• °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (QUE TON CHANT D'AMOUR SOIT
      CELUI DE L'OISEAU AU PRINTEMPS)

    °°°
    "Mais enfin, Cui-cui, qu'est-ce que tu fais?
    - Bande à part.
    - T'es c... A plusieurs, on se tient chaud.
    - J'veux pas avoir chaud."



    °°°



    Pour enchaîner les peuples, 
    on commence par les endormir…

    Capitaine Martin

       Le système capitaliste repose sur des médias de plus en plus omniprésents car parfaitement adaptés aux évolutions technologiques du XXIème siècle. Journaux et chaînes télévisées représentent aujourd’hui une arme redoutable pour ceux qui tirent les manettes de l’économie globale. Et ne parlons pas de liberté de la presse !

       Tout récemment, les mésaventures de Libération, affrontant une des plus graves crises de son histoire, ont nécessité d’avoir recours à des hommes d’affaires fortunés prêts à renflouer les caisses, moyennant forcément une emprise plus ou moins directe sur l’entreprise et partant, la ligne éditoriale. On ne mord pas la main qui vous nourrit...

       Malgré ceci, de nombreuses voix se font entendre pour critiquer ce système qui nous pousse inexorablement vers une crise, économique et morale, de grande ampleur. Certains, tel l’éditorialiste duNew York Times Roger Cohen, estiment même que les tensions qui agitent l’Ukraine, la guerre syrienne et les conflits territoriaux en mer de Chine sont autant d’éléments qui pourraient déclencher un nouveau conflit mondial.

       Plus que jamais l’Occident, qui continue à être à la traîne de ce système en n’acceptant pas de céder le témoin aux BRICS, met le feu aux poudres en alimentant les guerres et autres entreprises de déstabilisation. Et là encore, l’appareil médiatique n’a jamais autant joué son rôle de propagandiste que depuis la chute du Mur. Le principe du « deux poids et deux mesures » est à ce petit jeu-là un véritable atout dans la manche des États-Unis et de leurs alliés, une arme dévastatrice utilisée au fil des ans pour hypnotiser et tromper une opinion publique de plus en plus privée de sens critique et de profondeur culturelle. Les États-Unis ont même rendu systématique ce « deux poids et deux mesures » en trouvant le terrain d’entraînement idéal avec la Guerre froide qu’elle a menée contre l’Union soviétique au cours du XXème siècle.

       Mais comment diable s’y sont-ils pris ? C’est très simple : en accusant le pays des soviets de ne pas respecter les droits humains et d’arrêter injustement les dissidents politiques. Dans le même temps, le maccarthysme battait pourtant son plein au pays des soi-disant libertés, et des milliers d’Américains suspectés d’avoir de simples sympathies pour le socialisme ont connu les foudres de la « chasse aux sorcières ». Certains, à l’image des époux Rosenberg, ont même connu la chaise électrique. 

       Et lorsque les chancelleries dites démocratiques mettaient en cause le bloc socialiste pour son intervention en Hongrie et en Tchécoslovaquie, les États-Unis et leurs alliés écrasaient les revendications populaires en Corée, au Vietnam, en Angola, au Congo ou en Amérique du sud sans que personne n’osât alors remettre en doute la supériorité morale de l’Empire. Et peu importe si, à la même période, les États-Unis étaient en train de dépasser l’URSS en termes de taille relative de sa population carcérale... Les médias avaient déjà fait le tri.

       On ne parlera même pas de la politique intérieure des États-Unis, marquée durant les années cinquante et soixante par un racisme quasi institutionnel à l’encontre des Noirs et des Hispaniques. Un racisme impensable pour un pays se faisant le chantre de la liberté. Rappelons que l’ancien président sud-africain Nelson Mandela figurait sur la liste des terroristes établis par l’Empire, et ce depuis la présidence de Ronald Reagan jusqu’en 2008. Son parti, l’ANC (Congrès national africain), était alors considéré par les autorités américaines comme une organisation terroriste en raison de son engagement contre l’apartheid. 

       Ces éléments n’ont pourtant jamais entamé la confiance aveugle des pays d’Europe de l’ouest vis-à-vis de son allié d’Outre-Atlantique. Cela pouvait encore se comprendre tant que l’URSS était debout ; il s’agissait alors d’une guerre idéologique entre l’Ouest et l’Est, et l’Occident se retrouvait, bon gré mal gré, sous le parapluie de l’OTAN.

       Avec la chute de son ennemi soviétique, les États-Unis ont perdu toute excuse. N’ayant plus d’Empire du mal à défier, la « reine des démocraties » aurait dû tenir ses promesses et délivrer au monde entier la prospérité que la présence du monstre soviétique empêchait jusque-là d’offrir. Force est de constater que la chute de l’URSS n’a pas conduit à une amélioration des conditions sociales. Pis, les droits des travailleurs ont commencé à être malmenés et le bien-être ne s’est pas propagé si ce n’est par le développement de nouveaux biens technologiques, mais au prix d’un processus de fragmentation de la richesse aboutissant à la capitalisation par quelques-uns de sommes considérables d’argent au détriment du plus grand nombre.

       Quant aux guerres, elles sont loin d’avoir disparu. L’Iraq, la Yougoslavie, le 11 Septembre, l’Afghanistan, les Printemps arabes et l’Ukraine nous rappellent que le monde entier verse chaque jour un peu plus dans le chaos. Le « deux poids et deux mesures » figure toujours en pointe de la propagande de guerre que les médias ont mise en place pour apporter un soutien diplomatique et moral aux interventions militaires de l’Occident. De la Libye de Kadhafi à la Syrie d’Assad, les médias ont orchestré sans discontinuer un gigantesque martèlement visant à identifier l’ennemi de la liberté et de la démocratie, le méchant pourrait-on dire, pour le jeter en pâture à l’opinion publique et justifier du même coup leurs prétentions impérialistes.

       Ces manipulations, grossières au demeurant, sont d’autant plus possibles que les masses sont littéralement gavées par la propagande d’État. Il est facile dans ces conditions pour les dirigeants occidentaux de ne présenter qu’une analyse sommaire et manichéenne des faits, une analyse n’appelant aucune réflexion. Pourtant, les militants djihadistes qui combattent Assad après avoir combattu contre Kadhafi sont présentés par les médias comme des combattants de la liberté, alors que les moudjahiddines qui luttent contre les États-Unis en Afghanistan deviennent subitement des terroristes. Plus près de nous, Hollande affirme que le président Assad n’est pas un partenaire fiable contre le terrorisme, alors que ces mêmes terroristes étaient les interlocuteurs de l’Élysée dans ses velléités de destitution des dirigeants syrien et libyen.

       En Ukraine, le mouvement de contestation, baptisé « Euromaïdan », montre comment un coup d’État contre un gouvernement démocratiquement élu peut être fomenté avec succès avec un appui étranger et sans intervention militaire. Il dévoile, une fois de plus, la partialité des médias occidentaux qui, avec une argumentation fallacieuse, appuient aveuglément l’interventionnisme occidental et, avec une vision dichotomique, qualifient là aussi les uns de bons et les autres de méchants. Parmi ceux-ci, les séparatistes de la République populaire du Donetsk... comme si cette appellation suffisait à faire d’eux des terroristes.

       L’Occident n’a eu de cesse de rendre ces ennemis inaudibles, pratiquant la désinformation par une perte de repères due à la surinformation en vue de créer non des illettrés ou des incultes, mais des êtres en phase de « désorientation », psychologiquement conditionnés et réorientés dans le sens souhaité. Pour enchaîner les peuples, on commence par les endormir...

    http://www.legrandsoir.info/pour-enchainer-les-peuples-on-commence-par-les-endormir-26903.html

    °°°
    "Mais, M'man, on regarde qui, là?
    - Celles et ceux qui nous transforment
    en espèce menacée, mon chéri."



