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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAL A UNE ODEUR

    DÉLICIEUSEMENT PESTILENTIELLE)

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    "Si j'accepte de recevoir Monsieur Quasimodo?

    Absolument pas, il est trop laid!"

    vintagegal:

    Nosferatu (1922)

    ***

    (Deux génies littéraires se saluent

    en chemin pour écrire dans un café)

    librairiepagesvolantes.blogspot.com

    Lettre de Charles Baudelaire à Victor Hugo

    25 février 1840

    Monsieur,

       Il y a quelques temps, je vis représenter Marion de Lorme ; la beauté de ce drame m'a tellement enchanté et m'a rendu si heureux que je désire vivement connaître l'auteur et le remercier de près. Je suis encore un écolier et je commets peut-être une impertinence sans exemple ; mais j'ignore tout à fait les convenances de ce monde et j'ai pensé que cela vous rendrait indulgent à mon égard. — Les éloges et les remerciements d'un étudiant doivent peu vous toucher, après ceux que vous ont prodigués tant d'hommes de goût. Vous vous êtes sans doute montré à tant de gens que vous devez peu vous soucier d'attirer près de vous un nouvel importun — Pourtant, si vous saviez combien notre amour, à nous autres jeunes gens, est sincère et vrai — il me semble, (peut-être est-ce bien de l'orgueil) que je comprends tous vos ouvrages.

       Je vous aime comme j'aime vos livres ; je vous crois bon et généreux, parce que vous avez entrepris plusieurs réhabilitations, parce que loin de céder à l'opinion, vous l'avez souvent réformée, fièrement et dignement. J'imagine qu'auprès de vous, Monsieur, j'apprendrai une foule de choses bonnes et grandes ; je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose. Je suis peut-être bien hardi de vous envoyer bon gré mal gré ces éloges par la poste ; mais je voudrais vous dire vivement, simplement, combien je vous aime et je vous admire, et je tremble d'être ridicule. Cependant, Monsieur, puisque vous avez été jeune, vous devez comprendre cet amour que nous donne un livre pour son auteur, et ce besoin qui nous prend de le remercier de vive voix et de lui baiser humblement les mains ; à dix-neuf ans, eussiez-vous hésité à en écrire autant à un écrivain dont votre âme eût été éprise, à M. de Chateaubriand par exemple ? Tout cela n'est pas assez bien dit, et je pense mieux que ma lettre ; mais j'espère qu'ayant été jeune comme nous, vous devinerez tout le reste, qu'une démarche si nouvelle, si inusitée ne vous choquera pas trop ; et que vous daignerez m'honorer d'une réponse : je vous avoue que je l'attends avec une impatience extrême.

       Que vous ayez ou non cette bonté, recevez le témoignage d'une reconnaissance éternelle.

    CH. BAUDELAIRE

    http://www.deslettres.fr/lettre-de-charles-baudelaire-a-victor-hugo-monsieur-puisque-avez-ete-jeune-devez-comprendre-cet-amour-donne-livre-auteur/

    ***

    (Quelques années plus tard...)

    Quand Baudelaire clashait Victor Hugo

       Charles Baudelaire a dédié trois poèmes des Fleurs du Mal à Victor Hugo, mais il était loin d’en être un admirateur inconditionnel. Une lettre inédite, révélée mercredi par le quotidien britannique The Guardian, et que Christie’s s’apprête à mettre en vente à New York, en apporte une nouvelle preuve. En janvier 1860, le poète écrit à un correspondant inconnu : «V. Hugo continue à m’envoyer des lettres stupides.» Et plus loin : «Tout cela m’inspire tant d’ennui que je suis disposé à écrire un essai pour prouver que, par une loi fatale, le génie est toujours bête.»

       La missive n’apprendra rien de nouveau aux spécialistes des deux auteurs. En novembre 1865, Baudelaire écrivait ainsi à sa mère, Caroline Aupick :«Victor Hugo, qui a résidé pendant quelque temps à Bruxelles et qui veut que j’aille passer quelque temps dans son île, m’a bien ennuyé, bien fatigué. Je n’accepterais ni sa gloire, ni sa fortune, s’il me fallait en même temps posséder ses énormes ridicules. Mme Hugo est à moitié idiote, et ses deux fils sont de grands sots.»

     

    ***

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SAGESSE DU SOIR : ESPOIR.

    SAGESSE DU MATIN: ENTRAIN)

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    "Un p'tit coup de vin?

    - Heu, non... Sans façon..."

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/post/126673474451

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    "J'ai oublié quoi, cette fois, hein?"

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/image/126668875971

    %%%

    "Comment ça, tu veux pas?

    Après tout ce que j'ai fait pour toi..."

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/post/126630365276

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    "Moi, je porte mes lingots d'or sur moi...

    En plaquettes utilitaires... "

    http://louxosenjoyables.tumblr.com/post/126626301126

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    Jacques Damboise et Nadine Estrella


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (PRÉPARE SOIGNEUSEMENT

    TON VOYAGE INTÉRIEUR)

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     (Le dentiste des diplodocus revendait ses appareils made in India)

    squinkeye:

    Ferenc Berko, Denture Shop, Rawalpindi, India.

    (via mutablemercury)

    ***

    archives-lepost.huffingtonpost.fr

    Europe du Sud.

    Sur les plages, un perturbant chassé-croisé

    entre touristes et réfugiés

    Charlotte Onfroy-Barrier 

       A l’heure où l’Europe tergiverse sur la question des migrants, de nombreux réfugiés affluent sur les côtes européennes et cotoient les touristes venus profiter des beaux jours. Une confrontation difficile et parfois violente, rapporte Der Spiegel.

       Depuis des mois, l’Union européenne (UE) fait face à une vague de migrants sans précédent. En provenance de Syrie, du Moyen-Orient ou d’Afrique subsaharienne, les réfugiés cherchent à atteindre les côtes européennes.

       Mais quand ils arrivent en Turquie, à Malte ou à Melilla – enclave espagnole frontalière du Maroc –, quand ils attendent leur embarcation, quand ils font face à d’importantes violences, ils croisent des personnes venues d’un tout autre monde : les touristes, explique Der Spiegel. Le magazine allemand s’est rendu dans cinq pays d’Europe du Sud sonder cette rencontre qui soulève la question : “Avons-nous le droit de passer nos vacances là où d’autres luttent pour leur survie ?”

       L’hebdomadaire rapporte par exemple cette scène sur les plages : les réfugiés attendent un bateau ou envisagent de partir à la nage. Et, avant la prochaine tentative, ils côtoient les touristes venus profiter du soleil et de la mer d’un bleu turquoise. Les autorités font ce qu’elles peuvent pour séparer les deux groupes, mais les rencontres sont fréquentes. “Dans les boutiques sur la plage, ils achètent le même bateau gonflable – certains pour s’amuser, les autres comme moyen de s’enfuir. Et il y a des moments tragiques où les sacs en plastique contenant des passeports, un peu de monnaie et des chaussures arrivent près des chaises longues des touristes. Ou quand des corps sont ramenés par les vagues”,raconte Der Spiegel.

       A Bodrum, en Turquie, les touristes fréquentent des hôtels de luxe, reçoivent des massages dans des spas et disposent d’une plage privée où ils sirotent tranquillement un coktail. Située au nord-ouest du pays, la ville n’est qu’à quelques kilomètres de l’île de Kos, en Grèce. Elle est devenue une importante porte d’entrée vers l’UE pour les migrants qui peuvent traverser la mer en quelques minutes, sur des radeaux de fortune.(...) 

       (...) Fidan, arrivée à Bodrum de Syrie avec ses deux enfants, confie être lassée “du regard et de la pitié” des touristes. De leur hostilité et de leur violence, aussi. Car, selon le journal allemand, les professionnels du tourisme accusent les migrants de gêner les vacanciers et de “ruiner l’économie locale”“Les chauffeurs de bus disent que les réfugiés sentent mauvais, qu’ils ne doivent pas monter dans les bus et qu’ils devraient marcher. Des touristes leur jettent des pierres du haut du balcon de leur hôtel. Tout ce qu’ils veulent, pourtant, c’est mettre leurs pieds dans l’eau et nager”, nuance leSpiegel.(...)

       (...) En mai, le Daily Mail écrivait que, “à cause des migrants, Kos, qui était jusque-là un lieu de vacances populaire, est désormais un taudis”. Selon l’hebdomadaire allemand, les agences de tourisme ont été submergées d’appels de touristes qui voulaient savoir si les migrants vivaient en ville et fréquentaient aussi les hôtels.

