• "Les effluves de pensée dans ce Parti Extrême sentaient le brûlé". Jacques Damboise in "Pensées pensées".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE RIT DE LA SAGESSE,

    LE DISCIPLE S'EN MOQUE)

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    "Comment ça, ces bandelettes te grattent?

    Et tu vas aussi prétendre

    qu'elles te boudinent, peut-être?

    http://belligerent-ghouls.tumblr.com/

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    les-crises.fr

    Les propriétaires du 21e Siècle

      

    Economiste

     

        Selon l'article 17 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen : "La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité". Depuis les années 80, nous avons observé des périodes d'inflation, de déflation, de croissance, de crise économique et financière. Propriétaires et locataires sont témoins d'une crise structurelle qui n'est pas nouvelle et qui s'installe dans la durée. Nous sommes aujourd'hui face à de nombreux défis, comme l'évolution du statut d'occupation, la difficulté de certains propriétaires occupants sont confrontés aux aléas de la mobilité professionnelle, le logement collaboratif ou encore la mise en oeuvre du viager immobilier.

       Le logement a toujours été un sujet sensible, aux dimensions multiples : sociale, économique, financière, fiscale et politique. L'ensemble de ces environnements influence l'attitude des propriétaires actuels et futurs. La société française a connu une réelle mutation dans les domaines économiques et sociétaux depuis une trentaine d'années. Les modes de vie ont changé. Les individus ont modifié leur mode d'action et de communication. Autrefois physiques, nos échanges sont aujourd'hui virtuels et instantanés. Les automates ont remplacé les individus, de plus en plus isolés et connectés avec le monde extérieur grâce aux innovations technologiques.

       La frontière entre la sphère privée et professionnelle s'efface peu à peu. La mobilité et la portabilité sont devenues une réalité quotidienne pour le citoyen. Le travail se transporte au domicile et/ou inversement : le professionnel et le personnel deviennent interchangeables. Le logement a donc une double fonction d'usage et de valeur économique. Cette valeur évoluera dans le temps en fonction des facteurs économiques et conjoncturels. L'engagement sur le long terme rassure et assure la famille contre les aléas qui peuvent survenir à tout moment. Le court terme et la volatilité résument nos sociétés modernes. Les propriétaires et les locataires sont les observateurs permanents d'une société en pleine mutation économique et sociétale depuis une trentaine d'années.(...)

       Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les ménages étaient en très grande majorité locataires de leur résidence principale. La propriété va s'imposer lentement en France à partir des années 50, durant les "trente glorieuses". Comme le rappelle Pierre Le Besnerais, jusqu'à cette période, les banques ne faisaient pas de crédit immobilier : "les banques qui collectaient une épargne liquide ou semi-liquide jugeaient impossible de l'utiliser autrement que pour les emplois à court terme, elles ne participaient donc pas au financement immobilier".  

       C'est à partir de la généralisation du crédit que le nombre de propriétaires va réellement augmenter. L'Etat subventionnera massivement les bailleurs sociaux durant les années 60. Des centaines de milliers de logements verront le jour autour des grandes agglomérations. Plus tard l'Etat favorisera l'accession à la propriété individuelle afin de répondre à un double objectif : le choix des Français pour la maison individuelle et une accélération de l'urbanisation en périphérie des villes. Entre 1968 et 1977, plus de 4 761 000 logements ont été construits dans les secteurs libres et aidés. En effet, l'augmentation du taux de propriétaires occupants n'a été possible que par la mise en place des prêts aidés de l'État et par l'augmentation de la durée du crédit durant les années 70 et 80.

       Les propriétaires accédants surendettés, verront leur accès au crédit limité par les pouvoirs publics au début des années 90. Malgré des taux d'intérêt attractifs et une faible inflation durant les années 2000, le taux de propriétaires occupants va en réalité progresser très faiblement malgré un marché dynamique. Les prix immobiliers en France ont connu une hausse de 141% entre 1998 et 2010 alors que l'inflation ne progressait que de 22%. Depuis la crise financière de 2008, les banques ont commencé à moins prêter sur de longues durées. Afin de diminuer la consommation de fonds propres et de mieux gérer le risque crédit, les établissements prêteurs sont plus sélectifs qu'autrefois.

