• "J'inscrivis ma Belle-Mère sur la liste des cobayes de la Science, certain qu'elle m'en remercierait". Jacques Damboise in "Pensées de mes voisins".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIGNE TON ÂME

    AUTANT QUE TON CORPS)

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    La chute de l’Empire romain

    ou la fin d’un empire sans valeur

       Poilus, méchants, armés jusqu’aux dents ! Ils violent et pillent  ! Étrangers à cette culture raffinée  ! Envahisseurs  ! Migrants  ! BARBARES  ! Voilà ceux qui ont mis fin à un empire millénaire. Alaric, chef barbare, rentre dans Rome en 410. Drame, traumatisme historique. Même Hannibal n’avait pas osé. L’empereur ne règne plus. Les barbares ont finalement eu raison de l’empire. Voilà l’histoire officielle. Des étrangers ont conquis l’empire  ! Mais petite question : «  Où diable étaient les légions  ?  »

       On ne peut pas parler de l’économie romaine sans parler de la machine de guerre romaine. Tout au long de l’empire, leur nombre augmente de 28 sous Auguste (-30 avant J.C) pour passer à 53 sous Dioclétien (284ap J.C). À l’apogée de l’empire, ce sont 350 000 légionnaires prêts à mourir pour l’aigle impérial. Enfin, surtout si les empereurs y mettent le prix  ! Car la solde de 225 deniers sous César passe à 500 deniers sous Septime (IIe siècle). Soldat de métier qu’il faut équiper, loger, nourrir. Le légionnaire coûte cher  ! De plus, la taille de l’empire n’aide pas. Les empereurs ne sont cependant pas à court d’idées pour augmenter les recettes. C’est donc dans un élan de civisme extraordinaire que Caracalla décide en 212 d’accorder la citoyenneté romaine à toutes les provinces. La citoyenneté, merveilleux concept accordant des droits, mais surtout le devoir de payer l’impôt  !

       Le poids de l’armée pose donc un problème à l’empire. Des solutions sont imaginées, dont une géniale, mais maléfique : celle de modifier la monnaie.

       Le système monétaire romain est basé sur trois métaux : l’or, l’argent, et le bronze/cuivre. Les monnaies les plus connues et les plus pertinentes sont : le sesterce en bronze, le denieren argent, et l’aureus en or. 

       Chaque monnaie a sa parité dans une des deux autres. Sous Auguste, l’aureus valait 25 deniers, et 100 sesterces. Son poids permet également de savoir si la monnaie est de bon aloi, c’est à dire contenant une bonne quantité de métal fin. Sous Auguste par exemple l’aureus vaut 7 grammes d’or pour ne valoir que 5 grammes d’or sous Dioclétien.

       Bien, la monnaie est faite en métal plus ou moins précieux et elle ne peut donc pas être battue en quantité illimitée. Ainsi, dès le départ cette monnaie de métaux précieux pose trois problèmes : celui de la dévaluation, de la thésaurisation et de l’inflation.

     

       La dévaluation. Imaginez-vous en empereur romain. Vous portez la pourpre et le laurier. Vous mangez du raisin avec une vestale quand un conseiller malheureux vient vous voir pour vous dire que des Octogoths, et des Polygoths ont envahi l’empire et décimé les légions censées défendre la frontière. En tout bon empereur qui se respecte, vous dites à ce conseiller de lever quatre nouvelles légions, non huit  ! Vous êtes empereur, que diable  ! Malheureusement, ce conseiller vous explique que l’impôt de cette année permet à peine d’en lever une. Que faire  ?

       Un mathématicien égyptien de l’école au quatrième degré de Pythagore entend la conversation et pose le problème. «  Mon empereur, vous avez 100 000 deniers d’argent. Avec ces 100 000 deniers vous pouvez lever une légion. Il vous faut donc 800 000 deniers pour en lever huit  ! Chaque denier pèse 8 grammes. En faisant refondre vos deniers pour que chaque denier fasse un gramme vous obtiendrez la monnaie nécessaire.  » Tout empereur que vous êtes, vous comprenez rapidement le calcul. Mais vous lui dites que les citoyens romains vont vite comprendre le subterfuge. Non  ! Vous répond l’égyptien. Car en y rajoutant 7 grammes d’un métal moins fin comme le bronze ou le cuivre vous pouvez donner le même poids, et la même forme aux pièces. Vous trouvez donc l’idée géniale, et vous commencez donc à faire fondre vos deniers.