       Quelques vacanciers prennent leur défense. “La mer appartient à tout le monde”, martèle une femme sur la plage de Bodrum. Mais ces réactions sont peu nombreuses. Les touristes rencontrés par le Spiegel confient ne pas savoir quel comportement adopter face à l’afflux de migrants. “Quelle est la bonne réponse ? Ne pas y aller ? Est-ce que cela ne nuirait pas au pays qui a plus que jamais besoin du tourisme ?” s’interroge l’un d’entre eux.(...) 

       (...) Et puis, lorsque la nuit tombe et que les vacanciers rentrent à l’hôtel, les réfugiés rejoignent la côte en espérant que cette nouvelle tentative sera la bonne. “Ils ne savent pas que les courants sont très dangereux dans la mer Egée, estime leSpiegel, ou, s’ils le savent, ils sont prêts à prendre le risque, surtout après avoir survécu à autant de dangers.”

       A Catane, en Sicile, une plaque posée sur la plage garde la trace des migrants qui sont morts noyés pendant la nuit, raconte le journal allemand. Les touristes peuvent y lire : “Cause de la mort : espoir”.

       Malte, Melilla, Bodrum : ces trois stations balnéaires essaient de maintenir leur activité touristique tout en faisant face à l’afflux de migrants. Elles attendent un soutien de l’Europe, mais, selon l’hebdomadaire, “il n’y a pas d’issue en vue”.

    http://www.courrierinternational.com/article/europe-du-sud-sur-les-plages-un-perturbant-chasse-croise-entre-touristes-et-refugies

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    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (METS TA PENSÉE

    MISÉRICORDIEUSE EN ACTION)

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    "Chérie... Dis au cameraman qu'il se trompe

    d’angle de prise de vue..."

    anitaisnacht:

    Brigitte Bardot talking to Louis Malle

    on the set of Vie Privée Rome, 1961

    ¤¤¤

    emmacollages.com

    Un nouveau rideau de fer ?

       25 ans après la fin de la Guerre froide qui avait vu la victoire du camp occidental, la 2ème mi-temps est sur le point de commencer. Revue des forces en présence, des dynamiques en cours et des lignes de front en cours de constitution.

       / Les Etats-Unis : hyperpuissance à ambition monopolistique sur le déclin

       Grand vainqueur de la Première Guerre Froide et seul Géant survivant à la disparition de l’URSS, les Etats-Unis ont cherché à développer leur hégémonie dans le Cadre du « Nouvel Ordre Mondial » puis à la défendre (théorie du « choc des civilisations »).

       S’appuyant sur une Ligue de Délos moderne (OTAN, OTASE), ils ont cherché à asseoir leur domination stratégique et économique (les accords de libre-échange en cours de négociation, TPP, TAFTA, en sont des exemples éclatants).

       - Illustration du champ d'influence US : les résultats du vote de la résolution 68/262 du 27 mars 2014 sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine : https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Donbass#/media/File:UN_Resolution_regarding_the_territorial_integrity_of_Ukraine.svg

       Si le "Pour" l'emporte largement (plus de 100 voix), les Etats abstentionnistes sont nombreux et de nombreuses puissances émergentes sont présentes (Inde, Chine, Brésil...)

       / Puissance « tricéphale » émergente : Russie, Inde et Chine, animatrices de l’Organisation de Coopération de Shanghaï (OCS).

       Pour faire pièce à l’unilatéralisme américain, plusieurs Etats eurasiatiques sont en cours de regroupement. Le cadre de cette structuration régionale a été initié en 2001 avec la création de l’organisation de Coopération de Shanghaï, regroupant initialement 6 pays autour de la Chine et de la Russie. Cette organisation est en passe de devenir un formidable contrepoids à l’influence américaine mondiale, par l’intégration décidée en juillet 2015 de l’Inde et du Pakistan.

       Le regroupement de 4 puissances économiques, démographiques et nucléaires telles que la Russie, la Chine, l’Inde et dans une moindre mesure le Pakistan, regroupant à elles seules 3 milliards d’individus et talonnant le PIB occidental, est une donnée inédite dans le paysage géopolitique du 21ème siècle.

       Cette évolution induit des dynamiques nouvelles qui vont avoir une influence sur le positionnement de nombreux pays sur l’ensemble des continents. L’attraction n’est plus seulement réservée à la sphère étasunienne en perte de vitesse, et le multipolarisme acquiert peu à peu une réalité tangible.

       - Carte de l'Organisation de Coopération de Shanghaï. Initialement limité à l'Asie du Nord (Russie-Chine-Asie centrale), l'organisation s'étend en 2016 vers l'Océan indien :https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_de_coop%C3%A9ration_de_Shanghai#/media/File:SCO_%28orthographic_projection%29.svg

       Les puissances relais actrices de la multipolarité

       Dans cette configuration inédite, une série de puissances moyennes vont acquérir une importance stratégique dans les mois et les années à venir. Elles disposent d’atouts économiques avérées, bénéficient d’une croissance économique solide et se trouvent parfois placées sur les zones de confrontation des deux sphères.

       Tout d’abord, les puissances du « bloc moyen-oriental », extrêmement hétérogènes : Turquie, Egypte, Iran, Arabie Saoudite. Traditionnellement proches de l’influence américaine, la Turquie étant membre de l’OTAN et l’Arabie Saoudite soutenue depuis des décennies par les Etats-Unis.

       L’affaiblissement de l’influence US (surtout depuis la guerre en Irak), la montée des rivalités entre puissances régionales (entre Qatar, Arabie Saoudite et Iran notamment) et l’émergence d’un nouvel acteur oriental a contribué à la déstabilisation interne de plusieurs pays (Egypte, Syrie, Irak…) et annonce une nouvelle phase d’équilibre, où les Etats-Unis seront beaucoup moins présents.

       Outre l’Iran, membre de droit de l’OCS depuis 2005, la Turquie et l’Egypte sont attentives à l’évolution du Grand Jeu régional : la Turquie semble faire le deuil d’une intégration sans cesse repoussée à l’Union Européenne et considérer tout l’intérêt de s’allier avec les autres peuples turcophones d’Asie centrale : les discussions avec l’OCS se sont accélérées depuis 2013.

       La nouvelle Egypte issue de la révolution de 2011 construit peu à peu une politique nationaliste, marqué d’événements spectaculaires (élargissement du Canal de Suez notamment) et peut tout à fait prendre ses distances avec Washington qui contrôle de moins en moins la région. L’évolution des relations avec la Russie est de ce point de vue tout à fait intéressant.

       L’Arabie Saoudite, allié traditionnel des Etats-Unis, regarde avec inquiétude le développement de l’extraction du gaz de schiste qui peut à terme mettre en péril ses ressources principales.

       Ailleurs, dans le monde, les autres puissances émergentes, Brésil, Indonésie et Afrique du Sud, cultivent de plus en plus leur éloignement tant géographique que politique et culturel avec les Etats-Unis auxquels ils étaient traditionnellement très proches. L’ouverture de leur marché aux entreprises chinoises et indiennes notamment est une preuve de leur volonté de compter dans le paysage multilatéral en cours de constitution.

       La perte d’influence des Etats-Unis dans ces pays, si elle se révèle durable, va provoquer des conséquences sur une série de petites puissances régionales nombreuses à même d’accélérer le déclin de l’influence US : Pakistan, Irak et Afghanistan. Aujourd’hui soutenus à bouts de bras (et à bouts de forces) par le gouvernement américain, leur perte géostratégique signifiera rien de moins que la fin de la présence américaine sur le continent eurasiatique.

       Le Kirghizstan a fait fermer en 2014 la seule base américaine d’Asie Centrale, ouverte après les attentats du 11-Septembre. Les dirigeants irakiens et afghans sont notoirement soutenus par les fonds du gouvernement américain et n’hésitent pas à développer la corruption locale pour se maintenir, ce qui est mal vécu par les populations. Et le Pakistan s’éloigne peu à peu de la pesante tutelle américaine : une base navale chinoise doit ouvrir à Gwadar, quasiment à l’entrée du détroit d’Ormuz. La Chine étend donc son « collier de perles » jusqu’au Golfe Persique, ce qui est inédit dans l’Histoire.

       Les Etats-Unis tentent de répondre, au moyen d’accords sur le nucléaire civil ou de projets de pipelines concurrents, mais leurs tentatives apparaissent à chaque fois plus inefficaces et désespérées. Aux confins de l’Himalaya, du Caucase et de la Mésopotamie, un tournant crucial est sans doute en train d’être pris pour les décennies à venir.

       / Les nouveaux terrains de jeux géopolitiques : Europe, Afrique, Amérique du sud.

       3 continents sont à la veille d’être le théâtre de confrontations majeures pour le contrôle des ressources et des populations du 21ème siècle.