    °°°
    Luc Desle

    votre commentaire
  • °°°
    Pensées pour nous-mêmes:

    (PEUT-ON VRAIMENT AVOIR
    LE MAL DES HAUTEURS?)

    °°°
    (Je subodorai que Gillian avait mal dormi...)


    (Le reste de la journée allait me le confirmer)


    °°°


    volume-2-de-La-malediction-de-Rascar-Capac-1280X640

    steadyleblog.blogspot.com

    Evo Morales :
    un provocateur tranquille

    Patrick Bèle
       (...) Evo Morales va bientôt exercer parallèlement deux métiers. Alors qu'il vient d'être réélu triomphalement à la tête de l'État bolivien avec près de 60% des voix, il a signé il y a quelques jours un contrat de footballeur professionnel avec un club de première division bolivienne. Il sera le joueur le plus âgé du championnat, et recevra 150 euros par mois pour ses prestations sportives. Sa passion pour le football est bien connue. Il a notamment disputé un match contre une équipe iranienne qui comptait le président Ahmadinejad dans ses rangs. Moins glorieux, on l'a vu donner un coup à l'un de ses adversaires lors d'un match entre la majorité et l'opposition il y a quelques mois.

       Evo Morales, 55 ans, agit rarement comme on l'attendrait d'un chef d'État. Cela ne correspond pas à une volonté de se distinguer ou de choquer, mais à un homme politique atypique qui a connu un parcours plus qu'atypique. Né dans une famille paysanne de l'ethnie Aymara de la région minière d'Orinoca, Evo Morales abandonne très tôt l'école pour travailler comme peintre en bâtiment, maçon, boulanger ou trompettiste. Son installation dans l'Etat du Chapare le fait participer à l'action politique et syndicale des producteurs de coca. Dans les années 1980, la DEA (Drog Enforcement Administration, l'agence antidrogue américaine) engage avec le gouvernement bolivien une politique d'éradication de la culture de la feuille de coca. L'opposition des producteurs provoque de nombreux conflits parfois violents.(...)

       (...) Des années plus tard, Evo Morales, ancien président du syndicat des cocaleros (producteurs de feuilles de coca) se rappellera des actions d'éradications des champs de coca de la DEA. Devenu président de la République, il expulsera l'agence états-unienne de son pays en septembre 2008. Raison officielle? Quelques mois auparavant, un groupe de terroristes a été débusqué dans un hôtel de l'est du pays, alors qu'il préparait, selon les autorités, un attentat contre Evo Morales financé par l'opposition. Persuadé de l'implication des services états-uniens dans ce projet d'attenter à sa vie, Evo Morales sera le seul au Sommet des Amériques de Trinité-et-Tobago en 2009 à ne pas s'enthousiasmer de la venue du nouveau locataire de la Maison-Blanche, Barack Obama. Alors qu'Hugo Chavez lui offre Les Veines ouvertes de l'Amérique latine, pamphlet anti-impérialiste d'Eduardo Galeano écrit dans les années 1970, et lui demande de devenir son ami, Evo Morales reste très distant et accuse ouvertement Washington d'avoir voulu l'assassiner.

       Evo Morales est aussi un pragmatique. S'il a nationalisé à tour de bras depuis son arrivée au pouvoir en 2006 (hydrocarbures, électricité, télécoms, aéroports, mines), il est parvenu à se réconcilier avec le patronat de la riche région de Santa Cruz. Il sera même reçu à la Foire commerciale de la ville, Expocruz, en 2011. Les entrepreneurs ont alors compris qu'il est de leur intérêt de collaborer avec un président qui, malgré un programme économique peu orthodoxe et un discours proche de celui d'Hugo Chavez, parvient à assurer une croissance annuelle moyenne de 5% et un recul de la pauvreté (la population en dessous du seuil de pauvreté est passée de 33 à 20%). Le PIB a été multiplié par trois entre 2005 et 2013, passant de 9,5 à 30,3 milliards de dollars. Mais les problèmes demeurent: la Bolivie reste le pays le plus pauvre d'Amérique latine, 80% des emplois se trouvent dans l'économie informelle et les résistances locales n'ont pas permis le développement de l'exploitation des gigantesques réserves de lithium de l'extraordinaire salar d'Uyuni. (...)

       (...) L'un des combats les plus singuliers d'Evo Morales concerne la feuille de coca. Il ne cesse de militer devant les instances internationales pour sa légalisation, arguant qu'il s'agit d'une culture qui appartient au patrimoine culturel de la Bolivie. En séance plénière de la commission des stupéfiants de l'ONU à Vienne en 2009, il commence à mâcher des feuilles de la plante andine et lance à l'assemblée médusée: «Si c'est une drogue, alors vous devriez me mettre en prison!»

       Ce président atypique, le premier à revendiquer son indianité, est parvenu à stabiliser la vie politique bolivienne. C'est sûrement sa contribution la plus importante au développement d'un pays qui a subi les errances d'un personnel politique corrompu et incompétent avant son arrivée au pouvoir en 2006.


    °°°
    (Ce lit de cactus plut infiniment à mon 
    ami fakir)


    (... un peu moins à mon ami politicien)


    °°°
    Benoît Barvin

    votre commentaire
  • µµµ
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LES SEINS DES FEMMES
    SONT LA PARABOLE DE LA VIE)

    µµµ

    Sade - The Moon And The Sky | 

    Best Smooth Jazz For Chill Out


    "The Moon And The Sky"

    I was the one
    I who could
    Pull in all the stars above
    Lay them on your feet
    And I gave you my love
    You are the one that got me started
    You could have let me
    Love anyone but I only wanted you
    So why did you make me cry
    Why didn't you come get me one last time
    You'll always know the reason why
    We could have had the moon and the sky
    You'll always know the reason why this love
    Reason why this love
    Ain't gonna let you go
    You lay me down and left me for the lions
    A long, long time ago
    You left me there dying
    But you'll never let me go
    You'll always know the reason why
    We could have had the moon and the sky
    You'll always know the reason why this love
    Reason why this love
    Ain't gonna let you go
    You'll always know the reason why
    The song you heard
    Will stay on your mind
    It ain't gonna let you go, no
    'cos you were the moon
    And I the endless sky
    You'll alway know the reason why
    Reason whay this love
    Ain't gonna let you go
    Ain't gonna let you go
    You had the keys to the car
    You had every star
    Every one of them twinkling
    Baby what were you twinkling
    Baby what were you thinking
    We had the moon and the sky above
    And I gave you my love


    µµµ

    Sade - Cherish The Day (live)


    "Cherish The Day"
    You're ruling the way that I move
    And I breathe your air
    You only can rescue me
    This is my prayer 
    If you were mine
    If you were mine
    I wouldn't want to go to heaven 

    I cherish the day
    I won't go astray
    I won't be afraid
    You won't catch me running
    You're ruling the way that I move
    You take my air 

    You show me how deep love can be 

    You're ruling the way that I move
    And I breathe your air
    You only can rescue me
    This is my prayer 

    I Cherish the Day
    I won't go astray
    I won't be afraid
    You won't catch me running
    I Cherish the Day
    I won't go astray
    I won't be afraid
    Won't run away

    You show me how deep love can be
    You show me how deep love can be
    This is my prayer 

    I Cherish the Day
    I won't go astray
    I won't be afraid
    Won't run away
    Won't shy 