       Exemple marrant, il nous explique la spirale dans laquelle l’empire s’engage à ce moment. Chaque guerre, chaque légion qu’il faut payer dévalue de plus en plus la monnaie. Cette logique va aller tellement loin que l’antoninien est créé en 215 par l’empereur Caracalla. Toujours lui, l’escroc  ! Cette monnaie, valant deux deniers à l’époque, a pour but de se dévaloriser en fonction des nécessités de l’empire. Elle n’a pas de valeur réelle. D’abord faite en argent, les diverses dévaluations la font en bronze. Elle remplace peu à peu le denier. Car l’empereur sage parmi les sages n’a malheureusement pas lu Keynes  ! Tout argent dévalué doit nécessairement lui revenir à travers l’impôt. Rajoutez à cela la thésaurisation des bonnes monnaies, et vous obtenez des monnaies qui se dévaluent de plus en plus au fil du temps.

       En quoi consiste la thésaurisation  ? On reprend un exemple, j’aime bien, ça me fait rêver. Vous êtes patricien en votre domaine, une jeune esclave de Bactriane danse nue devant vous avec votre patricienne. Quand tout à coup un esclave arrive  ! Il vous annonce que l’empereur a encore décidé de dévaluer la monnaie. Les futurs deniers d’argent contiendront du bronze. Bon patricien, vous êtes donc forcément cupide, vous vous dites que des deniers d’argent contre des deniers de bronze c’est de l’arnaque et que cet empereur ne les aura pas pour son futur impôt. Vous envoyez donc cet esclave creuser un trou et cacher vos deniers d’argent dans une forêt. Bien sûr, vous lui demandez où il les a cachés et vous le tuez après. On ne sait jamais  ! Vous savez donc que vous pouvez conserver vos deniers en argent. De plus, parité de la monnaie oblige, vous pouvez payer l’impôt en sesterce de bronze  ! Idée géniale  !

       L’Empire romain par la dévaluation et la thésaurisation se trouve donc envahi de mauvaises monnaies. Provoquant le dernier des problèmes : l’inflation  !

       Est-ce que je vous fais encore un exemple marrant  ? OUI  ! Vous êtes Citoyen plébéien romain. Vous vivez à Rome avec votre femme, vos enfants atteints de scorbut et vos parents (la retraite n’existait pas). Vous avez un petit commerce et vous vendez des poteries. Étant un acteur très interdépendant de l’offre et la demande et de la valeur de la monnaie. Vous vous êtes rendu compte que votre fournisseur d’argile vous faisait payer plus cher. Vous lui demandez pourquoi ces prix  ? Il vous dit tout simplement, là où il vous le faisait à un denier le kilo. Maintenant qu’il y a du bronze dans la monnaie, il veut deux deniers d’argent pour s’y retrouver. Bon, vous ne comprenez rien à part qu’effectivement la monnaie a une autre couleur qu’avant et qu’il doit y avoir une raison. Vous vendez donc vos poteries deux fois plus chères. De toute façon, vous n’avez pas le choix. Plus le temps passe et moins vous avez de deniers d’argent qui sont thésaurisés. Vous n’avez donc plus que des sesterces pour payer.

       La conséquence de l’inflation est la hausse des prix. Bien qu’elle puisse compenser la dévaluation de la monnaie, ce n’est pas le cas. Les prix augmentent, les riches thésaurisent leur monnaie, l’empereur lève de plus en plus d’impôt pour financer ses guerres, et bien sûr, quelles que soient les époques ce sont les pauvres qui trinquent. L’empereur met en place un impôt spécial «  l’annone  » finançant exclusivement les dépenses militaires. Les terres des petits propriétaires sont réquisitionnées, un exode rural commence. Cependant en ville la manœuvre servile est plus nombreuse et moins chère que celles des citoyens romains. Les salaires sont tirés vers le bas et le chômage augmente. On rajoute à cela la peste et le brigandage empêchant le commerce et l’on obtient un déclin en occident qui durera encore un ou deux siècles.