       Au Nord, l’Europe, sous protection américaine, constitue le prochain lieu des rivalités entre Est et Ouest.

       La géopolitique des pipelines, où rivalisent projets russes et américains, cristallise cette rivalité. De mêmes, les crises internes à l’espace européen, en Grèce et en Ukraine notamment, constituent un facteur d’instabilité et de fragilisation de la région qui pourra servir l’un ou l’autre grand bloc.

       Au centre, l’Afrique, continent souvent en marge des confrontations, où la Chine a développé de solide relations économiques depuis 20 ans, et où les Etats-Unis tentent de prendre pied en remplacement des anciennes puissances coloniales, la France au premier chef.

       Au Sud enfin, l’Amérique latine, longtemps « arrière-cour » des Etats-Unis et en proie à l’émergence de puissances régionales (Brésil, Argentine) de moins en moins enclines à se voir dicter leur stratégie par le grand frère américain, et la consolidation de gouvernements locaux ouvertement critiques aux yankees : Vénézuela, Equateur, Nicaragua et dans une moindre mesure, Bolivie et Uruguay.

       Nul doute que sur ces trois théâtres, et dans la perspective d’une consolidation des nouveaux blocs en formation, le ménage sera fait à l’intérieur de chaque sphère d’influence. Les Etats-Unis vont chercher à circonscrire puis éliminer les poches de résistances géopolitiques situées dans leur pré carré, fidèles à leur doctrine du « containment » (endiguement). Ils peuvent déjà compter sur l’alignement plein et entier d’un certain nombre de petits pays, par opportunisme politique ou économique, comme les Etats baltes, le Mexique, la Colombie ou le Chili, pour lesquels aucune action particulière n’est nécessaire.

    (Miss States allait-elle perdre jusqu'à sa culotte

    devant les nouveaux acteurs de la politique mondiale?)

    lacote.ch

       Ailleurs, les Etats-Unis ont déjà initié leur endiguement, d’abord par la manière douce, notamment à Cuba (rétablissement des relations diplomatiques et levée imminente de l’embargo contre ouverture du marché cubain), dans certains Etats africains (on pense au Kenya cher à Barack Obama et stratégiquement bien placé) et dans une certaine mesure en France (par l’ouverture des marchés du Moyen-Orient au Rafale contre un alignement diplomatique). Ils le feront de manière moins pacifique ailleurs, où des tentatives de coups d’Etat ou de déstabilisation ont déjà eu lieu et auront lieu à nouveau en Ukraine, au Vénézuela et en Bolivie.

       De l’autre côté, on assiste à une stratégie relativement similaire quoique plus prudente et peut-être plus opportuniste : il n’existe pas à ce jour de « plan » global pour consolider un bloc dont la philosophie est par essence multipolaire, le cœur encore en formation et les contours non stabilisés. L’OCS ne dispose pas à ce jour d’une gouvernance intégrée bien qu’il constitue en lui-même un embryon d’institution internationale alternative aux structures pro-américaines.

       Les acteurs principaux de la Tricéphale s’appuient d’abord sur la consolidation et le développement de leurs relations commerciales avec des partenaires plus nombreux, et en cela, l’embargo sur les produits russes décrétés début 2014 par l’UE a clairement accéléré le processus pour la Russie, habituellement en marge des échanges avec les pays du Moyen-Orient ou d’Afrique. Cela passe notamment par une « dédollarisation » partielle et croissante des échanges commerciaux, et l’émergence du yuan et du rouble comme monnaies d’échange internationale apparaît de plus en plus crédible.

       Ils bénéficient aussi des écueils de la politique américaine en Asie Centrale : après l’échec des révolutions de couleur, de sa politique d’isolement de l’Iran et de ses projets de pipelines contournant la Russie par le Sud, les Etats-Unis sont clairement en perte de vitesse dans cette région. Leur dernière base en Asie Centrale a été fermée en juin 2014. L’Inde et le Pakistan rechignent à développer un partenariat stratégique, et la Turquie, traditionnellement allié et membre de l’OTAN depuis sa création en 1955, n’hésite plus à déployer une diplomatie de plus en plus indépendante de son protecteur. La Chine et la Russie suivent attentivement ces développements qui pourraient signifier à terme un accès direct aux mers du Sud et aux champs pétroliers du Moyen-Orient, garants de leur indépendance énergétique durable.

       Enfin, les puissances émergentes n’hésitent pas à réprimer toute tentative de déstabilisation dans l’espace eurasien qu’elles considèrent de plus en plus comme leur « étranger proche ». La guerre de Géorgie en 2008 en a constitué une préquelle, avec l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, uniquement reconnues par Moscou et quelques Etats latino-américains. La répression de l’indépendantisme ouïghour, qui a suivi les révolutions de couleurs dans les républiques turcophones d’Asie Centrale, répond à une nécessité de sécuriser la Route de la Soie, stratégique, et devant servir de trame à la construction du plus long chemin de fer du monde, début 2015, entre Berlin et Beijing via la Russie.

       Enfin, la crise ukrainienne et sa conséquence immédiate, l’insertion de la Crimée dans le giron russe, et la sécession de la région la plus industrialisée (et la plus riche) d’Ukraine, continue de dresser un certain nombre de lignes rouges qui sont autant de points du nouveau front en cours de constitution en Europe.

       / Récapitulatif de la situation

       Deux blocs sont en cours de constitution, sans compter la présence de quelques puissances régionales isolées et (encore) non-alignées :

    • Une hyperpuissance américaine à visée unipolaire à son apogée, entourée de ses satellites (notamment en Europe occidentale et centrale) qui constituent son glacis stratégique,
    • Une puissance tricéphale en voie de constitution, autour de la Chine, de l’Inde et de la Russie, porteuse d’une vision multipolaire du monde, appelée à prendre le contrôle de l’ensemble eurasiatique jusqu’aux confins du Moyen-Orient.
    • Une ligne de front en cours de constitution semble en voie de s’imposer, de la Finlande à l’Asie du Sud Est, où les dynamiques jouent clairement en faveur du bloc eurasiatique et au détriment d’une influence américaine déclinante, de la Syrie au Yémen en passant par l’Afghanistan et l’Irak.
    • Il est à prévoir, dans le cadre de la constitution de ces blocs, une consolidation des régimes alliés à l’une ou l’autre puissance, ce qui peut passer par une limitation de la démocratie politique sous couvert de sécurité nationale ou d’impératifs stratégiques. Dans ce cadre, la lutte idéologique va faire son grand retour aux côtés de la lutte pour l’accès aux ressources naturelles. La théorie du « Choc des civilisations » est particulièrement bien placée pour remplir cet office.
    • Il apparaît de plus en plus improbable que des nations historiques comme l’Allemagne, la France ou la Grande-Bretagne soient à même de disposer d’une diplomatie et d’une stratégie indépendante de celle de leur bloc d’appartenance : leur intégration au cœur de l’Union Européenne et de l’OTAN est telle que tout changement serait très mal vu et vécu par les Etats-Unis, et en même temps pourrait être la source d’un rééquilibrage stratégique au niveau régional, sans doute au profit du bloc eurasiatique.
    • L’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Sud vont constituer les prochains terrains de confrontation entre les grands rivaux, l’un étant en perte de vitesse (mais jusqu’à quel point ?), l’autre étant au début de sa phase d’expansion (mais jusqu’à où ?).

       Les années qui viennent promettent d’être aussi passionnantes que redoutables.

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/un-nouveau-rideau-de-fer-170696

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE NE PARLE PAS

    POUR PARLER)

    °°°

    "Vous noterez, Messieurs les journalistes, que ce type

    était mort bien avant qu'on arrive, hein?"

     zestyblog

    °°°

    "Allons, vils Monstres pouilleux, voici Don Quichotte,

    le type sur un canasson qui va vous dérouiller..."

    (Adaptation moderne)

     zumeurs.canalblog.com

    Don Quichotte: un trésor espagnol

    sans cesse revisité

    MADRID (AFP) 

       Andres Trapiello est un habitué des longues recherches mais il a fallu à l'écrivain espagnol toute sa patience et son érudition pour adapter le roman le plus fameux d'Espagne, "Don Quichotte", en espagnol moderne.

       En travaillant sur cette oeuvre du 17e siècle, qui narre les péripéties d'un hidalgo auquel les livres ont tourné la tête et qui se prend pour un chevalier, le romancier est tombé sur un mot inconnu: "trompogelas".  "C'était absolument incompréhensible", a raconté l'écrivain à l'AFP. Après toute une matinée de recherche, il a décidé que ce terme signifiait plus ou moins: "Ça rentre par une oreille et ça ressort par l'autre".

       Les Espagnols sont fous du Quichotte, figure mythique du redresseur de torts qui ne renonce jamais malgré ses échecs. Ils citent souvent l'histoire de ce chevalier à la triste figure, flanqué de son serviteur grassouillet Sancho Panza, dont les mésaventures ont fait le tour du monde. Mais combien d'hispanophones ont vraiment lu le roman original, qui fait mille pages, qui fête cette année ses 400 ans ? (...) 

       (...) Près de six personnes sur dix en Espagne disent avoir lu au moins un passage de Don Quichotte, ou une de ses adaptations, selon une enquête publiée en juin par le CIS, l'institut public de recherche. Mais plus de la moitié admettent que cet ouvrage était "difficile" à lire.

       "Il y a énormément de personnes qui ne l'ont pas lu, ou qui ont laissé tomber plusieurs fois, parce que c'était trop difficile", estime M. Trapiello. "On les oblige à lire dans une langue qui n'est plus utilisée de nos jours et qu'ils ne comprennent pas. C'est une lecture obligatoire à l'école, et beaucoup en gardent un mauvais souvenir".

       Fin juillet, la version de M. Trapiello se classait en neuvième position des meilleures ventes de livres en Espagne, selon un classement du quotidien ABC. L'Académie royale espagnole avait déjà publié en 2014 sa propre version simplifiée de Don Quichotte à destination des écoles, signée Arturo Perez-Reverte, un des auteurs contemporains les plus en vue en Espagne.(...)

       (...) Quelques intellectuels se sont insurgés contre ces adaptations qu'ils considèrent comme du vandalisme à l'encontre d'une oeuvre, souvent présentée comme le premier roman moderne de l'histoire littéraire.

       David Felipe Arranz, critique et enseignant à l'université Carlos III à Madrid, qualifie ces nouvelles versions de "crime contre la littérature". "Quand j'interroge les libraires de Madrid, ils me disent que plus personne n'achète le roman original de Cervantes, car les lecteurs lui préfèrent la version +allégée+", s'est-il indigné auprès de l'AFP. "Vous ne pouvez pas altérer la saveur des mots du plus grand écrivain de notre langue".

       Monument de la littérature mondiale, le roman de Cervantes est, selon l'Institut qui porte son nom, l'ouvrage le plus traduit du monde, après la Bible. Don Quichotte a été traduit en 145 langues et dialectes, adapté en bande dessinée et en histoires pour enfants, rappelle Ernesto Perez, directeur de l'Institut Cervantes, le réseau de missions culturelles espagnoles à l'étranger.

       Andres Trapiello s'étonne de ce "paradoxe" : "les lecteurs francophones, germanophones et anglophones n'ont aucun mal à le lire" en traduction alors que, selon lui, "les lecteurs hispanophones n'en comprennent pas la moitié, sauf s'ils lisent des versions annotées".(...)

       (...) Le premier tome de "L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de La Manche" a été publié en 1605. Le deuxième est sorti dix ans après, un an avant la mort de Cervantes en 1616. En quelques années, le roman était traduit en anglais, avec des mots empruntés à l'argot "cockney" de Londres, et en français, pimenté par des scènes de sexe inventées par les traducteurs, relève M. Perez.

       Dans les majestueux locaux de l'Institut Cervantes à Madrid, des vitrines exposent d'élégantes éditions étrangères de Don Quichotte tandis qu'un écran projette des adaptations cinématographique du roman, à l'occasion d'une exposition qui se terminera en septembre.

       Cette année, l'Académie royale a publié une nouvelle édition-référence du texte, avec annotations et essais. L'édition précédente de 2005 s'était écoulée à trois millions d'exemplaires, selon Francisco Rico, directeur de la série des oeuvres classiques de l'académie, qui se dit favorable à de nouvelles adaptations. "Toute tentative pour rendre Don Quichotte plus compréhensible est positive", estime-t-il.

       "Shakespeare a été un temps oublié. Pendant des siècles, personne ne se souvenait de Dante. Voltaire a connu des hauts et des bas. Mais Don Quichotte a toujours connu un grand succès, et ce depuis le jour de sa publication, et dans toutes les langues".

    http://www.courrierinternational.com/depeche/don-quichotte-un-tresor-espagnol-sans-cesse-revisite.afp.com.20150813.doc.3z0j0.xml

    °°°

    Benoît Barvin


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (DEUX DISCIPLES

    NE FONT PAS UN MAÎTRE)

    ***

    (Dans ce système économique,

    les travailleurs étaient interchangeables)

    http://zeroing.tumblr.com/

    ***

    (Charlie, qui n'était pas encore sevré, aimait beaucoup

    prendre des bains de lait maternel)

    http://zeroing.tumblr.com/

    ***

    "Ohé! Y'a quelqu'un?

    - NON, Y'A PERSONNE..."

    http://zeroing.tumblr.com/

    ***

    "Ophélie! Arrête de faire l'intéressante

    et viens finir tes devoirs!"

     http://zeroing.tumblr.com/

    ***

    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA MÉTHODE DU MAÎTRE

    PLOIE COMME LE ROSEAU)

    +++

    (La femme chapeau-voilée avait un peu trop chaud)

    (Fonte: notordinaryfashion)

    +++

    joiedesmots.com

    Julian Assange :

    l’histoire détaillée et méconnue

    d’une bataille épique

    pour la justice (Counterpunch)

    John PILGER

       Le siège de Knightsbridge est à la fois l’emblème d’une grande injustice et une mascarade épuisante. Pendant trois ans, le cordon de police entourant l’ambassade d’Équateur à Londres n’a pas eu d’autre but que d’afficher le pouvoir de l’État. Cela a coûté 12 millions de livres sterling. Le gibier est un Australien qui n’est accusé d’aucun crime, un réfugié dont l’unique sécurité est la pièce qu’un courageux pays d’Amérique du Sud lui a accordée. Son crime est d’avoir lâché une cargaison de vérités sur un océan de mensonges, de cynisme et de guerre.

       La persécution de Julian Assange est sur le point de s’exacerber de nouveau car elle entre dans une phase dangereuse. Depuis le 20 août, les trois quarts de l’affaire traitée par la procureure suédoise contre Assange, concernant l’inconduite sexuelle de 2010, disparaîtront, puisque le délai de prescription expire. En même temps, l’obsession de Washington à propos d’Assange et de WikiLeaks s’est intensifiée. En effet, c’est la vindicte de la puissance américaine qui représente la plus grande menace – comme Chelsea Manning et ceux qui sont toujours détenus à Guantanamo peuvent en attester.

       Les Américains poursuivent Assange parce que WikiLeaks a dénoncé leurs crimes inimaginables en Afghanistan et en Irak : l’assassinat systématique de dizaines de milliers de civils, qu’ils ont dissimulés, et leur mépris pour la souveraineté et le droit international, comme c’est démontré de façon éclatante dans leurs messages diplomatiques qui ont été divulgués. WikiLeaks continue à révéler l’activité criminelle des États-Unis, il vient de publier des interceptions US hautement secrètes – les rapports des espions états-uniens détaillant les appels téléphoniques privés des présidents de France et d’Allemagne, et d’autres importants responsables gouvernementaux, concernant des affaires politiques et économiques européennes internes.

       Rien de tout cela n’est illégal sous la Constitution des États-Unis. Comme candidat à la présidence en 2008, Barack Obama, un professeur de droit constitutionnel, a salué les lanceurs d’alerte comme« faisant partie d’une démocratie saine [et qui] doivent être protégés des représailles ». En 2012, la campagne pour la réélection du président Barack Obama fanfaronnait sur son site internet qu’il avait poursuivi plus de lanceurs d’alerte dans son premier mandat que tous les autres présidents des États-Unis ensemble. Avant même que Chelsea Manning ait bénéficié d’un procès, Obama avait décrété le lanceur d’alerte coupable. Il a été par la suite condamné à 35 ans de prison après avoir été torturé pendant sa longue détention provisoire.

       Il y a peu de doutes que si les États-Unis mettent la main sur Assange, un destin semblable l’attende. Les menaces sur la capture et l’assassinat d’Assange sont devenues monnaie courante chez les extrémistes politiques aux États-Unis après les calomnies absurdes du vice-président Joe Biden selon lesquelles le fondateur de WikiLeaks était un cyberterroriste. Ceux qui doutent du degré de cruauté auquel Assange peut s’attendre devraient se souvenir de l’atterrissage forcé de l’avion du président bolivien en 2013 – suspecté à tort de transporter Edward Snowden.

