“Pensez à prendre soin de vous et de ceux qui vous entourent”, insiste Tara Haelle, journaliste spécialisée en médecine et santé, dans le magazine Forbes. Car le “stress dû aux informations sur des catastrophes peut avoir un impact négatif très important sur la santé mentale et émotionnelle, et les effets peuvent durer plus longtemps que les gens ne l’imaginent”, explique-t-elle.

   “Les survivants, les témoins et les premières personnes à intervenir lors de tels événements [comme les attentats de Paris le 13 novembre ou ceux de Beyrouth la veille] souffrent souvent de stress post-traumatique – ce qui implique l’impression de revivre les événements en flash-back ou en rêve ; un bouleversement émotionnel sévère ou des réactions physiques à des rappels de l’événement, détaille CBS News. Mais“regarder des images et des vidéos de ces événements violents, via les journaux télévisés ou les réseaux sociaux, peut affecter des gens qui n’étaient pas présents de la même manière”, poursuit l’article.  (...)

   (...) Même si l’on n’a pas de lien direct avec les victimes, le fait de s’identifier à elles, de se dire “ça aurait pu m’arriver”, contribue amplement à renforcer les symptômes de type troubles du sommeil, anxiété, détresse psychologique ou même dépression. “Regarder des images de Paris peut être particulièrement difficile parce que manger au restaurant ou assister à un match de foot sont des événements communs auxquels beaucoup d’entre nous participent”, écrit le site américain.  

   Pour Robert Ursano, président de la commission sur la dimension psychiatrique des catastrophes à la Société américaine de psychiatrie, cité par CBS News : “Plus vous voyez de similarités entre les victimes et vous, […] plus votre niveau de détresse psychologique est élevé.” Et une exposition répétée aux images et vidéos risque d’exacerber les symptômes. Un constat qui commence à être documenté et à faire l’objet d’études par les scientifiques.

   En 2013 par exemple, une étude parue dans PNAS a montré que la “consommation” de six heures ou plus par jour d’informations sur les attentats du marathon de Boston (le 13 avril 2013) dans la semaine qui a suivi l’événement était corrélée à un stress plus aigu encore que celui engendré par le fait d’avoir participé à l’événement ou d’avoir été à proximité.  

   E. Alison Holman, de l’université de Californie, la principale auteure de l’étude, dit avoir été très surprise par ces résultats. “Nous suspectons que l’exposition répétée à des images violentes et des sons permet de maintenir les événements traumatiques vivants et prolonge la réponse au stress chez les personnes vulnérables”, précise-t-elle à CBSNews.  

   D’autres études réalisées après les attentats du 11 septembre 2001 à New York ou après l’ouragan Katrina en 2005 montrent des résultats similaires. “Même regarder des commémorations pour les anniversaires du 11 septembre comporte des risques”, écrit la journaliste de Forbes.

   “Près de 6 % des New-Yorkais de l’étude ont développé des troubles de stress post-traumatique [TSPT ou PTSD en anglais] un an après les attaques, et regarder les informations couvrant l’anniversaire du 11 septembre pendant au moins douze heures multiplie par trois les risques de développer des TSPT chez les New-Yorkais qui n’avaient pas de symptômes précédemment”, ajoute-t-elle.

   “C’est important de se rappeler qu’on peut toujours éteindre sa télé, insiste Ursano auprès de CBS News, vous n’êtes pas obligé de continuer à regarder.”