hui de savoir si c’est par la coercition, la menace, la mise en demeure, la culpabilisation et la vindicte permanente que l’on peut parvenir à ce but trop longtemps ignoré.

       Mais choisir un autre angle d’attaque représenterait un défi et un changement de registre trop important. Il faudrait alors en effet accepter de voir que les injustices intolérables (celles de la répression sélective [11], des guerres en Irak, en Palestine...) qui révoltent bien au delà de la sphère musulmane sont des ferments de division qui s’ajoutent aux disparités lancinantes de nos villes. Il faudrait accepter de voir l’effet des discours méprisants ou carrément racistes visant musulmans ou descendants d’immigrés maghrébins dans un amalgame bien connu. Il faudrait accepter de reconnaître que trop peu a été fait pour faciliter une intégration équitable de ces immigrés, en particulier au niveau scolaire, alors qu’il était élémentaire de prévoir les multiples handicaps qui les frapperaient. Il faudrait reconnaître le poids du passé colonial dont la page a été insuffisamment et mal tournée [12].

       Il ne s’agit évidemment pas de remâcher des culpabilités stériles et hors de propos, mais de reconnaître les faits pour réduire la « fracture de mémoire » (ibid), et de tenter d’en amoindrir les conséquences.

    stripsjournal.canalblog.com

       Il s’agit tout simplement de manifester une empathie envers ces compatriotes dont l’histoire familiale et humaine n’est pas celle que notre récit national a construite. Nous devons certes sans faiblesse affirmer notre attachement indéfectible à la vision « républicaine » de la laïcité et des comportements culturels qui lui sont associés ; mais nous devons sans doute accepter qu’elle est un « construit » de longue haleine et de haute lutte, et qu’à ce titre elle devrait être patiemment et obstinément enseignée, expliquée, justifiée, démontrée, légitimée, plutôt qu’imposée comme un dogme culturel et légal.

       On ne peut évidemment ignorer que les terroristes incriminés dans les récentes attaques sont majoritairement d’ascendance nord-africaine ou musulmane ou les deux et il faut bien tenter de le comprendre. Mais si l’on refuse le ridicule obscurantiste de mettre ce fait sur le compte d’un gène ou d’une culture spécifique, on doit admettre qu’il exprime assez la perception des injustices qui frappent d’abord ces catégories, et le trouble de l’histoire qui les relie à la France républicaine. Rien ne sert de refuser les révoltes qui en découlent en déclarant « Ils n’ont qu’à »... et ce n’est pas en les stigmatisant, en les désignant, en les mettant en demeure, que l’on réduira les rancoeurs [13].

       Dans les mois qui viennent de passer, et de manière croissante tandis que se succédaient les massacres, nombre de commentateurs ont donc dit et répété qu’il importait d’éviter le clivage de la société, et averti que là était peut-être le piège tendu par le djihadisme. Mais tandis qu’ils le répétaient doctement, les mêmes prônaient précisément les solutions qui accentueraient ce clivage, augmentant le risque d’une division civile. Parmi les suggestions récurrentes figure la « fermeture des mosquées salafistes ». Belle formule simple et tentante, même si nombre de voix sont venues rappeler que « salafisme » n’est pas terrorisme.

       Il est certes bien évident qu’il faut avoir les moyens de contrôler les prêches et sermons tenus dans les lieux de prière, qu’il est indispensable de révoquer sans hésiter les prêcheurs appelant à la sédition ou à la violence, voire de les condamner ou de les expulser. En revanche le projet de fermer le lieu de prière ressemble fortement à une punition collective, rappelle la tentation de « faire disparaître le problème », et ne peut qu’être mal perçu par tous les fidèles concernés.

       Or le trouble où l’on jette les plus « intégrés » est déjà perceptible, et à côté des multiples discours de méfiance, trop peu est fait pour cimenter l’unité et réduire « l’exclusion réciproque » [14].

       J’ai été personnellement frappé de constater l’intérêt qu’ont porté des amis d’origine maghrébine parmi les plus « intégrés » et les plus laïcs, au discours qu’a consacré le Premier Ministre du Canada M. Trudeau à ses « compatriotes musulmans » à l’occasion de la fête de l’Aïd el Fitr. Certes le Canada n’est pas la France, mais il y avait dans ce discours une reconnaissance de certaines valeurs portées par l’Islam et de ses particularismes des mots qui ont touché ces français d’ascendance maghrébine. Il y avait dans cette mention chaleureuse d’un fête musulmane, une sorte de fraternité qui la rendait l’égale des fêtes célébrées par d’autres religions ayant droit de cité... La légitimation perçue par ces français d’ascendance musulmane qui ont rediffusé le discours sur leurs « réseaux sociaux » disait assez l’exclusion et la marginalisation dans laquelle ils se sentaient cantonnés dans leur propre pays. Quel homme politique français saurait ainsi parler de nos concitoyens d’origine arabe ou de familles musulmanes en de tels termes, les reconnaissant ainsi comme français eux aussi et comme participant à la richesse de la nation au delà de leurs pratiques religieuses ? (...)