       Selon des documents publiés par Snowden, Assange est sur une liste de cibles de chasse à l’homme. L’offre de Washington pour s’emparer de sa personne, affirment des câbles diplomatiques australiens, est « sans précédent par son ampleur et sa nature ». A Alexandria, Virginie, un grand jury secret a mis cinq ans pour tenter de trouver le moyen d’accuser Assange d’un crime pour lequel il pourrait être poursuivi. Ce n’est pas facile. Le Premier amendement de la Constitution américaine protège les éditeurs, les journalistes et les lanceurs d’alerte.

       Face à cet obstacle constitutionnel, le Département américain de la Justice a arrangé les chefs d’accusation d’espionnage, de conspiration pour commettre l’espionnage, de conversion (vol de propriétés du gouvernement), de fraude et abus par ordinateur (piratage informatique) et deconspiration générale. L’Espionage Act [loi fédérale sur l’espionnage] prévoit des dispositions pour la prison à vie et la peine de mort.

       La capacité d’Assange de se défendre dans ce monde kafkaïen a été handicapée par le fait que les États-Unis ont déclaré son cas secret d’État. En mars, une cour fédérale à Washington a bloqué la publication de toute information sur l’enquête relevant de la sécurité nationale contre WikiLeaks, parce qu’elle était « active et en cours » et que cela porterait atteinte aux « poursuites en cours »contre Assange. La juge, Barbara J. Rosthstein, a dit qu’il était nécessaire de montrer un « respect approprié envers l’Exécutif en matière de sécurité nationale ». Telle est la justice d’un tribunal bidon.

       Le premier rôle dans cette sombre farce est tenu par la Suède, interprété par la procureure suédoise Marianne Ny. Jusqu’à récemment, Ny a refusé de se conformer à une procédure européenne de routine qui exigeait d’elle qu’elle se rende à Londres pour interroger Assange et faire ainsi avancer l’affaire. Pendant quatre ans et demi, Ny n’a jamais vraiment expliqué pourquoi elle refusait de se rendre à Londres, exactement comme les autorités suédoises n’ont jamais expliqué pourquoi elles refusaient de donner à Assange la garantie qu’elles ne l’extraderaient pas aux États-Unis en vertu d’un arrangement secret entre Stockholm et Washington. En décembre 2010, The Independent a révélé que les deux gouvernements avaient discuté de sa prochaine extradition aux États-Unis.

    joiedesmots.com

       Contrairement à sa réputation des années 1960 d’être un bastion de la liberté, la Suède est devenue si proche de Washington qu’elle a autorisé des restitutions secrètes de la CIA – y compris la déportation illégale de réfugiés. La restitution, et la torture qui a suivi, de deux réfugiés politiques égyptiens en 2001 avait été condamnée par le Comité contre la torture de l’ONU, Amnesty International et Human Rights Watch ; la complicité et la duplicité de l’État suédois sont documentées dans un procès civil intenté avec succès et dans des câbles de WikiLeaks. A l’été 2010, Assange s’était envolé vers la Suède pour parler des révélations de WikiLeaks sur la guerre en Afghanistan – dans laquelle la Suède avait des forces armées sous commandement états-unien.

       « Les documents publiés par WikiLeaks depuis qu’Assange est en Angleterre, a écrit Al Burke, directeur du magazine en ligne Nordic News Network, une autorité sur les multiples rebondissements et dangers auxquels est confronté Assange, indiquent clairement que la Suède a subi des pressions constantes de la part des États-Unis sur les questions relatives aux droits civils. Il y a toutes les raisons de s’inquiéter du fait que, si Assange devait être placé en détention par les autorités suédoises, il pourrait être remis aux États-Unis sans prise en compte de ses droits légaux. »

       Pourquoi la procureure suédoise n’a-t-elle pas résolu l’affaire Assange ? Beaucoup de membres de la communauté juridique en Suède jugent son comportement inexplicable. Autrefois implacablement hostile à Assange, la presse suédoise a publié des gros titres comme : « Va à Londres, pour l’amour de Dieu. »

        Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait ? Ou plutôt, pourquoi n’autorise-t-elle pas le tribunal suédois à accéder aux centaines de messages SMS que la police a extraits du téléphone d’une des deux femmes impliquées dans les allégations d’inconduite ? Pourquoi ne les remet-elle pas aux avocats suédois d’Assange ? Elle dit qu’elle n’est pas tenue légalement de le faire jusqu’à ce qu’une inculpation formelle soit prononcée et qu’elle l’ait interrogé. Alors pourquoi ne l’interroge-t-elle pas ? Et si elle l’avait interrogé, les conditions qu’elle lui poserait, à lui et à ses avocats – qu’ils ne pourraient pas lui contester – feraient d’une injustice une quasi certitude.

       Sur un point de droit, la Cour suprême de Suède a décidé que Ny peut continuer à faire obstruction sur la question vitale des messages SMS. Cela ira maintenant à la Cour européenne des droits de l’homme. Ce que Ny craint, c’est que les messages SMS détruisent son affaire contre Assange. L’un des messages indique clairement que l’une des femmes ne voulait pas qu’une plainte soit portée contre Assange, « mais les policiers étaient désireux d’avoir prise sur lui ». Elle a été « choquée »lorsqu’ils l’ont arrêté, parce qu’elle « voulait seulement qu’il fasse un test [HIV] ». Elle « ne voulait pas accuser JA de quoi que ce soit » et « c’est la police qui a constitué les charges ». (Dans un témoignage, elle est citée disant qu’elle « s’était fait avoir par la police et les autres autour d’elle ».)

       Ni l’une ni l’autre femme n’ont affirmé avoir été violées. En effet, toutes deux ont nié l’avoir été et l’une d’elles a tweeté depuis : « Je n’ai pas été violée. » Il est évident qu’elles ont été manipulées par la police et que leurs souhaits ont été ignorés – quoique leurs avocats puissent en dire maintenant. C’est certain, elles sont victimes d’une saga qui ruine la réputation de la Suède elle-même.

       Pour Assange, le seul procès a été celui tenu par les médias. Le 20 août 2010, la police a ouvert une enquête pour viol et immédiatement – et illégalement –, les tabloïds de Stockholm ont dit qu’il y avait un mandat d’arrestation d’Assange pour « le viol de deux femmes ». C’est la nouvelle qui a fait le tour du monde.

       A Washington, un Secrétaire américain à la Défense souriant, Robert Gates, a dit aux journalistes que l’arrestation était « une bonne nouvelle » pour lui. Des comptes Twitter associés au Pentagone ont décrit Assange comme un violeur et un fugitif.

       Moins de 24 heures plus tard, la procureure en chef de Stockholm, Eva Finne, a repris l’enquête. Elle n’a pas tardé à annuler le mandat d’arrêt, disant : « Je ne crois pas qu’il y ait une raison quelconque de soupçonner qu’il a commis un viol. » Quatre jours plus tard, elle a complètement rejeté l’enquête sur le viol, affirmant : « Il n’y a aucune suspicion de quelque crime que ce soit. » Le dossier était clos.

       Entre en scène Claes Borgstrom, un éminent politicien du Parti social-démocrate alors candidat aux élections générales en Suède qui devaient se dérouler tout prochainement. Dans les jours qui ont suivi le non-lieu déclaré par la procureure en chef, Borgstrom, un avocat, a annoncé à la presse qu’il représentait les deux femmes et qu’il avait cherché un autre procureur dans la ville de Gothenberg. C’était Marianne Ny, que Borgstrom connaissait bien, personnellement et politiquement.

       Le 30 août, Assange s’est rendu volontairement dans un poste de police à Stockholm et a répondu à toutes les questions qui lui étaient posées. Il a compris que c’était la fin de l’affaire. Deux jours plus tard, Ny a annoncé qu’elle rouvrait le dossier. Borgstrom était questionné par un journaliste suédois demandant pourquoi l’affaire reprenait alors qu’elle avait déjà été rejetée, citant l’une des femmes disant qu’elle n’avait pas été violée. « Ah, mais elle n’est pas juriste. » L’avocat australien d’Assange, James Catlin, a répondu : « C’est un sujet de dérision… C’est comme s’ils l’inventaient au fur et à mesure. »

       Le jour où Marianne Ny a réactivé le cas, le chef des renseignements militaires suédois – dont l’acronyme est MUST – a dénoncé publiquement WikiLeaks dans un article intitulé WikiLeaks [is] a threat to our soldiers [WikiLeaks [est] une menace pour nos soldats]. Assange était averti que les services de renseignement suédois, le SAPO, avaient été informés par leurs homologues états-uniens que les arrangements sur le partage des renseignements entre les États-Unis et la Suède seraient rompus si la Suède le protégeait.

       Pendant cinq semaines, Assange a attendu en Suède que la nouvelle enquête suive son cours. Le Guardian était alors sur le point de publier les Journaux de la guerre en Irak basés sur les révélations de WikiLeaks, qu’Assange devait superviser. Son avocat à Stockholm a demandé à Ny si elle avait une objection quelconque à ce qu’il quitte le pays. Elle a dit qu’il était libre de partir.

