• "M'man, M'man, est-ce qu'il pétait, Jésus? Oui, Ma Fille, mais ça ne sentait pas". Jacques Damboise in "Pensées de mes Voisins".

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    Pensées par nous-mêmes:

    (SUIS TON CHEMIN,
    PAS CELUI DE TON VOISIN)

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    (Soldat attendant son départ pour l'Afrique Occidentale Française)


    L'Europe est peut-être 
    la dernière superpuissance (sans rire)
    Anne Applebaum

      (...) Ne riez pas! Je me rends bien compte qu’il y a un an encore, une telle déclaration aurait paru absurde. Je n’aurais certainement pas pu l’écrire au lendemain de l’opération libyenne de 2011, au cours de laquelle la France, la Grande-Bretagne et une dizaine d’autres nations se sont montrées à peine capables de soutenir une guerre rapide, qui n’impliquait aucun soldat sur le terrain, contre un régime impopulaire et mal armé. Des rapports qui n’ont pas été vérifiés exposaient à l’époque que les Français, à cours de bombes, en étaient réduits à larguer à la place des blocs de béton. Sans les renseignements et la coordination fournis par les navires de guerre, les avions américains et la CIA, les avions français n’auraient même pas su où les lâcher.(...)

       (...) Et pourtant nous voilà en 2013, à regarder les forces aériennes et les soldats français venir à la rescousse du gouvernement du Mali autrefois démocratique [avant le coup d’Etat militaire de mars 2012, NDT], luttant pour sa survie contre une insurrection d’islamistes fanatiques. En outre, cette intervention française jouit (pour le moment) d’un vaste soutien national. Bien que la logistique des opérations, leur préparation et leurs objectifs finaux aient fait l’objet de diverses critiques publiques, presque personne en France ne remet en question la nécessité d’une intervention. Presque personne ne demande même «Pourquoi la France?». 

       Les Français éprouvent un sentiment postcolonial particulier à l’égard de l’Afrique francophone (ainsi que, à en croire un ami à moi, envers la musique malienne) où ils sont intervenus militairement plus de 40 fois depuis 1960.

       Mais cette fois, le contexte est différent. L’objectif n’est pas (pas entièrement en tout cas) de mettre en place un régime fantoche pro-français mais de bloquer l’avancée d’al-Qaida au Maghreb islamique(Aqmi), cette organisation violente qui alimente l’insurrection malienne, également responsable de la prise d’otages d’un complexe gazier algérien à la mi-janvier.

       En d’autres termes, les Français sont au Mali pour combattre une organisation terroriste internationale susceptible de faire des dégâts dans toute l’Afrique du Nord et peut-être même au-delà. Il n’y a pas si longtemps, ce genre d’organisation terroriste internationale déclenchait des réunions d’organisation urgentes au Pentagone.

       Aujourd’hui les Français ont du mal à convaincre Washington d’y prêter un minimum d’attention. Quelques avions cargos américains ont récemment aidé à transporter des soldats français dans la région mais, peut-on lire dans Le Figaro, les Américains ont d’abord demandé aux Français de payer ce service –«une demande sans précédent»– avant d’accepter à contrecœur d’apporter leur aide.(...)

    (...) Mais d'autres Européens proposent de l'argent et des soldats. L'Union européenne a autorisé les financements servant à former les soldats africains qui viendront en aide au Mali –et elle a davantage d’expérience que vous ne le pensez. Bien loin des yeux du public, les forces de l’Union européenne ont attaqué des bases de pirates sur la côte somalienne au printemps dernier –avec succès. «Ils ont réduit notre équipement en cendres», a confié à l’Associated Press un homme décrit comme un «commandant pirate». En tout, l’Union européenne est intervenue militairement dans plus d’une vingtaine de conflits. Pas encore autant que les Français depuis les années 1960, mais on y arrive.

       Il faudra franchir un certain nombre d’obstacles avant que l’UE ne devienne le gendarme du monde. Même si la somme des armées de ses pays membres en fait la deuxième plus grande puissance militaire mondiale, cela ne suffira tout de même pas pour tenir dans un conflit durable d’aucune sorte.(...)

    Lire sur:

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    "Il a dit murs trompeurs?
    - Meuh non , il ne parle pas de celui-là...
    - Ah bon, tu me rassures..."


