• "Ils vivaient à la colle depuis si longtemps que celle-ci était sèche, archi-sèche". Jacques Damboise in "Pensées à fortiori".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (CE QUI EST EN TOI

    EST LE SEUL TRÉSOR

    QUI VAILLE)

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    "Chérie, pourquoi tu pleures?

    - Je dégouline, mon amour, c'est tout"

    http://floraexpress.tumblr.com/post/177255184387/exotic-lemon-viktor-sheleg

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     http://motione.over-blog.com/article-segolene-royal-le-paroxysme-de-la-deconnexion-

    de-la-finance-et-de-la-realite-et-le-syndrome-du-casino-53320355.html

    Les cinq stades de l’effondrement

        « Les cinq stades de l'effondrement » est l'indispensable traité de Collapsologie rédigé par Dmitry Orlov, ingénieur russo-américain et témoin attentif de l'effondrement de l'Union soviétique.

       Avis aux amateurs : l'effondrement occidental - en cours - sera infiniment plus destructeur que l'effondrement russe des années 1990. Explication : les sociétés occidentales sont à la fois individualistes et d'une grande complexité sociale.

       Individualistes, leurs populations ignorent les amortisseurs « naturels » que sont la solidarité, la rusticité et certaines formes de corruption, autant de conditions élémentaires de la survie quand la crise survient.

       Complexes, les structures sociales occidentales sont incapables de faire face, alourdies qu'elles sont par des régulations et des structures bureaucratiques non productives. Ici, un gonflement de la bureaucratie militaire produit plus de défaites, des dépenses d'éducation accrues répandent l'ignorance, etc... L’existence même de tels mammouths d'inertie transformera un décrochage régulier en une certitude d'effondrement vertical. Nous allons vers une destruction accélérée de la complexité sociale. 

       Le sujet n'est donc pas de trouver un moyen de perpétuer le système actuel par des médecines douces : manger bio, faire du vélo, interdire les pets de vache, dé-radicaliser les méchants, etc... Le sujet est de comprendre la mécanique de l'effondrement et d'anticiper les questions posées par la « simplification sociale radicale » qui vient. En dernière analyse, c'est à une réflexion sur le rôle de l'État que nous invite l'auteur.

       Depuis une quarantaine d'années, nos sociétés ont quitté les eaux sereines d'une croissance garantie par la disponibilité de carburants fossiles bon marché.  La conjonction d'un épuisement accéléré des énergies fossiles et de l'accroissement exponentiel de la population mondiale est mortifère : si elles veulent maintenir leur niveau de vie, les sociétés occidentales doivent vivre à crédit. En 2008, un effondrement financier d'origine bancaire place les économies occidentales face à des niveaux d'endettement sans précédent qui imposent une dilatation continuelle du crédit pour servir la dette. Mais comment assurer que l'argent créé par le prêt maintienne sa valeur relativement aux biens et services disponibles dans l'économie ?

       Le piège se referme puisque « chaque nouvelle tentative de gaver d'économie en imprimant de l'argent fait croître la dette plus vite que l'économie elle-même ». Faute de croissance économique rien ne peut plus soutenir l'allure de l'expansion du crédit.  Certains gouvernements (Russie et Chine) se sont d'ores et déjà lancés dans une nouvelle ruée vers l'or pour garantir leur monnaie. En Occident, aucun sous-jacent matériel (croissance ou stock d'or) ne vient plus garantir une dette colossale : elle ne sera jamais remboursée… Sauf miracle technologique (dans le secteur de l'énergie) susceptible de relancer la croissance, pénurie et hyperinflation s'installeront durablement.

       Pour Orlov, l'effondrement financier est le catalyseur d'une avalanche d'effondrements qui peuvent être partiellement concomitants : commercial, politique, social, culturel enfin. L'auteur prend ici des accents prophétiques : très vite, « les chaînes internationales d'approvisionnement sont rompus et les circuits de distribution sont vides ». Les installations particulièrement importantes seront gardées de vive force tandis que la population sera livrée à elle-même. Au moment où le réseau électrique s'effondrera faute de fournitures et d'entretien, tout espoir de rétablissement deviendra illusoire. 

