“Voici une histoire qui raconte comment un groupe de journalistes s’est lancé dans une difficile investigation.” C’est ainsi que le site Aristegui Noticias annonce la sortie du livre-enquête intitulé La ‘Casa blanca’ de Peña Nieto (La maison blanche [du président] Peña Nieto, éditions Grijalbo), un pavé dans la mare pour le couple présidentiel.  (...)

   (...) Les quatre journalistes ont enquêté pendant un an en partant d’une information que rappelle l’introduction du livre : “Le président possède une maison dans le quartier Las Lomas de Chapultepec. Elle a été construite sur mesure par le groupe Higa, l’une des entreprises qui a remporté l’appel d’offres de la ligne de TGV Mexico-Querétaro. Cette entreprise avait précédemment bénéficié de contrats publics dans l’Etat de Mexico lorsque [le président] était gouverneur de cet Etat.”   (...)

   (...) Les résultats de cette enquête évoquent clairement le conflit d’intérêts en démontrant“la relation étroite qui existait entre le président Peña Nieto et l’entreprise bénéficiaire de contrats se chiffrant en millions consentis par le gouvernement”, note le site de la chaîne de télévision Univisión.

    Cette enquête démontre aussi, une fois de plus, l’iniquité de la société mexicaine. “Dans un pays où la moitié des habitants est pauvre, le président s’achète une maison à 7,5 millions de dollars” [6,6 millions d’euros] soulignait l’un des auteurs, Irving Huerta, cité par Univisión le 30 septembre dernier, jour de la remise aux journalistes du grand prix latino-américain de journalisme, le prix Gabriel García Márquez.

   Cette enquête est publiée par plusieurs grands médias en novembre 2014, à commencer par Aristegui Noticias, le site de la journaliste vedette Carmen Aristegui qui a coaché l’équipe. Mais aussi par Proceso, La Jornada et Sin Embargo.

   La première dame, Angélica Rivera Hurtado, épouse du président et propriétaire officielle de la somptueuse demeure, est contrainte de s’expliquer et annonce la vente de sa “maison blanche”. Ses déclarations paraissent peu crédibles. Quant au président, il se retranche derrière la séparation de biens de son contrat de mariage.  (...) 

   (...) C’est alors que les déboires commencent pour les journalistes. La chaîne de télévisionMVS, où Carmen Aristegui et son équipe s’occupent d’une émission d’information, refuse de diffuser l’enquête “Casa blanca” et licencie la petite troupe.

   La journaliste vedette se pourvoit en justice pour dénoncer la censure et demander sa réintégration. Elle est déboutée par le tribunal en juillet 2015, rapporte CNN México. Aujourd’hui, elle en appelle à la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

   En août 2015, un contrôleur de la fonction publique, désigné par le président mexicain, déclare qu“il n’y a pas conflit d’intérêts dans l’acquisition de la maison”, relate La Jornada. Le président mexicain “demande pardon” à tous les Mexicains “qui se sont sentis blessés par le scandale” de la maison blanche, écrit Excelsior.

   La parution du livre jeudi 22 octobre risque de rallumer l’incendie là où le président mexicain avait voulu l’éteindre.