    I Cherish the Day
    I won't go astray 

    I Cherish the Day
    I Cherish the Day
    I Cherish the Day
    I Cherish the Day
    I Cherish the Day


    µµµ

    Sade - Kiss of Life (Live) 2011


    "Kiss Of Life"

    There must have been an angel by my side
    Something heavenly led me to you
    Look at the sky
    It's the color of love
    There must have been an angel by my side
    Something heavenly came down from above
    He led me to you
    He led me to you 
    He built a bridge to your heart
    All the way
    How many tons of love inside
    I can't say 

    When I was led to you
    I knew you were the one for me
    I swear the whole world could feel my heartbeat
    When I lay eyes on you
    Ay ay ay
    You wrapped me up in
    The color of love 

    You gave me the kiss of life
    Kiss of Life
    You gave me the kiss that's like
    The kiss of life 

    Wasn't it clear from the start
    Look the sky is full of love
    Yeah the sky is full of love
    He built a bridge to your heart
    All the way
    How many tons of love inside
    I can't say 

    You gave me the kiss of life
    Kiss of Life
    You gave me the kiss that's like
    The kiss of life 

    You gave me the kiss of life
    Kiss of Life
    You gave me the kiss that's like
    The kiss of life 

    You gave me the kiss of life
    Kiss of Life
    You gave me the kiss that's like
    The kiss of life 

    You wrapped me up in the color of love
    Must have been an angel come down from above
    Giving me love yeah
    Giving me love yeah 

    You gave me the kiss of life
    Kiss of Life
    You gave me the kiss of life
    The kiss of life


    µµµ
    Nadine Estrella

    votre commentaire
  • £££
    Pensées pour nous-mêmes:

    (TU ES L'ARBITRE 
    DE TES PROPRES INÉLÉGANCES)

    £££

    (Les Pauvres devaient rogner sur tout)


     Gladys Nelson Smith (1890-1980), Studio Portrait of Young Nude Male, late 1920s-30

    £££

    "Vous puez et êtes mal fringué...
    Vous êtes Français, my dear...
    - Non, pauvre.
    - Ah? J'aurais pourtant cru..."


    mccord-museum.qc.ca

    VU DU ROYAUME-UNI
    Pourquoi tant de haine
    contre les Français ?

    ANTHONY PEREGRINE
    THE DAILY TELEGRAPH
       (...) Bon, respirons un grand coup et allons-y... “Les Britanniques sont gras, fainéants et incompétents. Leurs villes sont sordides, leur industrie inexistante et leur cuisine épouvantable. Si j'étais vous, je ne m'approcherais pas de ce pays – et si vous y êtes déjà, quittez-le sur-le-champ !” Tout ça n'est pas très gentil, hein ? Admettons que ce soit un grand patron français qui tienne ces propos, ils déclencheraient des appels à une intervention terrestre contre Paris, le napalm étant trop beau pour ces gredins.(...)

       (...) C'est pourtant ce genre de salves que des Anglophones lancent quotidiennement contre la France. La semaine dernière a été marquée par la diatribe d'Andy Street. On s'en souviendra. Le très souriant patron des grands magasins John Lewis s'est rendu à Paris pour recevoir un prix et il est rentré en disant que la France est “sclérosée, déprimée et sans espoir”. 

       Sur place, il a déclaré : “Rien ne marche et, pire, ça ne dérange personne”. Le trophée lui-même était “en plastique et franchement immonde” – ce qui me donne à penser que M. Street n'était pas si imbibé de bière (que le laisse supposer la riposte du Premier ministre Manuel Valls) mais simplement mal élevé. On apprend généralement aux petits garçons à dire “Merci, c'est très joli”, même pour des cadeaux qu'ils n'aiment pas du tout. M. Street a apparemment sauté cette leçon, même si, heureusement, il a suivi celle où l'on apprend à présenter des excuses.(...)

       (...) Son analyse a fait beaucoup de bruit, mais elle n'a en réalité rien d'exceptionnel. Elle s'inscrit dans une tradition, qui passe par l'invective du Sun de novembre 1990 (“Va te faire foutre, Delors !”) et remonte à Nelson (“Vous devez haïr les Français comme vous haïssez le diable”), à Shakespeare (“La France est un vrai chenil”) et jusqu'à l'époque mésolithique où, la Grande-Bretagne ayant été séparée du continent, de solides gaillards se tenaient du côté britannique en criant “Bon débarras !”. Quelque 8 000 ans plus tard, il suffit d'écrire un commentaire vaguement positif sur la France pour être assailli par une meute de lecteurs enragés.

        Pour autant que je sache, nous ne nourrissons pas de tels sentiments à l'égard des autres pays. La Serbie ? Le Sénégal ? La Belgique ? Même pas l'Allemagne. Et même si c'était le cas, nous ne nous permettrions pas de les exprimer. (“Les Sénégalais sont une bande de ...”, écririons-nous tout au plus). Peut-être est-ce parce que les Français sont nos plus proches voisins outre-mer – on sait combien les voisins peuvent être agaçants –, peut-être parce qu'ils sont notre ennemi héréditaire. Sans doute les deux. (...)

       (...) Ce qui est sûr, c'est que les Français sont sidérés. Ils n'ont pas l'esprit tabloïd nécessaire pour apprécier cette extrême franchise, et encore moins pour riposter. Ils sont donc juste sidérés. Comme le journal Les Echos l'écrivait récemment : “Ce ‘french-bashing' vire au grotesque.”

       L'autre raison de leur sidération est que les propos tenus sont souvent débiles. Passons sur les commentaires concernant l'économie française, car beaucoup d'ignorants se sont déjà engouffrés dans la brèche. Mais l'autre grande critique de Street, selon laquelle “rien [en France] ne marche et, pire, ça ne dérange personne” est complètement absurde. Beaucoup de choses en France marchent extraordinairement bien, en particulier pour les touristes.

       La France en accueille beaucoup plus que les autres pays, près de 85 millions en 2013, et les Britanniques représentent 15 % du total. Je ne suis donc pas seul. Suffisamment de choses marchent en France pour que nombre d'entre nous y aillent passer leurs vacances. Peut-être M. Street aimerait-il faire une réservation. Je pense que le centre de la Bretagne pourrait lui convenir, c'est déjà bien assez loin pour lui.


    £££

    (Quand on lui disait qu'elle était belle,
    Gladys ouvrait toujours des yeux étonnés)



    £££
    Benoît Barvin

    votre commentaire
  • £££
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LE CACTUS, POURTANT,
    TE DÉSALTÈRE)

    £££
    "Mademoiselle, vous savez pourtant
    que le port de la fourrure est interdit...
    - Pardon ?"


    Anatoliy Hankevitch

    £££



    Comment pense la classe dirigeante 
    (La Jornada)

    Raul ZIBECHI 

       (...) La crise continue de révéler tout ce qui était caché en temps normal. Cela inclut les projets stratégiques de la classe dirigeante, leur façon de voir le monde, le principal pari qu’ils font pour demeurer une classe dominante. C’est, en gros, son objectif principal, celui qui subordonne tout le reste, y compris les modes de production capitalistes dans l’économie.

       Vous pensez peut-être que la crise est juste une parenthèse après laquelle tout redeviendra plus ou moins comme avant. Pas du tout. La crise n’est pas seulement un révélateur, mais le reflet de ceux d’en haut qui remodèlent le monde. Parce que la crise est, en grande partie, provoquée par eux pour écarter ou faire disparaître tout ce qui limite leurs pouvoirs. Fondamentalement, les secteurs populaires, indigènes, noirs et métis de notre continent.

