Sous le slogan #Dafadoy (“#Çasuffit” en langue locale wolof), le tee-shirt taché de rouge pour illustrer la violence que subit la gent féminine, ils étaient des centaines de manifestants, majoritairement des femmes, à occuper la place de l’Obélisque à Dakar le samedi 25 mai, brandissant des pancartes affichant “Vous n’êtes pas seules contre les violences” ou encore “Criminalisons le viol”.

   Cette mobilisation fait suite à l’assassinat, précédé d’une tentative de viol, de Bineta Camara, jeune Sénégalaise retrouvée morte dans la semaine à Tambacounda, la plus grande ville de l’est du pays. Deux autres jeunes filles avaient également été tuées à Thiès, dans l’ouest sénégalais.

   Le sit-in a été organisé par des associations de lutte contre les violences faites aux femmes, accompagnées par des artistes, des militants et le Collectif des femmes parlementaires, détaille le site Internet du quotidien sénégalais Enquête. Le journal rapporte la position de la députée Adji Mergane Kanouté qui “souhaite que le combat contre ces violences soit celui de tout le peuple et surtout de l’Assemblée nationale. [Elle veut] que les sanctions soient beaucoup plus sévères et corsées”.

   Car pour l’instant, le viol est considéré comme un délit, et non comme un crime, dans la loi sénégalaise. La colère des manifestantes accouche de propositions radicales telles que la restauration de la peine de mort, abolie en 2004, ou la castration chimique.

   Les débats sur la place des femmes font rage au Sénégal. Lundi 27 mai, six mois de prison ferme ont été requis contre un homme qui appelait sur le réseau social Facebook à “tuer beaucoup” de femmes. Par ailleurs, le jour du sit-in, une animatrice de la chaîne nationale 7TV a été placée en garde à vue pour avoir tenu des propos polémiques sur la prévalence du viol au sein de la communauté peule.

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