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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA BONTÉ A POUR

    SŒUR LA CHARITÉ)

    +++

    "C'est la dernière fois que je te porte

    du lit à la baignoire...

    Sale feignasse!"

    theaterforthepoor:

    Grace Jones and Dolph Lundgren by Albert Watson / 1983

    +++

    "Angelina! Arrête de crier...

    Ce n'est qu'une banale tarentule...

    Ce que t'es froussarde, toi, alors!"

    Angelina Jolie by David LaChapelle / 2001

    http://theaterforthepoor.tumblr.com/post/114041203531/

    angelina-jolie-by-david-lachapelle-2001

    +++

    "Désolé, Scarlett, je n'ai pas le temps...

    Une autre fois peut-être..."

    Fonte: johnnythehorsepart2

    +++

    Nadine Estrella


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  • ***

    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE DOIGT MONTRE LA LUNE,

    MAIS LA LUNE, QUE MONTRE-T-ELLE?)

    ***

    "Oh, regarde, Robin! Un anticapitaliste!

    - Un seul?

    - Je te le laisse,

    mais tu le massacres bien, hein?

    - Compte sur moi"

    twentiethcenturykid:

    ***

    "Vous êtes toujours le meilleur européen

    que je connaisse, Maggie..."

    toursdelaliberte.blogspot.com

    30 ans de libéralisme

    VILA

       Cela fait trois décennies que les trente glorieuses ont sonné leurs glas, et autant de temps que la vague libérale s’est répandue sur la planète. C’est donc depuis une éternité que l’on nous rabâche qu’il n’y a pas d’alternative et que le sens de l’histoire a pris son élan pour ne jamais plus en être dévié.

       La libéralisation de l’économie repose sur quelques piliers dont les différents gouvernements ont usé massivement, ce qui a profondément changé les rapports de forces entre le capital et le travail.

       La suppression des barrières en tout genre a permis de mettre en concurrence tous les travailleurs de tous les continents, ce qui a contribué à niveler par le bas les salaires. Dans le même temps, les capitaux ouverts au grand monde ont eu tout loisir de fureter à travers le globe pour optimiser leur profitabilité. Que leurs départs massifs entraînent un effondrement de l’économie et leurs arrivées tout aussi massifs entraînent la création de bulle ne les perturbent pas dans leur quête. L’optimisation fiscale comme l’opacité étant indispensables à une bonne libéralisation, les paradis fiscaux jouent le précieux rôle de lubrifiant. La financiarisation a permis de doper l’activité de prêt des banques qui s’est développée trois fois plus vite que l’activité économique dans son ensemble.

       Les échanges mondiaux de marchandises et de services sont 200 fois moins importants que les transactions sur les marchés financiers. La généralisation des crédits a permis temporairement de compenser des salaires érodés pour relancer une consommation en berne, mais a eu aussi pour conséquence d’endetter les salariés ainsi que les différents pays.

       Outre l’intensification de la libéralisation des marchés, la logique libérale opère sur la réduction des budgets publics et sociaux. Les plans d’austérité incluent des réductions des fonctionnaires, le non-remplacement des départs à la retraite, le gel des embauches, des baisses de salaires, des réductions des investissements publics, des reports d’âge de la retraite, des baisses de pensions de retraite. Les conséquences inévitables sur la baisse de la consommation n’entrent pas dans le logiciel du capitalisme car cela répond à des logiques d’un terme beaucoup trop long pour lui.

       Les plans d’austérité ont donc provoqué une régression du pouvoir d’achat des nombreux ménages. Ces plans d’austérité ont par ailleurs conduit à une hostilité croissante à l’impôt qui, accentuée par la propagande des médias, conduit une partie de l’opinion à accepter plus facilement les coupes dans les dépenses publiques que la hausse des impôts pour réduire les déficits. La volonté de saborder le seul mécanisme visant à gommer les inégalités fait partie intégrante de la parfaite panoplie libérale. Ainsi les impôts sont ramenés à leur portion congrue.

       Le cas des trois individus qui ont incarné ce virage (Thatcher, Reagan et Mitterrand) est emblématique. Ils s’y sont engouffrés car ces politiques qui caressaient le grand capital dans le sens du poil leur ont permis de prendre le pouvoir ou de le conserver avec leur aide et leur conseil. Il est important de noter qu’une fois ses précurseurs disparus, leurs successeurs n’ont jamais donné un coup de volant dans le sens inverse. C’eut été beaucoup trop dangereux pour eux. C’est ainsi que la tendance à la libéralisation s’est approfondie.

       Mais le point crucial à saisir absolument réside dans le fait que le virage libéral ne résulte pas d’une orientation politique quelconque, ni d’une affaire de goût ou de convenance personnelle. Cette politique libérale est vitale car elle est consubstantielle à la survie (momentanée) du capitalisme. La libéralisation de l’économie n’a été que la condition indispensable pour prolonger le capitalisme jusqu’à aujourd’hui, menaçé qu’il était au début des années 1970 par la crise qui ne faisait alors que commencer. C’est donc parce que le capital en avait besoin pour maintenir son taux de profit, que des politiciens affidés l’ont appliqué.

       Comprendre ceci est d’autant plus important que cela condamne les économistes atterrés qui regrettent le capitalisme des années 60 et cela discrédite les naïfs qui croient au capitalisme vertueux grâce à de puissants gardes fous. Il est, de même manière, illusoire de condamner les politiques d’austérités sans comprendre que dans ce système économique là, c’est leur seul salut.

    »» http://les-tribulations-de-l-ecocolo-ecoconome.over-blog.com/2016/05/3...

    ***

    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHAQUE JOUR EST

    UN JOUR DE MOINS)

    ¤¤¤

    (Je trouvais la nouvelle mode Tchernobyl un rien... hem...) 

