• "Narine se faisait chaque jour un shoot de pensées teutoniques". Benoît Barvin in "Pensées pensées"

    ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TES IDÉES DE HAINE
    TE FERONT MOURIR AVANT L'HEURE)

    ***
    COURTS RECITS AU LONG COURS(13)
    pcc Benoît Barvin

    Le signe

       Subrepticement, je fis le signe de croix et, sur-le-champ, mon adversaire politique hoqueta avant de s'effondrer. Alors qu'un terrible remue-ménage s'ensuivait, je me pris à songer à cette nouvelle puissance dont je me servais depuis quelques mois. 
       A l'époque, j'étais au bout du rouleau, prêt à me supprimer et j'attendais le véhicule qui, roulant comme un fou, me ferait jaillir dans les airs pour que je puisse ensuite agréablement m'écraser sur l'asphalte. Mais, à l'instant où je m'élançais, une main solide me retint. Il s'agissait d'une femme, une blonde à l'aspect chevalin et au sourire sardonique.
       "Crois-tu en Dieu?" me demanda-t-il, d'une curieuse voix de basse. "Pas vraiment", murmurai-je, de mauvais gré. "Cela tombe bien, moi non plus". 
       Elle m'invita à la suivre et c'est dans un troquet, devant une bière Alsacienne, que Greta me révéla ce qu'elle était: une envoyée du Diable. Elle cherchait une âme prête à se débarrasser de toute humanité, afin de lui octroyer le plaisir infini de grimper sur les plus hautes marches de cette Société. "Cela t'intéresse?". "Que faut-il faire?" répondis-je, la gorge nouée. 
       Greta recueillit, à l'aide d'un minuscule stylet, un peu de mon sang, l'analysa et, en apparence satisfaite, elle me dit de fermer les yeux, qu'elle allait tracer le "signe" dans l'air, devant moi, mais que je ne devais pas savoir la forme qu'il prenait. "Dans le cas contraire, ajouta-t-elle, le charme cessera immédiatement d'agir". J'obéis, trop heureux de me sortir de ma situation de chômeur méprisé, y compris par mes pairs. Elle me certifia que seul le signe de croix serait à même de me libérer de la Scoumoune qui faisait de ma vie un "Enfer".
       Dans les heures qui suivirent, suivies de jours et de semaines, j'obtins un gain important au loto, tombai amoureux d'une riche héritière, me retrouvai dans un Parti puis fus nommé Ministre. Il ne me restait plus, d'après Greta, qu'à proposer ma candidature pour les élections qui n'allaient pas tarder. Ce que je fis et c'est par acclamation qu'on me fit l'honneur de porter des idées, qu'au fond je ne partageais pas vraiment. Mais est-ce que cela avait une quelconque importance?
       Mon adversaire, donc, venait de s'effondrer et je jubilais. Plus personne ne pourrait se mettre en travers de mon chemin. Grisé par la perspective, alors qu'on tentait de ranimer le malheureux, je m'emparai de mon téléphone portable et, dans un coin discret, je fis défiler les quelques photos qui y étaient gravées. Dont celle du fameux signe secret que je n'avais jamais osé regarder, bien que l'ayant dûment saisi, le jour où Greta l'avait exécuté devant moi.
       Je tombai sur le visage hilare de cette diablesse de femme qui tendait son majeur dans ma direction, de la plus vulgaire des manières.
       Aussitôt j'entendis autour de moi qu'on s'exclamait: le coeur de mon adversaire, miraculeusement, venait de battre de nouveau. Quant au mien,  via deux artères soudainement bouchées, il se mit à pomper désespérément  un peu de sang bien trop épais, cause finale d'un infarctus aussi brutal que douloureux...


    La pose

       "Je ne voudrais pas avoir l'air de me vanter", commença cet Écrivain, nouvellement élu à l'Académie, grâce à un entregent qui avait défrayé la chronique mondaine "mais je suis irrémédiablement, et depuis longtemps, alors que je naissais dans cette famille à la noblesse millénaire, amateur de littérature, de la Vraie, celle qui a des Valeurs, de la Grandeur, de la Force, qui dit la Vérité, pas toujours acceptée il est vrai, mais je suis un Rebelle, vous savez et..."
       "... et mon c... c'est du poulet, peut-être?"
       La réponse du journaliste, un rien brutale - et d'une évidente vulgarité -  fit l'effet d'une gifle et resservit d'innombrables fois dans des séquences de vidéo gag, et ce, pendant une bonne trentaine d'années.
       Inutile de dire que le journaliste, à coups de pieds dans le derche, fut aussitôt licencié, mis sur une liste noire et qu'il finit par se suicider, alors que l'Ecrivain, à son décès, eut les Honneurs de la Patrie Reconnaissante... en toute humilité.

    ***

    "Mais enfin, Narine, si tu étais plus gentille, 
    tu aurais plus d'admirateurs et...
    - Grrr... Humpffff... Noyavohlll...
    - Après tout, ce que j'en disais, moi..."

    ***
    "Mais ma choute adorée, tu sens le poisson,
    j'y peux rien...
    - Oh, toi! Attends que je m'accroche
    à autre chose qu'à tes jambes..."
    Henry Albert Pegram - Hylas

    ***

    "Hump... Pfff... Gloups... Je vous annonce la victoire de...
    - Par les Dieux! Cet homme est nu!
    - Il nous provoque avec sa zigounette!
    - Qu'on le pende!
    - L'étripe!
    - Le brûle!"
    (etc)
    Luc-Olivier Merson - Le Soldat de Marathon

    ***

    "Ce n'est pas possible... Éventré par la lame
    d'un sal... de Nèg... Dieu des Enfers, pourquoi
    ainsi en vouloir à un de tes Vrais Enfants?
    Que t'ai-je fait?"
    Fyodor Bronnikov | Dying Gladiator

    (Jusqu'au bout, ce représentant d'un parti extrême
    gardait une "lucidité" - hem - consternante...)

    ***
    Jacques Damboise
    « "La présidente de ce parti extrême conduisait sa voiture comme un panzer". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet""Ce travailleur forcené creusa sa propre tombe... qu'il ne finit hélas jamais". Benoît Barvin in "Pensées pensées" »

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