       D’autre part, une crise de cette ampleur (il s’agit d’une série de crises qui comprend une crise /chaos climatique, une crise de l’environnement, de la santé et, de façon transversale, une crise de la civilisation occidentale) implique des changements plus ou moins profondes dans la société, les relations de puissances et les pôles de pouvoir dans le monde, dans chaque région et pays. Il me semble nécessaire d’aborder trois aspects, qui ne recouvrent pas toutes les nouveautés de l’éventail de la crise, mais sont, à mon avis, les plus à même d’influencer les stratégies des mouvements anti-systémiques.

       Tout d’abord, ce que nous appelons l’économie a subi des changements profonds. Un tableau préparé par l’économiste Tcherneva Pavlina, basé sur des études sur les inégalités de Thomas Piketty, révèle comment le système fonctionne depuis les années 1970, aggravée par la crise de 2008.




       Le tableau couvre 60 ans de l’économie américaine, de 1949 à nos jours. Il décrit le part de la croissance qui est appropriée par les 10% les plus riches, et celle qui revient aux autres 90%. Dans les années 1950, par exemple, la tranche de 10% s’est appropriée entre 20 et 25 pour cent des nouvelles recettes annuelles. C’est ainsi que fonctionne une économie capitaliste normale, lorsque le patronat s’approprie la majeure partie des fruits du travail humain, que Marx a appelé la plus-value. C’est l’accumulation du capital par la production de masse.

       A partir de 1970, un changement majeur se produit et devient tout à fait visible dans les années 1980 : les 10% de riches commencent à s’approprier 80% de la richesse et seulement 20% de celles produites chaque année reviennent aux 90% restants. Cette période correspond à l’hégémonie du capital financier, ce que David Harvey a appelé l’accumulation par dépossession ou pillage.

       Mais quelque chose d’extraordinaire s’est produite depuis 2001. Non seulement les plus riches raflent tout mais, depuis 2008, s’accaparent également d’une partie des biens des autres 90%, comme leur épargne ou leurs biens. Comment appeler un tel mode d’accumulation ? C’est un système qui n’est plus en mesure de reproduire les rapports capitalistes car il consiste à voler. Le capitalisme extrait de la plus-value et accumule des richesses (même par dépossession), tout en généralisant les relations capitalistes, et pour cela s’appuie sur le travail salarié et non sur l’esclavagisme (je dois ces réflexions à Gustavo Esteva, qui les a formulées à l’époque de la petite école zapatiste et lors d’échanges ultérieurs).

       Il est probable que nous entrons dans un système encore pire que le capitalisme, une sorte d’économie du vol, plus proche du mode de fonctionnement des cartels du narcotrafic que de celui des entreprises que nous avons connues dans la majeure partie du XXe siècle. Il est probable aussi que cela n’avait pas été prévu par la classe dirigeante et que ce n’est que le résultat de la recherche excessive de profit dans l’exercice de l’accumulation par dépossession, ce qui a donné naissance à une génération de vautours/loups incapables de produire quoi que ce soit autre que la mort et la destruction autour d’eux.

       Deuxièmement, le fait que le système fonctionne de cette manière implique que ceux d’en haut ont décidé de se sauver aux frais de l’humanité toute entière. À un moment donné, ils ont rompu tout lien émotionnel avec les autres êtres humains et sont prêts à provoquer une catastrophe démographique, comme le suggère le tableau ci-dessus. Ils veulent tout.

       Par conséquent, eu égard au mode de fonctionnement du système, il serait plus approprié de parler de « Quatrième Guerre mondiale » (à l’instar du sous-commandant Marcos) que de « accumulation par dépossession », parce que l’objectif est l’humanité toute entière. Il semble que la classe dirigeante a décidé que le niveau actuel de développement technologique lui permet de se passer du travail salarié qui crée la richesse, et qu’elle ne dépend plus de consommateurs pauvres pour écouler ses produits. C’est peut-être du délire induit par l’orgueil, mais il paraît néanmoins clair que ceux d’en haut ne cherchent plus à diriger le monde selon leurs anciens intérêts, mais cherchent à créer des régions entières (et parfois des continents) où régnerait le chaos total (comme c’est le cas au Moyen-Est) et d’autres régions où régnerait une sécurité absolue (comme certaines parties des États-Unis et de l’Europe, et les quartiers riches de chaque pays).

       Bref, ils ont renoncé à l’idée d’"une" société pour la remplacer par celle d’un camp de concentration.

       Troisièmement, ceci a des implications énormes pour la politique de ceux d’en bas. La démocratie n’est plus qu’une arme brandie contre des ennemis géopolitiques (à commencer par la Russie et la Chine), mais ne s’applique pas aux régimes amis (Arabie Saoudite), et n’est plus le système qui a pu avoir en d’autres temps une certaine crédibilité. Il en va de même pour l’état-nation, à peine un obstacle à surmonter comme en témoignent les attaques contre la Syrie en violation de la souveraineté nationale.

       Il n’y a pas d’autre voie que d’organiser nous-mêmes notre monde, dans nos espaces/territoires, notre santé, notre éducation et notre autonomie alimentaire. Avec nos propres pouvoirs pour prendre des décisions et les appliquer. Ou plutôt, avec nos propres institutions d’auto-défense. Sans compter sur les institutions de l’Etat.


       Traduction "dis comme ça, ça donne envie d’un grand Grand Soir" par VD pour le petit Grand Soir avec très probablement plus de fautes et de coquilles que d’habitude.



    £££

    "Et alors, elle lui répond: c'est la preuve
    que la Révolution est en marche!!!
    - Ahahaha..."


    (Source: adreciclarte, via gh2u)

    £££
    Luc Desle

    votre commentaire
  • ***
    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE SOIS PAS LA PORCELAINE
    SUR LE CHEMIN DE L’ÉLÉPHANT)

    ***
    (L'Homme qui buvait trop
    buvait vraiment trop...)



    ***




    Gaz de schiste en Algérie :
    un nouveau désastre pour la population,
    une nouvelle rente pour son gouvernement


    Frack Free Europe – Groupe France – octobre 2014


       (...) Si l’accès aux informations sur les projets des compagnies exploitant les hydrocarbures non conventionnels a été et est toujours très difficile dans la plupart des pays européens, en Algérie et au Maghreb, l’opacité est totale.

       Le soutien que les multinationales reçoivent très facilement des gouvernements en place est scandaleux : en effet, ces projets se situent dans des zones désertiques où l’utilisation de l’eau est une question de vie ou de mort pour les populations locales, alors que les conséquences sanitaires (1) dramatiques (tant sur la quantité nécessaire que pour la pollution irréversible), et l’impact avéré sur le climat (2) engendrés par l’exploitation de ces hydrocarbures sont parfaitement connues.

    Les français, européens et étatsuniens, citoyens vivant dans les pays où ces multinationales ont leur siège, sont ignorants de toutes ces « bonnes affaires ». Il est temps de lever le voile et de mettre à jour l’impunité des multinationales au Maghreb. (...)

       (...) (Total et Gdf-Suez les deux groupes français intéressés), restent assez discrets sur leurs activités en Algérie, que ce soit la nature de la l’hydrocarbure visé (tight gas, shalegas, shaleoil) ou la technique utilisée. Les annonces successives et parfois contradictoires du nombre de forages réalisés ou programmés sont faites pour rassurer les actionnaires.

       Le gouvernement algérien continue ainsi à s’assurer une rente confortable. Total a réalisé, en janvier 1995, un accord d’1,5 milliards de dollars pour une exploitation de gaz conventionnel dans le sud du pays (BP avait fait de même un mois avant) : ces ont, sans aucun doute, renforcé le régime qui a pratiqué une violence systématique à travers le pays à un moment d’isolement national. Liées à l’Algérie, grâce à de très grands investissements, ces entreprises et l’Union Européenne avaient un intérêt évident à ce que le régime répressif ne tombe pas(3).