      Une alternative au financement bancaire comme le crowdfunding permettra peut-être de se substituer ou non au crédit immobilier au particulier.(...)

       (...) Comme disait Goethe "Tout ce qui se passe n'est que symbole". Culturellement, en France, la maison a toujours représenté un ancrage durable. 58% des Français sont propriétaires de leur logement et 42% des ménages en sont locataires dont plus de la moitié dans le parc privé. Les locataires aimeraient changer de statut. En effet, pour 90% d'entre eux, ils aspirent à devenir propriétaire. En 2014, l'habitat individuel est majoritaire parmi les résidences principales (57 %), les résidences secondaires ou occasionnelles (58 %). La maison individuelle fait moins rêver qu'autrefois même si la représentation du mythe est toujours aussi forte.

     Les Français ont 8 000 milliards d'euros placés dans l'immobilier sur une épargne totale de 12 000 milliards d'euros en  2014. Les particuliers sont les premiers investisseurs dans l'immobilier résidentiel. Les investisseurs institutionnels ne possèdent que de 241 milliards d'euros dans cette classe d'actifs (fin 2012). Ces derniers ont opté pour l'immobilier tertiaire et commercial il y a 25 ans. L'achat immobilier est le seul placement qui permet de se constituer un capital à crédit (90% des acquisitions se font à crédit). C'est toujours le niveau du taux qui permet à l'emprunteur d'être ou non solvable. Lorsque les taux sont trop élevés, les primo-accédants deviennent insolvables et les vendeurs doivent revoir leurs prix à la baisse.

       Les Français sont attachés à la notion de patrimoine et à sa transmission. Historiquement, on transmet un bien immobilier et non une valeur mobilière, comme un portefeuille de titres d'actions cotées. La pierre est à la fois une valeur économique et émotionnelle forte qui s'inscrit dans le temps. Comme l'évoquait Pierre Bourdieu à propos du rapport entre l'individu et son logement : "une épargne non financière est un investissement dont on entend qu'il conserve ou augmente sa valeur tout en procurant des satisfactions immédiates. A ce titre, elle est l'élément central d'un patrimoine dont on attend qu'il dure au moins autant que son propriétaire, et même qu'il lui survive, à titre d'héritage transmissible". En devenant propriétaire, celui-ci change de statut social.

       Un ouvrier locataire qui devient propriétaire change de statut social sans changer de statut professionnel. "J'existe parce que je suis propriétaire". Depuis le début des années 1980, la crise de l'emploi, la montée du chômage, l'augmentation du nombre de diplômés et les ségrégations spatiales ont fait naître une réelle compétition professionnelle au cœur de la mondialisation de nos économies. Les futurs acquéreurs aspirent à une promotion sociale et désirent appartenir à un groupe plus puissant, celui des propriétaires. Nous ne prenons aucun risque en affirmant que le logement va continuer d'influencer la hiérarchie sociale de la société française.

       La question est de savoir si l'évolution sociétale permettra le maintien du statut de propriétaire tout au long de sa vie. Comment ne pas conclure par cette citation de Pierre-Joseph Proudhon : "La propriété moderne peut être considérée comme le triomphe de la liberté. La propriété est destinée à devenir, par sa généralisation, le pivot et le ressort de tout le système social".

    http://www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/accession-propriete-logement_b_8299866.html?utm_hp_ref=france

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    Luc Desle

    « "L'écrivaine Françoise Sangan buvait de l'eau millésimée qu'elle coupait d'un solide pur malt". Jacques Damboise in "Pensées contraignantes"."Il avait le teint rosé d'un vin rouge noyé d'eau". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet". »

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