Quand on ferme les routes, la circulation automobile globale diminue ! Telle est la conclusion d'un rapport qui sera rendu public en février, rédigé pour le compte des Transports londoniens et du ministère de l'Environnement, des Transports et des Régions britannique. A en croire cette étude, les modèles informatiques utilisés par les services de planification routière donnent des réponses erronées.

   Ils suggèrent en effet qu'en fermant un axe routier on provoque des encombrements, dans la mesure où l'on ne fait que déplacer la circulation. Mais les chercheurs de l'University College of London dirigés par Phil Goodwin, le conseiller du gouvernement en politique des transports, ont réfuté cette hypothèse.

   L'équipe a analysé 60 cas de fermeture de routes dans le monde, ou du moins de réduction substantielle de leur circulation. Elle a découvert qu'en moyenne 20 % du trafic qui emprunte une route (voire 60 % dans certains cas) semble s'évaporer après sa fermeture. Les exemples étudiés se trouvent pour la plupart en zones urbaines, mais le même phénomène peut se reproduire hors des grandes villes. (...)

   (...) “Ces résultats offrent d'intéressantes perspectives de réduction de la circulation”,commente Steve Atkins, des Transports londoniens, commanditaires de l'étude. Celle-ci semble d'ailleurs confirmer les conclusions d'une étude réalisée en 1994 par une autre institution, le Standing Advisory Committee on Trunk Road Assessment, selon lesquelles la construction de nouvelles routes entraîne un accroissement, et non pas une diminution, de la circulation moyenne. “C'est logique”, estime Keith Buchan, un consultant londonien auprès du gouvernement pour les prévisions de circulation, “si, avec l'augmentation de la capacité routière, le trafic devient plus dense, celui-ci devrait théoriquement baisser quand on ferme certaines routes”.

   Parmi les fermetures étudiées par l'équipe de Goodwin, la plupart sont des cas de force majeure. Durant l'été 1994, par exemple, des problèmes structurels ont obligé la ville de Londres à fermer temporairement le Pont de Londres. C'est un bon exemple d’“évaporation du trafic”, selon Joe Weiss, l'ingénieur adjoint des ponts et chaussées de la municipalité. “Trois ans après la réouverture du pont, le trafic n'a toujours pas retrouvé son niveau antérieur.”(...)

   Un autre cas parmi les plus probants est le pont Hammersmith de Londres, interdit à toute circulation – à l'exception des autobus et des vélos – depuis février 1997. Des vérifications de routine ont montré que la structure n'était pas assez solide pour supporter la charge quotidienne de 30 000 véhicules. Les Transports londoniens interrogèrent des usagers quelques jours avant la fermeture, puis dans les semaines qui suivirent. De ceux qui empruntaient régulièrement le pont pour se rendre à leur travail au début de 1997, 21 % ne prennent plus leur voiture. Là aussi, l'encombrement dans les rues des quartiers voisins n'a pas augmenté de manière significative.

   Mais alors, que deviennent les bouchons ? Selon le rapport, les habitudes des gens pour se rendre sur leur lieu de travail varient énormément, même quand le trajet n'est pas perturbé par des déviations. Selon les jours, la même personne peut prendre sa voiture ou les transports en commun, ou encore travailler à la maison. Cette souplesse permet aux gens de faire face aux problèmes de fermeture des rues. Les experts estiment que le rapport pourrait avoir un effet immédiat sur les politiques en matière de transports. Il inciterait même à transformer des centres-villes, comme Trafalgar Square, en zones piétonnières...