• "Il vivait heureux dans son cercueil, quand Dracula vint lui faire une bise". Jacques Damboise in "Pensées incertaines".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (L'HOMME EST DU MOU

    POUR L'HOMME POLITIQUE)

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    (Poète romantique contemplant,

    navré, la catastrophe de la mondialisation)

     (Source: secondfloor, via bardamiu)

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     http://king-kong.fansforum.info/t736-HUMOUR-Les-monstres-cultes-du-cin-ma-fantastique.htm

    Ridley Scott et la saga Alien :

    quand l’auteur devient

    son propre monstre…

       Cette semaine est sorti sur les écrans le film Alien : Covenant qui ajoute un nouvel épisode de la saga initiée par Ridley Scott en 1979. Après le déjà très controversé Prometheus en 2012, Ridley Scott revient aux commandes d’un film qui est en train de déclencher parmi les fans un véritable torrent de critiques négatives, accusant le réalisateur d’avoir trahi les fondements de sa propre mythologie. On assiste à un phénomène intéressant d’inversion, à propos duquel j’ai déjà eu l’occasion d’écrire, qui se répète régulièrement et paraît même s’intensifier ces dernières années : c’est le public qui se fait le gardien de l’esprit d’une oeuvre, contre les industries culturelles lorsqu’elles abusent d’une licence, et parfois même contre son propre créateur comme c’est le cas ici avec Scott. (...)

     (...) Or ce n’est pas ainsi que le droit appréhende normalement les choses. Les auteurs se voient en effet reconnaître un droit moral qui leur permet de s’opposer aux altérations qui viendraient dénaturer l’esprit de leur oeuvre. C’est du moins l’approche traditionnelle du droit français, qui protège la personne de l’auteur dans sa création. Ce droit moral n’existe cependant pas en tant que tel aux Etats-Unis (ou seulement sous une forme atténuée). C’est ce qui permet notamment aux producteurs de cinéma de bénéficier du final cut privilege, le pouvoir d’arrêter le montage définitif du film, là où en France c’est le réalisateur qui en dispose.

       Dans sa carrière, Ridley Scott a souvent dû se battre pour récupérer les droits sur ses propres films de manière à pouvoir exprimer pleinement la vision qui était la sienne (ce fut notamment le cas pour Blade Runner, pour lequel il dût attendre 10 ans avant de sortir une version director’s cut sensiblement différente de l’original). Mais pour ce qui est de la saga Alien, Ridley Scott n’est plus dans une situation où il doit se plier aux volontés des studios d’Hollywood. Si les épisodes 2, 3 et 4 furent confiés à des réalisateurs différents (avec plus ou moins de bonheur…), c’est terminé depuis Prometheus en 2012. Scott a récupéré ses droits et il bénéficie à présent d’une marge de manoeuvre complète, étant donné qu’il est devenu son propre producteur. Mieux encore, il est parvenu à faire abandonner le projet d’un Alien 5, qui devait être confié au réalisateur sud-africain Neill Blomkamp. Il règne à présent en maître incontesté sur les destinées de cette licence.

       Dans les faits, Ridley Scott se trouve donc dans une position aussi puissante que s’il était en possession du droit moral sur son oeuvre, à l’image d’un réalisateur français (et même sans doute dans une position plus forte encore, vu qu’il maîtrise le financement de ses projets). Or il semblerait qu’il ait décidé d’utiliser cette liberté pour littéralement saccager sa propre création, en lui faisant prendre des directions incohérentes par rapport à l’univers de départ, ce qui révulse une grande partie du public. Je vous recommande pour prendre la mesure de l’indignation de visionner ci-dessous la critique réalisée par le vidéaste Durendal (ou encore celle publiée cette semaine par le Joueur du Grenier). (...)

       (...) Ce qui était déjà en germe dans Prometheus devient cette fois encore plus problématique avec Alien : Covenant. Ridley Scott – peut-être comme le dit Durendal parce qu’il atteint l’âge canonique de 80 ans – paraît s’enfoncer dans un délire mystique à tendance créationniste et il plaque artificiellement ces nouvelles thématiques sur l’univers d’Alien. Ce qui était à la base avant tout un film d’horreur, caractérisé par la figure iconique du xénomorphe, devient à présent une sorte de réflexion pseudo-philosophique ampoulée sur les origines de la vie et de l’être humain. Dans Covenant, Ridley Scott s’attache à faire des révélations sur la création jusqu’alors inexpliquée de l’Alien, à laquelle il apporte une réponse… plus que surprenante (je vous épargne les spoils). Le problème, c’est que ce faisant, il introduit un nombre invraisemblable d’incohérences qui rejaillissent sur les films suivants (l’action de Covenant se déroulant avant le premier épisode de la saga).

       J’ai eu l’occasion de voir le film cette semaine et j’avoue que je suis encore sous le choc. On peut dire à ce stade que Ridley Scott a littéralement choisi de violer sa propre oeuvre pour produire ce film, tant le résultat tranche par rapport aux opus précédents. Or cette sensation de « viol créatif » que l’on ressent au visionnage est en elle-même assez intéressante, car on a souvent fait remarquer que le xénomorphe, en tant que monstre, constitue une métaphore du viol, ce qui explique en partie l’horreur viscérale qu’il suscite. Cette créature bio-mécanique, imaginée à la base par l’artiste H. R. Giger, présente clairement des formes phalliques et son mode de reproduction consiste à introduire de force des oeufs dans le corps de ses victimes pour les faire exploser de l’intérieur en donnant naissance à ses larves.

       Or ici, on peut dire d’une certaine manière que Ridley Scott se comporte comme le xénomorphe avec sa propre création : avec ces nouvelles thématiques religieuses, il insémine l’histoire avec des corps étrangers qui la font muter et la boursouflent jusqu’à la faire littéralement exploser. Et du coup, j’ai rarement vu quelque chose qui mérite autant le qualificatif de « dénaturation de l’oeuvre », au sens d’une violation du droit moral, alors qu’elle est commise par l’auteur lui-même.

       L’auteur est littéralement devenu son propre monstre et c’est l’univers d’Alien qui en est la première victime !

    (suite, passionnante, à lire à l'adresse suivante:

    https://scinfolex.com/2017/05/14/ridley-scott-et-la-saga-alien-quand-lauteur-devient-son-propre-monstre/

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    Luc Desle

    « "Son visage se décomposa devant cette assiette mal composée". Jacques Damboise in "Pensées petites petites"."Il courait toujours plus vite que ses idées, un peu trop lentes à son goût". Jacques Damboise in "Pensées à petit feu". »

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