     (Source: kitschatron)

    ¤¤¤

     (La devise de mon vieux pote me plaisait assez) 

     http://kitschatron.tumblr.com/post/143625483732/wine-women-and-death

    ¤¤¤

     (Mon amie La Mort se lançait dans le design)

     http://kitschatron.tumblr.com/post/143526970144

    ¤¤¤

    Jacques Damboise


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES DÉSIRS NE SONT

     PAS TES AMIS))

    ***

    blorg.canalblog.com

    ***

    cartooningforpeace.blog.lemonde.fr

    « Le bras de la classe dirigeante »

       Il en a vu d’autres ; et pourtant le magazine américain de critique des médias Fair (Fairness and Accuracy in Reporting), qui recense méthodiquement les biais journalistiques, n’en est pas revenu. «Voilà qui établit une sorte de record, annonce-t-il : le Washington Post a publié seize articles négatifs sur Bernie Sanders en un peu plus de seize heures, entre le dimanche 6 mars à 22 h 20 et le lundi 7 mars à 15 h 54 — un créneau qui incluait le débat démocrate crucial de Flint, dans le Michigan, et l’agitation médiatique du lendemain matin. »

       S’ensuit une liste de titres plus attentionnés les uns que les autres à l’endroit du sénateur du Vermont : « Clinton concourt pour la présidence. Sanders fait autre chose », « Enorme : Trump et Sanders utilisent les mêmes expressions », « Cinq raisons pour lesquelles Bernie Sanders a perdu le débat démocrate de la nuit dernière », etc. (1).

       Toutes les grandes publications américaines ne manifestent pas la même hostilité à l’égard du candidat de gauche. Dans un éditorial semblant déplorer que le Parti démocrate ne lui accorde pas assez de considération alors qu’il vient de remporter une suite de victoires électorales, le Wall Street Journal échafaude une théorie renversante : « M. Sanders n’a droit à aucun égard car les élites démocrates préfèrent une candidate qui masque mieux son socialisme que lui » Sanders gets no respect », 29 mars 2016). En somme, la primaire démocrate viserait à sélectionner le gauchiste le plus habile à dissimuler sa radicalité, mais le quotidien du groupe Murdoch aurait fort heureusement déjoué la manœuvre !

       Propulsé par un mouvement populaire plutôt que par les éditorialistes et par l’establishment, M. Sanders jouit, tout comme le candidat républicain Donald Trump, d’une grande liberté vis-à-vis des barons de la presse. L’un comme l’autre disent ce qu’ils pensent, alors que chaque mot prononcé par leurs concurrents, et en particulier par Mme Clinton, est soupesé, écrêté et stérilisé par une armée de conseillers en communication. Mais pendant que M. Trump injurie les journalistes — surtout quand ce sont des femmes —, M. Sanders analyse le système qui les produit.

       Interrogé le 23 mars 2016 par la chaîne The Young Turks (diffusée sur YouTube), il expliquait : « Nous devons percer le brouillard des médias dominants, qui s’emploient à nous distraire sans aborder les vrais problèmes. (…) J’ai dû écrire une lettre aux directeurs des grandes chaînes pour leur signaler que leurs émissions du dimanche n’abordent presque jamais la question du climat. Pourquoi ? Faut-il mettre cela en rapport avec le fait que les producteurs de charbon et de pétrole sont d’importants annonceurs ? Je le crois. Ils ne parlent pas non plus des inégalités de revenus et de fortune.

       Entend-on jamais des débats vraiment sérieux sur les causes de la disparition de la classe moyenne ? Pourquoi les riches accaparent-ils presque tout ? La santé : vous avez vu le film de Michael Moore Sicko  ? C’est un très bon film. Mais quand je parle aux jeunes, ils ignorent que nous sommes le seul grand pays sans système gratuit de santé pour tous. Ils ne savent pas que l’éducation supérieure est gratuite en Allemagne ou dans les pays scandinaves. Les médias ne le leur expliquent pas. Car les médias sont l’un des bras de la classe dirigeante de ce pays. Et ils veulent parler de tout, sauf des questions les plus importantes, parce que si l’on parle des vraies questions et que les gens s’instruisent, savez-vous ce qui se passe ? Ils pourraient bien vouloir tout changer. »

    (1) Adam Johnson, « Washington Post ran 16 negative stories on Bernie Sanders in 16 hours », FAIR.org, 8 mars 2016.

    http://www.monde-diplomatique.fr/2016/05/RIMBERT/55469

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (PENSE CHAQUE JOUR

    QUE TU PENSES)

    ***

    "Je t'ai dit 100 fois d'engager un professionnel... Tu n'es pas

    doué pour le travail manuel.

    Combien de fois dois-je le répéter?

    - Mal... Mal..."

    http://darkbeautymag.tumblr.com/post/143844120489/photographermakeupmodel-bryn-dc-bryndc

    ***

    sjbm.wordpress.com

    Les labos pharmaceutiques

    vous draguent sur les réseaux sociaux

       Si dans votre entourage quelqu’un souffre d’une maladie chronique ou d’un cancer, vous avez sans doute atterri un jour ou l’autre sur Voix des patients ou La Chaîne Rose. Vous y avez lu des conseils ou des témoignages qui vous ont peut-être aidés. Vous vous êtes mis à suivre les publications de leurs pages Facebook. Mais vous n’avez peut-être pas relevé que derrière ces deux sites se trouvent les laboratoires Roche.

       Si c’est plutôt l’arthrose qui vous intéresse, vous avez de grandes chances d’avoir découvert Arthrocoach. Un site que l’on doit, cette fois, aux laboratoires Expanscience, et qui se prolonge sur Facebook et surYouTube

       De son côté, Arkopharma investit les réseaux sociaux et interroge les internautes à propos des vertus des plantes par l’intermédiaire de jeux-concours tandis que Biogaran s’est lancé dans la web série  : «  Avec les génériques, y’a pas de hic  ». (...)

       (...) Avec toutes ces initiatives, les laboratoires tentent de reprendre la main face aux patients consommateurs qui n’hésitent plus à promouvoir ou à dénigrer des médicaments sur les forums ou à suggérer un nouveau traitement à leurs médecins.

