“Durant les quatorze mois écoulés, l’Algérie a abandonné plus de 13 000 migrants dans le désert du Sahara. Parmi eux se trouvent des femmes enceintes et des enfants. Ces personnes sont forcées, parfois sous la menace des armes, à marcher sous un soleil brûlant sans aucune assistance, ni eau ni nourriture”, révèle Associated Press dans un reportage publié par Al-Jazira et largement repris par la presse américaine. Selon les témoignages recueillis par l’agence de presse américaine, plusieurs personnes sont mortes alors que d’autres ont disparu durant cette traversée du désert

   De son côté, Alhoussan Adouwal de l’Organisation internationale pour les migrants (OIM), qui travaille à Assamaka, ville du Niger située à la frontière avec l’Algérie, souligne : "Je n’ai jamais vu des expulsions comme celles dont je suis témoin en ce moment. Ils arrivent par milliers.”

   Le 13 juindans un article concernant le périple de l’Aquarius titré “La France et l’Italie en flagrant délit de non-assistance à personnes en danger”El-Watans’indignait : “Où sont donc les voix qui s’élèvent pour critiquer l’Algérie sur sa politique de traitement de migrants ? Où sont les ONG françaises, où est l’ONU pour dénoncer ces pays qui ont failli et n’ont pas bougé le petit doigt pour porter secours à des personnes en détresse absolue ?”

   Toutefois, le quotidien algérien rappelait que, dans son rapport annuel de février 2018, “Amnesty International a présenté l’Algérie comme un pays peu accueillant pour les réfugiés et les migrants et lui a conseillé de ne pas verrouiller ses frontières car cette option n’est pas une bonne solution.” Plus récemment, le 22 mai, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme avait accusé l’Algérie “d’avoir délibérément failli à ses engagements internationaux en matière de protection des droits des migrants”.

   Par ailleurs, El-Watan souligne qu’en juillet 2017 “les propos suintant le racisme de l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, sur les migrants ‘source de criminalité’, de ‘maladies’, d’‘insécurité’ et de ‘tous types de fléaux’ ont fait leur effet au sein des agences onusiennes. Prison sans mirador, exportatrice nette de harraga [migrants clandestins, 43 Algériens se trouvaient à bord de l’Aquarius], l’Algérie valse entre pays de transit et terre d’immigration”. Avant de souligner que malgré “son caractère exécrable de pays fermé” l’Algérie “accueille, tant bien que mal, quelque 100 000 migrants subsahariens en situation irrégulière”.