• "Il hocha la tête et, effectuant un bel arc de cercle dans l'air, celle-ci alla se placer au centre du panier des condamnés". Jacques Damboise in "Pensées pensées"

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE NE TE JAUGE PAS

    QUAND IL T'ECOUTE)

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    (Ma vieille voisine ne m'aimait pas beaucoup,

    je crois...)

    http://misterdoor.tumblr.com/post/125657989927

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    "Je vous maudis! Je vous maudis!

    - C'est ça, c'est ça... P'tain, qui c'est qui m'a

    engagé cette ringarde?"

    dvdclassik.com

    La fin des films maudits

    Antoine Katerji
    Blogueur

       Pourquoi « Sorcerer », gigantesque échec, a bénéficié d’une version restaurée à partir du négatif original, d’une projection au Festival de Venise, d’une ressortie en salles (le film est à l’affiche depuis le 15 juillet) et d’une sortie en blu-ray collector (chez Warner) ?

       Parce que c’est un « grand film malade », donc un « film maudit » et un « film culte ». Qu’est-ce qu’un « grand film malade » ? Pour François Truffaut : 

       « Un grand film malade, ce n’est rien d’autre qu’un chef-d’œuvre avorté, une entreprise ambitieuse qui a souffert d’erreurs de parcours : un beau scénario intournable, un casting inadéquat, un tournage empoisonné par la haine ou aveuglé par l’amour, un trop fort décalage entre intention et exécution, un enlisement sournois ou une exaltation trompeuse. Cette notion de “grand film malade” ne peut s’appliquer évidemment qu’à de très bons metteurs en scènes, à ceux qui ont démontré dans d’autres circonstances qu’ils pouvaient atteindre la perfection. » (Hitchcock/Truffaut, Gallimard, 1983)

    T   aut écrivait ces lignes en pensant à « Pas de Printemps pour Marnie » d’Alfred Hitchcock. Son absence de suspense, ses transparences voyantes, son histoire de désir refoulé, son héroïne kleptomane et frigide, jouée par Tippi Hedren, mariée de force à Sean Connery, le viol en guise de nuit de noce, une métaphore de son tournage et les rapports compliqués d’Hitchcock avec Hedren sur fond de désir et de haine.(...)

       (...) Comme on pense à Truffaut en voyant « Sorcerer ». Tout y est. Tout est en place pour faire d’un chef d’œuvre un film maudit, comme le raconte le dernier hors-série de Première.

       Son grand réalisateur, William Friedkin, l’auteur de « French Connection » et de « L’Exorciste ». Des succès planétaires, un réalisateur béni des dieux, l’enfant gâté d’Hollywood (A Metaluna, il rappelle qu’« à l’époque, après le succès de “ L’Exorciste ”, j’aurais pu persuader n’importe quel producteur, et même si j’avais voulu filmer la bar-mitsvah de mon neveu ! »).

       Son ambition démesurée. Son envie d’adapter le livre de Georges Arnaud « Le Salaire de la peur », déjà adapté au cinéma par Henri-Georges Clouzot, et de lui donner une portée universelle. Sous la caméra de Friedkin, cette histoire de mecs dans un camion rempli de nitroglycérine, qui se détestent mais qui se voient forcés de collaborer pour survivre, devient « une métaphore du monde moderne », « l’obligation qu’ont certains pays qui se détestent de coopérer » et la nitro dans le rôle de la bombe H.

       Le fantasme du tournage monstre au milieu de nulle part, à l’image de Coppola parti au bout du monde, aux Philippines, tourner son « Apocalypse Now » ou comme Werner Herzog et son « Aguirre » (lui-même se compare à Fitzcarraldo, l’homme qui veut réaliser un opéra en pleine jungle).

       Sa volonté de tourner en Amérique du sud (en Amazonie puis en Equateur). Un tournage qui, pour des raisons de sécurité et d’assurance, se fera en République Dominicaine où Paramount, coproductrice du film avec Universal, possède des raffineries. (...)

       (...) Son orgueil, « l’hubris » dont il parle dans sa bio « Friedkin Connection ». Un casting qui devait réunir Steve McQueen, Lino Ventura, Marcello Mastroianni et qui se fera sans eux, remplacés par Roy Scheider, Bruno Cremer et Francisco Rabal. Friedkin, inflexible, refuse de céder aux exigences de McQueen qui voulait tourner aux Etats-Unis, entraînant les autres acteurs avec lui, ce que le Friedkin d’aujourd’hui regrette : « Je sais maintenant qu’un gros plan de Steve McQueen vaut mieux que tous les paysages du monde »

       Son tournage chaotique. Des retards, des imprévus, des accidents. Des prologues tournés aux quatre coins du monde (Mexique, Israël, France, New-York). La complexité d’un tournage dans la jungle. Des problèmes techniques : des abandons, une équipe décimée par la malaria, un tournage infiltré par la police locale qui oblige Friedkin à se séparer d’une partie de son équipe, coupable de consommer des stupéfiants. La scène du pont, avec ses planches manquantes, ses camions qui penchent dangereusement et sa rivière déchainée, qui coûtera à elle seule 4 millions de dollars.

       Sa sortie sacrifiée. Un film en concurrence avec « Star Wars ». Un réalisateur anachronique, enfermé dans sa tour d’ivoire, qui n’a pas compris que le cinéma avait changé. Que le public venait désormais au cinéma pour assister au combat du bien contre le mal dans une histoire qui se termine bien. Pour le spécialiste du Nouvel Hollywood, Jean-Baptiste Thoret, « le cinéma de Friedkin, c’est comment des hommes se perdent parce qu’ils ont côtoyé le mal, parce qu’ils l’ont frôlé d’un peu trop près, parce qu’ils l’ont connu. En tout cas, ils n’y échapperont pas ». Des personnages qui sont déjà morts, des morts vivants qui attendent de la jungle, l’Enfer vert, une mort définitive. (...)

    http://blogs.rue89.nouvelobs.com/bad-taste/2015/08/02/la-fin-des-films-maudits-234831

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    Luc Desle

    « "Il vendait des doigts de fées qu'il recueillait lui-même, délicatement, avec un sécateur". Jacques Damboise in "Pensées pensées"."Hansel et Gretel eurent très vite des problèmes de diabète". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet". »

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