       Depuis fin 2013, Total est opérationnel en Algérie dans le bassin de Timimoun où elle dispose d’un contrat avec Sonatrach et la société espagnole Cepsa. Sur le bassin d’Ahnet, à 2 000 km au Sud d’Alger dans la région d’In Salah, Total, associé à Schlumberger, Sonatrach et le turque Partex, annonce l’exploration de réservoirs de tight gas, en assurant la « maîtrise de technologies de forage par fracturation et stimulation des puits ». Le groupe prétend une capacité de 70 000 barils équivalents pétrole par jour, soit 4 milliards de m3 par an avec le forage de 120 puits.

       Et tout ceci, sans vergogne des parties, puisque le fisc algérien poursuit Total pour avoir « triché sur l’origine et le montant de ses importations » et lui réclame 80 millions d’euros (4). Le groupe franco-belge GdF-Suez dispose d’un contrat d’exploration de gaz dans la région de Touat. Le premier forage d’exploration intervient en juillet 2012, première étape d’un programme de 40 puits, sur une superficie de 3 000 km2 ; avec une estimation d’extraction de 4,5 milliards de m3 par an de gaz et 630 000 barils de condensat (pétrole mélangé au gaz).

       En octobre 2012, les annonces de GdF-Suez pleuvent : exploitation à partir de 2016, investissement de 1,5 milliards de dollar, création de 2500 emplois, construction d’un centre de traitement des eaux usées domestiques, projets culturels et éducatifs…

       Des blocs sur le bassin d’Illizi sont explorés par un consortium associant GdF-Suez (9,8%), l’opérateur Repsol (25,7%), Enel (13,4%) et Sonatrach (51%) créé en janvier 2010. La campagne d’exploration est programmée entre mai 2010 et mai 2015. Après la campagne sismique, les forages d’exploration ont commencé en juillet 2012. Un premier gisement de gaz exploitable est découvert en novembre (Tihalatine Sud-1, à une profondeur de 1192 m) ; un second en avril 2013 (Tin Essameid Est-1, à une profondeur de 1512 m). Les accords de commercialisation confie à Sonatrach la vente de la totalité du gaz produit et GdF-Suez en est le principal client de gaz. (...)

       (...) Les sous-sols du Maroc et de la Tunisie comprennent aussi des hydrocarbures non- conventionnels. En Tunisie, des permis de recherches sont accordés, à la société Shell dans la région de Kairouan, au polonais Serinus dans l’extrême Sud-Ouest du pays ; là ou le franco-britannique Perenco est déjà installé.

       Au Maroc, ce sont principalement des gisements de schistes bitumineux qui vont être exploités avec une prévision de plus de 50 milliards de barils. Les principaux sites visés sont Timahdit dans la chaîne du Moyen- Atlas et Tarfaya, le long de la côte à 1500 km au Sud de Rabat. En septembre dernier, la société irlandaise San Leon Energy extrait pour la première fois du pétrole de schiste sur le site de Timahdit dans la région de Melnès. L’espagnol Repsol et l’américain Anadarko visent des gisements de gaz de schiste. (...)

       (...) En exportant 68% de sa production gazière en 2012, l’Algérie est le 6 ème exportateur mondial de gaz. L’Europe est le client quasi-exclusif de l’Algérie, absorbant 88,6 % des exportations algériennes de gaz. L’Algérie est au 7ème rang mondial des exportateurs de GNL, ce qui représente 97% du total de la valeur de ses exportations. En 2011, L’Algérie fournissait à la France 16 % de son approvisionnement en gaz.

       En juillet 2013, le président de la Commission européenne, M. Barroso, et le premier ministre algérien A.Sellal, signent un accord de partenariat stratégique sur l’énergie. L’Union Européenne veut la sécurité sur les approvisionnements, l’accès au gaz algérien étant identifié comme une priorité économique et stratégique ; et l’Algérie la garantie de parts de marché5. Les ressources en gaz algérien peuvent être visées à travers différents instruments institutionnels européens : EuroMed-Energies, programme de coopération P3A6, MedReg… ; certains d’entre eux associant le lobby des industriels avec des regroupements tel que MedEmip7, OME8 ; le tout avec le soutien de la BERD ! (...)

       (...) Dès 2004, l’Agence américaine US Energy Information Administration (EIA), annonce que le sous-sol algérien comprend la troisième réserve mondiale de gaz de schiste récupérables, après la Chine et l’Argentine. Les négociations entre la Sonatrach, entreprise d’état, et des sociétés transnationales, Eni, Shell et Exxon-Mobil, Total, GDF Suez… vont très vite commencer. Dès 2009, le gouvernement algérien prévoit un plan de développement de 8 gisements dans le Sud-ouest algérien entre les villes de Timimoun et Adrar et la construction d’installations de collecte et traitement du gaz. Le projet MedGaz, aujourd’hui opérationnel, est détenu par Sonatrach, Total, et l’espagnol Cepsa.

       Le système de gouvernance algérien fait que la société d’Etat Sonatrach dispose de plus des trois quarts des actifs dans l’industrie des hydrocarbures. Les sociétés transnationales ne représentent que 18% des investissements, avec une part de 2% pour Total. En février 2012, l’Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT) annonce le programme d’exploitation de ces gisements à partir de 2014, avec une prévision de production de 5 millions de m3 de gaz et de condensat par jour sur une période de huit ans.

       Une nouvelle loi sur les hydrocarbures est publiée en février 2013 (9). Elle ouvre la voie à l’exploitation des hydrocarbures non-conventionnels et comprend des mesures fiscales incitative pour attirer les investisseurs. En novembre 2013, l’administration française publie une note précisant que les gisements algériens en gaz de schiste sont estimés à 700 trillons de m 3, soit quatre fois le niveau des réserves actuelles (10)

       Le 21 mai 2014, le gouvernement autorise officiellement l’exploitation du gaz de schiste. Devant l’assemblée nationale, le premier ministre déclare : « Si les réserves (de gaz naturel et de pétrole), restent en 2030 à leur niveau actuel, nous n’allons couvrir que la demande nationale. Il n’en restera que très peu pour l’exportation. »

       Les autorités annoncent un objectif de production de 30 milliards de m3 de gaz par an ; et qu’elle doivent investir 300 milliards de $ sur 50 ans, dont 100 milliards entre 2014 et 2018 (11). C’est la valse des chiffres. En deux ans, on est passé d’une prévision d’extraction àmillions m3/jour à 82 millions de m3/jour ! Désormais, ce sont sept bassins algériens qui sont concernées par des projets d’exploration : Tindouf, Reggane, Timimoun, Ahnet, Mouydir, Ghadames Berkine et Illizi, zones habitées par près de 1,5 million d’habitants. (...)

       (...) La perspective d’extraction d’hydrocarbures non conventionnels en Algérie offre des opportunités aux géants français : Total et GdF-Suez. _ Mais la concurrence entre entreprises européennes est rude. Depuis quelques années, Sonatrach négocie des partenariats tous azimuts, avec Shell, Exxon Mobil, Eni, Talisman…

       En janvier 2014, l’ALNAFT procède au « 4 ème appel d’offres pour la recherche et l’exploitation d’hydrocarbures », avec la mise en concurrence de 31 « périmètres d’hydrocarbures », dont 17 ciblent du gaz de schiste. 52 sociétés sont autorisées à concourir, dont TOTAL, GdF-Suez, Shell, Amerada Hess, Gazprom…, toutes déjà actives en Algérie. La date limite de dépôt des soumissions, initialement fixé au 4 septembre, est repoussée au 30 septembre prochain. (...)