       (...) Après plus d’un an de discours, de réactions émotionnelles, de lieux communs, de faux-fuyants et de déclarations opportunistes, on se retrouve donc dans une grande détresse et un très grand malaise, car on a le sentiment que les élites n’ont agi en cette affaire que par effet d’aubaine, (de la pseudo majorité Hollandienne à la surréaliste opposition Sarkozienne) comme si au fond elles pensaient que de tels événements étaient les facteurs conjoncturels essentiels de la dynamique électorale, comme si là était leur chance de remporter les scrutins qui s’annoncent [15]. Comme si elles avaient aussi saisi là l’occasion de renforcer leur arsenal anti social [16]. Tout à ces affaires, elles n’auront fait au fond, que « réagir » en cherchant des parades répressives, et n’auront rien entrepris qui soit susceptible de traiter les failles qui minent la société française post-coloniale.

       Au lieu de ça, le gouvernement, non content de nous habituer à l’état d’urgence, cherche à nous entraîner dans une logique de guerre, puis de guerre civile qui ne peut que dégénérer [17]. Aujourd’hui réserve opérationnelle, puis garde nationale, à quand des milices dont on devine aisément qui y participera et en quoi cela apaisera la nation et les terroristes en devenir.. 

       Toutes ces postures et ces pseudo-décisions inutiles ou néfastes n’auront en rien résolu le problème du « terrorisme », ne l’auront pas même posé lucidement et clairement ; les ténors de la scène politique et médiatique n’auront que perdu davantage de crédit, renforcé la confusion des esprits, accentué les clivages, et libéré les mauvais instincts.

    ------------

    [1On sait pourtant bien la duplicité de ce terme dont l’usage est réservé aux pouvoirs en place. Durant les événements d’Algérie, tout combattant de l’indépendance était un terroriste.

    [2Voir l’édito de Politis : « Daech n’explique pas tout », 27 juillet 2016.

    [3« C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste ../.. nous allons encore renforcer nos actions en Syrie comme en Irak. » François Hollande, 15 juillet 2016, 4 h 34.

    [4Pour le conducteur de l’attentat de Nice, on est allé jusqu’à évoquer les « époux des sœurs de l’ex épouse »...

    [5Voir : Von Orlando bis München : Amok oder Terror ? [Un « attentat terroriste » sous entendu « islamiste » perpétré par un homme qui n’a jamais mis les pieds à la mosquée, comme à Nice, ou carrément commis par un islamophobe, comme à Munich, n’y a-t-il pas là de quoi s’interroger sur la valeur du modèle explicatif que l’on nous propose en boucle ? Tous terroristes ? ]

    [6Ce qui a conduit au concept innovant de « radicalisation rapide » pour ne pas abandonner la ligne officielle.

    [7Catégorie notoirement grossière j’en conviens.

    [8On commence à deviner que la causalité est à l’inverse de celle admise par les autorités. Il n’a pas tué parce qu’il s’est rallié au jihad, il s’est rallié au jihad parce qu’il voulait tuer, parce qu’il ne pouvait plus se supporter dans sa peau. L’homme s’est « radicalisé » pour donner un « sens » à une vengeance nourrie de longue date. (G. Eisenberg, Amok ou terrorisme ?).

    [9Problématique au demeurant mondiale, comme le souligne Paul Rogers dans Irregular wars : « Le monde économique produit plus d’inégalités et engendre de la marginalisation de masse, du ressentiment et de l’amertume. Ces souffrances combinées à l’apparition des limites environnementales mondiales persistantes, en particulier la perturbation climatique, sont le vrai cocktail explosif ».

    [10Voir Yuval Noah Harari : « Théâtre de la terreur ».

    [11Comme le note Eric Fassin au sujet de la mort d’Adama Traoré : « Sous prétexte de combattre le terrorisme, ce gouvernement prétend préserver les forces de l’ordre de toute critique. En réalité, cela revient à aggraver l’hostilité d’une partie de la population à leur égard. »

    [12Voir : Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, La Découverte, 2005 : « Un passé colonial qui ne passe pas ». http://www.scienceshumaines.com/un-passe-colonial-qui-ne-passe-pas_fr_5311.html

    [13Au sujet de la « sensibilisation du grand public » : « On touche là à quelque chose de beaucoup plus complexe qui a un rapport étroit avec la propagande et le conditionnement de la population. Et, pourquoi ne pas le dire, avec un racisme massif, qui fait de tout Arabe un suspect ». Denis Sieffert, Politis, 21/07/2016.

    [14Voir ouvrage mentionné en note 12.

    [15« La prochaine élection présidentielle se jouera sur la façon de protéger les Français, et sur la capacité à être un chef de guerre. Cette question sera essentielle, bien avant celle du chômage. » Éric Ciotti, Le Monde, 18/07/2016

    [16On se souvient de l’utilisation de l’état d’urgence, dès décembre 2015, pour interdire les manifestations autour de la COP 21, et plus tard pour juguler les mouvements contre la Loi Travail.

    [17« Les Echos, le JDD, France 2, France Inter (avec l’ex-porte parole de l’armée israélienne), entre autres, suggèrent que la France devrait s’inspirer d’Israël ». [Pour résister au terrorisme] Denis Sieffert, Politis, 21/07/2016.


    http://www.legrandsoir.info/toute-la-faute-a-daech.html

    ***

    Luc Desle


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires