• "Il était mythologue ou mythomane, je ne me souviens plus bien". Jacques Damboise in "Pensées à contre-pet".

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    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE CHIEN DU SAGE

    EST-IL SAGE?)

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     "Chérie, tu fais quoi?

    - Je m'entraîne à rebondir

    après notre futur divorce...

    - Mais on n'est même pas mariés!"

     http://boomerstarkiller67.tumblr.com/post/127677786223/the-bionic-woman-1977

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    badoleblog.blogspot.com

    En école de journalisme,

    le Web a mangé la presse écrite (et le reste)

    Robin Prudent

       Derrière les briques rouges de l’ancien institut de physique de Lille, construit au XIXe siècle, se cache une autre institution bientôt centenaire, l’Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille. Une forteresse tranquille qui connaît, comme les treize autres écoles reconnues par la profession, l’assaut d’un envahisseur bouleversant les fondements de son organisation, le Web.

       Le numérique fait sa révolution depuis quelques années, et abat des frontières que l’on pensait immuables. C’est ce qu’ont pu découvrir les étudiants de deuxième année de l’école au moment de choisir leur spécialité. Le découpage qui prévalait ces dernières années, entre télévision, radio, presse écrite et numérique – le dernier venu – a changé. Les deux dernières options ont été regroupées. Pour la première fois, les étudiants ne pouvaient plus choisir l’option presse écrite, de manière indépendante.

       (...) Dans les faits, le rapprochement entre les deux options a commencé depuis un bon moment. Dans la promotion de l’année précédente (dont faisait partie l’auteur de cet article), seuls deux étudiants avaient demandé l’option presse écrite, laquelle a rejoint le Web, de fait. Cette année, la transformation est actée, comme le confirme Corinne Vanmerris, directrice des études de l’ESJ : « En deuxième année, il y aura un seul groupe d’intensive web/presse écrite/agence, avec des cours identiques. Pas mal de Web, mais aussi des sessions d’écriture un peu plus poussées. On ne distingue plus les profils presse écrite et web pour les modules de formation, la distinction se fait avec les stages, les piges ou les travaux personnels réalisés par les étudiants pour participer à des concours et à des bourses, par exemple. » (...)

       (...) Ce mouvement est loin d’être une exception. Le Web a modifié l’organisation des principales écoles de journalisme du pays. Comme le confirme Jean-Marie Charon, sociologue et chercheur sur les médias, qui a remis en juin à la ministre de la Culture un rapport sur ces transformations et les problématiques pour les écoles et les jeunes journalistes : « Nous sommes en plein milieu d’un changement. Le numérique n’est plus une simple option en plus, mais interroge les formations de manière transversale.  Par exemple, faut-il former les étudiants au code, alors que les emplois du temps craquent déjà de partout, ou plutôt faire des partenariats avec des écoles de développement informatique ? »(...)

       (...) A l’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine (Ijba), le choix a été fait. L’école vient de lancer un partenariat avec l’université madrilène Rey Juan Carlos, et son master en datajournalisme, comme le détaille son directeur François Simon : « Quelques étudiants pourront avoir un double diplôme avec l’un des masters de data les mieux cotés. Et pour tout le monde, en première année, nous avons développé la culture numérique, au même titre que la culture générale, c’est ration obligatoire pour tout le monde. »

       Au Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris, la « newsroom » a remplacé la presse écrite depuis la rentrée de 2013. Sa directrice, Julie Joly, n’y voit pas qu’une histoire de terminologie : « Les étudiants vont travailler des types d’écriture très différents, de la brève au reportage en passant par l’éditorial, quel que soit le support, papier ou numérique. Cette spécialité permet aussi de leur apprendre les moyens d’augmenter des papiers avec tous les outils du Web. Il existe aussi des passerelles entre les autres spécialités, pour aller se perfectionner en vidéo ou en son quelques jours. »(...)

