“Voici le peuple : 90 000 personnes devant le Parlement, pour la Macédoine”. Le quotidien progouvernemental Vecer (“Le Soir”) jubile en décrivant la “marée humaine”, descendue dans la rue, dimanche 17 mai, pour défendre une “Macédoine stable et forte” à l'appel du Premier ministre, Nikola Gruevski.

   Peu importe si, selon les estimations des agences de presse, les manifestants favorables au pouvoir en place ne dépassaient par les 30 000 personnes ce soir-là, Vecer estime que le gouvernement a réussi à “damer le pion” aux opposants qui avaient manifesté la veille sous le slogan de “Gruevski, adieu” et “Démission”. (...)

   (...) Moins lyrique, le quotidien Utrinski Vesnik (“Le Journal du matin”) rappelle l'échec du“deuxième round” des discussions entre les dirigeants des quatre principaux partis en Macédoine, pouvoir et opposition confondus, pour tenter de faire baisser la tension.

   Sur sa une, les photos de deux principaux protagonistes de cette crise : M. Gruevski, leader du parti au pouvoir (VMRO-DPMNE) et le chef du principal parti d’opposition de gauche macédonien (SDSM), Zoran Zaev, qui a rendu publics, en avril, une série d’enregistrements téléphoniques mettant en lumière les mauvaises pratiques du gouvernement. (...) 

   (...) Proche de ce dernier, le quotidien Dnevnik s’interroge, lui, sur les zones d’ombre de la fameuse “opération antiterroriste” du gouvernement à Koumanovo le week-end dernier, près de la frontière du Kosovo, qui a mis le feu aux poudres de la contestation. Alors que les autorités annoncent avoir “liquidé 14 terroristes”, Dnevnik n’a pu dénombrer que 10 corps dans la morgue…(...) 

   Depuis la manifestation du 16 mai, la Macédoine se trouve “au seuil de la confrontation la plus grave depuis le conflit interethnique du début des années 2000”, commente le quotidien russe libéral Kommersant, qui qualifie le mouvement de “Maïdan macédonien”. “Comme pour le cas de l’Ukraine, l’Occident et la Russie s’impliquent de plus en plus dans la crise de Skopje, et la Macédoine menace de devenir une arène de confrontation entre l’Est et l’Ouest.”