Non, les autorités thaïlandaises ne ferment pas les yeux sur les conditions de travail dans l’industrie de la crevette, ont affirmé des représentants du gouvernement lors d’une conférence de presse lundi 21 décembre, que rapporte le quotidien Bangkok Post.

   Ils souhaitaient ainsi répondre à une enquête publiée le 13 décembre et qui a fait grand bruit. L’agence de presse américaine Associated Press y accuse le gouvernement thaïlandais d’avoir délibérément ignoré le travail forcé dans des ateliers de production de crevettes et le fait que, si la Thaïlande figure parmi les plus gros exportateurs de crevettes du monde, elle le doit aux “bas coûts de production résultant des conditions de travail déplorables”.

   On peut notamment y lire : "Entreprises et gouvernement ont maintes fois promis de nettoyer le marché d’exportation de fruits de mer, qui pèse quelque 7 milliards de dollars. Pourtant, l’enquête d’AP a pu établir que des crevettes épluchées par des esclaves des temps modernes atterrissent aux Etats-Unis et en Asie. […] Les consommateurs apprécient de pouvoir jeter leurs crevettes directement du congélateur à la casserole – une facilité qui résulte d’un intensif travail d’épluchage et de nettoyage.” (...)

   (...) L’enquête souligne encore que “ce phénomène est alimenté par la corruption et la complicité de certains éléments au sein de la police et des autoritéset que les rares interventions de la police conduisent le plus souvent à “l’incarcération des travailleurs sans papiers, tandis que les propriétaires s’en tirent sans sanction”. (...)

   (...) Un bilan accablant, face auquel le gouvernement thaïlandais a cherché à nier sa responsabilité en organisant une conférence de presse, relatée par le Bangkok Post.

   “D’importants efforts sont déployés pour mettre un terme aux abus”, ont affirmé les représentants du gouvernement. “Depuis que le Conseil national pour la paix et l’ordre [nom officiel de la junte] a pris en main la gestion du pays, ceux qui sont impliqués dans les abus des droits de l’homme sont punis, y compris les membres des forces de l’ordre ou des élus locaux”, a indiqué le major général Sanserm Kaewkamnerd, porte-parole de la junte militaire au pouvoir dans le royaume depuis mai 2014.  (...)

   (...) En avril dernier, l’Union européenne a multiplié par trois les taxes sur les importations de produits de la mer, et s’apprête à examiner une interdiction pure et simple, relève AP.

   La Thaïlande est également sur la liste noire dressée par les Etats-Unis des pays où le trafic des êtres humains est répandu. Mais, contrairement à d’autres pays placés sur cette liste, aucune sanction n’a été prise contre elle.