• "La Haine a ceci de différent avec l'Amour, c'est qu'elle est commune". Jacques Damboise in "Pensées à contrario".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CHAQUE JOURNÉE VÉCUE

    EST UNE JOURNÉE PERDUE

    POUR LA MORT)

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    "Henri! Arrête de mettre tes pellicules n'importe où!"

    http://nadchris34.tumblr.com/post/179247981524

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    http://christroi.over-blog.com/2015/06/vers-une-guerre-americaine-en-europe-de-l-est.html

    Quand les États-Unis

    envahissaient la Russie

    Source : Consortium News

       Dans un contexte de tensions accrues entre les États-Unis et la Russie, et même de rumeurs de guerre, on oublie depuis longtemps l’époque où les États-Unis ont effectivement envahi le pays, explique Jeff Klein. Au milieu de la frénésie bi-partisane suscitée par le sommet Trump-Poutine à Helsinki, le discours anti-russe enflammé aux États-Unis rend concevable ce qui semblait jusqu’à récemment inconcevable : que des tensions dangereuses entre la Russie et les États-Unis puissent mener à un conflit militaire. C’est déjà arrivé.

       En septembre 1959, lors d’un bref dégel pendant la Guerre froide, Nikita Khrouchtchev effectua sa célèbre visite aux États-Unis. À Los Angeles, le dirigeant soviétique fut invité à un déjeuner aux studios de la 20th Century-Fox à Hollywood et au cours d’un long échange décousu, il eut ceci à dire : « Votre intervention armée en Russie a été la chose la plus désagréable qui ait jamais eu lieu dans les relations entre nos deux pays, car nous n’avions jamais fait la guerre contre l’Amérique jusque-là ; nos troupes n’ont jamais mis le pied sur le sol américain, tandis que vos troupes ont mis le pied sur le sol soviétique. »

       Ces remarques de Khrouchtchev ne furent guère reprises dans la presse américaine de l’époque, surtout si on les compare à sa plainte, largement rapportée, selon laquelle il n’avait pas été autorisé à visiter Disneyland. Mais même si les Américains avaient lu les commentaires de Khrouchtchev, il est probable que peu d’entre eux auraient eu la moindre idée de ce dont parlait le premier ministre soviétique.

       Mais la mémoire soviétique – et maintenant russe – est beaucoup plus persistante. Les blessures des invasions étrangères, de Napoléon aux nazis, étaient encore fraîches dans la conscience publique russe en 1959 – comme en Russie aujourd’hui – d’une manière que la plupart des Américains ne pouvaient imaginer. C’est entre autres la raison pour laquelle les Russes ont réagi avec tant d’indignation à l’expansion de l’OTAN à ses frontières dans les années 1990, malgré les promesses des États-Unis de ne pas le faire pendant les négociations pour l’unification de l’Allemagne.

       L’invasion américaine à laquelle Khrouchtchev faisait référence a eu lieu il y a un siècle, après la Révolution d’Octobre et pendant la guerre civile qui a suivi entre les forces bolcheviques et anti-bolcheviques ; l’Armée rouge contre les Russes blancs. Pendant que les Allemands et les Autrichiens occupaient des parties de l’Ouest et du Sud de la Russie, les Alliés ont lancé leurs propres interventions armées dans le nord de la Russie et en Extrême-Orient en 1918.

       pays alliés, dont la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, le Japon et les États-Unis, ont invoqué diverses justifications pour envoyer leurs troupes en Russie : « sauver » la Légion tchèque qui avait été recrutée pour lutter contre les puissances centrales ; protéger les stocks militaires alliés et les tenir hors de portée des Allemands ; préserver les communications via le Transsibérien ; et peut-être rouvrir un front oriental durant la guerre. Mais le véritable objectif – rarement admis publiquement au début – était d’inverser les événements d’octobre et d’installer un gouvernement russe plus «acceptable». Comme Winston Churchill l’a dit plus tard, l’objectif était « d’étrangler l’enfant bolchevique dans son berceau ».