    Les murs trompeurs d’Israël
    Emmanuel Riondé

       (...) Une visite du Map centre sur le site de l’Ocha permet de bien se représenter l’importance de ces murs que l’Etat d’Israël ne cesse d’ériger entre lui et ses voisins. La légende de la carte consacrée aux zone d’accès restreints à la bande de Gaza (établie en décembre 2011), par exemple, dévoile toute une poétique de l’enfermement. Les points de passage (crossing points) recensés y sont « ouverts », « fermés mais ouverts dans des cas exceptionnels » ou « fermés » ; les zones fermées et d’accès restreint (closed and restricted areas) sont soit « à haut risque » soit des « zones d’exclusion de 500 mètres » ; les clôtures et barrières (fences and barriers) sont des « murs de bétons » ou des « doubles clôtures électrifiées avec tours de contrôle » ; on trouve aussi trace, en mer, des « limites effectives des zones de pêche ». Tout cela serrant au plus près un territoire long de 40 km sur 10 et dont Israël s’est retiré unilatéralement en 2005.

       Pas besoin d’avoir fait 25 ans de psychanalyse pour saisir la métaphore évidente, d’enfermement sur soi et de peur de l’autre de la société israélienne, qu’offre cette frénésie de muraille [3]. Les dirigeants israéliens, eux, convoquent systématiquement des motifs sécuritaires pour légitimiser ces séparations hérissées de miradors avec drapeau israélien flottant au vent et soldats en armes. Mais le coût du petit bout de mur construit au printemps dernier à la frontière libanaise (13 millions de shekels soit 2,6 millions d’Euros) nous rappelle surtout qu’il ne faut pas perdre de vue l’économie politique des murs d’Israël ; « Pour comprendre les motivations économiques des groupes sociaux dominants en Israël, il faut prendre en compte deux facteurs : leurs intérêts économiques et les capacités et incapacités militaires à contrôler les frontières », écrit l’universitaire Lev Luis Grinberg qui rappelle « la primauté de l’intérêt économique de groupes économiques israéliens puissants dans le maintien de l’occupation et de l’étranglement de l’économie palestinienne » [4]. 

       Un étranglement au service duquel les « murs de protection » et autres « barrières de sécurité » prétendument érigés contre des « agents du jihad mondial » terrés à Damas, Gaza, Naplouse ou au Sud-Liban, sont des outils terriblement efficaces. Grinberg : « Si les Palestiniens avaient la liberté d’importer des marchandises bon marché à Gaza et s’ils étaient autorisés à les vendre en Cisjordanie, on pourrait s’attendre à ce que ces marchandises soient facilement passées en contrebande en Israël. C’est la raison pour laquelle Israël a imposé ces enveloppes strangulatoires : pour éviter les dommages potentiels que pourrait causer l’entrée illégale de produits bon marché sur le marché israélien, après avoir été importés légalement par les Palestiniens. »

       A méditer alors que, à deux semaines du scrutin législatif du 22 janvier en Israël, le parti nationaliste religieux Habayit Hayehoudi - Le Foyer juif - grimpe dans les sondages. Il est dirigé par Naftali Bennett, un homme qui défend un plan visant notamment à annexer toute la zone C palestinienne. Soit 61 % de la Cisjordanie. Un plan qui va dans le sens de la création, à terme, de bantoustans économiques palestiniens à laquelle aspirent bien des dirigeants politiques israéliens, à l’instar de ce nouveau venu sur le devant de la scène politique : un homme d’affaire quadragénaire, ex-commando, millionnaire et fervent défenseur de la colonisation. Les trois facettes - militaire, économique, politique - du « success story » suicidaire des murs qu’Israël bâtit un peu partout depuis dix ans.

    [3] Lire Les emmurés la société israélienne dans l’impasse de Sylvain Cypel. Ed. la découverte, 2006.

    [4] Lire son article « Discours économiques et construction des frontières dans l’espace israélo-palestinien depuis 1967 » dans l’ouvrage A l’ombre du mur Israéliens et Palestiniens entre séparation et occupation, sous la direction de Stéphanie Latte Abdallah et Cédric Parizot. Ed. Actes Sud, 2011.

    Lire sur:

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    Benoît Barvin
    « "Le jour de son non-anniversaire, on l'attendit en vain". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet"."Le Comte Dracula aimait dormir les bras en croix". Benoît Barvin in "Pensées pensées". »

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