• "Il marchait à pas de loup, ce tigre, ce qui lui fut reproché". Benoît Barvin in "Pensées pensées".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE SAGE EST PEUT-ETRE LE SAGE,
    PEUT-ETRE PAS)


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    COURTS RÉCITS AU LONG COURS (73)
    pcc Benoît Barvin


    Van

       Je l'avais dégoté dans une vente aux enchères. Il s'agissait d'une marque étrangère capable de transporter 5 personnes. "Il reçoit, à l’arrière, une banquette (2/3-1/3) et propose un volume de chargement de 3 m3, également adapté à un usage professionnel" m'avait vanté le vendeur en me faisant signer les papiers nécessaires à l'achat et à l'utilisation. La machine avait bourlingué mais présentait les certificats d'usage indiquant qu'il était apte à doubler son kilométrage sans encombres.

       Je l'achetais parce que je voulais devenir professionnel itinérant de la récup'. Greniers et chantiers, tels seraient mes prochains terrains de chasse. J'étais devenu un minuscule entrepreneur, après une longue période de chômage, et j'espérais bien m'en sortir enfin, dans le but de récupérer mon fils Bastien qu'une longue bataille judiciaire avec mon ex m'avait soustrait. Momentanément, j'en étais sûr, si, bien entendu, je prouvais que j'étais capable de le nourrir et de le vêtir correctement.

       Le Van ne m'avait coûté qu'une bouchée de pain et les sourires qui accompagnèrent la vente me parurent être de commisération. Je n'en avais cure et dormis d'un sommeil de plomb, peuplé cependant de rêves auréolés de billets de 50 euros... Le lendemain, en faisant glisser la porte latérale pour revérifier l'intérieur de l'espace, j'eus un choc. S'y trouvaient une vieille malle aux ferronneries  anciennes, plusieurs tableaux qui, à l'examen, se révélèrent pas mal du tout et une Jeanne d'Arc, costumée en Napoléon au Pont d'Arcole, en stuc, bien sûr, mais de belle facture.

       Je m'interrogeai évidemment sur la provenance des objets puisque, la veille, au moment de la vente, nous avions, le commissaire-priseur et moi, vérifié l'intérieur du van. Il était vide. Pendant la nuit, supposai-je, des petits malins avaient glissé ces objets dans le véhicule... Mais pour quelle raison? Car chaque pièce possédait un certificat de vente, comme je m'en rendis compte, en les découvrant dans la boîte à gants.

       J'attendis une bonne semaine avant de prendre ma décision. J'allais vendre ces "trésors" tombés du ciel à un antiquaire de ma connaissance. S'il n'était pas trop regardant, ça pourrait le faire... L'homme d'art, non seulement me félicita pour la "joliesse" des objets, mais également pour ne pas les avoir "chapardés" à une petite vieille ou à une famille nécessiteuse. Il brandissait les certificats de garantie de vente et d'achat comme preuve. Je pris les billets de 100 euros avec ravissement et, après voir bu plusieurs bières à la terrasse d'un café, je décidai d'aller voir un avocat pour mon histoire de garde de gamin.

       L'utilitaire avait été entièrement vidé de son petit trésor. N'empêche que le lendemain matin, il s'était de nouveau rempli, cette fois d'une collection de livres, de plusieurs classeurs bourrés de timbres, plus un sachet de pièces qui ressemblaient à des doublons espagnols. Je pris deux verres de scotch, coup sur coup, tournant et retournant dans mon crâne en ébullition l'étrangeté du phénomène.

       L'antiquaire me sourit, quelques jours plus tard, devant cette manne inattendue. Bien entendu il négocia avec pugnacité et je finis par lâcher le contenu du Van pour une somme qui me sembla conséquente, mais qui lui arracha un grand sourire, preuve que je n'y connaissais rien.

       Ma situation financière s'améliorant sacrément, l'avocat, largement rétribué, s'occupa sérieusement de mon dossier et, cette fois, je sus que je tenais le bon bout. J'envisageais de déménager de mon bête appartement pour louer ou, pourquoi pas? acheter une maisonnette dans laquelle Bastien et moi coulerions des jours heureux.

       Un matin, je ne découvris qu'une boîte assez longue, posée en plein milieu de l'utilitaire. Elle contenait un fusil d'assaut modifié pourvu d'une lunette, d'une détente modifiée, d'une crosse plus ergonomique  et d'un bipied. Je savais que ce fusil tirait en semi-automatique.... Je n'eus pas besoin d'ouvrir l'enveloppe pour savoir à quoi il allait me servir. 

       N'avais-je pas été, du temps de mon engagement dans les Forces Spéciales - avant que je sois éjecté de l'Armée comme un malpropre pour une stupide bagarre -, un redoutable sniper?


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    "Pendant qu'ils sont occupés à croire qu'ils vont
    ferrer un quelconque poisson, faisons nos
    recherches secrètes de filon d'or dont m'a
    parlé mon pote SDF..."


    Winter on the Moscow River, 1929
    photo by G. Petrusov

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    "Un bâton? Cadeau?
    - Non merci, sans façon, je suis
    non violent et...
    - CHTOKK!!"




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    "Oui, oui, je suis partisane de cette nouvelle
    mode... Certes, elle comporte beaucoup de
    métal, mais elle tient bien au corps..."


    photo by Arkady Shaikhet

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    "Ça veut dire quoi, ça, exactement,
    quand y'en a pour 1 y'en a pour 2?"


    photo by Otto Kadlecsovics

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    Jacques Damboise
    « "Ce roi de la phynansse, je ne sais pas pourquoi, mais il ne m'inspire pas confiance". Benoît Barvin in "Pensées pensées"."Ce bourreau avait un coeur d'or mais des mains d'acier". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet". »

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