       Et puis, estime Caroline Faillet, codirigeante de Bolero, un cabinet de conseil en stratégies digitales : «  Ils tentent de se mobiliser face aux scandales sanitaires qui les ont affectés. La plupart sont dans une démarche purement corporate où il s’agit de soigner leur e-réputation.  »

       A l’entendre, les laboratoires se servent avant tout des réseaux sociaux et des sites de patients pour redorer leur image. (...)

       (...) Une stratégie dont se défend la directrice des relations institutionnelles de Roche, Véronique France-Tarif   : «  Le Web ne sert pas à nous donner une coloration positive. Je pense que les patients ne sont pas méfiants envers l’industrie pharmaceutique, ils sont conscients de ce qu’on peut leur apporter. »

       Compte tenu de la réglementation sur la promotion des médicaments, l’offensive de l’industrie pharmaceutique sur le Net français restera de toute façon limitée. Selon Caroline Faillet, les laboratoires « ont peur d’être suspectés de prescription déguisée ».

       Depuis deux ans, une charte de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) encadre les activités de promotion des producteurs de médicaments sur le Net. [PDF]

       L’agence assure «  être en mesure d’intervenir sur saisine ou si elle repère des pratiques litigieuses de sociétés pharmaceutiques  ». Mais elle ne possède pas de réel pouvoir coercitif et ne peut qu’«  alerter par des rappels ou des mises en garde les hébergeur de forums sur la santé  ».

    http://rue89.nouvelobs.com/2016/05/04/les-labos-pharmaceutiques-draguent-les-reseaux-sociaux-263946

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA PENSÉE DU LENDEMAIN

    VAUT-ELLE MIEUX QUE CELLE

    DE LA VEILLE?)

    %%%

    "Oui, c'est très bien comme ça...

    La bouche grande ouverte..."

    druwaldon:

    jack davis

    %%%

    "Vous avez dit, Chérie, qu'il y avait quelqu'un sur

    le téléphone? Qu'est-ce à dire?"

    http://druwaldon.tumblr.com/post/143833763751/jack-davis

    %%%

    "Alors, comme ça, je ne serais pas votre type, Shirley?!"

    http://druwaldon.tumblr.com/post/143833748136/jack-davis

    %%%

    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE RESPIRE LE

    MÊME AIR QUE TOI)

    ***

    http://zestyblog.tumblr.com/post/143403657697

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    bazartculturel.wordpress.com

    Lettre de Marivaux sur la paresse:

    "Ah! sainte paresse! salutaire indolence!

    Devenez fan

    Éditrice chez DesLettres

        En ces temps difficiles de crise, de redoublement d'efforts et d'appels salvateurs à la valeur travail, Marivaux, né le 4 février 1688, apporte une contribution singulière. D'ascendance noble, riche de naissance et refusant d'employer ses entregent pour démultiplier sa fortune, le fameux auteur dramatique, auteur entre autres de Le jeu de l'amour et du hasard ou La double inconstance fut, un jour, ruiné. Loin de s'en offusquer, il écrivit cette lettre à un ami prononçant l'éloge de la paresse! Tout un esprit déconcertant à redécouvrir!

       Ecrite en l'An 1740.

       Oui mon cher ami, je suis paresseux, et je jouis de ce bien là, en dépit de la fortune qui n'a pu me l'enlever et qui m'a réduit à très peu de chose sur tout le reste : et ce qui est fort plaisant, ce qui prouve combien elle est innocente de tous les blâmes dont on la charge, c'est que je n'aurais rien perdu des autres biens si des gens qu'on appelait sages, à force de me gronder, ne m'avaient pas fait cesser un instant d'être paresseux.

       Je n'avais qu'à rester comme j'étais, m'en tenir à ce que j'avais et ce que j'avais m'appartiendrait encore : mais ils voulaient, disaient-ils, doubler, tripler, quadrupler mon patrimoine à cause de la commodité du temps, et moitié honte de paraître un sot en ne faisant rien, moitié bêtise d'adolescence et adhérence de petit garçon au conseil de ces gens sensés, dont l'autorité était regardée comme respectable, je les laissai disposer, vendre pour acheter, et ils me menaient comme ils voulaient.

       Un abbé Maingui surtout, devant Dieu soit son âme, fit taire mon peu d'avidité naturelle, et cet honnête homme, vraiment homme d'honneur, à force de bonté, de soins et d'intérêt pour ce blanc-bec, qu'il appelait le petit garçon de la société, dénatura tant de bribes de mon aveu qu'il ne leur est pas resté miette de nature.

       Ah ! sainte paresse ! salutaire indolence ! si vous étiez restées mes gouvernantes, je n'aurais pas vraisemblablement écrit tant de néants plus ou moins spirituels, mais j'aurais eu plus de jours heureux que je n'ai eu d'instants supportables. Mon ami, le repos ne vous rend pas plus riche que vous ne l'êtes ; mais il ne vous rend pas plus pauvre : avec lui vous conservez ce que vous n'augmentez pas, encore ne sais-je pas si l'augmentation ne vient pas quelquefois récompenser la vertueuse insensibilité pour la fortune.

       M. le marquis de... est arrivé avec Madame. Il est venu ici, je n'y étais pas. Madame a envoyé une carte chez moi pour m'inviter à dîner. J'ai été diner chez eux, je n'ai pu vous mettre sur le tapis ; j'ai promis d'y retourner mardi, vous ferez un article de mon colloque. Le mari part jeudi pour Compiègne ; le prince de... doit le prendre pour voyager avec lui. Je ne lui envie pas sa course. Qu'il me céderait pour rien s'il pouvait, à ce que je pense ; mais il a l'honneur d'appartenir à un prince, il faut qu'il marche ; et moi j'ai la douceur de n'appartenir qu'à moi, et je ne marcherai point.

       Rendez mille grâces pour moi à Madame la comtesse de... de l'obligeante mention qu'elle fait quelquefois de moi. Vous êtes bien mieux chez elle qu'on ne sera à l'armée, et le culte que vous rendez à son bon cœur et à sa belle âme, aux grâces de son caractère et à sa raison, est bien plus noble, bien plus libre, plus consolant que ne l'est le service du plus grand des princes. Dites-lui que je me mets à genoux devant son idée, comme devant un image, l'hommage de mon âme n'a jamais appartenu qu'à ce qui lui ressemble, ni mon estime qu'à ceux qui pensent et sentent comme vous. Bonjour, mon ami, je vous embrasse mille fois ; Mlle de... vous embrasse une.

