Un an après avoir décrété un embargo sur les produits occidentaux, la Russie passe à la vitesse supérieure. Le 6 août, Vladimir Poutine a ordonné la destruction des produits alimentaires en provenance des Etats-Unis, de l’Union européenne, du Canada et de l’Australie.

   Et l’application de cette mesure ne s’est pas fait attendre. Le soir même, la télévision russe diffusait des images de “bulldozers écrasant des fromages et des viandes en provenance de l’Europe”, raconte The Moscow Times. Des tonnes de tomates, volailles et poissons norvégiens ont ainsi été saisies par les autorités qui doivent filmer les pillages. Le quotidien russe précise en effet que Vladimir Poutine craint que “des officiels corrompus ne se servent eux-mêmes”. Le gouvernement envisage d’ailleurs d’acheter “des crématoriums mobiles pour accélérer la destruction des produits”, précise le journal. (...)

   (...) Peu habituée à contredire la politique du Kremlin, la population russe a rapidement réagi à cette décision. Plus de 267 000 personnes ont signé une pétition en ligne et accusé le président russe “d’avoir perdu de vue les citoyens qui luttent chaque jour pour se nourrir”, rapporte le Moscow Times. Le ministre de l’Agriculture, Alexander Tkachev, a promis le développement d’une industrie agricole nationale pour répondre aux besoins de la population. Selon The Wall Street Journal, le coût des produits alimentaires aurait augmenté de 21 % depuis le début de l’année.

   De son côté, le gouvernement justifie la poursuite de l’embargo et explique qu’il ne peut plus garantir la qualité des produits européens. M. Tkachev a notamment déclaré “qu’on ne pouvait se permettre de vendre des produits dont la qualité est suspicieuse”, rapporte le quotidien britannique.

   A la frontière, des groupes essaient de contourner l’embargo en apposant des étiquettes “Produit en Biélorusse” sur la mozarella italienne ou les noix de cajou allemandes. Les mesures radicales annoncées par Vladimir Poutine ne sont alors pour l’hebdomadaire allemand Spiegel que “le signe de défaillance d’un Etat qui n’arrive pas à empêcher l’importation de produits occidentaux”.