       (...) Même constat à l’école de journalisme de Sciences-Po, où l’arrivée d’Alice Antheaume, directrice adjointe et journaliste/enseignante en Web, en 2010, a bousculé les méthodes : « Cela fait longtemps que l’on ne parle plus de presse écrite. Il y a quatre modules, image, son, numérique et écritures.  “Image”, ce n’est pas seulement de la télévision, mais aussi les vidéos pour le Web. Pareil pour “écritures”, c’est à la fois de la presse, du long format et du journalisme en ligne. En deuxième année de master, il y a du numérique pour tout le monde et tout le temps, avec une spécialisation (image, son ou écritures) en plus. »

       Ce mouvement général, devenu l’étendard d’écoles de plus en plus connectées, a aussi été largement subi par les étudiants et les formations, crise de la presse oblige. Les jeunes journalistes étant envoyés d’office dans les rédaction web des médias à leur sortie d’école, un grand nombre d’entre eux se sont orientés vers une filière « web » qui embauche face aux rédactions classiques en proie aux réductions d’effectifs.

       De quoi déstabiliser certains étudiants, moins intéressés par les outils pour infographies que par les techniques d’écriture. L’une d’elles reconnaît : « Avoir des cours spécifiques pour vraiment travailler l’écriture, des trucs très littéraires, ça m’aurait plu. »(...)

       (...) Le numérique ne fait pas que déplacer les frontières traditionnelles entre les supports, il les efface pour Julie Joly du CFJ : « Le grand changement, c’est cette mobilité. Il y a dix ans, un journaliste ne pouvait pas changer de format comme cela. Les rédactions sont aujourd’hui transversales, et le journaliste peut être amené à choisir le support sur lequel il va raconter une histoire. »

       Une évolution que confirme Cyril Petit, rédacteur en chef des éditions papier et numériques du Journal du dimanche, et secrétaire du conseil d’administration de l’ESJ Lille : « Par rapport à dix ans auparavant, il y a un fossé, nous étions trente en spécialité presse écrite et les outils web étaient inexistants. Aujourd’hui, lorsque je prends un apprenti au JDD, je le fais travailler à mi-temps au Web et comme secrétaire de rédaction. Cette deuxième partie, l’édition, la maquette, la titraille, les codes de la presse écrite sont très formateurs pour le numérique. " (...)

       (...) Pas question de se limiter aux nouveaux outils offerts par le Web. Voilà le piège que les écoles de journalismes tentent d’éviter. Pour Cyril Petit, l’écriture doit toujours garder sa place centrale : « En tant que rédacteur en chef, je ne cherche pas un journaliste qui sait seulement manier des outils, je veux d’abord qu’il sache raconter des histoires et la meilleure façon de le faire, parfois, ce n’est que du texte, un titre et une image. Même sur le Web, les articles qui fonctionnent, ce sont ceux qui ont des textes forts, pas ceux où ça clignote de partout. »

       La remise à plat des options dans les écoles de journalisme est alors l’occasion de repenser le système de formation plus globalement. A l’école de journalisme de Sciences-Po, Alice Antheaume glisse : « On change une partie des enseignements chaque année pour coller à l’évolution de la profession. On croit davantage à un séquençage par thématique que par support. On a lancé le recrutement en septembre pour un nouveau programme de journalisme économique par exemple. Aujourd’hui, un journaliste éco doit pouvoir écrire des papiers, faire un enquête data, produire des vidéos et prendre des sons. » (...)

       (...) Des filières thématiques, c’est la voie choisie aussi par l’ESJ Lille, qui propose un master en journalisme scientifique, et à partir de la rentrée 2016, une licence pro de journalisme sportif. Un retour sur le contenu qui aurait le mérite de pousser les médias à ne pas percevoir les jeunes journalistes seulement comme des « formateurs web » en puissance, tel que le décrit le sociologue Jean-Marie Charon : « Jadis, les jeunes journalistes étaient parrainés par un ancien. Aujourd’hui, de plus en plus de médias attendent que ces jeunes journalistes deviennent les ferments de la révolution culturelle du numérique. C’est un contexte inédit, d’autant qu’on ne leur donne pas de statut solide pour autant. »

    http://rue89.nouvelobs.com/2015/11/03/ecole-journalisme-web-a-mange-presse-ecrite-reste-261924

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    Luc Desle

    « "Le Maître des pommes adorait écrire des vers". Jacques Damboise in "Pensées pensées"."Ce pompier involontaire ne fit pas long feu dans la profession". Jacques Damboise in "Pensées inconsistantes". »

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