       L’État bourgeois naquit d'une désintégration sociale délibérée (Enclosure Act, Révolution française, « transition démocratique » russe) et d'une violence originelle dont il revendique le monopole légitime. En mûrissant, l'État substitue aux techniques brutales de dépossession et de répression des méthodes plus sournoises de réglementation et de taxation afin d'« empêcher les travailleurs d'accumuler de la richesse et de reprendre leur pouvoir local ». Cela est d'autant plus vrai en période d'effondrement financier : l’État organise l'oppression fiscale de ses administrés pour flatter la finance vagabonde.

       En régime de démocratie représentative, l'allégeance des politiciens ira d'ailleurs plus aisément au banquier qu'au citoyen, puisque c'est du premier qu'ils attendent leur « subsistance et la poursuite de leur carrière politique ». En économie de marché, le commerce est un parasite de l'économie et la finance un parasite du commerce ; le politicien est un super-parasite, obligé de la finance. La souveraineté nationale est troquée contre la possibilité d'un renflouement continuel par les marchés.  La classe politique occidentale est résiliente à la façon des morts-vivants : une démocratie à l'agonie se mue en farce médiatique alors qu'aucune décision ne peut plus être prise. 

       En définitive, la problématique centrale du livre est celle du lien. Si la démocratie représentative est une forme dégénérée de démocratie, l' « économie de marché est une forme dégénérée de contact humain ». La culture locale est phagocytée par le commerce, le lien social est médiatisé par la culture commerciale - magasins, sport-spectacle, distractions, télévision, Internet. Face à l'effondrement financier, les États affaiblis font la guerre à leur peuple pour le rançonner. Ils se doivent de persécuter les formes potentiellement concurrentes de socialité : famille, clans, tribus. Ces organisations qui peuvent contester l’État et résister efficacement à l'augmentation des acteurs violents dans la société ont toutefois un besoin vital de confiance.

       Les États occidentaux jouent donc systématiquement la carte des collections d'individus solitaires dans des sociétés disloquées et ethniquement hétérogènes. Une « démocratie » représentative ouverte à la corruption et aux abus devient antinomique de la démocratie authentique fondée sur cette amitié confiante qu'est la philia aristotélicienne et dont les racines sont nécessairement tribales (Grèce antique, cantons suisses). Toutes les expériences de construction nationale « démocratique » « à partir d'un matériau ethnique hétérogène se sont avérés de flagrants échecs » qui ne résistent pas à la fiction de l'unité nationale : Rwanda, lrak, Soudan, Congo.

       Cela pose bien sûr le problème de l'immigration dans nos pays développés : les pays hôtes qui « ne peuvent plus fonctionner sans un sous-prolétariat importé n'osent plus priver les étrangers d'avantages sociaux » ; ces derniers, comprenant très bien que leur emploi peut à n'importe quel moment être supprimé ou déplacé, développent naturellement une « rhétorique interne d'auto-exclusion ». Orlov en conclut qu'un État effondré est préférable à un État faible qui se dresse sur la route de l'autogouvernement du peuple. Un prochain collapse électrique pourrait bien sortir les peuples de leurs torpeurs virtuelles et de leurs addictions télévisuelles ! Cesserait alors et d'un même mouvement, le contrôle des populations et leur consentement à l'oppression. 

       Restera alors à s'atteler à une refondation sociale dont la conclusion d'Orlov fournit le socle : « La famille est la société... au fondement de la survie humaine, il n'y a pas d'individus et il n'y a pas d’État : il n'y a que la famille ». 

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-cinq-stades-de-l-effondrement-207048

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    Luc Desle

    « "Cet homme gourmand préférait les chaussons aux patins". Jacques Damboise in "Pensées gloub"."Il s'oubliait souvent et on devait alors lui ramener son corps vidé de son esprit". Jacques Damboise in "Pensées sans certitudes". »

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