“Ce que je m’apprête à dire ne va pas plaire, écrit le journaliste Faisal Al Yafai dans les colonnes du quotidien émirati The National. Mais l’élection de Miss Irak ce 19 décembre – la première depuis 1972 – est une arnaque”.

   Présenté comme un “signe d’espoir”, une “preuve de stabilité et de progrès à la fois pour le pays et pour la condition des femmes”, le concours n’a fait en réalité que dissimuler la détérioration de la situation ces quinze dernières années, explique l’éditorialiste.  

   En matière de reconnaissance de leurs droits, de leur taux d’emploi, de la protection contre les mariages précoces ou encore de congé maternité, la condition des femmes a empiré. Un recul qui fait principalement suite à l’invasion américaine de 2003, à l’instabilité qui s’est installée et au renforcement de la fracture communautaire. (...)

   (...) De façon générale, “pas besoin d’être féministe pour détester les concours de beauté”, reprend Faisal Al Yafai. Mais ce sentiment d’irritation est encore plus vif dans le cas de l’élection de Miss Irak, d’une part parce qu’il célèbre “une vision très occidentale de la beauté féminine”, de l’autre parce qu’il présente une situation à mille lieues de celle que connaissent les Irakiennes – et Irakiens – lambda. Faut-il rappeler que ce pays “est toujours déchiré par un conflit politique interne et une véritable guerre contre l’organisation Etat islamique” ?  

   Le plus triste dans cette histoire, c’est finalement que cet événement est le seul à faire parler de l’Irak en ce moment. Les difficultés quotidiennes que rencontre ce pays dans sa tentative de se reconstruire après une invasion brutale, l’occupation et une presque guerre civile ont été oubliées, éclipsées par le crépitement des flashs des photographes sur la chair exposée des Miss.” 

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