       (...)  Quelles alternatives ? L’Algérie, comme ses pays voisins, est en stress hydrique permanent et la nappe Albienne, étendue sous trois pays (Algérie, Tunisie et Libye) n’est pas renouvelable. Les pluies sont trop faibles pour recharger les aquifères.

       Le journaliste algérien Mehdi Bsikri, militant antigaz de schiste, rapporte, le 2 février 2014, la crainte des agriculteurs du sud « Le projet d’exploitation de gaz de schiste, décidé par le gouvernement, met en péril l’agriculture dans le Sahara ». Exploiter le gaz de schiste dans cette région revient à provoquer un véritable écocide : d’une part, en utilisant une ressource en eau non renouvelable et de manière excessive ; d’autre part en condamnant les populations sédentaires et nomades qui vivent dans cette région désertique à consommer une eau polluée par les adjuvants chimiques injectés lors de fracturations hydrauliques ou les métaux lourds qui vont se mélanger aux eaux de surface.

       Cette perspective d’extraction d’hydrocarbures non conventionnels dans tout le Maghreb rappelle la période des années 60, durant laquelle les Français ont procédé à des essais de tirs nucléaires impactant très fortement et durablement une très vase zone, dépassant largement les frontières algériennes.

       L’Europe prétend à une « Stratégie Méditerranéenne de Développement Durable » alors qu’elle soutient ses industriels qui investissent dans ces pays dont la règle est de vivre de la rente pétrolière et gazière, sacrifiant le développement de l’agriculture et du tourisme, alors que ces secteurs peuvent produire de quoi nourrir une grande partie de la population du pays et créeraient de l’emploi. « Il existe dans notre région des centaines d’oasis. Elles font travailler des milliers de personnes… Le gouvernement ferait mieux de multiplier les projets agricoles dans le Sahara et d’en finir avec les importations de denrées alimentaires. L’eau de la nappe albienne est le véritable moteur du développement du pays » (Mehdi Bsirki – El Watan – février 2014).




    ***
    (La femme qui devait se séparer d'un sein
    hésitait sur celui qu'elle allait donner)



    ***
    Luc Desle

    votre commentaire
  • ===
    Pensées pour nous-mêmes:

    (NE CHOISIS PAS TOUJOURS
    DES CHEMINS DE TRAVERSE)

    ===
    "Non, pas touche, sous prétexte
    qu'il est différent!"


    (Cette attitude généreuse était étonnante de la part
    de ces singes cannibales)

    Silver Leaf Langurs (by San Diego Zoo Global)

    ===

    "Jamais, même sur mon lit de mort,
    je ne lui dirai que je l'ai espionnée"


       (...) Les Petit Poucet d'aujourd'hui peuvent jeter leurs cailloux dans le fossé, ils n'en ont plus besoin. Aucun risque de se perdre, encore moins de goûter à l'école buissonnière. Ils ont désormais un fil numérique à la patte.

       Enfants, sachez-le, Big Mother vous regarde ! De leurs ordis, de leurs tablettes ou de leurs portables, les parents 2.0 peuvent surveiller les moindres déplacements de leurs chers rejetons. Et ils sont de plus en plus nombreux à ne pas s'en priver. (...)

       (...) Il leur suffit d'avoir doté leur précieuse progéniture de GPS portatifs comme Ma P'tite Balise ou T'es où. Des boîtiers de la taille d'une clé de voiture qui cartonnent, surtout depuis cette rentrée ; la marque de vêtements Gemo vient même de commercialiser des manteaux avec traceur GPS intégré, pour plus de commodité.

       Ils peuvent aussi installer une application comme Jelocalise ou iChaper sur le téléphone de leur enfant. Chaper ? Le diminutif de "chaperon", dans une version un poil modernisée mais néanmoins bigrement efficace. Ces mouchards géolocalisent leur cible et envoient, par exemple, une alerte lorsque l'écolier pénètre dans l'enceinte scolaire. Ils peuvent aussi délimiter un périmètre autorisé et, idem, déclencher un signal si l'enfant en sort. C'est le geofencing ou "gardiennage virtuel".

       "Au boulot, j'ai l'emploi du temps de ma grande qui est en sixième", raconte Laëtitia, assistante de gestion de 33 ans. Quand elle est censée être à la maison, je regarde vite fait si elle 'balise' bien. Si elle doit rentrer à 18 heures et qu'elle est en retard, je consulte mon portable et, si elle est juste au coin de la rue, je ne panique pas", poursuit Laëticia. C'est ainsi qu'Allison, 12 ans, ne parcourt jamais sans son GPS au fond de sa poche les 300 mètres qui séparent sa classe de CM2 de La Poste, où son papa lui donne rendez-vous après l'école. (...)

       (...) Ces nouveaux espions numériques pullulent, qui les bipent, les fliquent et leur prendraient bien la température. En fait, cette dernière option existe... Aux Etats-Unis, un bracelet électronique appelé Sproutling peut être placé sur la cheville de bébé. Ce gadget sert à prendre ses constantes, de sa température à son rythme cardiaque, et détecte même ses mouvements. Un attirail digne d'un épisode d'"Urgences", service néonatologie.Bientôt, la marque coréenne LG va également lancer un bracelet connecté.

       La marque Kurio vient, elle, de commercialiser un portable "spécial enfants" doté de toutes ces fonctions de traçage aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas. La France est à l'étude.

       Aline, 30 ans (1), a quant à elle opté pour une caméra infrarouge afin de superviser le sommeil de Céleste, 3 ans. Un cran au-dessus du simple Babyphone, l'appareil braque son oeil sur la petite en mode surveillance. La finaude faisait souvent mine de dormir, désormais sa mère la chope. "Quand je travaille, parfois j'ouvre une fenêtre avec l'image transmise par la caméra sur mon fond d'écran, explique la jeune maman. Je l'utiliserai jusqu'à ses 6-7 ans, après je lui laisserai son intimité".

       Ces cordons ombilicaux high-tech laissent pourtant les pédopsychiatres pantois. "Cette hyperattention empêche l'enfant de grandir", estime Michael Stora, psychanalyste à l'Observatoire des Mondes numériques en Sciences humaines. "Les périodes d'absence du parent permettent au bébé de s'autonomiser en développant sa pensée.Si, à cause de ces objets, sa maman vient trop vite quand il pleure, elle ne lui laisse pas le temps de vivre l'expérience du manque et, ainsi, de s'individualiser", ajoute-il.(...)

       (...) Pour les parents inquiets, ces veilleurs numériques les inciteraient au contraire à donner plus de liberté à leur enfant. "S'ils n'avaient pas le GPS, je ne les laisserais pas rentrer à la maison à pied à midi, ils iraient à la cantine", explique Grégory, opérateur logistique et papa de Jules et Rose, 9 et 8 ans. Les géniteurs n'ont qu'une peur : la mauvaise rencontre. Ils vantent le bouton SOS sur lequel leur enfant peut appuyer en cas de danger immédiat.

       "Ca rassure ma mère, elle est un peu mère poule. Je pourrais me faire agresser ou me faire enlever", détaille Manon, 16 ans, qui a un portable doté d'une appli de géolocalisation, au grand étonnement de ses camarades. La confiance règne... " Mon fils de 5 ans le réclame pour sortir", raconte Max, qui commercialise le GPS T'es où. "Cela peut faire peur à l'enfant et l'inhiber", déplore la psychanalyste Claudia Fliess, auteur de "Toutes les mères sont folles" (2). Il faut qu'il apprenne qu'il est capable de se défendre par lui-même." (...)