       En plus de la Sibérie, les États-Unis se sont joints aux troupes britanniques et françaises pour envahir Arkhangelsk, dans le Nord de la Russie, le 4 septembre 1918.

       En juillet 1918, le président américain Woodrow Wilson avait personnellement dactylographié un « Aide-mémoire » sur l’action militaire américaine en Russie, que le secrétaire à la Guerre avait remis au début du mois d’août au général William Graves, le commandant désigné des troupes américaines en route pour la Sibérie. Le document de Wilson était curieusement ambivalent et contradictoire. Il commençait par affirmer que l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures de la Russie était « inadmissible » et concluait finalement que l’envoi de troupes américaines en Sibérie ne devait pas être considéré comme une « intervention militaire ».

       Mais l’intervention américaine a commencé lorsque les soldats américains ont débarqué à Vladivostok le 16 août 1918. Il s’agissait des 27e et 31e régiments d’infanterie, unités de l’armée régulière qui avaient participé à la pacification des Philippines occupées par les États-Unis. Finalement, il devait y avoir environ 8 000 soldats américains en Sibérie.

       À en juger par ses mémoires, le général Graves était étonné de voir à quel point la situation sur le terrain en Sibérie était différente de ce que ses vagues instructions semblaient suggérer. D’une part, les Tchèques n’avaient guère besoin d’être secourus. À l’été 1918, ils avaient facilement pris le contrôle de Vladivostok et de 1 600 kilomètres du Transsibérien.

       Pendant un an et demi, le général Graves, qui semble être un soldat professionnel honnête et apolitique, a lutté pour comprendre et mener à bien son mandat en Sibérie. Il semble avoir déconcerté le département d’État américain et ses collègues commandants alliés en s’accrochant obstinément à une interprétation littérale de l’Aide-mémoire de Wilson comme imposant une non-intervention stricte dans les affaires russes. Le général semblait incapable de remarquer le large “clin d’œil” avec lequel tout le monde comprenait ces instructions.

       Graves s’est efforcé de maintenir la « neutralité » entre les différentes factions russes luttant pour le contrôle de la Sibérie et de se concentrer sur sa mission de protéger le chemin de fer et le matériel militaire allié. Mais il était aussi assez imprudent pour dénoncer les atrocités « blanches » et « rouges » ; exprimer son dégoût pour les différents seigneurs de guerre soutenus par les Japonais en Sibérie orientale et, plus tard, pour faire une évaluation sceptique (et justifiée) à propos du faible appui populaire, de l’incompétence et des perspectives peu enthousiasmantes des forces anti-bolcheviques. On a laissé entendre, de façon absurde et à ses dépens, que le général était peut-être un sympathisant bolchevique. Accusation qui a motivé en partie la publication de ses mémoires.

    https://histoireetsociete.wordpress.com/2014/08/03/democratie-porcine-a-lamericaine-le-journal-pravda-sur-les-manieres-nazies-de-barack-obama-par-dimitry-valovoi/

       Face aux pressions exercées par les responsables du département d’État et d’autres commandants alliés pour qu’il soutienne plus activement les « bonnes » personnes en Russie, M. Graves demanda à plusieurs reprises à ses supérieurs à Washington si ses instructions initiales de non-intervention politique devaient être modifiées. Personne, bien sûr, n’était disposé à mettre par écrit une politique différente et le général du lutter pour maintenir sa « neutralité ».

       Au printemps et à l’été 1919, cependant, les États-Unis s’étaient joints aux autres Alliés pour fournir un soutien militaire manifeste au « Guide suprême », du régime blanc, l’amiral Alexandre Koltchak , basé dans la ville de Sibérie occidentale d’Omsk. Au début, cela s’est fait discrètement, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, mais plus tard, cela a pris la forme d’envois directs de fournitures militaires, y compris des wagons de fusils dont on a demandé à Graves de surveiller la livraison en toute sécurité.