       Inexplicablement, sitôt qu’il a eu quitté la Suède – à l’apogée de l’intérêt des médias et du public pour les révélations de WikiLeaks – Ny a émis un mandat d’arrêt européen et une alerte rouge Interpol, utilisée normalement pour les terroristes et les criminels dangereux. Diffusé en cinq langues tout autour de la terre, il a suscité la frénésie des médias.

       Assange s’est rendu dans un poste de police à Londres, a été arrêté et a passé dix jours à la prison de Wandsworth, à l’isolement. Libéré sous une caution de £340 000, il était surveillé électroniquement, tenu de se présenter à la police quotidiennement et placé en résidence surveillée virtuelle tandis que son affaire commençait son long voyage vers la Cour suprême. Il n’avait encore été inculpé d’aucune infraction. Ses avocats répétaient son offre d’être interrogé par Ny à Londres, soulignant qu’elle lui avait donné l’autorisation de quitter la Suède. Ils ont proposé de recourir à un dispositif spécial de Scotland Yard, communément utilisé dans ce but. Elle a refusé.

       Katrin Axelsson et Lisa Longstaff de Women Against Rape [Femmes contre le viol] ont écrit : « Les accusations contre [Assange] sont un écran de fumée derrière lequel certains gouvernements tentent de punir WikiLeaks pour avoir audacieusement révélé au public leurs plans secrets de guerres et d’occupation avec les viols, meurtres et destructions qui les accompagnent… Les autorités se soucient si peu de la violence contre les femmes qu’ils manipulent les allégations de viol à volonté. [Assange] a clairement fait savoir qu’il est disponible pour être interrogé par les autorités suédoises, en Grande-Bretagne ou par Skype. Pourquoi refusent-elles cette étape essentielle dans leur enquête ? De quoi ont-elles peur ? »

       Cette question est restée sans réponse lorsque Ny a lancé un mandat d’arrêt européen (MAE), un produit impitoyable et aujourd’hui disqualifié de la guerre contre la terreur, prétendument destiné à arrêter des terroristes et des criminels organisés. Ce MAE a aboli l’obligation pour l’État requérant de fournir la moindre preuve d’un crime. Plus d’un millier de MAE sont lancés chaque mois ; seuls quelques-uns ont quelque chose à voir avec des charges potentielles de terrorisme. La plupart sont émis pour des infractions mineures, telles que des frais bancaires et des amendes. La plupart de ceux qui sont extradés subissent des mois d’emprisonnement sans inculpation. Il y a eu un grand nombre de dénis de justice, que les juges britanniques ont très fortement critiqués.

       L’affaire Assange est enfin arrivée en mai 2012 à la Cour suprême du Royaume-Uni. Dans un jugement qui a maintenu le MAE – dont les exigences rigides n’ont laissé presque aucune marge de manœuvre aux tribunaux – les juges ont trouvé que les procureurs européens pourraient émettre des mandats d’extradition au Royaume-Uni sans surveillance judiciaire, même si le Parlement l’entendait autrement. Ils ont dit clairement que le Parlement avait été induit en erreur par le gouvernement Blair. La Cour était divisée, 5 contre 2, et par conséquent s’est prononcée contre Assange.

       Toutefois, le président de la Cour suprême, Lord Phillips, a fait une erreur. Il a appliqué la Convention de Vienne sur l’interprétation des traités, autorisant la pratique de l’État à déroger à la loi. Comme l’avocate d’Assange, Dinah Rose QC, l’a souligné, cela ne s’applique par au MAE.

       La Cour suprême n’a reconnu cette erreur cruciale que lorsqu’elle a traité un autre recours contre le MAE en novembre 2013. La décision Assange avait été erronée, mais c’était trop tard pour revenir en arrière. Avec une extradition imminente, la procureure suédoise a dit aux avocats d’Assange que celui-ci, une fois en Suède, serait immédiatement placé dans l’un des infâmes centres de détention provisoire suédois.

       Le choix d’Assange était difficile : être extradé vers un pays qui avait refusé de dire si oui ou non il l’enverrait aux États-Unis ou rechercher ce qui semblait sa dernière chance de refuge et de sécurité. Soutenu par la plus grande partie de l’Amérique latine, le courageux gouvernement de l’Équateur lui a accordé le statut de réfugié sur la base de preuves documentées et d’avis juridiques attestant qu’il était confronté à la perspective d’une punition cruelle et inusitée aux États-Unis ; que cette menace violait ses droits humains fondamentaux ; et que son propre gouvernement, en Australie, l’avait abandonné et était de connivence avec Washington. Le gouvernement travailliste du Premier ministre Julia Gillard avait même menacé de lui retirer son passeport.

    altermonde-sans-frontiere.com

       Gareth Peirce, la célèbre avocate des droits humains qui représente Assange à Londres, a écrit au ministre des Affaires australien d’alors, Kevin Rudd : « Compte tenu de l’ampleur du débat public, fréquemment sur la base d’hypothèses entièrement fausses [] il est très difficile de tenter de préserver pour lui toute présomption d’innocence. Aujourd’hui, ce n’est pas une mais deux épées de Damoclès qui menacent Assange, l’extradition potentielle vers deux juridictions différentes, à leur tour pour deux crimes présumés différents, dont aucun ne sont des crimes dans son propre pays, et sa sécurité personnelle est devenue risquée dans des circonstances qui sont extrêmement chargées politiquement. »

       Ce n’est que lorsqu’elle a contacté la Haute commission australienne à Londres que Peirce a reçu une réponse, qui ne répondait à aucun des points pressants qu’elle avait soulevés. Dans une assemblée où je m’étais rendu avec elle, le consul général d’Australie, Ken Pascoe, a fait la déclaration étonnante qu’il ne savait « que ce que je lis dans les journaux » sur les détails de l’affaire.

       Pendant ce temps, la perspective d’une erreur judiciaire grotesque était noyée dans une campagne injurieuse contre le fondateur de WikiLeaks. Des attaques personnelles graves, vicieuses et inhumaines ont visé un homme qui n’était accusé d’aucun crime mais se trouvait soumis à un traitement qui ne serait même pas infligé à un justiciable menacé d’extradition parce qu’accusé d’avoir assassiné sa femme. Le fait que la menace des États-Unis contre Assange était une menace pour tous les journalistes, pour la liberté d’expression, s’est perdu dans le sordide et l’ambitieux.

       Des livres ont été publiés, des contrats pour des films ont été conclus et des carrières dans les médias ont été lancées, ou ont commencé, sur le dos de WikiLeaks, en partant de l’idée qu’attaquer Assange était de bonne guerre et qu’il était trop pauvre pour engager des poursuites. Des gens ont gagné de l’argent, souvent beaucoup d’argent, tandis que WikiLeaks a lutté pour survivre. Le rédacteur en chef du Guardian, Alan Rusbridger, a appelé les révélations de WikiLeaks, que son journal a publiées, « l’un des plus grands scoops journalistiques des 30 dernières années ». C’est devenu une partie de son plan marketing pour augmenter le prix de couverture de son journal.

       Sans qu’un centime aille à Assange ou à WikiLeaks, un livre très en vogue du Guardian a débouché sur un film de Hollywood très lucratif. Les auteurs du livre, Luke Harding et David Leigh, ont décrit Assange, de manière gratuite, comme une « personnalité abîmée » et « insensible ». Ils ont aussi révélé le mot de passe secret qu’il avait donné au journal en toute confiance, et qui était destiné à protéger un fichier numérique contenant les câbles de l’ambassade des États-Unis. Avec Assange pris au piège dans l’ambassade équatorienne, Harding, debout dehors avec la police, s’est vanté sur son blog que « Scotland Yard pourrait rire le dernier ».

       L’injustice infligée à Assange est l’une des raisons qui ont poussé le Parlement à réformer la loi sur l’extradition afin de prévenir l’utilisation du MAE. Le fourre-tout impitoyable utilisé contre lui n’existe plus aujourd’hui ; des inculpations devraient être déposées et l’interrogatoire ne constituerait pas un motif suffisant pour une extradition. « Son cas a été gagné en bloc, m’a dit Gareth Peirce, ces changements dans la loi signifient que le Royaume-Uni reconnaît maintenant comme correct tout ce qui a été argumenté dans son cas. Simplement, il n’en bénéficie pas. » Autrement dit, les modifications de la loi britannique en 2014 signifient qu’Assange aurait gagné son affaire et qu’il n’aurait pas été contraint de devenir un réfugié.

