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Pensées pour nous-mêmes:
(LE MAL A UNE ODEUR
DÉLICIEUSEMENT PESTILENTIELLE)
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"Si j'accepte de recevoir Monsieur Quasimodo?
Absolument pas, il est trop laid!"
vintagegal:
Nosferatu (1922)
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(Deux génies littéraires se saluent
en chemin pour écrire dans un café)
librairiepagesvolantes.blogspot.com
Lettre de Charles Baudelaire à Victor Hugo
Lettre d'amitié
25 février 1840
Monsieur,
Il y a quelques temps, je vis représenter Marion de Lorme ; la beauté de ce drame m'a tellement enchanté et m'a rendu si heureux que je désire vivement connaître l'auteur et le remercier de près. Je suis encore un écolier et je commets peut-être une impertinence sans exemple ; mais j'ignore tout à fait les convenances de ce monde et j'ai pensé que cela vous rendrait indulgent à mon égard. — Les éloges et les remerciements d'un étudiant doivent peu vous toucher, après ceux que vous ont prodigués tant d'hommes de goût. Vous vous êtes sans doute montré à tant de gens que vous devez peu vous soucier d'attirer près de vous un nouvel importun — Pourtant, si vous saviez combien notre amour, à nous autres jeunes gens, est sincère et vrai — il me semble, (peut-être est-ce bien de l'orgueil) que je comprends tous vos ouvrages.
Je vous aime comme j'aime vos livres ; je vous crois bon et généreux, parce que vous avez entrepris plusieurs réhabilitations, parce que loin de céder à l'opinion, vous l'avez souvent réformée, fièrement et dignement. J'imagine qu'auprès de vous, Monsieur, j'apprendrai une foule de choses bonnes et grandes ; je vous aime comme on aime un héros, un livre, comme on aime purement et sans intérêt toute belle chose. Je suis peut-être bien hardi de vous envoyer bon gré mal gré ces éloges par la poste ; mais je voudrais vous dire vivement, simplement, combien je vous aime et je vous admire, et je tremble d'être ridicule. Cependant, Monsieur, puisque vous avez été jeune, vous devez comprendre cet amour que nous donne un livre pour son auteur, et ce besoin qui nous prend de le remercier de vive voix et de lui baiser humblement les mains ; à dix-neuf ans, eussiez-vous hésité à en écrire autant à un écrivain dont votre âme eût été éprise, à M. de Chateaubriand par exemple ? Tout cela n'est pas assez bien dit, et je pense mieux que ma lettre ; mais j'espère qu'ayant été jeune comme nous, vous devinerez tout le reste, qu'une démarche si nouvelle, si inusitée ne vous choquera pas trop ; et que vous daignerez m'honorer d'une réponse : je vous avoue que je l'attends avec une impatience extrême.
Que vous ayez ou non cette bonté, recevez le témoignage d'une reconnaissance éternelle.
CH. BAUDELAIRE
http://www.deslettres.fr/lettre-de-charles-baudelaire-a-victor-hugo-monsieur-puisque-avez-ete-jeune-devez-comprendre-cet-amour-donne-livre-auteur/
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(Quelques années plus tard...)
Quand Baudelaire clashait Victor Hugo
Charles Baudelaire a dédié trois poèmes des Fleurs du Mal à Victor Hugo, mais il était loin d’en être un admirateur inconditionnel. Une lettre inédite, révélée mercredi par le quotidien britannique The Guardian, et que Christie’s s’apprête à mettre en vente à New York, en apporte une nouvelle preuve. En janvier 1860, le poète écrit à un correspondant inconnu : «V. Hugo continue à m’envoyer des lettres stupides.» Et plus loin : «Tout cela m’inspire tant d’ennui que je suis disposé à écrire un essai pour prouver que, par une loi fatale, le génie est toujours bête.»
La missive n’apprendra rien de nouveau aux spécialistes des deux auteurs. En novembre 1865, Baudelaire écrivait ainsi à sa mère, Caroline Aupick :«Victor Hugo, qui a résidé pendant quelque temps à Bruxelles et qui veut que j’aille passer quelque temps dans son île, m’a bien ennuyé, bien fatigué. Je n’accepterais ni sa gloire, ni sa fortune, s’il me fallait en même temps posséder ses énormes ridicules. Mme Hugo est à moitié idiote, et ses deux fils sont de grands sots.»
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Benoît Barvin