       L’empire n’est plus dès le troisième siècle. Cependant, l’idée de Rome est toujours présente. Un empereur talentueux permet à Rome de vivre encore pour mille ans.

       Le fier légionnaire, droit, discipliné, protégeant la veuve et l’orphelin contre l’envahisseur barbare dans les confins les plus reculés de l’empire est très doué pour ça. Mais, il ne comprend rien au système monétaire. Il constate que l’empereur le paie en monnaie de singe et que sa solde ne représente rien. De plus, depuis Caracalla la citoyenneté romaine est accordée sans avoir besoin de faire la légion. Donc mis à part l’argent quelles sont ses raisons de se battre  ? Le légionnaire se bat donc pour sa solde. Mais il reste discipliné. Il a donc besoin d’un chef, d’un empereur pour le lui donner. C’est ainsi que vingt-six empereurs vont se succéder au troisième siècle. L’empire est instable.

       C’est alors qu’en 306 Constantin Ier arrive au pouvoir. Énigme de l’histoire, Saint de l’Église catholique, réformateur d’empire. Constantin doit son pouvoir à sa victoire du pont Milvus en 313, Jésus lui-même, lui parle et lui dit qu’il doit mettre ses initiales sur les boucliers des légionnaires pour gagner la bataille. Il s’exécute, et il gagne. Merveilleux, un chrétien de plus... Mis à part ses «  visions  », Constantin trouve une façon de réformer l’économie. Chrétien nouveau, il décide de confisquer aux temples païens tout leur or pour créer une nouvelle monnaie : le solidus (solide en français).

       Remplaçant de l’aureus, cette monnaie n’a pas de parité et possédera un poids égal jusqu’au XIe siècle dans l’Empire byzantin. De plus pour continuer à créer sa monnaie, Constantin impose plus fortement les riches, en levant un impôt payable uniquement en or  ! Socialiste avant l’heure  ? Le Constantin était plus pragmatique. Les classes populaires n’étant plus en mesure de payer l’impôt, ils préfèrent se tourner vers les riches pour financer ses légionnaires et ses rêves de grandeur. Ses successeurs feront tout pour éviter la dévaluation de cette monnaie jusqu’aux défaites byzantines, et son déclin (bizarre  ?)...

       Cependant, cette réforme n’amène pas de richesses aux classes populaires, et les intérêts de l’empire ne concernent qu’une petite partie de sa population.

    «  L’Empire romain est tombé suite aux invasions barbares  !  » Si demain vous dînez entre amis, et que vous entendez cette ineptie, vous pourrez leur expliquer que : «  Non, l’empire est tombé sous les coups de sa dévaluation chronique malgré le sauvetage désespéré de Constantin Ier  ». Vous verrez, ça fait très chic.

       Cet article vise à dénoncer nos dérives et à pointer du doigt que nous répétons les mêmes erreurs. Les barbares ont de nouveaux noms : latinos ou musulmans. Dirigés par la peur nous recherchons des chefs cupides et stupides pour trouver des solutions. Les empereurs romains voulaient protéger leur frontière et ont fait des choix qui ont poussé l’empire le plus grand d’Occident à s’effondrer. Verrons-nous dans les années qui viennent la fin d’un nouvel empire  ? Aux États-Unis comme en France, la peur de l’autre aboutira-t-elle à notre fin  ?

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-chute-de-l-empire-romain-ou-la-186541

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    Luc Desle

    « "Ne pas boire et périr, l'écrivaine Françoise Sangan avait choisi". Jacques Damboise in "pensées arrosées"."Cette fille qui parlait fort était pleine d'apéros ou d'à-propos, je ne me souviens plus bien". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet". »

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