       La décision de l’Équateur de protéger Assange en 2012 est née dans une affaire internationale importante. Même si l’octroi de l’asile est un acte humanitaire, que tous les États ont le pouvoir d’accorder en vertu du droit international, tant la Suède que le Royaume-Uni ont refusé de reconnaître la légitimité de la décision de l’Équateur. Ignorant le droit international, le gouvernement Cameron a refusé d’accorder à Assange un passage sécurisé vers l’Équateur. En lieu et place, l’ambassade équatorienne a été assiégée et son gouvernement a été persécuté par une série d’ultimatums. Lorsque le Foreign Office [ministère des Affaires étrangères] de William Hague a menacé de violer la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, avertissant que cela supprimerait l’immunité diplomatique de l’ambassade et y enverrait la police pour prendre Assange, l’indignation dans le monde entier a contraint le gouvernement à reculer. Pendant une nuit, la police est apparue aux fenêtres de l’ambassade dans une tentative évidente d’intimider Assange et ses protecteurs.

       Depuis lors, Julian Assange a été confiné dans une petite chambre sous la protection de l’Équateur, sans lumière du soleil ni espace pour prendre de l’exercice, encerclé par la police qui a l’ordre de l’arrêter à vue. Pendant trois ans, l’Équateur a dit clairement à la procureure suédoise qu’Assange est disponible pour être interrogé dans l’ambassade de Londres, et pendant trois ans celle-ci a persisté dans son intransigeance. Pendant la même période, la Suède a interrogé quarante-quatre personnes au Royaume-Uni en relation avec des enquêtes policières. Son rôle, et celui de l’État suédois, est manifestement politique ; quant à Ny, qui prendra sa retraite dans deux ans, elle doit gagner.

       En désespoir de cause, Assange a contesté le mandat d’arrêt auprès des tribunaux suédois. Ses avocats ont cité des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme confirmant qu’il avait été placé en détention arbitraire et indéfinie et qu’il avait été un prisonnier virtuel pendant plus de temps que toute peine de prison effective qu’il pourrait subir. Le juge de la Cour d’appel a été d’accord avec les avocats d’Assange : la procureure a en effet manqué à ses devoirs en suspendant l’affaire pendant des années. Un autre juge a émis un blâme à l’endroit de la procureure. Et pourtant, elle a défié la Cour.

       En décembre dernier, Assange a porté son cas devant la Cour suprême de Suède, qui a ordonné au supérieur de Marianne Ny – le procureur général de Suède Anders Perklev – de s’expliquer. Le lendemain, Ny a annoncé, sans explication, qu’elle avait changé d’avis et interrogerait maintenant Assange à Londres.

       Dans son mémoire à la Cour suprême, le procureur général a fait quelques concessions importantes : il a soutenu que la coercition d’Assange avait été intrusive et que la période passée dans l’ambassade avait été une grande tension pour lui. Il a même concédé que si l’affaire avait débouché sur une inculpation, un procès, une condamnation et une peine en Suède, Julian Assange aurait quitté ce pays depuis longtemps.

       Dans une décision non unanime, un juge de la Cour suprême a fait valoir que le mandat d’arrêt aurait dû être révoqué. La majorité des juges a statué que puisque la procureure avait dit qu’elle irait à Londres, les arguments d’Assange étaient devenus sans objet. Mais la Cour a statué qu’elle aurait intenté une action contre la procureure si elle n’avait pas subitement changé d’avis. Justice par caprice. Écrivant dans la presse suédoise, un ancien procureur suédois, Rolf Hillegren, a accusé Ny de perdre toute impartialité. Il a décrit son engagement personnel dans l’affaire comme anormal et a demandé qu’elle soit remplacée.

       Après avoir dit qu’elle se rendrait à Londres en juin, Ny n’y est pas allée elle-même, mais a envoyé un adjoint, sachant que l’interrogatoire ne serait pas légal dans ces conditions, notamment parce que la Suède n’avait pas pris la peine d’obtenir l’autorisation de l’Équateur pour la rencontre. En même temps, son bureau a averti le tabloïd suédois Expressen, qui a envoyé son correspondant à Londres planquer devant l’ambassade équatorienne pour glaner des informations. L’information était que Ny annulait le rendez-vous et accusait l’Équateur de confusion et, implicitement, Assange de non-coopération – alors que c’est le contraire qui était vrai.

       Comme la date du délai de prescription approche – le 20 août – un autre chapitre de cette épouvantable histoire suivra certainement, avec Marianne Ny tirant un autre lapin de son chapeau et les commissaires et les procureurs à Washington qui en seront les bénéficiaires. Peut-être que rien de tout cela n’est surprenant. En 2008, une guerre contre WikiLeaks et Julian Assange était prédite dans un document secret du Pentagone préparé par la Cellule d’analyse du contre-espionnage informatique. Il décrivait un plan détaillé pour détruire le sentiment de confiance qui est le centre de gravité de WikiLeaks. Ce serait atteint avec des menaces d’exposition et de poursuites pénales. Faire taire et criminaliser une source aussi rare de divulgation de la vérité était le but, la calomnie le moyen. Tandis que ce scandale continue, la vraie idée de la justice se ratatine, en même temps que la réputation de la Suède, et l’ombre de la menace de l’Amérique nous atteint tous.

    Ecoutez l’interview de John Pilger par Eric Draitser dans Episode 12 sur le podcase de Radio CounterPunch.

    C’est une version actualisée de l’enquête réalisée en 2014 par John Pilger, qui raconte l’histoire non écrite d’une campagne incessante, en Suède et aux États-Unis, pour dénier toute justice à Julian Assange et réduire WikiLeaks au silence.

    Pour des informations complémentaires importantes, cliquez sur les liens suivants :

    http://justice4assange.com/extraditing-assange.html

    http://www.independent.co.uk/news/uk/crime/assange-could-face-espionag...

    https://www.youtube.com/watch?v=1ImXe_EQhUI

    https://justice4assange.com/Timeline.html

    https://justice4assange.com/Timeline.html

    http://pdfserver.amlaw.com/nlj/wikileaks_doj_05192014.pdf

    https://wikileaks.org/59-International-Organizations.html

    https://s3.amazonaws.com/s3.documentcloud.org/documents/1202703/doj-le...

    http://www.theguardian.com/media/2015/jul/23/julian-assange-ecuador-an...

    http://assangeinsweden.com/2015/03/17/the-prosecutor-in-the-assange-ca...

    https://justice4assange.com/Prosecutor-cancels-Assange-meeting.html

    John Pilger peut être joint sur son site internet : www.johnpilger.com

    Traduit par Diane, relu par jj pour le Saker francophone

    Article en anglais ici.

    http://www.legrandsoir.info/julian-assange-l-histoire-detaillee-et-meconnue-d-une-bataille-epique-pour-la-justice-counterpunch.html

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    Luc Desle


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SOURIRE EST LE

    GRAIN DE FOLIE DE DIEU)

    ¤¤¤

    "Miss Lilabarn ne perdait jamais une occasion

    d'exhiber sa souplesse)

    Reblogged from: lilit69
    Source: vintagedg

    ¤¤¤

    linuxbe.be

    En Thaïlande, les disputes

    se règlent à coup de fusil

    KOH SAMUI 

       Quand les coups de feu ont retenti, les touristes devant la boutique de bijoux de Rungrat Rungsuwan sur l'île de Koh Samui ont paniqué. Venus visiter le "pays du sourire", ils ont découvert une autre facette de la Thaïlande: son attrait pour les armes.

       "Quand les gens se sont rendus compte que c'était des coups de feu, ils ont pris peur et ont commencé à courir. Quelques personnes sont venues dans mon magasin pour se cacher", raconte la vendeuse de cette petite île très touristique du sud de la Thaïlande.

       A quelques mètres de là, ce 6 mars dernier, Panas Khao-Uthai, un homme d'affaires de la région, gisait, le corps criblé de six balles tirées à bout portant par deux assassins qui étaient venus régler en plein jour un litige commercial d'après la police.

       Même si les étrangers sont souvent épargnés, il se passe rarement une semaine sans que la Une des journaux fasse état d'un nouveau meurtre par armes à feu.

       Récemment, un homme a tiré sur sa petite amie en plein centre commercial. Un autre a été exécuté à la sortie de son appartement après une dispute avec un agent de sécurité. Un riche magnat a été tué par son conseiller, et un conducteur de bus a tué un passager qui critiquait régulièrement sa façon de conduire.

       "Il y a une culture des armes. Une culture très militaire en Thaïlande, de l'uniforme, de la puissance virile, de l'ordre", détaille un policier occidental en poste à Bangkok.

       Le gouvernement thaïlandais ne fournit pas de chiffres précis sur le nombre de meurtres chaque année, hormis dans le sud du pays où une insurrection musulmane locale a fait plus de 6.400 morts lors des dix dernières années.(...)

