“Paris brûle et tout le monde devrait avoir peur.” C’est en ces termes que l’Hindustan Times analyse, dans son édition du 4 décembre, le phénomène des “gilets jaunes”. Le fait que les violences du week-end des 1er et 2 décembre se soient déroulées en France, “le plus socialiste des pays développés”, en dit long, selon lui. “Depuis la crise financière de 2008, il est devenu évident que le modèle actuel de l’économie mondiale est dépassé”, comme l’ont admis les dirigeants du G20 réunis en sommet à Buenos Aires.

   “Au cours de la dernière décennie, les revenus réels ont diminué dans de nombreux pays. Et même dans les pays ne connaissant pas de chômage, il existe un nombre important de personnes sous-employées”, fait remarquer le journal, pour qui le résultat, c’est “ou le désir de changement” – incarné par l’élection de Donald Trump aux États-Unis et par le Brexit au Royaume-Uni – “ou une colère du même genre que celle observée à Paris ce week-end”.

   D’après l’Hindustan Times“l’Inde n’est pas totalement à l’abri d’un phénomène similaire”. Certes, l’économie indienne progresse à un rythme soutenu et les revenus continuent d’augmenter. “Mais dans de nombreuses régions, les agriculteurs sont aux prises avec une crise agraire” sans précédent, tandis que “trop peu d’emplois sont créés” dans ce pays où “dix à douze millions de personnes” entrent chaque année sur le marché du travail.

   En outre, soulignait récemment un rapport de Crédit Suisse, l’indice des inégalités est passé “de 81,3 en 2013 à 85,4 en 2018”, sur une échelle de 0 à 100. Dans ces conditions, prévient le quotidien indien, le gouvernement Modi “ferait bien de regarder” ce qui se passe en France.

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