       Mais les perspectives d’une victoire de Kolchak s’estompèrent rapidement et les Blancs de Sibérie se révélèrent être une cause perdue. La décision de retirer les troupes américaines fut prise à la fin de 1919 et le général Graves, avec le reste de son personnel, quitta Vladivostok le 1er avril 1920.Au total, 174 soldats américains ont été tués lors de l’invasion de la Russie. (L’Union soviétique a été formée le 28 décembre 1922.)

       Il est intéressant de noter que les pressions en faveur du retrait des troupes américaines de Sibérie ont été exercées par des soldats en colère et par l’opinion qui s’opposait à la poursuite du déploiement d’unités militaires à l’étranger longtemps après la conclusion de la guerre en Europe. Il est à noter qu’au cours d’un débat du Congrès sur l’intervention russe, un sénateur a lu des extraits de lettres de soldats américains pour appuyer les arguments en faveur de leur rapatriement.

       De plus, comme lors d’interventions étrangères ultérieures des États-Unis, les soldats avaient une piètre opinion des gens qu’ils étaient censés libérer. L’un d’eux écrivit chez lui le 28 juillet 1919 depuis sa base de Verkhne-Udinsk, maintenant Ulan Ude, sur la rive sud du lac Baïkal : « La vie en Sibérie peut sembler excitante, mais elle ne l’est pas. Ça va pour quelques mois, mais je suis prêt à rentrer chez moi… Tu veux savoir si j’apprécie les gens ? Je vais te dire, on ne peut pas dire que ce sont des gens, mais c’est des sortes d’animaux. Ce sont les gens les plus ignorants que j’aie jamais vus. Oh, je peux comprendre un mot de leur jargon s’ils ne sont pas fâchés quand ils parlent. Ils jacassent vraiment à toute vitesse dans leur jargon quand ils s’énervent. Ces gens n’ont qu’une seule ambition : boire plus de vodka que tous les autres. »

       En dehors du département d’État et de certaines élites, l’intervention américaine n’avait jamais été très populaire. Comme l’a fait remarquer un historien, il était maintenant largement admis qu’il y avait peut-être « plusieurs raisons pour lesquelles les bidasses sont allés en Russie, mais il n’y avait qu’une seule raison pour laquelle ils y sont restés : intervenir dans une guerre civile pour voir qui allait gouverner le pays ».

       Après 1920, le souvenir de « l’Aventure sibérienne de l’Amérique », comme l’appelait le général Graves, s’évanouit rapidement dans l’obscurité. Le public américain est connu pour son amnésie historique, même si des aventures militaires similaires se sont répétées encore et encore au fil des ans depuis lors.

       Il semble qu’il faudra peut-être nous rappeler pratiquement à chaque génération les dangers de l’intervention militaire à l’étranger et la simple vérité énoncée par le général Graves : « […] il n’y a pas une nation sur terre qui ne s’opposerait pas à ce que des étrangers envoient des troupes dans leur pays, dans le but de mettre au pouvoir telle ou telle faction. Le résultat n’est pas seulement une atteinte au prestige de l’étranger qui intervient, c’est aussi un grand handicap pour la faction que l’étranger essaie d’aider. »

       Le général Graves écrivait sur la Sibérie en 1918, mais cela aurait aussi bien pu être le Vietnam dans les années 1960 ou l’Afghanistan et la Syrie maintenant. Ou un avertissement aujourd’hui sur les 30 000 soldats de l’OTAN aux frontières de la Russie.

       Jeff Klein est un président de syndicat local à la retraite qui écrit fréquemment sur les affaires internationales et en particulier sur le Moyen-Orient. 

    Source : Jeff Klein, Consortium News, 18-07-2018

    Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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    Luc Desle

    « "Il séduisait les vieilles rombières en exécutant d'impeccables ronds de jambes". Jacques Damboise in "Pensées exécutées"."Vivre donne le tournis". Jacques Damboise in "Pensées à donf". »

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