• "Le Bourreau tentait d'apprendre à vivre à son fils déprimé". Jacques Damboise in "Pensées contraires".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    "NOMME TOUJOURS TON ENNEMI

    SANS T’INQUIÉTER

    DES RETOMBÉES)

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    "Google... Tu veux ou tu veux pas?"

    "Le Bourreau tentait d'apprendre à vivre à son fils déprimé". Jacques Damboise in "Pensées contraires".

    Dita Von Teese

    (via diabzie)

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    "Le Bourreau tentait d'apprendre à vivre à son fils déprimé". Jacques Damboise in "Pensées contraires".

    chantouvivelavie.centerblog.net

    Les carnets de Nadia Geerts

    Lettre ouverte aux citoyennes

    musulmanes « voilées et féministes »

    Mesdames,

       Vous publiez ce vendredi 16 septembre dans La Libre un texte intitulé « Voilées et féministes » (1) dans lequel, après avoir déploré l’assignation identitaire que l’ « on » vous fait subir, après avoir affirmé votre féminisme et fait un sort à la neutralité d’apparence, vous appelez à vous rencontrer pour que nous fassions enfin société ensemble, « avec nos ressemblances et nos différences ».

       Quelle idée enthousiasmante, et comment ne pas souscrire à un si beau projet ?

       Pourtant, j’aimerais m’assurer auparavant que nous parlons bien, vous et moi, du même féminisme. Car moi aussi, je suis féministe. Laissez-moi donc, si vous le voulez bien, vous expliquer ce qu’est à mes yeux le féminisme, et nous verrons ensuite si nous pouvons faire un bout de chemin ensemble, comme vous le proposez si aimablement.

       A mes yeux, le féminisme, c’est la défense de la stricte égalité en droits des hommes et des femmes. Autrement dit, je me bats contre toute exigence que l’on formulerait envers les femmes, et dont les hommes seraient exemptés – et vice-versa d’ailleurs. Pas question, à mes yeux, d’exiger d’une femme que, pour la simple raison qu’elle est femme, elle ait envie d’avoir des enfants, aime les jupes et les talons aiguilles, s’occupe de la cuisine et du ménage, fasse passer sa carrière après sa famille ou soit soumise à son mari. Pas question de lui interdire de conduire un dix-huit tonnes, de jouer au football, de devenir policière, mécanicienne auto ou tout autre métier qu’il lui plaira de faire. Pas question, en résumé, de la renvoyer jamais à son sexe pour exiger d’elle un comportement qui en soit « digne » ou qui lui soit simplement conforme. Je suis humaniste plus encore que féministe, et vois la femme comme un homme comme les autres. Ni plus, ni moins.

       Alors, lorsque vous me dites que vous êtes féministes et voilées, j’avoue avoir du mal à comprendre. Parce que le voile, voyez-vous, fait justement partie de ces marqueurs sexués et sexistes que l’ « on » impose aux femmes, et rien qu’à elles. J’ai beau fouiller dans ma mémoire, jamais je n’ai croisé un homme aux cheveux soigneusement dissimulés sous un foulard, qu’il n’ôtait que dans le secret de son foyer, devant sa femme seule. Je suis certainement bien ignare, mais j’ai d’ailleurs toujours eu l’impression que la pudeur était un concept utilisé dans l’immense majorité des cas pour normer le comportement des femmes, tandis que les hommes restaient libres de se balader dans les tenues qui leur plaisent, couvrant ou découvrant telle ou telle partie de leur corps en fonction de critères aussi objectifs et asexués que le climat. Et je ne parle évidemment pas ici des organes génitaux, que notre société renvoie de manière somme toute assez égalitaire à la sphère privée, qu’on soit homme ou femme.

       Vous poursuivez en disant que nous ne pouvons pas savoir si le « foulard » est un signe religieux. Là encore, je dois être bien ignorante, mais je reconnais humblement n’avoir jamais rencontré une athée voilée. En revanche, les trois religions abrahamiques semblent avoir une propension à enjoindre aux femmes de dissimuler leur chevelure. Mais les chrétiennes ne se conforment plus à cette coutume, dans nos régions, que lorsqu’elles entrent « en religion », c’est-à-dire se retirent du monde pour se consacrer à Dieu dans l’ombre d’un couvent. Et seules les juives les plus orthodoxes recourent encore à cette pratique, et encore plus souvent en usant d’une perruque qu’en recourant à un voile.

       J’en conclus, de manière certes scandaleusement hâtive, que seules les musulmanes portent massivement le voile aujourd’hui. Et vous vous définissez d’ailleurs vous-mêmes comme citoyennes musulmanes, ce qui, vous en conviendrez, ne contribue pas à éclairer ma lanterne quant au caractère possiblement non religieux du voile. Certes, vous relevez à juste titre que certaines d’entre vous, bien que croyantes, ne portent pas le voile. Mais vous avez comme moi étudié assez de logique aristotélicienne pour savoir que ce n’est pas parce qu’on a montré que tous les A n’étaient pas B que l’on a prouvé que tous les B, en revanche, n’étaient pas A…

       Je ne demande bien entendu qu’à vous croire, mais malheureusement, vous restez bien silencieuses sur les motifs non religieux qui poussent à porter le voile : vous martelez qu’il ne constitue en rien un affront aux valeurs démocratiques ; vous nous assurez qu’il ne cache aucun jugement d’impudeur vis-à-vis des femmes « qui s’habillent autrement », mais vous ne nous expliquez pas comment nous devrions considérer ce voile, nous qui somme assez bêtes pour y voir un signe religieux.

