• "J'offris une pomme à empoisonner à ma Belle-Mère qui trouva l'idée charmante". Jacques Damboise in "Pensées sottes et grenues".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE MAÎTRE VOIT MÊME CE QUI EST

    INVISIBLE À SES PROPRES YEUX)

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     "Justin Bieber?

    - Hélas!"

     Source: thevaultofretroscifi

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     (Les bagarres entre Thor et son frère Loki

    faisaient salement penser aux relations

    houleuses entre Stan Lee et Jack Kirby)

    Jack Kirby's Thor ...

    digitalspy.com

    Marvel Comics: l'histoire secrète

     

       Printemps 1961. Stan Lee végète dans l'industrie du comics et s'apprête après une vingtaine d'années dans le milieu -et après avoir licencié son équipe- à tout arrêter à l'approche de la quarantaine. La maison d'édition qui l'emploie: Marvel, une filiale de Magazine Management Company dirigée par Martin Goodman, ne se porte pas bien. Son avenir est alors complètement incertain, notamment après la création du Comics Code Authority qui a laissé sur le carreau quinze éditeurs à la fin des années 1950.

       C'est une partie de golf entre Stan Lee, Martin Goodman et le directeur de DC Comics: Jack Liebowitz qui va changer l'histoire de l'industrie du comics. Ce dernier leur raconte entre deux trous que l'idée de la Justice League of America, une série réunissant Superman, Batman et Wonderwoman, lui a apporté la fortune. Goodman commande alors à Stan Lee l'histoire de la dernière chance pour Marvel qui réunirait une équipe de super héros. Ce qui provoque la naissance des Quatre Fantastiques, dessinés par Jack Kirby, une série au succès colossal très rapidement suivie par la création de Spider-Man puis Hulk, imaginés par la même équipe créative. Marvel devient alors une machine à cash.

       Cette anecdote ouvre Marvel Comics, l'histoire secrète, un ouvrage passionnant sur l'histoire de l'auto-proclamée "Maison des Idées". Ne pas se fier à la très laide couverture: si elle ne comporte aucun visuel des héros Marvel, c'est parce que cette biographie n'est ni officielle, ni autorisée. Un gage de sérieux obligatoire pour qui veut raconter l'industrie de l'entertainment, toujours prompte à faire réécrire son histoire. Et ce qui frappe à la lecture de ce livre, c'est à quel point l'histoire de Marvel est peu glorieuse.

       Sean Howe ne cache rien par exemple des fortes tensions entre Stan Lee (qui aime bien tirer la couverture à lui) et ses collaborateurs Jack Kirby et Steve Ditko, dont l'importante contribution aux scénarios est ici rappelée. Car Stan Lee n'écrivait jamais de scénarios complets mais de simples synopsis, avec lesquels les dessinateurs devaient se débrouiller pour développer les histoires et les découper en planches de bande dessinée. Ceci s'explique simplement: Stan Lee, à l'imagination et à la productivité phénoménale, fournissait alors à lui seul quasiment toutes les histoires de toutes les productions de Marvel...

       Un Stan Lee décrit au fil des pages comme un personnage peu reluisant, businessman opportuniste bien plus qu'artiste passionné. Le voir par exemple communiquer les salaires de tous les dessinateurs et scénaristes de Marvel au patron de son concurrent DC Comics pour contenir les hausses de salaire, ou dire cyniquement qu'il ne "comprend pas les gens qui lisent des comics" ne contribueront pas à le rendre sympathique, entre autres anecdotes montrant que l'histoire de Marvel des années 1960 à 2000 ne fut que conflits, crises de nerfs, restrictions créatives imposées par la direction du studio et affrontements avec ses meilleurs artistes. Et par conséquent, des vagues successives de licenciements, parfois transposées aux héros de fiction dans les pages des comic books pour prendre les lecteurs à témoin...

       Le livre passe assez vite sur les premières années (la maison d'édition a été créée en 1939) pour s'attarder sur les années 1960, où la créativité est débordante. La série des Avengers par exemple, qui réunit les super héros les plus populaires de Marvel, est créée le même mois que les X-Men, une équipe entièrement constituée de nouveaux super héros. Des dizaines de personnages toujours appréciés aujourd'hui sont créés en quelques mois: peu après les Quatre Fantastiques et Spider-Man, Stan Lee et son équipe imaginent Daredevil, Iron Man, Ant-Man, la Guêpe, Thor, le Surfer d'Argent, et relancent Captain America, une série patriotique créée pendant la Seconde guerre mondiale.

       Toutes ces séries trouvent instantanément leur public et se vendent de plus en plus. Car une idée de génie émerge alors: celle d'un monde unique, où l'histoire de chaque super héros peut avoir des conséquences sur celles des autres, et où tous les héros peuvent se croiser. Un concept qui oblige les lecteurs à acheter les autres séries que celles mettant à l'honneur leurs personnages préférés. A la différence des productions DC Comics, dont les villes sont imaginaires (Metropolis, Gotham City), les histoires de Marvel se déroulent dans notre monde réel, souvent à New York, ce qui renforce à la fois l'identification des lecteurs, et l'ancrage dans des sujets d'actualité. Grâce à quoi Marvel se met à distancer son éternel rival.

       Au milieu des années 1960, Marvel multiplie les séries et écoule jusqu'à 40 millions d'exemplaires par an. Ce qui assure des rentrées financières colossales, sans que cela ne change rien aux conditions de travail et aux salaires toujours déplorables pour les artistes. Certains d'entre eux, choqués par le "business du cassage de la tirelire" et scandalisés de n'avoir aucun droit sur leurs créations, partent créer une maison indépendante: Image Comics, à la suite de Todd McFarlane qui fut l'un des meilleurs dessinateurs de Spider-Man et qui part en claquant la porte.

       Marvel Comics, l'histoire secrète raconte à la fois les événements qui jalonnent l'histoire de la Maison des Idées et de ses collaborateurs aux destins parfois tragiques, et ceux qui font l'histoire de ses personnages, comme la mort de Jean Grey dans les X-Men, celle de Gwen Stacy dans Spider-Man ou d'Elektra dans Daredevil, qui valurent de nombreuses menaces de mort à leurs scénaristes. L'arrivée de Jim Shooter, jeune scénariste prometteur de 14 ans, celle de Frank Miller qui révolutionne la narration sur la série Daredevil, la création d'Howard The Duck dont l'adaptation au cinéma est un naufrage, ou les errements sur la saga du clone de Spider-Man qui fait baisser les ventes du titre de 50% en deux ans sont autant d'événements absolument passionnants à lire.

       Après de nombreuses crises, c'est le cinéma qui sauve Marvel dans les années 2000. D'abord sous la forme de licences concédées à 20th Century Fox, Sony Pictures et Universal (les films Blade, X-Men, Spider-Man, les Quatre Fantastiques...), puis surtout avec la création de Marvel Studios, la Maison des Idées reprenant la main sur ses créations. La réussite colossale des films Iron Man, Thor, Captain America, Avengers, déclinés en autant de séries, aboutira à la situation que chacun connaît: la production à la chaîne de films standardisés de super héros, jusqu'à l'overdose. Une situation aggravée avec le rachat par Disney, étonnamment passé sous silence, hormis une simple mention dans les dernières pages.

       La révolution de Marvel est toujours en cours, des films et des parcs d'attraction étant annoncés au moins pour les dix prochaines années. Rien d'étonnant, les plus grands succès cinématographiques rapportant plus d'un milliard de dollars de recettes, bien plus que les bandes dessinées. Sans parler des jouets et autres produits dérivés. Les qualités artistiques des grands Jack Kirby, Steve Ditko ou autre Bill Everett paraissent aujourd'hui oubliées, mais cela ne paraît pas émouvoir grand monde.

       Marvel Comics, l'histoire secrète tord aussi le cou à quelques lieux communs, comme ce mythe du "lecteur de huit ans" après lequel court l'industrie du comics, et qui n'existe pas vraiment. L'âge moyen d'un lecteur de comics Marvel aujourd'hui est de trente ans...

    http://www.huffingtonpost.fr/jeansamuel-kriegk/marvel-comics-lhistoire-secrete_b_8880498.html?utm_hp_ref=france

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    Luc Desle

    « "Mon voisin et moi fîmes assaut de galanterie, une solide canne de golf à la main". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet"."Cet agnostique ne mangeait que des agneaux non consacrés". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet". »

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