       (...) Selon le site Gunpolicy.org qui recense des statistiques globales sur les armes, géré par l'Université de Sidney, la Thaïlande a le taux le plus élevé de meurtres par armes à feu en Asie du sud-est après les Philippines avec 3,48 meurtres pour 100.000 personnes, trois fois plus que son voisin cambodgien.

       D'après les statistiques du ministère de l'Intérieur, quelque 6,1 millions d'armes à feu circulent dans le pays pour une population de 67 millions de personnes. Gunpolicy.org évalue plutôt ce chiffre à 10 millions, en prenant en compte un marché prospère d'armes illégales.

       La Thaïlande égale ainsi les Etats-Unis. "La Thaïlande a une ardente culture des armes équivalente à celle des Etats-Unis et elle est devenue un leader mondial dans les meurtres liés aux armes à feu", affirme un rapport du Bureau pour la Sécurité diplomatique du département d'Etat américain.

       Malgré ce contexte, aucun débat autour du contrôle des armes à feu n'a émergé dans la société thaïlandaise.

       Pour Kasit Piromya, ex-ministre des Affaires étrangères, cela s'explique par le concept bouddhiste et hindou du karma. "La vie est déterminée par votre karma. Quand vous mourrez, vous mourrez. Nous acceptons la mort calmement comme une partie de la vie", explique-t-il.

       En théorie, la Thaïlande a une législation stricte et toutes les armes doivent être recensées. Les sanctions pour port illégal d'arme sont sévères. Mais en pratique, la loi est facilement contournée.

       "Nous n'avons pas de vraie réglementation", confesse Ponrthip Rojanasunand, directeur de l'Institut Thaïlandais des sciences médico-légales. Par conséquent, "il y a des armes non autorisées partout dans le pays."

       "Je veux que toutes les armes soient enregistrées", affirme à l'AFP Akaradet Pimolsri, le directeur de la division d'élite pour la suppression du crime, unité de commando de la police thaïlandaise, qui attend l'installation prochaine d'une base de données contenant toutes les "empreintes balistiques".

     

       Fin juillet l'AFP a accompagné Akaradet et 200 de ses commandos dans un raid dans la province d'Uthai Thani, dans le centre, connue pour être une plaque tournante du crime organisé. Les officiers, armés de fusils d'assaut, fusils de chasse et d'armures n'ont pas réussi à mettre la main sur les deux suspects du meurtre d'un policier en 2011. Mais 20 pistolets, des munitions et des gilets pare-balles ont tout de même été saisis.

       A Koh Samui, après le meurtre de l'homme d'affaires, près de 100 armes ont été saisies, selon Akaradet. Trois mois plus tard, les touristes ont réinvesti le restaurant où avait eu lieu la fusillade. "C'était la première fois que je voyais quelque chose comme ça", a confié Laurent Haroutinian, manager français du restaurant. "J'espère que c'était la dernière".

    http://www.courrierinternational.com/depeche/en-thailande-les-disputes-se-reglent-coup-de-fusil.afp.com.20150811.doc.3x8dl.xml

    ¤¤¤

    Luc Desle


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  • °°°

    Pensées pour nous-mêmes:

    (N’ENCHAÎNE PAS TON ESPRIT

    A TES PRÉJUGÉS)

    °°°

    (La chèvre de Monsieur Seguin

    aimait bien se déguiser en bouc)

    Aries: Star Style: Flare January 2013

    °°°

    (En découvrant les dessous de cette affaire,

    je compris que ça allait vite barder)

    By Greg Hildebrandt

    °°°

    (Miss Diamond avait l’œil inquisiteur)

    W January 2013, Jessica Chastain

    °°°

    (Légèrement pompette, cette célèbre actrice

    portait un panier d'ananas en guise de chapeau)

    Audrey Hepburn

    °°°

    Blanche Baptiste


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    Pensées pour nous-mêmes:

    (RESPIRE LES PENSÉES

    DU MAÎTRE)

    ***

     "Mais... Mais il n'y a pas de toilettes ici...

    - Chhhuuuttt!!!"

     (Fonte: justakinkyboy)

    ***

    (Crocodile zimbabwéen disant sa façon de penser

    à un pourvoyeur pour la maison de luxe Hermès) 

     latestcelebgossip17.wordpress.com

    Hermès - Birkin:

    Je t'aime moi non plus...

    Devenez fan

    Fondateur et CEO d'InstantLuxe.com

       Le 29 juillet dernier, la chanteuse et actrice Jane Birkin demandait à la maison de luxe Hermès de débaptiser le mythique sac en crocodile portant son nom, l'un des plus chers au monde, dénonçant de ce fait des "pratiques cruelles" lors de l'abattage de ces animaux. "J'ai demandé à la maison Hermès de débaptiser le "Birkin Croco", jusqu'à ce que de meilleures pratiques répondant aux normes internationales puissent être mises en place pour la fabrication de ce sac".

       Une épiphanie tardive pour l'actrice qui lance un feuilleton sans précédent, "Kramer contre Kramer" au pays du luxe. D'un côté une maison faisant rêver le monde entier, par ses créations uniques, ses matières recherchées mais aussi ses prix inabordables pour le commun des consommateurs. Et de l'autre, une personnalité qui avait rencontré Jean-Louis Dumas dans un avion en 1984. Se plaignant de ne pas trouver un sac à la fois pratique et chic, le président d'Hermès avait créé pour elle le sac idéal.

       Pour un groupe aussi discret qu'Hermès, le réveil a dû être dur en ce matin caniculaire de juillet. Attaché à ses valeurs de qualité et d'élégance, le géant a vacillé pendant quelques heures après ce camouflet. Et la planète mode avec lui.(...) 

       (...) En réalité, nous assistons davantage à un coup médiatique organisé par PETA qu'à un réel divorce. Dans les heures qui suivent la déclaration de Jane Birkin, la maison de luxe réagit : "Hermès respecte et partage son émotion et a aussi été choqué par les images récemment diffusées", indique la maison dans un communiqué, en référence à une vidéo de l'organisation de défense des animaux PETA. Des images provenant d'un élevage de crocodiles au Zimbabwe qui, selon l'organisation, fournit des peaux à Hermès pour ses sacs et un élevage d'alligators au Texas, dont les peaux sont utilisées pour ses bracelets de montres. "Une enquête est en cours dans la ferme du Texas (...) Tout manquement avéré sera corrigé et sanctionné. Cette ferme partenaire ne nous appartient pas et les peaux qu'elle fournit ne sont pas utilisées pour la fabrication de sacs Birkin".

       Et la maison de conclure : "les déclarations de Jane Birkin "n'entament en rien l'amitié et la confiance" qui lient la chanteuse et la maison de luxe "depuis de nombreuses années". Tout va bien, reprenons une coupe de champagne. (...)

       (...) En dehors de tous les débats liés à l'utilisation des peaux ou fourrures, ce que nous enseigne cet épisode médiatique, c'est la valeur du symbole. Pour Hermès, le Birkin symbolise, à l'instar du Kelly, l'ensemble des vertus cartésiennes du luxe : unique, rare, précieux... Quand on sait qu'il y a plusieurs mois d'attente pour acheter une pièce ou que certains modèles de seconde main se vendent plus de 200.000 euros aux enchères... on peut se dire qu'il s'agit d'une cible de choix pour les ONG.

       Dans cet univers si particulier du luxe, les marques se doivent d'être à la pointe, non seulement de la tendance, mais aussi de la prise en compte des polémiques éthiques ou sanitaires qui pourraient écorner, aujourd'hui ou demain, leur bonne réputation.

       En ciblant particulièrement le Birkin avec le soutien de l'actrice éponyme, PETA savait que la marque ne pouvait que réagir en créant une nouvelle référence dans l'abatage des animaux à peau. L'association visait en réalité l'ensemble des autres acteurs de la filière qui devront désormais s'adapter à de nouveaux standards de qualité. Car c'est bien la qualité (de la façon, du produit, de l'éthique, de l'humanité) qui semble animer la maison depuis toutes ces années.

       Et pour encore mieux comprendre la valeur de l'exemple qu'a imposé PETA à Hermès, il faut se souvenir de ce que disait Bertrand Puech, petit-fils du fondateur Émile Hermès au Figaro le 2 Novembre 2010 "Nous sommes des artisans, notre but est de faire des produits les meilleurs du monde. Nous ne sommes pas dans le luxe, nous sommes dans la qualité."

     http://www.huffingtonpost.fr/yann-le-floch/hermes-birkin-animaux_b_7947056.html?utm_hp_ref=france

    ***

    Luc Desle


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