       Comment, alors, pouvez-vous espérer nous faire oublier que partout dans le monde musulman, le voile est imposé aux femmes par ceux qui ont fait de l’islam une idéologie politique ? Comment pourrions-nous fermer les yeux sur le fait que pendant que vous nous parlez de liberté individuelle et de libre choix, des millions de femmes de par le monde sont privées de cette liberté et de ce choix par des hommes qui veulent à toute force les faire couvrir leurs cheveux, quand ce n’est pas tout leur corps qu’ils bâchent au nom de la même pudeur islamique ? Quand une pièce de tissu devient l’uniforme imposé d’une idéologie sexiste et théocratique, comment voudriez-vous que nous y voyions un symbole de liberté, et comment pouvez-vous persister à n’y voir qu’une démarche personnelle ?

       Je ne vous mets pas dans le même sac que des assassins, contrairement à ce que vous prétendez que « nous » pensons. En revanche, je pense que vous pratiquez un fascinant aveuglement volontaire sur ce qu’est le voile islamique aujourd’hui. Je ne mets nullement en doute le fait que celles d’entre vous qui en sont venues à porter le voile y sont arrivées par des chemins variés. Mais je pense que vous contribuez, par votre positionnement en tant que « voilées et féministes » à servir un projet politique qui, très certainement, vous dépasse.

       Vous voudriez que l’on banalise le port du voile, qu’on le traite comme un innocent colifichet, qu’on n’y réduise pas la femme qui le porte ?

       Cela se fera peut-être, un jour. Le jour où le voile aura perdu toute dimension politique. Le jour où l’islamisme sera mort, où nulle idéologie ne prétendra plus, au nom d’une religion quelle qu’elle soit, contrôler le corps des femmes dès qu’elles mettent le nez hors de chez elles. Le jour où vraiment, l’islam aura intégré l’égalité entre les hommes et les femmes et la liberté de conscience. Ce jour-là, hélas, est loin d’être venu, et ce n’est pas en portant le voile que vous accélérerez sa venue.

       Vous n’êtes pas des assassins, c’est évident. Et je vous crois sincère lorsque vous dites n’avoir rien à voir avec ces terroristes qui ensanglantent le monde au nom de votre religion. Nonobstant, il faut reconnaître que l’islam sombre de plus dans le fanatisme, le fondamentalisme violent et le terrorisme. Et que ceux qui pratiquent cet islam intolérant et criminel voudraient précisément imposer aux femmes le port de ce voile que vous revendiquez au nom de votre liberté. Ne voyez-vous pas que quelque chose ne va pas ?

       Mesdames, si comme moi, vous voulez lutter pour l’égalité entre les hommes et les femmes – une égalité pleine et entière, inconditionnelle -, ôtez ce voile, car c’est cheveux au vent que des femmes musulmanes, partout dans le monde, affirment avec force et détermination, souvent au péril de leur vie, leur liberté. Parce que ce serait un merveilleux et jouissif pied de nez à ces fous de Dieu qui sèment la terreur et salissent votre religion. Parce que vous avez le pouvoir de faire reculer l’islamisme, cette « maladie de l’islam » qui gangrène le monde, en affirmant haut et fort que vous êtes libres, que la rue est à vous autant qu’aux hommes, et que le respect vous est dû y compris lorsque vos cheveux sont au vent. Parce que vous avez le pouvoir de dire « stop », et de cesser d’apparaître comme les porte-drapeaux de leur projet sexiste et liberticide.

       Libre à vous bien sûr de ne pas le faire. Nous sommes dans un pays libre. Mais alors, nos chemins se séparent ici. Votre féminisme n’est pas et ne sera jamais le mien.


    (1) http://www.lalibre.be/debats/opinions/citoyennes-feministes-et-musulmanes-57dabba635704b54e6c338cc 

     

    http://nadiageerts.over-blog.com/2016/09/lettre-ouverte-aux-citoyennes-musulmanes-voilees-et-feministes.html 

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    Luc Desle

    « "Ils étaient libre de ne pas penser et de ne pas penser". Jacques Damboise in "Pensées circonflexes"."Il resta fidèle toute sa vie à sa compagne la Bêtise". Jacques Damboise in "Pensées du peu". »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 22 Septembre 2016 à 11:29

    Très bel article de Nadia Geerts.

    Du coup, mon clin d'œil à la première image semble bien dérisoire :

    GoogleBoobs

    2
    Jeudi 22 Septembre 2016 à 13:04

    Non, elle est en accord parfait, merci Castor!

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