       (...) "Paris n'est pas Bagdad !", renchérit Eric Heilmann, sociologue spécialiste de la surveillance."Et les enfants ne sont pas des objets que l'on peut tracer comme des marchandises qui sont déplacées de port en port."

       A quand le drone-chaperon ? "Ces objets induisent un paradoxe. Les parents disent à leur enfant : "Je te fais confiance, mais parce que je te surveille", s'étonne Michael Stora. Et, bien que destinés à rassurer, ils créent de nouvelles angoisses. C'est vrai qu'une fois j'ai appelé ma femme car mon fils n'était pas à l'école, reconnaît Max. En fait, il était au sport."

       D'autant que le cheminement dans la journée, surtout pour un ado, est loin d'être rectiligne. C'est aussi une déambulation, avec ses rêveries et ses écarts contrôlés. "L'enfant connaît les limites, mais c'est grisant pour lui de les franchir. Faire un détour imprévu par la boulangerie avec un copain pour acheter des bonbons, c'est tout sauf nocif : ainsi commence l'autonomie", insiste Angélique Kosinski-Cimelière, psychologue pour enfants. S'il dit à ses parents qu'il est rentré directement, ils vont donc lui dire qu'il ment ?", poursuit-elle. (...)

       (...) En étalant en ligne les photos des virées entre copains, c'est Facebook qui a attisé la curiosité. 45% des parents français avaient, en 2012, reconnu s'être connectés au compte de leur enfant à son insu. Mon amie croyait sa fille en Seine-et-Marne, elle a vu sur Facebook qu'en fait elle s'éclatait à la Défense avec ses copines...", s'amuse Aurélie. L'idée que leurs digital natives aient accès à tout du fin fond de leur chambre donne le vertige aux parents. Il faut bien tenter de maîtriser ce tsunami. Certaines applications sont donc carrément invisibles. On peut violer incognito tout le contenu d'un smartphone.

       "En cinq minutes, commencez à espionner le téléphone portable de votre enfant. Recevez secrètement la copie de ses messages, appels, contacts, positions GPS, historique internet, conversations Facebook, Whatsapp, Viber et plus encore, à distance, sans être vu !", propose Mobipast. (...)

       (...) Le risque est grand de se perdre dans ce jeu de piste. Agnès, malgré les meilleures intentions du monde, l'a expérimenté. Déconcertée par la soudaine hostilité de son adolescente de 17 ans, cette illustratrice a cédé à la tentation il y a quelques mois. Elle était devenue imbuvable. "Un jour je lui ai pris son téléphone. J'ai tout lu et je suis tombée des nues."

       Marie prend des drogues. Cette nuit-là, avec son mari, Agnès décide d'installer une appli espionne sur le portable de Marie, qu'elle emmène par ailleurs chez un psy. Marie ignore qu'un mouchard niche désormais dans son smartphone et Agnès, qu'elle va faire une plongée en apnée dans la tête de son enfant. Dès le réveil, à la moindre minute libre, la maman inquiète se connecte pour voir si la demoiselle reste clean. Des heures à dévorer ses SMS, à s'abreuver de chacune de ses pensées. Une spirale infernale : "Partout, j'allumais mon portable pour ne pas perdre le fil. Je lisais je pleurais. Je suis rentrée dans sa tête. Ca vous fout en l'air. J'étais presque devenue elle."

       C'est sa soeur qui va lui imposer d'arrêter. En respirant un grand coup, la maman fusionnelle a fini par supprimer l'appli. Fin de partie. En deux secondes, elle était libérée. Et le cordon ombilical, enfin coupé. Jamais, même sur mon lit de mort, je ne lui dirai que je l'ai espionnée."

    (1)Certains prénoms et certaines professions ont été changés.
    (2)Editions du Moment, 2013.


    ===
    (L'Internationale fraternelle des caféiers
    était émouvante)



    ===
    Luc Desle

    votre commentaire
  • %%%
    Pensées pour nous-mêmes:

    (LA POESIE T'ENCRE
    DANS LES ETOILES)

    %%%

    "Ciel! Mon mari!"



    %%%

    "Ouais, c'est pourquoi?"


    (Les gens de cette région n'étaient pas très accueillants)


    %%%

    "Mes Braves... Pouvez-vous me dire
    si je suis loin du château du Prince,
    là où il donne LA fête de l'année?"



    %%%

    "Ahahaha... Je vais t'écrabouiller!
    - Avec cette pesanteur six fois moindre
    que sur notre bonne vieille planète,
    ça m'étonnerait..."



    %%%
    Blanche Baptiste

    votre commentaire
  • $$$
    Pensées pour nous-mêmes:

    (N'OFFRE PAS DE NOUVEAUX
    VÊTEMENTS A TON ANGOISSE)

    $$$

    (Entre ces deux amoureux,
    ça n'allait vraiment pas fort)



    $$$



    Les salariés de la Banque Mondiale se révoltent 
    contre le versement de gros bonus 
    aux plus hauts dirigeants.


       (...) Un vent de fronde souffle au cœur de Washington. Une rébellion couve chez la sœur jumelle du FMI. Une vieille dame de 70 ans, la Banque mondiale (BM), est en émoi. Tract anonyme «appelant à éteindre les ordinateurs» et à déserter les bureaux. Salariés investissant jeudi le hall pour exprimer leur «colère» et fustiger «un climat de peur». Et un président, Jim Yong Kim, contraint d’organiser ce lundi une réunion publique, à la veille de l’assemblée annuelle, pour écouter le mal-être de ses ouailles… Révolte contre des politiques d’austérité promues par le FMI ? Indignation contre le soutien de la BM à des industries fossiles ? Peur de voir la future banque des pays du Sud mise sur les rails par les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ?

       Non. Ce qui indigne les 10 000 salariés d’un groupe présent dans 120 pays vient de la révélation de bonus versés à des hauts dirigeants. Au moment où un plan d’économie de 400 millions de dollars (319,6 millions d’euros) d’ici à 2017 doit pousser 86% des employés à se serrer la ceinture. Dans le collimateur : l’architecte du serrage de vis, le directeur financier Bertrand Badré, gratifié d’un bonus de 94 000 dollars en sus d’un salaire de 379 000: près de 40 000 dollars par mois. Beaucoup, non, pour s’occuper des finances de la banque des pauvres ?

       Comment la BM justifie le versement de tels bonus ? Parce qu’il faut «attirer» ou«retenir» les meilleurs éléments. Les mêmes arguments dévoyés utilisés par les grandes banques qui ont continué à alimenter, malgré la crise de l’économie-casino et les recommandations du G20, la machine à cash-flow pour ses dirigeants.

       Les 85 plus riches du monde possèdent autant que les 3,5 milliards les plus pauvres ? Invité par France 24, Badré, ex-conseiller de Chirac passé par les banques Lazare, le Crédit agricole et la Société générale, s’indignait en mai : «On fait face à une question éthique et morale.» Et économique, ajoutait-il. «Quand la croissance est répartie de façon si disproportionnée, elle n’est pas soutenable.» Ce grand commis de l’Etat (appellation contrôlée pour qui est passé par HEC et l’ENA) parlait de la nécessité d’une «prospérité partagée». Un regard «visionnaire». Sauf sur lui-même.


    $$$

    (La femme sans bras se débrouillait
    super bien avec ses longs cheveux)


     FOLK SINGER di Franco Matticchio

    $$$
    Benoît Barvin

    votre commentaire
  • +++
    Pensées pour nous-mêmes:

    (SOIS LE CIEL BLEU
    DANS SON REGARD)

    +++
    "Bon, OK, Magdalena jouait comme
    un pied... Et même deux. Et alors?"