    Source: Marivaux, Journaux et Oeuvres diverses, Editions Garnier Frères

    http://www.huffingtonpost.fr/morgane-ortin/lettre-de-marivaux-sur-la-paresse_b_9803890.html?utm_hp_ref=france

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (DIEU N'A JAMAIS

    PROUVÉ SON EXISTENCE)

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    (Cette interprétation de "La Démocratie au fouet"

    ne nous laissa pas indifférents)

    http://zestyblog.tumblr.com/post/143536012297

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    http://libertyvox.fr/2015/10/18/canal-une-deroute-annoncee/

    Plainte en diffamation contre Bastamag :

    le groupe Bolloré fait appel du jugement

    PAR RÉDACTION 

       Poursuivis en diffamation par le groupe Bolloré pour un article sur le phénomène d’accaparement des terres, le directeur de publication et des journalistes de Bastamag ont été relaxés le 14 avril dernier par le Tribunal de grande instance de Paris. Cet article de synthèse, publié en octobre 2012, pointait le rôle de grandes entreprises françaises dans l’accaparement de terres – ces appropriations de terres à grande échelle par des fonds d’investissements ou des multinationales, principalement en Afrique et en Asie.

       S’appuyant sur des rapports des Nations unies et d’organisations internationales, l’article mentionnait, entre autres, les activités du groupe Bolloré, via une holding luxembourgeoise, la Socfin, dans lequel le groupe possède de fortes participations.

       Dans son jugement, la 17ème chambre du Tribunal a estimé que le sujet abordé « consacré à un problème aussi essentiel que l’exploitation des terres agricoles en Afrique et en Asie et son impact sur les populations et l’environnement présente incontestablement un caractère d’intérêt général ». Et a jugé que, compte tenu « de l’existence d’une base factuelle suffisante pour étayer les propos poursuivis » et de« l’impératif du débat démocratique », la relaxe s’imposait (voir le détail ici). Mais ce lundi 25 avril, le groupe Bolloré a fait savoir qu’il faisait appel de ce jugement.

       Bastamag fait par ailleurs l’objet d’une deuxième plainte en diffamation de la part du groupe Bolloré, pour un court article évoquant en octobre 2014 une rencontre entre des représentants de l’entreprise et des délégués de communautés locales africaines et cambodgiennes en conflit avec la Socfin : « Accaparement de terres : le groupe Bolloré accepte de négocier avec les communautés locales ».

       Convaincue de l’importance de cette question, la rédaction de Bastamag poursuivra son travail d’information sur ces phénomènes d’accaparement de terres et sur la responsabilité des grands groupes français et internationaux dans ce processus. Les pratiques de la Socfin au sein de plantations qu’elle possède, en particulier en Afrique et en Asie, sont toujours pointées du doigt par des organisations de la société civile. Des paysans cambodgiens ont porté plainte en juillet dernier contre le groupe Bolloré devant le Tribunal de grande instance de Nanterre pour violation des droits de l’Homme et du droit de l’environnement. Au Sierra Leone, six leaders de communautés locales en conflit avec la filiale de la Socfin ont été emprisonnés.

       Diffuser ces informations, participer au nécessaire débat démocratique sur ces sujets, serait-il devenu impossible ? La décision du groupe Bolloré de faire appel de ce jugement pose des questions essentielles sur la liberté d’informer, en particulier sur les activités des multinationales. Est-il encore possible de parler de ces sujets sans risquer une longue procédure judiciaire ?

    https://www.bastamag.net/Plainte-en-diffamation-contre-Bastamag-le-groupe-Bollore-fait-appel-du-jugement

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'AURORE A DES

    DOIGTS DE ROSE)

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    "Ton chapeau, il est fait à base de quoi?

    - J'en sais rien, mais ça pue"

    Photographer: Isabella Barter
    Hair/Makeup: Silvija Vil
    Model: Samanfah WIlson

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    europe1.fr

    Nuit debout au village ? Bien sûr !

    On phosphore à Aumessas, dans le Gard

    Pierre Isnard-Dupuy (Reporterre) 

       Avec grande motivation, Céline, Corinne, Héloïse, Tof et Kevin ont organisé, mardi 26 avril, la première Nuit debout de leur village, Aumessas, 233 habitants, niché dans un vallon des Cévennes. Depuis près d’un mois, ils ont participé à de nombreuses Nuits debout, à Montpellier puis plus près de chez eux, au Vigan et à Brissac.

       À l’extérieur de la gare convertie en salle communale, une dizaine d’enfants s’amusent sur les anciennes voies, devenues terrain de foot. Depuis 1952, les trains qui permettaient de grimper sur le Larzac ou de descendre à Nîmes ne circulent plus, ce qui a aggravé l’exode rural. Ce mardi 26 avril, les clameurs des enfants se font parfois entendre à l’intérieur, couvrant les paroles de l’assemblée.

       Cinquante personnes ont fait le déplacement. Habitants du lieu, de villages voisins ou d’un peu plus loin. Militants de longue date ou se découvrant une passion pour la politique. José, qui réside en région parisienne, est impressionné par l’organisation et l’affluence : « J’ai participé à une Nuit debout à Évry et il y avait à peu prés autant de monde qu’ici. » Céline est très enthousiaste : « Ça fait quinze ans que je m’étais détournée du militantisme. Ce qui se passe ce soir, j’en rêvais depuis longtemps. C’est une école de la vie qui commence. » (...)

       (...) S’appuyant sur l’expérience de Montpellier, Kevin, à la tribune, propose des règles pensées par l’équipe qui a préparé l’assemblée générale. À ses côtés, Céline fait « l’hôtesse de l’air » pour montrer les gestes désormais célèbres de Nuit debout. Kevin invite à ce que le temps de parole soit fixé à deux minutes maximum et que les décisions de « l’assemblée générale souveraine » soient validées à la majorité des deux tiers. Fabienne Labrosse, connue comme militante du comité local du Parti de gauche, qualifie un tel fonctionnement de « surréaliste » au regard d’une assemblée taillée pour plus de « spontanéité » que celle de Montpellier. Le temps de parole de chacun est porté à cinq minutes. Au cours des deux heures et demie de discussions qui suivent, la règle n’est pas surveillée. Ce qui n’empêche pas une qualité d’écoute et d’échange rarement observée dans une assemblée de ce type. (...)

       (...) Dans un inventaire à la Prévert, Isabelle, professeure des écoles dans la vallée, proche de la retraite, dresse une liste impressionnante de luttes en cours dans la région et au-delà. Les grands projets inutiles et imposés y ont une grande place. Elle parle aussi du procès Luxleaks, de la directive européenne sur le glyphosate ou encore des blocages à Mayotte... Côté solutions, Podemos et le mouvement de Yannis Varoufakis, ministre de l’Économie démissionnaire du premier gouvernement Tsipras, en Grèce, lui paraissent de bonnes pistes. « Militante syndicale depuis 40 ans », Isabelle se réjouit que Nuit debout « récupère les syndicats ». Dans un élan d’euphorie, elle affirme vouloir « être récupérée le plus possible ».

       Denis Bertaux, qui avec son chapeau éternellement vissé sur la tête est une figure du collectif Stop gaz de schiste du Vigan, ajoute « dans la liste des grands projets inutiles, tu oublies E.ON à Gardanne ». Du nom de la multinationale allemande qui souhaite engloutir 850.000 tonnes de bois par an dans sa centrale de la ville industrielle des Bouches-du-Rhône. Nombreux sont les écologistes cévenols inquiets. Leurs montagnes sont incluses dans un rayon d’approvisionnement prioritaire de 400 km pour cette centrale, à présent gérée par la filiale Uniper. « À Aumessas, quelqu’un coupe déjà pour E.ON ! » s’exclame Denis. Marc Labinal président de l’ASL, qui regroupe les propriétaires forestiers de la commune, lui répond que son objectif n’est pas de« sortir du bois pour E.ON mais d’améliorer les futaies », tout en affirmant qu’E.ON est un « client potentiel » pour du bois de deuxième choix.

       Assis sur la chaise d’à côté, Jean-François Dromel, membre de l’ASL et président du groupement de développement forestier du Gard, ajoute : « C’est du développement durable que l’on veut faire. On ne va pas tout raser. » Corinne pense qu’il est préférable « que le bois soit valorisé localement plutôt qu’il parcoure des kilomètres ». Le débat n’a jamais eu lieu publiquement dans le village. Pour le poursuivre, l’assemblée acte d’organiser une réunion publique ultérieurement. (...)

       (...) La suite des discussions se fait à bâtons rompus. Travail, consommation, médias, agriculture... chaque intervention apporte une réflexion dans un de ces thèmes, souvent accompagnée de proposition très concrètes. « Tous ces gens qui sont plus haut que nous, c’est eux qui nous empêchent de faire ce qu’on a à faire, comme du maraîchage ou de l’élevage », résume Sacha, 11 ans, le fils de Tof. (...)

       (...) « Et si on lançait une pratique de boycott des supermarchés ? » avance un jeune homme d’une trentaine d’années. D’autres voix proposent la création d’un système d’échange local (SEL) ou encore d’une monnaie locale. « Fana d’histoire et attaché au Front populaire », Pierre est agacé d’entendre chaque matin « la leçon de libéralisme » de France Inter. « Les économistes atterrés, indignés ou je ne sais quoi, devraient pouvoir s’y exprimer aussi », considère-t-il. « Les thinks tanksnous mettent dans la tête des mots qui nous empêchent de penser, abonde Fabienne, comme, par exemple, “emploi”, qui cache les ouvriers qui ont des métiers. Ce week-end j’ai participé à un atelier de désintox du langage avec Franck Lepage. On s’est dit que l’on pouvait faire ce travail sur le projet de loi travail. Je me fais la porte-parole de cette proposition devant l’assemblée. » Puis elle, ajoute : « Les services publics sont à nous. Il faut se les réapproprier pour en faire ce que l’on veut. » (...)

       (...) Kevin est attristé de voir beaucoup de terrains en friche. « Les gens qui galèrent au RSA, il y en a par kilos ici. Ça leur donnerait une activité. » Il propose d’aller voir les propriétaires pour les convaincre de prêter leurs parcelles pour y faire collectivement du maraîchage.

       Finalement, il est très peu question de la loi travail. Artiste du spectacle vivant, Héloïse a perdu son droit à l’intermittence. Pour elle, la loi travail est simplement « la goutte d’eau » qui fait déborder le vase d’une précarité généralisée et qui pousse à s’organiser autrement. La jeune femme rêve d’un jardin partagé et d’un bar associatif pour son village. (...)

       (...) À la Nuit debout d’Aumessas, les participants préfèrent esquisser des actions qui les mèneraient vers davantage de solidarité et d’autonomie. « Utopie, ça veut dire “ce qui n’est pas sur la carte” alors, à nous de construire une nouvelle carte », résume Tof, éclairagiste et intermittent du spectacle. (...) 

       (...) Durant la première heure de l’assemblée, les habituels militants sont presque les seuls à s’exprimer. Petit à petit, la parole se libère et gagne les personnes qui, jusque là, restaient dans l’expectative. De larges sourires se lisent sur les visages. « Toutes ces discussions, ça fait du bien, lâche Simon. Je bossais comme cadre dans l’agroalimentaire. Je gagnais beaucoup d’argent. Disons que je faisais partie non pas des 1 % les plus riches, mais des 5 % », témoigne ce quarantenaire. « Tant d’agent, pour quoi faire ? et puis vous bossez pour quoi ? Pour pas voir vos gosses et finalement bosser pour un système qui vous détruit », poursuit-il. Puis, très optimiste, « je pense qu’on est en train de vivre un grand changement. Dans leur tête, beaucoup de cadres comme moi sont en mutation ».

       Thierry travaille à son compte pour faire du treillage. « J’ai des clients qui ont beaucoup d’argent mais ce n’est pas pour ça que j’en gagne beaucoup. Vous savez bien, les riches, ce ne sont pas les plus généreux. » L’assemblée se marre. Thierry continue :« Souvent, ça ne se passe pas bien avec les clients, Il y a beaucoup de stress. Alors, j’aimerais lâcher ce que je fait pour faire plus humain, plus local. » Toutes les propositions qui ont fusé au cours de ce premier rendez-vous sont soigneusement notées. Elle seront étudiées par la commission action et débattues la prochaine fois. Tout comme pour la commission action, un référent pour la commission organisation (pour la prochaine AG) et un autre pour la commission communication sont élus. (...)

       (...) En préparant cette première rencontre, Céline est allée faire le tour des anciens du village pour les inviter. « La plupart m’ont répondu : “Oui, c’est bien, mais on ne se sent plus concernés.” », rapporte-t-elle devant l’assemblée. Alors, Céline appelle à la « convergence des générations ». Après les débats lui vient l’idée de « l’AG des enfants. Ils se concertent puis ils viennent faire leur propositions à Nuit debout ». L’autre convergence chère à Céline, c’est celle des néoruraux, c’est-à-dire de nouveau arrivants, citadins pour la plupart, avec celles et ceux qui ont grandi localement. La communication entre ces deux groupes est souvent inexistante.

       La Nuit debout d’Aumessas se retrouvera toute les semaines et se structure déjà avec les initiatives voisines. Gaëlle, de la Nuit debout de Brissac, propose qu’une fois par mois les Nuits debout locales se retrouvent pour mettre en commun. La proposition est accueillie avec enthousiasme par ceux d’Aumessas. Kevin rêve plus grand : « La Nuit debout de la place de la Comédie, à Montpellier, pourrait devenir la Nuit debout régionale. Avec une Nuit debout qui se monterait pour chaque quartier de la ville et dans les villages. »

    http://reporterre.net/Nuit-debout-au-village-Bien-sur-On-phosphore-a-Aumessas-dans-le-Gard

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (AGIT SANS T'AGITER)

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    (La nouvelle tenue des postières laissait Alice perplexe)

    michaelallanleonard:

    Roller Disco Fashion, from Vogue, 1982.

    (Source: Flickr / randar, via glamoramamama75)

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     synergeek.fr

    « Les hackers créent les cultures

    de la désobéissance dont nous avons besoin »

     

       Anthropologue de formation, Gabriella Coleman est devenue spécialiste de la culture hacker et notamment du groupe Anonymous, après avoir passé des années à étudier le monde du logiciel libre. Elle est probablement la personne qui connaît le mieux le groupe Anonymous sans pour autant en faire partie, et son livre sur le mouvement a récemment été traduit en français.

       Elle était de passage à Paris le week-end dernier. Elle nous a parlé des hackers et, surtout, de leur politique, mais aussi, parce que nous étions à 500 mètres de la place de la République occupée par « Nuit debout », de leurs liens avec les mouvements d’occupation.

       / « Des groupes décentralisés », « sans leaders », qui « préservent la conflictualité »... En lisant votre livre, j’ai été frappée par le fait que ces termes, choisis pour décrire le fonctionnement des Anonymous, s’appliquaient aussi très bien aux mouvements d’occupation de ces dernières années, et en France au récent Nuit debout par exemple. La « politique des hackers » influence-t-elle les formes d’activisme politique contemporaines ?

       - Gabriella Coleman : C’est vrai que ça résonne. Mais je pense que les mouvements d’occupation ont une autre généalogie – en Europe, mai 1968 et aux Etats-Unis les mouvements anti-nucléaire et antimondalisation, influencés par les quakers [mouvement religieux anglo-saxon, caractérisé notamment par l’absence de credo et l’égalitarisme, ndlr]. La vague récente des occupations a aussi été influencée par lesprintemps arabes.

       De son côté, le monde des hackers a sa propre histoire de décentralisation. Mais comme ils interagissent plus que jamais avec ces mouvements, les deux commencent à s’hybrider.

       Ainsi Anonymous a été présent au début d’Occupy Wall Street et les hackers ont joué un grand rôle dans le mouvement du 15 de Mayo, qui a donné les «  Indignés  » en Espagne. Aujourd’hui, en Espagne, vous avez le groupe X-Net, qui sont des hackers, des activistes du logiciel libre tout en étant aussi anarchiste et en faisant partie du mouvement altermondialiste.

       Et c’est vrai que l’insistance sur l’idée de ne pas avoir de chef, de « faire » plutôt que se poser des questions théoriques avant d’agir, qu’on retrouve dans les mouvements d’occupation, ce sont aussi des points très importants de l’éthique hacker. Mais les deux tendances peuvent exister indépendamment.

       / Comment les hackers, centrés au départ sur des questions de logiciel ou d’informatique, se sont-ils mis à s’intéresser à la politique ? 

       La culture des hackers a toujours été politique, au sens où leurs pratiques et façons de faire étaient en elles-mêmes politiques. Par exemple, dans le monde des logiciels libres, le fait de dire  : « On n’aime pas le système des brevets et des copyrights, on va créer notre propre système juridique » [qui sera la licence libre et les creative commons, ndlr]. Ou celle d’entrer dans les systèmes informatiques juste pour la beauté du geste. Mais pendant longtemps, ces mouvements sont restés concentrés sur les questions de technologie, même s’ils pouvaient être des sources d’inspiration au dehors.

       C’est Wikileaks qui a été le tournant. Soudain, un hacker, Julian Assange, est devenu un acteur géopolitique mondial, dont on parlait dans tous les grands médias internationaux. Je n’aurais jamais pu demander à mon père s’il avait entendu parler de Phil Zimmerman [l’inventeur du système de chiffrement PGP, ndlr] alors qu’aujourd’hui il n’arrête pas de m’envoyer des mails pour me parler de Julian Assange, qu’il adore...

       D’une politique très centrée sur les problématiques internes au monde des hackers on est alors passé à une politique significative sur le plan géopolitique. Wikileaks, Chelsea Manning, Edward Snowden... ont inspiré beaucoup de gens dans le monde du hacking. Bien sûr, il y avait déjà des acteurs mus par des causes plus larges. Indymedia a été créé par des hackers, par exemple, qui œuvraient pour la justice sociale. Mais il y a aujourd’hui une masse critique qui n’existait pas il y a vingt ans.

       / L’un des visages les plus frappants de cet activisme, c’est le groupe Anonymous, que vous avez étudié pendant plusieurs années. Pourtant, au départ, Anonymous c’est un groupe de trolls à l’humour provocateur (le « lulz ») qui sévit sur le forum 4chan. Comment sont-ils passés du « lulz » à l’engagement politique  ?

       C’est assez fou en fait. Les trolls sont des gens extrêmement cyniques, pas toujours très gentils – pas le genre de gens que vous vous attendez à voir se tourner vers l’activisme et la politique. D’ailleurs, leur transition continue de me surprendre un peu.

       C’est en 2008 que le trolling est devenu vraiment politique, quand Anonymous a décidé de se mobiliser contre l’église de la Scientologie. Pour la première fois, des membres d’Anonymous sont descendus dans la rue. Et ils ont découvert leur pouvoir.

       Quand quelqu’un qui n’a jamais manifesté se joint pour la première fois à un cortège, il se passe quelque chose dans sa tête. Je crois que c’est ce qui s’est passé pour eux. Soudain, il y avait toutes ces photos d’eux avec des masques qu’on avait vu avant dans « V pour Vendetta » – et qui eux-mêmes reprenaient la figure de Guy Fawkes, très ancrée dans la culture populaire. C’était comme si soudain le film se matérialisait dans la rue. Et ça charriait l’idée très puissante que n’importe qui pouvait être Anonymous : vous, moi...

       / Mais est-ce que c’est vrai ? N’importe qui peut-il vraiment devenir Anonymous  ? Vous montrez qu’il existe plusieurs strates de savoir dans le groupe...

       - Oui, tout à fait. Mais ça ne vous empêche pas de vous faire appeler Anonymous si vous voulez. C’est ce qui explique la grande diversité sociale du mouvement. On imagine toujours les Anonymous comme en majorité des jeunes hommes blancs, isolés et en colère... Alors que dans le monde de la « politique geek » c’est le mouvement le plus divers socialement, parce que personne ne sait qui se cache derrière le masque. C’est très efficace parce que vous pouvez vous dire « Est-ce que ça pourrait être des gens comme moi  ? »

       Il y a toutes sortes de gens dans Anonymous  : des gauchistes purs et durs, des anciens du mouvement altermondialiste, des gens qui se sont politisés pour la première fois, des professeurs, des très riches, des pauvres... Le seul point commun (et encore pas toujours) c’est que ce sont des gens qui aiment Internet – qui étaient des gamers ou passaient beaucoup de temps sur Reddit... Mais ça, c’est des millions de personnes  !

    blogdumoderateur.com

       / Anonymous a été actif dans Wikileaks, les printemps arabes tunisiens et égyptiens, mais aussi des campagnes anti-viol par exemple. Même si le mouvement est décentralisé, est-ce qu’on peut quand même identifier leurs valeurs ou une sorte de projet politique ?

       - Pour l’instant, ils révèlent la corruption et les abus, et viennent en aide à ceux qui en ont besoin. Il y a aussi une règle tacite  : même si Anonymous peut être très critique vis-à-vis des journalistes, ils n’attaquent pas les médias (à de rares exceptions, qui confirment la règle). Ce sont d’ailleurs les attaques contre Charlie Hebdo qui ont poussé Anonymous à luttercontre l’EI  : parce que c’était une question de censure, mais aussi parce que je pense qu’ils voyaient Charlie Hebdo et son humour comme leur équivalent journalistique.

       Jusqu’à présent, ils se situent sur un éventail politique qui va des libéraux à la gauche. Mais rien n’assure que ce sera toujours le cas. Il arrive que des groupuscules de droite ou d’extrême droite surgissent ; il y a par exemple des Anonymous allemands qui sont vraiment fascistes.

       Cette année, l’opération d’Anonymous contre l’Etat Islamique, OpISIS, a vraiment divisé. Certains disaient  : « Nous sommes contre le terrorisme mais nous ne pouvons pas travailler avec des entreprises de défense privées et des gouvernements. » Pour l’instant, c’est une minorité, mais qui continue de grandir et qui peut changer la nature d’Anonymous.

       / Comment est perçu Anonymous aujourd’hui en tant que groupe politique ?

       - Leur irrévérence fait qu’ils continuent de diviser beaucoup chez les activistes de gauche. Pour certains, ils ont le mérite d’agir et de prendre des risques, pour d’autres ce sont des gamins qui utilisent un langage inacceptable.

       Par ailleurs, pour l’instant, ils ne sont pas considérés aux Etats-Unis comme des cyberterroristes. Il y a à ça de nombreuses raisons mais je pense que c’est en partie parce qu’il y a eu ces dernières années des représentations de hackers dans les médias, représentant directement Anonymous ou s’en inspirant fortement, de façon très positive. Comme dans les séries « Mister Robot », « House of Cards », ou le très bon film « Who Am I ».

       / Quand on entend aujourd’hui la rhétorique de la Silicon Valley qui veut « hacker la croissance », « hacker le monde », est-ce qu’il n’y a pas là, un vrai risque de récupération ? 

       - Tout le discours de la Silicon Valley sur « le hack » et « la disruption » est très dangereux politiquement : ça fait passer sous des allures de rhétorique révolutionnaire quelque chose qui en réalité ne fait que renforcer les entreprises.

       Or, l’esprit qui anime Anonymous, Wikileaks, les Partis Pirates et Tor, pour ne donner que quelques exemples, est bien différent. En tant que chercheurs et journalistes, nous nous devons de bien faire la différence.

       La plus grande menace pour les hackers aujourd’hui, ce n’est pas la répression des Etats ou des gouvernements. Au contraire, la répression gouvernementale est ce qui a renforcé la politique des hackers, qui sont sortis de leur univers et se sont intéressés à la politique contemporaine une fois qu’ils ont commencé à être arrêtés et mis en prison.

       Par contre, la culture start-up les a réellement affaiblis. D’abord parce que ça prend tout votre temps – alors que si vous travaillez dans une entreprise, vous avez à la fois la stabilité financière et le temps de vous consacrer à d’autres projets. D’autre part, dans la Silicon Valley, il y a des capitalistes purs et durs, mais aussi des gens qui pensent sincèrement qu’ils sont en train de rendre le monde meilleur.

       / Le groupe Anonymous a réussi à exister pendant huit ans maintenant sans chef, sans porte-parole, sans centre de pouvoir principal. Comment s’organisent-ils ? 

       Les hackers s’organisent de façons très différentes  : parfois ils ont des constitutions et des règles strictes, des institutions comme le Chaos Computer Club [célèbre groupe de hackers allemands, qui existe depuis 1981, et compte 5 000 membres, ndlr], et parfois pas du tout. C’est pour ça, d’ailleurs, que la « politique des hackers » est si puissante  : parce qu’ils ont l’une des écologies les plus diverses que je connaisse.

       Anonymous représente le pôle imprévisible. Ils détestent l’organisation et la formalisation. Leurs actions restent imprévisibles même pour les gens qui en font partie ! Parce qu’il n’y a pas de figure qui sache tout, que c’est une géographie très complexe toujours en train de se transformer... C’est très bien pour la contestation. Car plus vous êtes imprévisible, moins vous avez de chances de vous faire attraper.

     

    terresacree.org

     

       / Mais il y a bien certaines règles ?

       - Il y a des normes. Notamment un principe très fort  : « N’agissez pas pour devenir célèbre. Ou vous vous ferez jeter. » Et ils s’y tiennent, réellement, ils éjectent ceux qui cherchent l’attention médiatique.

       Ce désir d’anonymat se voit aussi dans l’usage des masques. Et il y a là quelque chose de très cool, dans une société qui se préoccupe tellement de tout marketer et de faire du « personal branding ». Eux touchent à un certain désir, dans notre culture de la célébrité, que l’individu soit absent. Surtout, ça leur permet aussi de moduler et de minimiser les dynamiques de pouvoir. Ca ne les élimine pas totalement, mais ça empêche que tout le pouvoir soit concentré quelque part. C’est quelque chose dont d’autres mouvements, d’ailleurs, pourraient tirer des leçons.

       D’ailleurs, de nombreuses sociétés sans écriture ont des mécanismes pour rappeler aux chefs qu’ils peuvent être remplacés à tout moment. Par exemple, quand des chasseurs reviennent de la chasse en rapportant du gibier, leur clan les insulte  : « Quoi, tu trouves que c’est un beau morceau de viande  ? Ça  ? C’est minable, oui. » Même si leur prise est superbe. Malgré tout, Anonymous réussit à préserver une façade unie quand ils agissent. Ils paraissent homogènes alors que c’est une hydre avec de multiples centres  ! 

       / Vous dites qu’ils sont le vrai contre-pouvoir sur le Net, face à la surveillance généralisée. Mais en même temps, dans la conclusion de votre livre, vous ne semblez pas non plus très optimiste...

       - On voit bien le problème si on compare les luttes contre la surveillance avec celles contre la propriété intellectuelle. Dans ce dernier cas, on est dans une bataille où les forces en présence sont équivalentes : de Pirate Bay à Creative Commons, des formes de résistance très diverses existent. En revanche, en ce qui concerne la surveillance, les entreprises et les gouvernements dominent très nettement la bataille.

       Ce sera vraiment dur de se battre contre la surveillance. Le mieux qu’on puisse faire, c’est probablement de créer des poches de résistance forte, avec la cryptographie et l’anonymat. Mais c’est un avenir incertain, face au pouvoir de la NSA.

       / En ces temps de contestation sociale, est-ce qu’on peut apprendre deux ou trois choses de la politique des hackers ? 

       Il y a l’idée d’anonymat, mais aussi celle de la décentralisation. Surtout, les hackers ont développé une culture de la désobéissance, pas forcément d’ailleurs pour des raisons politiques. Et les activistes peuvent en apprendre deux ou trois choses. Car les premières fois, il est très difficile d’enfreindre la loi. Pourtant, c’est parfois nécessaire si on veut faire de la désobéissance civile. C’est pour ça qu’il nous faut créer des cultures de la dissidence, à l’aise avec le fait d’enfreindre les lois.

       J’ai volé des trucs quand j’étais petite, vous aussi probablement. C’est une bonne chose : si les gens ne sont pas systématiquement à l’aise avec l’idée d’enfreindre les lois, ils ne feront rien fuiter, ils ne seront pas lanceurs d’alertes... Or les hackers enfreignent la loi plus que n’importe qui d’autre.

       / A la fin de votre livre, vous évoquez à leur sujet l’idée du « principe espérance », développée par le philosophe allemand Ernst Bloch : les signes d’espoir que génère une culture...

       - Quand les gens se lancent dans la politique, ils ont plus à perdre qu’à gagner. La lutte politique fatigue, et les gens qui s’engagent en politique le font souvent parce que le monde est déprimant aujourd’hui. C’est pour ça qu’il faut créer des conditions pour nous fortifier contre le cynisme ou la dépression. Il faut trouver des motifs de joie et d’excitation, sinon c’est vraiment trop dur  !

       Les activistes doivent créer des environnements capables de rivaliser avec ces vies de confort et de luxe qu’offre la culture consumériste. Et c’est aussi ce que fait Anonymous, avec ces masques sortis d’un film, ces interventions spectaculaires, et, je crois, parfois un peu magiques dans l’esprit des gens.

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    Luc Desle


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