“Depuis trois semaines, s’inquiète Ha’Aretz, pas un jour ne se passe sans affrontements violents entre Palestiniens et police israélienne à Jérusalem-Est” (annexée par Israël depuis 1967). Ce 20 septembre, le site d’information Walla!confirmait une information explosive : la décision prise par la mairie de Jérusalem de renommer en hébreux les principales artères palestiniennes de Jérusalem-Est (et de la vieille ville). (...)

   (...) Mais l’épicentre des affrontements est l’esplanade des Mosquées, ou mont du Temple, qui est à la fois un lieu saint de l’islam (avec le sanctuaire du dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa) et du judaïsme, car là se dressait le temple d’Hérode dans l’Antiquité. Les affrontements tournent autour de la rupture probable du statu quo : l’accès à l’esplanade et l’exercice du culte sont réservés aux fidèles musulmans, avec des créneaux horaires pour les touristes et les non-musulmans (à condition de ne pas y prier), tandis que l’accès au mur des Lamentations (ancien mur de soutènement du Temple), en contrebas de l’esplanade, est réservé aux fidèles juifs et aux touristes. (...)

    (...) Avec le soutien de moins en moins discret du gouvernement Nétanyahou (droite et extrême droite), des travaux de fouilles ont été entrepris sous l’esplanade par une ONG ultranationaliste. Début septembre, ces fouilles ont mis au jour ce qui semble être l’un des escaliers souterrains qui donnaient jadis accès au temple antique, de quoi encourager les ultranationalistes religieux juifs du Mouvement pour la restauration du temple, qui militent pour la reconstruction du temple et donc la destruction des deux mosquées, à multiplier les “promenades” sur le mont. La dernière a eu lieu le 13 septembre, relate Ha’Aretz, en présence du ministre de l’Agriculture Ouri Ariel (extrême droite nationaliste religieuse), lequel, selon le site hébréophone Nouvelles du mont du Temple, “a accordé au peuple d’Israël la bénédiction des Cohanim [grands prêtres du Temple]”. (...)

   (...) Comme toujours, cette “promenade” n’a pu être menée à bien qu’en raison de l’intervention violente de la police israélienne ; elle a repoussé de jeunes Palestiniens qui tentaient d’empêcher la visite en jetant des pierres et des pétards. A cette occasion, plusieurs dizaines de Palestiniens ont été blessés, parmi lesquels de nombreux journalistes accrédités, tandis que plusieurs portiques de la mosquée Al-Aqsa ont été défoncés.
 
   Depuis cet incident, sur proposition du ministre de l’Intérieur Gilad Erdan (Likoud), le gouvernement Nétanyahou a voté une série de mesures destinées à rompre le statu quo, autoriser la police israélienne à recourir à ses snipers pour abattre les jeunes Palestiniens lanceurs de pierres et infliger de lourdes peines à leurs parents. (...)

   (...) Ce 20 septembre, Yediot Aharonot annonçait que “ces dernières mesures se heurtaient pour l’instant aux avis négatifs de la Cour suprême et du procureur de l’Etat”. Mais le gouvernement semble vouloir passer outre, au risque de provoquer une conflagration religieuse dans l’ensemble des Territoires occupés palestiniens.

 http://www.courrierinternational.com/article/israel-lesplanade-de-jerusalem-epicentre-de-la-prochaine-deflagration