    +++

    (Ces soldats qui avaient oublié la fleur à leur fusil
    avaient la trouille d'être grondés)
    JacquesTardi- Casterman
    parismatch.com

    1914 - 1918 à l’école :
    ce n’est plus de l’histoire

    Bernard Girard
    Enseignant en collège
       (...) La commémoration de la Première Guerre mondiale est aujourd’hui suffisamment avancée pour que les réticences qu’elle avait suscitées au fil des mois quant aux motivations de ses instigateurs se trouvent confirmées : dans sa déclinaison scolaire, empêtrée dans des injonctions administratives insistantes, cette opération mémorielle à grand spectacle n’a guère à voir avec l’histoire. C’est même tout le contraire. (...)

       Dans un entretien au Monde, Laurent Wirth, président de la commission pédagogique de la Mission du centenaire 14-18, donne le ton, délimite le cadre, fixe les règles ; car c’est bien connu, les enseignants ont besoin d’être dirigés, guidés. Selon la terminologie officielle qui a cours à la Mission, ils sont même « mobilisés », une formulation pour le moins scabreuse mais qui laisse planer peu de doutes sur la nature de l’engagement que l’on attend d’eux : comme à l’armée, on ne leur demande pas de réfléchir mais d’obéir.(...)

       « Il faut amener les élèves à comprendre ce que [la guerre] a représenté pour toute une génération […]. Il ne faut pas oublier que cette guerre a concerné toutes les familles […]. Il faut aussi leur faire ressentir comment la société française a été durement marquée par cette tragédie […] Il faut leur faire comprendre à quel point ce fut une épreuve terrible pour la nation. » Sans oublier « l’enjeu civique » sans lequel l’Education nationale ne serait pas ce qu’elle est : « La guerre porte plusieurs messages essentiels dans la formation du citoyen : message de cohésion nationale et d’unité ; message de réconciliation et de paix après le miracle du rapprochement franco-allemand. »

       Outre que Laurent Wirth n’a pas l’air d’avoir conscience que la réconciliation franco-allemande ne peut évidemment faire sens aux yeux d’élèves nés un demi-siècle après le traité de Rome, la tirade comminatoire qui lui tient lieu de programme pour l’école illustre une des dérives de la présente commémoration, comme le montre la plus grosse partie des travaux réalisés par les élèves : la focalisation sur les frontières franco-allemandes et les souffrances endurées du côté français, une approche qui exclut la dimension mondiale, pourtant essentielle, du conflit.(...)

       (...) Plus grave, cette vision singulièrement réductrice de l’événement se trouve encore renforcée par ce qui se dévoile au fil des mois comme étant l’un des marqueurs idéologiques du centenaire, notamment en milieu scolaire, qui se voit assigner comme mission de faire naître chez l’élève une émotion, un sentiment d’effroi ou de compassion, qui, espère-t-on, le dissuadera d’aller voir plus loin, par exemple en cherchant à comprendre l’événement. Laurent Wirth est à cet égard très explicite lorsqu’il affirme : « L’élève devient acteur : il est obligé d’entrer dans la peau d’un soldat ou d’un protagoniste. »

       Et pour arriver à cette fin, tous les moyens sont bons, les activités imposées aux élèves privilégiant un nombre limité de sources – photos des combattants, monuments aux morts, inévitables uniformes – dont la valeur pédagogique ne saute pas aux yeux et l’intérêt historique pas davantage. Et Laurent Wirth de s’enthousiasmer pourtant sur les horizons que ces travaux ouvrent aux élèves avec les questionnements dont chacun mesurera la portée :

       « Que représente le numéro sur le col de l’uniforme ? […] pourquoi la liste des monuments aux morts comprend-elle 25 noms et celle de l’église 23 ? […] pourquoi tel cratère à tel endroit du paysage ? » Si, après toutes ces « bonnes questions » (sic), les élèves n’ont pas compris ce que fut la Première Guerre mondiale, c’est à désespérer des commémorations…

       Mais les bonnes questions, précisément, celles qui, en toute logique, devraient se trouver au cœur des préoccupations éducatives, brillent par leur absence. Que l’histoire sociale ait été délibérément écartée, jugée peu digne de mémoire, a déjà été relevé par les historiens : les élèves ne sont rien censés savoir des rapports de domination qui s’exercent dans la société du début du XXe siècle, de la surreprésentation des ouvriers et des paysans dans les tranchées, de la soumission aux autorités, pas davantage que de l’intérêt criminel des industriels de l’armement à faire se prolonger la guerre.

       Tout un pan de l’histoire du conflit se trouve ainsi gommé de la commémoration au profit d’une prétendue « culture de guerre », très hypothétique élément de langage mis à la mode notamment à l’Historial de Péronne et qui prétend, par sa seule affirmation, fournir l’explication de la mort de millions de combattants : si tant de jeunes sont morts pendant la guerre, c’est qu’ils y ont librement consenti. Puisqu’on vous le dit… (...)

       (...) Restera sans doute, dans les annales de la désinformation historique, l’invraisemblable commémoration de la bataille de la Marne, le 12 septembre dernier, au cours de laquelle le chef du gouvernement et l’Education nationale ont rivalisé dans le registre cocardier et le bourrage de crâne, malheureusement par élèves interposés.

       Après l’hommage d’un comique involontaire rendu par Manuel Valls au « génie français lancé dans la bataille sabre au clair » rappelant que « la France est un grand pays, reste un grand pays et un grand pays ne renonce jamais », des collégiens de troisième ont été mis à contribution – c’est nettement moins drôle – avec la lecture d’un texte qu’ils sont censés avoir eux-mêmes rédigé, ce qu’on leur pardonnerait volontiers vu leur jeune âge, mais qui est bien plus probablement inspiré par un de leurs maîtres qui, lui, n’a aucune excuse à se laisser aller à de telles âneries :

       « Nous, élèves de collège, souhaitons rendre hommage aux hommes et femmes de France qui ont participé à cet événement. […] Aujourd’hui, nous voyons vraiment ces hommes, ces femmes qui ont donné leur vie pour nous et pour la France. Nous voulons leur dire merci ! Merci pour leur courage, leur engagement, leur sacrifice. Mais une question nous hante : en serions-nous capables ? »

       Même si l’on se rassure à l’idée que des jeunes de 14 ans ne sont, de toute évidence, pas «hantés » par ce genre de préoccupation, le fait que de telles paroles puissent être mises dans la bouche de jeunes élèves montre à quel point la commémoration de la guerre passe à côté de ce qui aurait pu, à la rigueur, lui accorder une forme de légitimité : sa mission éducative.

       Si l’histoire enseignée a une justification, c’est bien parce qu’elle permet de donner du sens à un événement du passé en le replaçant dans son contexte, ce qui est d’ailleurs l’objet des cours d’histoire qui mettent en avant l’origine, les causes d’une guerre, qui ne tombe jamais du ciel par hasard. Non seulement ce n’est pas le cas ici mais en outre les initiateurs du centenaire semblent s’ingénier à légitimer aux yeux des générations actuelles tous les dérèglements intellectuels et moraux qui ont conduit au carnage de 1914 -1918 et qui ont pour nom nationalisme et esprit de violence.

       Alors, comme cette commémoration n’en est qu’à ses débuts, on se dit que les enseignants devraient revenir à leurs fondamentaux – enseigner l’histoire – plutôt que de se laisser aller pendant quatre ans à cette mise en scène morbide d’un passé manipulé. (...)


    +++

    (Depuis quelques temps, en raison de la crise,
    mon patron avait une drôle de tête)



    +++
    Luc Desle

    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique