• "Il s'agitait dans son bocal pour faire l'important". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE PENSE PLUS: AGIS)

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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS(65)
    pcc Benoît Barvin<o:p></o:p>


    Final<o:p></o:p>

       Je me levai en sachant que c'était le jour J, le jour où je deviendrais quelqu'un. Alors qu'une petite pluie fine pianotait à la fenêtre de mon appartement, je déjeunai lentement, peaufinant mon plan. Pour être tout à fait exact, je faisais ça à l'instinct, car je savais que l'exécution en serait difficile. Mais j'en avais tellement marre, j'étais au bout du rouleau, incapable de continuer. Tout m'écoeurait... <o:p></o:p>

       Bon, il fallait que je me concentre, que j'aille prendre les armes, achetées à des dealers - des petites brutes stupides, incapables de parler correctement, et qui ne connaissaient que le fric et la violence. "Toi, l'Blanco, qu'ess qu'tu veux foutr' avec un MP5 et deux armes de poing? Et, Mec, tu t'prends pour Scharwzi ou quoi? T'es pas dans un Besson, t'as capté?". <o:p></o:p>

       Les armes, je les avais dissimulées dans mon placard, derrière une pile de linge. Effectivement, je n'étais pas un vengeur US qui trimbale sa cargaison de flingues, de mitrailleuses, de grenades et autres joyeusetés dans la main droite, la gauche étant occupée à se gratter l'entre-jambes. Je n'étais que Moi, c'est-à-dire pas grand chose. Et j'avais un objectif: semer la Désolation autour de moi au hasard.<o:p></o:p>

       C'était ce hasard qui m'avait décidé. Sortir, me retrouver dans une rue ou un supermarché et tirer de ci de là, sans vrai choix de victime. Juste pour le plaisir de sentir, bien vite, les hurlements des sommations de flics et attendre la décharge fatale. Oui, je sais, mes motivations n'étaient pas des plus évidentes. En effet je n'avais perdu aucun parent dans des circonstances similaires; on ne m'avait pas licencié; mon épouse ne m'avait pas trompé avec mon meilleur ami et l'Ange de la Mort ne m'accompagnait pas, me dictant ma conduite. <o:p></o:p>

       Rien de tout ça. Je n'étais que Moi, et ce Moi m'était devenu insupportable. Je n'avais pas le courage de me suicider dans un coin. Mourir seul, comme je l’avais toujours été dans ma vie… Pas aujourd’hui qu’il y avait Internet, l’actualité en continu et que n’importe quel imbécile disposait d’un portable-vampire qui, dans cette tuerie, trouverait là sa vraie raison d’être. <o:p></o:p>

    En ce qui me concerne, j’avais envie d'exister, quelques instants seulement, et de devenir le fait divers sanglant du jour, pour les journaux permanents de la TNT. Ma gueule passant en boucle, le commentaire excité des journalistes indépendants de toute pression, les explications des psychanalystes adoptant l’air docte de celui qui sait de toute éternité… et celles, à hurler de rire, des spécialistes en tous genres, dissimulant mal leur satisfaction d'avoir été invités sur le plateau... <o:p></o:p>

    Je voulais tout ça, toute cette chienlit. Dommage que, pour mettre en branle le cirque médiatique, je sois obligé de faire un carnage qui se terminerait par ma propre élimination venue d’un quelconque membre du GIGN. Mais qui veut la fin, n’est-ce pas ?<o:p></o:p>

       Je sortis à dix heures du matin. Je portais un imperméable vintage, sous lequel j'avais dissimulé le pistolet mitrailleur, enfoui dans un étui que j'avais bricolé. Dans mes poches, deux automatiques, légers mais pouvant loger une ou plusieurs balles dans un crâne qui exploserait alors comme un oeuf. L'attirail était lourd, mais en marchant lentement, en prenant l'air innocent, je n'éveillerai aucune immédiate curiosité. <o:p></o:p>

       Il faisait beau maintenant. La pluie avait cessé, le soleil perçait les nuages, les ouvrant en deux, afin que ses chauds rayons éclaboussent les rues que j'empruntais. L’oeur de l’asphale qui séchait rapidement me monta à la tête. Un peu partout, les premiers bourgeons du Printemps avaient éclos. La petite ville était tranquille, comme à son habitude. <o:p></o:p>

       Je remontai la rue principale,  me retrouvai sur les longues allées – l’ancien cœur de la Cité - que gardaient, de part et d'autre, deux rangées de platanes à l’air un rien maladif. Je ne rencontrai pas foule. Quelques vieux maghrébins, leurs homologues espagnols (les groupes s’esquivaient adroitement), des Noirs qui vendaient leur camelote en écoutant du Reggae sur leur Ipod, une classe d'enfants rieurs et chahuteurs de sixième qui se dirigeait  vers la Médiathèque toute proche... <o:p></o:p>

       Je perçus en sus le pépiement des moineaux. Plusieurs mouettes crièrent en passant au-dessus de moi, dans leur vol élégant et rapide. Un chat miaula, un klaxon entra dans le jeu sonore, une conversation étrangère fit écho à ces bruits du quotidien. Il y avait une odeur de renouveau, une touche colorée qui se posait sur le paysage…<o:p></o:p>

       J'étais arrivé au bas des Allées sans m'en apercevoir. Je réalisai que pas un instant je n'avais eu l'idée de sortir au moins un automatique - que je sentais dans la poche, contre ma cuisse, petit objet dur et vicieux. Pas un instant... Pourtant le calme dans lequel baignait la ville était idéal. Je pouvais dégager les armes, tirer à "l'inspiration", faire des victimes, nombreuses, me régaler de voir les gens s’égailler comme des poules promises au chasseur... <o:p></o:p>

       Je m'engageai dans le Parc  de Verdure où le Printemps faisait exploser mille senteurs. Je ralentis le pas, l’esprit moins sec. Je m’assis sur un banc, sans me préoccuper de l’humidité qui imprégna aussitôt mon jean. Dans le mouvement, les deux automatiques claquèrent contre le banc. Un jeune, qui descendait vers la Gare, située au bas du Parc, me jeta un regard fiévreux. J’y lus de la surprise et de la peur, puis il s’éloigna à pas vifs. Il courait presque. <o:p></o:p>

       J’esquissai un geste vers une arme. Facile de le viser et de tirer. Facile… Mais il faisait si bon… Dans l’air passaient des efflorescences nouvelles. Près de la mare, que je ne voyais pas, des canards s’appelèrent, un cygne trompeta... Quelque part un chat – le même que tout à l’heure ? – poussa un timide miaulement qui me ramena quelques années en arrière. Mes membres s’engourdissaient doucement. Je me surpris à me dire, tout bas, « Bon Dieu que je suis bien… C'est la première fois que je me sens… »<o:p></o:p>

       Mon cœur s’emballa, une douleur terrible se vrilla dans ma cage thoracique, mon bras gauche devint aussi dur qu’un morceau de bois sec.<o:p></o:p>

       « Un beau jour pour mourir », songeai-je en glissant du banc vers le sol, sachant déjà que je partais pour un long, très long voyage, sans avoir rien fait de vraiment bien dans ma vie, mais rien de mal non plus, heureusement.<o:p></o:p>

       Mon final, au fond, ne manquait pas de classe…


    ***

       Chanson frappée d'interdiction, justement, aux moins de 16 ans, les paroles de "Donne tes seize ans" valent leur pesant de cacahuètes, comme dirait Cheetah, et ne seraient plus possibles aujourd'hui, dans cette si jolie Démocratie pluraliste. Etonnamment, l'interprétation de Danny Logan est légère, contrairement à celle de Charlie Aznavour, avec sa diction très "Comédie Française", comme d'hab' et son message, asséné à la tronçonneuse. 

       Pour que la page soit moins "lourde", "Stand Be Me", en Bossa Nova, ça le fait nettement plus...

    ***


    Danny Logan - Donne Tes Seize Ans



    ***

    Charles Aznavour - Donne Tes Seize Ans





    Viens, donne tes seize ans
    Au bonheur qui prend forme
    Pour que ton corps d'enfant
    Peu à peu se transforme

    Viens, n'hésite pas
    Mets ta main dans ma main
    Simplement, et donne tes seize ans

    Viens, donne tes seize ans
    Aux amours éternelles
    C'est le plus beau printemps
    De la vie qui t'appelle

    Viens, au creux de moi
    Mets ta joue sur ma joue
    Tendrement, et donne tes seize ans

    Un jour, lorsque la vie aura fané nos jours
    Un jour, nous penserons qu'il fut bien court
    Le printemps des amours

    Viens, donne tes seize ans
    À ta fureur de vivre
    Le chemin des Amants
    Est le seul qu'il faut suivre

    Viens, donne ton cœur
    Mon amour à l'amour
    Qui attend, pour prendre tes seize ans

    Donne tes seize ans
    Donne tes seize ans


    ***

    Stand by me Bossanova




    Parole de Stand By Me:
    (Ben E. King/Jerry Leiber/Mike Stoller)

    When the night has come
    And the land is dark
    And the moon is the only light we'll see
    No I won't be afraid, no I won't be afraid
    Just as long as you stand, stand by me

    And darlin', darlin', stand by me, oh now now stand by me
    Stand by me, stand by me

    If the sky that we look upon
    Should tumble and fall
    And the mountains should crumble to the sea
    I won't cry, I won't cry, no I won't shed a tear
    Just as long as you stand, stand by me

    And darlin', darlin', stand by me, oh stand by me
    Stand by me, stand by me, stand by me-e, yeah

    [Guitar]

    Whenever you're in trouble won't you stand by me, oh now now stand by me
    Oh stand by me, stand by me, stand by me

    Darlin', darlin', stand by me-e, stand by me
    Oh stand by me, stand by me, stand by me

    [ Ces sont Stand By Me Paroles sur http://www.parolesmania.com/

    Reste près de moi

    Quand la nuit arrive
    Et que le sol est sombre
    Et que la lune est la seule lumière que nous voyons
    Non, je n'aurai pas peur
    Non, je n'aurai pas peur
    Tant que tu restes,Tu restes contre moi

    Alors chérie, chérie Reste contre moi
    Oh, reste contre moi
    Oh, reste, reste contre moi, reste contre moi

    Si le ciel que nous regardons d'en bas
    Pouvait dégringoler et tomber
    Ou si les montagnes pouvaient s'écrouler dans la mer
    Je ne pleurerai pas, je ne pleurerai pas
    Non, je ne verserai pas une larme
    Tant que tu restes, Tu restes contre moi

    Alors chérie, chérie Reste contre moi
    Oh, reste contre moi
    Oh, reste, reste contre moi, reste contre moi

    Chaque fois que tu auras des ennuis, reste contre moi
    Oh reste contre moi
    Reste contre moi, reste contre moi, reste contre moi

    Alors chérie, chérie Reste contre moi
    Oh, reste contre moi
    Oh, reste, reste contre moi, reste contre moi

    {Traduction réalisée par JiPay}


    ***
    Nadine Estrella
    « "Echange multiples fractures contre fracture solitaire, même si pas consolidée". Jacques Damboise in "Echange, échange"."Lady Ronron a un faible pour les matous". Jacques Damboise in "Pensées inconvénientes". »

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