Dans la soirée du 18 mars, Sergio Rojas a été retrouvé mort, assassiné par balles, à l’étage de sa maison, à Yeri, une localité située sur le territoire indien de Salitre, dans l’ouest du pays, dans la province de Puntarenas, annonce La Nación, quotidien costaricain de San José.

   Ce leader indien de l’ethnie bribri âgé de 59 ans était célèbre dans tout le pays pour le conflit qui l’opposait à de grands propriétaires terriens. “Depuis des années, cette région est le théâtre d’une dispute sur la propriété des terres qui oppose des groupes indigènes et des fermiers qui affirment avoir des droits sur une partie de ces terres”, explique le journal.

   Des habitants proches du domicile de la victime ont rapporté avoir entendu quinze détonations et ont aussitôt appelé la police, qui n’a pas pu arrêter de suspect. Ce crime a soulevé une forte indignation dans tout le pays, et ravive la colère de l’organisation indienne du Costa Rica Front national des peuples indigènes (Frenapi), dont faisait partie Sergio Rojas.

   De fait, le militant avait été menacé à plusieurs reprises et venait même de déposer plainte, quelques heures avant son assassinat, pour avoir été chassé par des tirs d’intimidation dans une ferme que la communauté bribri “venait de récupérer”. La colère des organisations indiennes est d’autant plus forte qu’en 2015 la commission des droits de l’homme de l’OEA, l’Organisation des États américains, avait imposé au gouvernement costaricain des mesures de protection des Indiens Bribris.

   “Malgré les efforts du défenseur des droits, ces mesures attendent toujours d’être mises en œuvre”, dénoncent les associations. En Amérique latine, les militants de l’environnement, notamment indiens, paient un lourd tribut à leur cause. En 2017, rapporte l’ONG Global Witness, 207 défenseurs de causes environnementales ont été assassinés dans le monde, et 60 % d’entre eux en Amérique latine. Depuis le début de cette année, 20 activistes ont été tués en Colombie.